D.210 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 12

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

 

Chapitre 11

HWA EMBARRASSÉ PAR CHRIST

 

Dans The Bulletin du 3 juin 1975, pp. 293-294, Herbert Armstrong explique un dilemme embarrassant auquel il se confronte :

« Quelque chose est devenu un handicap sérieux et me cause, à moi et à l’équipe de tournée, un embarras, et pas des moindres. Il nous faut dire si nous représentons l’Ambassador College ou la Worldwide Church of God.

« On me considère Ambassadeur pour la PAIX MONDIALE. Mais si je représente une ÉGLISE, ils ont immédiatement le mot “RELIGION !” en tête et cela provoque des préjudices et de la compétition religieuse. Si je tente d’éviter de me poser en croisé religieux en représentant l’Ambassador College, ils me demandent : “Où est ce collège ? Combien d’étudiants avez-vous ?” Un collège, même avec deux campus, mais n’ayant qu’une inscription de 500 à 700 élèves, semble relativement petit comparé aux universités partout dans le monde et leurs 5 000 à 68 000 étudiants.

« Christ a dit que nous devons être “prudents comme les serpents et simples comme les colombes”. Il y a quelques semaines, j’ai autorisé la formation et l’incorporation d’une nouvelle FONDATION, nommée La Fondation Culturelle Internationale Ambassadeur. Elle est à but non lucratif et destinée à servir l’humanité dans le monde entier.

« Les fondations, telles que la Fondation Ford, la Fondation Rockefeller, etc., sont regardées avec grand respect. Je mentionne encore le Collège Ambassadeur, mais j’explique maintenant que nous avons formé cette nouvelle Fondation pour parrainer notre programme éducationnel mondial pour tous les peuples, à tous les niveaux. En temps et lieu, nous pourrons, dans cette nouvelle dimension de l’Œuvre, laisser tomber toute mention du Collège Ambassadeur, sauf en tant qu’institution associée. En outre, pour fins d’accréditation, il est nécessaire que cette phase de l’Œuvre soit détachée du Collège Ambassadeur, comme elle le sera légalement.

« Déjà, nous trouvons que cette nouvelle fondation ajoute un grand prestige, de la crédibilité et l’approbation. Il s’agit de quelque chose que PERSONNE NE PEUT CRITIQUER ! Elle n’a aucune connotation RELIGIEUSE ! »

Trois ans plus tard, HWA criait après ceux qui l’avaient amené à être séculier et intellectuel ! Qu’y aurait-il eu de plus séculier et de plus intellectuel que de créer une fondation similaire à la Fondation Ford ? Il est à noter que le créateur de cette fondation, Henry Ford II, s’est séparé d’elle il y a quelques années, proclamant qu’elle avait complètement perdu sa vocation première, et il ne voulait plus avoir affaire avec elle. Et je pense que la Fondation Rockefeller est bien connue des Américains pour son libéralisme humanitaire. Mais Herbert Armstrong a soif de s’associer avec ce type d’institutions alors qu’il abhorre tout lien avec son église et son collège ! Pas étonnant qu’il qualifie les membres de l’église « d’idiots de moutons ». Quoi de plus révélateur ?

Aussi, pendant qu’il s’internationalise en recherchant le soutien de « tous les peuples, à tous les niveaux et partout » et qu’il cherche activement à s’associer avec les « grands et les moins grands de ce monde », il a le culot d’écrire ce qui suit à ses « idiotes de brebis » :

« EST-CE QUE LE PEUPLE DE DIEU DEVRAIT PRENDRE UNE PART ACTIVE DANS LES MOUVEMENTS COMMUNAUTAIRES LOCAUX ? »

Dans son Rapport pastoral du 28 août 1978, il répond « Non ». Pendant qu’il se paie du bon temps avec les « célébrités », et ce, de toutes les façons possibles, il veut que les « idiots de moutons » se « sacrifient jusqu’à ce que ça fasse mal » pour favoriser son œuvre, et juste son œuvre. Il n’a jamais été dans la politique d’HWA d’aider les communautés locales via les églises locales.

Alors que Jimmy Carter discute de christianisme avec les dirigeants chinois (Carter n’est même pas ministre), Herbert Armstrong, qui professe être un ministre chrétien, ne mentionna même pas le nom de Christ dans son voyage en Chine de peur d’offenser ses hôtes. Herbert Armstrong ne semble avoir aucune crainte d’offenser Christ, par contre. Mais souvenez-vous qu’il a honte de la religion. Il préférera ne pas mentionner le seul « nom qui a été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés » ! Jésus a dit : « Quiconque donc me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est aux cieux. Mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est aux cieux » (Matthieu 10:32-33).

Herbert Armstrong a un désir exceptionnellement puissant de marcher parmi les grands de ce monde. En mai 1978, il écrivit à ses co-ouvriers que lui et la reine Élizabeth d’Angleterre allaient co-animer une première importante lors d’une projection cinématographique caritative à Londres. À Buckingham Palace, le personnel de la reine répliqua qu’on n’y avait jamais entendu parler d’un Herbert Armstrong. L’affaire était embarrassante pour tous. Il s’était vanté de quelque chose qui n’existait pas. Mais c’est sa façon de penser. Il veut désespérément se mêler aux milieux importants « de ce monde ». On serait bien en peine d’expliquer, en tout premier lieu, pourquoi un leader religieux, enseignant les choses qu’Herbert Armstrong a enseignées, irait parrainer une projection cinématographique.

Herbert Armstrong n’eut pas honte de se faite photographier avec son ami, le président Jomo Kenyatta, du Kenya, impliqué dans le massacre de Britanniques et dans le cannibalisme durant la révolte d’il y a quelques années. Il a aimé la photo au point de la mettre en couverture de certaines de ses publications. Il se ferait photographier avec le diable lui-même si cela pouvait contribuer à faire avancer sa position sociale. Mais quand il revient à la maison, il doit maintenir ses brebis au pas, parce qu’elles constituent la base de son pouvoir, jusqu’à ce qu’il puisse faire autrement. Elles amènent l’argent.

Les membres de l’église qui travaillaient dans le dispendieux nouvel auditorium à Pasadena se mirent à parler franchement quand des concerts de tous les genres commencèrent à amener des artistes et des équipes de soutien venus directement d’Hollywood. Ces équipes n’avaient rien de « chrétiens nés-de-nouveau ». Elles dirigent la coupe de l’industrie du spectacle. Aux yeux des personnes religieuses, ce n’est pas une bonne chose. Ici même, dans ce qu’Herbert Armstrong a lui-même appelé « la Maison de Dieu » quand il sollicitait des fonds aux membres, il y avait des techniciens et d’autres gens qui prenaient le nom de Dieu en vain de manière automatique, et d’autres qui s’exprimaient en « langage homosexuel » parmi nos gens. À au moins une occasion, on sortit précipitamment les membres de l’auditorium après une réunion sabbatique alors qu’on était encore dans le sabbat, afin d’apprêter la salle en vue de la représentation de la soirée. Pourquoi ? Eh bien, HWA était fort occupé à se débarrasser du stigmate que constituait la représentation d’une église et d’un collège, tout ça dans le but qu’on parle de lui en bien dans le jet set de New York et de Beverly Hills.

HWA se sécularise avec le Quest

Si les concerts et les spectacles ne faisaient pas l’affaire, alors le magazine Quest le ferait ! Le premier numéro, ou un des premiers, publia un important article dans lequel un homme fut impliqué dans une expérience génétique et un enfant né d’une truie ! HWA ne condamna jamais l’article. Celui-ci était si offensant que les gens avaient un mouvement de recul en le lisant. D’autres articles étaient dans la même veine. C’était incroyable. Beaucoup de documents étaient repoussants et certains prenaient le nom de Dieu en vain. Il n’y était d’aucune façon question de religion.

Lorsque Herbert Armstrong reprit totalement le contrôle de l’Église Universelle, en juin 1978, une de ses premières promesses fut de se débarrasser bientôt du Quest. Il écrivit qu’il en avait donné l’ordre à Stan Rader. Nombre de gens y virent un test. Ils n’eurent pas longtemps à attendre. Presque immédiatement, le 18 juillet 1978, il rédigea dans le Rapport pastoral un compte-rendu rayonnant sur les accomplissements du Quest. Il parla de son impact vis-à-vis les « gens de haut rang de la communauté ». C’est ce qu’avait dit Robert Kuhn en janvier. Mais l’impact ne vint pas de « l’excellence » du magazine, comme l’avait dit HWA.

Il énonça que des millions de dollars avaient été investis, et d’autres le seraient encore, dans cette tentative très séculière et « intellectuelle ». Il ne pouvait plus blâmer ceux qu’il avait congédiés. C’était son projet dès le tout début. Et il avait entreprit ce projet parce qu’il voulait désespérément l’approbation du monde !

L’Ambassador International Cultural Foundation (AICF), selon son propre aveu, était destiné à faire de lui ce qu’il n’était pas ! C’est tout un aveu pour quelqu’un qui professe être le représentant de Dieu. Il a toujours condamné les libéraux humanistes, les communistes, les socialistes, les éléments démocratiques, et le voilà au milieu de tout ça !

Ce ne fut une surprise pour personne quand il joignit les Moonies à sa cause, en 1979. Il devint le champion de « toutes les églises ». il sollicita leur support dans sa cause judiciaire en Californie. Mieux valait avoir leur soutien que d’avoir à affronter seul l’État de la Californie. Où était Dieu dans tout ça ? La surprise, c’est que les membres de l’église tolérèrent toujours sa dilution de la doctrine !

Le Quest, comme d’autres projets reliés, se développa à partir du AICF que Stan Rader contrôlait.

« Pourquoi le magazine Quest ? » se demandaient constamment les gens plus réfléchis de l’Église Universelle de Dieu, pendant les deux premières années d’existence du magazine. À la fin de cette période, ils furent tellement bombardés sur d’autres points que le Quest se perdit dans la poussière de la tempête. Mais la question demeure tout aussi pertinente et importante aujourd’hui que lorsque le premier numéro fut déposé dans leur boîte aux lettres. Ceux qui prirent le temps de lire tous les articles de ce premier numéro de Quest/77 (l’édition de mars/avril) sentirent leur foi dans le leadership de l’église mise à rude épreuve.

Les entorses à l’enseignement de l’église étaient si radicales que c’en était incroyable ! Sous la couverture glacée arborant une belle illustration du Mt Everest enneigé, s’étalait une littérature avant-gardiste tellement gauchiste qu’elle aurait été inacceptable dans la plupart des publications « intellectuelles » de New York.

Il y avait une critique (favorable) du livre Laughing Last : Alger Hiss, par son fils Tony, qui jetait le doute à savoir si la justice américaine devait se préoccuper des espions russes. (Seule l’avant-garde d’extrême gauche adoptait ouvertement cette position.)

Puis, il y avait une œuvre de fiction intitulée De rerum natura, par Coraghesson Boyle, parlant d’un homme ayant eu un enfant d’une truie ! Cette histoire commençait en page 74 et elle était illustrée !

Pas étonnant que Sherwin McMichael, directeur des Opérations festivalières, se soit plaint amèrement auprès de ses camarades ministres concernant « l’art démoniaque » de ce numéro et ceux qui suivirent ! Si Bill McDowell avait été capable de voir au-delà de la façade d’HWA et savoir ce que celui-ci pensait vraiment, ou se projeter quelques années dans le futur et voir une copie du magazine Quest, il ne se serait jamais préoccupé d’un nom comme celui du Devil’s Head Lodge au Wisconsin ! Le premier numéro du Quest/77 fut précédé d’une « édition préparatoire » du Human Potential de mars/avril 1976. Il s’agissait du premier titre choisi pour le magazine. Mais des administrateurs de l’église signalèrent qu’il y avait déjà une publication qui portait ce nom.

Cette pré-édition était remplie d’illustrations et de littérature sur les gens du Tiers-monde et saupoudrée de judaïté humaniste. Ce mélange et cette saveur a été fort bien préservée dans les numéros suivants, même sous un autre nom et un changement de personnel. La perspective libérale humaniste est indéniable. La ligne éditoriale dans son ensemble exclut la moindre allusion que Dieu puisse exister. La seule exception que j’ai pu découvrir, c’est l’usage profanatoire du nom de Dieu, comme dans The Green Bay Monster (Le monstre de Green Bay) apparaissant dans le numéro de mars/avril 1977.

En cela, on n’y verra pas une grande exception en cette époque de déchéance, sauf que cette publication est un magazine de l’Église Universelle de Dieu ! Cette église admet publiquement qu’elle injecte des millions et des millions de dollars dans ce périodique. Et tout cela s’est fait dans le même laps de temps où HWA écrivait sans cesse aux membres pour exiger de plus en plus d’argent.

Pourquoi ? Comment se fait-il que de « l’argent des dîmes de Dieu » soit canalisé vers un projet qui n’admet même pas l’existence de Dieu ? Un des récits du premier numéro (qui est supposé donner le ton aux parutions subséquentes) parle d’un « inventeur » qui se dit capable de photographier le « Dieu mort » ! Cet écrivain détaille de manière fort réaliste la monstruosité du cadavre repoussant de Dieu ! Cet article donne substance à des rumeurs circulant à l’effet que le personnel du périodique « ne laissera aucun chrétien leur dicter quoi mettre dans leur magazine ». HWA aurait écrit aux membres qu’il était pour rédiger l’article principal de chaque numéro. (Non seulement n’a-t-il pas écrit l’article principal du premier numéro, mais il n’a jamais eu d’article dans aucune publication.) À la fin de 1978, il a annoncé aux membres que son nom était en tête de la case éditoriale. Ce n’est pas le cas et ne l’a jamais été. Vérifiez vous-mêmes.

Voilà une anomalie qui exige une explication. Or, quand les membres suggèrent timidement qu’ils aimeraient mieux comprendre, ils se font dire carrément que ce n’est pas de leurs affaires ! On leur dit que Christ dirige Son « apôtre » dans les moindres détails. Est-ce que d’humbles membres de l’église vont se mettre à « questionner Christ » ? Ne croient-ils pas que Christ sait ce qu’Il fait ? Où est leur foi ? S’en suit un silence de mort.

Mais la question demeure ! Elle ne s’envole pas. Pourquoi le Quest ? Pourquoi de 7 à 10 millions de dollars ont-ils été engloutis dans des illustrations et de la littérature tellement en dehors de la doctrine de l’église ? Il doit y avoir une réponse. Et cette réponse doit être sensée.

En juin de 1975, HWA a écrit au ministère pour expliquer le besoin de la Fondation Culturelle Internationale Ambassadeur et annoncer sa formation et son financement. Il y déclarait être gêné de devoir dire à l’étranger qu’il était relié à une église ou même un petit collège comme l’Ambassador College. Il voulait de bonnes et solides institutions de soutien qui lui fourniraient une meilleure image. Il demandait que son image ne sous-entende jamais qu’une église était derrière, sous quelque forme que ce soit. Il n’y avait pas de doute que le Quest ne le désappointerait pas à cet égard.

Une fois que le Quest commença à être publié, HWA ne tarit plus d’éloges envers son « excellence », son succès et du bénéfice qu’il lui rapportait en lui « ouvrant les portes ». Le 22 novembre 1978, il écrivit aux co-ouvriers : « Quest/78 est maintenant reconnu comme le magazine de la PLUS HAUTE QUALITÉ aux Etats-Unis. » Il ne dit pas qui ni combien de gens reconnaissaient son magazine. Il ne critiqua pas ce qui y était publié, qu’importe son contenu impie comparé à ses propres enseignements à l’église. Il écrivit plutôt que le magazine n’avait jamais été destiné aux membres. (Peu après cette lettre, il demanda aux membres de s’abonner parce que trop peu de gens reconnaissaient la « haute qualité » du magazine et qu’on avait besoin de plus d’abonnés payants.)

Encore une fois : quelle était la fonction véritable du Quest ? Quelles portes devait-il ouvrir ? Pourquoi ? Une chose est parfaitement claire : le magazine n’était pas destiné à publier l’évangile de Christ.

Une fois que l’on eut communiqué aux membres la formation de la fondation (AICF), ceux-ci crurent en grande partie qu’HWA allait opérer la « volonté de Dieu » à l’endroit des personnages haut placés et sans méfiance. Beaucoup de ces leaders se retrouveraient soudainement convertis en se demandant ce qui s’était passé. Dieu prend des chemins merveilleux pour opérer des merveilles, pensait-on. Leur « apôtre » allait battre ces gens-là à leur propre jeu ! Évidemment, cela ne devait jamais arriver, et ce n’était d’ailleurs pas ce qui avait été planifié. Les personnes informées et éduquées savent voir au travers de l’image savamment cultivée d’HWA, même au sein d’une société autoritaire et étroitement réglementée.

En janvier 1978, les plaintes des membres de l’église s’étaient accumulées suffisamment pour que soient nécessaires quelques explications pouvant justifier le Quest.

Parmi les personnes qui occupaient des postes de second ordre au niveau hiérarchique, il y en a peu qui notèrent de manière intéressée que deux hommes de l’église, et deux seulement, étaient impliqués de façon significative dans le Quest, c’est-à-dire, Stan R. Rader et Robert L. Kuhn. La signification de ce fait n’échappa pas aux observateurs minutieux. Les surveillants hiérarchiques dans l’église avaient le sentiment qu’en 1977, Robert Kuhn travaillait pour Ted Armstrong. Ted lui-même semblait le croire. Toutefois, à des postes subalternes, il y en avait d’autres qui avaient conscience que Robert Kuhn travaillait pour Stan Rader, spécialement en ce qui regardait la haute politique. C’est avec cette toile de fond que l’on doit comprendre certaines remarques faites par Robert Kuhn à un groupe de ministres durant la conférence de cette année-là. À l’un de ces groupes, il expliqua la fonction et la valeur du magazine new-yorkais. Voici à peu près ce qu’il dit :

L’église a eu ses problèmes, comme ceux survenus au début de la décennie. L’église ne pouvait plus se permettre de mauvaise publicité ; nous devions donc avoir les médias de notre bord. Les gens (très peu nombreux) qui ajustent le tir dans les médias nationaux se concentrent à New York. Si nous les contactions et qu’ils nous trouvaient amicaux, ils étaient en mesure de faire beaucoup pour nous. C’est ainsi que ça fonctionne (et ici, Robert Kuhn baissa la voix encore plus bas, comme si, même dans la plus stricte des confidences, il y avait des choses qu’il n’aurait pas dû nous dire.)

Un reporter ou un journaliste énergique déterrerait alors une histoire réellement juteuse sur l’église et l’écrirait. Il l’apporterait à son rédacteur qui penserait que c’est très bon. Mais, à cause de nos contacts acquis par le Quest et de nos arrangements antérieurs, une note arriverait d’un bureau situé au sommet disant que ce genre d’article est « dépassé » ou « qu’il ne vaut pas la peine d’être publié », ou alors qu’il y a eu un « changement dans la politique éditoriale », ou toute autre raison fournie pour que l’article ne soit pas publié. Il serait mort dans l’œuf. L’église en tirerait bénéfice. Robert Kuhn expliqua que ce pouvoir constituait la valeur intrinsèque du Quest et, à cause de cette fonction, ça valait les millions dépensés pour lui.

Je me demande si, en janvier 1978, Robert Kuhn savait jusqu’à quel point on aurait besoin de ces contacts l’année suivante, pas pour couvrir les problèmes de Ted, mais pour ralentir les mauvais articles écrits au sujet d’HWA et de Stan Rader ?

Peut-être Robert avait-il raison. Pourquoi l’église aurait-elle dépensé tant de millions dans ce genre de publication séculière ? Pourquoi faire ça au lieu de construire des bâtiments locaux pour l’église, par exemple ? Sept millions de dollars en argent comptant, ç’aurait été assez pour construire un nombre respectable de bâtiments locaux du type le moins dispendieux pour l’église, et ce, dès le début de 1976. La valeur accrue de ces bâtiments serait aujourd’hui considérable.

Qu’est-ce donc que l’on devait tellement cacher pour qu’HWA soit prêt à aller si loin ? Et est-ce que ce genre de dissimulation est la bonne façon chrétienne d’agir ? Le christianisme ne requiert-il pas la confession, la contrition et le repentir, suivis de la miséricorde et du pardon ? Qu’est-ce que l’église a enseigné ? Les dirigeants de l’église ont-ils été pris dans une spirale de dilution des doctrines fondamentales de l’église à cause de ses actions ? On dit que les actions parlent plus fort que les mots. Mais les pièces commençaient alors à tomber en place. Le portrait complet du casse-tête devenait plus clair.

Voici un autre événement en rapport avec tout ceci. Pendant les troubles de janvier 1979, lorsque HWA exigea de grosses sommes d’argent des membres et quand les finances furent si serrées que des chèques de paye des employés rebondirent, le Quest poursuivit, comme d’habitude. Il parraina même un sweepstake.

En juin 1978, lorsque HWA écrivit aux membres pour leur dire qu’il avait donné instruction à Stan Rader de se débarrasser immédiatement du Quest, les observateurs chevronnés attendirent pour voir ce qui allait se passer. Ils n’eurent pas à attendre très longtemps. Stan réagit dès le mois suivant.

C’est le 3 janvier 1978 que le ministère fut informé pour la première fois du rapport d’HWA sur ce qu’il surnommait son « comité de directeurs prête-nom ». Imprimé dans le Rapport Pastoral du 18 juillet 1978 et accompagné de longs commentaires de Stan Rader, ce compte-rendu se voulait une réaction face à la promesse du mois précédent d’HWA de se départir du Quest. Stan dit aux ministres qu’il avait eu un long entretien avec HWA à ce sujet et que ce dernier était en parfait accord avec lui. La voie fut préparée psychologiquement par le ministère pour que les membres acceptent la continuité de l’association de l’église et du Quest. C’était un chef-d’œuvre de conditionnement mental.

On en profita aussi en même temps pour renvoyer tous les membres de l’église du personnel du magazine. Il n’y aurait donc plus de fuite d’information vers les fonctionnaires de l’église sur des questions qui n’étaient censément pas de leurs affaires !

Mais revenons-en au rapport d’HWA. Il contenait des renseignements qui devinrent de plus en plus intéressants à mesure que les événements se déroulèrent. Dans ce compte-rendu, il déclare avoir donné la responsabilité première de l’opération à Stan Rader, et non à Robert Kuhn ! Il mentionne l’importance d’exercer un impact sur « les personnes du plus haut niveau de la communauté ». Robert Kuhn avait souligné cet impact sur les gens les plus haut placé dans la communauté de la presse de New York. Beaucoup de gens eurent l’impression qu’HWA et Robert parlaient des mêmes personnes !

HWA admet qu’il y a eu des articles et des illustrations dans le Quest ayant semblé en conflit avec les enseignements fondamentaux de l’église et leurs valeurs sous-jacentes. En d’autres termes, les membres ne devaient pas faire confiance à leur perception visuelle ou au sens direct des Écritures ; ils devaient plutôt se fier à un homme : HWA !

Dans le dernier paragraphe, il poursuit en disant qu’on devait être en parfait accord et que tous devaient être « d’un seul esprit » à ce propos. On ne devait permettre aucune opposition contre le Quest.

Voici les commentaires d’HWA du 3 janvier 1978, faits lors d’une réunion du Comité des Directeurs concernant le AICF et le magazine Quest, et tirés du Rapport Pastoral du 18 juillet 1978 :

« J’ai approuvé la Fondation et le QUEST/77. Je sais que Stan Rader et Robert Kuhn ont été précis en prédisant les résultats de leurs efforts créatifs. J’ai personnellement constaté ce que la Fondation et le QUEST/77 ont fait pour moi et l’œuvre lors de mes efforts outremer ces trois dernières années. Je n’ai pas lu chacun des numéros du QUEST/77, mais j’ai donné mon plein accord et mon autorité à Stan Rader pour accomplir le meilleur [en dehors des professionnels] et faire un succès du QUEST/77.

« Je sais que le QUEST/77 [et maintenant le QUEST/78] a été fort bien reçu là où on le destinait, particulièrement dans certains milieux que nous ne pourrions probablement pas atteindre par nos autres moyens. Cela nous a donné plus de prestige et nous a aidé à contourner les attaques de nos ennemis à cause de son impact chez les personnes de haut rang dans la communauté.

« Mais je suis conscient de certains problèmes causés par le QUEST/77. Bon nombre de ces difficultés proviennent de ce que plusieurs membres et même certains ministres ne réalisent pas que le QUEST/77 n’était pas sensé être un véhicule pour toucher tous les gens, même directement quelqu’un, grâce aux idiomes et au message bibliques. En plus, il s’est créé de l’inquiétude dans l’église quand sont apparus des articles et des illustrations qui ont semblé en conflit avec nos valeurs fondamentales sous-jacentes et ayant semblé en contradiction avec nos enseignements de base.

« Nous devons combattre et éliminer cette confusion et être d’un seul esprit concernant l’efficacité du QUEST/77 comme moyen de porter l’évangile au monde. De plus, je suis conscient que le QUEST/77 peut avoir exercé sur notre budget un impact plus grand que ce que j’avais anticipé et peut-être plus grand que ce qu’avaient prévu nos financiers. En conséquence, on peut restreindre le QUEST/77 ou même l’abandonner s’il coûte trop cher ou s’il nous empêche d’accomplir notre œuvre dans d’autre domaines reliés plus directement à notre grande mission. Le coût des opérations du QUEST/77 doit être réduit pour l’œuvre ou on peut le vendre, ou même l’abandonner si sa publication régulière est pour diminuer notre habilité à accomplir notre mission. »

Cette note envoyée au ministère préparait le terrain pour ce qui devait suivre quatre mois plus tard, dans une lettre co-ouvrière datée du 22 novembre 1978. Cette lettre expédiée à ses contributeurs, ceux de l’église comme ceux d’en dehors, fut un chef-d’œuvre de tous les temps, qu’elle soit venue d’HWA ou de Stan. Peut-être les deux ont-ils travaillé longtemps sur elle. En tout cas, il s’agissait d’une œuvre de maître vendeur. [Nous vous en faisons ci-après la traduction.]

« 22 novembre 1978

« Chers frères et co-ouvriers en Jésus-Christ,

« Je dois faire appel à votre aide quant aux affaires reliées à notre prédication de la GRANDE MISSION VERS LE MONDE ENTIER en préparation au retour de Christ dans son RÈGNE.

« À la fin de juin dernier, au moment où je souffrais d’un traumatisme personnel, ayant la tâche très pénible d’excommunier mon propre fils de l’Église de Dieu, j’eus le sentiment que nous devions nous débarrasser du Quest/78 et je crois vous avoir écrit que j’avais donné instruction à M. Rader de nous en défaire. Je pense que je fus probablement influencé à ce moment-là par le fait que mon fils était violemment contre et, étant donné son animosité personnelle, contre tout ce qui impliquait M. Rader.

« Toutefois, aussitôt que j’examinai le problème qui se poserait advenant le cas où l’on s’en débarrasserait, c’est-à-dire, le laisser mourir, cela nous coûterait approximativement de 1 à 1½ million $ pour nous acquitter des engagements actuels. De plus, cela nous couvrirait de ridicule aux yeux de l’industrie de la presse et nous occasionnerait une publicité désobligeante dans les médias ― les journaux et les magazines de nouvelles.

« J’ai décidé qu’il était préférable d’attendre quelques mois, laisser passer le mot dans l’industrie que le Quest/78 pourrait être à vendre. Cela nous a amené quelques offres provenant de deux ou trois réseaux majeurs de la télévision et de la radio. Ces réseaux veulent pénétrer d’autres champs d’affaires à part la télévision et la radio. Par exemple, il y a peu de gens qui soient au courant que la CBS a acheté, il y a quelques temps, l’usine de piano Steinway de New York. Les trois réseaux entrent maintenant dans le domaine des magazines. Deux nous ont approchés dans le but de faire du Quest/78 leur magazine phare de qualité.

« Quest/78 est RECONNU aujourd’hui comme étant le magazine de LA PLUS HAUTE QUALITÉ aux Etats-Unis. Cela ajouterait un prestige considérable à l’un ou l’autre de ces réseaux.

« De la même façon, il commence à ajouter un prestige considérable à l’Église Universelle de Dieu.

« Déjà, son important prestige nous permet d’acheter du temps d’antenne à la télévision et à la radio. Couplé aux dépliants illustrés décrivant l’Auditorium Ambassadeur et ses spectacles de concerts artistiques, ainsi que la Fédération Culturelle Internationale Ambassadeur, il en résulte que l’on nous a ouvert un site de Fête où l’on n’avait jamais permis auparavant à un autre conclave ecclésiastique d’avoir lieu. Il permet également à l’œuvre de sauver de grosses sommes d’argent dû au fait qu’à cause de ce prestige, plusieurs organisations nous donnent accès gratuitement aux sites de Fête.

« Le Quest n’a jamais été prévu comme publication religieuse ou évangélique. Or, même si Dieu nous a appelés à SORTIR du monde et de ne pas en faire PARTIE, NOUS DEVONS VIVRE DANS LE MONDE, et nous devons aller VERS le monde avec le message de l’évangile de Christ. Pour porter l’Œuvre de Dieu, nous devons traiter avec le monde, bien que nous ne soyons pas du monde. J’en suis maintenant venu à réaliser que le Quest nous donne une bonne image et nous favorise aux yeux de ceux avec qui nous avons à traiter dans L’ŒUVRE DE DIEU.

« Donc, je dois vous informer que le portrait a changé en ce qui a trait au Quest.

« La semaine dernière, j’ai envoyé M. Rader à New York pour examiner minutieusement la situation ― combien nous avons investi dans le magazine ― quand serons-nous « dans le noir » et quand ferons-nous des profits ― combien devrons-nous investir en plus pour que le magazine devienne financièrement indépendant et rapporte.

« J’ai maintenant tous les faits et les chiffres, en plus des estimations ultra conservatrices pour les mois et les années à venir.

« Un problème m’est apparu pour lequel je dois prendre une décision MAINTENANT. Quest fut d’abord un bimestriel ― six numéros par année. Nous n’avons pas terminé notre deuxième année, mais cette année, il a été étendu à sept par an ― avec un numéro de décembre offert comme bonus sans coût d’abonnement additionnel. La question se pose maintenant à savoir si nous devrions en faire un magazine MENSUEL. Plusieurs magazines mensuels sautent deux mois durant l’été et ne publient que DIX numéros par an.

« Les gens de la publicité ont constaté ce que j’aurais pu leur dire qu’ils trouveraient : une grande difficulté à vendre de l’espace publicitaire. Or, vous savez probablement qu’aucun magazine ou journal ne peut exister en ne se fiant qu’aux revenus d’abonnement. C’est la PUBLICITÉ qui paie les factures et qui les maintient en affaires.

« Vous savez, pour la plupart, que je possède une expérience de vingt ans dans le domaine de la publicité dans les magazines et les journaux. Ce que j’y ai appris est toujours vrai aujourd’hui. J’ai commencé à Chicago comme représentant d’un journal bancaire dont la circulation s’étendait sur sept états. J’ai effectué des enquêtes d’envergure qui amenèrent des manufacturiers de tracteurs à faire de la publicité dans les journaux bancaires. Mais pas uniquement avec ce magazine de seulement cinq états. Je me suis aperçu que les acheteurs d’espace publicitaire des agences de publicité et les gérants publicitaires des corporations manufacturières achètent par contrats annuels et en vue d’une circulation nationale. Je constatai qu’en ajoutant huit autres journaux bancaires, ce qui me donnait une couverture NATIONALE, je pouvais vendre une pleine page, et même deux pleines pages pour tous les neuf journaux, alors que je ne pouvais vendre le plus petit espace pour UN seul magazine ne couvrant que cinq états. Ayant appris comment se vend la publicité dans les magazines, je comprends parfaitement la difficulté que le personnel de vente de publicité du Quest peut rencontrer, ne serait-ce que pour vendre UN SEUL espace ! Dans le domaine de la publicité des magazines, les agences et les gérants de publicité achètent À L’ANNÉE OU RIEN ! Je crois que le personnel de vente de publicité du Quest a fait un travail exceptionnel en vendant autant que faire se peut pour un magazine ne sortant que sept fois par année.

« Or, je crois que beaucoup d’entre vous savez que j’ai toujours dit qu’une décision sage nécessite que l’on possède TOUS les faits avant de prendre cette décision.

« Je vais vous donner les faits et les chiffres réels. Nous sommes engagés à publier le Quest/79 au moins jusqu’à la fin de l’année fiscale, soit le 30 juin de l’année prochaine. Jusqu’au 8 novembre de cette année (1978), nous avons déjà investi 5,6 millions $. Le déficit maximum de la marge brute d’autofinancement que nous aurons à effacer pendant l’année 1978 est de 1 410 000 $. Nous sommes déjà, et en définitive, engagés pour la moitié, de toute façon ― jusqu’au 30 juin. Pour passer au travers de 1980, nous devrons subvenir à un montant de 903 000 $. Nous projetons que 1981 nous coûtera 95 000 $ et 1982 devrait produire pour l’Œuvre un profit de 334 000 $.

« J’ai bien d’autres chiffres détaillés relatifs à l’analyse des coûts éditoriaux, des coûts du département de la publicité, des coûts de production, etc.

« Cela se résume ainsi : nous sommes déjà engagés pour la moitié du déficit de 1979, 705 000 $, ce qui fait un total d’investissement, depuis les débuts, de 6 305 000 $. Et nous prévoyons encore débourser 1 703 000 $ additionnels pour les années 1979 à 1981. Nos projections démontrent que 1982 produira un profit de 334 000 $ à l’Œuvre. Et il est bien entendu que chaque année future verra augmenter le profit.

« Considérons un autre facteur. L’industrie des magazines est à son apogée, en ce moment. De nombreux nouveaux magazines ont vu le jour, ces deux dernières années, et les magazines établis sont remplis de publicité.

« Sans doute le PLUS IMPORTANT DE TOUT, c’est que le Quest m’accorde, ainsi qu’à l’Œuvre, un BIEN PLUS GRAND PRESTIGE et davantage de CRÉDIBILITÉ aux yeux des leaders gouvernementaux, dans l’effort que nous déployons à ouvrir leur porte pour livrer le message de l’ÉVANGILE de Christ à leur peuple. C’est notre MISSION !

« Il m’incombe donc, maintenant, de prendre les décisions suivantes :

« 1) Si nous nous débarrassons du Quest immédiatement en le sortant du marché, je vous ai démontré ci-haut que nous aurions quand même à rencontrer nos lourdes obligations actuelles, soit 705 000 $ additionnels ; nous perdrions beaucoup de prestige et risquerions d’être la risée de la presse publique. Étant donné les deux acheteurs potentiels qui nous ont approchés afin que nous leur VENDIONS le magazine, vous pouvez pleinement constater que je dois décider que nous ne quittions pas maintenant.

« 2) Puisque nous ne nous en départirons pas tout simplement en le fermant et que nous attendrons, à tout événement, jusqu’à ce que nous ayons des offres fermes de nos acheteurs potentiels, je dois donc décider MAINTENANT de maintenir le nombre de numéros annuels au chiffre peu commode de sept, ou y aller pour DIX, ce qui sera vu dans l’industrie médiatique comme une publication s’étendant sur toute l’année. J’ai décidé. Nous y allons maintenant pour DIX, et nous accorderons aux abonnés qui souscrivent MAINTENANT une année complète d’abonnement pour le même prix que nous chargeons actuellement pour sept numéros. Si nous vendons le magazine à l’un des réseaux, le Quest deviendra un achat bien plus désirable à leur yeux qu’avec les sept numéros présents. Donc, même si nous le vendons, nous DEVONS y aller pour dix numéros.

« Jusqu’à date, je n’ai pas décidé que nous ne vendrions PAS. J’attends de voir ce qui va se développer dans les deux ou trois prochains mois. Toutefois, il y a des raisons de croire que ce qui se développe nous indique fortement qu’il serait mieux pour l’Œuvre de garder le magazine. Nombre de ministres de haut rang nous poussent à le garder. Encore une fois, j’ai besoin de temps pour prier à cet effet, afin de voir les choses selon la perspective de DIEU. Je prendrai alors la décision selon ce que me dictera Dieu et en considérant TOUS les faits.

« Je voudrais ajouter un commentaire. J’ai toujours prêché que la VOIE DE DIEU est la voie de l’EXCELLENCE. Dieu dit : “ Tout ce que ta main trouve à faire, fais-le selon ton pouvoir ” (Eccl. 9:10). Tout ce que Dieu a créé et fabriqué est “ TRÈS BON ”. J’ai tenté le plus consciencieusement possible, sous Christ, de bâtir l’Église de Dieu, l’Œuvre et le Collège de cette manière.

« Le Quest est maintenant reconnu comme le magazine situé au SOMMET de la QUALITÉ dans notre pays. Il est voué à la “ recherche de l’EXCELLENCE ”. J’espère que vous me pardonnerez de dire que je demeure juste assez humain pour ressentir une certaine fierté (pas de la vanité) du fait que, si mon nom apparaît dans le titre d’un magazine national séculier en tant que Fondateur et Président, il apparaît dans le magazine reconnu au sommet de la QUALITÉ, “ à la recherche de l’EXCELLENCE ”.

« Cela m’amène encore au fait que, même si Dieu nous a appelés à sortir du monde, nous devons rester DANS le monde et nous avons pour mission d’aller VERS lui avec l’Évangile de Christ.

« Et, bien que je veuille vous encourager à mettre LA BIBLE en priorité sur la liste de vos lectures, ensuite La Pure Vérité, le Good News et le Worldwide News (maintenant restauré), vous lisez pourtant, dans le domaine séculier, vos journaux et d’autres magazines, peut-être ― et vous regardez probablement des émissions de nouvelles et d’autres programmes télévisés, même si vous êtes, ou devriez être, prudents en sélectionnant les programmes télé qui sont bons et appropriés au peuple de Dieu.

« Abonnez-vous. Le Quest/79 n’est PAS un magazine religieux ou d’évangélisation et ce n’est pas son intention. Mais il a UNE INFLUENCE INSPIRANTE sur ce monde. Il n’apportera pas le salut spirituel, mais il va influencer ses lecteurs vers les VRAIES VALEURS, vers des standards plus élevés.

« Ci-inclus, vous trouverez un bon de commande ― dix numéros pour le prix demandé jusqu’ici pour sept ― et, tant que la quantité le permettra, une brochure illustrée. (Si votre brochure n’est pas incluse avec cette lettre, vous en recevrez une dans un prochain envoi.) Il est canalisé vers la potentialité HUMAINE du caractère, la qualité et l’excellence sur le plan humain, comme la Pure Vérité le fait sur le plan SPIRITUEL.

« Lisez ces brochures. Montrez-les à vos amis non membres, à vos voisins et à votre parenté. Abonnez-en quelques-uns. Vous constaterez qu’ils vous respecteront davantage pour cela. Pourquoi ne pas montrer la brochure (nous vous en fournirons des copies additionnelles sur demande) à votre médecin, à votre dentiste, à ceux qui possèdent des salles d’attente ayant des magazines disposés à la lecture de leurs clients et patients ?

« Frères, avec l’Église de Dieu et les prières du peuple de Dieu pour le soutenir, nous pouvons certainement nous attendre à ce que son avenir nous soit beaucoup moins coûteux et bien plus profitable. Je vous demande donc de prier là-dessus comme je le fais et que je prie pour VOUS !

Avec amour, au nom de Jésus,

(signature d’Herbert W. Armstrong)

Dans le premier paragraphe, il demande de l’aide. Puis, il poursuit en produisant un homme de paille, son propre fils Ted, et il l’assomme dans le second paragraphe. Il se « rappelle » vaguement avoir écrit aux membres qu’il promettait de se débarrasser du Quest. Mais tout était de la faute de Ted. Ensuite, il explique qu’il serait trop onéreux pour l’église de se défaire du magazine. L’église ne pouvait tout simplement pas se passer d’un atout aussi précieux ! Pourquoi ? Deux des trois réseaux majeurs de la télévision avaient très envie du magazine. Et ça n’en finit plus. Il touche toutes les cordes et justifie l’opération entière aux yeux de ses « idiots de moutons ».

Il étale même les nombreux millions de dollars que l’opération coûte à son église qui vit de sérieux problèmes financiers. Il déclare de nouvelles et lourdes dépenses en raison de l’accroissement du nombre de numéros par année.

Il annonce qu’il a déjà pris une décision majeure en insistant, non seulement pour que les membres s’abonnent au magazine, mais qu’ils vendent également des abonnements auprès de leurs amis, de leurs parents et de leurs voisins !

Tout cela fut fait au moment même où HWA critiquait l’intellectualisme et le sécularisme des « libéraux » qui, suppose-t-on, fomentent une conspiration pour s’emparer de l’église ! Quiconque a lu le Quest s’aperçoit immédiatement qu’il n’y a pas de magazine plus « intellectuel » et séculier ! Les gens intelligents ne peuvent que secouer lentement la tête de perplexité face à ce qui se déroule devant leurs yeux. Ils doivent se demander quelle est cette main secourable « invisible » qui vient en aide à Stan Rader…




D.209 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 11

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

 

Chapitre 10

LE PETIT « GRAND HOMME »

 

Herbert Armstrong est un personnage très complexe. Il a beaucoup tenu à « l’arbre de la connaissance du bien et du mal ». Stan m’a dit, en 1978 : « Dave, je connais mon homme ». Et il le connaît. Il l’étudie depuis plus de vingt ans. Quels que soient ses motifs, il a suivi son sujet de manière énergique et de très près.

Proche compagnon de voyage d’HWA pendant des années, le Dr Lochner attribue un bon nombre des faiblesses de sa personnalité et de son ambition démesurée à sa petite stature. La théorie du Dr Lochner soutient qu’Herbert s’est vu fréquemment rejeté dans sa jeunesse à cause de son apparence et de son petit gabarit. En revanche, cela le motiva à « rendre la pareille » à la société. Le rejet essuyé pendant ses années de jeunesse aurait également provoqué sa paranoïa de longue date et son instabilité émotive dans certains secteurs de sa vie. Il fut souvent repoussé des femmes durant les premières années de sa vie. Ça a laissé des marques.

Il arrive souvent que les hommes courts, particulièrement ceux qui sont parfaitement conscients de leur manque de stature, compensent par tous les moyens qui leurs sont offerts. Herbert Armstrong découvrit qu’il pouvait être un « grand homme » derrière un lutrin. Pour la première fois de sa vie, il ressentit le pouvoir dans son sens réel. Et il réalisa que, dans l’esprit de ses disciples, ce pouvoir était un transfert d’autorité de Dieu sur lui-même. Il dut donc s’appliquer à s’identifier étroitement à Dieu dans l’esprit de ses auditeurs. Nous en reparlerons plus loin.

Le rejet subi à l’égard des femmes rencontrées dans sa jeunesse et même de sa propre épouse dans le lit conjugal (selon sa version) intensifia ses sentiments de persécution et d’inadaptation, et stimula son besoin de se prouver à lui-même. Il voulait que les gens croient qu’il était un « tigre ». Il devait prouver qu’il était aussi bon que les autres hommes, sinon meilleur, même dans la sexualité. N’avait-il pas démontré sa supériorité derrière le lutrin ? Était-il meilleur que Ted, même derrière le lutrin ? L’orgueil, le doute envers lui-même, la frustration, l’envie, l’amour/haine semblèrent s’intensifier avec l’âge. Encore une fois, le vieil adage s’avérait : « Une fois homme, deux fois garçon. »

Par exemple, il voulait que le monde entier sache qu’il pouvait avoir des relations sexuelles même à un âge avancé et, donc, il fit paraître un article à cet effet dans le Worldwide News immédiatement après son mariage. Il parla longuement et explicitement de sexe aux collégiens seniors ― sans les ménager. Il était « l’autorité ». Il avait étudié Masters and Johnson et était donc devenu fort « avancé » dans ce domaine. Bien qu’il ait écrit antérieurement Ce que Dieu dit de la nouvelle moralité, ses nouveaux enseignements entraient passablement en conflit avec sa publication. Il s’affichait encore comme celui qui possédait le seul point de vue sur le sexe, mais il oubliait d’expliquer comment et pourquoi Dieu avait si radicalement changé d’idée ! Sa vision du sexe, enseignée avec vigueur, affecta le lit conjugal de milliers de personnes. Il enseigna toujours « au nom de Jésus ». Toutes ses lettres sont signées de cette façon. Son association avec le divin n’a jamais cessé.

Il déclara avoir « l’esprit de Dieu plus que quiconque sur terre ».

Même les personnes bien au fait de son flagrant dédain pour les Dix Commandements sont encore quelque peu effrayées par l’autorité divine d’Herbert Armstrong ! Les oreilles qui, pendant des années, ont entendu déclamer cette autorité ont beaucoup de misère à se débarrasser de sa forte résonance.

Devant un auditoire, il peut s’afficher comme le plus aimable et bienveillant des hommes ― irradiant l’image même du bon grand-père. Il peut donner l’impression de n’avoir que de l’amour dans le cœur et accrocher le sourire le plus charmant. Il peut louanger et glorifier un homme plus que tout autre, puis se retourner et détruire l’homme qu’il vient de louer avec tant de somptuosité. Il peut vanter fortement un homme devant un auditoire pour ensuite le lacérer de façon inimaginable en privé et presque immédiatement après. Comme me l’a dit un jour Sherwin McMichael : « Les pas de M. Armstrong sont littéralement jonchés de dépouilles d’hommes qui l’ont fidèlement servi ».

Bien que le corps d’Herbert Armstrong soit court et que ses épaules se voûtent d’une manière qui manque de masculinité, sa voix, elle, est puissante. Il a dit parfois qu’il avait hérité de la voix de son père. Ç’a été une des meilleures voix d’orateurs du vingtième siècle en Amérique. On n’a qu’à comparer ses enregistrements d’il y a vingt-cinq ans avec ceux de Franklin Roosevelt et Winston Churchill et l’on constate que la qualité de sa voix est indéniable. Si ce n’est meilleure. Elle possède une remarquable qualité de commandement. En contrepartie, il n’y a pas le caractère divin allant avec la voix.

À l’époque des années de formation d’Herbert Armstrong, on implantait dans l’esprit de nombreux Américains de devenir riches, préalablement en étant industriel, d’être respecté, de vivre très bien dans une belle maison, de soutenir les arts, de voyager en grand et de s’associer à la royauté. Si on avait une fille, elle devait épouser un comte, un lord ou même un duc, si possible. Quand les individus de l’époque suivaient ces pratiques et revenaient à la maison, ils avaient tendance à toiser les gens de haut en les considérant inférieurs.

Car, en fin de compte, n’avaient-ils pas habité les plus grands hôtels outremer et n’avaient-ils pas été présentés dans les cours royales ? Que ces gens de la « royauté » n’aient été que des prétendants et que plusieurs d’entre eux aient porté des titres invalides n’avait que peu d’importance. Peu importait également que bon nombre parmi eux étaient libertins. Tout était dans l’image, l’illusion. Voilà ce qui importait. Les Américains de cette époque étaient prêts à dépenser une fortune dans ce genre de projets. C’était le nec plus ultra de l’existence. Et Herbert Armstrong fut toute sa vie très conscient de son image. C’était plus important que la substance.

Il semble que, dans sa vieillesse, Herbert Armstrong ait réalisé cette illusion : vivre les rêves d’un autre âge et faire ce qu’il rêvait de faire dans sa jeunesse à Chicago. Sa promiscuité avec les « grands et les moins grands » de l’époque doit lui avoir inspiré des fantaisies qu’il a tenté de réaliser le plus tôt possible ― même octogénaire et aux frais de l’église.

Maintenant, il peut visiter « les rois, les empereurs, les présidents, les gouverneurs, les juges et les dirigeants », réparant ainsi les carences du passé. S’il y a une chose que méprise Herbert Armstrong, c’est bien la pauvreté et tout ce qui va avec. Il se vante depuis longtemps qu’il ne regarde jamais le prix d’un steak quand il va dans un restaurant. Ce n’est pas digne de lui. Ses factures de restaurant sont astronomiques, spécialement en considération de l’état financier de l’église. Il vit « délicieusement ».

Son fils me parlait parfois des habitudes d’achat de complets de son père. Il me disait que son père préférait de loin payer un complet deux fois le prix dans une boutique fréquentée par les gens très riches que d’acquérir le même habit à la moitié du prix dans un magasin où il ne serait pas vu des richards. C’était toujours une question d’image. Voilà qui est important à se rappeler. L’on ne peut comprendre HWA sans d’abord saisir l’importance de son image. Il aime énormément se promener dans une limousine Cadillac noire ou bleu foncé avec chauffeur. Il s’assoit habituellement sur le siège arrière, comme un potentat. Il se tire à quatre épingles et les gens ont beaucoup de mal à imaginer qu’il s’agit d’un prêcheur. Ils penseront plutôt qu’il s’agit d’un producteur de cinéma, un riche visiteur étranger, un industriel, ou autre, mais jamais un prédicateur ou une personne impliquée dans le domaine de la religion.

On ne pourrait pas l’imaginer monté sur une mule, ou marchant des milles et des milles dans la poussière de la Judée, endurant de grandes souffrances, déambulant parmi le peuple, évitant les célébrités, ou se donnant pour les autres, par exemple.

Beaucoup de ceux qui le connaissent depuis longtemps, incluant les membres de sa famille, rapportent qu’il a toujours parlé d’une conspiration montée contre lui. Pour lui, tout le monde, y compris sa famille, se liguent contre lui. Son complexe de la persécution fut toujours très fort.

Lorsqu’on examine objectivement le bilan, il a tout l’air d’avoir été lui-même le plus grand des conspirateurs. Certains membres de sa famille signalent ses étranges habitudes de lecture. D’après ces relations, il aurait lu très attentivement, jusqu’à étudier sur une longue période de temps, le livre d’Adolf Hitler, Mein Kampf. Il fut particulièrement impressionné par les méthodes d’Hitler qui se déplaçait rapidement dans les petites heures de la nuit, entre minuit et le lever du jour, lorsqu’il voulait frapper un grand coup. (Hitler croyait que la résistance des hommes était plus faible durant ces heures-là.) Les événements de ces dernières années ont amplement démontré l’efficacité de l’application de ces méthodes. Bien entendu, ce n’était pas la façon d’agir de Christ !

Il n’y a pas le moindre doute qu’HWA utilise de main de maître l’intimidation. Il n’y a aucun doute non plus qu’il ne supporte personne autour de lui qu’il ne peut dominer ou intimider, sauf Stan Rader. Mais ça, c’est toute une histoire en elle-même. Il rend littéralement craintifs les gens qui travaillent pour lui. Comme s’il voulait les « posséder » ! Quand tant de mal est exécuté au nom de Dieu, on doit se poser des questions : Dieu veut-Il vraiment que les gens honorent et obéissent à ce genre d’hommes ? Cet homme est-il réellement « le seul apôtre du vingtième siècle » ?

Herbert Armstrong explique que « au nom de » signifie « par l’autorité de », et lorsqu’il parle « au nom de Christ », il veut dire « par l’autorité de Christ ». Il veut dire que Christ le dirige. Mais il y a un problème majeur à cela. Il fait trop de déclarations conflictuelles. Voyez plutôt : sortez toutes les lettres, les articles et les proclamations qu’il a écrites lors des vingt-cinq dernières années et essayez de les concilier. C’est un véritable exercice de frustration. La confusion, dont Dieu n’est pas l’auteur (1 Cor. 14:33), s’y trouve en abondance. Pourtant, toutes ses lettres furent signées « au nom de Jésus ».

Tous les grands escrocs sont des maîtres du rationalisme. Ils peuvent fournir d’excellentes raisons qui semblent tout à fait plausibles pour que vous fassiez ce qu’ils veulent. L’habileté d’Herbert Armstrong en ce domaine est insurpassable.

Aucune de ses lettres ne fut tant un chef-d’œuvre du genre que celle qu’il écrivit aux membres de l’église le 22 novembre 1978 dans le but d’expliquer pourquoi l’église devait conserver le Quest/78. (Il avait promis de se débarrasser de cette propriété discutable quelques temps auparavant.)

Il était très fier de la lettre qu’il avait écrite aux membres en 1974 pendant un vol d’urgence en provenance de Manille pour redresser l’agitation régnant alors dans l’église, provoquée par les histoires concernant Ted. Il me confia qu’il avait passé toute la nuit à écrire cette lettre. Fait intéressant à noter, quand j’en parlai à Stan, celui-ci me dit que ce n’était pas vrai, car il [Stan] avait écrit la lettre lui-même !

Le Dr Lochner, qui doit bien être au courant, dit que Stan « mit littéralement les mots dans la bouche d’Herbert Armstrong ». Il lui signala quoi écrire, presque mot à mot !

Écrivant dans l’Ambassador Report de 1977 un article intitulé Le fils prodigue, Al Carrozzo raconte ceci à propos du vrai caractère et des vrais motifs d’HWA :

« Le 22 mai 1973, à 13h00, Ted me quitta en ne me laissant aucun doute quant aux motifs, aux intentions et au modus operandi véritables de son père ! Lors d’une réunion privée de trois heures dans son bureau, Ted me dit qu’il était spécifiquement en désaccord avec son père sur un bon nombre de questions, y compris sur la doctrine. Il m’expliqua que son père voulait désespérément être accepté du monde, et c’était la raison pour laquelle il voyageait continuellement autour du globe, cherchant la faveur et l’écoute des dirigeants mondiaux.

« Ted admit qu’il avait vu son père complètement soûl à une douzaine d’occasions. Il a déclaré que son père lui avait dit qu’il (Herbert) ferait n’importe quoi pour maintenir « l’Œuvre » à flot ― y compris mentir, voler et corrompre. Je fus sous le choc, bien sûr, mais, par la suite, je vis personnellement Herbert « bourré » à quelques occasions et je le surpris nombre de fois à mentir. Je commençai à noter ces mensonges dans ses lettres aux membres et aux co-ouvriers, et ils se sont poursuivis jusqu’à aujourd’hui.

« L’année 1973 en fut une de réalisation pour moi. J’appris les ébats sexuels durables et poussés de Ted ; la dissimulation totale d’Herbert ; la corruption aux niveaux les plus élevés de l’Église Universelle ; les explosions de plaisirs d’Herbert autour du monde sous couvert de prêcher le véritable évangile ; le gaspillage de vastes sommes d’argent en trésors artistiques extravagants ; l’exploitation de gens crédules et pressurisés ; les erreurs doctrinales flagrantes ; la répression d’êtres humains ― mentalement, émotionnellement, physiquement et spirituellement. Oui, 1973 m’a démontré que la malhonnêteté était une manière de vivre pour Ted et son père, et cette façon de vivre n’a pas changé depuis lors. » [p. 47.]




D.208 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 10

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

 

Chapitre 9

HWA ADOPTE L’HÉRÉSIE DE LA PRIMATIE DE PIERRE

 

Pendant de nombreuses années, les ministres de l’Église de Dieu ont été formés dans ce qu’on appelle « les Écritures difficiles ». Chacun devait apprendre comment expliquer certaines Écritures que les autres églises employaient pour soutenir leurs doctrines ― doctrines différentes de celles de l’Église Universelle de Dieu. On devait utiliser la cohérence et la logique, y ajoutant les faits historiques et les autres Écritures pour supporter les doctrines de l’église. Les Écritures employées pour étayer le culte du dimanche, l’immortalité de l’âme, la montée au ciel, etc., étaient qualifiées « d’Écritures difficiles ». Les ministres entraînés avaient pour responsabilité de comprendre et de pouvoir expliquer la « pure vérité ».

L’église enseignait que Satan est le dieu de ce monde et qu’il possède ses propres églises. On disait que toutes les églises du monde étaient à lui, sauf l’Église Universelle de Dieu. Satan connaît très bien les Écritures et il les a tordues pour se frayer un chemin, nous disait-on ; donc, nous devons être formés pour redresser la Parole de Dieu et présenter la vérité.

On nous enseignait que l’Église catholique était l’instrument principal de Satan et que le pape était le chef de ses disciples sur la terre. Par conséquent, on portait une attention particulière à Matthieu 16:18. C’est l’Écriture de fond qu’utilise l’Église catholique pour soutenir sa position d’autorité. La voici telle que tirée de la version David Martin :

« Et je te dis aussi que tu es Pierre, et sur cette pierre j’édifierai mon Église ; et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. Et je te donnerai les clés du Royaume des cieux ; et tout ce que tu auras lié sur la terre, sera lié dans les cieux ; et tout ce que tu auras délié sur la terre, sera délié dans les cieux. »

Or, si le pape de Rome est vraiment le successeur de Pierre, comme le déclare cette église, et si cette Écriture donne tout pouvoir à Pierre, comme le disent plusieurs, alors l’Église soulève un bon point quand elle catalogue toutes les autres églises parmi les imposteurs illégitimes.

Tout pouvoir chrétien de lier ou de délier doit être investi à Rome. Aucun mariage chrétien, aucune fonction ecclésiastique, aucune prière, aucun gouvernement ne sont donc légitimes en dehors de l’Église catholique. Et il ne peut y avoir de contact avec Dieu en dehors de cette église.

Vu sous cet angle, voilà une des Écritures les plus vitales de la Bible. Elle est essentielle. Pourtant, il y a un paquet de gens qui ne réalisent tout simplement pas son poids théologique.

Voici ce qu’on apprend aux ministres de l’Église Universelle de Dieu depuis des décennies :

1.      Tu es petros ― Pierre ― ce qui signifie « un morceau de roc » [caillou], pas la roche elle-même. Christ donna à Simon le nom de Pierre (Marc 3:16). Il y avait une signification à cela. Il était la petite pierre, Christ étant la pierre maîtresse. Le mot grec petros est du genre masculin.

2.      Le mot petra signifie « masse de roc » [rocher] et il est du genre féminin. Petros et petra ne pouvaient se référer à la même personne. Le roc qui devait servir de fondation à l’Église n’était pas Pierre, en effet, mais Christ disant qu’Il serait Lui-même la Petra, la pierre maîtresse. Pierre ne fut qu’un morceau de cette matière ― solide et endurante.

3.      Éphésiens 2:20 soutient cet enseignement : « Étant édifiés sur le fondement des Apôtres, et des prophètes, et Jésus-Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin. » La pierre maîtresse était Christ, et les apôtres (tous) étaient des pierres édifiées sur ce fondement, avec les prophètes de l’Ancien Testament.

4.      Juste un peu plus tard, dans Matthieu 18:18, Jésus inclut les autres apôtres dans la mission visant à lier et à délier : « En vérité je vous dis, que tout ce que vous aurez lié sur la terre, sera lié dans le ciel ; et que tout ce que vous aurez délié sur la terre, sera délié dans le ciel. » Il S’assura que l’on comprenne bien que la mission incluait tous les autres apôtres. Lisez le contexte.

5.      HWA utilisait toujours ce qu’il appelait l’argument décisif d’Actes 15. Il se donnait sans cesse beaucoup de mal pour démontrer que le frère de Christ, Jacques, qui n’était pas un des douze apôtres originaux, mais qui était venu plus tard et, à cause de sa relation familiale, avança rapidement vers la conversion, Jacques, donc, fut le choix de Christ pour présider sur les leaders de l’Église à Jérusalem. HWA disait avec insistance que Jacques était le chef des apôtres à l’époque d’Actes 15, autour de l’an 59.

Bien que Christ eu choisi Pierre pour donner un sermon lors de la première Pentecôte du Nouveau Testament, Il ne voulait pas dire que Pierre ait eu prééminence administrative sur les autres. Et beaucoup de preuves furent amenées ces années-là.

En outre, Pierre fut envoyé vers les « brebis perdues de la maison d’Israël ». Sa première épître fut rédigée à Babylone. Paul écrivit quatorze livres de la Bible, alors que Pierre n’en écrivit que deux. Et rappelez-vous que Paul résista à Pierre en face, publiquement, comme le déclare le second chapitre de Galates. Il n’aurait jamais fait cela si Pierre avait été son supérieur administratif. Et de nombreuses autres preuves bibliques furent employées pour démontrer la primatie administrative de Jacques, pas de Pierre.

L’enseignement de l’Église Universelle sur ce sujet est demeuré le même pendant des décennies. Il ne fut pas donné le moindre pouvoir à Pierre de contrôler l’entrée du Royaume de Dieu. Je n’ai jamais entendu un seul défenseur de la position catholique romaine durant des décennies dans l’église ― jusqu’à ce qu’HWA commence à l’enseigner au début de 1978.

Ce changement doctrinal très important, voire crucial, surprit énormément un grand nombre d’entre nous qui nous rappelions fort bien de l’ancien enseignement. Cette « dilution de doctrine », ou cette lutte contre les Écritures, en inquiéta plus d’un. On protesta, sans résultat. Les anciens qui avaient si longtemps enseigné l’ancienne façon furent soudainement coincés. D’un côté, l’apôtre Paul leur commandait de « retenir le modèle des saines instructions qu’ils avaient entendues de lui » et, de l’autre côté, on leur ordonnait de croire ce que cet « apôtre » exigeait d’eux. Il insistait maintenant pour qu’ils acceptent la vieille conception catholique romaine de Matthieu 16:18 ! Ce revirement faisait en sorte qu’il devenait dès lors le nouveau Pierre et, en tant que tel, qu’il avait l’unique pouvoir d’accorder ou de défendre l’entrée du Royaume de Dieu ! Il n’y avait d’accès à Christ que par lui ! C’était la même doctrine qu’enseignait Rome depuis des siècles. Évidemment, cette doctrine est en désaccord avec la Bible qui dit clairement : « Car il y a un seul Dieu, et un seul Médiateur entre Dieu et les hommes, savoir Jésus-Christ homme » (1 Timothée 2:5).

D’après son enseignement, HWA devint le nouveau Papa, le médiateur entre Dieu et l’homme, le Père de l’Église avec tous les pouvoirs du pontife romain, et davantage ! Sa personne fut enseignée avec force. Il était « le grand » HWA.

Christ a condamné le règne strict, étroit, sévère, abusif et destructeur opéré sur le peuple au nom de la religion et de Dieu. Ceux qui s’approprient Son nom pour installer leur gouverne répressive sur un grand nombre de gens, que ç’ait été durant le Moyen-Âge ou que ce soit à notre époque, tombent sous une condamnation spéciale.

L’Inquisition espagnole a vécu l’infamie pendant des siècles en Europe occidentale. Cette institution fut le modèle type de la persécution satanique. Selon de nombreux historiens, on utilisa la torture physique pour extorquer des « preuves ». Il n’y avait pas de cour d’appel. Même les historiens catholiques rougissent face aux excès de ce bras de l’apôtre de Rome. Les catholiques eux-mêmes ont dissous ce terrible département de leur église.[1]

Lord Acton avait raison quand il a dit : « Le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument ». Les êtres humains ne sont pas entraînés à manier un tel pouvoir sur les autres. L’histoire enseigne indubitablement cette leçon. Même le vingtième siècle enseigne cette leçon, encore et toujours. Les excès d’Hitler, la tyrannie de Staline, la conduite des communistes en Chine, Idi Amin d’Ouganda et, plus récemment, la tragédie de Jim Jones (People’s Temple)… tout cela est un cri d’alarme soutenant la déclaration de Lord Acton.

Peu après avoir expulsé son fils Ted, HWA commença rapidement à proclamer la doctrine hérétique de la primatie de Pierre. Puis, il dit aux membres de l’église que c’était de lui qu’ils avaient appris tout ce qu’ils savaient. Lui seul établissait la doctrine et il était le « seul apôtre du vingtième siècle ». Il était un père pour eux. Un pas de plus et il se serait proclamé le « Saint Père ».

Cette doctrine sert d’assise à Gerald Waterhouse quand il déclare que « l’obéissance est plus importante que la doctrine ». Il avance que, si vous obéissez toujours au leader, le reste importe peu. Dieu vous accordera la vie éternelle et tous les désirs de votre cœur. Qu’en est-il donc de la déclaration immortelle de Pierre : « …il faut plutôt obéir à Dieu qu’aux hommes » (Actes 5:29) ?

Mais si vous croyez à la proclamation de Waterhouse, la loi de Dieu, la rectitude, la vérité et la fidélité au reste de la Bible n’ont plus qu’une importance relative. On laisse loin derrière sur la piste les principes de la vie chrétienne ! Les gens doivent s’en remettre aux princes, ou plutôt à un prince de l’église, et tout ira bien. On peut se demander si ce ne fut pas là l’approche adoptée par Lucifer lorsqu’il trama sa rébellion. Il a dû dire à ses anges qu’il n’y avait aucun moyen de le contourner et, de toute façon, son nom n’était-il pas Lucifer ? Cela ne voulait-il pas dire « porteur de lumière » ? Tout ce qu’ils savaient, ils le tenaient de lui. Le chemin qu’a choisi d’emprunter HWA n’est pas du tout étroit et imprécis. Il est large et très fréquenté. Il n’est certainement pas le premier à prendre ce sentier.

Lorsque les premiers articles commencèrent à sortir dans les publications de l’église parlant des enseignements d’HWA sur la doctrine de la primatie de Pierre, les lignes téléphoniques furent surchargées partout aux Etats-Unis. Les ministres se demandaient l’un l’autre ce qu’ils en pensaient. Et presque sans exception, la réaction fut négative.

Pas un seul de ceux à qui je parlai ne pensait qu’Herbert Armstrong avait raison dans ce qu’il enseignait maintenant. J’appelai Rod Meredith au téléphone en lui demandant son avis. Je lui rappelai que, pendant plusieurs années, il avait donné les cours sur les épîtres de Paul et il avait traité le sujet. « Rod, » demandai-je, « en tant qu’enseignant du Nouveau Testament, croyez-vous un instant que Pierre possédait le genre de pouvoir que lui donne M. Armstrong ? » Sa réponse fut courte et rapide : « Non. Bien sûr que non. » Il n’y avait rien d’autre à ajouter. Ce fut la même chose avec de nombreux autres ministres dirigeants ayant porté de grandes responsabilités administratives dans tout le pays. Et ce le fut assurément avec beaucoup de coordinateurs régionaux et de pasteurs seniors.

Il y eut une exception : Stan Rader. J’avais découvert qu’il étudiait avidement l’Église catholique, son histoire et ses doctrines. Stan m’avait tellement parlé de ça, en novembre 1978, que je lui avais demandé s’il étudiait sérieusement cette institution. Il l’avait aisément admis.

Il me confia également qu’HWA avait pensé que ses photos et ses citations (à HWA) devaient paraître dans chaque page de chacune des publications de l’église. Il raconta leur expérience en Égypte quelques années auparavant, lorsque la photo de Sadate se trouvait dans chaque page de tous les journaux d’Égypte. Stan croyait que c’est ce qui avait sauvé le poste de Sadate dans son pays.

Il y avait bien sûr en ceci un problème scripturaire. Israël s’était fait dire de ne pas imiter l’Égypte. Et si Israël s’appuyait sur l’Égypte, il en serait transpercé. L’Égypte ne fut jamais une source de puissance pour Israël.

Or, voilà que le « seul apôtre du vingtième siècle » décidait de suivre l’exemple de l’Égypte. Il voulait que sa photo et ses écrits apparaissent sur toutes les pages de chaque publication de l’église pour consolider son pouvoir afin de le rendre absolu. Il ne voulait aucune opposition lorsqu’il donnerait le signal de l’apostasie. Il allait employer la tyrannie, comme on a fait si souvent dans le passé.

Jéroboam prit ce chemin quand il nomma prêtres des gens de la plus basse extraction et qu’il changea le Dieu d’Israël pour des veaux d’or. Il pensait que l’unité et la séparation de son royaume justifiaient que son peuple change de religion. Cela semblait juste à ses yeux, comme il semble juste aux yeux d’Herbert Armstrong d’oublier le Dieu qui lui a tant donné et d’utiliser les mêmes tactiques qu’il a condamnées pendant tellement d’années.

Ses péchés personnels l’ont apparemment conduit si loin dans le mauvais chemin qu’il a dépassé le point de non retour. C’en est rendu au point où il aurait à avouer une conduite épouvantable ― des péchés horribles ― publiquement et avec puissance avant de revenir sur le droit chemin. Dieu a dit que le chemin du salut est difficile et que le sentier est étroit. Herbert Armstrong a perdu son chemin et les gens le savent. Il a sauté la rampe.

Apprendre les voies des païens ne l’aidera en rien à se libérer de ses difficultés. Utiliser toutes les ruses et l’hypocrisie de Babylone et de l’Égypte et rechercher le soutien de l’église qu’il a si longtemps appelée « la Grande Prostituée » ne le sortiront pas de son problème.

Se draper du premier et du cinquième amendement ne le protégera pas non plus. Il n’est pas au-dessus de cela, alors que, dans un même souffle, il condamne les gouvernements de notre pays de qui il cherche la protection. Son raisonnement est incohérent et il n’est pas prêt à garantir aux autres le premier amendement dont il se réclame.

Pour quelqu’un qui a condamné si longtemps tout le concept de la primatie de Pierre ainsi que l’église qui enseignait cette doctrine, adopter maintenant ouvertement cette même doctrine et se l’appliquer à lui-même est proprement incroyable !

La déclaration d’Herbert Armstrong comporte un problème. Qui fut son prédécesseur ? Quelle ligne de succession peut-il établir ? Où est sa liste ? Il a enseigné l’imposition des mains pour l’ordination des ministres. Il a enseigné qu’il y a toujours eu en tout temps un homme sur terre ayant reçu mission de Dieu de faire Son œuvre. Il a enseigné qu’il y a toujours eu une Église de Dieu sur terre, car Christ a dit que Son Église ne serait jamais détruite. Il doit répondre à un paquet de questions sans réponses suite à sa nouvelle déclaration.

Il me semble que la première fois que j’ai entendu dire qu’Herbert Armstrong était un apôtre, c’était au milieu des années soixante. Plusieurs ministres commencèrent à sous-entendre qu’il était un apôtre. Voici à peu près leur raisonnement :

S’il y a un certain nombre d’évangélistes dans l’église et si, comme le dit Herbert Armstrong, les postes décrits dans Éphésiens, au chapitre quatre, sont aussi des rangs, on doit donc en conclure qu’il est un apôtre. Il doit être d’un rang supérieur aux évangélistes. Si la structure hiérarchique (ou structure pyramidale) fut vraiment le seul système utilisé par Dieu, et si les ordinations au rang d’évangélistes exécutées par Herbert Armstrong sont valides, la logique suggère alors qu’Herbert Armstrong est un apôtre, à condition qu’il s’agisse de la seule véritable église de Christ.

Mais, pendant longtemps, voire des années, il n’assuma pas le titre. Il commença à dire, de temps à autre publiquement, « Vous dites que je suis un apôtre. Je n’ai pas dit cela. » C’est ce qu’il affirmait après avoir dit auparavant qu’il n’était pas un apôtre, même s’il avait été ordonné à ce rang par les « gens de l’Oregon », comme c’était leur coutume.

Il devait avoir de fortes réserves à déclarer pareille chose. Peut-être savait-il mieux que quiconque que ce genre de prétention est dangereuse. Dans tous les cas, il y eut une évolution remarquablement rapide du titre, ou du rang. De nier qu’il en soit un à dire que les autres affirmaient qu’il était apôtre, jusqu’à déclarer ensuite lui-même de temps en temps qu’il l’était, puis, en 1976, établir qu’il était le seul apôtre de l’église, et dire finalement, en 1978, qu’il était le seul apôtre du vingtième siècle et écrire continuellement qu’il était « l’Apôtre de Dieu », tout ça prit moins de quinze courtes années !

L’aspect le plus notable de cette évolution est dans doute que, durant cette même période de temps, sa vie personnelle avait chuté très bas. Comme si, sa foi dérapant, il ressentait le besoin d’énoncer des déclarations des plus fracassantes afin de maintenir les gens dans sa poigne et renforcer son pouvoir. À mesure qu’il vieillissait, il lui apparaissait plus important de tourner les gens vers lui-même que vers le Christ.

Une sorte de solipsisme, ou de narcissisme s’empara de lui comme jamais. Il ressentit la nécessité de contrôler, de dominer, de gouverner ! Bien qu’il devait sûrement savoir que ce qu’il faisait était mal, il sembla obsédé par le fait que les gens lui obéissent. Il serait vain de chercher un parallèle avec Christ ou les apôtres dans tout le Nouveau Testament.

Ayant pourtant enseigné le libre arbitre moral, il se mit à déraper vers le désir de commander, de forcer, de dominer, de contrôler, de dicter et de menacer sans retenue. Décharger sa terrible haine devint une manière de vivre pour Herbert Armstrong. Ses proches compagnons l’entendirent se répandre en injures contre ceux qui ne se sentaient plus capables de se soumettre à sa personne.

Le 21 décembre 1978, j’écrivis la lettre qui suit à Wayne Cole, directeur de l’Administration Universelle Pastorale, et je lui demandai des éclaircissements concernant les enseignements de l’église sur la doctrine de la primatie de Pierre :

Le 21 décembre 1978

M. Wayne C. Cole

Église Universelle de Dieu

Pasadena, Californie  91123

Cher Wayne,

Merci d’avoir pris le temps de converser brièvement avec moi pendant que j’étais là-bas, le mois dernier. Il y a nombre de choses que j’aurais aimé dire, mais le temps nous manquait à ce moment-là. Il semble parfois que le temps s’accélère. Une illusion, sans doute.

Dans un récent Pastor’s Report, vous avez mentionné que nous devrions envoyer les sujets que nous croyons devoir être pris en considération lors de la conférence, ou, du moins, à la réunion précédant la conférence des Coordonnateurs régionaux. Vous avez fort probablement reçu des lettres d’un peu partout et en voici une autre à ajouter sur la pile. Je sais que ce que je vais écrire ici sont des choses ayant été discutées à plusieurs reprises par le passé, mais ce peut être encore important.

1. Le nouvel enseignement (pas si nouveau que ça) sur la doctrine de la primatie de Pierre est déstabilisante pour un grand nombre d’entre nous qui avons étudié un autre enseignement pendant longtemps. Il est difficile, après avoir reçu un autre endoctrinement pendant plusieurs décennies, de nous rebrancher si soudainement sur un point tellement majeur. Les implications vont très loin. L’expédient actuel me semble une raison bien insuffisante pour effectuer une dérogation aussi capitale à l’enseignement précédent. Nous pourrions tous nous lever et protester, preuves bibliques à l’appui. Il s’agit d’une question importante de la religion occidentale depuis deux millénaires, et l’histoire fait la chronique de tout le mal qu’a pu engendrer une pareille concentration de pouvoir à Rome. Cette approche soulève la question de la Succession Apostolique. Les catholiques ont la leur gravée dans la pierre et sur les murs de Saint-Pierre de Rome. Où est la nôtre ? Qui a été l’apôtre de l’ère de Sardes ? Ou des autres ères ? Paul a-t-il réellement répondu à Pierre ? Où est la preuve ?

2. Il y a des gens qui enseignent dans l’église qu’elle va bientôt s’envoler à Petra, en suggérant même des dates. Est-ce donc un enseignement officiel de l’église ? Sinon, on devrait faire officiellement l’annonce que l’église n’endure pas ce genre d’enseignement semant la discorde. Si c’est un enseignement officiel de l’église, alors une annonce publique et convaincante devrait être faite avec les explications appropriées. M. Armstrong a dit que le poste de prophète est maintenant inoccupé. Mais ne faudrait-il pas la puissance d’un prophète pour annoncer un tel plan pour l’église ? Je pense que nous aurions besoin, lors de la conférence, d’une déclaration officielle que nous pourrions ramener avec nous.

3. Il me semble qu’une déclaration officielle doit aussi être faite en regard des deuxième et troisième dîmes. Je sais que nous le disons depuis des années, mais les gens posent encore des questions. Les choses doivent être clarifiées.

4. Indication sur le dynamisme de l’œuvre. Notre évangélisme est-il fort, et où s’effectue-t-il ?

5. J’aimerais voir un programme de constructions lancé pour le bâtiment d’églises locales. L’inflation a rendu un tel programme très dispendieux. Ç’aurait été plus facile il y a quelques années, mais vaut mieux tard que jamais. En tout cas, cela indiquerait aux églises locales que l’on s’intéresse à leur bien-être. Il me semble que la construction de bâtiments locaux servirait à aider suffisamment les congrégations locales à s’autofinancer en quelques années. Il est plus facile d’ériger une congrégation locale quand on a un endroit régulier où s’assembler, etc.

6. Il serait temps de considérer incorporer le Département de Fêtes aux Services Pastoraux. Avec la vente de Big Sandy et la politique actuelle de réduction, ne serait-ce pas une économie substantielle d’argent et de main-d’œuvre que de voir les deux départements fonctionner ensemble ? M. Armstrong ne pouvant plus voyager pour se rendre à tous les sites, il serait plus facile d’administrer un nombre plus grand de sites plus petits.

Plusieurs questions me viennent à l’esprit, Wayne. Il m’apparaît très important que certaines soient prises en considération.

Sincèrement,

David Robinson

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[1] Malheureusement, l’information de M. Robinson est erronée, car l’Inquisition n’a jamais été abolie ; elle a simplement changé de nom. [N. du T.]




D.207 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 9

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

Chapitre 8

GARNER TED ÉVINCÉ

Autour des Fêtes de l’année 1977, des rapports nous parvinrent indiquant qu’Herbert Armstrong ne serait plus un élément durable dans les affaires de l’église (je devrais dire la majorité des rapports). Le Dr Parrish, du campus de Big Sandy, me dit que, selon sa compréhension de ce qui était arrivé, c’est-à-dire, une défaillance cardiaque congestive, il devrait y avoir rétablissement complet avec encore quelques bonnes années à venir. (Le Dr Parrish s’y connaissait mieux que certains amateurs.)

Les Pocono : 1977

Lorsque Ted arriva aux Pocono en G-II avec le capitaine Black, ce dernier avait complètement changé de personnalité. Il était habillé de façon juvénile, portant des vêtements sports et un collier, apparemment pour montrer qu’il était « in ». Et, bien entendu, Stan n’était pas de la tournée. Non plus que les frères Dean (les stewards du G-II au service de Stan et d’HWA).

Ted dit que son père était très faible quand il passa le voir à Tucson. Il rapporta que son père l’avait supplié d’une voix faible de « ne pas lui enlever l’église pendant qu’il était malade. Il ne devait pas commander de réunion ministérielle à aucun des sites ou élaborer le travail de préparation servant à le sortir. »

Ted dit avoir promis et il ne fit donc rien de ce qu’il aurait pu facilement exécuter. Il est sûr qu’il n’en fit rien aux Pocono. Il arriva environ vingt minutes avant l’assemblée, et je l’amenai, lui et Shirley, dans mon bureau du bâtiment d’administration festivalière où attendaient des rafraîchissements. Pendant qu’il était là, de nombreux ministres vinrent lui parler ou y être vus. Ils s’en firent un point d’honneur, comme ils l’avaient fait l’année précédente. C’était une bonne affaire, s’ils la jugeaient politique.

Pendant que nous roulions en voiture, Ted discuta des enregistrements de Lochner et combien son père était prêt à payer pour les faire supprimer. Il pensait que son père n’avait qu’à les laisser rendre publics et en assumer les conséquences, car tout allait finir par sortir, de toute manière. Il y avait de toute évidence de grandes différences entre son père et lui. Et cela avait fortement rapport avec Stan Rader et ses conseils à l’endroit d’HWA. (Le sentiment était très fort.)

Mais alors, le ressentiment exprimé par son père à l’endroit de Ted, l’an passé, était aussi très fort ― voire profond. Il y avait des désaccords apparemment irréconciliables. Par conséquent, ce fut donc un choc lorsque Herbert Armstrong apparut, très faible, au mois de janvier suivant, à Pasadena, lors de la conférence annuelle. Il rassembla toute son énergie et monta sur la scène embrasser Ted à sa manière coutumière et il annonça son soutien officiel et son amour pour son fils. Il y eut ovation debout, comme d’habitude. Tout ça était devenu si banal que, pour les gens bien informés, cela n’avait plus aucune signification.

Lorsqu’en 1976, au Holiday Inn près du site de Fête des Pocono, Herbert Armstrong eut tant de choses méchantes à dire contre son fils Ted que je crus réellement qu’il ne voulait que faire sortir le trop plein de vapeur. Il avait déjà parlé ainsi auparavant. Il courait un dicton disant que quiconque se trouvait coincé entre les Armstrong serait broyé. C’était une position dangereuse dans l’église.

En mars 1978, environ une douzaine de pasteurs de l’église s’assirent dans l’âtre du département athlétique de Big Sandy, au Texas. Le collège était fermé depuis un an, à peu près, mais les équipements étaient utilisés pour un tournoi de l’église. Un des pasteurs de l’église déclara d’une voix forte, pour que tout le monde l’entende : « Je ne permettrai jamais à quoi que ce soit de se mettre en travers de moi et Herbert W. et Garner Ted Armstrong ! » Je ne peux pas dire si cette déclaration était destinée à la protection politique de cet homme, ou si c’était réellement ce qu’il pensait. À tout événement, pendant bon nombre d’années dans l’histoire de l’église, c’était la manière de rester en santé.

Maintes et maintes fois, encore et toujours, Herbert Armstrong déclara publiquement que lui-même et Ted se situaient à un palier qu’aucun homme n’avait jamais atteint. Dans une lettre co-ouvrière du 30 juillet 1973, après les grands troubles des deux années précédentes, Herbert Armstrong écrivit :

« Or, voici également une ANNONCE sur la façon dont Dieu nous accorde un SENTIMENT DE SÉCURITÉ face à l’avenir de l’œuvre !

« Il y a environ deux semaines, je me trouvais au Mexique pour consacrer nos nouveaux bureaux de Mexico, tout en conseillant nos gens là-bas.

« Je lisais, dans 1 Chroniques 28, ce que le roi David disait à son fils Salomon lorsqu’il lui légua le trône du gouvernement d’Israël. Je vis un parallèle entre eux d’un côté et Garner Ted et moi de l’autre côté.

« Après avoir prié, je fus inspiré d’écrire à Ted à ce sujet. Bien que les circonstances précises soient différentes, je lui écrivis ma paraphrase des paroles du roi David à son fils. Je voudrais partager avec vous, dans ce qui suit, cette paraphrase et certaines portions de ma lettre très personnelle (comparez avec 1 Chron. 28:4-5, 8-10).

« L’Éternel Dieu d’Israël m’a choisi, devant tous les peuples de la terre, pour être Son serviteur qui fasse apparaître l’ère de Philadelphie de Son Église ; et pour prêcher et publier l’évangile du Christ vivant ― l’évangile du Royaume de Dieu ― par tout le monde en témoignage à toutes les nations, en tant que signe unique donné par Jésus-Christ (dans Matthieu 24) que la fin des temps et que le retour de Christ en PUISSANCE et en GLOIRE sont TRÈS PROCHES.

« Et de mes deux fils, Dieu a fait en sorte que toi, Garner Ted, tu naisses. Tu fus le seul de nos quatre enfants que ta mère et moi n’avions pas vraiment planifié. Tu n’eus pas le pouvoir de la parole avant l’âge de deux ans. Mais lorsque je t’oignis pour que tu sois guéri de la pneumonie, Dieu me mit dans l’esprit de demander aussi qu’il te soit donné miraculeusement la voix que Dieu allait plus tard utiliser pour proclamer Son évangile à des MILLIONS de personnes dans le monde entier.

« Par conséquent, en temps et lieu, Dieu t’a choisi, toi, Garner Ted, pour cette mission de très grande importance ; pour que ta voix, en plus de la mienne, puisse proclamer Son message extraordinaire avec une puissance amplifiée.

« Or donc, devant toute l’Église Universelle de Dieu et en audience devant Dieu, garde et recherche tous les commandements de l’Éternel, ton Dieu, afin d’entrer dans le Royaume de Dieu et d’hériter de la vie éternelle.

« Et toi, Garner Ted, mon fils, saches CONNAÎTRE le Dieu de ton père, et sers-le d’un cœur pur et d’un esprit bien disposé, car l’Éternel connaît les cœurs et comprend toutes les pensées. Garde toutes tes pensées et maintiens-les tournées vers les choses de Dieu.

« Si tu le recherches, Il Se laissera trouver, mais si tu l’oublies, Il te rejetteras pour toujours.

« Prends garde, maintenant, car l’Éternel t’a choisi. Et je t’ai donné plus de latitude et d’autorité que jamais, ayant toute confiance que tu continueras à te rapporter à Dieu et à t’en rapprocher dans la prière et que tu Le serviras fidèlement en exécutant les politiques qu’Il établit par moi pour Son Œuvre, Son Église et Son Collège. (Fin de la paraphrase.)

« Bien sûr, tu ne seras pas roi d’Israël comme le fut Salomon. Mais peut-être que ce pour quoi Dieu t’a choisi et t’a préparé à faire s’avérera encore plus important à Ses yeux. Dieu m’a déjà accordé onze ans de plus qu’au roi David. Et, bien que j’espère qu’Il me donne encore quelques années de surveillance active sur Son Église et Ses nombreuses opérations mondiales, s’Il écourtait ces années, Il t’a choisi pour me succéder, comme Il a choisi Salomon pour succéder à David. Non seulement le Christ vivant, CHEF de l’Église et de l’Œuvre de Dieu, me l’a-t-Il révélé, mais les fruits qu’Il a portés en toi dans son Œuvre le confirment adéquatement. Tu es maintenant deux ans plus âgé que je l’étais quand Dieu a débuté l’Œuvre par moi par les ondes et par The PLAIN TRUTH. Tu avais alors presque quatre ans. Et tu ne sais quel soulagement béni Dieu m’a accordé par cette assurance. Si Dieu permettait qu’arrive cette éventualité, tu aurais besoin de la guidance, de la direction, de l’intervention et de la puissance de Dieu comme jamais. L’Église entière, en tant que frères étroitement unis en Christ, devrait rechercher Dieu et s’en REMETTRE à Lui et au CHEF vivant de l’Église, Jésus-Christ, comme jamais, soutenant solidement l’élu de Dieu » [pp. 3-4].

Bien que cette déclaration officielle ait été la plus longue et la plus vibrante faite publiquement par Herbert Armstrong à ce propos, elle ne fut qu’une parmi tant d’autres. Régulièrement, lors des conférences ministérielles, il disait la même chose en des termes différents. Ted était son successeur, Ted était son officier exécutif, Ted était en charge. Il ajoutait habituellement que Ted était sous ses ordres. Et, toujours, il disait tout cela au nom de Dieu et de Christ. En la matière, le nom divin figurait toujours bien en évidence. Si quelqu’un remettait cela en question, c’est Dieu qu’il remettait en question. Et, évidemment, personne ne voulait agir ainsi.

Depuis que Garner Ted a été évincé par son père et Stan Rader, ces derniers ont fait publier des déclarations répétées à l’effet que l’œuvre est en déclin depuis dix ans. Ils ont diffusé des diagrammes et des graphiques avec l’intention de mettre tout le blâme sur Ted Armstrong et se laver eux-mêmes de toute responsabilité. Il est intéressant de constater que ces accusations remontent à si loin. Comment Herbert Armstrong explique-t-il la contradiction flagrante entre ce qu’il écrivit en 1973 (cité plus haut) et ce qu’il rédigea en 1978 ? La contradiction est trop évidente pour la prendre à la légère.

Voici ce qu’il écrivit dans une lettre co-ouvrière, le 25 septembre 1978 :

« Voilà vraiment DE BONNES NOUVELLES ! Pour la première fois depuis les huit à dix dernières années, L’ŒUVRE DE DIEU EST SOLIDEMENT UNIE DERRIÈRE JÉSUS-CHRIST, CHEF VIVANT DE L’ÉGLISE DE DIEU ― QUI N’EST PLUS DIVISÉE ― et qui, avec la BÉNÉDICTION DE CHRIST, va à nouveau rapidement DE L’AVANT ! »

Trois mois plus tard, Pasadena sombra dans le chaos ! Herbert Armstrong n’était bon ni dans les prophéties, ni dans ses évaluations de la situation à Pasadena. Ou alors, il savait et mentait.

En vérité, sa décision d’évincer son fils Ted fut prise dès le début de 1975, au moins. S’il n’avait pas été aussi obsédé par le sexe durant ces années-là, il l’aurait probablement fait plus tôt. Mais la pulsion sexuelle semble avoir été la plus forte des deux. En rétrospective, et d’après ce qu’il a écrit depuis, HWA avait toutes les intentions de tenter l’affaire, mais avec des réserves quant à son succès. En 1976, aux Pocono, quand il m’exprima qu’il croyait avoir besoin d’un contrat pour maintenir son train de vie, il m’expliqua également qu’il pensait que l’église finirait par être dirigée par un comité ! Il ne pouvait pas croire à cela en même temps qu’à tout ce qu’il avait écrit concernant sa relation avec Christ et que Celui-ci avait choisi Ted pour son successeur !

La timide réception qu’il reçut dans les sites, en 1975 (du moins, à Big Sandy), doit avoir mis le feu à son intense orgueil. Il arriva à Scranton, en Pennsylvanie, en 1976, sur le sentier de la guerre contre son fils. Apparemment, il avait déjà décidé de sa ligne de conduite.

Sherwin McMichael me demanda de préparer un bon rapport écrit indiquant le manque total de capacité d’HWA, à l’automne, et il me souligna que d’autres coordinateurs de fête étaient en train de faire la même chose. Pour la première fois, Herbert Armstrong avait parlé contre son fils d’un site à l’autre. Ted ne cachait nullement qu’il s’opposait au choix d’épouse de son père et à l’encouragement de celui-ci à l’endroit de son compagnon de voyage, Floyd Lochner, âgé de 60 ans, de marier une adolescente. Tout d’abord, Herbert Armstrong, ayant alors 83 ans, parlait d’épouser une femme divorcée de 46 ans sa cadette, femme qui, en outre, n’était pas approuvée par tous. Dans les milieux ministériels, elle n’avait pas « bonne réputation ».

Répondant en privé à ces accusations, Herbert Armstrong reconnut que sa famille était d’humble origine. Ce fut bien la première fois que je l’entendis dire ce genre de chose. Sa future épouse était une Amérindienne de l’Oklahoma, et Herbert Armstrong avait aussi dénoncé le mariage interracial.

Il avait fait savoir que les femmes plus âgées ne valaient pas la peine d’être mariées et qu’il méritait une jeune femme. Ce fut une véritable lutte féroce.

Il est quasi certain qu’il espérait se servir de la Fête des Tabernacles de 1976 pour écarter Ted et établir son « autre fils », Stan Rader, comme successeur. Nous n’avions aucune raison de croire que Stan eut désapprouvé.

Lors de son mariage, au milieu de 1977, il capta toute l’attention médiatique de l’église et insista pour faire un battage publicitaire incroyable. L’attaque cardiaque qui suivit vint différer l’exécution de ses plans.

Après sa guérison partielle, il se rendit à la conférence ministérielle de 1978, bien déterminé à réaliser ses plans. Après une orageuse réunion du conseil d’administration, dont il rendit compte plus tard, il monta sur scène et étreignit pour la dernière fois son fils en public. Il avait encore une fois reculé.

L’assistant de Stan Rader, Henry Cornwall, avait déjà lancé l’offensive contre Ted, et Ron Dart émit son « Dossier médiatique », publication éphémère sans doute suscitée dans ce but bien spécifique. Ron Dart ne survécut que peu de temps à la conférence et fut bientôt remplacé par Wayne Cole.

Des mois avant ça, Herbert Armstrong avait profité de ce que Ted se trouvait en dehors pour expédier et reclasser immédiatement et sommairement Ron Dart et Les McCullough en dehors du pays. C’est drôle que Les était déjà hors du pays, en voyage de coordination. Ron déménagea à Washington avant d’être rappelé. Ted avait eu vent de l’affaire et avait appelé son père pour faire stopper le coup.

HWA a fait énormément de tentatives avortées pour s’emparer du pouvoir par la conspiration au lieu de faire face au problème de coordination, à la conférence ministérielle ou autre. Herbert Armstrong conspirait continuellement, car c’était dans sa nature. Il a probablement agi de la même façon avec l’Église de Dieu en Oregon. Ce qu’en ont rapporté des survivants de cette église va exactement dans ce sens. Il travaille de manière clandestine.

De nombreuses personnes proches d’HWA, y compris des membres de sa propre famille, disent que c’est un fervent étudiant de Mein Kampf. Il admire beaucoup les méthodes de contrôle de Hitler, spécialement sa façon de frapper aux petites heures du matin, lorsque la résistance des hommes était à son plus bas. D’où ses consignes d’appeler les ministres à ces heures-là et d’organiser des manifestations de protestation tard le soir.

On appela donc les ministres tard dans la soirée pour annoncer le congédiement de Ted. Beaucoup de pasteurs de l’église comprirent la signification de cette action. En novembre 1978, Stan Rader me dit qu’il avait évincé Ron Dart du poste de directeur de l’Administration à Pasadena. Il lui fallait « un homme de paille », et Ron Dart ne s’était pas prêté de bon cœur à cette opération ; il voulait donc avoir quelqu’un d’autre remplissant ce but précis. Il désirait démontrer son pouvoir au ministère. Il me dit aussi qu’ils avaient besoin de quelqu’un d’autre comme rédacteur en chef du Worldwide News afin de pouvoir publier tout ce qu’ils voulaient, car ils « prenaient le contrôle », d’où le congédiement de John Robinson à ce poste. Dexter Faulkner, le nouveau rédacteur en chef, était prêt à suivre tous les ordres.

Une fois Ted parti, son père allait rayer son nom d’un océan à l’autre et dans le monde entier. Il l’avait assommé, mais il voulait l’écraser entièrement ― l’anéantir. Dans le processus, HWA permit aux ministres de ventiler sans retenue leurs émotions contre son fils. Beaucoup le firent. De ceux qui avaient antérieurement tant et tant rendu hommage à Ted et agi avec obséquiosité à son égard se retournaient maintenant contre lui et l’attaquaient. D’autres s’abstinrent quand ils réalisèrent ce qui se passait vraiment, et c’est tout en leur honneur.

Herbert Armstrong a agi en hypocrite, en charlatan, en faux prophète, en menteur, en personne qui prouve qu’on ne peut absolument pas lui faire confiance.

Grâce à l’évincement de son fils, Herbert Armstrong entreprit un programme « d’autodéification ». Stan Rader rapporta l’admiration d’HWA envers les méthodes d’Anouar el-Sadate qui, en Égypte, affichait sa photo dans toutes les pages de tous les journaux de son pays et ce, tous les jours. Tous les journaux lui rendaient louanges. HWA pensa que c’était la bonne façon, pour lui, d’être traité par toutes les publications de l’église. On devait le surexposer dans toutes les publications. Et il fit en sorte que le ministère se fasse un point d’honneur d’utiliser son nom le plus souvent possible. En 1978, des rapports en provenance des sites de Fête où Sherwin McMichael prenait la parole montraient qu’il était le champion à cette course. Selon ces rapports, à Seattle, il employa le nom d’HWA 38 fois dans un sermon, alors qu’il n’utilisa le nom de Christ que 8 fois et le nom de Dieu 4 fois. HWA l’appela « son plus loyal ministre ! » Plutôt que d’en craindre les implications, il aimait ce qui se passait.

Ted était parti, mais on ne l’oubliait pas. Un an plus tard, en mai 1979, HWA fit paraître un court article dans un encart en première page du Worldwide News, expliquant pourquoi il poursuivait son fils en justice à propos de « 15 à 20 boîtes de carton ». De plus, on poursuivait Ted pour « 551 millions $ ! » La littérature de l’église abondait des abus portés contre le fruit de ses entrailles de manière telle qu’elle sous-entendait la haine la plus violente. Rien d’autre ne peut expliquer la presse de l’église des deux dernières années.

Cette haine et cette jalousie devaient se bâtir depuis des années pour s’être développées à un tel niveau. Et pendant tout ce temps, HWA mentait à l’église concernant sa bonne relation avec Ted. Ce fut un des plus gros canulars de tous les temps. Pas étonnant qu’HWA parle des membres de l’église comme « d’idiots de moutons ». Il n’a aucun respect pour ceux qu’il peut si facilement manipuler. Fait intéressant, peu avant de démembrer les coordinateurs, il les encensait en grand, comme il l’avait fait avec Ted. Quelle hypocrisie !

Or, on aurait pu croire que tout irait bien dans l’Église Universelle après le départ de Ted. Mais il y avait encore du « shangaïage » à faire. Tout n’allait pas si bien et, à cause de la conduite du leadership, il n’y aurait plus de paix. C’était une question de cause à effet. Et la cause était bien plus profonde que Ted Armstrong et « l’intellectualisme ».

En juin de 1978, j’écrivis la lettre qui suit à Ted Herlofson, du Service ministériel de Pasadena :

6 juin 1978

M. Ted Herlofson

Service ministériel

Pasadena, CA

Cher Ted,

Je suis sûr que vous vous demandez tous là-bas quelle est vraiment l’atmosphère de l’église en ce moment ― quelle est la réaction des gens face aux événements. Je ne crois pas que l’on puisse répondre précisément à cette question ; je suis certain que toute évaluation ne peut être qu’approximative. Je résumerais l’atmosphère régnant ici, à Tulsa, comme de la patience vigilante. Mais cela peut changer rapidement et déferler dans une direction ou l’autre.

La lettre d’HWA a provoqué beaucoup de consternation et de détresse chez tous les membres. On a soulevé des questions qui avaient longtemps été sous-entendues et en latence, questions auxquelles la plupart, sinon tous les membres, se sentaient incapables de faire face ou de manipuler, même en esprit. Ils sont abasourdis, se demandant pourquoi cette « affaire de famille » ne peut être réglée en privé, particulièrement entre deux hommes si remplis du Saint-Esprit ― si proches de Dieu. Ils trouvent embarrassant que pareille affaire soit débattue en public. Ça provoque beaucoup de tristesse et ça s’accumule. La dernière série d’événements s’ajoute à l’inventaire des blessures, ce qui a pour effet une baisse d’intérêt envers le bureau chef, le collège, etc. et une concentration sur les intérêts locaux. Cela s’apparente de façon remarquable à ce qui arrive dans l’ensemble des nations où la confiance à l’endroit des dirigeants diminue. Mais nos gens se demandent pourquoi cela leur arrive.

Presque toute l’église croit au gouvernement de haut en bas, du moins en principe, et certainement en ce qui concerne HWA. Pour eux, il représente la figure paternelle, car ils réagissent à ses enseignements depuis tant d’années. Bien que cette image ait subi des dommages lors de son mariage, ils furent débités à la colonne des « affaires humaines » et se sont estompés avec le temps. Il semble y avoir un sentiment de sécurité quand ils savent que M. Armstrong est là et porte intérêt, particulièrement quand cet intérêt va dans le sens des mêmes bonnes vieilles directions. Toutefois, il y a aussi un scepticisme très réel vis-à-vis de sa capacité actuelle à porter l’œuvre à bout de bras tout seul. C’est une des principales causes d’inquiétude.

Il y avait, et peut-être y a-t-il encore, beaucoup de fierté à voir Garner Ted au premier rang de l’église. Quand il était à la télévision, la plupart ressentaient un relent de fierté et parlaient à leurs parents et amis du lien qu’ils entretenaient avec cet effort. Même chez ceux qui avaient entendu les rumeurs sur son inconduite, il y avait espoir que croisse sa maturité à mesure que les cheveux lui grisonnaient et que s’approfondissaient les rides. Il y avait espoir que croissent sa maturité et sa stabilité. Et, bien entendu, les jeunes gens s’identifiaient à lui davantage. Or, jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons jamais eu de problème de polarisation. Il semble toutefois qu’il se forme une ligne de démarcation parmi les membres. À ce stade précoce chez les membres de l’église, on dirait qu’on a tendance à s’identifier comme libéraux ou conservateurs, et chacun fait de l’un ou de l’autre des Armstrong son champion. Même si les choses devaient se compliquer plus tard, on dirait que c’est la tendance, actuellement.

Plusieurs éléments font en sorte que les membres envoient leurs dîmes au bureau chef. D’abord, ils sont convaincus que c’est nécessaire au point de vue légal ― un commandement de Dieu. Ensuite, c’est devenu une habitude pour la majorité des membres, spécialement les plus anciens.

Mais aucune de ces raisons ne provient du cœur. Les gens de l’église regardent autour d’eux, dans le monde, et voient les conditions misérables allant en empirant, et ils croient sincèrement que l’évangile que nous avons prêché est la réponse aux problèmes du monde. Ils croient avec ferveur au retour du Christ et veulent que ce message soit prêché au monde. Ils ne pensent pas qu’il ait déjà été prêché à notre nation et ils croient que nous devrions le faire ici d’abord. On a de la réticence à croire que le travail peut être effectué par la radio qui, dans l’esprit de la plupart, est un mode de diffusion plus que dépassé. Ils voient des ministères télévisés d’hommes remportant un grand succès alors qu’ils ne possèdent pas une parcelle du message que nous diffusons, et les membres n’entendent rien de comparable à la radio. Si l’on ne génère pas une dynamique significative et bien réussie dans cette direction, les dîmes qui viennent du cœur vont devenir des gestes légalistes ou de vieilles habitudes.

La perte de Garner Ted, d’un Garner Ted enthousiaste et dur à l’ouvrage, s’avère des plus difficiles à supporter dans l’esprit de bon nombre des gens bien informés.

Quoi que la tendance soit de revenir au localisme, cela ne vient pas du fond du cœur. Les gens ont plutôt à cœur de s’élever dans une grande œuvre à la fin des temps, qui vienne indéniablement de Dieu et qui Le serve ainsi que l’homme, et dans laquelle ces gens aient chacun une part vitale à jouer. Ils ne veulent pas que les dirigeants perdent la foi !

C’est mon évaluation de l’affaire.

Sincèrement,

David Robinson

[Réponse de Ted Herlofson]

16 juin 1978

À : Dave Robinson

De : Ted Herlofson

Sujet : Examen des dernières tendances dans votre région

Salut Dave !

Je veux vous remercier pour avoir envoyé votre examen des dernières tendances dans la région de l’église à Tulsa, en Oklahoma. Nous avons utilisé cette information dans nos discussions avec les coordinateurs régionaux lors des réunions de coordination régionale ayant débuté le 13 juin.

À la lumière des événements récents, nous apprécions être tenus au courant par les pasteurs des sentiments des membres de l’Église.

Mes meilleurs souvenirs,

(signé)

Ted

[Lettre officielle de HWA à GTA, lors de son évincement, le 26 juin 1978.]

 (Entête de la Worldwide Church of God)

26 juin 1978

Garner Ted Armstrong

312, Waverly Drive

Pasadena, Californie  91105

Cher Ted,

Ai-je besoin de te dire que c’est le cœur lourd et avec le plus profond regret que je me sens forcé par toi de t’envoyer cette lettre.

Malgré ton désaccord continuel avec la façon que Jésus-Christ vivant a de construire et de conduire l’Œuvre de Dieu par le moyen de Son apôtre élu, j’ai toujours fait de mon mieux pour maintenir et protéger ton nom.

Mais tu ne me permets plus de te couvrir. Tu as 1) désobéi à ma directive en allant à Orr, au Minnesota, 2) contacté des membres qu’il t’était défendu de contacter, 3) contacté les autorités des Postes des Etats-Unis dans la tentative sans scrupule et contraire à l’éthique d’intercepter le courrier de la corporation et ainsi détourner illégalement des fonds corporatifs pour possession personnelle et privée, et 4) finalement, apporté au Los Angeles Times (et peut-être à d’autres médias) des accusations fausses et tordues contre ton père, l’apôtre de Dieu.

Tu as déshonoré ton père humain et le Christ vivant, chef de l’Église de Dieu.

Tu as causé des divisions et des offenses dans l’Église de Dieu et tu me forces maintenant, à contre coeur, et selon Romains 16:17, à TE MARQUER devant l’Église et à t’informer que tu es excommunié sur-le-champ de l’Église et démis de toute autorité et de l’emploi de l’Église Universelle de Dieu et de ses opérations affiliées.

Avec mes plus profonds regrets,

Au nom de Jésus,

(signature de Herbert W. Armstrong)

HWA : vak

cc :        C. Wayne Cole

              Stanley R. Rader

              Raymond L. Wright

              Raymond McNair




D.206 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 8

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

Chapitre 7

LE MARIAGE ET LA MALADIE D’HWA

 

L’Église entière avait considéré Loma Armstrong avec le plus grand respect et une grande affection. Elle s’était conduite avec dignité et avec amour envers les membres à tous les niveaux. Elle était pleine de gentillesse et possédait les manières d’une dame de la noblesse. Elle était également facilement approchable. Ses yeux reflétaient une chaleur réelle et un intérêt certain envers tous ses interlocuteurs. Elle se tenait droite, habillée à la fois modestement et avec bon goût. C’était une vraie grande dame.

Son honorabilité était évidente et on lui faisait confiance. Toute l’église fut profondément attristée par sa mort, en 1967. Elle signifiait tant pour tellement de gens. L’Église essuya alors une perte bien plus grande qu’elle ne le croyait. Son caractère fut de loin plus élevé que celui de son mari et l’église était à une décennie de le découvrir.

Du fait qu’Herbert Armstrong soit facilement et étonnamment influençable, et parce que l’influence de Loma s’exerçait dans le sens de la vie chrétienne, lorsque cette influence cessa, elle fut remplacée par une autre, différente. À de nombreuses occasions, son fils et de hauts dirigeants de l’église rapportèrent qu’Herbert Armstrong avait lui-même dit que cette influence provenait d’un esprit malin.

À Tucson, le 4 juillet 1979, il me confia que Stan Rader ne s’impliquait qu’au niveau de la comptabilité et des affaires juridiques, et rien d’autre ! Pourtant, en l’espace de trois mois, il ordonna Stan évangéliste, i.e., au second rang le plus élevé de l’Église Universelle de Dieu ! Et c’est un poste ecclésiastique, donc, rien à voir avec les domaines qu’il me mentionna à Tucson !

C’est de cette influence dont il se plaignit à Wayne Cole quand celui-ci était encore directeur du ministère de l’église. On a largement distribué les enregistrements de ces conversations téléphoniques. Des extraits en furent même joués à l’émission de la CBS, 60 Minutes.

Beaucoup de gens croient que l’influence de Stan a commencé à s’exercer quand celle de Loma cessa à son décès. Il y a bien des raisons de le croire.

Herbert Armstrong est « tombé en amour » un certain nombre de fois dans la dernière décennie. Il dit avoir été en « amour » avec Amy lorsqu’elle avait 25 ans. Il le déclara à un groupe à Big Sandy, en 1974. Une fois la passade terminée, il dit avoir cru qu’il s’agissait d’un engouement passager.

Mais avant cela, il y avait eu la jeune Philippine qu’il avait ramenée de son pays, selon des rapports courants. Toutefois, il ne l’amena jamais avec lui à l’église ! Il la gardait apparemment sous voile.

Beaucoup de gens pensent que Ramona Martin, celle qu’il épousa, travaillait pour Stan. On entend encore des récits là-dessus. En tout cas, ce mariage prit du temps à se concrétiser. Bien des histoires circulent quant à cette relation et ce qui arrivait en voyage. Comme Herbert Armstrong aime tant à le dire lui-même : « Il n’y a pas de fumée sans feu. » Partant de ce principe, il devait certainement y avoir un feu énorme ! Ces histoires-là flottent encore dans l’air et s’accompagnent de détails crus et choquants. Le mariage en suspens d’Herbert Armstrong a énormément flétri sa réputation. Quand on mixa la différence d’âge aux rumeurs, sa véritable réputation ne put survivre parmi ceux qui savaient. Si plusieurs le soutenaient encore en théorie, ce soutien n’était fondé, dans l’ensemble, que sur des considérations d’ordre salarial. Le solide respect d’antan s’était évaporé. Comme Humpty Dumpty, on ne pouvait plus recoller les morceaux ensemble.

L’on corrompit la littérature de l’église afin de rapporter le mariage dans les termes les plus élogieux. Les noces de mai à décembre furent dépeintes comme une romance de livre de conte, alors qu’en réalité, il s’agissait d’une parodie. Même si Ted se laissa fléchir à la dernière minute et officia au mariage, ce dernier eu tout de même des accents grotesques. Ted fit le récit de son père lui relatant, le jour suivant, avec d’incroyables détails, ses relations sexuelles orales avec sa nouvelle épouse. Ted dit à ses interlocuteurs qu’il se sentait tellement mal à l’aise, horrifié, dégoûté, qu’il aurait voulu se cacher.

Herbert Armstrong enseignait depuis de nombreuses années que la relation sexuelle orale est tout à fait mauvaise. Mais, lors de ses voyages dans le monde, il a changé d’idées  sur tant de choses qu’il est maintenant prêt à diluer la doctrine. Que le sexe oral soit un mal devant Dieu était évidemment une doctrine de l’église. Le vif intérêt d’HWA pour les informations sexuelles de Masters and Johnson a semblé véritable, mais il y a de sérieux doutes à avoir quant à ce que ses noces aient été sa toute première occasion de pratiquer les techniques de ses maîtres !

Cependant, ce qui était à craindre arriva. Une attaque cardiaque massive le frappa. Cela ne surprit presque personne. Les jeunes épouses et les vieillards de 85 ans sont rarement compatibles. C’était inévitable.

Ted signala la grave maladie de son père à l’époque de la Fête de 1977. Il lui rendit visite avant d’entreprendre la tournée festivalière. Il dit que son père lui avait bredouillé à voix basse de « ne pas lui enlever l’église » cette année-là. Ted ne devait pas tenir de réunion ministérielle afin de ne pas le miner.

Il est absolument évident que, si Ted en avait eu l’intention, c’était l’occasion rêvée. Il ne le fit pas. Il aurait été facile de commander une réunion des directeurs et de faire passer la motion juridique nécessaire. Alors, c’en aurait été fait. Mais il ne le fit pas, en réponse à la requête de son père sur son lit de malade.

Lorsque Herbert Armstrong passa à l’étape suivante, contre son propre fils et en faveur de son « autre fils, Stan », tout son être était prêt à en finir avec Ted. Cette action me fait penser à la conduite de Constantin ayant tué son fils Crispus peu avant de mourir lui-même. Beaucoup de vieux dirigeants détenant un grand pouvoir firent quelque chose de semblable avant d’aller dans la tombe. Parmi eux, il y eut Hérode le Grand, de triste mémoire biblique.

Comme l’a écrit lord Acton : « Le pouvoir corrompt, et le pouvoir absolu corrompt absolument. »




D.205 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 7

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

Chapitre 6

LE SEXE ET L’UNIQUE APÔTRE

 

En mai 1974, durant un congrès ministériel de grande envergure tenu après les problèmes arrivés plus tôt cette année-là, Bill McDowell changea mon affectation à la Fête des Vallons pour celle de Big Sandy. Il y avait eu des troubles assez sérieux dans le camp de Big Sandy, l’année précédente, et il pensait qu’on devait y apporter des changements. On avait reçu beaucoup de plaintes provenant des églises locales et on décida qu’il fallait faire quelque chose.

Ron Dart, qui était alors à la tête du Collège de Big Sandy, annonça qu’il préférait y voir un contrôle trop serré que pas assez.

Big Sandy était le site de Fête le plus difficile à administrer et ce, pour bon nombre de raisons. Tout d’abord, des milliers de personnes campaient dans la pinède, et il y avait un problème de drogues dans la société en général. Le terrain de camping ne fut pas exempt de ce terrible fléau national. Aussi, à l’époque, la moralité américaine dérapait rapidement et l’église en fut affectée comme tout le reste du pays. Administrer le terrain de camping grâce à un contrôle véritable exigea une résolution et une coopération de tout le système de commandement. Et l’on devait soutenir les hommes qui administraient les règles dans le camp.

À peu près personne ne voulait du travail de coordonnateur du site de Big Sandy.

Il y avait aussi le fait que le collège s’y situait et plusieurs membres du personnel se considéraient comme des individus privilégiés et ils n’appréciaient pas les indispensables contrôles pendant la Fête. Quiconque acceptait le travail mettait sa tête sur le billot à coup sûr. C’était difficile, sans véritable récompense pour une besogne bien faite.

Pour faire le travail à Big Sandy, il fallait l’aide d’hommes clés : le capitaine du camp, le gérant de l’auditorium et le chef de la sécurité. Ils détenaient des positions cruciales. Mais je n’ai pas l’intention d’entrer dans les subtilités de l’opération de cette année-là.

Bill McDowell fut présent pour la première partie, y compris le temps où Herbert Armstrong fut là. Le G-II arriva le soir à l’aéroport du Comté de Gregg. Je me portai à sa rencontre, ayant préalablement préparé des automobiles pour l’équipage et Stan Rader, ainsi qu’une Cadillac pour Herbert Armstrong. Sur le chemin du retour de l’aéroport, je m’enquis de savoir s’il avait faim ; il répondit par la négative, disant qu’ils avaient assez eu de nourriture dans l’avion. « Lawrence de Londres » était avec lui, cette année-là. Lawrence était son chauffeur en Angleterre ― en fait, son chauffeur de Rolls Royce.

Rendu chez lui, il voulut boire du vin et du champagne. Bill McDowell, Roy Dove et Harold Rhodes étaient déjà là. HWA aimait toujours ouvrir le champagne lui-même et « nous montrer comment il fallait faire ». Nous bûmes sur le champ quelques crèmes de sherry Harvey’s Bristol. Puis, après quelques temps, la faim lui prit. Heureusement, Carlton Green était encore au Département des Services de Cuisine et il fit préparer en un rien de temps une platée de viandes froides.

Herbert Armstrong était tendu et très loquace. Il s’étendit beaucoup sur le cas de Raymond Cole, décrivant tous ses travers en remontant des années auparavant. Ensuite, il aborda son sujet favori : le sexe ! Il se plaignit de ce que les nuits étaient longues sans une femme, disant qu’il en avait grandement besoin. Il confia qu’il avait pensé au mariage, mais pas avec n’importe qui. Il expliqua que Frank Brown avait comparé son cas à celui du roi Édouard VIII d’Angleterre. Frank avait dit : « Vous devez être prudent, M. Armstrong, et épouser une femme qui puisse tenir jusqu’à la fin. Vous devez réaliser qu’elle sera la première dame de l’église, » poursuit-il. « Ne faites pas comme Édouard qui maria quelqu’un qui ne pouvait remplir sa tâche. » Il nous raconta cela après pas mal de vin, mais pas autant qu’il en buvait parfois. Il continua à parler des femmes qui pouvaient faire fonction de première dame de l’église ― des femmes qui pouvaient s’attirer le respect de l’église.

« Or, Annie Mann (personne âgée membre de l’église de Pasadena) pourrait rencontrer ces critères, les gars, mais qui voudrait aller au lit avec Annie Mann ? Il me faut une femme plus jeune. Quand j’ai épousé Loma, elle avait 25 ans et, pour moi, elle a eu 25 ans toute sa vie. »

Et encore : « Je ne puis pas m’imaginer aller au lit avec une vieille femme. Je ne peux tout simplement pas me voir au lit près d’un corps tout plissé. »

Il nous parla ensuite de sa romance avec Amy, employée de l’église qui, nous a-t-il dit, je pense, n’avait que 25 ans à l’époque. Il affirma avoir vraiment été en amour avec elle, mais que ce n’était peut-être qu’obsessionnel. Il nous relata quelques incidents sur sa relation avec Amy, mais ne nous mentionna jamais une jeune Philippine qu’il avait amenée plus tôt aux Etats-Unis, d’après ce qu’on rapporte.

Puis, il nous fixa du regard et nous demanda si l’église accepterait qu’il ait une épouse dans la cinquantaine.

Nous répondîmes tous que oui.

« Que dites-vous de quarante-cinq ? » Nous fîmes un signe de tête affirmatif.

« Bon, eh bien, je vais marchander avec vous, comme Abraham marchanda avec Dieu à propos de Sodome. Que dites-vous de quarante ? »

Nous signifiâmes encore notre approbation, mais par une réaction cette fois plus lente.

« Trente-cinq ? » Lentement, mais trop effrayés pour désapprouver.

« Vingt-cinq ? » Je lui dis : « Je ne pense pas. »

Après avoir parlé de sexe un certain temps, il changea de sujet et, comme il commençait à se faire tard, nous quittâmes.

Si nous avions alors su ce que nous apprîmes plus tard, cette soirée aurait été passablement différente. Il jouait avec nous, même s’il savait déjà ce qu’il avait l’intention de faire. Nous le considérions toujours comme un leader fort de l’église et lui, il avait les femmes en tête, presque à l’exclusion de tout autre sujet. Cette maladie allait encore empirer.

Plus tôt dans l’année, lors de la grande conférence de mai, il avait annoncé un changement dans la doctrine du divorce et du remariage, il avait aussi déclaré son soutien total à son fils Garner Ted, et il était parti en G-II pour l’Orient. Il quitta la conférence après seulement une journée. Difficile pour les ministres d’imaginer quelque chose de plus important que cette conférence pour les quelques jours suivants, surtout après les traumatismes du premier trimestre de 1974. Pourquoi voulut-il les quitter dès le lendemain de l’ouverture ? Qu’est-ce qui pressait donc tant en Orient ? Personne ne pouvait le savoir. Cela sembla bien étrange.

Or, quelques mois plus tard, nous écoutions cette conversation où il signifiait son désir de marier une jeune femme. Ce n’était pas des propos reflétant l’homme sur les épaules de qui reposait l’avenir du monde. Elles résonnaient plutôt comme émanant d’un vieil homme frustré, et Bill McDowell le savait.

Ce soir-là, Herbert Armstrong donna d’autres noms de femmes trop vieilles. Et Bill les connaissait toutes. L’une d’elles était une relation familiale.

Il apparaissait clairement qu’Herbert Armstrong retombait en enfance ― en tout cas, dans ces domaines-là. (Nous ne pouvions qu’espérer que les Orientaux comprendraient. Mais Dieu… ?)

Le jour suivant, alors qu’Herbert Armstrong donnait son sempiternel sermon, Bill se sentait agité. Il vint me voir à mon siège et me demanda si je voulais bien sortir avec lui. Pendant que nous marchions autour du camp, il exprima sa frustration. Il ne pouvait comprendre que l’on puisse afficher autant d’hypocrisie et de manière si évidente. Dès lors, il apparu de plus en plus lassé. Il n’avait plus aucune confiance en Herbert Armstrong.

Une des tournures intéressantes de l’histoire, c’est cette pression qu’HWA avait pris l’habitude d’exercer sur les jeunes hommes gradués du collège pour qu’ils épousent certaines filles graduées plus âgées qu’eux. Il y en avait encore quelques-unes dans les environs de Pasadena et HWA voulait savoir s’il y avait des gradués « assez hommes pour marier ces filles plus âgées ». Il employa tout son pouvoir d’intimidation fort considérable. Et bon nombre de ces hommes cédèrent et accomplirent leur devoir comme l’avait expliqué « l’apôtre ».

Big Sandy : 1975

De bien des façons, 1975 m’apparut une répétition de l’année précédente. Herbert Armstrong sembla plus seul, plus abandonné que jamais. Cette année-là, sa route et celle de Ted se croisèrent à Big Sandy, l’un descendant de son G-II, l’autre de son Falcon. Herbert Armstrong arriva avec son groupe à l’aéroport du Comté de Gregg tôt dans l’après-midi, et Ted devait arriver plus tard sur la piste d’atterrissage du campus. Ted et Dan Spencer avaient posé le Falcon à quelques reprises sur la piste. Lorsqu’ils arrivèrent, le réservoir d’essence était presque vide. Il n’y avait pas de problème à ce qu’ils se posent sur la piste courte, en autant qu’ils repartent sans trop d’essence à bord. Ils firent un saut à l’aéroport du Comté de Gregg pour faire le plein.

Herbert Armstrong avait envoyé deux ou trois fois une note pour dire qu’il voulait avoir une conversation avec Ted à Big Sandy. Ils déjeunèrent ensemble le lendemain matin. HWA sembla très délaissé durant son séjour. La plupart des ministres ― pratiquement tous ― apparurent bien plus intéressés à se faire voir de Ted que de son père. Le matin suivant, lorsque Ted prit la parole (son père ayant parlé l’après-midi précédente), aucun des ministres ne passa voir Herbert Armstrong.

Je ne peux que me questionner à cet effet. Il appert que l’intérêt personnel est très puissant dans le cœur de l’homme. Je ne peux m’empêcher de croire que c’étaitt bien le cas à l’époque. J’ai confronté l’un des actuels loyalistes en regard de cet incident spécifique et il a admis sans contrainte que c’était son cas, cette année-là.

Je passai par la maison d’HWA après avoir vu à ce que tout marche rondement lors de l’arrivée de Ted au centre de congrès. Le vieil homme semblait si seul que je lui offris de le conduire moi-même à son avion. Il accepta avec enthousiasme.

Il avait l’air déprimé et, en chemin, je lui dis que très peu d’hommes dans toute l’histoire avaient été capables d’accomplir ce qu’il avait fait. Il admit que c’était vrai, mais il ajouta que le roi David avait aussi vécu une vie remplie.

« Oui, mais, M. Armstrong, David n’avait pas de G-II. »

« C’est vrai, il n’en avait pas, n’est-ce pas ? » Cette pensée sembla lui plaire beaucoup.

Au moins, il ne fut pas question de sexe lors de nos conversations, cette année-là. Ce soulagement était bienvenu. Il devait cependant y remédier l’année suivante.

De bien des manières, 1975 fut comme un creux de vague pour lui. Quoiqu’il ait manqué la tournée de 1977, il sembla manquer d’assurance en 1975.

Pocono : 1976

J’avais agi en tant que coordinateur au service de l’Église Universelle de Dieu à Big Sandy, au Texas, dans les années 1974 et 1975, et il était planifié que je le fasse encore en 1976. Sherwin McMichael, directeur général des Fêtes, avait attribué les nominations plus tôt dans l’année et il avait choisi Dick Ames pour coordonner le site aux Monts Pocono.

Cependant, Dick avait reçu une invitation à se rendre dans la région des Caraïbes pour y prêcher et il opta pour y aller plutôt que de coordonner le site de Fêtes des Pocono. À ce moment-là (fin de l’été), il n’y avait pas encore organisé les opérations, donc, il en résulta une mini crise. Sherwin me dit qu’il avait l’intention d’amener Harold Rhodes (pasteur de l’église de Austin, au Texas) coordonner le site de Big Sandy et il voulait que je monte aux Pocono. J’avais planifié, pour ce même après-midi, une rencontre des chefs de départements pour préparer Big Sandy. Harold vint au meeting juste après avoir su qu’il aurait la fonction de coordinateur. Délai plutôt court !

La semaine suivante, je montai en Pennsylvanie pour y tenir une réunion des chefs de départements et pour finaliser la nomination des hommes devant remplir des responsabilités exécutoires. Je n’avais jamais assisté à une Fête à cet endroit, mais je m’y étais déjà rendu à un autre titre et j’étais donc familier avec la région.

Cette année-là, je m’envolai un dimanche, le 3 octobre, la veille des Expiations. Ma femme Margaret voulait s’y rendre un peu plus tard, mais je croyais devoir être sur place dès ce moment-là, surtout parce que j’y agissais en tant que coordinateur pour la première fois. Je pris le vol de Dallas jusqu’à Newark où il y eut un changement d’avion et, de là par, Allegheny Airlines, vers Wilkes Barre-Scranton. Je fis ce vol en turbopropulseur King Air, tout siège occupé et plus de bagages que je le croyais possible. Je me rappelle m’être demandé si ce gros machin allait voler avec autant de poids. Le Collège de Big Sandy possédait un King Air 100 depuis quelques années, mais je n’y ai jamais vu embarquer autant de poids.

Une des responsabilités d’un coordonnateur est de préparer des limousines Cadillac, en autant que ce soit possible, pour HWA et les Rader. Dans ce cas-ci, Randy Dick (un ministre de la région) avait loué deux sedan à Philadelphie, mais pas de limousine. C’est le mieux que nous ayons pu faire, mais nous nous arrangeâmes pour qu’elles nous soient livrées le vendredi par des gens en provenance de Philadelphie. Nous les nettoyâmes entièrement, faisant partir le mieux possible l’odeur de tabac, et ce, pour midi le jour même.

Les Monts Pocono sont situés sur un sommet, une crête passablement plus élevée que Scranton, et c’est pour ça que la piste d’atterrissage, bâtie en bordure de l’autoroute côtoyant le site de la Fête, est fréquemment fermée à cause des nuages en basse altitude, alors que les conditions sont bien meilleures à Scranton. Il y a aussi un ILS à Scranton, ce qui rend les atterrissages possibles dans la plupart des conditions météorologiques.

Nous reçûmes un mot nous disant qu’HWA et Stan Rader étaient à New York pour visiter les bureaux du Quest [magazine séculier controversé de l’Église Universelle] et qu’ils s’envoleraient dans l’après-midi. Le vol du G-II à partir de New York est très court et ne permet pas beaucoup de temps pour changer des plans. Nous espérions encore que la température permettrait l’atterrissage sur la piste d’à-côté, mais les nuages étaient très bas à midi et les prévisions n’offraient pas vraiment d’espoir d’amélioration.

Le capitaine Ed Black du G-II appela vers 13h00 pour dire qu’il planifiait d’aller directement à Scranton. Nous conduisîmes les Cadillac et nous nous arrangeâmes pour que l’équipe de conducteurs rencontre le G-II. La température était mauvaise, mais pas suffisamment pour empêcher les avions de voler grâce à leurs instruments. Il tombait une pluie légère, pas assez pour nuire.

La porte du G-II est située juste à l’arrière du cockpit, sur le côté gauche et, à la pression d’un bouton, elle s’ouvre et se déploie vers le bas en douceur. Il y a quelques marches, dix exactement, car l’avion est assez haut au-dessus du sol.

Aussitôt que les marches furent en place, HWA descendit, suivi de son entourage. Mel Ollinger, son chauffeur et serviteur général, accepta les clés de la plus belle des Cadillac et il s’occupa immédiatement des bagages. Le Dr Floyd Lochner, qui accompagnait le groupe Armstrong depuis des années pour superviser le conditionnement physique de M. Armstrong et lui faire office de masseur, faisait partie de ce voyage festivalier ― pour la dernière fois, en fin de compte.

Nous vîmes à ce que le capitaine Black et l’équipage aient leurs clés et les instructions sur la direction à suivre pour rejoindre leur hôtel, et nous leur laissâmes l’autre Cadillac. Mel conduisit, HWA s’assit en avant et le Dr Lochner et moi-même nous installâmes sur le siège arrière. Mel dit qu’il ne se rappelait pas comment se rendre aux Pocono et demanda sa direction. Je le guidai en chemin. Je fis attention de ne pas m’absorber dans la conversation au point de manquer un tournant. Le trajet dura de 30 à 40 minutes et un peu plus en se rendant au Holiday Inn de Bartonville où nous habitions tous. Il devait y avoir un souper pour les ministres ce soir-là, avant l’assemblée (soirée d’ouverture qu’Herbert Armstrong commença aux Pocono cette année-là). Nous nous demandions si nous avions le temps de nous rendre à l’hôtel pour qu’HWA se rafraîchisse et que nous allions ensuite au souper. Nous décidâmes de réexaminer les possibilités une fois que nous serions à proximité. En fin de compte, nous n’eûmes pas assez de temps pour aller d’abord au motel.

Presque aussitôt que nous ayons été assis dans l’auto, et que nous ayons quitté la passerelle et traversé la barrière, HWA se mit à nous parler de la nécessité d’un « renouveau » dans l’église. Je me souviens avoir été quelque peu surpris par son choix de mot, parce que je l’avais entendu parler contre ce mot, des années auparavant, disant qu’il était techniquement impossible dans son sens religieux. Mais, quand même, je fus d’accord sans réserve quant au besoin d’un renouveau dans l’église. Mel, spécialement, exprima sa convergence.

HWA déclara avec force cette nécessité d’un renouveau et que cela devait, ou plutôt que cela ne pouvait que commencer avec lui. Encore là, j’agréai de tout cœur. Je tentai de poursuivre la conversation sur ce sujet, mais sans succès. HWA se mit à parler de sexe.

Il voulut savoir si des rumeurs couraient à propos de ses plans de mariage ou de son engagement amoureux. Je lui dis qu’on en avait parlé. Il en avait déjà parlé quelques fois par écrit dans les publications de l’église.

Il mentionna que Ted était incapable d’exercer le pouvoir qu’il lui avait accordé. Les païens disaient qu’il voulait toujours plus de pouvoir, mais que Stan venait tout juste de lui dire que Ted était inepte à manœuvrer ce qu’il possédait déjà. Je me souviens que cela m’étonna un peu, car j’avais entendu dire plus d’une fois qu’HWA avait abandonné tout pouvoir exécutif dans les mains de Ted, ce que j’avais également lu dans la littérature de l’église.

Il y a toujours quelque chose de décourageant à entendre un dirigeant rabaisser son officier exécutif, ou vice versa, surtout quand vous devez avoir affaire aux deux au sein d’une organisation. C’est loin d’être la meilleure des pratiques et tous les livres traitant de gestion s’élèvent contre ça. Mais ici, il s’agissait d’une affaire de famille, d’après ce que je pouvais en juger, et d’un genre méprisable.

À Big Sandy, en 1974, HWA avait parlé pendant des heures de sa vie romantique à un groupe d’entre nous assemblé dans sa demeure sur le campus, lors de sa venue en tournée de la Fête. Ce soir-là, je me rappelle que nous étions cinq à l’écouter raconter son intérêt romantique pour une secrétaire de vingt-cinq ans et comment il ne pouvait digérer l’idée de se mettre au lit avec une vieille femme.

Au cours de ma vie, la plupart des vieillards ― enfin, ceux que j’ai connus ― se réprimaient de parler ou de se conduire de cette façon. Les vieillards ne sont pas intéressés à ce qu’on dise d’eux : « Il n’y a pas pire imbécile qu’un vieillard imbécile ». C’est un vieil adage folklorique et cette sagesse traditionnelle a bien perçu l’affaire. Les femmes âgées considèrent cela comme une répudiation de leur propre contribution et de leur valeur, avec raison. Elles se questionnent à propos de la devise du Collège Ambassadeur : « retrouver les vraies valeurs ».

Nous fîmes route directement vers le Crescent Lodge où devait se tenir le souper des ministres, et la majorité y était déjà avec leurs épouses. Le souper commença donc immédiatement.

M. Armstrong me demanda de le présenter, ce qui me sembla inhabituel. J’avais toujours vu M. Armstrong s’avancer simplement et prendre charge, car il n’avait certainement pas besoin de présentation face à ses ministres de l’Église de Dieu. Toutefois, semblait-il, il voulait recevoir des applaudissements, peut-être comme préparation à ce qui s’en venait.

Il nous dit qu’il n’y avait qu’un seul Apôtre dans l’église. (Je crois que ce fut la première fois que je l’entendis faire cette déclaration ― déclaration que nous allions souvent entendre par la suite.) Puis, il parla de la nécessité d’un renouveau dans l’église, en employant encore ce mot. Un bon nombre de ministres remarquèrent  plus tard qu’HWA cherchait à corriger son fils, quoi que je pense que bien peu réalisaient l’étendue de son intention. Je ne le savais assurément pas moi-même. Comment l’aurions-nous pu, après avoir été témoins de luttes semblables auparavant ?

Il arriva ensuite aux rumeurs et aux rapports concernant sa vie romantique. Avions-nous entendu quelque chose ? Il n’y eut pas de réponse ― silence complet. Ce ne fut pas ce qu’il désirait, donc, il poussa plus fort, faisant une pause assez longue pour que cela devienne embarrassant. C’est à ce moment-là que la voix caractéristique de Reg Platt s’éleva du centre arrière de la salle. Il admit avoir entendu certaines rumeurs au sujet de la vie romantique d’HWA.

HWA, qui a très bonne oreille, reconnut tout de suite Reg et utilisa son nom, le remerciant d’avoir parlé. Dès cet instant, il se mit à parler longuement de son désir ― de son besoin, même ― de se marier. Le monologue était parti pour s’éterniser interminablement. Bien qu’il ne bafouillât pas, comme on le rapporta dans d’autres sites, selon Sherwin McMichael, il fut cependant des plus redondants.

Le temps commença à devenir un facteur préoccupant. Quoi que nous ne fussions pas si éloignés du centre de congrès, il fallait quinze minutes pour transporter HWA jusqu’au hall. L’assemblée aurait dû débuter 15 ou 20 minutes auparavant, et il parlait encore. Je me tournai vers Harry Salyer, assis en face de moi, et lui demandai s’il pouvait se rendre là-bas pour faire chanter deux ou trois hymnes (il était en charge de la musique, cette année-là), et annoncer que M. Armstrong serait bientôt là, car il avait une réunion importante avec ses ministres. Il le fit et c’était une bonne chose, car une certaine agitation s’était développée dans la congrégation, d’après les derniers rapports.

Après un certain temps encore, je me tournai vers Stan Rader qui était assis juste à la droite d’HWA, et je lui signifiai de regarder sa montre, ce qu’il fit. Il me signala qu’il allait s’occuper de ça. Peu après, il demanda l’heure à HWA. Je crois sincèrement qu’HWA n’était pas conscient de l’heure. Il stoppa tout de suite et nous nous ruâmes vers le hall.

Il prit la parole, puis présenta Stan Rader qui donna son allocution habituelle, et ensuite HWA reprit la parole pour le reste du temps.

Pendant que nous quittions en voiture pour le Holiday Inn de Bartonsville, à vingt-cinq minutes de route vers le sud, HWA parla du débit « professoral » de Stan. Il dit que Stan pensait être bon orateur, mais ne l’était pas ― en tout cas, certainement pas pour prêcher. Cependant, comme il l’expliqua, Stan lui était très utile.

Je dois vous expliquer, ici, comment nous avons toujours fait les arrangements de location de motel pour HWA. Nous avions deux chambres attenantes, avec une porte commune au centre, et une des chambres servait de salon. Souvent, nous devions y faire introduire un divan, des chaises et une table à café venant d’ailleurs. Parfois, le motel le faisait, et les autres fois, nous devions le faire nous-mêmes, tout dépendant de la main-d’œuvre disponible. Nous aménagions la suite des Rader de la même manière, si c’était possible.

Nous déposions les plus belles et les plus fraîches des fleurs dans la chambre ainsi que beaucoup de petites friandises. Il arrivait souvent que nous louions des coupes de cristal et de l’argenterie afin de rendre le séjour le plus agréable possible.

Il y a une chose que nous prenions toujours grand soin de faire. Nous y placions du champagne Dom Pérignon (très prestigieux et très coûteux champagne) et de la crème de sherry Harvey’s Bristol. Ce sherry est un vin fortifié très riche, plus fort que le vin de table régulier.

Le Dr Lochner et Mel partirent bientôt et HWA me demanda si cela ne me dérangeait pas de rester pour bavarder, car il était tendu et ne pouvait dormir. Je lui répondis que j’en serais heureux.

Il prit un des verres à vin en cristal, le remplit de Harvey’s et le vida rapidement pour s’en verser encore. Il me dit en avoir besoin pour relaxer. Il me lança qu’il avait décidé de stopper le vin avant la Fête, mais il avait le sentiment de ne pouvoir s’en passer pendant la tournée. Il avait pris la décision d’arrêter lorsqu’il s’aperçut que boire trop de vin tendait à le rendre impotent et il en avait assez.

HWA obtient la permission de Ted pour se marier

HWA me dit ensuite qu’il avait l’intention de se marier et qu’il avait choisi Ramona Martin. Il sortit son portefeuille et me montra une photo d’elle et de son fils qui, dit-il, allait dans une école privée à Tucson. HWA m’énonça qu’il avait besoin de quelqu’un à qui prodiguer son amour, maintenant qu’il était amplement capable de subvenir aux besoins d’une femme. À cet égard, il me dit qu’il voulait la pourvoir à profusion et qu’en fait, il avait déjà fait beaucoup pour elle et qu’il avait avec lui un présent à son intention, un collier valant 17 000 $.

Il me dit qu’il voulait que Ramona se fasse stériliser immédiatement, mais qu’elle se traînait les pieds. Il se mit à expliquer que cette opération était fort simple maintenant. La science médicale était très avancée et les médecins pouvaient faire ce travail sur une femme en utilisant un nouvel instrument. Ça faisait à peine une petite cicatrice. Il insistait, mais elle voulait qu’il soit présent lors de l’opération, ce qui le rebutait un peu. Je me disais qu’il devait avoir notablement modifié sa position en regard des docteurs et des médecins pour qu’il parle de cette manière. Je ne pus m’empêcher de me souvenir de deux membres de l’église de Corpus Christi, morts d’un cancer externe qui avait débuté modestement et qui aurait pu facilement être enlevé, n’eût été de l’enseignement d’Herbert Armstrong. Les deux personnes avaient peur de le faire par crainte d’être expulsées de l’église pour pratique hérétique. Il s’agissait de Lillian Armstrong (aucun lien de parenté) et Walter Konze.

Je me les rappelais fort bien, ce soir-là, et je crois que ce qu’il recommandait à sa petite amie était une opération plus importante que d’enlever une simple petite masse à l’extérieur du corps.

Je me demandais également contre quoi il était si anxieux de la protéger, considérant ses propres problèmes d’impotence et son âge avancé.

Il poursuivit en me disant que Ted avait enfin accepté de donner son consentement au mariage, quoiqu’à contrecoeur.

Il revint brièvement sur l’église. C’était le sujet que j’avais choisi de discuter, sauf que cela prit une tournure dangereuse. Il me dit qu’il y avait des ministres qui se montraient extrêmement libéraux et qu’il allait s’en occuper. J’étais d’accord avec lui. Il me dit que, si je les lui nommais, il allait les congédier. Et il insista pour que je donne quelques noms. Eh bien, c’était une approche minée. J’aurais pu en nommer quelques-uns qui, à mon avis, avaient une pensée extrêmement libérale et qui en avait la réputation parmi ceux que je connaissais. Mais de là à les nommer au dirigeant de toute l’église qui avait promis de les congédier juste parce que je les nommais… je reculai. Je n’aurais pas voulu être congédié simplement sur les dires de quelqu’un et de cette façon-là. Pourtant, je ne doutais pas que le libéralisme était un problème dans l’église.

En 1970, j’en avais entendu certains de Pasadena qualifier les gens de Big Sandy de libéraux et, en tête de liste, Les McCullough. Or, à mon point de vue, il était plutôt conservateur. Plusieurs croyaient Charles Dorothy conservateur, alors que je le pensais libéral. Certains voyaient en Howard un conservateur à tout crin, et je le voyais libéral.

En tous les cas, quand on commence à donner un nom, dans ce genre d’environnement, on a besoin d’être bien sûr de soi. C’est une chose que de contrer les coups, de les parer, de compenser, mais c’est une toute autre histoire que d’assommer complètement quelqu’un, même dans l’église.

Assommer tous vos ennemis d’un seul coup de manière à ne plus en avoir, c’est irréaliste, bien sûr. La mentalité du boxeur, assommer et détruire ou être détruit, ne semble pas avoir sa place dans l’église, laquelle implique des hommes faillibles. Entre-temps, HWA commençait à bafouiller à cause de la crème de sherry Harvey’s Bristol. Donner des noms dans ce contexte, au-dessus d’une bouteille, ne semblait pas très judicieux ! Et, jusqu’à aujourd’hui, je suis bien content de ne pas l’avoir fait.

Puis, il voulut savoir ce que je pensais du mariage qu’il se proposait. Je crois que je lui ai dit que, étant donné que ça lui trottait vraiment dans la tête et considérant le fait que Ted lui avait donné son approbation, il devait aller de l’avant. À l’instant, il explosa, me demandant ce que je voulais dire par « approbation de Ted » pour se marier, alors qu’il était le chef de l’église !

Voyant cela, j’élevai aussi la voix, la seule fois que je le fis. Je répondis qu’il avait lui-même dit que Ted avait donné son accord, et moi, j’étais là, entre les deux, n’essayant que de travailler de mon mieux avec les deux, et que je n’insinuais rien d’autre. Je lui demandai ce qu’il aurait voulu que nous fassions, coincés entre les deux, comme c’était le cas pour bon nombre d’entre nous qui avions à travailler pour les deux.

Du coup, il se radoucit et commença ensuite une discussion sur les salaires.

HWA met sa foi en un contrat

HWA me dit que lui, Stan et Ted venaient de signer des contrats commandant des salaires « dans les six chiffres » pour chacun des trois. Il espérait que l’église soit bientôt dirigée par un comité et qu’il avait vu à ce que ces contrats soient signés afin de garantir leur niveau de vie, ou, comme il le dit lui-même, que « mon train de vie » ne soit pas diminué. Ils continueraient à bénéficier des avions, etc. Personne ne pourrait lui enlever ça. Il dit qu’il avait été particulièrement fier de Ted, car celui-ci avait retourné le contrat de Stan avec une réduction, mais avait gonflé le sien. C’est ce genre d’ambivalence qui me rendit prudent, entre autres raisons, lorsque HWA se mit à parler contre Ted. J’avais le sentiment qu’il pouvait le faire, mais malheur à celui qui s’y risquait. Je suis à peu près sûr que c’est toujours le cas aujourd’hui !

HWA, quand il se mettait à dégrader systématiquement son fils, y allait aussi de son choix de commentaires négatifs à propos de sa belle-fille Shirley. En faisant part de ces informations, il souriait avec bienveillance. Il n’y eut qu’un seul héros, ce soir-là. Il était assis dans cette pièce.

Arrêtons-nous ici afin de considérer ce qui s’est passé. C’était la première fois que j’entendais parler de contrats dans l’église, particulièrement au sein du ministère. Et voilà que le ministre le plus élevé du ministère de toute l’église ― l’apôtre de la foi, si vous voulez, le même qui, bien des années auparavant, nous avait parlé de George Müller, de Bristol, en Angleterre, et qui avait prêché et parlé de la foi des années durant ― craignait maintenant un comité de l’église et avait peur que son revenu disponible soit diminué et que son train de vie soit réduit ; il s’était donc présenté devant la loi afin de pourvoir à ses moyens de subsistance.

Qu’en était-il de nous ? N’étions-nous donc que les idiotes de brebis qui ne comptaient pas du tout ? Je pense que, de tout ce que j’ai vu dans l’église, ce fut le coup le plus dur de tous ! Des contrats entre les trois hommes les plus élevés ― pour se protéger contre l’église ! Il me sembla qu’une certaine guérison divine, une guérison spirituelle, était urgente. Mais ça ne s’arrêta pas là.

Les problèmes sexuels d’HWA

Il parla alors de ses capacités sexuelles avec force détails. Il se demandait s’il serait en mesure de satisfaire sa fiancée, parce qu’il souffrait d’un manque de raideur de son pénis. Ça le tracassait sans cesse.

Il mentionna qu’il avait étudié l’information publiée par Masters and Johnson qui déclaraient que l’âge avait peu à voir avec les capacités. Il y avait d’autres facteurs ― psychologiques, diététiques, la boisson, etc. L’âge n’était pas en soi la raison du problème.

Bon. J’avais jeté un coup d’œil sur la matière offerte par Masters and Johnson. Ceux-ci opèrent à partir de leur base située à St-Louis et ont dirigé des expériences sur la sexualité humaine sous toutes les formes, les contours, les dimensions et les conditions connues de l’homme. La religion, la moralité, la loi et les valeurs traditionnelles sont totalement évacuées de leur méthode d’opération, d’après ce que j’en sais. Cette équipe d’expérimentateurs sexuels a reçu une grande publicité et ceux qui lisent à profusion seront sans doute au courant de leurs travaux.

Néanmoins, ce qu’HWA dit à propos des enseignements de Masters and Johnson dans la discussion était vrai. Ils enseignent que l’âge n’est pas nécessairement crucial. Du moins, c’est bien ce qu’on écrivait dans un livre et des articles que j’avais lus et où l’on citait Masters and Johnson.

Je dis donc à HWA que je comprenais le cas. Il doit avoir pris ma réaction sympathique pour de l’approbation parce que, à partir de ce moment-là, il devint plus franc qu’avant.

Il dit : « Je peux constater que vous êtes un homme raisonnable. » Ouais, j’ai vécu assez longtemps pour savoir qu’on doit être sur ses gardes quand on vous lance ça. Nous allions quelque part, mais je ne savais pas où.

Il commença à me parler de sa vie sexuelle peu satisfaisante avec son épouse décédée, Loma. Ce n’était encore rien. Il avait déjà dit des choses semblables à de petits auditoires ― particulièrement des groupes de finissants à Pasadena et à Big Sandy ― en détails assez explicites.

Bien sûr, à cause de l’ouvrage exécuté par Masters and Johnson au nom de la science (œuvre qui n’aurait pas été autorisée dans plusieurs états de l’union, il y a quelques années, en tout cas de manière déclarée), bien des gens se sont sentis fraudés dans leur vie sexuelle et ils sont par milliers… non, des dizaines de millions à blâmer la « moralité victorienne » pour leur « vide ». Les auteurs modernes leur ont fait croire qu’ils doivent se libérer de « l’ancienne moralité » et entrer dans la glorieuse liberté offerte par « la nouvelle moralité » pourtant contredite dans le propre livre d’HWA, Dieu nous parle de la « Nouvelle Moralité ». Dans ce livre, HWA établit une ligne de conduite étonnamment claire au sujet du sexe. Ce bouquin fut utilisé pendant longtemps comme manuel scolaire au Collège Ambassadeur, avec des instructions strictes ayant force de doctrine de l’église et auxquelles toute infraction était sévèrement punie par les autorités de l’église. Même si certaines personnes, menant par ailleurs un double standard de vie, considéraient que ces règles n’étaient destinées qu’aux gens naïfs, la plupart essayèrent de vivre par elles, pensant qu’elles étaient ordonnées par Dieu et fondées sur la Loi Royale. Je m’inclus dans cette dernière catégorie.

À la page 270, M. Armstrong marque ceci : « Ce rapport amoureux ― ce “pelotage” ou ces “cajoleries” ― ces caresses ― fait PARTIE, et, en fait, c’est la partie la plus importante, DE LA RELATION SEXUELLE DANS LE MARIAGE. Par conséquent, quand on le permet avant le mariage ― ou en dehors du mariage ― C’EST UN PÉCHÉ CAPITAL ! » [l’emphase est d’HWA]. Péché capital signifie qu’il exige la peine de mort !

Ensuite, en page 278, après le sous-titre « La vérité sur la masturbation », il écrit : « D’un autre côté, la masturbation est une forme de PERVERSION. C’est un PÉCHÉ ! » Puis, il élabore.

Je voulais citer l’autorité de l’église avant de continuer la narration. HWA enseigna lui-même ces principes à partir de son propre livre au Collège Ambassadeur pendant des années. Pourtant, voilà qu’il était maintenant prisonnier de la même « force libératrice » qu’il avait dénoncée. Toutes ces pensées se bousculaient dans ma tête à mesure que la nuit avançait.

Histoires de masturbation et de prostitution

Il fut pour le moins déconcertant d’écouter HWA qui, de sa propre bouche, parla d’un ton approbateur d’une conduite personnelle étalée sur toute sa vie et qui était en contradiction flagrante avec ce qu’il écrivait et enseignait.

Lorsque HWA eut fini de décrire Loma, ce soir-là, elle donnait assurément l’impression d’avoir été une femme victorienne aux inhibitions les plus profondes ― et une très pauvre partenaire au lit. Il dit qu’elle n’enlevait jamais le haut quand ils avaient une relation sexuelle et se refusait souvent à lui. Il me confia qu’à de nombreuses reprises, il se tournait de côté dans le lit et se soulageait par la masturbation, après que sa femme se soit refusée à lui. Puis, il fit une chose fort curieuse. Il me dit qu’il se masturbait encore ― il employa le mot ― et la dernière fois, c’était deux semaines auparavant.

J’étais assis sur le divan et lui dans un fauteuil près de la table à café. La bouteille de Harvey’s était presque vide, mais il se leva et se rendit au bout du divan, là où était sa mallette. Il en sortit un petit carnet noir et m’en montra la dernière inscription, écrite de sa propre main. IL AVAIT ENREGISTRÉ SES PROPRES MASTURBATIONS ! Après avoir vérifié le compte-rendu, il me dit que c’était arrivé deux semaines avant.

Faute d’avoir quoi que ce soit de mieux à dire, je lui demandai : «  M. Armstrong, quand avez-vous commencé à vous masturber ? » Il me répondit qu’il ne se souvenait pas ; il l’avait toujours fait.

Il me lança qu’il n’avait jamais eu de problème avec la rigidité de son pénis avant l’âge de 75 ans et, une fois, lorsque Loma fut dans la position femelle supérieure (expression de Masters and Johnson), son pénis s’était replié vers lui. C’était le début. Il voulait désespérément croire que le problème n’était pas l’âge.

À partir de ce moment-là, il me devint plus difficile d’avaler l’histoire que Loma était si « frigide » que ça. Si elle avait adopté cette position à l’âge de 75 ans, je ne voyais pas en quoi elle avait échoué tant que ça comme épouse au creux du lit conjugal. Dès lors, je me sentis réellement embarrassé, parce que je venais d’un milieu culturel où l’on ne partage tout simplement pas les histoires du lit conjugal avec des étrangers.

Mais HWA ne s’arrêta pas là. Il se mit alors à me raconter en détails fort crus le récit de sa première expérience avec une prostituée. HWA a beaucoup de talent pour illustrer crûment ses expériences, de sorte qu’on croirait presque « voir » la scène décrite.

Le récit allait comme suit, quoique je ne sois pas capable de le décrire avec les mêmes « couleurs vivantes » que lui.

Il avait travaillé au Mississipi et fit un voyage en Nouvelle-Orléans. Il bifurqua de la rue pour entrer dans une maison de mauvaise réputation, bien que, d’après ce que je comprends, ces maisons n’avaient pas si mauvaise réputation en ce temps-là, en Nouvelle Orléans ! Un « méchant garçon » donnait du fil à retordre à une des filles en haut de l’escalier et on dut le chasser. HWA, qui devait être assez jeune, à l’époque, parla gentiment à la fille qui, avec le temps, se réchauffa à son égard et finit par l’inviter à monter. Il décrivit les événements qui suivirent comme « très beaux » ; c’était sa première expérience avec une fille.

Je me demandai si le « seul apôtre de l’église » aurait dû commenter en termes aussi élogieux ce que l’église définissait comme un péché, même si cela s’était passé quelques soixante ans auparavant. Mais il y avait une telle lueur dans ses yeux et une telle douceur dans le ton de sa voix que cela démontrait de façon éloquente que ce souvenir lui était encore bien frais et doux en mémoire. À nouveau, mon esprit se questionna à savoir si, franchement, cet homme était prêt à « diriger un renouveau dans l’église », aussi nécessaire soit-il.

Il était 1h30 du matin et, une grosse journée m’attendant le lendemain ; je m’excusai. Comme je partais, il me demanda si je pouvais le réveiller au matin et, bien entendu, je le lui promis. Ça faisait partie de mon travail.

Je me retirai dans ma chambre, de l’autre côté du hall. Mon épouse Margaret était endormie, mais elle se réveilla quand j’arrivai. Je me glissai au lit dans un silence de mort. Margaret me demanda ce qui n’allait pas. Elle sut instantanément que quelque chose clochait, mais je lui conseillai de se rendormir, car je n’étais pas disposé à en parler maintenant.

Le sommeil se fit attendre, même s’il était tard. Finalement, je me laissai gagner par un état de stupeur avoisinant vaguement le sommeil.

Je me levai tôt, m’habillant complètement, et je m’engouffrai dans la cuisine afin de préparer un cabaret avec du café et des rôties. J’apportai le tout à la chambre d’HWA. Il adore le café, je le sais, et le motel n’offrait pas le service assez tôt le matin et de façon médiocre le reste du temps.

À l’heure dite, je frappai à sa porte. Après un moment, je l’entendis tousser et crachoter, puis, venir à la porte. Lorsqu’il ouvrit, il était complètement nu ! Pas de peignoir, pas de pyjama, rien. Et aucune gêne non plus. Et si j’avais été quelqu’un d’autre, peut-être une femme ? Vous savez, ça arrive couramment.

Il me pria d’entrer. Je déposais le cabaret sur la table à café et lui tendis une tasse. Il s’assit sur le sofa, toujours à poil, et avala la première tasse rapidement. Sachant comment il aimait son café le matin, je lui en versai à nouveau et lui offris des rôties. Il me dit ne pas se sentir très en forme ce matin-là, et il continua à tousser et à cracher pendant qu’il avalait son café. Jamais il ne tenta de s’habiller. Je ne pus m’empêcher de remarquer l’état de flétrissure du membre de son corps qui avait été le centre d’attention de la nuit précédente, et je me demandai bien pourquoi en avoir fait tant d’histoires.

Au fil des ans, j’avais entendu d’autres gens âgés dire en plaisantant que, quand on devient vieux, le sexe ne réside plus que dans la tête et nulle part ailleurs. J’étais encore plus convaincu que ce vieil adage était vrai. Cette sagesse folklorique était plus proche de la vérité que la science de Masters and Johnson !

HWA continua à se plaindre de sa condition physique ; je lui demandai donc si je devais aller chercher le Dr Lochner pour le frictionner. Il s’enquit de savoir si nous en avions le temps. Je lui répondis que je le pensais, en effet. (Il devait quitter pour un autre site au milieu de la matinée et il n’était pas sûr de la logistique.) Je le rassurai en lui disant qu’il y avait suffisamment de temps. Il se demanda alors si cela dérangerait le Dr Lochner.

Je me rendis à la chambre de Lochner et le réveillai. Il ouvrit la porte en se frottant encore les yeux et accepta avec réticence d’amener sa planche et de donner un massage à HWA. Je revins et me versai une tasse de café, puis, environ quinze minutes plus tard, apparut le Dr Lochner qui installa sa planche et la couvrit de serviettes. Ensuite, il aida HWA à grimper et commença son travail.

Je retournai à ma chambre et Margaret et moi descendîmes à la salle à manger pour déjeuner. En passant devant la porte de M. Armstrong, je vis Mel et je lui demandai comment les choses se passaient. Il me dit qu’HWA s’habillait. Nous attendîmes dans le lobby et, après un temps interminable, HWA sortit d’un bond, vêtu de pied en cap comme s’il était prêt à monter sur scène.

Mel avait amené la Cadillac sous le portique de l’hôtel et il remplissait la voiture. Le Dr Lochner était sorti et il me mentionna à voix basse qu’il avait pris deux bouteilles de Dom Pérignon, car il s’attendait à une célébration privée à la fin de la tournée. J’entendis parler qu’il avait donné une réception pour annoncer ses fiançailles avec une femme de quarante ans plus jeune que lui, arrangement sur lequel HWA avait écrit d’un ton approbateur.

Au travers de la baie vitrée de l’hôtel, nous regardâmes partir le groupe Armstrong en direction de l’aéroport de Wilkes Barre-Scranton où attendait le G-II.

Je ne revis plus HWA jusqu’à la Fête à Big Sandy, deux ans plus tard. Je crois qu’il vint à Big Sandy pour entretenir les finissants gradués au sujet du sexe, au printemps de 1977, quand le collège fut fermé. Les filles sortirent de cette longue séance abasourdies, certaines mêmes en colère. Mais je le manquai dans ce voyage-là. Plus tard, il se maria à Tucson, comme le publia le Worldwide News. C’est juste après cela que survint son attaque cardiaque. D’inévitables rumeurs circulèrent concernant les causes de cette attaque cardiaque, à l’époque.

Le reste de la Fête se passa en douceur. Le dernier jour, Gary Antion vint du Canada pour clore l’année. Le Dernier Grand Jour tomba pendant un sabbat hebdomadaire et le lendemain, dimanche, je m’occupai des choses qui sont exigées d’un coordonnateur, puis, Margaret et moi roulâmes jusqu’à l’aéroport, rendîmes notre voiture louée et prîmes le vol pour Toronto afin d’y passer quelques jours chez notre fille. Je n’avais mentionné à personne les événements décrits dans ce livre, sauf à Margaret, et je continuai pendant quelque temps à porter ce fardeau ― le fait de savoir que l’homme vers qui nos regards se portaient en matière spirituelle et qui nous avait enseigné les principes de la Bible, cet homme, donc, admettait sans sourciller et librement être grandement coupable et ce, de façon ininterrompue, de quelque chose que lui-même avait décrit comme un péché capital. L’affaire des contrats pesait également lourd dans la balance.

Le bureau de direction des Fêtes était à Big Sandy depuis sept ou huit ans. Les McCullough en avait été le directeur, en plus de ses autres tâches, et Bill McDowell lui succéda. Par la suite, à l’été 1975, Sherwin McMichael fut nommé à ce poste par Garner Ted Armstrong, après que Bill McDowell soit déménagé sur la Côte Ouest et qu’il se sépare subséquemment de l’église.

À l’automne 1976, Sherwin McMichael occupait donc le bureau du directeur festivalier depuis plus d’un an. On le connaissait comme étant à 100 % avec Garner Ted Armstrong ― totalement, absolument et complètement.

Quand les coordonnateurs de Fête rendaient leur première visite au directeur festivalier, après les fêtes d’automne, ils avaient coutume de discuter des événements d’importance ou sortant de l’ordinaire, ainsi que des autres affaires pertinentes à leur travail. La connaissance, c’est le pouvoir ― être bien informé est nécessaire au chef de département qui veut jouer son rôle avec succès. Tout directeur ou gérant de département désire être renseigné le mieux possible. C’est vrai dans toute organisation. À moins d’avoir une raison prépondérante d’agir autrement, les subordonnés devraient contribuer au maximum au fonds de connaissance de leur supérieur et, par le fait même, à son succès. Bien sûr, le succès du supérieur devrait normalement contribuer aussi à son propre succès à soi, en temps et lieu. Le principe est sensé et ne devrait pas être violé, à moins, comme je l’ai dit plus haut, d’avoir une raison primordiale profonde.

Vraisemblablement, ce principe était de loin mieux compris par la majorité des gens vivant dans la première moitié du vingtième siècle. Des directions convenables, des fonctions bien délimitées et une politique organisationnelle sont des méthodes et des procédures que conservent toutes les corporations, les gouvernements, les bureaucraties et les armées. Et, bien que les hommes aient toujours construit des chemins en dehors des sentiers battus, ces sentiers sont devenus aujourd’hui de larges autoroutes. Mais tout abandon sur une grande échelle du fonctionnement organisationnel mène au désastre. Ce n’est qu’une question de temps.

J’avais toujours fourni des informations relatives au travail pendant que Bill McDowell était le chef du département et, par la suite, à Sherwin quand il remplaça Bill. Sherwin ne semblait pas avoir l’esprit aussi vif que Bill et, la plupart du temps, il paraissait avoir les mains près de la caisse. Dans tous les cas, il affichait toujours un engagement total et absolu envers GTA.

Lorsque je lui parlai pour la première fois dans son bureau, après la Fête de 1976, il me demanda si HWA avait l’air « correct » aux Pocono. Il me confia qu’il y avait eu des problèmes avec lui dans un certain nombre de sites, mentionnant celui d’Ozark en particulier. Il me dit avoir reçu des rapports écrits concernant la condition d’HWA, disant que ce dernier avait articulé ses sermons avec beaucoup de difficulté à plusieurs endroits, comme s’il avait avalé de travers ou qu’il avait eu une attaque. Quand Sherwin parle d’un sujet aussi délicat, il baisse la voix jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’un soupir. Il me dit que quelque chose devait être effectué, mais il ne savait pas quoi.

Je l’assurai que M. Armstrong n’avait pas bafouillé dans son sermon aux Pocono, mais qu’il avait été redondant et radoteur. Il parlait d’amener une nouvelle vérité, mais nous avions été incapables de discerner ce que c’était. (À vrai dire, dans la voiture nous ramenant du hall à l’hôtel, il m’avait demandé si je n’avais pas été ravi d’entendre sa nouvelle vérité. Je fus forcé de reconnaître que je n’avais pas détecté ce qu’il voulait dire.) Je parlai ensuite à Sherwin du « petit carnet noir ».

Sherwin voulut que je couche toute l’affaire sur papier. Il me dit qu’il avait encore reçu des rapports écrits d’autres coordinateurs à propos d’HWA. D’après lui, HWA avait laissé derrière lui une piste jonchée de débris humains et ce, depuis le début de sa vie. Il me parla de toutes les choses qu’HWA leur avait dites en Angleterre, quand il avait pris l’habitude de passer pas mal de temps à Bricket Wood où il critiquait le leadership de Pasadena. (Sherwin travailla quelques années dans la faculté du collège.)

Le mystérieux M. Gotoh

Sherwin parlait souvent de Stan Rader et de sa nature parasitaire. À cette époque-là, GTA s’entretenait assez librement avec ses proches associés concernant Stan, son influence maligne sur son père et de l’effet très nuisible de cette influence sur l’église. Les histoires foisonnaient à propos de Sam Gotoh et de ses activités autour du monde ― histoires que l’on n’aurait jamais crues reliées à une église, car ayant trait à des bénéfices excessifs sur le marché noir au Vietnam ou à un vil négociant du Moyen-Orient, etc.

L’année précédente, lors de sa tournée festivalière, HWA avait menacé les gens à propos des « rumeurs malicieuses » lancées contre M. Gotoh. Avant que les lettres de Colin Adair à Les McCullough au sujet des activités de Gotoh n’aient été dévoilées publiquement, les hauts dirigeants de l’église connaissaient déjà les faits y étant décrits. Sherwin raconta à un certain nombre de gens à Big Sandy que Jack McKinney (qui travaillait pour lui) possédait des preuves formelles que Gotoh était un contrebandier et il avait communiqué avec les autorités fédérales à ce sujet. Il y avait des rapports ― plutôt répandus ― de ce que Gotoh était un coureur de jupon, spécialement auprès des femmes faisant partie du groupe Armstrong !

Quelques années plus tard, une chose devint claire aux yeux des employés de Big Sandy. Gotoh, lors des opérations de vol, établissait son autorité sur tous les gens présents, y compris les hommes les plus haut placés, en émettant des ordre avec fermeté quand arrivaient des personnalités de marque. Il agissait comme un commandant en chef ― en plein cœur du Texas !

Au printemps de 1970, je prenais des cours à Pasadena. L’un d’eux portait sur « les Épîtres de Paul », donné par Richard Plache qui n’est plus dans le ministère de l’église. Mais, à ce moment-là, il était ministre au rang de pasteur dans « l’équipe de Rod Meredith ». Richard était brillant et vif d’esprit. Il arriva un jour en disant qu’il venait tout juste de baptiser Gotoh. En hochant la tête, il nous dit qu’il ne savait pas s’il avait bien fait. Il avait lancé à Gotoh : « Le seul bon Japonais, c’est un Japonais mort », une citation de la Deuxième Guerre Mondiale, associée au nouveau départ que symbolisait le baptême. Il hocha encore la tête, disant que Gotoh n’avait pas du tout apprécié.

Comme vous le savez, l’on préconise dans l’église qu’au moment du baptême, on doit s’imprégner d’un esprit d’humilité. Les événements ultérieurs, largement rapportés, démontrèrent que Richard Plache avait réellement de quoi se soucier de son action officielle. La fumée laissée sur la piste derrière Gotoh est si dense qu’elle exige qu’il y ait aussi le feu quelque part. (Vous vous rappellerez qu’il faisait partie d’un des sujets traités dans 60 minutes, par Mike Wallace, alors que Stan prenait sa défense sans grand succès.)

Les bandes enregistrées de Lochner

Sherwin avait beaucoup de choses à dire et ce sur une base continuelle ; sa conversation au sujet de la conduite d’HWA s’intensifia l’année suivante. Je n’avais pas parlé à mes fils, John et Mark, du « petit carnet noir », comme on l’appela plus tard, mais, quelques mois après, John me téléphona de Pasadena, car il était en voyage d’affaire, avant le déménagement du Worldwide News lors de la fermeture du Collège Ambassadeur de Big Sandy. Il voulait savoir si cette histoire était vraie. Il l’avait entendue de Robert Kuhn qui la tenait de Sherwin. John me dit qu’elle était également bien connue dans le coin. (Rappelons-nous, ici, que Ted Armstrong semblait à ce moment-là fermement au pouvoir. Il n’y avait pas le moindre indice indiquant qu’HWA allait mettre Ted dehors ; et Robert Kuhn, comme Sherwin, était proche de Ted ― très proche.)

À la longue, l’histoire du « petit carnet noir » fut connue dans presque tout le ministère de l’église. L’information ne tenait pas son origine seulement de mon expérience vécue aux Pocono. Le Dr Lochner trouva aussi d’autres sources menant au carnet noir, et il fut en mesure d’obtenir des enregistrements où HWA discutait de la chose et de bien d’autres choses encore. Ceux qui ont écouté des parties d’enregistrement disent que, non seulement elles attestent de la véracité de ma propre expérience attristante, mais dévoilent également qu’HWA est extrêmement débauché et que c’est un hypocrite religieux et calculateur. Peut-être des copies de ces enregistrements seront-elles rendues publiques dans un avenir rapproché. Je l’espère, en tout cas.




D.204 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 6

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

Chapitre 5

LE CONTRÔLE ― BUT DE LA MANIGANCE

Vallons du Wisconsin : 1973

À l’époque de la fête d’automne de 1973, il y avait un vent de changement dans l’air, à la fois dans l’église et dans le monde. Non seulement le manque de crédibilité ― dont Bill McDowell avait dit à Herbert Armstrong, un an auparavant, qu’il n’existait pas ― était bien là, mais il se répandait de façon alarmante. David Antion (nouveau directeur de l’Administration pastorale) instaura son nouveau programme pour le ministère et engagea huit nouveaux directeurs régionaux. Chacun de ces directeurs posséda une grande capacité de contrôle local dans ce système. Il y eut plusieurs surprises quand les nominations furent annoncées. J’étais en vol avec Bill McDowell dans le King Air quand on annonça le système, avant que l’on nomme les directeurs. Il me demanda de dresser une liste des noms de ceux qui seraient nommés, selon moi, et il fit de même. Nous ratâmes la cible passablement tous les deux.

La libéralisation et la décentralisation faisaient rapidement leur chemin. La psychologie et le libéralisme humaniste commencèrent à jouer un rôle important dans les affaires de l’église, particulièrement dans quelques domaines spécifiques. Si un directeur régional se montrait libéral dans sa théologie, ses subalternes prenaient la même direction. Les gradués du Collège Ambassadeur avaient été programmés pour répondre à leurs supérieurs, sans vraiment tenir compte de la direction prise. Or, tout cela devait se faire au nom d’Herbert Armstrong.

Mais mettons une chose au clair : rien ne se faisait jamais sans qu’Herbert Armstrong ne le sache, s’il voulait savoir ! Et s’il choisissait de faire quelque chose, rien ne l’arrêtait. L’idée que des changements majeurs aient été apportés sans qu’il en eusse connaissance et qu’il approuvât est incompatible avec la réalité. Notons aussi que Stan Rader le conseilla dans les domaines ecclésiastiques des années et des années avant que Stan ne soit même « baptisé ».

Sous ce nouveau système, le directeur régional du territoire de Chicago était George Kemnitz. Je l’avais brièvement rencontré une fois à Big Sandy, deux ans auparavant. Il était venu à la Fête comme orateur invité. Il avait donné un sermon sur la « famille ». Un orateur impressionnant.

Des rumeurs circulaient comme quoi le Département de l’Administration de l’Église, comme on l’appelait, avait l’intention de mettre la main sur le Bureau des Fêtes. Les ministres locaux étaient d’opinion que les directeurs régionaux devaient officier en tant que coordinateurs festivaliers lors des fêtes d’automne et contrôler totalement les opérations. Ils se demandaient : « Pourquoi devrions-nous travailler pour un homme pendant cinquante et une semaines durant l’année et pour un autre pendant une semaine seulement ? » Ils posaient tout haut la question à savoir pourquoi ils ne pouvaient pas utiliser la propriété immobilière de la Fête pour les fonctions régionales et sur une base régulière ? Pourquoi Big Sandy contrôlait-il tout cela, et pourquoi Big Sandy dirigeait-il la Fête ? Évidemment, ces hommes-là ne posaient pas des questions pareilles, tout logiques qu’elles soient, sans le soutien et le stimulus de leurs supérieurs.

C’est dans ce genre de climat que je me rendis aux Vallons du Wisconsin, à la fin d’août 1973, pour organiser le leadership du Département de la Fête. Ray Dick vivait alors dans la maison de Raymond Cole et il agit en tant qu’officier d’hébergement de la Fête. Lui, Bill Freeland et moi prîmes place dans le même antre à la grosse tête de chevreuil sur le mur, là où je m’étais assis en compagnie d’Herbert Armstrong l’année précédente, et nous discutâmes des plans de la Fête. (Bill Freeland était le pasteur de l’église locale.) Survint alors le sujet de l’hébergement des ministres et de celui qui serait moniteur de cet hébergement.

Nous fûmes d’accord pour utiliser à nouveau le Devil’s Head Lodge. Ray et Bill me dirent qu’on l’avait employé le mois précédent pour la réunion de tous les directeurs régionaux et Dave Antion, qui était en charge de l’administration pastorale. Doc Kessler était le secrétaire de George Kemnitz ― ils avaient tous des secrétaires, à ce moment-là ― et Doc avait pris soin de tous les aménagements. Il s’entendait aussi très bien avec le gérant. L’année précédente, il y avait eu des problèmes avec ce gérant, mais Doc dit qu’il s’arrangerait avec ça. L’officier d’hébergement nommait tous les moniteurs de motels qui, eux, s’occupaient de toutes les irrégularités chez les gens de leur motel. La seule exception était le motel où demeuraient les ministres, et le coordinateur lui-même en prenait toujours charge parce qu’on considérait qu’il s’agissait d’un point crucial de contrôle.

J’eus immédiatement le mauvais pressentiment que Ray Dick avait déjà nommé Doc à ce poste clé.

« Ray, avez-vous déjà assigné Doc comme moniteur du Devil’s Head Lodge ? » lui demandai-je.

« Eh bien, eh bien… nooon, je ne l’ai pas fait, » répondit-il. « Mais je le recommande pour le poste. »

« Bill, qu’en pensez-vous ? »

« Je suis d’accord avec Ray. Il a vraiment fait un bon travail quand les directeurs régionaux étaient ici, » répondit Bill.

« Si je le nommais là-bas, pour qui croyez-vous qu’il travaillerait ? » questionnai-je encore.

« Je ne sais pas ce que vous voulez dire, » répliqua Bill Freeman, alors que Ray Dick demeura silencieux. Je dis à Ray que le lui ferais savoir, mais qu’entre-temps, il ne devait rien répéter à Doc ou à George Remnitz.

Je retournai directement au Devil’s Head Lodge et parlai avec le gérant. Il me dit n’avoir que les meilleurs souvenirs de l’an passé jusqu’à aujourd’hui. Je lui demandai si, de toute façon, il préférait Doc Kessler et il me répondit que cela ne lui faisait rien, ni dans un cas ni dans l’autre. Exactement comme je le pensais.

Je fus plus résolu que jamais à ce que Doc Kessler ne soit pas le moniteur et qu’il n’ait aucun poste de contrôle. À la réunion des chefs de département, George Kemnitz, que j’avais mis en charge de la musique contre l’avis même de Bill McDowell, demanda si Doc Kessler pouvait suivre Keith Stoner, chef du département de l’auditorium, et en apprendre le plus possible. Je crois qu’à ce moment-là, George pensait encore qu’il pourrait obtenir un poste clé pour Doc au Devil’s Head Lodge.

J’acquiesçai à la condition qu’il n’interfère en rien, et Keith Stoner fut d’accord. Ce dernier avait agi en tant que chef de l’auditorium l’année précédente et il avait fait de l’excellent travail. C’était un ministre canadien et il n’était pas à l’emploi de l’église. Dans la vie privée, il était avocat. Il s’avéra un excellent organisateur avec un don pour le commandement.

À la soirée d’ouverture, George Kemnitz choisit un siège de l’autre côté de l’aile, en face des chefs de département. Presque immédiatement, on put voir Doc Kessler en action, se rapportant régulièrement à George. Le lendemain matin, lorsque la chose se reproduisit à nouveau et ce, de manière tout sauf discrète, je me tournai vers Keith Stoner qui, étant gérant de l’auditorium, était assis directement derrière moi pour faciliter une communication rapide, et lui demandai :

« Voyez-vous ce qui se passe ? »

« J’ai vu cela hier soir, » me répondit-il.

« Savez-vous quoi faire ? »

« Oui, je crois. »

« Je suis d’avis de le couper de toute information ; instruisez-en tous vos hommes. Car, en ce moment, il fait affaire avec quelqu’un qui se trouve complètement en dehors de la structure organisationnelle de la Fête, parce qu’il ne travaille pas pour nous, mais pour George ainsi que pour une autre raison. Est-ce ce que vous aviez en tête ? »

« Nous voyons la même chose, vous et moi, » répondit Keith. « C’est exactement ce que j’avais en tête et je vais faire comme vous dites. »

J’avais auparavant désigné un ministre canadien, de l’ouest du Canada, pour agir en tant que moniteur au Devil’s Head Lodge ― un homme sur lequel George Kemnitz n’aurait aucun contrôle. Il travailla directement pour moi, sans avoir de loyauté antérieure envers quelqu’un d’autre.

Une journée et demi passa avant que Doc Kessler s’aperçoive de ce qui arrivait ! Ce fut à une réunion des dirigeants de département, au milieu de la Fête, que George exprima son mécontentement vis-à-vis de la nomination d’Owen Murphy, ministre canadien, comme moniteur du Devil’s Head Lodge et à propos de quelques autres aspects des opérations de la Fête.

Lorsque nous eûmes terminé de voir aux affaires normales et que les autres eurent quitté le bureau, je demandai à George de rester, car je croyais que nous avions à parler. Il resta trois heures.

Je traitai des raisons pour lesquelles je n’avais pas nommé Doc en charge du motel et pourquoi on l’avait coupé de toute information, et ce sans prendre de gants blancs. Je ne pouvais permettre que se développent deux points de contrôle au centre des congrès et, par-dessus tout, avec lui contrôlant un de ces points et moi l’autre. Doc ne cachait pas du tout qu’il se rapportait régulièrement à George. Je devais donc voir à ce qu’il n’ait rien à rapporter ! C’était aussi simple que ça. Et j’expliquai pourquoi j’avais besoin d’avoir Owen Murphy. Je levai les mains devant George, car c’était imparable. Il ne pouvait rien y faire. Je lui dit connaître une couple de personnes qui pouvaient me congédier et, s’il le désirait, je lui signalerais leurs numéros. C’était son choix.

Je lui recommandai ensuite que nous travaillions ensemble, sans conflit. Je lui promis le respect attendu pour sa fonction et pour lui personnellement, et que j’accueillerais favorablement toute suggestion qu’il me proposerait. De toute manière, c’est ainsi que les choses devaient se passer. Il me promit sa collaboration et il me la donna effectivement. Nous dînâmes plusieurs fois ensemble le reste du temps, dans la salle à dîner pour être bien vus de tout le monde. Lors du dernier jour de la Fête, George m’écrivit une lettre de recommandation et d’éloges, et en écrivit une autre à Bill McDowell lui demandant que je fasse le même travail l’année suivante. Je crois qu’il était sincère et voulait faire de son mieux dans une situation difficile.

Je lui avais parlé en détail du manque de finesse de la part de Doc, mais aussi que j’étais désolé d’avoir eu à traiter Doc comme je l’avais fait. Je ne pensais pas avoir le choix.

Cette après-midi-là, mon épouse me fit savoir que Doc et sa femme souffraient terriblement de la situation, ayant versé beaucoup de larmes. Je leur parlai gentiment à tous les deux, demandant à Doc de faire route avec moi le lendemain de la Fête pour terminer les petites choses qui restaient ― ce que doivent faire les coordinateurs. Il accepta.

Il m’expliqua qu’il était chiropraticien au Texas et avait abandonné la pratique à cause des enseignements d’Herbert Armstrong allant à l’encontre de cette branche des arts médicaux. Ça n’allait pas très bien depuis. Et, croyait-il, son travail pour George Kemnitz était sa dernière chance ; il ne voulait pas la rater. Il voulait servir George et rendre son travail fructueux, espérant qu’un peu de ce succès déteindrait sur lui.

Je lui expliquai alors en détail comment j’avais procédé et pourquoi j’avais agi ainsi. Je lui demandai s’il voyait pourquoi cela avait été nécessaire et il répondit que oui. Je pense que nous nous séparâmes en bons termes.

J’ai entendu dire de sources fiables que Doc avait été impliqué dans une conspiration visant à renverser le bureau chef de l’église à Pasadena. Cette fois-là, ça a marché pendant un certain temps. (Il possède maintenant un poste clé sous Stan Rader.) Mais les fruits de ce genre de conspiration ne sont jamais bons ; ils sont assez amers. Doc ne sera pas heureux dans cette entreprise, peu importe le succès qu’il y trouvera. C’est un gros homme très émotif. Son gabarit peut, à lui seul, intimider beaucoup de gens. Voilà peut-être une des raisons pour lesquelles il en est rendu là.

Rien d’inhabituel n’arriva lors du retour d’Herbert Armstrong aux Vallons du Wisconsin, en 1973. Il dit aux ministres assemblés lors du dîner au Devil’s Head Lodge qu’ils étaient les « défenseurs de la foi » devant Dieu. Je crois que c’était bien envoyé.

Il donna encore le même sermon pour la énième fois. Et Floyd Lochner put le faire sortir pour prendre de l’exercice pendant leur séjour.

Quand le capitaine Black fit décoller le G-II de Baraboo, cette année-là, il maintint l’avion sur la piste comme s’il allait la dépasser, puis il fit soulever l’appareil comme s’il s’agissait d’un avion de combat. Quelque chose devait l’avoir frustré. Le rugissement des puissants moteurs fit trembler le sol.

Il y eut à nouveau cette espèce de soulagement du coordinateur festivalier comme à chaque fois qu’il sait qu’Herbert Armstrong est venu et reparti, et qu’il est encore en un seul morceau. La survie !

En 1973, Garner Ted Armstrong possédait le statut de célébrité. Chose étonnante, ses tracas de 1971 et 1972 ne semblèrent pas diminuer sa popularité chez les membres de l’église ; au contraire, ils l’augmentèrent.

Le taux d’assistance était invariablement à son plus élevé quand il prenait la parole. Il en fut toujours ainsi depuis ma première année en tant que coordonnateur (1972) jusqu’à sa dernière apparition dans l’Église Universelle (1977). Lorsqu’on se promenait dans l’assistance pendant qu’il parlait, l’auditoire portait à l’évidence beaucoup plus d’attention au sermon de Ted que lorsque son père prenait la parole ― ça se voyait dans le regard.

Selon plusieurs personnes, cela était dû au fait que son père avait l’habitude de livrer le même sermon, avec un débit plus lent, ce qui faisait que bon nombre de gens s’assoupissaient. Ted parle plus rapidement et possède une meilleure formation que son père. Dans tous les cas, l’assistance était inévitablement meilleure avec Ted.

Cela posait donc un problème de sécurité plus grand quand Ted venait. Nos préposés à la sécurité devaient le protéger à l’extérieur du bâtiment et quand il y mettait les pieds. Il y avait toujours des gens qui essayaient de se glisser entre les maillons afin de le toucher ou de se faire voir avec lui. Beaucoup l’auraient assailli si nous les avions laissés faire.

Je donnais toujours des instructions aux gens de la sécurité extérieure et d’autres aux placiers à l’intérieur. On devait leur donner des directives fermes, car il y avait chaque année de nouvelles recrues qui n’arrivaient pas à croire que ce qu’on leur disait allait arriver.

La sécurité extérieure devait contrôler les aires d’approche et surveiller étroitement les zones d’entrée. Autre complication : Ted n’aimait pas voir la sécurité en action. Il semblait apprécier l’idée d’une certaine liberté et d’un contrôle plus effacé, ce qui était l’idéal. Mais d’un autre côté, il n’aimait pas non plus se sentir assiégé. Je donnais toujours comme directive aux hommes de la sécurité extérieure d’avoir la situation bien en main et, quand ils voyaient venir sa voiture, de s’effacer tout en surveillant soigneusement. Je leur dis que, si seulement quelques personnes se ruaient sur lui, de ne pas intervenir. Toutefois, s’ils étaient plus nombreux, ils devaient faire le nécessaire. Je m’arrangeais toujours pour que le chef de département soit sur place.

À l’intérieur, tous les placiers dans ces lieux du bâtiment étaient appelés à recevoir des instructions. Ils devaient commencer par faire asseoir toutes les gens des alentours. Dix minutes avant le début de la réunion, ils ne devaient plus permettre à quiconque de circuler dans la zone d’entrée et ses environs. Des hommes étaient placés pour garder les sièges réservés, car il y aurait des gens qui s’y glisseraient et s’en empareraient à la toute dernière minute. (C’est quand même arrivé une fois.)

J’attendais debout à la porte. Lorsque Ted et son groupe arrivèrent, les placiers s’effacèrent et il sembla alors que les gens se disciplinaient naturellement. Sauf qu’il y eut souvent des individus résolus à toucher à la célébrité. Habituellement, il composait bien avec ces gens-là et ces derniers faisaient la preuve que nous n’étions pas une « police d’état ».

Quand l’assemblée prenait fin, le même procédé s’exécutait à l’inverse, sauf que Ted quittait rapidement. Ces jours-là, nos préposés à la sécurité extérieure gardaient son avion et le maintenaient en ordre dans la zone de l’aéroport. Il y avait à nouveau la foule. Cela arrivait particulièrement à Big Sandy où la piste d’atterrissage est située sur les terrains du collège. Nous n’eûmes jamais à contrôler les foules de cette manière pour HWA. Il n’attirait pas la même affluence. Cela a d’ailleurs toujours été une énigme pour moi, d’autant plus lorsque Ted fut excommunié et marqué par son père. Les mêmes personnes qui l’avaient idolâtré ― littéralement, je crois ― se mirent alors à le haïr violemment. Pourquoi ? Ces deux extrêmes m’apparaissent étranges.

Quand je servis en tant que coordinateur à Big Sandy, en 1974 et 1975, nous eûmes à prendre des mesures considérables afin de protéger son jet et son groupe contre les gens qui se massaient dans la zone et qui voulaient au moins toucher son avion.

Je m’imagine encore voir Harold Rhodes, en charge de la sécurité en 1975, en bordure du hangar, disant à la foule de sa voix puissante : « Restez en arrière, restez en arrière. Faites place. »

En tout cas, c’est une bonne leçon en ce qui a trait à la précarité de la popularité. C’est une denrée très périssable. Je suis sûr que Ted sera d’accord avec ça. Mais c’était tout de même le climat de l’époque et Herbert Armstrong en était responsable.

Pendant ce périple aux Vallons, en 1973, nous regardâmes les nouvelles à la télévision et fûmes témoins du célèbre « massacre du samedi soir ». Même si notre besoin d’une unité nationale et d’avoir un objectif commun monta d’un cran à cause des événements du Moyen-Orient, nous fûmes entraînés dans la profonde corruption sévissant à Washington. De la même façon, lorsque nous eûmes le plus grand besoin d’avoir de l’unité et du dévouement dans l’église avec un objectif commun, Herbert Armstrong fut mêlé à des activités qui ne pouvaient qu’attirer une rétribution divine ― mais pas en bénédictions. Le parallèle est remarquable ― même frappant. Il porte la responsabilité ultime sur le plan humain. Or, il n’a pas appris à mettre ses devoirs au-dessus de ses propres désirs personnels.

Pourquoi un Bureau des Fêtes séparé ?

Au début de l’été 1979, un ministre haut placé dans la sphère ministérielle me demanda pourquoi il y avait toujours eu une séparation entre le Bureau des Fêtes et la structure ministérielle. Bien que c’était une question très pertinente, je fus surpris que quelqu’un possédant sa fonction et son expérience me la posa. Mais cela met en évidence la tendance qu’ont la plupart des gens à accepter des procédures établies de longue date sans se questionner ― jusqu’à ce qu’il y ait des problèmes. Et même alors, la majorité ne se pose pas de question. Je pense que c’est pour cela qu’Herbert Armstrong appelait si souvent ses disciples « les idiotes de brebis » ! Il semble trouver les membres de l’église ignorants et bêtes.

Mais retournons à la question. En effet, pourquoi y a-t-il toujours eu une séparation entre les opérations festivalières et le champ ministériel ? Au fil des ans, les échelons les plus élevés de la hiérarchie ministérielle ont très souvent jeté un regard de convoitise sur le Département festivalier. Il y a pourtant toujours un budget déficitaire dans ce département et des salaires cherchant à être rehaussés. La Fête même est l’occasion d’exercer un grand pouvoir ― plus grand qu’à n’importe quel autre moment. Or, en même temps, les plus hauts gradés du ministère s’y voient réduits à ne faire que des sermons ou à ne rien faire du tout. Toutes les fonctions administratives furent enlevées au Département du Collège Ambassadeur durant la Fête depuis les six dernières années ou plus.

Là où l’organigramme montre habituellement « l’évangéliste en charge », son produit de remplacement ne montre rien de tel. Il affiche le coordonnateur en charge. Et celui-ci répond au directeur du Département festivalier. Sherwin McMichael succéda à Bill McDowell. Même si l’horaire des sermons de la Fête ― d’une grande importance aux yeux de certaines gens ― est coordonné en collaboration avec le directeur de l’Administration pastorale, ce dernier ne le contrôle pas du tout. Il ne fait qu’y « participer ». Pourquoi cela ?

Je l’expliquai à mon ami de la manière suivante :

Beaucoup de choses ne nous ont pas été dites. Nous devons donc additionner deux plus deux. Depuis que Roderick Meredith a été expulsé du Département du Collège Ambassadeur, en 1972, il s’est installé une grande peur de ce poste ; et le ministère en général fait également peur à HWA, GTA et Stan Rader. Cela a surgi du temps de David Antion et c’est demeuré depuis lors. Voilà pourquoi cet office subit tellement de changements. Lorsque je parlai à Rod Meredith, temporairement réinstallé en janvier 1979, je lui dis : « Je suis venu dans ce bureau trois fois l’an dernier et j’ai eu affaire à trois hommes différents assis dans le fauteuil où vous êtes. Combien de temps y serez-vous ? »

Il répliqua, ou ce fut plutôt Raymond McNair qui répondit pour lui : « Nous serons ici aussi longtemps que Dieu le voudra. Nous pensons que ce sera pour un bon bout de temps. »

Les événements prouvèrent le contraire. Et c’est d’ailleurs ce que je pensais.

Le Bureau de l’Administration pastorale, ou tout autre nom qu’il porte, est suspect. Il a été systématiquement réduit à un centre de contrôle, à une base de pouvoir. Cet office a été occupé par des hommes qui ne comprenaient pas les règles du jeu ; en fait, ils ne savaient pas que c’est un jeu. Je suis convaincu que deux personnes seulement le savaient. Je crois qu’il s’agit d’Herbert Armstrong et de Stanley Rader. Ils connaissaient et jouaient le jeu. Ils en créaient eux-mêmes les règles. Les autres jouaient selon leurs règles. Et en plus, les règles changeaient ― au nom de Christ !

Si le Département festivalier avait été incorporé au Département du Collège Ambassadeur, ou l’Administration pastorale, comme on le nomma plus tard, il y aurait eu une plus grande concentration de pouvoirs. On ne pouvait permettre cela. Mais la question était, et demeure : qui manipulait qui ?

Quand Ted Armstrong revint de sa retraite, Herbert Armstrong écrivit peu après aux membres en des termes on ne peut plus flamboyants et positifs qu’il déléguait le contrôle à son fils Garner Ted en qui il se complaisait ― pas de « si » ni de « mais ». Prenant comme exemple les remises en trône les plus positives de la Bible, il ajouta la puissante formule habituelle « Au nom de Jésus » pour apposer le sceau divin à sa déclaration. Mais ce que nous allions tous découvrir plus tard, c’est qu’il n’abandonna jamais le contrôle ! Stan Rader était toujours là, aux rênes des finances ! Le reste d’entre nous marchions dans l’illusion. Nous ne savions tout simplement pas ce que nous ignorions ! Ted Armstrong n’eut jamais  de contrôle sur l’argent. Oh, il lui fut permis d’en dépenser librement un certain montant. Mais il ne contrôla jamais le reste. Stan possédait ce contrôle.

Il ne pouvait y avoir de mariage entre le Département du Collège Ambassadeur et le Bureau festivalier sans l’approbation de Stan. Et cette approbation ne vint jamais. Lui et Herbert Armstrong semblaient vouloir « diviser pour mieux régner », ou équilibrer les pouvoirs !

Lorsque je parlai à Rod Meredith, en janvier 1979, je lui signifiai qu’il était temps d’amener le Bureau sous l’Administration pastorale/Département du Collège Ambassadeur. Il était parfaitement d’accord et y procéda. Mais cela ne dura qu’un court laps de temps. HWA annonça lui-même le retour à l’ancienne formule. Même à quatre-vingt-dix ans, il ne voulait pas d’une concentration de pouvoirs dans les mains du ministère. Il voulait le contrôle total. L’âge n’avait pas diminué son goût du pouvoir, ni accru sa foi en Dieu.

Donc, expliquai-je à mon ami, il s’agissait de diviser pour mieux régner. Ce n’était pas une question d’efficacité, ni de religion, ni non plus de logique, mais simplement une affaire d’argent et de pouvoir, ainsi qu’un manque de confiance en Christ et Son Saint-Esprit.




D.203 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 5

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

Chapitre 4

HYPOCRISIE RELIGIEUSE

― UN VICE PARTICULIER

 

Jésus-Christ réserva Ses critiques les plus sévères aux dirigeants de Son époque qui enseignaient une chose, mais en faisaient une autre. Les hypocrites tombèrent sous Sa cinglante condamnation. À la femme accusée d’adultère, Il dit : « Va et ne pèche plus ! » Quand ses accusateurs furent confrontés à leurs propres fautes, ils s’en allèrent honteusement.

Mais aux leaders religieux, Il demanda : « Serpents, race de vipères ! comment éviterez-vous le supplice de la géhenne ? »

Ce sont là des paroles fortes. Et provenant du Fils même de Dieu. Comment ceux qui enseignent cela en Son nom peuvent-ils le nier ? Et là où ils sont coupables, comment peuvent-ils ne pas s’humilier devant pareilles accusations ? Comment… à moins de ne plus croire en Dieu du tout ? …à moins que ces personnes aient totalement perdu la foi ?

« Car ils lient ensemble des fardeaux pesants et insupportables, et les mettent sur les épaules des hommes ; mais ils ne veulent pas les remuer de leur doigt. Et ils font toutes leurs œuvres pour être regardés des hommes ; car ils portent de larges phylactères, et de longues franges à leurs vêtements. Et ils aiment les premières places dans les festins, et les premiers sièges dans les Synagogues ; Et les salutations aux marchés ; et d’être appelés des hommes, Notre maître ! Notre maître ! » (Matthieu 23:4-7). (Et si on parlait des habituelles ovations debout, des applaudissements, de l’adulation frisant le culte, du siège réservé au plus grand dirigeant, de l’obéissance instantanée, de l’insistance à obtenir des louanges publiques régulières de ses serviteurs, etc. ?)

Ensuite : « Car quiconque s’élèvera sera abaissé ; et quiconque s’abaissera sera élevé »  (v. 12).

Ceux qui craignent Dieu devraient prendre Ses instructions au sérieux. Ces gens-là ne devraient pas permettre à leur solipsisme[1] de prendre le meilleur d’eux-mêmes. Christ avait dit, juste avant : « Mais que celui qui est le plus grand entre vous, soit votre serviteur. » Que dites-vous de celle-là ?

« Mais malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, qui fermez le Royaume des cieux aux hommes ; car vous-mêmes n’y entrez point, ni ne souffrez que ceux qui veulent y entrer, y entrent » (v. 13).

Les leaders de l’époque trouvaient plus important d’insister sur leur gouvernement, qu’ils appelaient le Gouvernement de Dieu, que de découvrir et d’accomplir la volonté réelle de leur Créateur ! Ils persistaient à dire qu’il n’y avait pas d’autres sentiers vers le Royaume que de passer par eux !

Autre chose. L’argent était d’une grande importance à leurs yeux. Continuons avec les Paroles de Jésus-Christ, le Chef des apôtres :

« Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ! car vous dévorez les maisons des veuves, même sous le prétexte de faire de longues prières, c’est pourquoi vous en recevrez une plus grande condamnation » (v. 14).

Puis : « Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ! car vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte, et après qu’il l’est devenu, vous le rendez fils de la géhenne, deux fois plus que vous » (v. 15).

Christ semble avoir eu pour opinion que de tels hypocrites ne devraient pas essayer de dire aux gens comment vivre s’ils ne peuvent eux-mêmes agir adéquatement. Il était vraisemblablement d’accord avec Paul à savoir que l’on doit commencer par se juger soi-même. Les ministres qui parcourent le monde pour dire aux gens comment vivre en paix alors qu’ils ne le savent pas eux-mêmes ne sont que des hypocrites. Christ indique qu’Il n’approuve pas l’hypocrisie ! Ses disciples non plus !

J’ai agi en tant que coordonnateur festivalier à Big Sandy lors de la Fête des Tabernacles de l’Église Universelle de Dieu, en octobre 1978. Juste avant le début de l’assemblée, je reçus une boîte du bureau de Ralph Helge (avocat de l’église). Cette boîte contenait une annonce devant être lue au moins deux fois durant la période des huit jours. Il y avait des brochures à distribuer par le kiosque d’information. On y donnait des instructions à savoir comment léguer votre maison à l’église. L’idée d’abandonner votre propriété à Herbert Armstrong était fermement encouragée. Et, bien sûr, comme on pouvait s’y attendre, de nombreuses veuves vinrent chercher leurs instructions. (Nous avons été témoins d’un cas, ici, à Tulsa, où une veuve mourante, qui avait légué toutes ses propriétés à Herbert Armstrong, pensait faire la volonté de Dieu.)

La majorité des gens croient laisser leurs propriétés à l’église pour l’avancement de l’œuvre de Dieu. Mais depuis qu’Herbert Armstrong a ordonné à tous ses adeptes de lui envoyer leur argent directement à Tucson, ce qui arrive devient assez clair.

On n’a pas à se poser de question quant à l’importance qu’on attache à l’argent dans l’Église Universelle aujourd’hui ― plus que jamais. L’argent et le pouvoir, voilà ce qui compte.

Christ continue à donner Son opinion dans Matthieu 23, au cas où cela vous intéresse ! À Ses yeux, on ne met pas l’emphase sur l’argent et, à la suite de plusieurs versets où Il démystifie l’argent, Il liste ce qui importe dans la loi : le jugement, la miséricorde et la fidélité. Ce n’est pas qu’Il ignore l’argent, mais où met-Il l’emphase ? Quels domaines pèsent le plus lourd ?

Parfois, la marge est fort mince entre ce qui est bien et ce qui est mal. Ceux qui persistent à donner prime importance à l’argent s’exposent à une grande condamnation.

« Conducteurs aveugles, vous coulez le moucheron, et vous engloutissez le chameau. Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, car vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat ; mais le dedans est plein de rapines et d’intempérance. »

Voilà la voie des hypocrites. Ils exigent des autres ce qu’ils ne veulent pas faire eux-mêmes. Ils veulent la reconnaissance, l’argent et le pouvoir. Ils ne servent pas le peuple et ne sont pas le moindrement intéressés au bien-être de ceux qui disent avoir profession d’enseigner. Ce sont des extorqueurs et, qui plus est, des extorqueurs de la pire espèce. Ils utilisent le nom de Dieu pour arracher de l’argent aux gens. Ils brisent chacun des Dix Commandements qu’ils prétendent enseigner. Jésus en dit ceci : « MAIS ILS M’HONORENT EN VAIN, enseignant des doctrines qui ne sont que des commandements d’hommes » (Matthieu 15:9).

Je ne peux que me rappeler avec tristesse qu’au début des années 1960, l’église dénonçait avec une grande autorité le vaccin contre la variole. Or, à l’époque, nous vivions dans la ville d’Alice, au sud du Texas, et nous avions deux enfants fréquentant l’école élémentaire. L’un était en troisième année et l’autre en cinquième. Ils n’avaient pas été vaccinés contre la variole.

Nous avions pu éviter cette pratique jusque là. Mais la direction de l’école et le superviseur avaient décidé de sévir. Et c’est ce qu’ils firent. Ils nous avisèrent que nos enfants devaient être vaccinés à une certaine date ou ils seraient expulsés.

Nous consultâmes le pasteur local de Corpus Christi qui, à ce moment-là, était Bill McDowell. Il nous encouragea à demeurer sur notre position et à refuser cette pratique. Il nous expliqua que le vaccin contre la variole dérivait du « pus de singe ».

Après consultation auprès de ses supérieurs, il pensait que nous devrions accepter toute punition qu’imposerait l’école sans capituler devant elle. Son supérieur était Roderick C. Meredith.

Nous passâmes au travers de toute cette période embarrassante. Ce qu’il y eut de vraiment triste, toutefois, c’est qu’un peu plus tard, je devais découvrir qu’Herbert Armstrong et d’autres dirigeants de l’église, qui voyageaient beaucoup à travers le monde, n’éprouvaient pas réellement de difficultés, eux. Les gouvernements exigeant la vaccination des voyageurs, les tentatives des dirigeants dans le but d’éviter de prendre ces doses tournèrent court et furent tout simplement abandonnées. Ils se plièrent aux pressions. Ce qu’ils avaient exigé des petits enfants et des membres en général, ils s’en détournaient. Beaucoup en conclure parmi eux que la vaccination était sans doute une bonne chose, en fin de compte.

Réalisons donc que l’on nous enseignait que, si nous ne suivions pas les instructions de l’église, nous étions en grand danger de perdre notre salut. Dieu allait nous maudire et nous échouerions notre vie présente et celle à venir. La connaissance nous était dispensée par l’église et, si nous ne tenions pas compte de cette connaissance, nous allions être condamnés éternellement.

Cela ne vous rappelle-t-il pas les lourds fardeaux posés sur les épaules des autres par ceux qui ne les portent pas eux-mêmes ?

« Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ; car vous êtes semblables aux sépulcres blanchis, qui paraissent beaux par dehors, mais qui au-dedans sont pleins d’ossements de morts, et de toute sorte d’ordure. Ainsi, vous paraissez justes par dehors aux hommes, mais au-dedans vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité » (Matthieu 23:27-28).

Lorsque je commençai à découvrir toute l’étendue de l’hypocrisie d’Herbert Armstrong, cela me causa tout un choc. Ou, devrais-je dire, quand je le réalisai pleinement, ce fut un dur coup. Parce que, tout d’abord, je fus enclin à rejeter les signes d’avertissement, ou même, pendant un certain temps, la possibilité qu’ils existassent. Mais les signaux, et leur possibilité, s’accumulèrent à tel point qu’un esprit honnête ne peut plus éviter d’en affronter la réalité.

HWA s’était dressé à plusieurs reprises lors des réunions ministérielles et avait dit aux ministres qu’il avait donné à Ted Armstrong tous les pouvoirs exécutifs de l’église, ce qu’il avait aussi écrit à toute l’église ; il affirma être content de Garner Ted, même lorsque d’autres n’en étaient pas aussi contents ; il a dit tellement de choses qu’il nia officiellement par après. J’appelle cela mentir. Et je sais que, dans les deux derniers chapitres de la Bible, Christ dit qu’aucun menteur n’entrera dans le Royaume de Dieu. Je sais que Dieu n’approuve pas le mensonge.

Puis, durant le congrès à Tucson, plus tôt cette année-là, il dit qu’il n’était préalablement pas au courant des manifestations à Pasadena. Il assura qu’elles étaient spontanées. Il affirma qu’aucun ministre n’était par avance au courant de ces choses. Les preuves ultérieures démontrant le contraire sont écrasantes.

Elles sont légion, les preuves de comptes-rendus inexacts d’HWA à propos des événements de ses premières années tels que racontés dans son autobiographie. Nombre de ces preuves proviennent de ses anciens associés dans ce qu’il appelait « l’Église de Sardes », et elles sont encore plus nombreuses en provenance des membres de sa propre famille qui sont bien placés pour en savoir long.

Le 4 juillet 1979, il me confia qu’il avait été associé aux « gens de l’Oregon » jusqu’en 1945, ce qui est fort différent de ce qu’il a écrit dans son autobiographie. On ne peut que se demander si tous les documents reproduits, dont les signatures sont indubitables, ne furent pas portés à son attention de telle sorte qu’il ne peut pas les réfuter et qu’il doit maintenant s’incliner devant l’inéluctable. En tout cas, on ne peut plus prendre sa parole au pied de la lettre.

Lors de conversations avec Stan Rader, en novembre 1978, tenues dans son bureau de Pasadena, il me dit que, parfois, mentir était convenable et devenait même un devoir supérieur. Il utilisa l’exemple du U-2 pendant l’administration Eisenhower. Stan me dit que le Président aurait dû considérer que son devoir supérieur était de mentir et de nier totalement que Gary Powers, le pilote du U-2, était Américain ou qu’il volait pour le compte du gouvernement américain. Cela aurait permis au dirigeant russe, Khrouchtchev, de sauver la face et de s’entendre avec les Américains, ce qui aurait mis fin à la guerre froide !

Rappelons-nous que Stan est maintenant ordonné ministre à un rang élevé de l’ÉUD.

Stan Rader déclare être le meilleur étudiant d’Herbert Armstrong, étudiant sur plus de vingt ans. C’est peut-être là que réside le problème. Il a été trop bon disciple !

C’est pourtant bien Christ qui a dit : « Et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » Et c’est le penseur allemand, Goethe, qui a écrit : « Personne n’est plus désespérément esclave que celui qui croit faussement être libre. »

La vérité est ce dont sont faites les bonnes décisions et ceux qui retiennent la vérité privent l’humanité de l’ingrédient des bonnes décisions, contribuant ainsi à l’esclavage des êtres humains. Christ croit en la vérité et hait le mensonge. Il ne mentit jamais Lui-même et Il hait d’une manière toute spéciale la perversité des hommes qui mentent.

Herbert Armstrong avait pris l’habitude de raconter l’histoire du petit garçon qui s’était aperçu que le père noël n’existe pas vraiment. Il fut tellement blessé de se rendre compte que ses parents lui avaient menti à propos du père noël qu’il dit : « Je vais aussi examiner cette histoire à propos de Jésus-Christ ! » Il avait peut-être un bon point !

Herbert Armstrong et Roderick C. Meredith partagèrent l’estrade lors de la réunion ministérielle de Tucson, en janvier 1979. Cette session visait à consolider le soutien donné au « gouvernement de Dieu », censé être, pour Rod, sa propre administration, et pour Herbert Armstrong, sa propre survie.

De sa voix de stentor, Herbert Armstrong donna sa parole qu’il n’avait jamais commis d’adultère. Et il assura l’assemblée que, si sa femme Loma pouvait remonter de sa tombe, elle nierait fermement, elle aussi, toutes ces accusations. Puis, il se tourna vers Rod Meredith et lui demanda s’il avait jamais commis l’adultère. Rod répondit par la négative. C’était une démonstration efficace de l’art de la mise en scène. Cette très ferme déclaration, donnée d’une voix très forte, rassurait ceux dans l’assemblée qui affichaient de fortes réserves quant au leadership de l’église.

Était-ce d’un devoir supérieur dont s’acquittait Herbert Armstrong ? Mentait-il en affirmant cela ? Depuis lors, des rapports, beaucoup de rapports, étaient parvenus des membres de la propre famille d’Herbert Armstrong démontrant que celui-ci était gravement dans l’erreur quand il se rapporta aux ministres de façon formelle et officielle ! Selon ces rapports, qui circulent maintenant librement, il a eu une relation adultère s’étendant sur une longue période et d’un genre qui entraîne traditionnellement la peine de mort dans de nombreux états américains !

L’hypocrisie est un péché grave et, quand on la pratique dans la religion, elle s’attire la plus grande des condamnations par Christ Lui-même ! Ce péché ne peut se pratiquer sans que le pécheur ne finisse dans l’étang de feu ! Il s’agit d’une doctrine religieuse fondamentale. On ne peut en atténuer l’importance !

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[1] Solipsisme : Doctrine idéaliste, affirmant que rien n’existe en dehors de la pensée individuelle et que seul existe le sujet. Conception selon laquelle le moi, avec ses sensations et ses sentiments, constitue la seule réalité existante. [Petit Larousse illustré, 1988, et dictionnaire encyclopédique Larousse, 1994.]




D.202 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 4

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

Chapitre 3

ETOUFFEMENT DE L’AFFAIRE

 

Est-il jamais acceptable pour un chrétien de mentir ? Dieu attend-Il de nous que nous dissimulions des secrets ou que nous mentions pour maintenir les choses ensemble dans l’Église ? Est-ce que Dieu a érigé Son Église sur un fondement de tromperie ? La préserve-t-Il sur ce genre de fondation ? Est-ce que mentir de temps à autre s’avère un « devoir supérieur » ? L’Église tomberait-elle en morceaux si les ministres insistaient sur la vérité, même quand ça fait mal ? Un responsable peut-il mentir par omission ? Jusqu’à quel point l’affaire est-elle sérieuse ? Un ministre peut-il juger quand il devrait mentir et quand il devrait dire la vérité ? En tant que chrétien, a-t-il le choix ?

Voilà de dures questions. Elles sont spécialement difficiles pour les ministres de l’agitée Église Universelle de Dieu qui s’est vue coincée dans une crise de conscience par la conduite de ses dirigeants lors de la dernière décennie. Cette crise de conscience remonte même à plus loin pour quelques-uns, mais, pour la plupart d’entre nous, la période ne s’étend que sur huit à dix ans.

La crise commença en 1971, quand sortirent des lettres d’HWA concernant les problèmes de Garner Ted. Ces lettres s’avérèrent trompeuses et, dans certains cas, complètement fausses. Elles furent conçues de manière à nier les problèmes que Ted avait avec les femmes. Un nombre significatif de ministres savaient qu’il avait ces problèmes et qu’ils étaient sérieux. Alors qu’HWA avait posé le couvert sur le sujet et ce, au plus haut niveau, des bribes s’échappèrent pourtant. Parfois, ces histoires nous parvenaient des femmes elles-mêmes, particulièrement quand certaines d’entre elles s’aperçurent qu’elles n’étaient pas « la seule » à avoir « dévoyé Ted par ses charmes personnels irrésistibles », comme il leur avait pourtant laissé croire. Lorsque ces femmes, dont beaucoup étaient mariées à des ministres, commencèrent à comparer leurs notes collégiales, l’histoire sordide se mit à circuler. Quand on l’entendit, la plupart n’arrivèrent pas à y croire. Voilà un homme reconnu à la radio et de plus en plus à la télévision comme un grand champion de la moralité et qui avertissait le monde des désastreuses conséquences qu’il y avait à briser les lois de Dieu. Il avait prêché le « message d’Ézéchiel » plus fort et plus longtemps que n’importe qui au pays et ce à des millions d’auditeurs. Comment cet homme eût-il pu s’engager dans des relations sexuelles avec littéralement des douzaines, sinon des centaines de femmes ?

La majorité de ceux qui entendirent ces histoires étaient d’accord avec HWA. Satan répandait ces fausses rumeurs contre Ted dans l’espoir de détruire l’église. Par après, HWA écrivit que Ted était dans les « liens de Satan », mais la formulation des paroles était écrite de telle façon qu’il sembla aux membres que le péché de Ted était de ne pas apprécier son père. Et cela était censément provoqué par un surplus de travail ; Ted avait donc besoin de se reposer au Colorado. (Une déclaration similaire a récemment été faite à propos de Rod Meredith.)

Lorsque Ted revint, après avoir été excommunié, il fut rapidement établi chef exécutif de toute l’organisation par assignation solennelle de son père, dans une lettre provenant du Mexique et adressée aux membres. (Sous l’insistance de l’épouse de Ted, HWA donna aussi à Ted un nouveau jet pour remplacer l’ancien qui avait été « contaminé » par ses activités adultérines.) Ted fut formellement nommé successeur d’HWA. C’en était trop pour les ministres dont l’épouse avait partagé le lit avec Ted durant leur époque collégiale. Le nombre des ministres « désaffectés » s’accrut.

Au lieu de sympathiser avec ces ministres et de « nettoyer l’église », HWA maintint la ligne dure. Il n’écouta pas les sages conseils. (En juillet 1979, il me demanda si, d’après moi, les nombreux ministres et les membres qui avaient quitté en 1974 l’avaient fait à cause des adultères de Ted. Je lui répondis que oui. Mais il est intéressant de noter qu’à cette époque-là, HWA le nia.)

Lorsque la tempête se leva, en janvier 1974, HWA et Stan Rader étaient à Manille. Quand HWA en entendit parler, il revint immédiatement pour réprimer la « rébellion ». Aux Pocono, en 1976, il se vanta de sa fameuse lettre trompeuse aux membres, disant qu’il était resté debout toute la nuit pour l’écrire. (Stan déclara plus tard que c’était lui qui l’avait rédigée !)

Ted commanda une réunion ministérielle à Big Sandy pour tous les ministres de la région environnante de laquelle Walter Sharp était le directeur. Dans cette réunion, il suspendit (lire expulsa) quatre hommes. Il s’agissait de Walter Sharp, Dale Haynes, Bob McKibben et Jim Morrison. Ils étaient préoccupés par les « qualifications » de Ted en tant que ministre. Dave Antion avait dressé une déclaration formelle des « qualifications d’un ministre » en se fondant sur les Écritures, à la demande d’HWA. Le document ne fut jamais utilisé, pour des raisons évidentes. HWA savait qu’il ne pouvait lui-même rencontrer ces qualifications !

S’asseoir à cette réunion, présidée par Ted lui-même et ayant duré des heures, s’avéra une véritable expérience. J’y assistai en ressentant des émotions partagées. Ted nia avoir jamais eu de relations complètes avec une femme autre que sa propre épouse. Il avoua s’être épris d’une « sotte jeune fille » et avoir perdu tout jugement. Mais il n’alla jamais « jusqu’au bout » avec elle. McKibben lui parla spécifiquement d’une fille en la nommant, mais Ted nia avoir même entendu son nom. Il le fit de manière très convaincante. (Ted a toujours voulu être un acteur et, cette journée-là, il donna toute une performance.) En fin de compte, il mentit formellement, d’une manière énorme et convaincue. Il suivait les traces de son père. Stan Rader allait me déclarer plus tard, en conversant avec moi, qu’il avait dit à Ted comment diriger exactement cette réunion, ainsi que quoi faire et quoi dire. (Je le crois.)

Peu après, les histoires commencèrent à circuler à plus grande échelle. Il ne s’agissait plus que de savoir combien. Combien de femmes et d’étudiantes du collège Ted avait-il eues ? Personne ne le savait vraiment, ni même Ted, sans doute.

Rod Meredith rapporte, en citant Ted, qu’il y en aurait eu plus de 200 ! Ce nombre est peut-être une hyperbole. D’autres listes, compilées par des ministres conseillers, contiennent de 30 à plus de 40 noms ! Ted à lui-même dit que Rod exagérait ses activités. Il souligna aussi que Rod enviait son style de vie (à Ted). (Je n’en sais rien. Rod avait ses propres problèmes.)

La question demeure : l’église tire-t-elle profit de ses mensonges officiels ? Récemment, un ministre de l’Église Universelle suggéra sérieusement que le Saint-Esprit ait pu avoir guidé la réunion de Big Sandy, ce jour-là, et que l’église a pu profiter des démentis officiels et magistraux de Ted. Cette route, choisie par son père et Stan Rader, désamorça la bombe temporairement ! Mais c’est le modus operandi, il convient de le noter ! C’est la méthode employée par Stan et HWA jusqu’à aujourd’hui !

Dans l’été de 1978, peu après qu’HWA eût expulsé son fils Ted, il dit aux coordinateurs de la région que, dès son jeune âge, tout ce que Ted avait en tête, c’était « le vin, les femmes et le chant ! » Voilà tout un aveu, considérant le dernier quart de siècle de l’histoire de l’église. Ted avait joué à la seconde tête d’affiche de l’église et avait été soutenu dans les hautes sphères ecclésiastiques par un père qui connaissait les faiblesses de son fils pour les femmes !

Rod Meredith révéla qu’il avait entendu parler pour la première fois des adultères de Ted en 1965 et qu’il l’avait dit à son père. Il raconta que le père de Ted continua à « pardonner » à son fils sa conduite volage en allant même jusqu’à le charger de gloire et de récompenses additionnelles. Ce n’est que lorsque Ted perdit la tête avec une « sotte jeune fille » qu’HWA ne fut plus en mesure de le couvrir auprès des hommes de la haute direction de l’église, dont certains sont aujourd’hui jetés dehors.

Fait intéressant, quand survint l’expulsion de Ted quelques années plus tard, elle fut exécutée pour une autre raison. Ted essayait de mettre de l’ordre dans les terribles excès budgétaires du groupe de son père. Celui-ci et Stan Rader sentirent leur position menacée et réagirent de façon désespérée. Il résulta une guerre au sein de l’église.

Retournons à la réunion de janvier 1974. Je revins à la maison, fatigué et confus. J’étais d’abord sûr que Ted était coupable, mais je pensai ensuite qu’il avait pu être accusé injustement. J’appelai mon beau-frère, Tony Hammer, qui était à ce moment-là le pasteur des églises d’Oakland et de San Francisco, pour lui demander s’il avait des preuves d’adultère concernant Ted. Il ne le dit pas spécifiquement. Il avait entendu les histoires, comme moi, mais ne pouvait pas les confirmer positivement.

Ce ne fut que des mois plus tard que j’ai su que Ted avait menti, et de manière énorme. Entre-temps, le tapage sembla se calmer, mais nous savions tous que ce calme n’était que temporaire. Avant la fin de l’année, j’entendis raconter les détails choquants (incluant beaucoup de noms) des péchés de Ted. On en parlait même dans le Penthouse, le National Inquirer, et beaucoup de journaux comme le Los Angeles Times. Plus tard, l’histoire fut reprise par l’Ambassador Review et développée par l’Ambassador Report.

Stan Rader me confia par après que Henry Cornwall avait constitué un dossier très volumineux sur Ted. Il déclara que c’était très incriminant. J’en suis sûr. Mais tant que des péchés sont suspendus au-dessus de la tête des gens, il ne peut y avoir de bon environnement spirituel dans l’église et on ne peut y mettre de l’ordre. Pour que cela puisse se produire, il faut ôter la pomme pourrie du dessus du baril. La pomme pourrie, c’est HWA lui-même. Comme on arrivait directement au Président [des Etats-Unis] en remontant la piste du cambriolage du Watergate, de même la piste de la corruption au sein de l’église mène directement au Pasteur Général ! C’est là que se situe le véritable problème !

Dans un Ambassador Report de 1977, Margaret Zola cite Albert Portune dans l’article Garner Ted Armstrong, fils de la légende, où elle décrit comment HWA chercha une justification au problème de GTA :

« Mais laissez-moi répondre à cela et vous dire ce que M. Armstrong a légiféré […] Ted est au-dessus des Écritures. Ce sont ses paroles [à HWA]. J’y étais, je l’ai vécu. Ted fut appelé de manière divine. Il [HWA] le prouve par le fait que Ted ne pouvait pas parler à deux ans et qu’il lui a été donné une voix […] que Ted a reçu ces dons et tous les autres facteurs […] par conséquent, Ted est au-dessus des Écritures. Nous ne pouvons pas juger Ted comme nous jugeons un autre ministre. Nous ne pouvons juger Ted selon Timothée et Tite. L’on ne peut juger Ted que selon son appel divin. Ensuite, il [HWA] fit confusément référence à de vagues Écritures dans Osée… » (Réunion de Kansas City, 22 septembre 1974, bande #3, côté 1.)

Malheureusement, de telles excuses n’éliminent pas les torts causés au Collège Ambassadeur par la conduite de GTA. Jusqu’aux environs de 1970, le Collège Ambassadeur possédait des règlements très stricts guidant la conduite des étudiants. Durant la période de sévérité spéciale, l’administration, sous les directives d’HWA, défendait à un couple de sortir ensemble plus d’une fois par semestre. Il était absolument interdit de se tenir par la main ou de s’embrasser, à moins que l’on soit fiancés et que le mariage ait lieu dans les jours suivants. La mise en application de ces règles eut pour conséquences que l’on suspendit parfois des étudiants, même indéfiniment. Cela tenait le doyen du bureau des étudiants fort occupé.

De nombreux supporteurs du collège appréciaient beaucoup les règles strictes de moralité et croyaient profondément que l’Ambassador était le « collège de Dieu ». Ted Armstrong faisait partie intégrante de l’administration collégiale sous son père qui, lui, était en charge de tout. À ce titre, Ted soutint le code de conduite du collège de toute sa considérable éloquence.

Cependant, quand le bruit courut que sa langue était bien le seul membre de son corps à appuyer le code, celui-ci fut condamné ! Lorsque de jeunes hommes, dans toute leur vigueur physique, qui s’étaient battus contre eux-mêmes et s’étaient astreints à agir selon l’enseignement d’Armstrong, découvrirent que leur héros numéro un, Ted Armstrong, n’hésitait pas à profiter des faveurs des étudiantes mêmes qu’on leur avait enseigné à ne pas convoiter, le manque de crédibilité, déjà croissant, atteint son point de rupture absolu. On ne pouvait que se rappeler qu’il avait une épouse à la maison. Pourquoi avait-il besoin de plus de femmes ?

L’image de Garner Ted se ternit très vite dans l’église. Humpty Dumpty s’assit sur le mur… etc. L’ancienne image ne fut jamais restaurée. Peut-être, à la rigueur, pouvait-on construire une meilleure réputation érigée sur un fondement plus solide, mais l’ancienne image s’envola.

De jeunes hommes, dont beaucoup se marièrent et s’établirent dans l’église comme pasteurs, avaient admiré une fausse image. Leur prise de conscience qu’ils avaient été « arnaqués » au cours de leurs années d’études au collège, et par GTA et par son père, laissa des cicatrices qui dureraient toujours. Les dommages infligés à l’église s’inscrirent de manière indélébile dans l’histoire.

Lorsqu’on donna comme explication officielle à d’anciens étudiants que les grands hommes, même les grands hommes de Dieu, possédaient des pulsions sexuelles remarquablement fortes, ou des « besoins » qui devaient être satisfaits, beaucoup en furent outrés. Ils se souvinrent de plusieurs choses.

1.      On leur avait enseigné l’exemple de Jésus qui n’avait jamais péché. On leur avait dit qu’HWA était comme Dieu le Père et que Ted était comme Jésus.

2.      Ted possédait déjà une très belle épouse. N’était-ce pas suffisant ?

3.      On leur avait enseigné de mépriser l’hypocrisie, comme l’avait démontré Jésus dans la Bible. Or, ils voyaient une hypocrisie énorme en action.

4.      Bon nombre remarquèrent que même un chat de gouttière a de fortes pulsions sexuelles. Il ne s’en suit pas nécessairement que les grands hommes doivent être comme des chats de gouttières. Ni que les étudiants en histoire soient d’accord avec cette déclaration. C’était une bien pauvre excuse pour un ministre.

5.      Dernière chose, mais pas la moindre, bien peu de jeunes hommes étaient prêts à croire que Ted, ou n’importe qui d’autre, possédait des pulsions sexuelles plus fortes que les leurs. Ils en étaient fort persuadés. Qui aurait pu leur donner tort ?

À l’époque, peu de gens étaient au courant de l’affaire. Ted était bien le fils de son père !




D.201 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 3

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

Chapitre 2

JUSQU’AU RETOUR DE CHRIST

Vallons du Wisconsin : 1972

 

Les Vallons du Wisconsin sont situés à environ quarante ou cinquante milles [64 à 80 kms] de Madison, sur la rivière Wisconsin. Cette région est le vieux sol natal des Indiens Winnebago qui vivaient principalement de la pêche pendant les durs et longs hivers. Il leur fallait briser la glace épaisse pour attraper leur nourriture et ils durent avoir des problèmes d’hypothermie dans ce climat sévère. Cet endroit fut choisi pas l’Église Universelle de Dieu comme site de la Fête des Tabernacles, à la fin des années 1960, à cause de sa position géographique la situant entre Chicago et Minneapolis-St.Paul. Il fut planifié et construit pour accommoder plus de douze mille personnes. En fait, il n’y en eu jamais autant qui assistèrent aux réunions tenues là, alors que la croissance de l’église commençait à décliner au moment où le site fut complété. Le besoin anticipé ne se concrétisa jamais.

L’église donna au site le nom de Vallons du Wisconsin, l’empruntant d’une ville des environs dans le Comté d’Adams ; ce fut le dernier site construit et appartenant à l’église. L’on avait planifié ériger des sites parsemés dans tout le pays, à des points stratégiques, mais on abandonna ce projet quand la croissance se mit à ralentir et lorsque fut modifiée la philosophie qu’Herbert Armstrong soutenait auparavant. (Il avait exposé l’idée d’établir des sites hors des sentiers battus, c’est-à-dire, comme il le disait, « loin du monde et de son influence. »)

Depuis lors, la politique est de louer des palais de congrès, dans les centres-villes et de loger les membres dans des hôtels ou des motels convenables des alentours. C’est ce qu’on fit à Spokane, Salt Lake City, Norfolk, etc.

Comme je l’ai dit, les Vallons du Wisconsin furent le dernier site construit et maintenu par l’église. Les coûts de construction, les montants élevés de l’entretien et les problèmes d’administration constituèrent un fardeau très lourd, si l’on considère que ces sites n’étaient, en majeure partie, utilisés que huit jours durant l’année. Ils servaient principalement aux fêtes de l’automne. Les églises locales, habituellement petites, n’employaient que le bâtiment d’administration et, donc, le reste de la propriété n’était pas utilisé. Le prix entier du site ne pouvait se justifier d’aucune façon par l’utilisation limitée de ces petites églises locales.

Raymond Cole fut nommé à la tête du développement des fêtes, au printemps de 1970, par Herbert Armstrong. À ce moment-là, Raymond parlait de construire de très nombreux sites ― un nombre phénoménal. Il procéda comme si cela devait arriver et il eut carte blanche à un degré remarquable au niveau de la gérance. Ses projections se fondaient sur un taux de croissance des membres de 30 % par année, ce que continuait de proclamer HWA.

À cette époque, un assez gros montant d’argent entrait aux opérations festivalières, montant qu’on appelait « la dîme de la dîme ». Il s’agissait d’un moyen organisé par Albert Portune, vice-président en charge des affaires financières de l’église, pour alimenter l’opération. On demandait aux membres d’envoyer à Pasadena dix pourcent de leur dîme des fêtes afin de pourvoir aux endroits servant à tenir les fêtes. Cela constituait un gros montant d’argent, mais pas suffisamment pour financer l’opération que Raymond Cole avait en tête. Il engagea un grand nombre d’artisans de l’église sous la promesse qu’ils auraient du travail « jusqu’au retour de Christ ». De nombreux membres, si non la plupart, s’attendaient à ce que cela se produise en 1975, ou trois ans et demie après que l’église se soit envolée à Petra, en Jordanie, dans la première portion de 1972. Donc, ce qu’on finançait sur une grande échelle, c’était des constructions qui, si on eut jamais à les utiliser, ne seraient employées qu’une fois ou deux. On eut à faire face à ce sérieux manque de logique en haut lieu dans l’église. Il est intéressant de voir comment chacun réagit différemment les uns des autres.

En mars 1972, on me nomma coordonnateur de la fête sur le site du Wisconsin pour l’automne suivant. À cette occasion, nous étions dans le bureau chef des Fêtes de Big Sandy, au Texas, et je ne savais pas que la construction du site était en retard dans son horaire. Raymond avait déménagé son bureau, son personnel et son équipement au Texas durant l’hiver, après beaucoup d’ergotage chez les évangélistes. On devait mettre Raymond sous contrôle ou il allait ruiner tout le monde, selon les conversations ésotériques entretenues aux échelons les plus élevés.

J’ai toujours considéré Raymond comme un ami, et ce depuis qu’il nous a baptisés, ma femme et moi, pendant l’été de 1950. Lors de la période de croissance rapide de l’église, durant les années 1960, nous l’avons revu de temps à autre et il s’est toujours rappelé de nous avec gentillesse. Puis, voilà qu’il se lançait dans de folles constructions et des problèmes en découlaient. Il semblait croire que l’église devait poursuivre son programme de construction de sites de fêtes avec foi, sans regarder en arrière. Ils étaient peu nombreux à partager son enthousiasme, mais, à cause des tourmentes que vécut l’église entre 1971 et 1974, le ministère centrait son attention sur ces derniers problèmes. Pendant cette période, Ted Armstrong entra et sortit de l’administration, et Albert Portune porta un poids très lourd sur ses épaules ― bien plus lourd que le pensaient la plupart d’entre nous à l’époque. Herbert Armstrong et son conseiller, Stan Rader, parcouraient le monde en G-II à faire on ne savait quoi, alors que de graves complications se développaient à la maison.

A. J. P., comme on appelait Al Portune, porta la responsabilité sans, toutefois, avoir le pouvoir correspondant de prendre les décisions nécessaires. Cela ne fut connu que d’un nombre restreint de ministres et de très peu de membres. Comme je l’ai mentionné plus haut, je n’en fus mis au courant que plus tard.

Les McCullough avait été nommé directeur des opérations festivalières une couple d’années auparavant et il était allé chercher Bill McDowell de son poste de surintendant de disctrict à Chicago afin qu’il vienne l’aider. L’année suivante, Bill McDowell devint lui-même le directeur.

Une des nombreuses tâches de Les McCullough, en ce début de 1972, fut de ramener Raymond Cole sous contrôle ― ce qui n’était pas une mince affaire étant donné le climat qui régnait dans l’église à l’époque. Raymond était « évangéliste » ― membre d’un petit groupe au sommet de la hiérarchie qu’on avait érigée au vu et au su des membres de l’église et à qui on octroyait un statut immense. On devait donc le manipuler avec soin, spécialement face aux problèmes se développant dans le ministère à ce moment-là. On avait le sentiment que ceux qui étaient renseignés et mécontents ne devaient pas agir avec unité. Herbert Armstrong et Stan Rader n’avaient pas à s’en faire ― Raymond était une prima donna et il était loin d’être sur le point de collaborer avec qui que ce soit.

Le temps qu’arrive le printemps au Wisconsin, il avait été décidé de retourner Raymond à Pasadena. Il fallait qu’il soit à Pasadena, là où le bureau chef pourrait le surveiller.

Mais avant qu’il parte et avant que je sache qu’il s’en allait, on m’invita à faire un tour dans le jet King Air de l’église, puisque je devais être coordonnateur de la fête à l’automne. C’est en plein vol que je sus qu’on attendait de moi que je prête mon aide à la construction. Cela ne me dérangeait pas, bien au contraire, jusqu’à ce que je découvre l’état du retard de la construction si tard dans l’année.

Le vol entre le Texas et Baraboo, au Wisconsin, le plus proche des terrains d’aviations susceptibles de recevoir le King Air, prit plus de quatre heures. Ce jet a tendance à vibrer à haute vitesse, vu ses propulseurs ultrarapides, et passer de longues heures dans sa cabine est quelque peu fatigant. Benny Sharp et Larry Goodman pilotaient ces vols et ils étaient parfaitement qualifiés. Ils nous faisaient parfois passer au travers de bien mauvais temps. Je les ai bien connus et les compte encore parmi mes amis jusqu’à aujourd’hui. Benny s’est associé à Ted Armstrong, à Tyler, au Texas.

Bill McDowell était toujours d’une merveilleuse compagnie durant les longs trajets. C’était un compagnon fort intelligent et à l’esprit vif, toujours prévenant envers ses amis et ses invités. En tout cas, quelqu’un qu’on qualifierait de courtois.

Raymond me demanda si je pouvais voir à ce que l’on pose un plancher de ciment dans le principal centre de congrès, une aire de 103 000 pieds carrés [31 692 mètres carrés]. Il n’y avait pas assez d’hommes à la tâche pour faire cette partie du travail en plus de garder le reste de la construction dans les limites de l’horaire révisé. Après un survol du site, je dis à Raymond et à Bill, qui remplaçait Raymond (ce que j’ignorais encore), que je pouvais le faire avant la fin du mois de juin. Le voyage eut lieu fin mai.

Lorsque j’entendis parler que Raymond déménageait en Californie, je passai par son bureau situé à Big Sandy et je conversai avec lui. Il me dit qu’Herbert Armstrong ne ferait rien d’autre que démontrer sa préférence pour Ted. Beaucoup de ministres voulaient être des « fils » pour Herbert Armstrong, mais celui-ci ne les laissait pas réellement faire. Raymond me dit que Ted ne travaillait jamais avec lui. La tristesse de l’époque se répandait dans toute chose. Il était très désillusionné. L’on peut se demander ce que ç’aurait été s’il n’y avait pas eu tous ces problèmes majeurs au sommet de la hiérarchie. Quand je vis ensuite Bill McDowell, je lui mentionnai qu’aller dans le bureau de Raymond, c’était comme aller dans des funérailles. Raymond me donna une liste réduite d’employés des Vallons du Wisconsin, me recommandant qui congédier et qui garder. Il le fit à ma demande. La première chose que je sus après, c’est que Raymond était parti et que Bill McDowell était en charge des opérations. Je travaillai pour Bill en plus de mes autres tâches à Big Sandy pendant les deux années suivantes. J’aimais le faire. Malheureusement, Bill se lassa aussi quand il apprit les problèmes profonds entourant le bureau-chef de Pasadena. Il ne fut pas seul à réagir ainsi.

Au début de juin, huit d’entre nous nous rendîmes au site du Wisconsin et nous coulâmes le plancher de 103 000 pieds carrés dans le centre de congrès, et ce en dix-huit jours de travail. Il plût beaucoup, ce printemps-là, et ce fut un grave handicap pendant le mois de juin de cette année. Le travail complété, nous retournâmes à Big Sandy.

Raymond Cole avait installé John Hehn comme surintendant avant de partir. Cependant, les directives provenant de Big Sandy, John n’y connaissait pas assez les leaders pour établir avec eux les rapports nécessaires ; il se sentit donc isolé. J’ai essayé de l’encourager du mieux que je pouvais pendant que j’y étais et je croyais ne plus me rendre au Wisconsin avant l’automne. Mais John décida de retourner dans le débitage de bois en Oregon. J’étais assis dans le bureau de Bill McDowell quand arriva l’appel de John. Il avait décidé de quitter. Bill se retourna vers moi et me demanda si je pouvais me rendre diriger la construction qui était en retard sur l’horaire.

Il y avait de sérieux problèmes de personnel dans l’organisation de Raymond Cole. Ces gens s’étaient fait enseigner avec autorité au lutrin que 1972 balaierait tout sur son passage dans le pays et que les fidèles seraient amenés à un endroit de sécurité en Jordanie pour y attendre le retour de Christ qui dirigerait le monde. À l’été de 1972, il était évident aux yeux  de tout le monde qu’Herbert Armstrong s’était misérablement trompé dans ses prophéties. Ceux qui avaient laissé des emplois mieux rémunérés afin de travailler pour le département du site subissaient une grande agitation mentale. Ils avaient commencé à réaliser que le programme de bâtiments de l’église avait aussi été rapidement balayé. Bien que la plupart demeuraient loyaux envers les doctrines de l’église, ils ne pouvaient que se poser des questions concernant un grand nombre de dirigeants. Il y avait probablement autour de la moitié des employés demeurés aux Vallons du Wisconsin qui émettaient les réserves les plus sévères à l’endroit du leadership de Raymond Cole, alors que l’autre moitié, le croyant presque parfait, pensaient qu’il avait été trahi à Pasadena. La ligne de démarcation était assez claire.

Les McCullough et moi-même avons pris le King Air pour nous envoler vers Baraboo, puis nous avons fait route vers le site. Les [prononcez laisse] avait demandé à John Hehn de rassembler tous les employés afin de leur parler et leur annoncer le changement de gérance. Les contre-courants étaient forts, mais Les m’accorda son support et ni lui, ni Bill ne vacillèrent jamais dans leur soutien.

Même si je pense que John a eu bien plus de soutien à Big Sandy qu’il le réalisât probablement, il sembla vraiment soulagé de sortir de cette situation et de retourner à son ancienne occupation. Je sais qu’il se sentit mieux grâce à sa décision.

J’avais pour politique de séparer autant que faire se peut les aspects de l’église d’avec la gérance de la construction. Les politiques de l’église étaient fortes et, dans cet environnement, elles entraînaient la discorde. Ma propre évaluation de la structure des employés exigeait des changements immédiats dans le personnel, ce que j’exécutai tout de suite. Ces changements fonctionnèrent et les progrès du projet furent gratifiants.

Nous fîmes venir vingt étudiants de Big Sandy qui travaillèrent presque tout l’été. Je demandai à Don Bjoraker de les amener dans un des autobus du collège et de demeurer pour nous aider pendant un mois. Don était capable, sous supervision, d’acheter des produits locaux, de faire la cuisine pour vingt-huit d’entre nous et d’exécuter d’autres travaux durant l’été. Il en coûtait 87 $ par jour, par homme, et nous avions des repas nourrissants et délicieux. Nous avions aussi amené des lits et le strict nécessaire pour nous-mêmes et les étudiants masculins. Nous établîmes nos quartiers dans le vieil atelier. Don cuisinait et avait aménagé la salle à manger dans la pièce du vieux garage. Nos quartiers étaient étroits, mais ils nous coûtaient le minimum. Pour toute la durée de l’été, j’occupai la petite chambre qui devait avoir fait partie d’un poulailler.

Tout ce qui comptait, c’était le travail. Nous nous y sommes tous mis à fond avec pour seul objectif de rencontrer la date d’échéance avant le moment de la fête ― à la fin de septembre. La coopération fut excellente. Raymond avait assemblé un groupe de bons artisans.

Parmi les choses que Les McCullough avait faites un mois plus tôt, il commença à payer du surtemps aux hommes pour la première fois. On ne payait jamais de sécurité sociale aux employés de l’église à cause de la « mentalité de 1972 ». On nous avait dit que nous ne profiterions jamais de la sécurité sociale, car le gouvernement tomberait bien avant que ces bénéfices nous soient d’une quelconque signification. Il était beaucoup mieux d’envoyer cet argent à l’église où on pouvait l’utiliser à bien meilleur escient.

Raymond, et apparemment HWA, ne croyaient pas au paiement de surtemps. Et Herbert Armstrong s’érigea toujours contre des vacances. Il fut également contre la retraite et même la sécurité sociale. Mais le salaire des artisans était si bas que beaucoup d’entre eux eurent de la difficulté à prendre soin de leur famille, et les longues heures de surtemps arrivèrent à point pour eux, cet été-là.

Je ne dois pas oublier Jack Bicket dans cette histoire, car il joua un rôle prédominent dans l’opération. Jack était allé au Collège Ambassadeur, à Pasadena, et n’en était pas ressorti ministre, comme c’était pourtant le cas de la plupart des jeunes hommes de l’époque. Je crois qu’il faut avoir vécu ce que cette expérience peut provoquer comme effet dégradant chez celui qui passe par là. Le climat de l’époque était fort différent de celui de ces dernières années. Ceux qui étaient rejetés composaient mal avec leur sentiment de douleur. Je savais que Jack ressentait vivement ce rejet. Il aimait les chiffres et était porté vers les affaires et la comptabilité. En ce temps-là dans l’église, il y en avait si peu qui entraient dans ce moule qu’on en avait grand besoin. L’offre et la demande jouaient en leur faveur. Jack était ce genre de personnes qui aiment à ne travailler que pour un seul homme qu’elles regardent ensuite comme leur héros. Il possédait de l’ambition et de l’énergie. Et il se montrait loyal envers l’homme pour qui il travaillait. Il avait donc haute opinion de Les McCullough et le servait fidèlement. (Comme il sert aujourd’hui fidèlement Stan Rader.) Quand Les eût à porter plusieurs chapeaux à la fois, Jack eut donc à ce moment-là un pouvoir considérable. Jack aimait le pouvoir et savait comment en tirer le meilleur profit. Généralement, il savait aussi reconnaître les limites de ce pouvoir. Ce dernier point est important. J’aimais bien Jack et je reconnus chez lui des qualités dont avait cruellement besoin l’organisation. Je savais également jusqu’à quel point Les McCullough s’en remettait au travail et au jugement de Jack. Je savais que je devais avoir une bonne relation de travail avec Jack afin de fonctionner de manière adéquate aux Vallons. J’avais déjà établi une telle relation, mais elle s’améliora dans la période de temps passée aux Vallons. Il semblait que Jack ne pouvait fonctionner en tant que numéro un ; il avait l’air plus confortable dans l’ombre d’un chef. Mais il était tenace et ne manquait jamais d’énergie. L’influence de Jack se fit sentir à propos des salaires équitables et du surtemps. Et à juste titre. Je m’aperçus que je pouvais compter sur Jack pour toute l’aide dont j’avais besoin à Big Sandy parce qu’il y avait des domaines où il fonctionnait et pouvait aider là où Bill McDowell ne le pouvait pas.

Gerhard Kalber, Junior Curtis, Dave Kinders et beaucoup d’autres se montrèrent d’une aide inestimable durant l’été. Ce fut un des étés les plus durs de ma vie, mais, avec le recul, des plus épanouissants. Je ne manquerai pas de mentionner un homme qui fit plus que n’importe qui, pendant le mois de juin. C’était Bob Worthen, de Big Sandy. Son énergie, sa connaissance du métier et ses encouragements furent d’une valeur énorme.

Une autre personne intéressante avec laquelle je m’associai s’appelle Hans Quast. Hans s’était adressé à une assemblée du collège de Big Sandy, au début de 1972, je crois, où il avait parlé de l’Afrikan Korp sous les ordres du maréchal Rommel, durant la Deuxième Guerre Mondiale. Quast avait servi dans l’Afrikan Korp en tant qu’officier, apparemment, après qu’on lui eût confié une mission à cause d’une diminution des rangs officiers. Il portait un respect sans bornes à son commandant de bataillon et transféra son respect au corps officier allemand, tout en projetant son mépris le plus total envers l’armée italienne de l’époque. Puis, la première chose que nous avons su, c’est qu’il apparut sur le campus en tant qu’employé de Bill McDowell, dans une description de tâche indéfinie. Nous avons appris que Quast avait travaillé pour Montgomery West, à Chicago, et, encore là, nous ne disposions pas de beaucoup d’information. Nous avons toutefois découvert qu’il était membre de l’église depuis moins d’un an. Lors de mon deuxième passage au Wisconsin, Hans y était en tant qu’officier d’hébergement, s’occupant de l’accommodation des membres durant la Fête d’automne.

Vers la fin de juin, quand le plancher de ciment fut presque complété et que la scène fut ébauchée, Jack Bicket et Hans Quast arrivèrent à Baraboo. J’allai les chercher avec la Olds 98. Ils voulurent voir le bâtiment avec son nouveau plancher. Je roulai à l’intérieur du centre des congrès, sur le ciment neuf, et je stoppai la voiture au milieu de la bâtisse. C’était le soir. Quast sortit, marcha vers la scène sur laquelle brillaient les phares de la voiture, grimpa sur la scène et se donna en spectacle. Il nous fit part que, toute sa vie, il avait attendu ce moment, et que Dieu avait fourni ce site entier pour lui tout seul ! Naturellement, je fus quelque peu décontenancé, mais je mis sa conduite sur le compte de l’émotivité et j’ignorai le tout.

Plus tard dans l’été, durant la période de temps où nous étions le plus occupés à rencontrer les délais de l’automne, Bill McDowell m’appela pour me demander d’assister à une réunion des propriétaires de restaurants de la ville en tant que représentant de l’organisation festivalière, puisque je devais être coordonnateur de la Fête. Il me dit que Quast y serait aussi pour leur parler et que je devais y être pour représenter Bill.

À la réunion, Quast se leva et leur dit qu’il allait assigner tel nombre de gens dans chaque restaurant et qu’ils auraient un nombre garanti de clients pour les huit jours ! On put voir immédiatement l’excitation briller dans les yeux des plus petits restaurateurs et ceux qui étaient plus éloignés. On pouvait aussi lire la consternation et l’incrédulité dans les visages de beaucoup d’autres. Ils se demandaient quel genre de personnes nous étions. Quast était des plus spécifiques. Il le ferait !

Je restai assis sans bouger, n’en croyant pas mes oreilles ! Je sus dès lors que Quast était une prima donna. Puis, je me levai et leur dis ce que serait ma fonction à l’automne. (Quast ne manqua pas d’obscurcir ce que serait ma fonction. Rappelez-vous qu’il n’avait jamais assisté à une fête et n’était membre que depuis moins d’un an.) Je pris le temps de leur expliquer nos doctrines diététiques et que nous croyions aux lois de l’Ancien Testament sur les viandes pures et impures. Je les invitai à poser des questions et il y en eu quelques-unes. On posa aussi des questions sur ma responsabilité qu’ils avaient peine à saisir étant donné ce que Quast leur avait préalablement dit. Je me mis alors à leur énoncer ce qui se passerait durant les huit jours de réunion. J’expliquai que M. Quast se trompait un peu quant à l’assignation des gens dans les restaurants ― qu’en réalité, les gens choisissaient eux-mêmes et que les restaurateurs auraient à se faire compétition, comme toujours. Nous ne croyions pas devoir régenter les gens plus que le strict nécessaire. Le contrôle de l’hébergement était indispensable pour le bon ordre des réunions. Mais nous ne pensions pas contrôler davantage que ce qui était absolument indispensable. Nous croyions plutôt au libre choix de toutes les manières possibles. Il y eut un regard de soulagement dans le visage de beaucoup et de la détente chez tous.

Dans la voiture, après avoir quitté la réunion, je fis de mon mieux pour apaiser Hans, mais je savais que je n’avais pas réussi. Je ne parlai pas beaucoup, mais je voyais la lueur dans ses yeux. J’avais blessé son ego et rien ne pourrait le guérir.

J’appelai Bill McDowell aussitôt que je le pus pour lui faire mon rapport. Or, Quast était son protégé, d’une façon que je n’arrivais pas à comprendre, mais Bill savais aussi que je devais agir comme je l’avais fait. Quast m’avait pris de vitesse par téléphone et McDowell avait déjà sa version, mais il savait aussi que je ne lui avais pas menti et l’incident faisait parti du passé en ce qui concernait Bill.

Quelques jours après, je reçus un message urgent de mon fils John. Il me demanda si j’avais accusé Quast d’être un nazi non converti. Je lui dis que la pensée ne m’était même pas venue, quoique, à la réflexion, ce n’aurait pas été une si mauvaise idée. Il me raconta que Qaust avait dit à Les McCullough qu’il y avait un « ministre de Big Sandy » qui l’avait accusé d’être un nazi et de ne pas être converti. Vu qu’il arrivait tout juste du Wisconsin, et que j’étais le seul à avoir été près de lui, Les crut qu’il s’agissait de moi, selon John. Je l’assurai que je n’avais pas dit une chose pareille et même plus, que je m’étais montré amical avec Hans de toutes les façons possibles. Je n’entendis plus jamais parler de la question, mais, à la lumière des événements subséquents, je réalisai que tout était possible avec Quast. Cet incident sert à illustrer comment les choses fonctionnaient parfois dans le « Gouvernement de Dieu » !

Il y avait beaucoup de pavage à faire sur le site pour accueillir toutes les voitures que nous attendions à l’automne. Quarante-cinq acres furent couverts d’asphalte provenant de la fabrique adjacente de Gasser et ce dans un très court délai. C’est un gros espace de stationnement privé. Nous terminâmes le pavage aux petites heures du matin, à la pleine lune, la nuit précédant la première réunion. Tout le reste était en place.

John Prohs était venu de Pasadena pour s’occuper du son pendant la fête et installer le système. Ce fut le premier centre de congrès que nous ayons bâti avec un sol de ciment et cela provoqua un problème d’écho à cause de la densité du plancher. Nous travaillâmes sur plusieurs solutions possibles pour en venir finalement à suspendre du tapis sur le mur du fond afin d’arrêter les ondes sonores de rebondir sur le mur pour ensuite ricocher sur le plancher de ciment. Cela aidait, sans toutefois s’avérer la solution complète désirée.

Bill McDowell voulut que nous déjeunions avec les dirigeants de la ville en dehors du site, quelques jours avant le début de la fête. Nous apportâmes de l’argenterie, et des couverts de porcelaine de Chine et de cristal que nous avions loués dans un endroit situé à Madison et nous avons préparé tout un déjeuner. Hans semblait vouloir diriger toute la fête et sa nature égocentrique en souffrit terriblement. Il était venu servir en tant qu’officier d’hébergement, tel que planifié originalement, mais Jim Kissee était également venu comme homme de réserve, juste au cas où Quast bouderait, ce qui arriva, d’ailleurs.

Plus tard, il quitta Pasadena en annonçant, lors de son départ, jusqu’à quel point son absence serait importante. Il s’effaça bientôt de la scène. En novembre 1978, je demandai à Stan Rader ce qui était advenu de Quast et il me rapporta que ce dernier n’avait jamais été qu’un amas de mauvaises nouvelles. Mais ce fut pour moi un baptême de feu pour ma première année en tant que coordinateur festivalier ― fonction qui comporte son lot de responsabilités dans toutes les phases d’une assemblée de 10 000 personnes et plus.

Étant donné que c’était la première année aux Vallons du Wisconsin et que c’était leur gérance qui l’avait rendu possible, Les McCullough et Bill McDowell y passèrent toute la fête. Et Jack Bricket oeuvra comme trésorier du site de la fête ― fonction très importante. En fait, pour cette première année, il s’agissait donc d’une opération de Big Sandy. Je m’en sortis bien.

Cette année-là, on voulait que tous les hommes ordonnés demeurent dans le même complexe hôtelier. Bill s’y était rendu à plusieurs reprises pendant l’été et l’automne et nous nous étions tourmentés à savoir quel motel choisir pour cette importante affectation. Bill aimait le Devil’s Head Lodge [Gîte de la Tête du Diable], complexe d’une station de ski plutôt somptueux. Il était situé à plus de trente-deux milles [51 Kms] du site et la distance s’avérait un obstacle. La gazoline était encore bon marché ― c’était environ un an avant l’embargo pétrolier et l’escalade des prix pétroliers ― mais le véritable problème que posait le Devil’s Head Lodge était… son nom ! Bill s’inquiétait beaucoup de ce qu’Herbert Armstrong s’indignât que ses ministres soient logés dans un gîte qui portait un tel nom. Autre chose qui inquiétait Bill, c’est la rumeur voulant que le propriétaire appartienne au crime organisé. Il croyait que ce serait un double coup dur si HWA apprenait cela. Or, il désirait tellement le gîte pour les huit jours. Il me demanda ce que j’en pensais. Nous examinâmes encore les hôtels des Vallons du Wisconsin et même au Lac Delton, de l’autre côté de la rivière. Aucun ne semblait avoir la qualité du Devil’s Head Lodge. Bill eut une réponse à son problème. Il louerait un hélicoptère ― un gros ― pour transporter HWA de l’aéroport de Baraboo au site, puis de là jusqu’au gîte. De cette façon, HWA ne verrait jamais l’écriteau prétentieux en bordure de route, et si nous le tenions occupé, il n’entendrait pas la rumeur locale à propos du syndicat du crime. Nous pourrions tous alors jouir de la très belle piscine intérieure, des bains tourbillons et des très agréables saunas ― en plus de toutes les autres commodités du motel.

Le jour de l’arrivée d’HWA, nous nous rendîmes à l’aéroport de Baraboo. Là, nous vérifiâmes auprès de l’opérateur de la licorne ― il n’y a pas de tour à cet endroit ― pour avoir un premier contact avec le capitaine Black du G-II. Ils furent bientôt au sol, roulant sur la rampe. Les McCullough, Bill McDowell et moi-même allâmes à la rencontre de l’avion pendant qu’attendait l’hélicoptère que Bill avait loué. Il fit monter HWA dans l’appareil. Je dois dire qu’il était plutôt réticent. Le pilote et nous quatre nous envolâmes vers le site ― à quelques vingt milles de là [32 km]. Herbert Armstrong fut très mal à l’aise pendant le vol. Les vibrations de l’hélicoptère lui étaient étrangères et effrayantes, et il avait hâte d’atterrir sur le site. Je m’étais arrangé pour qu’il y ait des hommes postés à garder le point d’atterrissage disposé juste à côté du centre des congrès afin que s’y pose l’appareil. Je fis également stationner la Olds 98 dans les alentours pour le transport au sol. Nous montâmes dans la voiture et je conduisis le groupe autour du site. Herbert Armstrong agit comme s’il ne me connaissait pas. Je ne sais toujours pas aujourd’hui s’il m’avait vraiment reconnu. D’un autre côté, lui et son groupe recevaient régulièrement d’avance toute l’information provenant de tous les sites. Le nom du coordonnateur était écrit en évidence sur les feuilles. Je ne l’avais pas vu depuis un an et il m’apparut pour le moins étrange. Je pense parfois qu’il ne mémorisait tout simplement pas les noms et, plutôt que d’avouer ce défaut, il choisissait d’ignorer l’affaire.

Après avoir fait le tour du site et avoir traversé le centre de congrès, qui était beau, propre et neuf, et qu’il admira, il exprima le désir de voir la maison que s’était fait construire Raymond Cole l’année précédente.

« Ted a dit que c’est un palace. Je veux voir si c’est aussi grave que ce que dit Ted. » Les McCullough, qui parle très peu dans ces circonstances, mentionna que nous allions justement en direction de la maison. Nous y entrâmes. Nous en fîmes le tour dans un silence relatif. Nous montâmes ensuite dans l’antre du second étage, là où est installée la grosse tête de chevreuil, et nous nous y sommes assis. « Eh bien, » dit-il, « ce n’est pas exactement un palace, mais, d’un autre côté, c’est bien trop gros pour ses besoins ici. Raymond a bien pris soin de lui-même. »

Il fit alors une chose curieuse. Il se retourna et me fixa d’un regard dur. Il n’y a pas d’autre façon de décrire son geste. Il me regarda pendant ce qui m’apparut un temps interminable. Juste un regard, sans dire un seul mot. Je jetai un coup d’œil pour voir quelle était la réaction des autres hommes dans la pièce et ne pus rien détecter. Ce que je ne savais pas, à ce moment-là, c’est qu’il s’agissait de la méthode tactique d’intimidation d’Herbert Armstrong. Et je ne voyais aucune raison de sa part d’agir de la sorte envers moi. Mais il l’a assurément fait.

Il commença ensuite à parler de ce que d’aucuns appelaient le « manque de crédibilité ». Préalablement, dans sa tournée, certains hommes demeurés anonymes avaient abordé le sujet avec lui et il ne savait pas de quoi ils parlaient. Nous étions à l’automne de 1972 et l’église était évidemment supposée se trouver à Petra, en Jordanie. Il y avait aussi le problème de Ted.

Bill McDowell afficha un état de choc approprié devant pareille suggestion, se demandant bien de quoi ces gens-là voulaient parler. Il n’y avait pas de manque de crédibilité dans les parages, dit-il. Herbert Armstrong sembla relaxer un peu et fit bifurquer la conversation plutôt guindée vers d’autres sujets.

En passant principalement par ma femme, j’avais fait arranger sa suite dans le gîte de la manière prescrite, avec les vins adéquats et du Dom Pérignon, du raisin et autres gâteries. Nous découvrîmes que Nancy Fraser, s’appelant habituellement Nancy Kessler, était là et qu’elle avait anciennement agi comme hôtesse dans son avion. Nous savions qu’Herbert Armstrong aimait passionnément la compagnie des jolies jeunes femmes. Nancy accepta de s’occuper de le divertir et de s’asseoir à ses côtés durant le dîner ministériel pour l’aider à se nourrir. Nous appréciâmes son aide.

Herbert Armstrong aimait jouer au cœur [jeu de cartes] à cette époque et il insistait toujours pour gagner. Je n’ai connu personne aimant autant gagner. Il aimait également voir son nom imprimé et adorait voir sa propre photo.

Bill McDowell avait un ami à Chicago qui put lui préparer une maquette avec le logo de la une du journal local. Un gros titre barrait la page d’un bout à l’autre : « BUFFALO HEARTS WINS AGAIN ! » [Le Buffle des cœurs gagne encore !]. Suivait un article en lien avec l’entête, décrivant les noms appropriés. (Il appelait ses compagnons de jeu « The Buffalo Hearts ! ») Quelques-uns parmi nous étions là quand Bill lui offrit le « journal ». On n’a jamais vu visage rayonner de la sorte ! Il adora ! Et tout le reste de sa tournée de prédication, il continua à mentionner qu’il avait fait la une aux Vallons du Wisconsin. Bien sûr, Bill flattait sa grande, sa gigantesque vanité, et nous le savions tous. Mais ça fonctionnait. C’est toujours ainsi que les gens devaient traiter HWA. Il ne fut jamais tout à fait normal et il n’était pas facile de lui trouver des vertus chrétiennes, en 1972.

Quand vint le moment de quitter pour HWA, il refusa de monter dans l’hélicoptère et choisit de se faite conduire par son chauffeur régulier, Mel Ollinger, qui le reconduisit en voiture au Devil’s Head Lodge. Nous ne l’entendîmes pas se plaindre du nom.

Le coordonnateur de la fête est l’officier responsable de ces assemblées. Il doit rencontrer les journalistes, traiter avec les hommes d’affaires de la ville, s’assurer des exigences légales des gouvernements locaux, s’ajuster avec les officiers de mise en application de la loi (à ce site-ci, l’administration du Comté d’Adams, comme ceux des Vallons du Wisconsin et de la ville voisine, Delton Lake), sélectionner des directeurs pour une douzaine de départements différents de l’organisation de la fête et demeurer à la tête de tout cela pour la durée des huit jours de réunions. Cela demande une étroite relation de travail avec beaucoup de gens. Les liens de communication doivent être en bon ordre. Tout cela ne pourrait être possible sans la coopération volontaire de centaines de bénévoles. Des centaines de gens donnèrent de leur temps pour servir et faire en sorte que tout marche rondement, ce qui arrivait habituellement. Mais rien ne va de soi. De la chorale aux équipes de stationnement, des arrangements à la sécurité au comptage et au traitement des offrandes pour chacun des jours saints annuels, de l’assignation des places aux concessions, de l’hébergement aux arrangements avec les VIPs, tout cela exige beaucoup de travail de la part de nombreuses gens.

Les moments marquants de chaque jour étaient les assemblées religieuses. Ces années-là, il y en avait deux à chaque jour ― le matin et l’après-midi. Il y en avait une aussi le vendredi soir. On avait planifié que les assemblées dureraient deux heures. Toutefois, quand un des prédicateurs intarissables parlaient, comme Dean Blackwell ou Gerald Waterhouse, les gens devaient rester assis jusqu’à trois heures de temps. Certaines personnes semblaient penser devoir prouver leur grande spiritualité par la longueur de leurs sermons. On entendit dire que Gerald Waterhouse voulait démontrer qu’il pouvait parler plus longtemps que Fidel Castro !

Lorsque le G-II décolla de Baraboo, Bill McDowell poussa un soupir de soulagement. Il nous dit que nous pouvions maintenant relaxer et jouir de notre temps. Herbert Armstrong était, et est toujours, un homme au tempérament violent. Et rien ne fait davantage exploser ce tempérament qu’un quelconque affront, même imaginé, envers sa personne. Il est fier comme ne fut jamais aucun monarque absolu, et aussi exigeant, à ses heures. Sa parole fait loi ― c’est-à-dire, si Stan n’est pas dans les parages. Je comprenais donc Bill.

Herbert Armstrong avait pris l’habitude de livrer le même sermon, avec de légères modifications, à chaque fois qu’il prenait la parole, année après année. La plupart des gens regardaient comme déloyal ― voire presque blasphématoire ― que l’on fasse allusion à cette habitude. L’on considérait plus approprié de faire remarquer jusqu’à quel point son sermon était merveilleux.

Cela me rappelle un de ces vieux rois fous qui était habillé d’une robe très légère ; si légère, en fait, qu’elle était inexistante. Mais le roi croyait qu’elle existait, et ses courtisans prétendirent qu’elle existait lorsque le roi s’assoyait sur le trône, vêtu de… rien ! Mais il pensait être revêtu de ce qu’il y avait de mieux !

En 1972, Herbert Armstrong quitta les Vallons du Wisconsin content et joyeux, rassuré de savoir qu’il n’existait pas de manque de crédibilité et que tout allait bien. Il n’eut seulement qu’une ennuyeuse petite mouche dans sa pommade : le palace de Raymond Cole, dispendieux et vide !

La partie la plus triste de mon expérience aux Vallons du Wisconsin survint le jour suivant la fête. Les quelques employés à qui l’on avait offert du travail à Big Sandy avaient déjà été avisés. Je leur avais parlé un par un avant la fête. J’avais demandé aux autres de venir à mon bureau du bâtiment d’administration qui venait d’être complété.

Jack Bicket avait préparé tous les chèques ― chèques comprenant la dernière période de salaire plus une paie de licenciement de six semaines. Ils s’assemblèrent dans le hall et entrèrent un par un. Je leur donnai leurs chèques, une bonne poignée de main et leur souhaitai bonne chance. Il s’agissait de la cessation formelle d’un emploi qui leur avait été promis « jusqu’au retour de Christ ». Jamais je ne me sentis aussi incompétent de toute ma vie. Je n’oublierai jamais. Un homme d’âge moyen qui avait possédé une petite ferme dans le nord de l’État de New York ― ayant appartenu à sa famille depuis des générations, mais qu’il avait vendue parce qu’il allait servir l’église jusqu’au retour de Christ ― s’effondra en larmes. Il avait opéré de la machinerie lourde pour l’église, mais prenait maintenant un tournant majeur et allait devoir chercher de l’emploi à un âge avancé de sa vie. Et tout ce qu’on lui donnait, c’était une poignée de main et un chèque de six semaines ! Je gardai contact avec lui afin de m’assurer qu’il ne soit pas sans ressources. Je pensais pouvoir user de mon influence pour lui garantir de l’aide si cela devenait absolument nécessaire. La dernière fois que j’entendis parler de lui, il gagnait sa vie en Arizona. Je suis sûr qu’il ne fit jamais autant que ce qu’il avait déjà gagné.

Certaines des histoires circulant durant la fin de l’été racontaient que les employés allaient crever de faim pendant l’hiver, après leur congédiement. Je rassemblai tous les employés et leurs familles et racontai ces histoires. Je leur dis que les Allemands et les Japonais avaient fait face à un dur hiver, en 1945, après leur défaite lors de la Deuxième Guerre Mondiale, et qu’ils n’avaient pas manqué de nourriture. Étions-nous moins bons qu’eux ? Je ne le pensais pas !

Ce que je leur ai dit était vrai et je leur parlai ainsi afin de leur communiquer le maximum de courage et de confiance. Et je pense que cela a réussi. Les gens ne doivent pas s’apitoyer trop longtemps sur leur sort. C’est contreproductif. Cependant, ce fait n’amoindrit en rien les dommages et les peines causées par leurs leaders. Je veux dire, les dirigeants du Japon et de l’Allemagne, lors de la Seconde Guerre Mondiale, de même que les leaders de l’Église Universelle qui ont conduit des gens crédules à subir des pertes personnelles sans le moindre soupçon d’excuses.

En tout cela, Herbert Armstrong porte la responsabilité première.