D.153 – La Prière – Partie 1

 

par James-H. Mac Conkey

– I –

L’APPEL À LA PRIÈRE

La Parole du Père est un appel à la prière. Partout, dans Sa Parole, Il appelle Ses enfants à la vie de prière. « Demandez et vous recevrez. » Et Il leur dit une parabole pour leur montrer qu’il faut toujours prier et ne se relâcher point. « Priez, de peur que vous ne tombiez dans la tentation. » « Entre dans ton cabinet et, ayant fermé la porte, prie ton Père. » « Vous donc, priez ainsi. » « Priez le Maître de la moisson. » « Priez sans cesse. » « Frères, priez pour nous. » « Je veux donc que les hommes prient. » « Quelqu’un est-il affligé, qu’il prie. »

L’exemple du Fils est un appel à la prière. La vie de Christ ici-bas a été une vie d’incessante prière. Il a prié lors de Son baptême ; avant d’envoyer Ses disciples ; au tombeau de Lazare ; pour Pierre, afin qu’il ne succombât pas ; sur la montagne de la transfiguration ; quand on voulut le faire roi. Il a prié à Son dernier souper, Il a prié en Gethsémané, Il a prié pour Ses ennemis sur la croix.

Si Christ, le seul homme sans péché qui ait jamais foulé la terre, a vécu une vie de constante communion avec Son Père par la prière, combien ne devons-nous pas en avoir besoin, nous, créatures mortelles, terrestres et charnelles ! Et non seulement Sa vie terrestre a été une vie de prière, mais maintenant encore, dans la gloire, il nous est dit qu’« Il vit éternellement pour intercéder pour nous. » Si nous, nous sommes, dans notre intercession, pris de sommeil, d’oubli ou de paresse, jamais, pendant les deux mille ans qui se sont bien écoulés depuis qu’Il est monté aux cieux, Son intercession n’a cessé un instant à l’égard de Son peuple et de Son règne. Si Jésus, le Fils de Dieu, vit dans la gloire, dans une intercession ininterrompue, nous n’avons sûrement aucun droit, vers de terre que nous sommes, d’amoindrir ou de désobéir à Son appel à vivre avec Lui la vie de prière.

Les instances du Saint-Esprit sont un appel à la prière. Un pieux mécanicien des chemins de fer partait avec son train pour sa tournée nocturne. Le trajet qu’il avait à faire était à simple voie et il devait, à peu près à mi-chemin, croiser un autre train. À mesure que sa machine s’enfonçait dans l’épaisseur des ténèbres, il pensa au train qu’il devait croiser. Immédiatement, il éprouva le besoin de prier pour sa propre sécurité et pour celle de son équipe. Quoi qu’il fît, il ne pouvait se débarrasser d’une impression de danger, ni de l’urgence de la prière pour en être délivré. « Seigneur, prends soin de nous ! Délivre-nous de tout danger, même invisible, qui pourrait nous menacer. » Telle était sa prière. Pendant tout le temps, du point de départ à la première station, il ne cessa de crier à Dieu avec ardeur et confiance. Puis, le poids de la supplication se changea en joie et il se surprit à chanter tandis que son train dévorait l’espace. Peu à peu, il approcha du point où il devait croiser l’autre train. À sa surprise, le signal d’arrêt n’était pas en vue, mais au lieu de cela, la ligne blanche indiquait la sécurité sur la voie à suivre. Continuant à toute vapeur, sans s’arrêter à la station, une demi-heure de course l’amena face à face avec le signal d’un danger imminent. Entrant dans le bureau de télégraphe, il trouva l’employé pâle de frayeur et fut salué par la question : « Pourquoi n’avez-vous pas arrêté à A… ? » (nom de la station où il devait croiser l’autre train).

— Parce qu’aucun signal ne m’y invitait, fut la réponse.

— Eh bien ! dit le télégraphe. Vraiment, vous l’avez échappé belle.

Et alors le mécanicien reconnaissant apprit que le préposé aux signaux de la station où il devait croiser l’autre train, s’étant endormi, n’avait pas donné le signal d’arrêt. Ainsi donc, notre mécanicien, depuis plus d’une demi-heure, roulait sur une voie sur laquelle il eût dû depuis longtemps rencontrer l’autre train, mais, par une intervention remarquable de la Providence, ce dernier avait été retardé assez longtemps pour éviter la collision mortelle qui, autrement, était inévitable. Le même Esprit de Dieu, qui avait prévu le danger, avait chargé Son enfant d’un fardeau de prières, en réponse auxquelles la délivrance put avoir lieu.

Ne désobéissons jamais à cette pression de l’Esprit pour la prière. C’est un appel spécial de la part de Dieu à celui qui en a conscience. Dieu voit le péril, le besoin dans la vie ou le service des Siens. Il choisit quelque autre de Ses enfants pour crier à Lui. Des conséquences incalculables peuvent dépendre de notre obéissance dans ce cas. Si triste que soit la négligence de la prière en toutes circonstances, le refus d’obéissance dans ces cas spéciaux semble être un mépris d’une grâce particulière de Dieu qui nous honore singulièrement en nous choisissant comme Ses instruments à cette heure critique. C’est pourquoi quand, au fond de ton cœur, tu entendras cet appel de l’Esprit à la prière, à tout prix retire-toi et prie Dieu jusqu’à ce que tu sois au clair. Un jour, peut-être dans l’au-delà seulement, tu comprendras la portée de ton acte pour le règne de Dieu, pour le besoin de quelque ami en détresse ou pour ta propre vie spirituelle.

Tout besoin est un appel à la prière. « Car Il délivrera le pauvre » (Ps. 72:12). C’est la prière du pauvre que Dieu entend. Pour approcher le trône d’un roi oriental, il faut des offrandes de valeur. Mais notre Roi est un Dieu de grâce. « De même que le père a pitié de ses enfants, ainsi le Seigneur a pitié de ceux qui le craignent. » Il ne demande ni or ni joyaux. Mais S’abaissant vers nous dans un amour infini, Il nous dit : « Mon enfant, quel est ton besoin, ton fardeau ? Quel est le chagrin qui obscurcit ta foi, la crainte de l’avenir qui assombrit ton chemin ? Quelle est la soif spirituelle que tu désires étancher ? De quoi désires-tu enrichir ton âme ? Tu es affamé, incapable, épuisé, désespéré ? Quel est ton besoin présent ? Car Je veux délivrer le pauvre. » Et ainsi, le besoin qui nous charge, nous accable et nous désoriente est à la fois la condition et la garantie de Ses bénédictions. Les nuages de Dieu déversent des ondées rafraîchissantes sur les champs brûlés du soleil, à cause du besoin qu’ils en ont. Le soleil de Dieu fertilise la semence, nourrit la plante et peint les fleurs parce qu’elles en ont besoin. « Il délivre le pauvre et l’affligé qui est sans aide. » Avez-vous, dans votre vie, passé par une crise où l’angoisse était si grande, le chemin si incertain, le fardeau si lourd, que vous étiez à bout de ressources ? Vous avez étudié et tiré des plans, fait des efforts et des recherches, jusqu’au moment où, déçu à chaque tournant, vous vous êtes écrié dans un complet découragement : « Il n’y a rien à faire, il faut que je renonce à lutter. » Comprenez, dans ce cas, que vous êtes précisément l’homme que Dieu cherche, celui qui est mûr pour la délivrance, exactement l’individu à qui la promesse est faite. « Car Il délivre le pauvre et l’affligé qui est sans aide. » Ne crains pas trop d’arriver à l’endroit où toute aide te fait défaut, car c’est l’endroit où, comme Jacob, tu rencontreras le Dieu qui délivre. Ne sois pas trop anxieux d’être délivré de tout besoin, à moins que tu ne désires perdre la puissance dans la prière. Accepte-les, comme Dieu les envoie ou les permet. Souviens-toi qu’à l’instant où tu tombes dans le besoin, tu arrives à la porte de la promesse : « Il délivrera le pauvre. » Nous pouvons être privés de miracle par défaut de besoin. Aussitôt donc qu’un besoin apparaît dans ta vie, commence, non à t’inquiéter, mais à bénir Dieu de ce qu’Il veut bien y suppléer. « Car Il délivre le pauvre qui crie. »

Il ne suffit pas qu’une âme soit dans le besoin. Il faut encore que l’âme crie à Dieu. Le besoin seul est le pourvoyeur du désespoir. Mais le besoin, uni au cri, est le lieu de naissance de la prière. Les détresses de l’âme sont comme les douleurs d’enfantement de la prière. « Dans ma détresse, je criai à Dieu. » Comme le chagrin nous fait pleurer et la joie sourire, ainsi Dieu désire que le besoin nous fasse crier à Lui. Il ne dit pas qu’Il délivrera le pauvre qui s’inquiète, se tourmente et se démène, il n’y a aucune promesse dans ce sens, mais bien pour le pauvre qui crie. Cries-tu à Dieu journellement ? La prière est-elle une habitude de ton âme en détresse ? Dans le besoin, ta première impulsion est-elle le mécontentement, ou est-ce le cri ? Ne cède pas à celui-là, mais à celui-ci. Car le premier est né de la chair, mais le second est engendré de Dieu. Dès l’instant où ton âme éprouve l’étreinte du besoin, recours à la prière, comme tu cours à la source quand tu as soif ou au pain quand tu as faim. L’indicateur au croisement des routes dit : « Arrête, regarde et écoute. » Ainsi l’avertissement de Dieu, quand le besoin croise le sentier de notre vie, est : « Crie ! » Quand les difficultés surgissent : « Alors, ils ont crié à l’Éternel dans leur détresse ; et Il les a délivrés de leurs angoisses » (Ps. 107:6, 13, 19, 28). Dans la détresse : « Dans ma détresse, je criai à Dieu » (Ps. 18:7). Quand tu es conscient de faiblesse, d’incapacité, de pauvreté : « Cet affligé a crié et le Seigneur l’a exaucé et l’a délivré » (Ps. 34:7).

Toute anxiété est un appel à la prière. Pourquoi le Seigneur nous met-Il en garde contre l’anxiété ? Et pourquoi Son avertissement : « Ne vous inquiétez d’aucune chose, mais en toutes choses, priez ! » ?

Parce que l’inquiétude empêche notre foi en Dieu. Car la foi regarde simplement à Jésus. Elle consiste, pour l’âme incapable, pauvre, soumise à la tentation, et sentant sa complète incapacité à se tirer d’affaire, à se tourner vers Dieu comme la seule force et son unique ancre de salut. C’est ainsi que la foi regarde à Dieu. L’anxiété, au contraire, ne voit que les difficultés. Elle détourne ses regards de Dieu et les fixe sur les circonstances. Elle nous inquiète et nous tourmente au sujet d’une quantité de choses qui nous assaillent. Et, par là, elle nous fait détourner nos regards de Dieu et nous fait perdre l’attitude de la foi. En regardant à Dieu, nous avons confiance. En regardant aux difficultés qui nous entourent, nous devenons inquiets. Andrew Murray dit que « le commencement de l’inquiétude est la fin de la foi ». À mesure que nous commençons à devenir inquiets, la foi languit. « Mes yeux regardent toujours au Seigneur, Il retirera mes pieds du filet », dit le Psalmiste. Aussi longtemps qu’il regarde à Dieu, Dieu prendra garde aux filets et aux embûches semés sur sa route. C’est le chemin de la foi. Mais aussitôt qu’il essaye lui-même de se débarrasser des filets et des embûches en détournant ses regards de Dieu, il commence à être angoissé et c’est ruineux pour la foi.

L’anxiété empêche la puissance de Dieu. Car la foi est le canal par lequel la puissance de Dieu est communiquée à Ses enfants, et en nous sortant de l’attitude de la foi, l’anxiété arrête la communication de la puissance et de la bénédiction dans nos vies. Remarquez l’arrêt de la puissance du Christ à Nazareth. Il nous est dit qu’« Il ne put faire là que peu de miracles. » Et, rendue littéralement, la phrase fait ressortir davantage encore la vérité : « Il ne fut pas capable de faire des oeuvres puissantes. » Qu’est-ce donc que le Fils de Dieu ne put pas faire et pourquoi ? Comment fut-Il, ici, dans Son village, empêché et arrêté dans Son désir de faire des oeuvres puissantes selon qu’Il le faisait habituellement ? La réponse de la Parole nous en révèle le secret. « À cause de leur incrédulité. » Il y avait quelque chose en eux qui l’en empêchait. Car il y a une condition qui doit être remplie de notre part afin que Christ puisse accomplir de puissantes œuvres pour nous, c’est que nous soyons dans l’attitude de la foi. Tout ce qui empêche cette foi, empêche l’œuvre de Christ. Si nous ne regardons pas à Lui et que nous ne nous confions pas à Lui, le canal, par lequel Sa puissance entre en nous, est obstrué, et, malgré Son désir de le faire, Il ne peut nous venir en aide. Nous nous demandons parfois pourquoi Dieu ne vient pas à notre aide dans nos embarras. Nous craignons qu’Il ne nous ait abandonnés à nous-mêmes. Nous sommes peinés de ce qu’Il semble nous voiler Sa face. Et nous ne voyons pas qu’en permettant aux soucis de ce monde de prendre possession de nous, nous mettons une barrière sur le seul sentier par lequel la puissance de Dieu passe du ciel sur la terre pour la délivrance de Ses enfants. Ce n’est pas qu’Il ne veuille pas aider, Il est même désireux de le faire. Mais Il ne le peut parce que l’anxiété a étranglé la foi par laquelle seul Dieu pouvait agir pour nous.

L’anxiété empêche la paix de Dieu. En empêchant notre foi, l’anxiété ne ferme pas seulement le chemin à la puissance de Dieu, mais aussi à Sa paix. Car la paix nous vient par la foi aussi bien que la puissance. « Tu garderas dans une paix parfaite l’âme de celui qui se repose en Toi, parce qu’elle s’est confiée en Toi. » La confiance est le pourquoi de la paix. Et quand l’anxiété attaque la confiance, elle bannit la paix. La paix est une gentille tourterelle couvant tranquillement dans le cœur de l’âme confiante. L’anxiété est un vautour féroce qui torture le cœur de sa victime, de son bec et de ses serres, jusqu’à ce que la vie la quitte. Quand le vautour de l’anxiété entre, la tourterelle de la paix prend la fuite. Du moment que l’anxiété empêche la foi de Dieu, brise sa puissance en nous et détruit notre paix, est-il étonnant que Dieu nous invite à nous jeter à genoux aussitôt que l’anxiété paraît à l’horizon ? Toute anxiété est pour nous, de la part de Dieu, un signal pour la prière. C’est le signal rouge des chemins de fer. Elle nous jette un signal d’alarme sur le chemin. Quand les besoins anxieux se glissent dans notre cœur, Dieu nous crie : « Arrête, tu vas perdre ta foi. Tu vas exclure Ma puissance de ta vie. Tu vas détruire Ma paix dans ton cœur. Prends garde ! Le danger est-il là ? Mets-toi vite en prière. Ne t’inquiète d’aucune chose, mais prie, et Ma paix gardera ton cœur de cet ennemi si redouté : les soucis. »

Toute tentation est un appel à la prière. « Veillez et priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation » (Matthieu 26:41). Combien redoutable est le triple ennemi ligué contre le chrétien dans la tentation : le monde, la chair et le diable. Le monde, ennemi qui nous enveloppe ; l’adversaire, ennemi qui nous assaille ; la chair, ennemi au dedans de nous. Les trois s’unissent pour fondre sur le croyant. Prenez le monde. Combien d’enfants de Dieu perdent pied, entraînés par le courant de la mondanité ! Courageusement, ils résistent à la tentation de péchés grossiers. Ils se gardent de blasphèmes, de profanation ou d’impureté. Ils mépriseraient les allures libres de cafés chantants ou de maison de tolérance. Mais des myriades d’entre eux tombent, victimes inconscientes de la mondanité qui s’infiltre partout et qui est l’ennemi le plus subtil de l’Église, de nos jours. Puis, pensez à la puissance de Satan. David tomba victime de sa traîtrise. Pierre fut accusé par notre Maître d’être un instrument de Satan pour Le détourner du sentier du devoir. Redoutable aussi fut l’attaque de cet adversaire sur Job pour l’entraîner loin de Dieu. De tous côtés nous voyons des multitudes subir de honteuses défaites sous les coups du prince du mal. Aucun enfant de Dieu n’est apte à tenir tête, ne fut-ce qu’un instant, à cet ennemi puissant. Ce n’est qu’en Christ que nous pouvons lui faire face. Ennemis effrayants que le monde et le Prince de ce monde ! Mais le troisième, qui est dans la forteresse même, la chair, n’est-il pas plus humiliant encore ? Les ennemis du dehors sont certes à redouter, mais la honte de la défaite est singulièrement augmentée quand elle provient d’un ennemi du dedans. À sentir le souffle enflammé du tentateur nous atteindre, à éprouver le fléchissement de l’âme sous l’ardeur de son assaut, et, par-dessus tout, à avoir conscience du désir qui, en nous, tend la main à l’ennemi du dehors, certes, il y a là de quoi nous révéler combien hideuse est la vie charnelle et nous démontrer combien l’expérience de la tentation est redoutable pour l’âme. En cette occurrence, il n’existe qu’une issue : c’est de recourir au Seigneur par la prière. Aucun autre n’a jamais vaincu ce trio ligué contre nous. Nous ne saurions subsister autrement que par Sa force, par la prière. Et remarquez bien qu’il s’agit d’y avoir recours immédiatement. N’essayez pas d’abord votre force contre celle de votre ennemi pour appeler Christ ensuite. Il en est qui raisonnent ainsi : « Aide-toi, Dieu [ou le Ciel] t’aidera. Fais d’abord tout ce que tu peux et crie au Seigneur si ça ne va pas. » Le danger d’une telle manière de faire nous est démontré dans Proverbes 30:26 : « Les lapins, peuple sans puissance, placent leur demeure dans les rochers. » Le lapin est un animal faible, timide et sans défense, aussi n’essaye-t-il pas de se défendre avant de s’enfuir quand paraît l’ennemi, aigle ou vautour. S’il le faisait, il serait déchiré en un instant. Il sait qu’il n’est pas puissant, et immédiatement fuit « dans les rochers ». Il laisse les rochers le défendre sans essayer sa propre force qui n’est que faiblesse. Nous de même, nous sommes un peuple sans force. Nous ne pouvons nous mesurer contre la triplicité du monde, de la chair et du diable à l’heure de la tentation. Si nous essayions de faire de notre mieux, une honteuse défaite serait notre sort. Notre seule voie de salut, c’est d’apprendre la leçon des lapins en fuyant vers notre rocher, c’est-à-dire, vers Jésus-Christ, par la prière et en nous confiant en Lui afin qu’Il nous garde.

Chaque vision des problèmes insolubles du monde est un appel à la prière, la prière pour le retour du Seigneur.

« Viens, Seigneur Jésus, viens » (Apocalypse 17:20). Où donc est le chrétien, homme ou femme, qui n’ait pas souffert une vraie agonie en constatant, dans ce pauvre monde souffrant, tant de problèmes insolubles ? Vous partez pour travailler parmi les perdus ; vous faites tout ce qui est en votre pouvoir pour améliorer leur triste condition ; vous leur montrez le Christ qui ôte le péché du monde ; vous leur montrez le sentier lumineux dans lequel ils peuvent marcher ; vous leur donnez vos conseils dans leur perplexité, vos consolations dans leurs chagrins, vos encouragements dans leurs défaillances, mais, après avoir fait tout ce qui est en votre pouvoir, vous vous êtes donné vous-même, votre temps, votre talent, votre tout, vous restez face à face avec des problèmes qui sont absolument au-delà de votre portée. Vous êtes devant eux avec le sentiment de votre incapacité absolue. Votre sympathie, vos larmes, votre désir intense d’aider ne servent à rien.

La souffrance la plus profonde du serviteur de Dieu lui vient de ce qu’il ne peut soulager en aucune façon et encore moins bannir de ce monde la réalité de ces maux. Voici la mort. Elle entre dans la famille et en enlève l’objet de votre plus tendre affection. Elle remplit le monde d’une souffrance indicible. Elle rompt les liens les plus tendres du cœur. Elle n’épargne pas ceux qui sont sang de notre sang et chair de notre chair. Elle est le dernier ennemi qui doit être vaincu. Devant elle, les corps des enfants de Dieu, quelles qu’aient été leur fidélité et leur consécration, quels qu’aient été l’activité et le succès de leur service, doivent descendre dans l’obscurité et la corruption du tombeau. Les plus saints d’entre eux paient ce tribu à ses ravages. Puis, voilà le péché. Quel ennemi épouvantable ! Pensez aux cœurs brisés, aux vies naufragées, aux pères et mères pleurant leurs fils prodigues, aux plaies morales que le temps ne guérit pas, aux fardeaux de soins, de douleur et de honte qui se sont accumulés depuis le jour où l’homme a enfreint la loi de Dieu et que la sentence de la mort fut prononcée contre lui par suite de la chute. Certes, nous pouvons alors montrer aux hommes le sang qui ôte la culpabilité du péché. Mais comment affronter le problème du péché en lui-même, de son existence ici-bas ?

Puis encore, voilà Satan. Ennemi subtil et redoutable. Il tourne autour de nous comme un lion rugissant, cherchant à tenter, à tromper, à dévorer. Que ses assauts sont furieux, que sa puissance est terrible ! Il poursuit les objets de sa colère et de sa haine avec cruauté et sans trêve. Là encore, qui réprimera l’oppression cruelle ? Qui chassera de dessus la terre la guerre avec toutes ses horreurs ? Qui arrêtera les ravages de la famine, de la peste, de la maladie ? Qui délivrera ce triste monde du meurtre, du suicide, de la haine et du crime ? Ne vous semble-t-il pas voir Jean, dans sa vieillesse et dans son exil, regarder à son Sauveur glorifié et s’écrier dans sa douleur : « Seigneur, je puis supporter même Ton absence dans la chair, puisque je Te verrai bientôt face à face. Je supporterai la séparation de tous mes bien-aimés, car bientôt je serai avec eux. Je supporte la solitude, la souffrance, la tristesse qui résultent de tout cela, car bientôt mon pèlerinage sera terminé, et je serai dans la gloire. Je puis supporter la colère et le mépris des hommes, car c’est là ma part des tribulations d’ici-bas que Tu as annoncées aux Tiens. Mais vois, je T’en prie, le monde en agonie, dont le gémissement vient à moi comme l’écume des vagues qui déferlent sans cesse sur cette île désolée. Ô Seigneur, que de chagrins, que de péchés, que de souffrances que nos efforts ne peuvent ôter, ni notre sympathie bannir ! Que feras-Tu pour eux tous, Seigneur, Toi qui vois notre incapacité ? » Et ne vous semble-t-il pas entendre le Seigneur répondre comme à l’oreille de Son disciple bien-aimé : « Je viens, Jean, et à Ma venue tous ces mystères trouveront leur solution. Quand Je viendrai, Moi, le Prince de la paix, la guerre cessera. Quand Je viendrai, Moi, à qui appartiennent tous les royaumes, l’oppression sera à son terme, car le gouvernement a été mis sur Mes épaules et il n’y aura point de fin à la justice et à la paix. À Ma venue, la puissance du péché sera rompue. Alors le dernier ennemi, la mort, sera mis sous Mes pieds. Quand Je viendrai, Satan sera lié et jeté dans l’abîme d’obscurité. Les ténèbres s’enfuiront ; ceux qui sont dans le chagrin seront consolés, ceux qui seront doux et humbles régneront, ceux qui ont le cœur brisé seront guéris ; la gloire de Dieu couvrira la terre comme les eaux couvrent le fond de la mer. » Et avec la vision du glorieux triomphe du Seigneur sur le mal, le péché, l’angoisse et la souffrance, des solutions complètes qu’Il apportera à tous ces problèmes redoutables, qui font la détresse de Ses enfants qui Le servent ici-bas, est-il étonnant qu’à l’ouïe de cette promesse bénie : « Voici, Je viens bientôt », Jean, dans le transport de sa joie, exprime la dernière grande prière de la Parole de Dieu : « Amen ! Oui, Seigneur Jésus, viens » ?