D.154 – La Prière – Partie 2

 

par James-H. Mac Conkey

– II –

CERTITUDE DE LA PRIÈRE

 

Quand nous entendons l’appel de Dieu et que nous entrons dans la retraite de la prière, la première grande vérité avec laquelle Il vient à notre rencontre est celle de la certitude de la prière exprimée en ces termes :

« Quiconque demande, reçoit. »

Remarquez bien, pour commencer, que Christ ne dit pas que quiconque demande, reçoit ce qu’il a demandé. Nous, nous le lisons entre les lignes, mais Christ ne le dit pas. Car ce n’est pas vrai.

Ce n’est pas vrai dans notre expérience. Bien souvent nous avons demandé des choses que nous n’avons pas reçues. Et souvent nous avons été bien embarrassés par l’opposition apparente entre ce verset et notre défaut d’obtenir tout ce que nous demandions. Et ce n’est pas vrai non plus, selon la Parole de Dieu. Le Seigneur Se garde, dans ce passage, de dire que quiconque demande reçoit la chose même qu’il demande. Il dit : « Quiconque demande, reçoit », puis Il S’arrête. Et encore : « Quiconque cherche, trouve », nouvelle pause. Pourquoi, dans Sa sagesse, S’arrête-t-Il court et ne dit-Il pas que celui qui demande reçoit la chose qu’il demande et celui qui cherche reçoit la chose qu’il cherche ? Observons, en réponse à cette question, que le Seigneur enseigne ici des débutants dans la vie de prière. Il enseigne l’ABC de la prière. Et ce qui pourrait arriver de pire à un débutant dans la vie de prière, ce serait de lui enseigner qu’il recevra tout ce qu’il demande.

Combien cela nous est clair pour l’enfant ! Un petit garçon, par exemple, demande un couteau ou un rasoir. Il sait ce qu’il veut, mais ne sait pas ce qui lui vaut le mieux ; il ne sait pas que cela signifierait pour lui mutilation et souffrance. Quand il les demande, il demande mal à propos, et son père le sachant, ne le lui donne pas. Donner à un enfant tout l’argent, les compagnons, les loisirs qu’il demande, serait le moyen le plus sûr de le conduire au naufrage de sa vie. On ne peut ruiner un enfant plus sûrement qu’en lui donnant tout ce qu’il demande. Souvent, on appelle cela de l’affection paternelle, tandis que c’est de la faiblesse paternelle, confondant l’indulgence et l’amour. L’amour véritable, pareil à celui de Dieu, ne donne pas tout ce qu’on demande, mais ce qui vaut le mieux.

Nous devrions être aussi reconnaissants envers Dieu de ce qu’Il ne nous donne pas tout selon notre volonté, que de ce qu’Il nous donne toutes choses selon Sa volonté. Cela n’est-il pas vrai au commencement de la vie de votre enfant ? N’est-ce pas vrai dans notre propre vie ? Ce que nous désirons avoir et ce que Dieu désire nous donner se rencontrent en accord parfait quand nous avons appris à vivre nos vies selon la volonté de Dieu. Car alors nous ne désirons plus que ce que Dieu veut, et Dieu peut nous donner et nous donne avec joie « toutes les choses que nous désirons ». Mais au commencement de notre vie chrétienne, nous ne sommes pas ainsi dans la volonté de Dieu. Il y a beaucoup de volonté propre et de désirs égoïstes en nous, et ce serait ruineux pour nous si Dieu nous donnait tout ce que nous demandons tandis que nous sommes encore nos propres maîtres. Voilà pourquoi notre Seigneur, dans Son premier grand enseignement sur la vie de prière, tout en affirmant que « quiconque demande, reçoit », Se garde bien de dire qu’il reçoit toujours ce qu’il demande.

Remarquez aussi que Christ ne dit rien ici concernant la prière se conformant à la volonté de Dieu. Il ne mentionne pas la grande promesse de l’évangile de Jean, que si nous demandons quelque chose conformément à la volonté de Dieu, nous le recevrons. Ou que, si nous demeurons en Lui et Lui en nous, nous pouvons demander tout ce que nous voudrons et il nous sera accordé. Tout cela est vrai. Mais ce n’est pas ce que Christ enseigne ici. Ce n’est pas la vérité utile aux débutants dans la vie de supplication. Pourquoi ? Mais parce qu’un enfant qui ne pourrait demander qu’à condition qu’il se conforme à la volonté de son père et de sa mère, serait bientôt découragé. Il arriverait à dire : « Si je ne puis recevoir de Dieu que ce que je sais être Sa volonté, je ne saurais entrer dans la vie de prière. Car souvent la volonté de Dieu est mystérieuse, et je ne puis toujours la connaître. Et alors si la prière ne m’apporte une bénédiction que quand elle est conforme à la volonté de Dieu, je crains de ne pouvoir commencer à prier que quand je serai bien plus avancé dans la vie spirituelle. » Mais alors, qu’est-ce que le Seigneur enseigne ici ? Simplement ceci :

Quiconque demande, reçoit quelque chose.

Il enseigne la certitude de la prière. Il veut que nous sachions que, non seulement celui qui demande quelque chose selon la volonté de Dieu reçoit la chose qu’il a demandée, mais que tout enfant de Dieu qui prie reçoit quelque chose en réponse à sa prière. Il enseigne que toute prière apporte une bénédiction. Au sens le plus profond, il n’y a pas de prière sans réponse. Le cabinet de prière est la place de distribution de Dieu. Il ne renvoie personne les mains vides. En dehors de la question de recevoir ce que l’on demande, il y a, dans la prière, des bénédictions générales que Dieu donne à quiconque s’approche de Lui par la prière.

C’est comme si un enfant venait dire à sa mère : « Maman, à quelque moment que j’aille vers papa, il me donne chaque fois quelque chose, mais pas toujours ce que je lui demande. Et il me dit d’aller auprès de lui toutes les fois que quelque chose me tourmente et il m’aidera toujours. » N’est-ce pas là précisément la leçon nécessaire à celui qui commence la vie de prière ? Notre Père nous appelle : « Viens, Mon enfant, dans le cabinet de la prière ; car quiconque y vient, reçoit quelque chose. Tu recevras quand bien même tu ne sais pas encore demander selon Ma volonté. Tu recevras quand même tu n’aurais pas encore appris à demeurer en Moi. Tu ne sais pas encore prier comme il faut, et cependant tu recevras quelque chose. Toutes les fois que tu viendras, Je t’attendrai pour te donner. » Quel précieux encouragement pour un enfant de Dieu qui, simple débutant dans la vie de prière, est faible, timide et ignorant ! C’est là la promesse qui, mieux que toute autre, est faite pour l’encourager à entrer dans l’école bénie de la prière à laquelle l’invite un Père aimant.

Quiconque demande, reçoit de bonnes choses.

« Combien plus votre Père qui est aux cieux donnera-t-Il de bonnes choses à ceux qui les Lui demandent ! » (Matthieu 7:11). C’est-à-dire qu’à part la demande spéciale que nous Lui faisons, Dieu a à notre service des bénédictions et des dons spéciaux, « de bonnes choses » qu’Il donne à ceux qui prient, même s’ils ne reçoivent pas la chose particulière qu’ils ont demandée. C’est comme si nous allions demander quelque chose dans un magasin. Le marchand refuse, disant qu’il n’a pas cet article, mais en même temps il nous offre les soies et les satins les plus riches, de l’or, de l’argent, des joyaux et des pierres précieuses, et nous renvoie possesseurs de choses superbes. N’avons-nous pas reçu de lui ? Quand même il ne nous a pas donné les choses que nous demandions, il nous a pourtant donné de bonnes choses, d’une valeur beaucoup plus grande que celles que nous demandions. Ainsi, que nous recevions ou non la chose demandée, ce qui sera le cas quand nous demeurerons en Lui, Dieu donne toujours de « bonnes choses ». Nous nous sommes si bien habitués à nous attendre, comme seule réponse à notre prière, à recevoir la chose même que nous demandions, que nous n’avons plus su voir l’excellence des bénédictions générales de la prière. Et maintenant, voyons un peu quelles sont ces « bonnes choses ». En premier, nous recevons de la part de Dieu, dans le lieu secret de la prière :

la lumière.

« Crie à moi… et Je te déclarerai des choses grandes et cachées ». Le cabinet de la prière est la chambre des révélations. Nulle part ailleurs nous ne recevons la lumière comme là. Car nous y entendons des voix que nous ne pouvons entendre ailleurs. Il n’y a aucun autre endroit où, comme là, nous recevons des jets de lumière, où, comme là, certains passages des Écritures sont illuminés pour notre intelligence et notre compréhension. Si vous entrez dans une chambre obscure, chaque objet vous est caché, voilé. Mais que vous touchiez le bouton de l’électricité et la lumière jaillit de toutes parts des lampes qui y étaient cachées. Ainsi quand, inquiet et perplexe, vous cherchez à comprendre la volonté de Dieu, c’est par la prière que la lumière jaillira et que le chemin s’éclairera.

Obscur était le sentier de Pierre, dont l’âme était dominée par les préjugés israélites et qui ne savait pas que Dieu voulait donner l’Évangile aux Gentils. Mais, tandis qu’il était en prière dans le haut de la maison, Dieu ouvrit les cieux et lui donna la lumière par une grande vision. C’est tandis que Paul était en prière que Dieu lui dit : « Lève-toi, vas en ville, et Je te dirai ce qu’il faut que tu fasses. » Et c’est encore tandis qu’il était en prière qu’Ananias vint vers lui et lui toucha les yeux, ce qui lui rendit la vue. C’est tandis que Corneille priait que le Seigneur lui donna les instructions qui, finalement, l’amenèrent à la lumière de l’Évangile et à la connaissance de Jésus-Christ. Quand Chrétien et Plein d’Espoir furent enfermés dans le Château du Doute, ils y restèrent pendant quatre jours dans l’obscurité et le désespoir. Tout à coup, Chrétien dit : « Prions ». Et l’histoire raconte que, tandis qu’ils priaient tard dans la nuit, Chrétien se souvint, vers le matin, qu’il avait une clef sur lui : « Mais, j’ai une clef qui nous fera sortir d’ici ! » dit-il, et, la retirant de son sein, au bout de quelques instants, ils furent en liberté. C’est quand ils prièrent que vint la lumière, mais pas avant.

En outre, par la prière, Dieu donne (2 Corinthiens 12:8-9) :

la soumission.

Il nous arrive de demander quelque chose qui n’est pas selon la volonté de Dieu. Et alors, c’est souvent au milieu de notre prière que nous sommes conduits à renoncer à notre volonté et que nous arrivons humblement à nous soumettre à la volonté infiniment bonne de Dieu. Il en fut ainsi de Paul. Il pria trois fois sans que Dieu lui accordât ce qu’il demandait, mais Dieu lui donna la soumission à Sa volonté et une grâce surabondante dans sa faiblesse. Nous ne comprenons pas le mystère de Gethsémané et osons à peine le commenter. Nous voyons pourtant qu’au commencement, il y avait un « Ta volonté » et « Ma volonté », puisque Jésus dit : « Non pas ma volonté, mais la tienne. » Mais le résultat final est : « Que ta volonté soit faite. » Quel est le mystère de la lutte de notre Seigneur ? Nous le savons, mais, tandis que le commencement était la supplication, la fin en fut la soumission. Vous et moi, nous sommes entrés en prière pour la vie en suspens d’un bien-aimé. Combien n’était-il pas dur de demander autre chose que la guérison ! Nous priions et priions encore, et, à mesure que nous restions devant Dieu, le sentiment nous saisit que telle pourrait ne pas être Sa volonté. Mais, à mesure que cette conviction s’imposait, au lieu de la révolte, Dieu nous remplit d’un esprit de soumission consciente. Et, de plein cœur, nous pouvions dire : « Que Ta volonté soit faite. » N’eussions-nous reçu aucune autre bénédiction dans la prière, que celle-ci suffirait, car il ne peut y en avoir dans toute la vie de plus précieuse que celle d’une volonté entièrement soumise à Dieu. Et elle nous est communiquée dans la prière, que nous recevions ou non la chose que nous demandons.

Une autre de ces « bonnes choses » que Dieu donne dans la prière, c’est :

la paix.

Rappelez-vous ici le passage si familier de l’épître aux Philippiens 4:6-7 : « Ne vous inquiétez d’aucune chose, mais exposez vos besoins à Dieu en toutes occasions, par des prières et des supplications, avec des actions de grâce, et la paix de Dieu gardera vos cœurs. » Dieu ne dit pas : « Ne vous inquiétez d’aucune chose, mais apportez-les Moi par la prière et la supplication, et Je ferai exactement ce que vous demandez. » Mais que dit-Il ? « La paix de Dieu gardera vos cœurs et vos esprits en Jésus-Christ. » Que nous enseigne-t-Il par là ? Ceci : c’est que le poids des soucis et des inquiétudes pèse sur nous parce que nous les portons nous-mêmes. Mais si nous nous en déchargeons sur Dieu, Il nous donnera la paix. Voici donc encore une de ces bénédictions générales de la prière, une de ces « bonnes choses » promises ; c’est que nous trouverons la paix à mesure que nous nous habituerons à nous décharger sur autrui, sur Dieu Lui-même, du poids de nos anxiétés qui nous prenaient la paix du cœur, tant que nous les portions nous-mêmes. Le cabinet de prière est le lieu de naissance de la paix. Trop souvent, nous nous représentons la paix de Dieu comme une chose élastique qui nous tombe du ciel sans l’accomplissement d’aucune condition de notre part. Et nous sommes surpris de ne pas toujours en être remplis. Mais il y a un côté humain qui consiste de notre part à tout apporter à Dieu dans la prière. L’enfant a l’habitude de recourir à sa maman pour tout, pour chaque bagatelle, et cela le tranquillise : ainsi l’enfant de Dieu trouvera la paix en venant à Lui de la même manière. Si nous désirons avoir la paix de Dieu en permanence, il nous faut aller à Lui par la prière en toutes choses. Et quelle sera alors la promesse ? La paix de Dieu « tiendra garnison » (tel est le mot grec), dans nos cœurs. N’est-ce pas magnifique ? L’armée en campagne campe une nuit ici et, le jour suivant, se trouve à bien des lieues de là. Elle campe de nouveau et repart d’étape en étape. Mais une garnison s’établit dans une forteresse et y reste continuellement. Ainsi, si nous apportons toutes choses à Dieu dans la prière, la paix de Dieu tiendra garnison dans nos cœurs ; elle y restera, elle y demeurera. L’habitude de la prière nous apporte la paix permanente.

Et, enfin, dans la prière, Dieu nous donne :

le Saint-Esprit.

« Si donc vous, qui êtes mauvais, savez bien donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père céleste donnera-t-Il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent » (Luc 11:13). Non pas que les enfants de Dieu n’aient pas reçu le Saint-Esprit lors de la régénération. Certainement, c’est le cas, car « si quelqu’un n’a pas reçu l’Esprit de Christ, il n’est pas à lui ». Mais il ne suffit pas à un enfant d’avoir reçu la vie quand il naît. Il a besoin après cela de nourriture journalière pour entretenir cette vie. De même, le fait ici que Dieu parle d’« enfants » prouve qu’Il S’adresse à ceux qui sont nés de l’Esprit. Et les mots « poisson », « pain » et « œuf », nourriture pour nos besoins journaliers, semblent montrer clairement qu’Il parle ici d’un renouvellement et d’une onction journaliers, dont a besoin chaque enfant, tout comme il a besoin journellement de nourriture nouvelle pour le corps. La vérité mise ici en lumière est : « Un baptême, plusieurs onctions. » C’est une chose que d’avoir l’Esprit en nous ; c’en est une autre que d’être journellement et continuellement « dans l’Esprit ». Et c’est là ce que produit la prière en nous. Elle apporte l’onction, l’attouchement continu de l’Esprit de Dieu dans nos vies. S’il est une chose dont nous sommes conscients, après nous être agenouillés devant Dieu, c’est de l’attouchement de Son Esprit. La prière nous replace « dans l’Esprit » mieux que tout autre moyen. Et quelle bénédiction plus grande pourrait-elle nous apporter ? Quand nous serons dans l’Esprit, nous n’aurons pas de paroles rudes et caustiques ; nous ne reprendrons personne si ce n’est avec amour ; nous ne marcherons pas selon les convoitises charnelles : dans l’Esprit, nous porterons les fruits de l’Esprit, nous porterons la flamme de l’Esprit ; remplis d’amour, de joie et de paix, nous seront conduits, guidés et consolés par l’Esprit. La prière ne saurait nous apporter de plus grande bénédiction que de nous mettre dans l’Esprit, et quand Jésus nous dit : « Combien plus votre Père céleste donnera-t-Il le Saint-Esprit à ceux qui le demandent », Il prononce cette prière comme étant le don suprême de la prière, celui qui comporte toutes « les bonnes choses » promises à quiconque demande.

Quiconque demande, reçoit cela même dont il a besoin. « Car votre Père sait ce dont vous avez besoin avant que vous le lui demandiez » (Matthieu 6:8). Non seulement quand nous demandons, Dieu nous donne quelque chose, non seulement Il donne de bonnes choses, mais Il nous donne la chose même dont nous avons besoin. « Votre Père céleste sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez. » « Mon Dieu pourvoira à vos besoins. » Dieu, par la prière, nous donne toujours exactement la chose dont nous avons besoin, que nous le demandions ou non. De quoi pourrions-nous avoir plus besoin que de cela ? La prière est le cri de l’âme vers Dieu, afin qu’Il supplée à quelque grand besoin. Notre supplication n’est que l’interprétation de ce besoin de l’âme. Mais l’âme peut se tromper quant à cette interprétation, car souvent elle est consciente d’un besoin, mais ne sait pas le traduire comme il faut en supplication. Et Dieu voit au-delà de ce que marque l’expression de nos lèvres : Il découvre le besoin secret de notre vie qui est le cri réel, bien qu’inconscient, de notre cœur. C’est ce cri-là qui est la prière véritable. Les mots de nos lèvres n’en sont souvent que la fausse interprétation. Nous ne savons pas prier comme il faut. Et ainsi, il peut y avoir des supplications qui ne reçoivent pas de réponse, mais au sens profond, il n’y a pas de prière inexaucée.

Terminons par une illustration. Il y a quelques années, le corps affaibli, nous passions nos vacances sur les rives des Grands Lacs. Par suite de notre faiblesse physique, les courses de bateau à voile étaient presque notre unique récréation. Jour après jour, nous voguions dans la baie magnifique, et, par la bénédiction de Dieu, les forces nous revenaient petit à petit. Un jour, au milieu de la baie, le vent tomba soudain, notre nacelle était absolument immobile ; pas la moindre brise en perspective : la surface du lac était aussi calme et unie qu’un miroir. Les rayons ardents du soleil d’août descendaient torrides sur notre corps affaibli, et nous savions qu’à moins d’un prompt secours, nous serions bientôt dans un sérieux embarras. Nous étions partis avec une bonne et fraîche brise ; alors, tout naturellement, nous nous mîmes à prier afin que la brise nous ramenât à la maison ; mais rien ne se produisit : la baie restait immobile et sans ride, unie comme un miroir. Peu après, cependant, nous vîmes apparaître une tache noire du côté de la rive. Elle tourna la pointe qui, du village d’où nous étions partis, avançait dans le canal, et se rapprocha insensiblement de nous. Bientôt, nous distinguâmes la forme courbée et la tête blanche du vieux pêcheur chez qui nous demeurions. Dès qu’il fut à portée de voix, nous le saluâmes : « Eh bien, grand-père, nous sommes heureux de vous voir. Qu’est-ce qui vous amène ? »

— Mais, dit-il, je savais que vous n’êtes pas fort et que jamais vous n’auriez pu ramener votre bateau à la côte par la force des rames ; j’ai donc eu l’intuition que je devais venir à votre recherche et me voici.

Il entra dans notre bateau, appuya sa robuste carrure sur les rames de frêne, et, vingt minutes après, nous étions tranquillement assis chez nous. Cela nous fut une leçon de la part du Seigneur. Nous avions prié afin que la brise se lève. Dieu n’avait pas répondu aux mots de notre supplication, mais le but réel de notre prière était la délivrance ; Dieu l’avait compris et nous avait exaucé. Soyons reconnaissants envers Dieu, qui nous donne toujours ce qui vaut le mieux. Et remercions-Le aussi de ce qu’Il nous refuse ce qui n’est pas pour notre bien. Nous ne voudrions pas posséder un autre Dieu, même si nous le pouvions. Et il n’y a aucun autre Dieu en qui nous pourrions avoir confiance, quand même nous le voudrions. Qu’Il soit béni de ce que, même quand nous nous trompons en demandant, Lui ne Se trompe jamais en donnant. Il peut ne pas donner ce que nous demandons, Il ne manque jamais de nous donner quelque chose. Et si ce qu’Il nous donne vaut mieux que ce que nous demandons et que ce soit toujours précisément ce dont nous avons besoin, que pouvons-nous désirer de plus ? Voudrions-nous qu’il en fût autrement ? Vois et saisis bien la certitude de l’exaucement, même pour un débutant à l’école de la prière, selon ces grandes promesses de Dieu :

Quiconque demande, reçoit quelque chose.

Quiconque demande, reçoit de bonnes choses.

Quiconque demande, reçoit ce dont il a besoin.

Quiconque demande, selon la volonté de Dieu, reçoit la chose qu’il a demandée.