D.035 – Mourir pour vivre avec Christ

 

« Ainsi, vous [êtes] (…) édifiés sur le fondement des apôtres et des prophètes, dont Jésus-Christ est la pierre angulaire, en ce que tout l’édifice, bien coordonné, s’élève pour être un temple saint au Seigneur. »

(Éphésiens 2:19-21)

Mourir pour vivre

avec Christ

Par Merle Ruth

© 1989, Dying to Live With Christ

Rod & Staff Publishers, Inc.

Traduction de Roch Richer

« …afin de faire honorer en toutes choses la doctrine de Dieu notre Sauveur. »

(Tite 2:10)

INTRODUCTION

« Lorsqu’une exigence de Dieu, ou d’une autre autorité juste, soulève une rébellion intérieure, c’est alors le moment de vous assurer de ne pas être rebelle, mais obéissant. Si vous ne le faites pas, vous donnez au moi-tyran un bail à long terme, au point où son emprise sera la plus forte. »

Ce paragraphe, tiré du texte de ce livre, parle du problème le plus fondamental de l’homme : le soi. Aussi longtemps que vit le soi et qu’il contrôle les affections et la volonté de l’homme, il est impossible de faire constamment le bien et mener une vie chrétienne juste.

Quand les hommes prennent la liberté de servir leur propre raison et leur propre volonté, ils découvrent rapidement que les troubles s’annoncent. Cela développe des frustrations qui, à leur tour, engendrent des désordres mentaux et émotifs.

Aussi, de la nature pécheresse que tous héritent dès la naissance, d’Adam et de leurs pères, découlent donc la haine, la discorde, l’égoïsme, l’orgueil, la folie, l’ingratitude et beaucoup de corruption morale.

Parce que les hommes ne se comprennent pas, ni les causes sous-jacentes de leurs problèmes, ils saisissent avidement des solutions comme un homme qui se noie saisit la paille flottant sur l’eau. Tous, cependant, finissent dans le désespoir et, par conséquent, bon nombre décident que la réponse est dans le suicide. Quel effrayant plongeon dans les ténèbres inconnus de l’éternité !

Mais, mon ami(e), il y a une réponse. L’auteur de ce livre nous conduit à cette réponse dans la Parole de Dieu. Laissez le Saint-Esprit de Dieu guider votre esprit dans les réalités de l’éternité, alors que vous étudierez la réponse de Dieu au besoin fondamental de l’homme. Tant que l’homme ne trouve pas cette réponse, toutes les autres solutions de la vie s’avèrent superficielles.

Que vous soyez membre d’une église, ou que vous n’eussiez pas eu besoin de Dieu jusqu’à maintenant, le message de ce livre contient une bénédiction pour vous en vous mettant aux prises avec votre véritable moi et le Dieu qui vous a fait et qui vous comprend parfaitement. Pendant que vous étudierez, demandez à Dieu d’ouvrir votre entendement envers Sa Parole et Son message de prime importance pour vous. Il le fera. Que Dieu vous bénisse dans votre étude.

Les éditeurs

* * *

« Je suis crucifié avec Christ, et si je vis, ce n’est plus moi, mais c’est Christ qui vit en moi : et si je vis encore dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé, et qui s’est donné lui-même pour moi. »

(Galates 2:20)

Chapitre 1

Mort à soi

Les femmes qui arrivèrent au tombeau de notre Seigneur, après qu’Il fut ressuscité, eurent à faire face à une question : « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? » (Luc 24:5). Il pourrait sembler au lecteur que c’est ce que tente de faire ce traité. En vérité, c’est le cas. Car, s’il parle souvent de personnes mortes, ces personnes décédées sont pourtant bien vivantes.

Afin de nous orienter brièvement, jetons un regard sur le Calvaire. Sur les trois croix, il y avait trois hommes, tous trois expérimentant un genre différent de mort. Celui de la croix du centre mourait pour le péché. L’un des deux autres mourut dans le péché. Le dernier mourut au péché.

Ce troisième homme — le larron repentant — personnifiait la catégorie à laquelle vous et moi devons appartenir. L’emphase que cet écrit met sur ce genre de mort devrait nous faire prendre conscience de la nature paradoxale de la vie chrétienne.

Lorsque quelque chose est paradoxal, cela se caractérise par d’apparentes contradictions. Cela est tellement vrai du chrétien et de la vie qu’il mène. En fait, le cœur même du christianisme — la crucifixion de notre Seigneur — sera pour toujours l’événement paradoxal suprême. Il fut à la fois la plus grande des tragédies et le plus grand des triomphes.

Maintenant, concernant le salut, les paradoxes ne résident pas seulement dans la réalité de ce qui est subvenu, mais également dans la réalité de ce qui est vécu. Prenez, par exemple, cette parole de Jésus : « Car quiconque voudra sauver sa vie la perdra, mais quiconque perdra sa vie pour l’amour de moi, celui-là la sauvera » (Luc 9:24). Cela parle de la nature paradoxale du chemin de vie chrétienne.

Lorsque quelqu’un naît vraiment de nouveau, il naît crucifié. Quelle surprenante combinaison de mots ! Comme cela semble contradictoire. Or, non seulement le chrétien naît-il crucifié, mais sa vie subséquente est une vie crucifiée. Ce fait se reflète dans le mémorable témoignage de l’apôtre Paul : « Je suis crucifié avec Christ, et si je vis, ce n’est plus moi, mais Christ vit en moi » (Galates 2:20).

Dans la nouvelle création de Dieu, la vie commence par la mort, et la vie qui s’en suit est une vie crucifiée. Pour la personne non spirituelle, une pareille terminologie résonne comme un non-sens, mais pour ceux dont les yeux se sont ouverts, c’est un concept chargé d’une signification profonde. Bien que ce soit un concept spirituel difficile et élevé, ses implications pratiques vont pourtant droit au cœur de la plupart, sinon de tous nos problèmes. Beaucoup de problèmes qui surgissent dans nos foyers et dans nos églises peuvent être retracés à partir de, ou surviennent à cause de notre échec à mener une vie crucifiée.

Ainsi donc, l’expression « la vie crucifiée » sert comme une des étiquettes par lesquelles l’on peut identifier la vie du véritable chrétien. Elle met dans un même ensemble une notion négative et une notion positive. Mais la priorité va à l’aspect de la crucifixion. Car il y a une mort qui doit précéder la nouvelle vie. Sur certains arbres, les vieilles feuilles persistent à s’accrocher tant que de nouveaux bourgeons ne les font pas partir. De la même manière, dans l’expérience chrétienne, nous mourons à nous-mêmes, au péché et au monde seulement si nous nous considérons morts au péché et vivants en Dieu. Dans la vie réelle, ces deux aspects de l’expérience chrétienne ne peuvent être séparés, mais dans le discours, nous les séparerons parfois dans le but de mettre l’accent sur l’un ou sur l’autre.

Cet écrit, sans nullement nous en excuser, s’attarde longuement sur l’aspect de la mort. Un besoin urgent nécessite cette emphase. La nature humaine désire une religion facile. Peu de gens veulent payer le prix pour faire le bien, mais tout le monde veut se sentir bien.

Le Christ prêché par beaucoup est un Christ populaire, mais leur Christ n’est pas le Christ entier. Dans la pensée anabaptiste, il y avait un Christ doux et un Christ amer, et elle mettait l’accent sur le fait que les deux devaient demeurer ensemble. Si nous voulons L’avoir comme Sauveur, nous devons également accepter qu’Il soit notre Seigneur.

Le christianisme est composé de deux croix : la croix du Sauveur et la croix du croyant. La première sans la dernière ne sera utile à rien. Certains groupes font grand cas de ce que Dieu a fait pour l’homme, mais pas assez de ce que Dieu veut faire en l’homme.

Le christianisme justement interprété n’a jamais été populaire parce qu’il est tellement dur pour le soi. Il est absolument nécessaire qu’il y ait une mort à soi parce que, à l’état naturel, le soi est si vivant. Cette entité appelée le soi possède d’autres noms par lesquels on l’identifie parfois, tels que la nature charnelle, ou le vieil homme. C’est le centre autour duquel notre vie entière tournait jadis.

Le soi est l’idole que nous adorions sans le savoir, avant notre conversion, mais le soi est aussi le plus grand ennemi de l’homme et son ennemi le plus proche. Martin Luther a dit : « Je crains davantage mon propre cœur que je ne crains le Pape et tous ses cardinaux. » L’apôtre Paul a déclaré, quant à lui : « Car je sais que le bien n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma chair » (Romains 7:18). Ce sont de saines attitudes, pourtant, des millions de gens sont aveugles à ces faits.

Dans son état naturel, l’homme adore volontiers le soi et n’éprouve aucun désir quelconque de le détrôner. Il est aveugle à sa réelle nature et n’arrive pas à percevoir les nombreuses façons par lesquelles le soi milite contre son plus grand bien-être.

Alors comment peut-on en arriver au point où l’on puisse vraiment dire que l’on est mort à soi-même ? Cela commence au moment où, d’une manière ou d’une autre, l’appel de Christ pénètre au plus profond de notre être. « Venez à moi… et je vous soulagerai » (Matthieu 11:28). « Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes » (Marc 1:17). Entendre ces appels, et d’autres semblables, provoquera normalement une crise spirituelle intérieure.

Il est sans doute approprié, ici, de soulever la question : « Jusqu’à quel point une lutte intérieure peut-elle être associée à une véritable conversion ? » Pour des raisons évidentes, elle ne sera pas la même selon l’expérience de chacun. Or, même si le conditionnement a été excellent, il y aura une période de crise et il y aura un moment de décision. Et ce, parce que l’appel de Christ nous oblige à choisir entre le soi et Christ. Et le soi et Christ sont si dissemblables que de dire « oui » à l’un exige de dire « non » à l’autre.

Or, la personne qui se voit pressée par les demandes de Christ peut entendre, du plus profond d’elle-même, tout un chœur de voix criant de protestation : « Non, cet homme ne viendra pas régner sur nous. » Ce conflit intérieur peut entraîner une longue lutte d’agonie. Sachant qu’elle n’est pas ce qu’elle doit être, la personne peut tenter d’essayer toute une variété de moyens pour améliorer sa qualité de vie. Certaines gens croient qu’ils peuvent se gagner un billet pour le ciel en étant gentils pour leur entourage et en aidant les nécessiteux. Il y a beaucoup de gens dans l’erreur qui essaient, par le seul pouvoir de la volonté et de l’autodiscipline, de se rendre acceptables aux yeux de Dieu.

Mais la personne qui tente, par ses propres moyens, de se rendre assez bonne pour aller au ciel, approche Dieu de la mauvaise façon et essaie de faire l’impossible. Dieu ne donne pas la paix intérieure aux gens qui tentent de l’impressionner avec leur bonté innée. Là où existe cette attitude, le soi est encore bien vivant et même très confortable.

Romains 7 dépeint ce genre de lutte et, dans ce chapitre, le pronom personnel « je » apparaît de manière répétitive, démontrant que le soi est encore sur le trône. Toute approche vers Dieu suivant cette façon d’agir culminera, soit en désespoir fatal, ou en cri de désespérance, comme celui qui monta au cœur de Saul de Tarse : « Misérable homme que je suis ! qui me délivrera de ce fardeau de mort (la basse nature mortelle) ? » C’est vraiment ce qu’il voulait dire. Immédiatement après ce cri de désespoir, Paul fait la lumière sur son expérience chrétienne victorieuse concernant ce dilemme apparemment sans espoir. « Je rends grâce à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur ! » (Romains 7:24-25).

Par Christ, Paul avait trouvé la délivrance. Le soi ne peut jamais chasser le soi, même dans la vie de celui qui est régénéré. Mais si nous accueillons le Christ de Dieu dans le temple où le soi a été enchâssé, alors l’idole Soi tombera comme Dagon est tombé devant l’arche.

Bien des personnes, avant de se soumettre à la crucifixion de la vie à soi, essaient vainement de l’améliorer ou de la changer — peut-être tentent-elles même de la convertir. Il y a ceux qui pensent que, pour enlever le soi du chemin, il est nécessaire de se retirer de la société. Donc, ils se coupent de toute relation humaine naturelle et se rendent dans un désert ou une montagne, ou dans une cellule d’ermite pour jeûner, pour trimer dur et lutter dans l’effort de mortifier la chair.

Quoiqu’il y ait beaucoup à dire en faveur de la discipline personnelle, cette approche n’est pas celle qu’enseigne la Bible pour mourir à soi. Le soi est, somme toute, bien trop résistant pour être tué de la sorte. Essayer de christianiser le soi est une perte de temps. Jésus a dit : « Ce qui est né de la chair est chair » (Jean 3:6). Il demeurera chair, peu importe l’effort que nous déploierons à l’épurer ou, à tout le moins, l’améliorer. Le soi est désespérément mauvais. « Parce que l’affection de la chair, » a dit Paul, « est inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu ; et en effet, elle ne le peut « (Romains 8:7). Puisque le soi ne peut être converti, il doit être crucifié. Il n’y a aucune autre manière possible de vivre la délivrance de la tyrannie du soi.

Toute manifestation d’un esprit de propre justice ou de propre justification trahit le fait que l’on permet encore au soi de s’imposer. À propos des Juifs de son époque, Paul a dit : « Car, ne connaissant point la justice de Dieu, et cherchant à établir leur propre justice, ils ne se sont point soumis à la justice de Dieu » (Romains 10:3). Mais en réalité, les Juifs ne sont pas uniques à cet égard, n’est-ce pas ? C’est un trait de caractère humain universel. Dans chaque personne existe, profondément ancré en elle, un fort sentiment d’autosuffisance, d’indépendance et de propre justice. Jacob était si confiant en lui-même que Dieu a dû finalement l’estropier afin qu’il en vienne à s’appuyer sur Lui plutôt que sur sa propre ingéniosité. Ce n’est qu’à ce moment-là que Dieu a pu entrer et remplir, dans la vie de Jacob, la place que le soi occupait depuis si longtemps.

Un jour, un jeune ministre s’adressa à un chrétien âgé, vivant dans le fond d’une forêt et qu’il considérait comme son inférieur, et lui fit cette question : « Que croyez-vous être la chose la plus difficile dans la vie d’un chrétien ? » Sans même attendre une réponse, il continua en disant : « Pour moi, je pense que c’est l’exigence de se priver du soi pécheur. »

« Non, » répliqua le vieil homme sage, « la chose la plus difficile, c’est d’abandonner le soi juste. » Il voulait évidemment parler du soi se prétendant juste.

Des deux, je crois que la réplique du vieil homme reflète la meilleure compréhension de la nature humaine et aussi de la nature du christianisme. Cette haute opinion que nous avons de nous-mêmes est si dure à abandonner. Nous ressemblons probablement davantage au roi Saül que nous le réalisons. Au lieu de détruire complètement les Amalécites comme on lui avait dit de le faire, il épargna le meilleur. Que nous voulions ou non épargner le meilleur de notre vie à soi, Dieu exigera qu’elle soit toute détruite. Le gros « moi » est contre Dieu et ne pourra jamais être harnaché aux desseins de Dieu.

Cette route par laquelle Dieu nous appelle à cheminer dans la vie chrétienne, celle-ci étant amenée sous contrôle de Christ, est qualifiée de « route de la mort » parce qu’elle met à mort très efficacement le soi en nous. Nous nous trompons nous-mêmes si nous pensons pouvoir éviter la route de la mort. Ça ne se fait pas. Dans la nouvelle économie de Dieu, la vie jaillit de la mort. Le détour que tant de gens prennent en dehors de ce sentier de la mort est appelé, bien à propos, « le détour le plus coûteux de la vie ». Et c’est vraiment le cas. Avant que quelqu’un ne puisse goûter la vie abondante, il doit d’abord vivre son propre Calvaire.

L’une des choses contribuant à la confusion qui empoisonne les religions du monde est l’existence de trop nombreuses perversions édulcorées du christianisme. Ces perversions, presque sans exception, laissent le champ libre à la vie du soi. La révoltante étendue avec laquelle l’adoration du soi parade sous la bannière du christianisme se révèle bien dans la déclaration suivante émanant de l’une des plus influentes personnalités religieuses d’aujourd’hui : « Une personne vit l’enfer lorsqu’elle perd son estime de soi. » le prétendu évangile de cet homme vise à enfler l’estime de soi des gens. Quelle perversion du christianisme !

Dans un article intitulé L’ancienne croix et la nouvelle, feu A. W. Tozer fit l’observation suivante : « Sans avoir été annoncée et en grande partie non décelée, une nouvelle croix est arrivée en cette époque moderne, dans les milieux évangéliques populaires. La nouvelle croix (…) laisse Adam vivre pour son propre plaisir ; seulement, maintenant, il prend plaisir à chanter dans des chorales et à regarder des films religieux au lieu de chanter des chansons mondaines et boire des liqueurs fortes. La nouvelle croix ne tue pas le pécheur. Elle le redirige. Elle l’embraye sur une manière de vivre plus propre et plus gaie, et sauve son respect de soi. À l’autoritaire, il dit : “Viens, et vante-toi dans le Seigneur.” À l’avide d’excitations, il dit : “Viens et savoure l’excitation de la fraternité chrétienne.” Le message chrétien prend la pente de la vogue actuelle afin de se faire accepter du public. »

La philosophie derrière cet argument peut sembler sincère, mais cette sincérité est trompeuse. Dieu offre une vie à la croix, mais ce n’est pas l’ancienne vie améliorée. La vie qu’Il offre est la vie qui surgit de la mort. Elle se trouve toujours par-delà l’expérience de la crucifixion à la croix.

Comment cette théologie se traduit-elle dans la vie ? Qu’exige-t-elle du pécheur réveillé ? Simplement ceci : il doit se repentir et croire. Il doit renoncer à ses péchés et continuer en renonçant à lui-même. Et le pécheur peut compter que Dieu verra à le rendre capable de faire ce qu’Il requiert de lui.

L’Évangile est la bonne nouvelle que Dieu a déjà, par provision, porté un coup fatal à notre ancienne vie à soi. Romains 6:6 fait cette déclaration-ci : « Sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit détruit. » Là, sur le Calvaire, Dieu a préparé le terrain pour la dévivification du soi. Il fut dit aux Colossiens, au chapitre 3, verset 3 : « Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu. » Il parle de l’idéal divin. Il en est ainsi dans le compte de Dieu. Même si je ne puis l’expliquer, je suis convaincu, par cette Écriture et bien d’autres, que quelque chose s’est fait, dans l’œuvre de Christ pour nous, qui rend possible ce qui n’aurait pu l’être autrement. Le soi, qui n’aurait pu être mis à mort autrement, peut maintenant être mis à mort. Grâce à Dieu qui œuvre en nous, et par la dynamique assurée par Dieu, nous pouvons maintenant réaliser ce que Dieu avait rendu possible de manière provisoire. À partir du point avantageux de notre position en Christ, et grâce à l’aide et à la puissance du Saint-Esprit, nous devons faire la guerre à cet ennemi qu’est le soi. Ce n’est pas quelque chose que nous pouvons accomplir par nous-mêmes, mais Dieu ne le fera pas non plus tout seul, sans notre coopération active. Sans Dieu, nous ne le pouvons pas. Sans nous, Il ne le fera pas. C’est le principe de l’œuvre de Dieu dans toutes Ses relations avec l’homme.

Deux paroles de Jésus, enregistrées par Luc, sont fort pertinentes à la question que nous avons maintenant dans notre champ de vision. « Or, il disait à tous : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive » (Luc 9:23). « Si quelqu’un vient à moi, et ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, plus encore sa propre vie, il ne peut être mon disciple » (Luc 14:26). En clair, le besoin de mourir à soi fait partie intégrante de notre réponse à l’appel de Christ de devenir disciple. Dans le passage tiré de Luc 9, Jésus représente cela comme étant la première condition, et le dernier passage indique qu’il s’agit de la plus coûteuse de toutes les conditions.

Cet appel de Christ à abandonner le soi est souvent adouci. Contrairement à l’opinion populaire, cela signifie bien davantage que refuser ceci ou cela à soi. Le soi veut bien se priver de beaucoup de choses, pourvu qu’il lui soit simplement permis de demeurer en vie. L’appel de Jésus en est un de renoncement difficile et qui dure toute la vie. La chair du soi, naturellement plainte, chouchoutée et dorlotée, doit être traitée sévèrement. Il a été justement déclaré que, lorsque Christ appelle un homme, Il lui ordonne de venir et mourir. Seul l’homme qui est mort pour Lui pourra vraiment suivre Christ.

Vous avez sans doute entendu l’adage : « Dans la vie chrétienne, la victoire ne vient pas en essayant, mais en mourant. » Correctement interprété, c’est une bonne déclaration, mais il ne doit pas être employé pour encourager une attitude irresponsable. Mettre le soi à mort fait partie de la réaction active dans l’appel à devenir disciple. Les passages de Luc cités plus haut ne nous donnent pas quelque chose à croire, mais quelque chose à faire. Ils s’adressent à la volonté.

La foi salvatrice est une foi qui œuvre, qui pousse quiconque à s’identifier à Christ en termes si réalistes que son ancien modèle de vie égoïste est radicalement bouleversé. Sa vie n’est plus jamais la même. Il est sous une nouvelle administration. Il ne vit plus pour se plaire à lui-même, mais pour plaire à Celui qui l’a choisi pour devenir soldat, et cette volonté se reflète dans chaque détail de la vie.

Mourir à soi, c’est en grande partie abandonner sa propre volonté pour celle de Dieu. Le fils prodigue mit le soi sur la croix lorsqu’il revint à lui et se dit : « Je me lèverai et j’irai vers mon père » (Luc 15:18). Quand nous disons « oui » initialement à Christ, nous devons dire « non » à soi-même. Cet acte doit être prolongé en une attitude qui dit, dans chaque situation : « Que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne » (Luc 22:42).

Alors donc, mourir à soi n’est pas quelque chose que l’on fait une fois pour toutes. À la conversion, l’on doit mourir à soi selon ce que l’on connaît de soi à ce moment-là. Mais, à mesure que l’on apprend à se connaître, l’on fait de nouvelles découvertes sur la présence prolongée d’un soi qui répugne à mourir, et chaque nouvelle découverte commande une nouvelle application de la discipline du serviteur. Il est significatif que nous soyons appelés à porter notre croix quotidiennement. La réaction de Paul à cela fut : « Je meurs chaque jour » (1 Corinthiens 15:31). Dans cette compréhension, il devait y avoir le fait qu’il était prêt à voir le Seigneur changer complètement les plans de sa journée. Il refusait de considérer ou de réagir à l’insistance du soi à avoir ses propres voies.

De certaines sources est venue l’idée que, dans chaque cœur, il y a un trône et une croix. Idéalement, à la conversion, le soi est enlevé du trône et placé sur la croix. Cette destitution exige de l’individu qu’il travaille de concert avec Dieu. Ensuite, afin de garder le soi sur la croix, l’on doit pratiquer les disciplines variées du serviteur. Nous pouvons compter que Dieu nous fournira toutes les opportunités de planter un autre clou pour garder le soi crucifié.

Les lignes suivantes reflètent cette vérité : « Dieu peut vouloir bientôt te mettre au test / Simplement pour mettre ton cœur au point. » Dieu peut faire en sorte que les autres ignorent notre contribution. Il peut permettre que les autres ridiculisent nos bons conseils. Si nous sommes suffisamment spirituels, nous verrons, dans ces expériences, de nouvelles occasions d’affermir notre mortalité aux vains appels du soi. Dans certains cas, une expérience très désagréable peut être le moyen que prendra Dieu pour nous aider à soumettre notre moi.

Prenez, par exemple, la bonne vieille obéissance. S’entendre dire quoi faire est fort détestable pour le soi. Bénie soit la personne qui peut voir chacun de ses actes d’obéissance comme une opportunité de donner un autre coup à cet usurpateur qu’est le soi.

Voici quelques lignes qui, je l’espère, seront utiles au lecteur :

« Lorsqu’une exigence de Dieu, ou d’une autre autorité juste, soulève une rébellion intérieure, c’est alors le moment de vous assurer de ne pas être rebelle, mais obéissant. Si vous ne le faites pas, vous donnerez au moi-tyran un bail à long terme, au point où son emprise sera la plus forte. »

La Bible exhorte les épouses à se soumettre à leurs maris. Heureuse la femme qui sait percevoir qu’obéir à son mari, lorsque c’est spécialement difficile, peut être un moyen de conquérir le soi pour le Seigneur.

Il est écrit, à propos de Christ : « …il s’est abaissé lui-même, en se rendant obéissant jusqu’à la mort » (Philippiens 2:8). L’on s’abaisse soi-même lorsque l’on exécute la chose que le soi ne veut pas faire. La raison pour laquelle de nombreuses gens ne remportent pas la victoire, c’est qu’ils se retirent de cette route de mort. Il leur manque le courage moral et la force spirituelle requis pour faire avec succès la guerre contre le soi. Ils ne possèdent pas les qualités héroïques qui sont nécessaires pour endurer la douleur et la souffrance qu’elle amène. La Bible dit : « Christ ayant donc souffert pour nous dans la chair, vous aussi, armez-vous de cette même pensée, que celui qui a souffert dans la chair, a cessé de pécher » (1 Pierre 4:1). Cette souffrance dans la chair, c’est l’expérience de mourir à soi.

Un jour, un saint a fait cette observation : « Il y a beaucoup de chrétiens qui se sont séparés du monde, mais qui ne se sont pas séparés d’eux-mêmes. » Bien que nous reconnaissions que ce soit l’opinion d’un homme, cela est néanmoins une pensée fort dérangeante, n’est-ce pas ? Pourrais-je donc encore m’accrocher au moi même après avoir délaissé le monde ? Est-ce possible ? La séquence utilisée par notre Seigneur, dans Luc 14:26, est sur ce point bien significative. Notre « propre vie » est nommée en dernier, comme si ce doit être la chose la plus ardue à « haïr ».

Il est possible que peu de gens réalisent pleinement combien le soi non crucifié peut souiller et gâcher notre service envers le Seigneur.

L’on a rapporté que Michel-Ange, artiste renommé, quand il travaillait la nuit, portait sur sa tête, fixé à son bonnet, une chandelle allumée afin qu’aucune ombre ne tombât sur son œuvre. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour nous garder des effets dommageables de l’ombre du soi ? Le soi a la vie dure. Il est prêt à faire toutes sortes de concessions dans le but qu’il lui soit accordé de vivre. Il permettra un grand nombre de rivaux aussi longtemps qu’on lui promettra la première place. Il consentira à vivre n’importe où, si seulement sa vie est épargnée. Mais, parce que son caractère est incorrigible, on ne doit pas l’épargner.

Y a-t-il moyen de déterminer quand je suis mort à moi-même ? Oui. Voici un test : supposons que l’on vous a fait tort ; le soi criera vengeance. Aussi longtemps que la vengeance semble douce, le soi n’est pas mort. Ou encore, aussi longtemps que vous vous gonflez dans la prospérité, ou que vous vous faites petit dans l’adversité, là également c’est une indication que le soi est encore actif.

Mais d’un autre côté, lorsque vous êtes oublié, ou négligé, ou ridiculisé à dessein, et que vous souriez intérieurement, rendant gloire dans l’insulte ou l’oubli parce que vous êtes ainsi considéré digne de souffrir pour Christ, c’est une victoire sur le soi. Lorsqu’on parle en mal du bien que vous faites, quand vos souhaits sont contrariés, vos goûts offensés, votre avis négligé, votre opinion ridiculisée, et que vous répondez à cela avec un aimable silence patient, cela également est une victoire sur le soi. Lorsque vous vous contentez de n’importe quelle nourriture, n’importe quel vêtement, n’importe quel climat, n’importe quelle société, n’importe quelle solitude, n’importe quelle interruption de la part de Dieu, c’est aussi une victoire sur le soi.

Voici un témoignage personnel sous la forme d’un poème :

RIEN DE MOI ET TOUT DE TOI

Ô peine et tristesse amères

Si un moment fut jamais venu

Où je disais orgueilleusement à Jésus

« Tout de moi, rien de Toi. »

Pourtant, Il m’a trouvé ; je L’aperçois,

Saignant sur le bois maudit ;

Et mon cœur mélancolique dit faiblement

« Un peu de moi et un peu de Toi. »

Jour après jour, Sa tendre miséricorde,

Pleine d’aide et de guérison, entière et gratuite,

M’amena plus bas, alors que je soupirais

« Moins de moi, plus de Toi. »

Plus haut que le ciel le plus élevé,

Plus profond que les bas-fonds de la mer,

Seigneur, enfin ton amour a conquis,

« Rien de moi et tout de Toi. »

* * *

« Nous qui sommes morts au péché, comment vivrions-nous encore en lui ? … Sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit détruit, et que nous ne soyons plus asservis au péché. »

(Romains 6:2, 6)

« Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu. »

(Colossiens 3:3)

Chapitre 2

Mort au péché

Mourir au péché est un autre aspect de la vie crucifiée. Romains 6 est appelé le chapitre de la nouvelle naissance aux Romains. C’est une façon de voir la conversion et la vie qui s’en suit. Lorsqu’on compare Romains 5 à Romains 6, on constate que Romains 5 est le chapitre de la justification et Romains 6, le chapitre de la sanctification. La grâce de Dieu n’est pas que justificatrice, elle est également sanctificatrice. Non seulement Dieu pardonne-t-Il au pécheur, mais Il le change aussi en saint. Dans Romains 5, Paul met l’accent sur le Christ mort pour le croyant. Dans Romains 6, il met l’accent sur le croyant mourant avec Christ.

Romains 5 démontre que, lorsqu’un chercheur pénitent croit à l’Évangile, il est alors justifié gratuitement par la grâce sans limite de Dieu. On le remarque très clairement dès le début du chapitre 5. « Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu, par notre Seigneur Jésus-Christ, qui, par la foi, nous a aussi fait avoir accès à cette grâce, dans laquelle nous demeurons fermes, et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu » (Romains 5:1-2).

Paul anticipait que cette emphase mise sur le salut, acquis par la grâce au moyen de la foi, plutôt que par une quelconque observance légaliste de quelque code moral que ce soit, serait mal interprétée par certains de ses lecteurs. Ceux-ci raisonneraient ainsi : si, là où abonde le péché, la grâce surabonde, pourquoi ne pas continuer à pécher ?

Le chapitre 6 s’ouvre sur la réaction de Paul face à la mauvaise conclusion qu’il anticipait. « Que dirons-nous donc ? Demeurerions-nous dans le péché, afin que la grâce abonde ? » Martin Luther, ou à tout le moins l’un de ses disciples, aurait répondu : « Oui, continuons dans le péché. Plus nous péchons, plus nous en appelons de la grâce de Dieu, et elle est magnifiée et glorifiée. »

Paul est poussé par Dieu à protester devant pareil raisonnement. « Nullement ! Nous qui sommes morts au péché, comment vivrions-nous encore en lui ? 3Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, nous avons été baptisés en sa mort ? 4Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous marchions, nous aussi, dans une vie nouvelle. 5Car si, lui devenant semblables dans sa mort, nous avons été faits une même plante avec lui, nous le serons aussi à sa résurrection ; 6sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit détruit, et que nous ne soyons plus asservis au péché. 7Car celui qui est mort, est affranchi du péché. 8Or, si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui, 9sachant que Christ ressuscité des morts ne meurt plus, et que la mort n’a plus de pouvoir sur lui. 10Car en mourant, il est mort une seule fois pour le péché ; mais en vivant, il vit pour Dieu. 11Vous aussi, considérez-vous comme morts au péché, mais vivants à Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur » (Romains 6:2-11).

C’est la réponse de Dieu à quiconque suppose que le salut par la grâce au moyen de la foi autorise une attitude permissive face au péché. En effet, Paul dit : « Abolissez cette pensée ! » Ensuite, il continue en sous-entendant qu’une telle conclusion reflète une ignorance certaine du plan de Dieu. « Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, nous avons été baptisés en sa mort ? » (v.3). Il signifie par là : « Si vous pensez qu’être chrétien et continuer à pécher sont deux choses compatibles, alors vous reflétez votre ignorance sur un point très fondamental du plan de Dieu. »

Alors donc, la victoire sur le péché commence par la connaissance. Il est important que nous connaissions le plan de salut. Il est vrai que notre expérience chrétienne s’accroît avec la foi, mais notre foi s’accroît avec la connaissance. S’il y a une mesure que Dieu a prise et dont nous ne savons rien, nous ne compterons pas dessus et, par conséquent, nous serons perdants.

Après qu’Abraham Lincoln eut émis la Proclamation d’Affranchissement, plusieurs esclaves demeurèrent dans leur esclavage. Certains continuèrent à se cacher parce qu’ils ne savaient pas que, légalement, ils étaient libres. Ils étaient ignorants de la connaissance même qui eut signifié leur liberté. L’esclavage au péché est, de la même façon, reliée à l’ignorance des choses de Dieu.

L’écrivain divinement inspiré de Romains 6 fut ensuite conduit à mettre en exergue une vérité en particulier que nous devons connaître afin d’arrêter de pécher. Nous devons connaître l’union du croyant avec Christ, union divinement attribuée. Il n’y a probablement aucune autre portion de la Bible qui parle d’une manière aussi incisive de cette union réellement glorieuse, quoique ardue à expliquer : l’union du croyant au Christ triomphant. Quand quelqu’un rencontre les conditions requises au salut, il est « baptisé en Jésus-Christ ». Ce mot, baptisé, signifie « être mis sous contrôle de ». Ces Israélites qui furent baptisés en Moïse, dans la Mer Rouge, furent mis sous son contrôle, sous son administration. Il y eut un transfert de propriété ; désormais, ils lui appartenaient. De la même façon, quand quelqu’un est baptisé en Jésus-Christ, il se met donc sous Son contrôle. C’est l’idéal divin.

Dans le paragraphe précédent, quel baptême est le point de mire ? L’ordonnance du baptême d’eau ou du baptême de l’Esprit ? La réponse devrait sauter aux yeux. Le simple baptême d’eau, qui est un baptême-symbole, ne peut jamais baptiser en Jésus-Christ. Le baptême dont il est question ici est le même que celui cité dans 1 Corinthiens 12:13 : « Car nous avons été baptisés en un même Esprit, pour être un seul corps. » Ce corps est le corps mystique de Christ, l’Église. Même si le baptême d’eau est un acte d’obéissance essentiel, il ne peut pas , si correctement soit-il fait, baptiser quelqu’un en Jésus-Christ. Le miracle de la jonction au Christ vivant survient à la conversion quand, sans aucune aide humaine, quelqu’un est baptisé du Saint-Esprit.

Vous noterez que le verset 3 de Romains 6 parle à la fois d’être « baptisé en Jésus-Christ » et être « baptisé dans sa mort ». Dieu a rendu possible une union aussi vitale entre le croyant et Christ pour que le croyant reçoive une nouvelle perspective et un nouveau but dans la vie. Parce que Christ est mort pour ses péchés, le croyant, lorsqu’il devient un avec Christ, se sent poussé à mourir au péché. Il vient à réaliser que Jésus est mort autant pour le garder du péché que pour lui pardonner ses péchés. L’ange a dit : « …et tu lui donneras le nom de Jésus (Sauveur) ; car c’est lui qui sauvera son peuple de leurs péchés » (Matthieu 1:21). Cela veut dire plus que la simple suppression de la culpabilité. Cela signifie la délivrance de la pratique du péché. Cette délivrance est possible par l’union avec Christ. Du côté de Dieu, cette union se réalise pour le croyant qui se fait baptiser en l’Esprit-Saint. Dieu agit ainsi en réaction à la foi du pénitent. Par ce miracle, le croyant est uni à Christ de manière spirituelle.

De cette expérience doit ressortir une relation personnelle avec le Seigneur Jésus-Christ. Si cette relation personnelle se rapproche un tant soit peu de l’idéal divin, elle deviendra si dynamique que celui qui croit ressentira l’impulsion intérieure de stopper le péché dans sa vie. Toute foi qui échoue à agir ainsi n’est pas une foi salvatrice.

Le point qu’amène Romains 6 est que, pour être sauvé, cela nécessite d’être saint, et qu’il en résulte donc que, par une identification aussi intime avec le Sauveur, le croyant meurt aux choses pour lesquelles Christ est mort aussi.

Si vous me demandez : « Quelle est la marque distinctive suprême de la religion chrétienne ? qu’est-ce qui fait que le christianisme ressort tant des autres religions ? » ma réponse sera probablement : « L’action de Dieu de joindre chaque nouveau chrétien au Seigneur Jésus. » Ensuite, lorsque le nouveau croyant se repose sur cette réalité divinement révélée, il développe une relation personnelle avec le Seigneur Jésus. Il commence à s’approprier la puissance du Saint-Esprit nouvellement reçue. Voilà comment l’on meurt au péché.

Notez l’expression du verset 8 : « Or, si nous sommes morts avec Christ… » c’est ainsi que nous mourons au péché. Tout comme Christ qui est mort et ressuscité, qui est différent pour toujours, ainsi nous devons aussi nous identifier à Lui pour mourir à notre ancienne vie et devenir différents pour toujours. Donc, la mort et la résurrection de Jésus-Christ servent à fournir à la fois le salut et le modèle de la sanctification. La sainteté ne devient possible que si l’on meurt avec Christ et ensuite que l’on mène une vie crucifiée.

Normalement, la seule manière de sortir d’un monde quelconque, c’est par le moyen de la mort. La seule manière de sortir du monde du péché, c’est de mourir avec Christ, parce que ce n’est qu’ainsi que nous mourons à tout ce pour quoi Il est mort. Le verset 7 parle de ce point-là : « Car celui qui est mort, est affranchi du péché. » Nous nous libérons du péché en mourant avec Christ.

Donc, la vie crucifiée est une vie, non seulement morte à soi, comme il a été expliqué au chapitre précédent, mais également morte au péché. Et le soi et le péché sont ennemis de la sainteté. Entre les deux existe une relation très étroite. Cependant, ils peuvent être traités séparément, à tout le moins au niveau du discours.

Le dernier verset du passage que nous avons cité, Romains 6:11, nous dépeint une des disciplines qui doivent être cultivées. « Vous aussi, considérez-vous comme morts au péché. » Les morts ne réagissent pas. Celui qui est mort en Christ ne réagit pas à l’attraction et à l’appel du péché. Il voit le péché au travers des yeux de Christ, le dépouille de tout le vernis avec lequel le diable le couvre et, par conséquent, comme Christ, il déteste le péché. Les hommes qui sont morts au péché réagissent à ses attraits par la phrase de Joseph : « Comment ferais-je un si grand mal, et pécherais-je contre Dieu ? » (Genèse 39:9). Le péché leur répugne.

Le péché, comme le soi, couvre une gamme très large. Il y a les péchés intérieurs et les péchés extérieurs. Il y a les péchés par perpétration, il y a les péchés par omission. Il y a les péchés de la chair et il y a les péchés de l’esprit. On peut pécher en action, en attitude et en apparence. Dieu hait même l’allure hautaine.

Le fils prodigue pécha d’une certaine façon ; son frère aîné pécha d’une autre façon. Le péché du plus vieux des frères était en grande partie un péché de disposition, d’humeur. Nous pouvons pécher en étant querelleur, jaloux, sur la défensive et en manifestant simplement une humeur difficile à contenter. Il est fort probable qu’aux yeux de Dieu, le frère aîné était aussi pécheur que son frère prodigue.

Dans la croyance de plusieurs personnes, il y a une catégorie de péchés que l’on qualifie de « respectables ». Ils sont du genre qui ne vous mettent pas dans le pétrin avec la loi. C’est une sorte de péché que vous pouvez même transporter à l’église, même jusqu’à se tenir derrière le lutrin de l’église. Mais, selon l’estimation de Dieu, un péché respectable, ça n’existe pas.

Le péché passe souvent inaperçu. Une des raisons en est que Satan fait de son mieux pour dissimuler le péché derrière un beau déguisement. Satan peut faire en sorte que certains péchés peuvent sembler provenir en droite ligne du ciel.

Deuxièmement, de nombreux péchés sont une perversion de quelque chose de bon à la base. Voilà une autre raison pour laquelle nous avons parfois du mal à reconnaître le péché pour ce qu’il est. Il n’est pas mal de manger, mais s’empiffrer est un péché. D’après Romains 6, la clé de la victoire sur toute forme de péché, c’est notre mort en Christ.

Je voudrais maintenant souligner l’importance du petit mot en — « morts en Christ. » Ce mot signifie que le salut est essentiellement une question de relation personnelle avec le Seigneur Jésus-Christ. C’est un faux concept que de voir dans le salut un emballage complet que l’on reçoit et que l’on emporte ensuite avec soi. Non, être sauvé et vivre dans la victoire sur le péché exigent l’établissement d’une relation personnelle avec notre Seigneur Jésus-Christ. Par la foi, nous devons actualiser, d’une manière expérimentale, ce que Dieu, par la grâce, rend possible par provision.

Il est vrai que, dans le monde religieux, il y a toujours une commodité que l’on appelle la grâce bon marché. Cette grâce-là permet à l’individu de traîner ses péchés avec lui, même s’il prétend s’identifier à Christ. Mais, en réalité, cette grâce à bon marché n’est pas du tout la grâce. C’est une substitution de la grâce de Dieu sanctionnée par le diable. Le salut est gratuit, mais il n’est pas à bon marché. Du côté divin, il a été fourni à un coût très élevé ; et du côté humain, il n’est vécu que par ceux qui sont prêts à payer le prix qu’il faut pour être disciples. Alors faisons bien la distinction entre le salut qui est gratuit et un salut qui est bon marché. Il a coûté fort cher à Dieu, et il en coûte cher à l’homme qui veut en faire l’expérience.

La Discipline chrétienne, comme nous venons de le donner à entendre, c’est une des étiquettes qui identifie la vie menée en union avec Christ. Cela revient à une identification personnelle, quotidienne et pratique d’un individu avec la plus sainte de toutes les personnes qui a souvent exigé : « Soyez saints, comme je suis saint » (Lévitique 11:44 ; 19:2 ; 20:7, 26 ; Nombres 15:40 ; 1 Pierre 1:15) et « Deux hommes marchent-ils ensemble sans en être convenus ? » (Amos 3:3). Donc, le cheminement chrétien est un saint cheminement en compagnie d’une personne sainte. C’est la discipline chrétienne et elle signifie la mort au péché. L’installation de cette relation dans le croyant lui occasionne la mort au péché.

À un moment en particulier, la discipline de Pierre devint défectueuse. Ce fut lorsqu’il se mit à suivre de loin. Quiconque commence à suivre de loin, commence à devenir aveugle au péché. Et les péchés les plus susceptibles de ne pas être reconnus sont les siens propres. Il est dès lors impératif que nous cultivions notre unité avec Christ que Dieu à rendue possible. Les choses prennent une apparence plus précise lorsque nous nous approchons du Seigneur.

Le prophète Ésaïe, même s’il vivait dans l’ère de l’Ancien Testament, eut une expérience qui sert à illustrer cette vérité. Au chapitre 5 de son écrit, nous le voyons prononcer malheurs sur malheurs contre ses concitoyens, et avec raison. Mais, après sa vision de l’Éternel trois fois Saint décrite au tout début du chapitre 6, nous le voyons prononcer le malheur contre lui-même, au verset 5 : « Malheur à moi ! Je suis perdu ! Car je suis un homme dont les lèvres sont impures. » Nous devons être assez honnêtes pour appeler le péché par son nom, avant de mourir à lui.

Presqu’au début de Colossiens 3, il y a un autre passage qui élabore sur le fait que « mourir en Christ » rend la victoire sur le péché possible. « Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu ; 4Mais quand Christ, qui est votre vie, paraîtra, alors vous serez aussi manifestés avec lui dans la gloire. 5Faites donc mourir ce qui dans vos membres, tient à la terre, la fornication, l’impureté, les passions, les mauvais désirs, et l’avarice, qui est une idolâtrie » (Colossiens 3:3-5). Dieu a fait en sorte que le corps de péché, potentiel de péché habitant le croyant, soit rendu inopérant. « Sachant que le vieil homme a été crucifié avec lui » (Romains 6:6), nous devons dès lors amener notre condition en conformité avec notre position en Christ. Cette exigence de mortifier nos péchés est un appel à coopérer avec Dieu dans l’exécution de la sentence de mort contre le péché. Le mot mortifier veut dire « mettre à mort ». Chaque pensée pécheresse qui veut se transformer en action, nous devons la mettre à mort. La pensée même ne doit pas être entretenue.

Les nouveaux croyants, à Éphèse, brûlèrent les livres qu’ils lisaient jadis. Le péché doit recevoir de nous le même genre de traitement. Il doit être détruit. Toute relation avec lui doit être rompue. Il ne doit plus y avoir en nous de réaction face à son appel. Jésus est mort pour nos péchés, de manière à ce que nous puissions mourir à eux. Nous pouvons vivre davantage que le simple pardon des péchés que nous avons commis. Dieu veut que nous expérimentions la délivrance du pouvoir du péché.

Par la grâce de Dieu, nous pouvons faire tout de que nous devons faire. Notez-le bien. Dieu ne nous demande jamais ce que nous ne pouvons pas faire. Mais cela exige que nous mettions la main sur la grâce qu’il a rendue disponible. Nous ne sommes pas laissés à nos propres ressources pour agir avec nos propres forces. Philippiens 2:13 contient cette bonne nouvelle. Dieu œuvre en vous pour produire Son plaisir. Mais, bien que Dieu œuvre en vous, Il n’œuvre pas à votre place. Ne brouillons pas cette distinction. Dieu travaillera en nous pour nous rendre capables de faire notre part, mais il y a une part qu’Il ne fera pas. Cependant, Il nous donnera le pouvoir de le faire. Il œuvre « en nous », mais pas à notre place.

Maintenant, étudions de plus près l’idée de nous considérer vraiment morts au péché. Être mort au péché, en Christ, est une question de foi. C’est au moyen de notre foi que nous nous considérons morts au péché. Considérer, ce n’est pas agir comme s’il en était ainsi, c’est agir parce qu’il en est ainsi. « Quelle ferme fondation, ô saints du Seigneur / est établie pour votre foi en Son excellente Parole ! » Nous avons une fondation ferme. Nous avons sur quoi compter. Nous devons nous réjouir de la fondation que Dieu notre Sauveur nous a donnée pour que nous nous y reposions. Si nombreuses et adéquates sont ces provisions que Paul fut poussé à dire que nous sommes « plus que vainqueurs » (Romains 8:37).

Maintenant, sur quoi la foi salvatrice repose-t-elle plus spécifiquement ? En résumé, la foi salvatrice repose sur l’œuvre achevée de Christ. Elle repose sur la puissance de pardon et de purification de Son sang. Elle repose sur le pouvoir d’illumination de la Parole. Elle repose sur la présence sanctificatrice du Saint-Esprit. Elle repose sur le pouvoir régénérateur de la fraternité chrétienne. Elle repose sur tous les multiples moyens de la grâce. Bref, elle repose sur la possibilité glorieuse de vivre la victoire sur le péché.

Au temps des césars, une armada sortit de la Mer Méditerranée et fit route vers les Îles britanniques. Sa mission était d’envahir les Îles britanniques. Lorsque apparurent les vaisseaux ennemis, des milliers et des milliers d’Anglais sortirent défendre leur pays. Mais quel ne fut pas leur choc quand ils virent ce qui se déroulait sous leurs yeux. Après être débarqués de leurs bateaux, les Romains y mirent délibérément le feu, se coupant ainsi tout moyen d’échapper. Que faisaient-ils là ? Ils se reposaient entièrement sur la victoire et, en cela, nous pouvons tirer une leçon.

Plus loin dans Romains, nous recevons cette recommandation : « Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, et ne flattez point la chair dans ses convoitises » (Romains 13:14). En termes modernes, cela signifie « brûlez les ponts derrière vous ». Brûlez les ponts sur lesquels vous seriez tentés de repasser et retourner à votre ancienne vie de péché. Évitez les chemins qui conduisent à la tentation. Gardez les barrières de votre esprit. Éloignez-vous des mauvaises compagnies. Tenez-vous loin des endroits discutables. Si vous ne voulez pas du fruit du péché, restez en dehors du supermarché du diable. Ou, pour prendre un autre exemple : « Il y a trop de dynamite en nous pour marcher près des flammes du péché. » Mourir au péché inclut tout cela.

Mourir au péché nécessite également d’imposer une discipline stricte à son corps. Originalement, toutes les appétences et énergies corporelles étaient bonnes, très bonnes. Mais, lors de la Chute, la nature humaine devint tellement tordue qu’elle a maintenant tendance à l’excès et à la perversion. Bien que le siège du péché soit plus profond que le corps, celui-ci peut être, et l’est effectivement souvent, l’instrument de notre péché inné.

Un écrivain déclara ceci : « Le péché tire son origine de la nature adamique et opère dans notre corps physique. » Romains 6:13 donne cet avertissement : « Ne livrez point vos membres au péché, pour être des instruments d’iniquité. » Donc, la mort au péché implique la discipline corporelle.

Certaines des paroles les plus sévères de Jésus demandaient ce genre de discipline : « Que si ton œil droit te fait tomber dans le péché, arrache-le… Et si ta main droite te fait tomber dans le péché, coupe-la » (Matthieu 5:29-30). Le sens évident de ces paroles de Jésus était qu’imposer à votre corps une discipline dans cette vie-ci est mieux que d’être perdu pour toujours dans les tourments de l’enfer comme conséquence d’une vie relâchée. Le meilleur des saints n’est pas exempt de la nécessité d’exercer cette sorte de contrôle. « …je traite durement mon corps, » écrit Paul, « et je le tiens assujetti, de peur qu’après avoir prêché aux autres, je ne sois moi-même réprouvé » (1 Corinthiens 9:27). Si Paul avait besoin d’exercer cette discipline, qui d’entre nous osera déclarer en être exempté ?

Allons maintenant voir un passage qui parle de la dynamique disponible pour l’exercice de cette discipline. Romains 8:13 dit : « En effet, si vous vivez selon la chair, vous mourrez… » La mort ici en vue doit être la mort spirituelle parce que chacun, sans égard à sa façon de vivre, doit mourir physiquement. Puis, vient la partie glorieuse du verset : « …mais si, par l’Esprit, vous faites mourir les œuvres du corps, vous vivrez. » Nous pouvons posséder la vie sans fin. Nous pouvons être libérés du règne du péché par la puissance de riposte du Saint-Esprit. Mais nous devons permettre à Sa présence de pénétrer dans notre vie.

Or, au lieu de chercher à avoir davantage de l’Esprit, il serait mieux de penser à nous abandonner davantage au contrôle de l’Esprit.

À mesure que, par les Écritures, nous connaissons mieux les domaines où le soi n’a pas encore rendu les armes devant Christ, nous les Lui abandonnons à Son contrôle. Voilà le secret d’une vie victorieuse, car c’est Lui qui, dans la vie du croyant, amène la puissance et la présence du Christ vivant victorieux.

Nous pouvons faire nôtre le témoignage de Paul : « La loi de l’Esprit de vie, qui est en Jésus-Christ, m’a affranchi de la loi du péché et de la mort » (Romains 8:2). Dans ce témoignage, le mot loi signifie « principe ». Paul dit donc : « J’ai été délivré du principe du péché par le principe de la vie qui agit maintenant en moi. » Vous aussi pouvez compter que Dieu travaille en vous afin de dévitaliser le principe du péché dans votre vie. C’est la Bonne Nouvelle de l’Évangile et une de ses parties indispensables. Il n’est pas assez de savoir que la culpabilité que nous nous sommes attirée est enlevée. Nous devons aussi croire que nous pouvons être délivrés du pouvoir du péché.

Donc, pour le chrétien, pécher n’est jamais une nécessité. Tous ces accidents de notre vie chrétienne sont du genre évitable.

La clé de la victoire sur nos péchés ne repose pas seulement sur notre mort au péché, mais également sur notre vie en Dieu. Nous apporterons plus d’attention à ce dernier concept dans un point ultérieur. Il n’est présenté ici que comme une vérité équilibrant la balance. À moins de cultiver une relation d’amour avec Christ vivant, il sera pratiquement impossible d’abandonner le péché auquel nous sommes attachés. Si nous ne possédons pas cette dimension positive dans notre vie, il sera presque impossible de briser l’empire du péché. C’est la puissance d’expulsion de cette nouvelle affection qui brisera l’affection que nous éprouvions pour le péché.

Toutefois, dans l’école de Dieu, l’on ne gradue jamais du stage de la mort en Christ. Nous ne faisons de progrès spirituels que si le négatif et le positif demeurent ensemble. Nous devons être à la fois morts en Christ et vivants en Dieu. Si nous ne nourrissons pas le nouvel homme, nous n’aurons pas assez de forces pour vaincre le vieil homme. Donc, les deux doivent aller ensemble.

Et maintenant, une note pour éclairer un point et peut-être servir d’avertissement. Bien qu’il soit glorieusement possible de mourir au péché, le péché lui-même reste bien vivant. Même s’il ne peut plus réclamer son droit sur vous ou moi, et même s’il ne reçoit aucune réaction de notre part, il continuera d’essayer d’attirer notre attention. D’ailleurs, si nous en avons fini avec le diable, le diable n’en a pas terminé avec nous. Ainsi, notre survie spirituelle exige que nous revêtions toute l’armure de Dieu, que nous veillions et priions, et que nous ne tolérions sciemment aucun péché dans notre vie.

« Que le péché ne règne donc point dans votre corps mortel » (Rom. 6:12). Nous avons été rachetés de la ruine afin de pouvoir régner sur le péché qui régnait jadis sur nous. Romains 5:17 parle de régner « dans la vie, par un seul, savoir, par Jésus-Christ ! »

* * *

Chapitre 3

Mort au monde

Idéalement, le chrétien meurt, non seulement à lui-même et au péché, mais également au monde.

Mais pourquoi mourir au monde ? Qu’y a-t-il de mauvais avec le monde ? Ne faisons-nous pas tous partie du monde ? Les premiers anabaptistes auraient vite répliqué : « Non ! » Ils tenaient à une théologie établissant une démarcation bien nette entre l’Église et le monde.

À cet égard, certains mennonites d’aujourd’hui ont radicalement changé. Un leader mennonite très influent a un jour fait cette déclaration : « Un des plus récents changements dans la pensée mennonite est la réalisation du fait que nous sommes à la fois dans le monde et du monde. » Oui, il est urgent que nous réaffirmions le besoin de mourir au monde.

Certaines autres questions peuvent surgir. Comment cette proposition peut-elle être conciliable avec le fait que « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jean 3:16) pour lui ? Jésus n’a-t-Il pas dit : « Comme mon Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie, » (Jean 17:18) voulant dire dans le monde ? Est-il possible qu’en même temps nous allions dans le monde et que nous mourrions au monde ? Pourquoi cette nature apparemment opposée de certains commandements du Nouveau Testament ? D’un côté, « sortez du milieu d’eux » (2 Corinthiens 6:17) ; de l’autre, « allez par tout le monde » (Marc 16:15).

Pour le chrétien guidé par l’Esprit et enseigné par la Parole, cette apparente contradiction n’est pas difficile à résoudre. Une des clés menant à la solution consiste à reconnaître que, dans le Nouveau Testament, le mot monde revêt plusieurs significations. Dans chaque cas, le contexte dans lequel le mot apparaît nous aide à choisir la bonne signification.

L’aspect du monde qu’aime Dieu, ce sont les gens qui le composent. Dieu les regarde comme étant Ses fils et Ses filles par la création. Il voit comment le diable les a trompés et jusqu’à quel point ils souffrent des conséquences du péché. Il est amené, par ce qu’ils sont et ce qu’Il est, à les aimer. Lorsque la nature de Dieu est restaurée en nous, par la régénération, nous aussi devrions être amenés à nous sacrifier pour le bien des nombreux fils et filles prodigues de Dieu.

Mais il y a de même un autre aspect du monde que Dieu ne peut aimer. Il est attristé de l’inconscience de l’homme envers son Créateur et Pourvoyeur. Son indifférence démontrée à l’endroit du grand sacrifice offert sur la croix du Calvaire est sans aucun doute effroyable pour Dieu. Le regard pénétrant de Dieu constate, de tout côté, les laides méchancetés de l’orgueil, de l’égoïsme, de l’entêtement, de la cupidité, de la haine, de la violence, de la luxure, de l’oppression et autres vices du même genre.

Cet aspect du monde est moralement incompatible avec la nature sainte de Dieu. Il ne le tolérera que pour un temps. La soumission de l’homme au péché et à Satan a produit une culture, un système, une manière mondaine de vivre, qui est inimitié envers Dieu. En tant que telle, elle est aussi ennemie de la sainteté et une menace pour les enfants de Dieu. C’est donc à ce monde-là que nous devons mourir.

Quand nous parlons de « mourir au monde », nous ne sous-entendons pas par-là tout ce qu’englobe la relation du croyant avec le monde. Il ne s’agit que d’un de ses aspects. Mais c’en est un vital et qui est fort négligé.

Si, toutefois, nous voulons penser en terme de la totale relation du croyant avec le monde, nous devons mettre les trois termes suivants de l’avant : séparation, illumination et évangélisation. De toute évidence, mourir au monde relève de l’aspect de séparation dans notre relation avec le monde. Mourir au monde ne veut pas dire que nous devenons insensibles à ses besoins. Nous pouvons le devenir et, si c’est le cas, nous sommes morts au monde de la mauvaise façon. En fait, la présence d’une attitude d’indifférence indiquerait plutôt que nous sommes imbibés de l’esprit du monde et que nous sommes nous-mêmes retournés dans le monde. La seule bonne manière pour le chrétien de mourir au monde est pour lui de mourir au mal du monde. Si quelqu’un ne meurt pas au mal du monde, il ne pourra exercer sur le monde une influence rédemptrice.

Éclaircissons un autre point. Nous n’avons pas à nous isoler géographiquement pour mourir au monde, Jésus est mort au monde de la bonne manière, pourtant, Il S’y frottait continuellement. Mais Il passait aussi des nuits complètes en communion avec Son Père céleste.

Pour nous, il y a danger d’une exposition déséquilibrée au monde. Ce n’est que lorsque nous passons du temps avec Dieu et avec le peuple de Dieu que nous pouvons ensuite nous frotter au monde en toute sécurité et, en même temps, être sauvegardés des maux du monde.

Il est depuis longtemps reconnu que l’opposition aux chrétiens vient du monde, de la chair et du diable. Il nous arrive parfois de chanter cette question : « Ce monde vil est-il ami de la grâce / pour nous aider à cheminer vers Dieu ? » À en juger la façon que certains dits chrétiens sont en rapport avec le monde, on pourrait le supposer. Dans le but de tromper, le monde peut afficher un sourire très engageant. Mais dans la Bible demeure exposé le vrai caractère du monde.

Dans une lettre à ceux qui se disaient chrétiens, un des serviteurs de Dieu fut poussé à sonner cette cloche d’avertissement : « Hommes et femmes adultères, ne savez-vous pas que l’amour du monde est une inimitié contre Dieu ? Qui voudra donc être ami du monde, se rendra ennemi de Dieu » (Jacques 4:4). La seule déduction possible que l’on puisse tirer, c’est qu’il doit assurément exister, entre le système du monde et Dieu, un antagonisme sous-jacent, une incompatibilité morale.

Jésus n’a-t-Il pas dit, à une certaine occasion : « Car ce qui est élevé devant les hommes est une abomination devant Dieu » (Luc 16:15) ? Bien sûr. Cet antagonisme qui existe entre les deux royaumes vient du fait que Satan est le dieu de ce monde. Mais il y a davantage.

Qu’a dit Dieu à Satan après que nos premiers parents se soient inclinés devant ce dernier ? Dieu dit : « Et je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité » (Genèse 3:15). C’est là que Dieu a installé cette inimitié. Ce fait est souvent oublié. C’est par décret divin que cette inimitié existe entre les deux royaumes. Cette guerre déclarée par Dieu est Sa manière de prévenir la confusion morale dans un ordre social qui adopte des éléments qui sont d’une nature opposée.

De peur que nous ne devenions trop amicaux envers le monde, Dieu nous rappelle encore, dans Galates 1:4, que Christ « s’est donné lui-même pour nos péchés, afin de nous retirer de ce siècle corrompu. » Si le monde était aussi inoffensif que le proclament certains, pourquoi Dieu aurait-Il fait un si grand sacrifice pour secourir des hommes et des femmes des griffes du monde ?

Dans Jean 17, il y a une prière de notre Seigneur. Ce cri du cœur du Sauveur reflète comment Il voulait ériger chez Ses serviteurs de bonnes convictions en ce qui a trait au monde.

Au verset 6, nous lisons : « J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu m’as donnés du monde. » Si nous apprécions réellement notre délivrance du monde, cela sera évident par notre refus à retourner dans le monde.

Le verset 15 déclare : « Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du malin. » Être dans le monde, c’est comme être en territoire ennemi, et cela nécessite donc que nous soyons divinement préservés du mal dans le monde.

Au verset 16, nous lisons : « Ils ne sont pas du monde, comme je ne suis pas du monde. » Dieu veut que nous ayons un rapport au monde comme celui qu’avait Jésus. Cela signifie être dans le monde d’une manière géographique, mais pas spirituellement. Nous devons nous considérer, d’abord et avant tout, comme citoyens des cieux. Un des plus gros défis auxquels nous ayons à faire face, c’est celui d’être dans le monde, mais pas du monde.

Prenez en compte cette question : où voit-on le mieux le caractère du monde ? Nous avons déjà déclaré que dans la Bible demeure exposé le caractère du monde, mais, pour être plus spécifique, la réponse serait : au Calvaire, lorsque le monde crucifia son futur Sauveur. Là, sur le Calvaire, le monde orgueilleux manifesta son esprit à grand cri. La croix a parfaitement photographié les pensées du monde à propos de Christ. Comment pourrions-nous alors être en bon terme avec le monde qui a crucifié notre Sauveur ?

Certains pourraient arguer que le monde a changé, qu’il s’est amélioré, que le monde d’aujourd’hui accueillerait chaleureusement le Sauveur à bras ouverts. Eh bien, si c’est ce que vous croyez, vous ne connaissez ni la nature humaine, ni le monde. Le monde serait aussi prêt à crucifier Christ aujourd’hui, s’Il vivait ici dans la chair, qu’il le fut mille neuf cent ans auparavant. Il n’utiliserait probablement pas une croix de bois, mais il Le traiterait aussi mal que possible. En fait, c’est effectivement ce qu’il fait.

Rappelez-vous la fois où une voix venant du ciel s’écria : « Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » (Actes 9:4). Chaque fois qu’il battait un chrétien, Saul battait Christ. En ce sens-là, Christ est battu aujourd’hui et tous les jours jusqu’aux confins les plus reculés du monde.

Sans doute serions-nous fort surpris de savoir tout le mépris et la moquerie qui s’accumule sur le dos du Seigneur Jésus chaque jour, ici même en Amérique. Cependant, notre plus grande surprise viendrait plus probablement de savoir comme notre Sauveur est renié et blessé par des gens qui vont à l’église, mais qui ne sont pas morts au monde.

Oui, le caractère du monde est méchant, mais son attrait est réel. Grâce à sa désarmante attraction, le monde a avalé de nombreux anciens croyants.

Lot a presque tout perdu à cause du monde. Démas, lui, a tout perdu, il a sacrifié son âme sur l’autel du monde (2 Timothée 4:10).

Plus quelqu’un s’approche du monde, plus son attirance est forte. Ses attractions sont fort scintillantes. Il est patient et, en plus, très persistent. Il possède bien des tactiques. Afin de capturer l’insouciant, il s’abaisse même à faire des compromis. Il a pour philosophie : « Si tu ne peux le battre, joins-toi à lui. » Donc, il envoie de nombreux loups en habit de brebis. Comme les Gibéonites, il a une approche très désarmante. Au lieu de s’attaquer aux appétits les plus primaires des Israélites, ils firent appel à leurs meilleures qualités. Ils s’adressèrent à leur sympathie, à leur compassion ; et conséquemment, ils trompèrent les leaders israélites.

Le monde fera de même directement appel à ce que les chrétiens ont de plus élevé et de meilleur. « Regardez comme nous sommes merveilleusement humanitaires. Voici une liste des gens que nous avons aidés. Notre organisme a besoin de gens comme vous. Imaginez toute la contribution que vous pourriez apporter grâce à notre filière. » Ceux qui sont spirituels reconnaissent que nous avons moins à craindre des froncements de sourcils du monde que de ses beaux sourires engageants.

On peut résister à l’attraction du monde par la grâce de Dieu. Si vous êtes un saint de Dieu, vivant selon votre potentiel spirituel, ces appels du monde tomberont dans l’oreille d’un sourd. Les saints les plus utiles sont ceux qui sont le moins attirés par le monde. Dieu leur a donné le pouvoir de voir au travers du déguisement que porte le monde. Quelqu’un a dit, un jour, ceci d’un serviteur de Dieu : « Il n’y a rien dans le monde qui n’exerce la moindre attraction sur lui. »

Si nous mourons vraiment au monde, nous ferons l’expérience de ce dont l’apôtre Paul parlait dans son témoignage rendu dans Galates 6:14 : « Quant à moi, qu’il ne m’arrive pas de me glorifier en autre chose qu’en la croix de notre Seigneur Jésus-Christ par lequel le monde est crucifié pour moi, et moi pour le monde. » Tous les liens entre Paul et le monde avaient été rompus. C’était pour lui une chose morte, et il était pour lui un homme mort. Paul avait perdu son estime pour le monde. Il n’accordait plus de valeur à ses opinions et ses jugements. Il ne le jugeait plus digne d’être écouté.

Paul était sur ses gardes vis-à-vis du monde qui avait si bonne opinion de lui-même, et il lui disait, en fait : « J’ai perdu tout respect pour toi ; tu es tellement aveugle et méchant que tu as crucifié ton meilleur Ami. En rien ton jugement n’est-il fiable. Tu me traites de bavard ? Et alors ? Je n’ai cure de ton opinion. » Voilà ce qu’était l’attitude de Paul envers le monde.

Pourriez-vous faire pareille déclaration à l’égard du monde ? Certaines gens se disant chrétiens ressemblent si peu à Paul !

Comment meurt-on au monde ? Un chrétien donna, un jour, ces instructions à un nouveau converti : « Prends cette enseigne portant ces mots “Mort à l’opinion publique”, et affiche-là en te promenant quelques heures dans le centre-ville. » Est-ce ainsi que l’on doit mourir au monde ? Bien qu’on ne puisse nier les bénéfices probables d’une telle expérience, ce n’est pas une réponse très adéquate à la question.

La clé pour mourir au monde est la même que pour mourir au péché et mourir à soi. Qu’est-ce qui conduisit Paul à une rupture de relation avec le monde ? Souvenez-vous de son témoignage dans Galates 6:14. L’identification de Paul à Jésus et sa mort en croix provoqua son changement d’attitude envers le monde. Colossiens 2:20 offre la même réponse dans les termes suivants : « Si donc vous êtes morts en Christ, quant aux rudiments du monde… »

La façon de Dieu pour que nous mourrions au monde, c’est en devenant disciples porteurs de croix du Christ. Puisque nous ne pouvons servir deux maîtres, notre venue sous la seigneurie de Jésus-Christ signifiera la mort de notre amour pour le monde. L’attachement à Christ est le secret du détachement du monde. Si vous avez un problème avec votre amour du monde, c’est que quelque chose ne va pas avec votre attachement à Christ. C’est aussi simple que ça.

Jésus parla de la nécessité pour chaque disciple de prendre sa propre croix. Cette croix que vous portez, c’est celle où vous mourez au monde. Le fait que je rencontre les termes de la discipline chrétienne, alors que je suis les pas de Christ dans ma vie quotidienne, me fait marcher à contre-pas des non disciples. Cela m’amène en collision frontale avec ceux qui ne se soumettent pas au Seigneur Jésus-Christ. Il y a une croisée des chemins. C’est inévitable, vu que nous ne pouvons servir deux maîtres. Souvent, une brèche se crée entre nous et ceux de nos amis et relations qui ne sont chrétiens que de nom seulement. Cette souffrance que l’on vit, dû au fait que l’on suive Christ, constitue notre croix. Tout chrétien peut éviter la croix simplement en se conformant au monde, mais c’est au prix de la triste perte de son état de disciple.

Considérons certains signes d’une vie morte au monde. Plusieurs seront énoncés de manière négative, d’autre de façon positive.

Premièrement, quelqu’un qui meurt au monde meurt à la fois aux louanges et aux railleries du monde. Il n’est plus enflé par ses flatteries ni blessé par ses moqueries.

Voici le témoignage de George Müller : « Il y eut un jour où je mourus — mort à George Müller, à ses opinions, à ses préférences, à ses goûts, à sa volonté ; mort au monde, à son approbation et à sa censure (…) et depuis lors, je ne me suis étudié qu’à me faire approuver de Dieu. »

Deuxièmement, celui qui meurt au monde ne sacrifiera jamais les intérêts du Royaume sur l’autel des succès mondains. Contrairement à Balaam, il ne se fera corrompre ni par la richesse, ni par une haute position.

Lorsque le président Coolidge des États-Unis demanda au missionnaire John Mott d’être ambassadeur du pays au Japon, il reçut cette réponse : « M. le Président, depuis que Dieu m’a appelé à être ambassadeur pour le Sien, mes oreilles sont devenues sourdes à tout autre appel. » Il fut immuable. Il était déterminé à ne servir que Dieu seul. On ne pouvait le soudoyer à sacrifier les intérêts du Royaume sur aucun autel. Puisse cet exemple nous interpeller à posséder une pareille probité de cœur.

Troisièmement, celui qui meurt au monde s’embarrasse fort peu de sa citoyenneté terrestre. Voici un paragraphe qui explique cette vérité :

« Ces disciples se libèrent des politiques du monde. Ils ne se considèrent pas appelés à combattre contre quelque forme de gouvernement ou d’idéologie que ce soit. Ils peuvent fonctionner sous toute forme de gouvernement et demeurer loyaux à ce gouvernement jusqu’au moment où l’on exigera d’eux qu’ils fassent des compromis avec leur témoignage ou qu’ils renient leur Seigneur. Alors ils refusent d’obéir et se soumettent aux conséquences plutôt que de fomenter une révolution. »

Quatrièmement, les lubies et les modes du monde n’auront absolument aucune espèce d’influence sur celui qui meurt au monde. Jésus-Christ, Celui que nous suivons, nous a donné des directives très précises : « Ne vous conformez point au présent siècle » (Romains 12:2). « Il est de votre devoir, » a écrit Charles Finney, « de vous habiller de façon si simple que vous montrerez au monde que vous ne placez aucunement votre confiance dans les choses de la mode et ne leur accordez aucune valeur, mais vous les dédaignez et les négligez tout à la fois. »

Certaines personnes, professant être chrétiennes, sont si vivantes au monde qu’elles préféreraient être indécentes plutôt que différentes. Mais la sœur, censément conservatrice, qui porte constamment de nouvelles robes, qui affiche les derniers modèles et copie les rénovations des autres, manifeste pareillement un esprit mondain.

Cinquièmement, celui ou celle qui meurt au monde démontrera, par sa frugalité et sa simplicité, sa délivrance de la tyrannie des choses. Étant étranger et pèlerin dans le monde, il vivra simplement. Son œil sera aveugle aux délicatesses et au luxe qui en captivent tant d’autres. Il apprendra à faire mieux avec moins. Une des supercheries de notre époque est que le bonheur tient à l’accumulation des biens. Mais la personne qui meurt au monde ne cherchera pas là son bonheur.

Sixièmement, celui qui est mort au monde n’empilera pas un excès de bagages comme s’il avait ici une demeure continuelle. Ignorant le conseil du monde et prenant au sérieux l’appel à tout délaisser, il maintiendra ses possessions matérielles et économiques à un niveau fonctionnel minimal. Son sens pénétrant de l’administration fera de lui un donateur généreux. Il adoptera la philosophie économique de William Carey : « Ma besogne, c’est d’être chrétien. Je ne répare les chaussures que pour payer les frais. » Nous devons davantage développer cette philosophie dans notre milieu chrétien.

Septièmement, lorsque nous mourons au monde, les plaisirs de ce dernier nous trouvent difficiles à émouvoir. Deux jeunes filles nouvellement converties reçurent de leurs anciens compagnons une invitation pour assister à une danse. En autant que je puisse me rappeler, elles répondirent : « Nous ne pouvons y aller, nous sommes mortes ; nous avons été converties la semaine dernière. »

Examinons maintenant quelques symptômes indiquant une trop grande vivacité au monde.

Tout d’abord, prenez garde à la peur injustifiée de devenir radical. Le véritable christianisme est, au sens réel du terme, radical aux yeux de beaucoup. Certaines gens semblent plus effrayés de ce qu’ils appellent les extrêmes que du péché ! Ils ont si peur de tomber de la branche qu’ils ne grimpent jamais dans l’arbre, spirituellement parlant.

Deuxièmement, prenez garde au dévouement superficiel où manque la dimension de sacrifice. Le service bon marché donne au Seigneur bien moins que ce que nous avons de mieux à offrir. Moins que cela devient une attitude mondaine. Jésus mit de l’avant un principe du Royaume lorsqu’Il dit : « Si le grain de froment ne meurt après qu’on l’a jeté dans la terre, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jean 12:24). Lorsque nous cessons de saigner, nous cessons de bénir. Il y a un tas de « services » rendus aujourd’hui, mais beaucoup sont des services mondains, par contraste au service chrétien.

Troisièmement, prenez garde lorsque vous êtes trop facilement distraits. La mort au monde se reflétera dans notre préoccupation à la cause de Christ. Jusqu’à ce qu’Il vienne, nous devons nous occuper dans un esprit de loyauté concentrée. La question de Pierre, « Seigneur, et celui-ci, que lui arrivera-t-il ? » lui attira une rebuffade de la part du Seigneur. Il était encore trop vivant aux choses qui ne devaient pas le distraire.

Quatrièmement, prenez garde de laisser des relations humaines et des liens sentimentaux se mettre en travers de votre relation avec le Seigneur. « Celui qui aime son père ou sa mère … et … son fils ou sa fille plus que moi, n’est pas digne de moi » (Matthieu 10:27). Certains parents bien intentionnés ont fait des déclarations comme : « Tu vas briser mon cœur de mère si tu me quittes pour aller en cadre de mission. » C’est plus près de l’esprit du monde que nous pouvons le réaliser.

Cinquièmement, si vous êtes très arrêtés dans vos opinions, que vous avez faim de pouvoir, que vous êtes querelleurs ou semez la discorde, attention ! C’est l’esprit du monde, le chemin des Gentils. Ils aiment exercer la suzeraineté, mais le moyen chrétien de l’unité passe par l’humilité.

Dernièrement, prenez garde si vous n’êtes pas encore délivrés de la crainte charnelle — la crainte de l’homme. « La crainte qu’on a de l’homme, fait tomber dans le piège ; mais celui qui s’assure en l’Éternel aura une haute retraite » (Proverbes 29:25). Être effrayé de faire ce que l’on sait devoir faire, c’est la peur charnelle. Il est mondain de céder à la pression de notre entourage. Nous devons ressembler davantage à l’homme de qui l’on disait : « S’il craint si peu l’homme, c’est qu’il craint tellement Dieu. »

Concernant leur arrivée sur une certaine île, un groupe de missionnaires reçut cet avertissement : « Ces indigènes pourraient vous tuer. » Ils répliquèrent : « Nous sommes morts avant d’y aller. » Voilà le genre de matériel humain que Dieu peut employer pour l’honneur et la grâce de Son nom.

Sommes-nous morts aux craintes du monde ou avons-nous peur d’être différents ? Sommes-nous si effrayés de gâter nos relations avec certains individus que nous hésitons à témoigner devant eux de la bonté du Seigneur ?

Voilà pour ce qui est d’un coup d’œil sur ces symptômes moins évidents de la mondanité. Non seulement le plan de Dieu comprend-il de sortir du monde, mais aussi de le sortir d’en nous. Dieu nous aide à dire volontiers : « Prenez le monde, mais donnez-moi Jésus. »

* * *

« Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême en sa mort, afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous marchions, nous aussi, dans une nouvelle vie. »

(Galates 6:4)

Chapitre 4

Ressuscité avec Christ

La plupart des gens, au fond de leur cœur, savent ou ont su comment ils devraient vivre et ce qu’ils devraient faire. Leur problème est que, soit qu’ils ne veulent pas le faire, ou soit qu’ils n’ont pas le pouvoir de faire ce qu’ils savent devoir faire.

L’apôtre Paul parle au nom de ce dernier groupe lorsque, dans l’angoisse de son âme, il donne libre cours à ses sentiments intérieurs en des mots presque désespérés. « Misérable homme que je suis ! qui me délivrera de ce fardeau de mort ? » (Romains 7:24). Un autre a formulé son besoin en ces termes : « J’ai besoin qu’un homme jaillisse en moi pour que l’homme que je suis cesse d’exister. » Ce problème humain a occupé nombre des esprits les plus pénétrants de tous les temps, mais toutes les solutions humaines proposées se sont avérées futiles. Le mieux que puisse faire la science, c’est d’ajouter des années à la vie de l’homme. Elle ne peut cependant ajouter de vie aux années de l’homme.

Or, c’est précisément ce que Dieu, par Christ, est prêt à faire : « Je suis venu, » dit Jésus, « pour que mes brebis aient la vie, et qu’elles soient dans l’abondance » (Jean 10:10). Mais dans trop de cas, l’homme ne vient à accepter le chemin de Dieu qu’après une longue série de tentatives décevantes. Romains 7 est une réflexion sur cette longue lutte amère. À mesure que nous apprenons à connaître Dieu, nous découvrons qu’Il S’occupe de renverser les idoles qu’adorent les hommes afin qu’ils reviennent à Lui.

Nombreuses sont les idoles que les hommes adorent, mais l’idole du Soi est sans doute celle à laquelle les hommes s’accrochent avec le plus de ténacité. Puisque le chemin de Dieu exige la mort du soi, il y a un mouvement de recul naturel face à ce chemin. Pour l’encouragement de l’homme, Dieu, dans Sa Parole, soutient à plusieurs reprises l’inspirante vérité qu’il y a une vie nouvelle et ressuscitée juste au-delà de la mort à laquelle se dérobe tant le soi. George Matheson a commenté cette vérité en ces mots :

« Ô croix qui relève ma tête,

Je n’ose demander de me cacher de toi ;

Je laisse morte dans la poussière, la gloire de la vie

Et du sol, fleurit là, écarlate,

La vie qui, sans fin, sera. »

Dieu, par l’œuvre rédemptrice de Son Fils, a pourvu à l’unité de chaque pécheur pénitent avec son Sauveur. Du côté humain, ce potentiel se réalise dans la vie de quelqu’un lorsque, dans la foi et le repentir, il s’abandonne au Seigneur Jésus. À partir de ce moment-là, en présumant qu’elle demeure fidèle, Dieu considère cette personne comme ne faisant qu’une avec Christ.

Une des plus grande affirmations de cette vérité se présente dans Éphésiens 2:4-6 : « Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de la grande charité dont il nous a aimés, lorsque nous étions morts dans nos fautes, nous a rendus à la vie ensemble en Christ (c’est par grâce que vous êtes sauvés;) et il nous a ressuscités ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ. » Ensemble, dans ce cas-ci, signifie « vous ensemble avec Christ » !

C’est une vérité précieuse. Du côté de Dieu, une union spirituelle se forme entre le croyant et Christ, laquelle union se situe au-delà de ce que les sens peuvent percevoir, et pourtant cela est bien réel. On nous dit ailleurs que « les choses visibles sont pour un temps, mais les invisibles sont éternelles » (2 Corinthiens 4:18). Les choses temporelles sont moins durables et moins importantes que les choses que les sens ne peuvent percevoir. L’union du croyant avec le Seigneur Jésus est un fait que nous aurions pu ne jamais découvrir. On ne le connaît que parce que Dieu nous l’a révélé.

Alors que le saint nouvellement né s’identifie étroitement à Christ dans une vie disciplinaire, son mode de vie change radicalement. L’ancienne vie de péché est rejetée. Une vie nouvelle de sainteté est revêtue. Au moyen de ce processus sanctificateur, l’unité potentielle du saint avec le Christ devient réalité dans le vécu. C’est ce dessein qu’étale Romains 6:4 : « …comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, de même nous marchions, nous aussi dans une vie nouvelle. »

Le dessein global de Romains 6 est de montrer comme la vie devient vraiment différente lorsque se réalise cette union avec Christ. Le mode de changement emprunte l’expérience réelle de Christ. Comme Christ est mort pour le péché, le répondant meurt au péché. Comme Christ fut ressuscité des morts, de même le répondant ressuscite de son état de péché. Comme Christ est monté au plus haut des cieux, ainsi le répondant monte au plus haut de l’unité. On peut alors dire que le christianisme est la répétition de la résurrection de Christ qui survient dans le domaine de l’esprit humain.

Il y a trois mots qui, dans Romains 6, éclairent la responsabilité du croyant répondant. Ces trois mots sont connaître, considérer et se livrer. Notre connaissance, notre considération et notre livraison provoqueront la mort à soi, au péché et au monde.

Jusqu’ici, nous avons mis l’emphase sur l’aspect négatif de la sanctification, et cet aspect de l’expérience chrétienne est indispensable. Cependant, nous devons admettre que les cadavres sont négatifs. Étant morts, ils ne réagissent pas à la tentation ou a l’orgueil, ce qui est fort louable ; mais ce n’est pas suffisant. Les morts ne remplissent pas le monde de chants, d’acclamations et d’amour. Les morts ne deviennent pas missionnaires et agents de la grâce de Dieu, et ce n’est pas dans le plan de Dieu que nous ne soyons que morts au péché. Il existe une expérience positive avec Christ qui succède à la mort du vieil homme. C’est le sujet de ce chapitre.

Parmi les paroles familières que l’on entend lors d’un enterrement, il y a celle-ci : « Bénis soient ceux qui meurent dans le Seigneur. » Me permettrez-vous, pour un instant, de sortir cette phrase de son contexte ? « Bénis soient ceux qui meurent dans le Seigneur » est glorieusement vrai dans un autre sens. D’incommensurables bénédictions reposent, en vérité, sur ceux qui, dans le Seigneur, meurent à soi, au péché et au monde. Une résurrection succède immédiatement au réveil de ce genre de mort.

De nombreuses villes possèdent une boutique où l’on peut teindre le linge en différentes couleurs. En devanture d’une boutique anglaise, il y avait, un jour, un écriteau portant ces mots : « I dye to live. I live to dye. The more I dye, the more I live. The more I live, the more I dye. » Cela signifie, en français : « Je teins pour vivre. Je vis pour teindre. Plus je teins, plus je vis. Plus je vis, plus je teins. » Or, le jeu de mots vient du fait que le mot anglais dye se prononce de la même manière que le mot die qui se traduit par « mourir », ce qui ressemble à : « Je meurs pour vivre. Je vis pour mourir. Plus je meurs, plus je vis. Plus je vis, plus je meurs. » Cette utilisation de l’homonyme dye à la place de die était judicieuse. Car de la façon qu’était formulé l’écriteau, il portait une double signification. Qu’il en fut ou non conscient, le propriétaire de la boutique faisait aussi connaître au public la vérité spirituelle contenue dans Romains 6.

Lorsque quelqu’un commence à se considérer comme mort au péché et vivant en Dieu, il a son propre Gethsémané, son propre Golgotha. Mais, loué soit Dieu, il a également sa propre résurrection en unité de vie ! Il nous est promis que, si nous avons été déposés ensemble dans la tombe dans la ressemblance de Sa mort, nous existerons aussi dans la ressemblance de Sa résurrection.

Plus haut, nous avons indiqué que, en vertu de l’union du croyant avec Christ, il naît crucifié. Maintenant, nous mettrons l’accent sur la contrepartie positive de cet aspect négatif. En vertu de cette même union, le croyant naît ressuscité ! Quoique nous devions nous identifier à Christ dans la mort, notre union s’effectue avec un Christ vivant, ressuscité.

Romains 5, 6 et 8 suivent une séquence intéressante. Dans le chapitre 5, la préposition clé est le petit mot pour. « Christ est mort pour des impies » (v. 6). Au chapitre 6, l’emphase se déplace à une autre préposition : avec. « Notre vieil homme a été crucifié avec lui » (v. 6). Puis, au chapitre 8, le mot clé est encore une préposition, en. « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ » (v. 1). Nous pouvons faire l’expérience de la vie ressuscitée à cause de notre union avec le Christ ressuscité.

Poursuivons, dans Romains 6, le développement de la vie ressuscitée. Débutons au verset 11 : « Vous aussi, considérez-vous comme morts au péché, mais vivants à Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur. 12Que le péché ne règne donc point dans votre corps mortel, pour lui obéir en ses convoitises ; 13Ne livrez point vos membres au péché, pour être des instruments d’iniquité ; mais donnez-vous à Dieu, comme de morts étant devenus vivants, et consacrez vos membres à Dieu, pour être des instruments de justice. 14Car le péché ne dominera pas sur vous, parce que vous n’êtes point sous la loi, mais sous la grâce. 15Quoi donc, pécherions-nous parce que nous ne sommes point sous la loi, mais sous la grâce ? Nullement ! 16Ne savez-vous pas que si vous vous rendez esclaves de quelqu’un pour lui obéir, vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez ; soit du péché pour la mort, soit de l’obéissance pour la justice ? 17Mais grâces soient rendues à Dieu, de ce que, après avoir été esclaves du péché, vous avez obéi de cœur à la règle de doctrine qui vous a été donnée. 18Or, ayant été affranchis du péché, vous êtes devenus esclaves de la justice. » L’accent est ici mis sur la troisième de ces trois idées clés. Connaître et considérer doivent conduire à se livrer.

Comparons les trois idées. Connaître est lié à la foi. Dieu compte que nous croyions à Ses déclarations. Elles contiennent les faits évangéliques que nous devons connaître. Or, les exigences de Dieu demandent une réaction de foi. Dans Romains 6, les mots considérer et se livrer se présentent comme des ordres s’adressant à la volonté. Ils demandent l’obéissance et, au verset 17, il est question d’obéir par le cœur. Cette livraison obéissante est la preuve que l’on s’en remet à ce que Dieu a dit et a fait.

En mots simples, la vie ressuscitée devient réalité lorsqu’on ignore ses anciens maîtres et qu’on obéit à son nouveau Maître. Le règne du péché sur nous est brisé, alors que nous nous livrons au Christ victorieux qui demeure en nous. Cette livraison peut et doit être une livraison joyeuse, comme une fiancée se livrant à son amoureux. Ceci est, en fait, l’illustration même que Paul emploie au chapitre 7. Le verset 4 déclare que le chrétien nouveau-né, à l’image de l’épouse qui est délivrée du mariage par la mort de son premier époux, « [est mort] à la loi, par le corps de Christ, pour être à un autre, savoir, celui qui est ressuscité des morts. » Il est question, ici, d’une union intime.

Même si nous ne pouvons affirmer être parvenus à un état de perfection sans péché, nous ne sommes plus esclaves du péché. Si nous trébuchons et tombons, nous nous relevons à nouveau et continuons. Notre ancien maître nous forçait à nous laisser aller au pécher et à aimer cela. Notre nouveau Maître nous fait prendre conscience que le salaire du péché, c’est la mort. Il nous fait connaître la nouveauté de vie et la résistance au péché. La vie ressuscitée, c’est la vie victorieuse sur tous les ennemis de la sainteté, mais ce n’est pas une victoire acquise une fois pour toutes. C’est plutôt une victoire remportée d’un moment à l’autre, jour après jour.

Il est significatif de constater que les mots considérez et livrez soient sous la forme de l’impératif : « considérez-vous ; livrez-les. » Sans cette coopération, même Christ ne peut sauver un pécheur et en faire un saint.

Paul était à la fois un salutiste et un disciplinaire. Il fit grand cas du salut par la grâce au moyen de la foi, mais il parla également, sans s’en excuser, de l’urgence de crucifier la chair et de mortifier les fruits charnels. C’est par la pratique de cette discipline alimentée du Saint-Esprit que l’on peut rendre inactif le vieil homme et ses œuvres, et fournir le sol duquel pourra fleurir la nouvelle vie, en beauté et en puissance.

Souvenez-vous du principe : « Plus je meurs, plus je vis. » Quelqu’un fit cette judicieuse observation : « L’apogée de la vie ressuscitée gravite, c’est étrange à dire, autour de la croix. » Comme ce fut énoncé antérieurement, l’on ne gradue jamais de cet état de mort en Jésus-Christ. Nous devons nous considérer morts au péché tout en nous considérant vivants en Dieu.

L’apôtre Paul, dans l’un de ses témoignages personnels, a dit : « …pour qui j’ai perdu toutes choses… afin que je connaisse Christ, et l’efficacité de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort » (Philippiens 3:8, 10). Une des preuves les plus évidentes que le pouvoir de la résurrection s’accomplit dans votre vie, repose sur un consentement à partager volontairement la communion aux souffrances de Christ et être rendu conforme en Sa mort.

La dernière parie de Romains 6 enseigne à maintes reprises que, saint ou pécheur, l’on est, de par la création, un serviteur. Que l’on devienne saint ne change rien au fait que nous sommes des serviteurs, par création. Cependant, la différence entre un saint et un pécheur tient en ce qu’ils servent deux maîtres différents.

Ceux qui continuent à se livrer au malin perdent bientôt la liberté qu’ils possédaient. La vie devient pour eux une série d’ornières desquelles ils ne peuvent plus s’échapper. Alors qu’au contraire, ceux qui choisissent de rendre leur allégeance au Seigneur Jésus maintiennent leur don initial de liberté et gagnent beaucoup plus encore parce que « où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté » (2 Corinthiens 3:17) — la glorieuse liberté des enfants de Dieu.

La véritable liberté, ce n’est pas de faire tout ce qui nous plaît, mais de faire tout ce que l’on doit. Il y a beaucoup de gens qui n’ont pas le pouvoir de faire cela. Seule la personne qui est liée de manière vitale au Christ triomphant possède la dynamique interne suffisante pour vivre comme elle sait devoir vivre, et c’est ça, la vraie liberté.

Nous tenterons maintenant d’énumérer quelques autres signes de la vie ressuscitée.

Premièrement, nous devons bien souligner que la vie ressuscitée est conférée divinement. Une nouvelle vie est implantée dans le croyant — vie qui fonctionne sous le contrôle de principes divins. Selon 1 Corinthiens 15:45, Christ « est un Esprit vivifiant. » Non seulement possède-t-Il Lui-même la vie éternelle, mais Il l’implante chez d’autres.

Quand Il s’adressa à Marthe, Jésus dit : « Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croira en moi (…) ne mourra jamais » (Jean 11:25-26). Il vit pour donner la vie, et la vie qu’Il donne est d’une qualité qui survit à l’expérience de la mort physique.

Alors donc, la vie spirituelle de l’individu régénéré lui est étrangère. Elle n’est pas en lui-même ; il ne subsiste pas par lui-même. Il vit en vertu de son union avec Christ. C’est un fait souvent négligé dans le milieu calviniste. « Et voici le témoignage, » nous dit Jean, « c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle ; et cette vie est dans son Fils. Qui a le Fils, a la vie ; qui n’a point le Fils de Dieu, n’a point la vie » (1 Jean 5:11-12). Depuis le jour de la Pentecôte, lorsque l’Esprit de Christ fut répandu sur Ses serviteurs, une nouvelle qualité de vie fut expérimentée par des hommes et des femmes croyants. C’est la vie du Sauveur ressuscité, communiquée par le Saint-Esprit qui demeure dans le croyant.

Il y a une légende qui dit que, partout où marche Jésus, des fleurs jaillissent de terre, dans les empreintes de Ses pas. Même si ce n’est qu’une légende, l’équivalent spirituel arrive effectivement. En beaucoup d’endroits, le désert de la vie commence à fleurir comme une roseraie. Des piquets morts, comme le bâton d’Aaron, portent des bourgeons. Des vies, jadis ratatinées et mornes, commencent à bourgeonner de vie, de vitalité et d’espoir.

Deuxièmement, la vie ressuscitée est remarquablement différente de l’ancienne vie. Le changement débute à l’intérieur et entend bien se continuer jusqu’à ce que toute la vie ait été touchée. « Si donc quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature » (2 Corinthiens 5:17), une nouvelle création. Il possède une nouvelle vie, un nouveau Maître et, dès lors, un nouveau but dans la vie. Il reporte maintenant son affection aux choses d’en haut ; donc, il possède de nouveaux intérêts.

Quand les membres du Christ décrivent la différence que Christ a apportée à leur vie, ils l’énoncent ainsi : « Nous sommes passés de la mort à la vie. » Lorsque le non croyant nous observe, voit-il ce grand changement ? Il n’est peut-être pas capable de voir la différence qui se trouve en nous, mais il devrait être en mesure de dire que, d’après ce qu’il constate de l’extérieur, nous devons avoir changé de l’intérieur.

Troisièmement, la vie ressuscitée est une vie de beauté, de plénitude et de puissance. Lorsque l’Esprit de Dieu commence à pénétrer dans la vie du croyant nouvellement né, le fruit attrayant de l’Esprit commence à se manifester : l’amour, la joie, la paix, la patience, ainsi de suite. Comme la branche de la vigne, le croyant devient un canal par lequel Christ répand Sa vie en d’autres. Au travers de l’union en Christ, la vie devient belle et fructueuse.

Voici une allégorie à propos d’un jardinier qui déterra un vieux rosier sauvage d’un caniveau, le transplanta dans son jardin et ensuite, utilisant un couteau bien affilé, lui greffa une rose. Avant longtemps, de merveilleuses roses fleurissaient là où jadis ne poussaient que des ronces. On crut avoir entendu le jardinier lui dire : « Ta beauté n’est pas due à ce qui est sorti de toi, mais à ce que j’ai mis en toi. »

Ainsi en est-il du chrétien. Nous ressemblions à ce vieux paquet de ronces. Mais Jésus, la rose de Saron (Cantiques 2:1), est entré dans notre vie et toute la différence est due à Sa présence. N’était-ce pas prophétisé ? « …au lieu de l’épine croîtra le myrte » (Ésaïe 55:13). Il y a de la beauté dans les endroits de laideur, tout cela à cause de notre unité avec Christ.

La puissance qui opère dans notre vie est celle-là même qui opéra dans la résurrection de Jésus du séjour des morts. C’est pourquoi ainsi pria Paul pour les Éphésiens, afin qu’ils puissent connaître « l’infinie grandeur de sa puissance, conformément à l’efficacité du pouvoir de sa force, qu’il a déployée en Christ, quand il l’a ressuscité des morts » (Éphésiens 1:19-20). Il y a un pouvoir de résurrection disponible à la vie ressuscitée !

Quatrièmement, la vie ressuscitée est une vie de compagnonnage avec le Christ vivant. Après que Jésus eut parlé à Ses disciples de Sa mort prochaine, Il ajouta : « Je ne vous laisserai point orphelins ; je viens à vous » (Jean 14:18). Cette promesse fut remplie au jour de la Pentecôte, lorsque Jésus revint, non pour être simplement avec eux, mais dès lors en eux, en la personne du Saint-Esprit. Un chrétien à qui un non chrétien demandait de lui expliquer pourquoi sa vie était différente, il répondit par ces mots : « Tu vis seul ta vie ; pas moi. » Cette conscience du compagnonnage divin devrait être possédée de chaque enfant de Dieu. Un jour, un colporteur donna un coup de téléphone au foyer d’une chrétienne. La dame le reçut dans sa maison et commença immédiatement à témoigner, disant : « C’est merveilleux d’être sauvé ! » À sa surprise, le colporteur répliqua : « Oui, mais je connais mieux que ça. » La dame étonnée demanda ce que cela pouvait bien être, ce à quoi répondit le visiteur : « Avoir la compagnie du Christ ressuscité est mieux que de savoir que l’on est sauvé. » Le problème humain de la solitude trouve sa solution dans la vie ressuscitée.

Finalement, la vie ressuscitée en est une de conquête. C’est ainsi qu’elle est décrite dans Romains 5, au verset 17 : « Car, si par le péché d’un seul la mort a régné par un seul homme, à plus forte raison ceux qui reçoivent l’abondance de la grâce et du don de la justice, régneront-ils dans la vie par un seul, savoir, par Jésus-Christ ! » Notre règne dans la vie est le résultat direct du règne de Jésus sur nous, et c’est là que la vie atteint ses plus hauts sommets. Puisse Dieu nous enseigner comment vivre du côté ressuscité de la croix. Alors, le monde, à son pire, verra l’Église à son mieux.