D.231 – Historique et dessein occulte du Dispensationalisme – Partie 2

 

Par Roch Richer

Les années 1870 ― Selon toute apparence, il semble qu’il fut temps, à l’époque, de lâcher au maximum dans le monde protestant sans méfiance les fameux manuscrits corrompus. À ce moment-là, Darby traduisit sa propre version de la Bible en se fondant sur les manuscrits d’Alexandrie. Satan utilisa également à cette même période de temps deux de ses agents d’infiltration déjà introduits dans l’Église anglicane : Fenton John Antony Hort et Brooke Foss Westcott. Ces deux hommes furent fondateurs et/ou membres de plusieurs clubs occultes, dont le Club d’Hermès, la Guilde des esprits, la Société de Recherches Psychiques, etc. Ils s’intéressaient aussi à l’écriture automatique, la voyance, la médiumnité, les personnalités multiples, la nécromancie, la lévitation et ils côtoyaient des personnalités telles qu’Helena Petrovna Blavatsky, fondatrice de la Société Théosophique. Et dire qu’ils étaient également… prêtres anglicans ! Dans ses écrits, Westcott donna des indices très nets de ses véritables dispositions, faisant mention de « l’initiation aux mystères […] profondément dans les rites mystiques […] purifié dans la plus pure des eaux ».

Puisque Westcott et Hort menaient des doubles vies faites de contrastes flagrants entre le christianisme et l’occultisme, pas étonnant qu’ils aient été intéressés au phénomène des personnalités multiples qui, selon ce que nous en savons, est passé d’une génération à l’autre au sein des grandes familles satanistes pratiquant la provocation de traumatismes systématiques et les rituels sataniques sur leurs victimes afin de diviser leur esprit et créer ainsi de nombreuses personnalités intégrées dans un même individu.

Dans l’Église anglicane, jusqu’où doit-on aller pour être considéré apostat ? Vous ne laisseriez certainement pas traduire votre Bible par ce genre de personnages, n’est-ce pas ? Eh bien, en vérité, il y a de fortes chances pour que la bible que vous lisez maintenant soit une version ayant été fondée sur les manuscrits que ces deux phénomènes ont concoctés à partir des originaux corrompus d’Alexandrie. En effet, pratiquement toutes les versions modernes sont basées sur les textes grecs Westcott/Hort qui proviennent du Sinaïticus, du Vaticanus et de la traduction grecque de la Septante de l’Ancien Testament. Ce sont tous des manuscrits de la Religion à Mystères de Babylone. Alors que les versions de David Martin et de J. F. Ostervald, entre autres, car il y en a de rares autres, proviennent, au contraire, des Textes Massorétiques Hébreux (pour l’Ancien Testament) et des Textes Reçus (Textus Receptus, pour le Nouveau Testament) qui constituent la Parole véritable de Dieu préservée à travers les siècles.

1881 ― Les « frères Grimm » de la religion (Westcott & Hort) lancèrent leur collection de contes de fée (textes grecs Westcott/Hort) ayant eu comme résultat la Revised Version de la Bible, présent du Vatican au monde protestant. Nous disons : non merci… retour à l’envoyeur !

Un peu plus tard, il en ressortira la tristement célèbre Bible à Références Scofield dont les révisions successives empoisonnent toujours et sans discontinuer le christianisme moderne jusqu’à nos jours.

Cyrus Ingerson Scofield

La Bible à Références Scofield est considérée largement comme l’instrument biblique ayant validé et promu le Dispensationalisme au rang infâme dont il jouit aujourd’hui au sein des églises protestantes confessionnelles. Que ce soit sciemment ou inconsciemment, des millions de chrétiens développent leur eschatologie personnelle en se basant sur l’étude des notes de références de Scofield. Le successeur de ce dernier, Lewis Sperry Chafer, fonda le Séminaire Théologique de Dallas qui, à son tour, a formé des milliers de ministres dans la fausse doctrine du Dispensationalisme et les a lâchés, telle une meute de loups, au sein des congrégations sans méfiance.

Qui fut exactement C. I. Scofield ? Comment sa vie se compare-t-elle avec celle d’un Joseph Smith ou d’autres hommes qui ont déclaré avoir reçu une « gnose » douteuse venant de la part de Dieu ?

Cyrus Ingerson Scofield (1843-1921) était doué d’un esprit analytique et mordant, et d’une intelligence au-dessus de la moyenne. Selon ce que nous avons comme information, c’était un individu à la personnalité fort charismatique et d’une grande prestance se faisant aisément des amis, particulièrement dans les hautes sphères de la société. Cela explique pourquoi il put être admis dans le Lotus Club de New York, cercle sélect réservé aux rencontres sociales entre journalistes, artistes, musiciens, férus de littérature, de science, des beaux-arts, etc.

Il fut introduit dans ce club grâce à l’intermédiaire du criminaliste notoire Samuel Untermeyer, bien que Scofield ne possédait aucune lettre de créance lui permettant d’être recruté. Ce qui explique également comment il a pu être élu deux fois à la législature du Kansas (1871 et 1872) grâce à l’aide de plusieurs hommes puissants, membres du groupe des Secret Six du Texas[1]. Le président Grant le nomma procureur de la république des Etats-Unis au Kansas, le 9 juin 1873. Dans son assermentation d’office, Scofield affirma qu’il n’avait jamais porté volontairement les armes contre les Etats-Unis, alors qu’il avait pourtant combattu au sein de l’armée confédérée. Il démissionna six mois plus tard, le 20 décembre 1873, sous accusations de corruption politique. Lui et un de ses amis, un dénommé John J. Ingalls, furent accusés d’avoir tenté d’exercer du chantage envers les compagnies de chemin de fer pour en extorquer d’importantes sommes d’argent. C’est sur cette note malheureuse que prit fin la carrière politique de Scofield. Mais il devait sévir ensuite dans un autre domaine.

Turnbull, biographe de Scofield, saute la période allant de 1873 à 1879, époque dans laquelle Scofield fut impliqué dans la pire de ses manigances, et il ne fait rien de plus qu’une référence à une habitude occasionnelle de consommation d’alcool de Scofield. Toutefois, si Joseph Canfield est exact dans ses informations, Scofield semble n’avoir été, au mieux, qu’un escroc très habile ayant censément fraudé un certain nombre de ses amis et coreligionnaires chrétiens, sans mentionner sa belle-mère à qui il aurait soutiré les épargnes de toute une vie, soit 1 300 $, une grosse somme à l’époque. Une de ses arnaques fut d’ailleurs si grave qu’on le déclara coupable de falsification et on le condamna à six mois de prison au centre de détention de Saint-Louis, au Missouri. En plus de ça, il abandonna sa femme, Leonteen Cary Scofield et ses deux filles, Aigail et Helen. Par la suite, même après être devenu fort riche, il ne leur offrit jamais de soutien financier. Elles n’obtinrent pas un seul sou de lui. Or, en 1880, les femmes ne retiraient pas de sécurité sociale du gouvernement et les emplois bien rémunérés n’étaient pas facilement accessibles, à l’époque. Il traita sa femme et ses filles comme si elles n’existaient pas.

Pendant la même période de temps, il entretint également des relations non dissimulées avec des femmes alors qu’il était toujours marié avec sa première épouse. Scofield était en amour, ou plutôt « en luxure », avec deux autres femmes, les fréquentant toutes les deux en même temps. L’une d’elles était une jeune femme de la Flower Mission, de Saint-Louis. Lorsque son épouse exigea finalement le divorce, à cause de son style de vie dissolu, il maria l’autre femme du nom d’Helen Van Wark, avec qui il commettait déjà l’adultère. Il mena une vie extrémiste qui portait gravement atteinte au nom de Christ qu’il proclamait servir, selon ce que rapporte Joseph Canfield dans son livre The Incredible Scofield.[2] Nous ne sommes certes pas les seuls à considérer que le livre de Canfield est une biographie fort exacte de Scofield.

Scofield présuma toutes sortes de lettres de créance bidon, que ce soit pour se donner titre de ministre ou d’érudit biblique, ou même d’avocat. En effet, il s’affichait avocat sans avoir jamais été admis au barreau, jusqu’au moment où, longtemps après, certains de ses amis du Kansas, les Secret Six, eurent usé de leur influence pour lui obtenir cette admission. Il s’accorda de la même façon un doctorat en théologie, même s’il n’avait jamais fréquenté aucune école et ne possédait aucune formation théologique comme telle. Il est étonnant de constater qu’il y a encore des chrétiens pour l’appeler « Docteur Scofield », sachant pourtant qu’il ne fréquenta ni collège, ni université. Malgré ces faits, aucun supporteur inconditionnel de Scofield n’admet le fait qu’il se conféra un doctorat à lui-même. Il y a de ces étroitesses d’esprit qui confinent à l’absurde et à la mauvaise grâce. Il s’agit d’un genre d’entêtement borné en vue de s’accrocher désespérément à une théologie qui plaît à l’oreille.

Scofield aurait affirmé s’être converti en septembre 1879, même s’il s’était déclaré chrétien bien avant cette date. Ce deuxième acte de conversion visait, semble-t-il, à laver tous ses écarts passés dans l’éventualité où ils seraient devenus un embarras public. Il fut pasteur de plusieurs églises, dont une église missionnaire congrégationaliste, à Northfield, au Massachusetts, l’église mère de D. L. Moody. Il passa un an à faire des recherches en Suisse, mais fut de retour à Dallas en 1903. Scofield fut un pasteur absent, continuant ses recherches sur la bible lors d’un second voyage en Europe.[3] Il grimpa dans les échelons du succès religieux de la même façon et à la même vitesse qu’il grimpa les échelons du succès séculier, c’est-à-dire, en sautant toutes les étapes nécessaires.

Grâce aux Secret Six, les choses devaient ensuite changer pour Scofield et certains de ses associés, tels que Dight L. Moody. En 1901, Scofield assista à l’une des Conférences Bibliques de Niagara Falls. Bien que ces conférences aient débuté sous le couvert de bonnes intentions, s’appelant alors Réunions d’Études Bibliques à l’Intention des Croyants, et sous la direction d’hommes comme le Dr James Brooks, elles dégénérèrent bien vite pour devenir des instruments d’étude et de dissémination des théories dispensationalistes de J. N. Darby. La structure complexe du Dispensationalisme donna l’idée à Scofield de constituer une bible à références qui aiderait les gens à mieux la saisir. En d’autres mots, peu de gens seraient parvenus à démêler la doctrine du Dispensationalisme n’eut été de la foisonnante quantité de références et de notes incitatives ajoutées aux Écritures clés. Il en est de même pour le Dispensationalisme d’aujourd’hui. Dans une publicité lancée pour mousser son livre, le célèbre adepte dispensationaliste Tim LaHaye écrit ceci :

« L’enlèvement est la première phase du retour de Christ. Comme l’a dit l’apôtre Paul, il s’agit du moment où « le Seigneur lui-même avec un cri d’exhortation … et ceux qui sont morts en Christ ressusciteront premièrement ; 17Puis nous qui vivrons et qui resterons, serons enlevés ensemble avec eux dans les nuées, au-devant du Seigneur, en l’air et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Thessaloniciens 4:16-17). Il s’agit de la même expérience que celle qu’il décrit dans 1 Corinthiens 15:51 comme étant le moment où les chrétiens sont « changés » de « mortels » à « immortels ». C’est ce à quoi s’attendaient la majorité des chrétiens avant les sept ans de Tribulations révélés dans Apocalypse, chapitres 6 à 19. Pour plus d’informations à ce sujet, il existe un grand nombre de livres que vous pouvez consulter et qui vous aideront à comprendre ce sujet difficile. »[4] (l’emphase est la nôtre)

Le Dr LaHaye a écrit cela en y mettant passablement de désinvolture, comme si l’Écriture qu’il cite soutenait réellement son interprétation. Il est tellement hypnotisé par l’Enlèvement Pré-tribulationiste qu’il ne semble même pas reconnaître qu’il n’y a pas le moindre indice d’un enlèvement pré-tribulationiste dans l’Écriture à laquelle il se réfère. Il va même jusqu’à oblitérer une partie essentielle du verset 16 : « …et une voix d’Archange, et avec la trompette de Dieu descendra du Ciel… » qui démontre qu’il s’agit bien du retour en gloire de Christ, à la fin des tribulations ! Toutefois, LaHaye est prêt à admettre la difficulté que l’on peut avoir à comprendre sa doctrine et le besoin obligatoire de nombreux livres extrabibliques afin de la saisir (lire : de devenir endoctriné !). En passant, tous les livres auxquels le cher Dr LaHaye a contribué dans la série Left Behind sont fictifs !

Cela dit, ce fut donc aux Conférences bibliques de Niagara Falls de 1901 que Scofield confia à ses amis qu’il avait l’intention de développer une bible à références qui amènerait « …ce nouveau commencement et ce nouveau témoignage ». Cependant, Scofield nota que le soutien financier était l’inconvénient principal. L’année suivante, l’un des amis à qui il se confia, A. C. Gaebelein, l’aida à trouver le soutien financier qu’il requérait. En 1904, Scofield et son épouse se rendirent à l’étranger pour travailler sur les notes de sa bible. En Angleterre, il fut en mesure de faire des recherches et des études de première main sur la doctrine de la venue imminente et de l’enlèvement secret de J. N. Darby dans le foyer même de ses débuts.

I. Scofield acquit une forte compétence dans tous les aspects du darbysme. C’est à cause de l’influence de la théorie dispensationaliste de J. N. Darby, de l’enlèvement secret et du demi retour imminent, que Scofield décida de colliger une bible à références qui allait propager le Dispensationalisme darbyste en Amérique en brouillant l’esprit des nouveaux convertis sans méfiance. À notre avis, Darby n’aurait pas fait long feu dans le monde avec ses croyances n’eut été de l’ouvrage de Scofield. De même, les notes de Scofield n’auraient pas été aussi acclamées si elles avaient été compilées sous forme de commentaires séparés de la Bible. Or, Scofield publia d’abord sa bible à références et ensuite, plus tard, ses notes de références dans des livres séparés. C’est sa bible à références qui lui valut des acclamations, pas son ouvrage séparé. Cela se vérifie par le fait que sa bible à références est toujours en demande aujourd’hui, et non pas son matériel séparé. Scofield a joui de la célébrité et de la fortune sur le dos de la Sainte Bible dont le véritable Auteur est Dieu qui inspira de saints hommes.

Si Darby est appelé le « père du Dispensationalisme », Scofield en fut certainement « la mère », puisqu’il donna vraiment naissance au Dispensationalisme et à l’Enlèvement Pré-tribulationiste en Amérique, grâce évidemment à sa bible à références. Grâce à Scofield, les enseignements de Darby concernant l’enlèvement pré-tribulationiste sont maintenant la doctrine eschatologique la plus réputée, si non la plus répandue dans le christianisme protestant et évangélique en ce qui regarde le retour de notre Seigneur Jésus-Christ. Pourtant, la plupart des adeptes du pré-tribulationisme n’ont jamais entendu parler du sieur Darby.

À n’en pas douter, Scofield a conçu sa bible à références dans le seul but de répandre la doctrine de Darby. Son endoctrinement au Dispensationalisme de Darby par le Dr James Brooks et son implication dans les Conférences Bibliques de Niagara Falls le remplirent au fil des ans de fascination pour la tournure unique que Darby donnait aux Écritures. Toute autre raison pour avoir colligé la Bible à Références Scofield semble illogique, à moins qu’un sombre dessein caché eût présidé secrètement à sa confection. Sandeen a écrit ceci :

« Dans tous les cas, il est clair que la Bible à Références Scofield reposait, sans le moindre compromis, sur la doctrine dispensationaliste et qu’elle enseignait le retour imminent et l’enlèvement secret de l’Église. Quoi qu’il ait consulté des érudits post-tribulationistes, son ouvrage ne reflétait pas la vision que ceux-ci avaient à cette époque.

« Dans la préface de la Bible à Références, Scofield écrivit : « L’éditeur en dénonce l’originalité. » Cette excuse était également à l’image de sa vantardise. Être original n’était pas un gage de bonne exégèse millénariste. Scofield reconnut également qu’il n’avait rien fait de plus que de mettre l’œuvre de son prédécesseur sous une forme des plus ingénieuses et des plus assimilables. Scofield n’a jamais démontré de grandes aptitudes d’érudit biblique, d’apologiste ou d’organisateur, mais dans le calendrier des saints fondamentalistes, aucun autre nom n’est plus connu ni plus révéré. »[5]

La Bible à Références Scofield

En 1901, le premier jet des notes de références de Scofield (qui ne furent pas entièrement rédigées par lui, soit dit en passant) fut présenté au Lotus Club de New York, au plus grand embarras de ses amis soi-disant chrétiens. À cet époque, Scofield n’était rien d’autre qu’un petit escroc du Kansas, sans antécédents dans les domaines du droit ou de la religion, mais possédant des amis très haut placés. Comme nous l’avons déjà mentionné, le membre du comité de ce Club de littérature qui y introduisit le « Dr Scofield » fut nul autre que Samuel Untermeyer, le criminaliste réputé qui devint par la suite président du Comité Juif Américain, président de la Ligue Américaine des Patriotes Juifs et président de la Ligue non Sectaire Anti-nazie. Comme son nom le suggère, Untermeyer était digne descendant de la lignée des Khazars de l’ouest de l’Asie et de l’est de l’Europe, peuple judaïsé qui, depuis plus de 1 300 ans, se fait passer pour les descendants directs de la tribu israélite de Juda, sans en avoir la légitimité. Le nom d’Untermeyer prend deux colonnes dans le Who’s Who d’Amérique, grâce à ses multiples accomplissements au nom des communistes socialistes d’Amérique. Comme on peut facilement s’en douter, la pensée théologique d’Untermeyer fut très éloignée de celle d’un croyant fondamentaliste de la Bible.

Non que je veuille dire, toutefois, que l’ami Scofield fut un chrétien fondamentaliste. C’était un hypocrite ayant visage à deux faces. Dans une lettre de 1921 adressée à sa fille Abigail, qui avait des besoins financiers alors qu’elle demeurait à Saint-Louis-Obispo, en Californie, il lui recommanda de prier un saint catholique : « …pourquoi ne rechercherais-tu pas l’intercession spéciale de Saint Louis de qui la ville où tu demeures porte le nom ? » (La lettre entière se trouve dans l’œuvre classique de Joseph Canfield, The Incredible Scofield and His Book, publié chez Ross House Books.) Mais, une douzaine d’années plus tôt, dans sa Bible Scofield (p. 1346), il avait déjà commencé à prédire le règne futur « d’un christianisme apostat dirigé par la papauté » ! Et on reprochait au pape le culte des saints ! Plutôt contradictoire…

Scofield accepta volontiers les directives et les dons financiers des Secret Six, du Lotus Club et de leur associé Samuel Untermeyer. Ils affirmaient que Scofield n’était qu’un membre occasionnel du Lotus Club, ce qui ne l’empêcha pourtant pas d’y élire résidence pendant vingt ans alors que son épouse se languissait au Kansas sans soutien financier.

Le dessein d’Untermeyer et de ses associés consistait à trouver un moyen de pousser les fondamentalistes chrétiens à démontrer de l’intérêt pour la cause du sionisme international et de la soutenir. C’était un projet à long terme d’Untermeyer. Celui-ci mourut en 1941, ayant toute sa vie durant travaillé à la cause des communistes et des sionistes. Membre du Lotus Club pendant plus de vingt ans, Scofield établit une longue association avec Untermeyer. Il ne peut qu’avoir pris connaissance des activités anti-américaines de ce puissant Juif de la synagogue de Satan.

Les sionistes juifs poursuivirent le mouvement. En fin de compte, la Bible à Références Scofield fut publiée par la Presse de l’Université d’Oxford, bras prestigieux de l’élite financière britannique, sous l’aval de la Maison Rothschild. Samuel Untermeyer présenta Scofield à de nombreux leaders sionistes et socialistes, dont Samuel Gompers, Fiorello LaGuardia, Abraham Strauss, Bernard Baruch et Jacob Schiff. Ce dernier était les yeux et les oreilles de la Maison Rothschild en Amérique, bien installé à la tête de la Banque Kuhn & Loeb de New York, ce qui contribua à en faire l’homme le plus puissant d’Amérique et d’où il donnait ses instructions au Congrès américain et au Président. Le même principe est d’ailleurs toujours valable aujourd’hui. Par ailleurs, Untermeyer fut en mesure de faire chanter le président des Etats-Unis, Harry Truman, afin de l’amener à assigner le juge sioniste Brandeis à la Cour Suprême.

À la fin du compte, la Bible à Références Scofield fut publiée en 1909. Dans les années 1920 et 1930, de nombreux ministres et pasteurs commencèrent à prêcher le Dispensationalisme de Darby ; pourtant, ces hommes ne pouvaient avoir reçu leurs informations de Darby même. Selon l’expression de Scofield, un « nouveau témoignage » s’était réellement répandu en Amérique, mais il ne s’agissait pas d’un témoignage de vérité. Bien que le Dispensationalisme et l’Enlèvement Pré-tribulationiste soient devenus communément acceptés en tant que doctrine véritable, ils furent absolument inconnus dans l’Église pendant près de 1 900 ans avant l’arrivée sur scène de John Nelson Darby et, en Amérique, jusqu’à ce que Cyrus Ingerson Scofield ne publie sa bible à références.

Quarante ans après la publication de la Bible à Références Scofield, la nouvelle édition améliorée de cette bible à références entra sur le marché. Un des hommes qui s’assirent à la table de révision était nul autre que John F. Walvoord. On le surnomme aujourd’hui « le doyen du mouvement de l’Enlèvement pré-tribulationiste ». Pour nous résumer, voici donc une chronologie de ce mouvement agité : de Irving à Darby ; de Darby à Scofield ; de Scofield à Chafer ; de Chafer au Séminaire Théologique de Dallas (STD) ; du STD à Walvoord ; de Walvoord à tous les adeptes américains de l’enlèvement pré-tribulationiste.

À cause de Scofield, l’idée que se fit Darby de deux destins séparés pour Israël et l’Église au cours de l’histoire a atteint un niveau d’acceptation commune dans le mouvement de croyance biblique en Amérique (centré dans le fondamentalisme) et ce, en moins d’un siècle après sa conception. On déclare que la Bible à Références Scofield a été la cause maîtresse de la chute de la civilisation américaine parce que cette bible présentait un antinomisme[6] qui rejetait la loi morale de Dieu comme standard de vie pour aujourd’hui. D’autres proclament que l’Église est faible, inefficace et défaillante à cause de l’espérance dans le retour de Christ pour Lui-même et non pas au sein d’une église déjà triomphante et victorieuse. Nous n’y voyons que la continuation de l’hérésie de Darby et sa tournure nouvelle de la Persévérance des saints de Calvin. Il y en a d’autres qui voient en Scofield un fieffé ivrogne, un menteur impénitent, un adultère et un parjure qui emprunta le chemin de la prédication pour arriver à une fortune facile et à la célébrité mondaine. Cette perspective est peut-être un peu expéditive, à notre avis.

Nous pourrions tout simplement diaboliser l’homme et nous ficher de lui et de sa doctrine. Cependant, qu’il ait été réellement sauvé ou non, là n’est pas la question. Sa doctrine demeure toujours fausse dans les deux cas. Nous voyons simplement en Scofield un homme qui avait ses propres motifs pour ce qu’il a fait et, personnellement, nous ne pensons pas que ces motifs étaient inspirés de Dieu. Il se pourrait fort bien qu’il ait été motivé par un besoin irrépressible d’être « quelqu’un », et il a peut-être vu l’opportunité d’apporter quelque chose de neuf dans l’Église tout en se faisant un nom par ce moyen. Il semble avoir eu soif d’attention et d’honneur, ce qui tend à se prouver par le geste de se conférer un doctorat à soi-même alors qu’il n’avait aucune formation théologique officielle.

Quoi qu’il en soit, la Bible à Références Scofield fut beaucoup plus nuisible que l’auteur de ce mauvais fruit. Si vous lisez attentivement les notes de Scofield, les références dont il se sert sont très faibles, et même parfois carrément fausses. La Bible de Références Scofield revêt un mépris et un manque de compréhension de l’herméneutique biblique. L’hypothèse la plus sérieuse, c’est que Scofield ne tenait pas du Saint-Esprit le Dispensationalisme et son fruit infecté, i.e., l’enlèvement pré-tribulationiste, suite à une étude approfondie de la Parole de Dieu. Il le tenait plutôt des hommes. Or, l’Enlèvement Pré-tribulationiste est maintenant enseigné par la majorité des fondamentalistes comme étant une vérité biblique clairement soutenue par les Écritures, même s’il n’existait pas dans l’Église en près de 1 900 ans. Quel contraste avec la parole de Paul qui a dit :

« Or mes frères, je vous déclare que l’Evangile que j’ai annoncé, n’est point selon l’homme. 12Parce que je ne l’ai point reçu ni appris d’aucun homme, mais par la révélation de Jésus-Christ » (Galates 1:11-12).

1909 ― Cyrus Ingerson Scofield, ayant été frappé d’illumination par la nouvelle révélation de MacDonald/Irving et grâce à l’aide financière mentionnée précédemment, lança donc sa Bible à Références Scofield sur le marché lucratif de la littérature ecclésistique. Pour son projet, l’ami Cyrus avait l’intention d’utiliser la bible de ses héros, Westcott & Hort. Toutefois, Scofield savait qu’à cause de la prédominance de la King James Version (KJV) et des maigres résultats de vente de la Revised Version (RV), ses enseignements dispensationalistes n’iraient nulle part s’il les accouplait à la RV. Il employa donc la KJV tout en démontrant subtilement son mépris envers elle ainsi que sa vénération pour la RV. Voici comment il procéda. Partout où la KJV était en désaccord avec la RV, sur un sujet doctrinal d’importance, Cyrus inséra une note de marge ou de bas de page déclarant que la KJV était inexacte et offrait ensuite un compte rendu « plus exact », presque toujours identique à la Revised Version.

Voici quelques exemples de ces notes de bas de page trouvées dans la Bible à Références Scofield, édition anglaise (on trouve l’équivalent dans la version Louis Segond avec Commentaires Scofield) :

Page 1022, (Matthieu 16:20) : (note « c » en marge) « Jésus » omit.

Page 1023, (Matthieu 17:21) : (note « j » en marge) D’anciens mss omettent le verset 21.

Page 1031, (Matthieu 23:14) : (note « s » en marge) Les meilleurs mss omettent le verset 14.

Page 1057, (Marc 9:29) : (note « u » en marge) Les deux meilleurs mss omettent « et par le jeûne ».

Page 1061, (Marc 11:26) : (note « i » en marge) Le verset 26 est omit des meilleurs mss.

Page 1325, (1 Jean 5:7) : (note « o » en marge) On s’accorde généralement à dire que le verset 7 n’a pas de réelle autorité et qu’il a été inséré.

Page 1069, (Marc 16:9-20) : (note « 1 » en bas de page) Le passage du verset 9 à la fin ne se trouve pas dans les deux plus anciens manuscrits, le Sinaïticus et le Vaticanus, et d’autres les mentionnent avec des omissions partielles ou des variantes.

Page 1201, (Romains 8:1) : (note « b » en marge) La déclaration se termine avec « Jésus-Christ » ; les derniers dix mots sont interpolés. [Il s’agit de : « … lesquels ne marchent point selon la chair, mais selon l’Esprit. »]

Page 1212, (1 Corinthiens 1:8) : (note « 2 » en bas de page) La AKJV écrit incorrectement « jour de Christ » dans 2 Thessaloniciens 2:2, au lieu de « jour du Seigneur ».

Page 1216, (1 Corinthiens 5:5) : (note « d » en marge) D’anciens mss omettent le nom Jésus.

Page 1271, (2 Thessaloniciens) : (Introduction) Le thème de Second Thessaloniciens est, malheureusement, obscurci par une mauvaise traduction de 2:2 dans la AKJV« day of Christ is at hand » (« comme si le jour de Christ était proche ») devrait être traduit « day of the Lord is now present » (« comme si le jour du Seigneur était déjà là ») (Voir [Ésaïe 2:12], réf.).

Il nous semble que ce que nous venons de lire se passe de commentaire. Avant son décès, C. I. Scofield eut le temps de passer le flambeau à son fidèle disciple, Lewis Sperry Chafer.

Lewis Sperry Chafer

Sur les talons de Scofield vint Lewis Sperry Chafer (1871-1952), également théologien sans crédit et autoproclamé. Chafer aurait dit :

« Le fait même que je n’aie pas étudié dans un cours prescrit en théologie me permet d’approcher le sujet avec un esprit sans préjudice, en ne me souciant que de ce que la Bible enseigne réellement. »[7]

Lewis Sperry Chafer fut étudiant et fervent admirateur de Scofield jusqu’à la fin de sa vie. En 1924, Chafer fonda le Séminaire Théologique de Dallas, constituant en quelque sorte la première déclaration de validité du Dispensationalisme. Des vestiges du flambeau qu’il reçut de Scofield se retrouvent dans le logo du Séminaire en tant que Flamme éternelle maçonnique, bien installée au-dessus des Écritures. Cette institution est sans doute la plus grande responsable de la dissémination des enseignements hérétiques du Dispensationalisme et de l’enlèvement pré-tribulationiste. Nous espérons que le lecteur ou la lectrice sera maintenant en mesure de voir les liens formant une chaîne visant à créer, à délimiter et à diriger le mouvement dispensationaliste depuis ses débuts. Des millions de gens adoptent les enseignements de ce mouvement, croyant qu’ils proviennent du trône de Dieu. D’autres qui les ont promus étaient au courant de leur véritable origine et de leurs desseins clandestins. Et ils ont pourtant conspiré contre le Corps de Christ. Ce sont ces derniers que nous tentons de dénoncer et d’exposer.

Lewis Sperry Chafer exprima son dédain et son mépris envers la théologie orthodoxe établie et consacrée. Pourtant, il procéda à l’établissement d’une école théologique, ce qui est en parfait contraste avec ses propres déclarations concernant l’éducation théologique. Il produisit également la Théologie Systématique en huit volumes où il avait inséré le Dispensationalisme de Darby grâce aux notes de références de C. I. Scofield.

Chafer passa trois ans au Collège Oberlin et le quitta ensuite pour enseigner à l’école de garçons que D. L. Moody avait fondée. Voilà qui constituait la somme totale de l’éducation officielle de Chafer.

N’ayant aucune éducation théologique officielle, Chafer n’avait pas non plus de formation linguistique. C’est ce qui ressort de sa Théologie Systématique où il ne travailla qu’avec des sources secondaires, que ce soit dans les langues bibliques ou la littérature théologique.

En lisant la théologie de Chafer, il est apparent qu’il n’était pas du tout à son aise en philosophie. Il ne faisait que de rares références aux philosophes et, dans la plupart des cas, Chafer les cita par des sources intermédiaires et non pas directement.

Il a donc utilisé les ouvrages de personnes formées en théologie pour compiler son œuvre, Théologie Systématique. Il appert qu’il avait suffisamment de respect pour les hommes formés en théologie pour employer leurs travaux. De plus, la véritable intention de Chafer semble avoir été de s’efforcer de disqualifier de manière préventive ceux qui étaient justement plus qualifiés pour dénoncer les erreurs de sa doctrine avant qu’ils n’aient l’opportunité de capter l’attention du public. Sa seule défense était que l’ignorance égale la spiritualité et, par conséquent, la perfection herméneutique. Chafer se mit à élaborer un système théologique nouveau qui était coupé d’avec les racines de la théologie originale qui nous avait été léguée par l’Église primitive.

Le Dispensationalisme totalise aujourd’hui la somme des efforts monumentaux d’un groupe d’hommes pseudo-spirituels affublés d’un ego colossal, assimilant l’ignorance à la perfection spirituelle, dans le but de se faire un nom. Ce faisant, ils ont créé un cancer doctrinal qui a sapé les poutrelles internes de la foi et des principes chrétiens. Ils ont momentanément joui de la notoriété et de la célébrité durant leur vie, mais au prix de la séduction de millions de personnes. Ils ne semblèrent pas s’inquiéter du fait qu’ils avaient construit leurs royaumes personnels aux frais de la vérité et de la continuité divine. De nos jours, leurs successeurs pillent la masse des gens de la même façon, sans égard au bien-être spirituel de ceux qu’ils séduisent. C’est pour cela qu’il faut que des hommes et des femmes se tiennent debout avec courage et déclarent la vérité concernant le Dispensationalisme et sa doctrine fantaisiste, l’Enlèvement pré-tribulationiste.

Un grand plan ?

Cette histoire ― la création d’une nouvelle religion influente, malfaisante au point de vue politique, théologiquement frauduleuse et pourtant extrêmement populaire ― a toutes les apparences d’une vaste conspiration opérant sur tous les continents et sur une période de temps s’étendant sur plus d’un siècle et demi.

Bien qu’il soit tentant d’arguer que le sionisme chrétien ne soit qu’un essai (réussi !) de la part des sionistes juifs pour récupérer le protestantisme américain à leurs propres causes politiques, cette théorie n’explique pas la complicité de nombreux autres facteurs. Il est plus que probable que, si cela représente une conspiration coordonnée, les sionistes ont dû assigner un rôle à jouer à l’élite anglo-américaine, représentée, dans cette histoire, par des contributeurs comme la Presse Universitaire d’Oxford et la fortune de la Union Oil.

Par ce mécanisme, la piété naïve et humble du citoyen moyen est exploitée à des fins à tendance psychopathe et mégalomaniaque des classes élitistes.

Que vous en soyez conscient ou non, cette doctrine du Dispensationalisme pave la voie au dernier Antichrist ! Elle prépare la « chrétienté » à recevoir la Bête et le Faux Prophète à bras ouverts. Comprenez bien ceci. Les églises chrétiennes d’aujourd’hui ont une interprétation des prophéties, surtout de l’Apocalypse, qui donne peu de chance à la Bête et au Faux Prophète d’être pris au sérieux. N’oubliez pas que c’est la terre entière qui sera remplie de ravissement devant l’émergence de la Bête. De plus, avant l’apparition de l’Homme de Péché, il y aura une grande apostasie où la majorité des personnes qui fréquentent les églises chrétiennes se détourneront de Dieu ! Plus précisément de cette vérité incontournable que Jésus est le Christ et qu’Il est Dieu avec nous !

Dans beaucoup d’églises, on a résolu que la Bête était le Vatican et que le Faux Prophète était le pape. Pensez-vous réellement que les catholiques croient à cela ? Croyez-vous vraiment que la vaste majorité des protestants vont se rallier au pape s’ils voient que celui-ci les amène à l’apostasie ? Il ne faudrait pas croire que les croyants sont imbéciles. Pour que la Bête et le Faux Prophète rallient la vaste majorité des gens, il faudra une approche bien plus crédible et des moyens beaucoup plus puissants !

L’interprétation que donnent les églises du livre de l’Apocalypse est truffée de faussetés, dans certaines confessions plus que dans d’autres. C’est malheureux en soi, mais c’est dans la logique même du Plan de Dieu et de Sa prophétie. Remarquez bien ceci : la prophétie des temps de la fin est, en grande partie, le dévoilement du plan de Satan vu dans son ensemble par une Personne pour qui tout est au présent ! Dieu nous fait simplement la description de ce que Satan a planifié. Or, il ne faudrait pas penser que, si Satan est méchant, voire fou, qu’il est également naïf. Il connaît très bien le comportement humain et agit en conséquence. Cependant, ce qui est très heureux pour nous, c’est que Satan ne pourra jamais dépasser les limites que lui impose l’Éternel Dieu.

La fameuse dichotomie d’Israël d’avec l’Église a pour but l’installation de la dernière religion humaine qui régnera sur terre avant la Seconde Venue de Jésus-Christ. Non, il ne s’agit pas d’un vaste conglomérat d’églises chrétiennes sous l’égide de l’Église catholique. Il s’agit du judaïsme moderne (qui n’a rien à voir avec la religion de l’Ancien Testament). Il est aux antipodes du vrai christianisme ! C’est la version moderne de la Religion à Mystères de Babylone. Aujourd’hui, on lui donne plutôt le nom de sionisme international. Il est habité d’un racisme exacerbé par ses écrits sacrés : le Talmud, la Kabbale, etc. Dans ces livres, il est affirmé des choses que les chrétiens ignorent et qui leur apporteront de grands malheurs. Le Talmud décrit notre Seigneur Jésus-Christ dans les termes les plus diffamatoires et appelle à la destruction des chrétiens. Voilà pourquoi la Bête et le Faux Prophète massacreront les saints de la Grande Tribulation.

Le judaïsme moderne colporte un racisme d’un niveau qui n’a jamais été atteint dans toute l’histoire de l’humanité. On y fait nettement la distinction entre les Juifs et les non-Juifs. Les Juifs sont considérés comme une race supérieure empreinte de l’étincelle divine et qui doit commander au reste du monde. Ce concept est ancré dans le cerveau des Juifs depuis leur tout jeune âge et il est la cause de beaucoup de malheurs survenus au cours de l’histoire. Cette notion a été infiltrée dans les églises chrétiennes afin de faire croire aux membres de ces églises que les Juifs sont toujours le « Peuple Élu ». Et c’est grâce au Dispensationalisme que les sionistes y sont arrivés. En suscitant et en finançant des hommes comme John Nelson Darby et Cyrus Ingerson Scofield, les sionistes internationaux ont faussé la compréhension de la Bible que les chrétiens partageaient depuis des siècles.

Le but visé est très simple. Les sionistes veulent amener les citoyens du monde sous l’égide d’un Gouvernement Unique qui sera dirigé par leur Messie (le Mochiash). Pour qu’il soit accepté des chrétiens, il leur fallait préparer le terrain au point de vue doctrinal afin que les chrétiens hésitent à rejeter ce futur dirigeant. Donc, si leur attention est suffisamment détournée des Juifs et concentrée sur des éléments religieux autres que le leur ― comme le Vatican et le pape, par exemple ―, ils pourront installer leur faux messie à un moment où il sera devenu trop tard pour le contrer.

Dans l’Apocalypse, il est écrit ceci :

« Je connais tes oeuvres, ton affliction et ta pauvreté (mais tu es riche), et le blasphème de ceux qui se disent être Juifs, et qui ne le sont point, mais qui sont la Synagogue de Satan » (Apocalypse 2:9).

« Voici, je ferai venir ceux de la Synagogue de Satan qui se disent Juifs, et ne le sont point, mais mentent ; voici, dis-je, je les ferai venir et se prosterner à tes pieds, et ils connaîtront que je t’aime » (Apocalypse 3:9).

Voilà un avertissement pour la fin des temps : la synagogue de Satan, c’est la religion que le Diable a mise sur pied depuis des millénaires et qui atteindra un point culminant à la toute fin du temps alloué aux gouvernements humains. Ceux qui dirigent cette synagogue se disent Juifs, mais ne le sont pas. Ils ne le sont effectivement pas et ce, de deux façons. Tout d’abord, au point de vue spirituel, parce qu’ils ne sont pas circoncis de cœur. Car, voici ce que l’apôtre Paul dit du vrai Juif aux yeux de Dieu : « Car celui-là n’est point Juif, qui ne l’est qu’au-dehors, et celle-là n’est point la véritable Circoncision, qui est faite par dehors en la chair. Mais celui-là est Juif, qui l’est au-dedans ; et la véritable Circoncision est celle qui est du coeur en esprit, et non pas dans la lettre ; et la louange de ce Juif n’est point des hommes, mais de Dieu » (Romains 2:29).

Deuxièmement, 92 % des Juifs modernes sont les descendants du peuple des Khazars d’origine turco-finnoise et descendants de la tribu d’Ashkénaze (Genèse 10:3). Ceux-ci se sont convertis au judaïsme autour de l’an 700 apr. J.-C., puis ont été dispersés dans diverses parties de l’Europe et de l’Asie après que leur royaume de Khazarie eût été conquis par les Russes blancs, vers l’an 1000. Aujourd’hui, ils parlent le yiddish, ancienne langue des Khazars s’écrivant avec l’alphabet hébreu, mais n’ayant rien à voir avec l’hébreu. N’eût été des Khazars, la population des fils de la Judée aurait été considérablement plus modeste, voire éteinte. On peut donc en conclure, comme l’a dit notre Seigneur Jésus-Christ, que les Khazars se disent Juifs, mais ne sont pas des Juifs, ou plutôt, pour être plus précis, des Judéens.

Pour une étude plus approfondie au sujet des Khazars, nous vous référons à notre série d’articles compilant le livre de Benjamin Freedman, L’Histoire occultée des faux Hébreux.

Afin de cacher leur plan, les Juifs sionistes ont créé un phénomène qui leur permet de jouer sur tous les tableaux et ce, dans la plus grande paix. L’antisémitisme ! Ce concept est le fondement de leur système de protection. Il est basé, et ceci est une donnée fondamentale à bien saisir, sur le racisme culturel que le judaïsme essaime depuis plus de vingt siècles. En effet, ce qui précède l’antisémitisme, c’est le fait que le Talmud et la loi rabbinique, en fondant la « judéité » sur le critère de l’hérédité par le sang, conditionnent les Juifs à se voir Juifs parmi les non-Juifs. Le Juif, qui a reçu un dépôt « d’orgueil de la différence », se voit d’abord différent du non-Juif avant que celui-ci, à son contact, le perçoive différent. Avant de devenir le Juif du non-Juif, et la cible de l’antisémitisme, le Juif est d’abord la représentation du Juif conscient de sa différence indélébile, croit-il, et de son altérité. L’appartenance juive du Juif ne naît nullement en premier lieu du regard d’autrui sur lui, mais de son regard sur lui-même : se penser Juif est d’abord une prescription essentielle du judaïsme avant d’être une contrainte venue de l’extérieur.

En définitive, ce que les populations du monde n’ont pas compris, et cela nous est surtout évident chez les « chrétiens sionistes », c’est que les écrits sacrés du judaïsme (le Talmud babylonien, le Talmud de Jérusalem, la Kabbale et les autres écrits rabbiniques) établissent depuis des siècles une différence fondamentale entre les Juifs et les non-Juifs, au point de qualifier les non-Juifs (les Gentils, les goyim) d’animaux à forme humaine ! Ne pouvant évidemment pas étaler ce « principe » au grand jour, à la face du monde, c’est d’une manière très subtile que les Juifs sionistes font pénétrer cette idée rocambolesque dans la culture des goyim.

Et voilà pourquoi des Untermeyer et autres Juifs sionistes se sont infiltrés dans le monde chrétien par le truchement d’individus qui, consciemment ou pas, on changé la doctrine de Christ et les prophéties bibliques pour faire croire que les Juifs sont encore et toujours le Peuple Élu.

Voici ce que dit un spécialiste, André Gaillard, de la question à propos de cette infiltration chez les chrétiens :

« Le nombre des chrétiens : Évangélistes, Mormons, Baptistes, Pentecôtistes… “compagnons de route” du sionisme particulièrement puissants et actifs, est de l’ordre de 70 à 80 millions, aux Etats-Unis, mais ils sont également présents  et en constante progression en Amérique latine, en Afrique, en Asie, en Belgique… Une structure d’encadrement, mise au point fin 2005 conjointement entre le Pentagone et l’armée d’Israël, la CUFI (Christians United for Israel) a pour but de propager la théologie sioniste dans les Églises évangéliques pour que le soutien aux actions de guerre israéliennes soit perçu comme un devoir religieux par une majorité d’États. Pour les chrétiens sionistes, en référence à l’Apocalypse, le retour de Christ ne surviendra pas avant que les Juifs se soient regroupés en Palestine. Le fait que les Juifs, selon la même prophétie, doivent se convertir au christianisme, est mis sous le boisseau compte tenu des conjonctures d’intérêt à court terme. Rappelant certains “compagnons de route” du communisme vus par Lénine comme des “imbéciles utiles”, ces chrétiens sont tout à la fois méprisés secrètement pour leur croyance et flattés habilement pour leur formidable appui matériel et moral à Israël. » [http://andre-gaillard.fr/Conclusion.htm, note numéro 6. L’emphase est la nôtre.]

Le Dispensationalisme est l’outil principal dont se sont servis les « compagnons de route » des sionistes pour amener le monde chrétien à soutenir une nation qui porte le nom de Synagogue de Satan dans la Bible. Les mêmes chrétiens qui affirment qu’ils ne seront jamais influencés par l’Antichrist financent allègrement ceux qui travaillent à l’amener sur la scène mondiale. Voilà une triste aberration. Nous avons personnellement lu des articles, dans des sites « chrétiens » pré-tribulationistes, qui soutenaient l’État d’Israël au point de souhaiter l’extermination des Palestiniens, la faisant passer pour un acte de Dieu ! Lire de pareilles bêtises est choquant et humiliant pour le nom de « chrétien » !

Il est grand temps que les vrais chrétiens puissent discerner l’interprétation biblique des prophéties et s’attachent à l’Esprit de prophétie de Christ pour comprendre que le véritable Peuple Élu de Dieu est aujourd’hui l’Église, le Corps de Christ. Jésus-Christ n’a pas deux épouses ! Dieu n’est pas bigame ! Dieu n’a pas deux Plans séparés, un spirituel et un physique ! Dieu a un seul Plan où tout est inclus !

Que ceux qui ont des oreilles pour entendre écoutent ce que l’Esprit dit aux Églises d’Apocalypse 2 et 3. Puisse le Seigneur vous accorder Son discernement afin que vous deveniez rusés comme des serpents et obéissants à Dieu comme des brebis.

ööö

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[1] Le Secret Six ou Comité des Six étaient six hommes instruits et riches qui financèrent secrètement l’abolitionniste américain John Brown. Il s’agissait de Thomas Wentworth Higginson (ministre unitarien), le Dr Samuel Gridley Howe (physicien), Theodore Parker (ministre transcendentaliste libéral), Gerrit Smith (philanthrope anti-esclavagiste), Franklin Sandborn (intellectuel de Harvard) et George Luther Stearns.

[2] Joseph M. Canfield, The Incredible Scofield, Ross House Books.

[3] Glenn R. Goss, docteur en théologie et professeur de bible au Collège biblique de Philadelphie, article The Scofield Bible and C. I. Scofield.

[4] Tim LaHaye, What is the Rapture?, article.

[5] Earnest Sandeen, The Roots of Fundamentalism : 1800-1920, (Chicago : Presse de l’Université de Chicago, 1970), p. 224.

[6] Antinomisme : doctrine qui soutient que les chrétiens qui sont sauvés par leur foi seule ne sont tenus à aucune obligation envers la loi de Dieu. [Encyclopédie Grolier, éd. 1952, p. 370.]

[7] Lewis Sperry Chafer, Systematic Theology, vol. 8 (Dallas : Presse du Séminaire de Dallas, 1948), pp. 5-6.




D.230 – Historique et dessein occulte du Dispensationalisme – Partie 1

 

Par Roch Richer

Introduction

Tous ceux et celles qui étudient minutieusement et dans leur entier les arguments dispensationalistes des pré-tribulationistes (ainsi que ceux de leurs contradicteurs) et ce, à la lumière des Écritures, en viendront immanquablement à discerner le vrai du faux et ils laisseront tomber le système dispensationaliste pour s’attacher à la saine doctrine de Christ. Comme nous l’avons vu dans un article précédent (D.226 Le dispensationalisme : retour à la théorie biblique ou secte pseudo-chrétienne), et si vous lisez les autres documents qui se trouvent dans notre section Post/pré-tribulationisme, les accusations portées contre le Dispensationalisme et son enlèvement pré-tribulationiste sont véritables et bien fondées. Ce système doctrinal n’est tout simplement pas biblique.

Il est invraisemblable de croire que les propagateurs du Dispensationalisme n’aient pas eu accès à toutes ces informations et n’aient pas vu l’errance du système qu’ils mettent de l’avant avec tant d’énergie et de zèle. Il y en a sans doute qui, après avoir pris connaissance de toutes ces données, ont changé radicalement de perspective et se sont attachés à l’enseignement biblique limpide du christianisme apostolique. Rendons-en grâce à Dieu qui les a éclairés. Mais que pouvons-nous dire de ceux qui, face à l’évidence de la faiblesse de leurs arguments eschatologiques, continuent à enseigner leurs faussetés et persistent à faire la sourde oreille et à fermer les yeux devant la masse de preuves scripturaires et historiques leur étant pourtant disponible ? Ce sont des gens intelligents. Ils disent même avoir le Saint-Esprit pour les guider. Mais si Celui-ci les habitait, ne leur montrerait-Il pas la clarté des vérités bibliques ? Et s’ils voient qu’ils enseignent des faussetés, pourquoi donc s’acharnent-ils à prêcher leurs errements aux chrétiens ? Pourrions-nous soupçonner des motifs occultes derrière leur étrange agissement ?

Il y a de plus en plus d’information qui nous donne les indices de ce qui se trame derrière les portes closes des puissants de ce monde où se concoctent grande quantité d’artifices et de mensonges. Une fois ces informations dévoilées, vous vous apercevez rapidement que le pilier central sur lequel repose le système doctrinal du Dispensationalisme, c’est la supposée dichotomie exercée entre Israël et l’Église. Tout le reste n’est qu’agrémentation argumentaire artificielle visant à rendre cette distinction crédible aux yeux des nombreux chrétiens qui n’étudient leur Bible que de façon superficielle.

En enseignant volontairement, et contre toute logique biblique, la séparation d’Israël et de l’Église, que visent les eschatologistes dispensationalistes ? Quelle est leur motivation profonde ? Pourquoi veulent-ils faire croire à une future « septième dispensation » d’un royaume terrestre dominé par la nation physique des Juifs ?

Afin de mieux comprendre ce qui se joue derrière les décors politiques et religieux du monde, examinons ensemble un historique du Dispensationalisme et de son enlèvement pré-tribulationiste.

Les racines d’un mouvement ou d’un enseignement sont aussi importantes que les fruits que porte ce mouvement ou cet enseignement. L’analyse des racines d’une chose donnée nous permet de déterminer quel chemin elle prendra avant que les fruits deviennent apparents. Dans le cas du Dispensationalisme, nous pouvons maintenant constater la nature anti-biblique de ses racines et, par conséquent, de ses fruits.

Origine de l’enlèvement pré-tribulationiste

Il s’est forgé diverses opinions quant aux origines du pré-tribulationisme. Certaines personnes soutiennent que c’est notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même qui en est l’instigateur ; d’autres pensent plutôt qu’il nous provient des apôtres ; d’autres encore affirment que c’est immédiatement après les apôtres que les pères de l’Église primitive en ont parlé ; et, enfin, il y a ceux qui déclarent que la doctrine n’est vieille que de moins de deux siècles et fut proclamée par des gens dont les fruits laissent planer un doute quant à leur participation au Corps de Christ.

Jésus-Christ

Notre Seigneur Jésus-Christ a-t-Il parlé d’un enlèvement pré-tribulationiste avant de monter au ciel ? Examinons une des déclarations finales de Jésus avant Son ascension, juste après Sa résurrection :

« Allez donc, et enseignez toutes les nations, les baptisant au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; 20Et les enseignant de garder tout ce que je vous ai commandé. Et voici, je suis toujours avec vous jusques à la fin du monde. Amen » (Matthieu 28:19-20).

Jésus avait préalablement signalé à Ses disciples qu’ils verraient l’abomination de la désolation quand l’Antichrist établirait son image dans le temple, en proclamant être Dieu. Dans Matthieu 24:21, Il a dit : « Car alors il y aura une grande affliction, telle qu’il n’y en a point eu de semblable depuis le commencement du monde jusques à maintenant, ni il n’y en aura plus de telle. » Il leur a également dit de ne pas croire aux rapports affirmant qu’Il serait ici, ou là (v. 23). Et c’est ce qu’Il commanda à Ses disciples d’enseigner à observer aux autres disciples au sein des nations. C’est contraire à la croyance d’un enlèvement pré-tribulationiste stipulant que nous serons partis avant que l’homme d’iniquité n’occupe la scène.

Nous n’avons pas besoin d’aller plus loin dans notre discussion à savoir si Jésus a présenté ou non un enlèvement pré-tribulationiste, parce qu’Il n’a rien dit qui vienne contredire Sa Parole. Pourtant, il y en a pour défendre leur croyance pré-tribulationiste plutôt que d’examiner avec diligence les Écritures et voir si leur affirmation est exacte ou erronée.

Plusieurs utilisent le verset suivant pour « justifier » leur croyance : « Or quant à ce jour et à cette heure, personne ne le sait, non pas même les Anges qui sont au ciel, ni même le Fils, mais mon Père seul » (Marc 13:32, en parallèle avec Matthieu 24:36). Ils déclarent que Jésus reviendra après les tribulations, mais, puisqu’Il ne connaissait pas le jour, ni l’heure, il doit donc être question d’un retour « pré-tribulationiste », même si Jésus n’a rien dit de tel (à vrai dire, nulle part dans les Écritures est-il dit qu’il y aura un retour secret avant les tribulations). Ce qui ne mène qu’à une seule conclusion : si Jésus a dit à Ses disciples qu’ils verraient la révélation de l’Antichrist, il est donc impossible d’être enlevés dans les nuées avant cela. Rappelez-vous que Jésus a dit que Son retour s’effectuerait après les tribulations, mais qu’Il ne connaissait pas le jour, ni l’heure de Son retour après les dites tribulations.

Les apôtres

Certains pré-tribulationistes reconnaissent, sans doute à contrecœur, que Jésus n’a jamais rien enseigné à propos d’un enlèvement pré-tribulationiste. Ils soutiennent que Jésus-Christ n’en savait pas assez concernant la prophétie des temps de la fin. Par conséquent, la prophétie relative aux tribulations ne fut révélée que subséquemment aux apôtres. Cela soulève une question très intéressante. Puisque Jésus n’est pas d’accord avec les pré-tribulationistes, ceux-ci doivent se fabriquer une porte de sortie d’urgence et ainsi discréditer le Seigneur Jésus-Christ ! Retournons aux Écritures où Jean a dit, relativement à Christ :

« Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique qui est au sein du Père, est celui qui nous l’a révélé » (Jean 1:18).

Tout ce qui a été fait a été révélé par Jésus-Christ. Lorsque les écrivains anciens ont reçu l’ordre de rédiger les Écritures, ils furent inspirés par la Parole, le Messie pré incarné, Jésus Lui-même, par la puissance de Son Esprit. Quand ils rencontrèrent Dieu, c’était Jésus. Donc, le Christ fut parfaitement qualifié pour instruire les disciples en ce qui a trait à l’époque de la grande tribulation. S’il ne l’avait pas été, Il n’aurait pas dit ce qui suit :

« Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point » (Matthieu 24:35).

Jésus a énoncé cette parole durant cette réunion précise avec Ses disciples. Elle résume l’essentiel ! Si Jésus n’avait pas eu les qualificatifs pour parler des tribulations, nous devrions alors rayer ce verset. Il y a donc une chose dont nous pouvons être sûrs, c’est qu’en dépit du fait que les cieux et la terre vont un jour passer, et qu’ils feront place à un nouveau ciel et à une nouvelle terre, les Paroles de Jésus-Christ, le Messie, ne passeront point ! Dans Malachie, Dieu a dit :

« Car je suis l’Éternel, je ne change pas… » (Malachie 3:6).

Par conséquent, si Jésus a dit à Ses disciples qu’ils allaient voir l’Antichrist, c’est bien ce qu’Il entendait et Dieu ne S’est pas servi des apôtres pour changer cela !

Plusieurs personnes utilisent le « symbolisme » pour justifier le pré-tribulationisme. Ils affirment que, dans Sa discussion, Jésus Se référait aux « saints des tribulations ». Mais Jésus fut des plus clairs. Il parlait à Ses disciples en privé. Et ils devaient enseigner ce message dans son intégralité à d’autres disciples habitant dans toutes les nations !

Est-ce que les apôtres enseignèrent l’enlèvement pré-tribulationiste ou confirmèrent-ils ce que Jésus avait Lui-même enseigné ? Supposons qu’ils aient enseigné l’enlèvement pré-tribulationiste. Auraient-ils alors ajouté aux Écritures ? Que dit la Parole de Dieu dans les Proverbes ?

« N’ajoute rien à Ses paroles, de peur qu’Il ne te reprenne, et que tu ne sois trouvé menteur » (Proverbe 30:6).

Il est évident que quiconque ajoutera à la Parole de Dieu sera trouvé menteur, ce qui inclut l’approche « littérale » pré-tribulationiste de Matthieu, au chapitre 24 afin de lui donner une tournure différente. Dans une autre déclaration de l’Ancien Testament, Dieu dit :

« Vous n’ajouterez rien à la parole que je vous commande, et vous n’en diminuerez rien, afin de garder les commandements de l’Eternel votre Dieu lesquels je vous commande de garder » (Deutéronome 4:2).

Voilà qui est fort clair ! Non seulement devons-nous nous abstenir d’ajouter à la Parole de Dieu, mais nous ne devons pas non plus en enlever. Dieu a aussi dit :

« Vous prendrez garde de faire tout ce que je vous commande. Tu n’y ajouteras rien, et tu n’en diminueras rien » (Deutéronome 12:32).

Ainsi donc, les apôtres ont-ils ajouté ou retranché des Paroles de Jésus, se soustrayant à Son commandement de grande mission en introduisant un enlèvement pré-tribulationiste ? Ou, au contraire, ne firent-ils que confirmer ce que Jésus leur a toujours dit ? Regardons la lettre de Paul aux Thessaloniciens. Paul a dit, concernant l’enlèvement :

« Car le Seigneur lui-même avec un cri d’exhortation, et une voix d’Archange, et avec la trompette de Dieu descendra du Ciel ; et ceux qui sont morts en Christ ressusciteront premièrement ; 17Puis nous qui vivrons et qui resterons, serons enlevés ensemble avec eux dans les nuées, au-devant du Seigneur, en l’air et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Thessaloniciens 4:16-17).

Paul a dit que les morts ressusciteront premièrement. Ensuite, ceux qui seront encore vivants seront enlevés ensemble avec eux pour rencontrer le Seigneur dans les nuées. Paul n’a pas dit que cela arriverait avant les tribulations, ni que cela se ferait en secret, mais il a dit que les morts allaient ressusciter en premier. Or, concernant les morts, Jésus a déclaré, dans l’Évangile de Jean :

« Et c’est ici la volonté de celui qui m’a envoyé, que quiconque contemple le Fils, et croit en lui, ait la vie éternelle ; c’est pourquoi je le ressusciterai au dernier jour … Nul ne peut venir à moi, si le Père, qui m’a envoyé, ne le tire ; et moi, je le ressusciterai au dernier jourCelui qui mange ma chair, et qui boit mon sang a la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour » (Jean 6:40, 44, 54).

Jésus a dit que quiconque croit en Lui, mange Sa chair et boit Son sang, Il le ressuscitera au dernier jour ! Puisqu’il y aura des saints qui croiront en Jésus et qui mourront pendant les tribulations, Il les ressuscitera aussi. Vous ne trouverez jamais de référence biblique à un dernier jour « en deux phases » dans les Écritures. Et, puisque les saints décédés pendant les tribulations ne peuvent être ressuscités avant les tribulations pour des raisons évidentes, et que les saints vivants lors de la venue de Christ ne précéderont pas les morts en Christ (1 Thessaloniciens 4:15), il s’en suit donc que tous ceux qui croient en Jésus, peu importe l’époque de leur conversion, seront ressuscités au dernier jour, c’est-à-dire, après les tribulations ! Jean confirme plus loin ce que Jésus et Paul ont dit :

« Et je vis des trônes, sur lesquels des gens s’assirent, et l’autorité de juger leur fut donnée, et je vis les âmes de ceux qui avaient été décapités pour le témoignage de Jésus, et pour la Parole de Dieu, qui n’avaient point adoré la bête ni son image, et qui n’avaient point pris sa marque en leurs fronts, ou en leurs mains, lesquels devaient vivre et régner avec Christ mille ans. 5Mais le reste des morts ne doit point ressusciter jusqu’à ce que les mille ans soient accomplis ; c’est la première résurrection. 6Bienheureux et saint est celui qui a part à la première résurrection ; la mort seconde n’a point de puissance sur eux, mais ils seront Sacrificateurs de Dieu, et de Christ, et ils régneront avec lui mille ans » (Apocalypse 20:4-6).

Jean, décrivant les morts, y inclut :

  • Les âmes qui furent décapitées pour le témoignage de Jésus et pour la Parole de Dieu ;
  • et ceux qui n’avaient pas adoré la bête.

Ils revinrent à la vie après les tribulations, a dit Dieu à Jean. « C’est la première résurrection, » spécifie-t-Il. Il n’a pas dit : « C’est la troisième ou la quatrième phase » de la première résurrection, comme le suppose Hal Lindsey, un des grands prêtres du pré-tribulationisme ! Il est donc alors très clair que la première résurrection aura lieu après les tribulations. Et, comme nous l’avons dit précédemment, puisque les morts doivent ressusciter d’abord, avant l’enlèvement, celui-ci arrive donc après les tribulations. Nous devons ainsi en conclure que les apôtres n’enseignèrent rien de contraire aux Paroles de Jésus prononcées sur le Mont des Oliviers ! Comme l’a dit Jésus, les disciples verront l’abomination de la désolation. Paul écrivit aux Thessaloniciens :

« Que personne donc ne vous séduise en quelque manière que ce soit ; car ce jour-là [le jour de Christ] ne viendra point que la révolte ne soit arrivée auparavant, et que l’homme de péché, le fils de perdition, ne soit révélé » (2 Thessaloniciens 2:3).

Paul a dit que le jour de Christ (le jour de Son retour en gloire et de notre résurrection) ne viendra pas avant que l’apostasie ne soit survenue et que l’homme de péché ne soit révélé (c’est-à-dire, l’Antichrist) et que le Seigneur…

« …détruira par l’Esprit de sa bouche, et l’anéantira par son illustre avènement » (2 Thessaloniciens 2:8).

Étant donné qu’il est parfaitement clair que ni Jésus, ni Ses apôtres n’enseignèrent un enlèvement pré-tribulationiste, cela règle le problème ! Toutefois, les pré-tribulationistes tentent tout de même de justifier leur position en affirmant que certaines figures de proue de l’histoire de l’Église parlèrent d’un enlèvement pré-tribulationiste. Par exemple, Grant Jeffrey, éminent pré-tribulationiste, « cite » des leaders de l’Église primitive de manière à faire croire qu’ils prônaient un enlèvement avant les tribulations. Ceux qu’il cite sont cependant peu nombreux et, de plus, il les cite de manière tronquée en leur faisant dire ce qu’ils ne disent pas. D’autres propagandistes pré-tribulationistes donnent une explication extra biblique au pré-tribulationisme, pigeant dans les « codes bibliques », les coutumes de mariage juif ou même des lois humaines. Mais tout cela provient de l’extérieur des Écritures et contrevient aux Paroles de Jésus.

Quelques pré-tribeurs, comme John Walvoord, s’accordent pour dire que cet enseignement est relativement récent au sein de l’Église. Évidemment, les post-tribulationistes sont en harmonie avec cela. Walter Martin, dans Original Bible Answer Man, fondateur de l’Institut chrétien de recherches, a répondu à des appels dans le cadre de son émission radiophonique touchant divers sujets. À une certaine époque, des gens l’appelaient en lui posant des questions concernant l’enlèvement. Il répondit que cet enseignement d’un enlèvement pré-tribulationiste vit le jour au début du dix-neuvième siècle. Dans un enregistrement audio, The Tribulation and the Church, il avance ce qui suit :

« Les chrétiens y crurent [à l’enseignement post-tribulationiste] pendant dix-neuf siècles. Les pères de l’Église, les réformateurs et tous les grands théologiens dans toute l’histoire de l’Église, jusqu’à il y a environ 140 ans, crurent que nous allons voir l’Antichrist, que nous serons persécutés par lui et que nous serons délivrés de ses mains lors du second Avènement de Jésus-Christ […] Vous ne trouverez pas mention que nous allons échapper à l’Antichrist avant 140 ans passés, quand une jeune fille de quinze ans eut une révélation. Et John N. Darby, fondateur des Frères de Plymouth, s’appropria cette révélation pour la développer au sein d’une forme théologique connue sous le nom de Théologie Dispensationaliste. Pendant dix-neuf siècles, l’Église n’entendit pas parler de cette doctrine, n’y crut pas et ne l’a jamais prêchée. »[1]

Ce qu’a dit Martin en ce qui a trait à la jeune fille de quinze ans est parfaitement vrai. Elle eut une « révélation ». Toutefois, cette vision, qu’elle eut en 1827, faisait allusion à un enlèvement pré-tribulationiste partiel. Dans cette vision, les chrétiens « remplis de l’Esprit » étaient enlevés et le reste de l’Église demeurait sur terre pour faire face à l’Antichrist. Néanmoins, c’était la première mention formelle d’un enlèvement survenant avant l’apparition de l’Antichrist. Nous aurons l’occasion de revenir sur cette « révélation » un peu plus loin.

Continuons maintenant à suivre le cours de l’histoire afin de comprendre comment Satan a pu installer progressivement cette fausse doctrine qui s’avérera mortelle dans un avenir rapproché, justement avant la grande apostasie prophétisée par l’apôtre Paul et l’apparition de l’homme de péché.

La semence de l’apostasie est plantée

3e siècle av. J.-C. ― Autour de l’an 250 av. J.-C., la Septante (ou LXX) fut rédigée à Alexandrie, importante ville intellectuelle d’Égypte. Cette traduction en grec des Écritures hébraïques, influencée par l’hellénisme (paganisme grec) fut commandée par l’empereur hellène Ptolémée II. Certains des changements apportés dans la Septante au texte originel massorétique hébraïque ressortent dans les versions modernes de la Bible. Nous devons souligner que ces manuscrits corrompus s’avèrent fort possiblement le début de la préparation aux enseignements dispensationalistes, de là leur rédaction pour une occasion encore future. Ces déviations des Écritures véritables sont couvertes dans Le dispensationalisme et le Texte Reçu.

2e siècle apr. J.-C.― Les membres de la véritable Église de Dieu à Antioche, en Syrie (où ils furent appelés pour la première fois par le nom de chrétiens, Actes 11:26), reproduisirent fidèlement les manuscrits originaux des Saintes Écritures, avec crainte et tremblement. En effet, ils n’osèrent changer, ne serait-ce qu’un seul mot ou une seule ponctuation, car ils connaissaient les avertissements du Seigneur dans Deutéronome 4:2 et Apocalypse 22:18. Par le truchement d’œuvres missionnaires, ces manuscrits se rendirent en peu de temps jusqu’à l’École à Mystères de Philon[2], sise à Alexandrie, en Égypte. C’est encore là, au quartier général des Religions à Mystères, que les gnostiques commencèrent à produire des versions corrompues des manuscrits originaux du Nouveau Testament, allant de paire avec la Septante déjà rédigée. Sous la direction d’individus comme Origène et Clément, leur École à Mystères changea les Écritures dans le but de refléter leurs croyances gnostiques par opposition au vrai christianisme. Vous pouvez comparer cette action avec celle du Séminaire de Jésus d’aujourd’hui qui s’arroge le droit de décider de ce qui appartient ou pas à la Bible. Satan leur a mis dans le cœur d’apporter des changements à certains versets (juste assez) de manière à ce que, le moment venu, ils puissent être utilisés pour appuyer une doctrine qu’il allait introduire plus tard sous le nom de Dispensationalisme.

312 apr. J.-C. ― L’empereur Constantin proclama publiquement qu’il s’était converti au christianisme (lire évidemment : catholicisme). Cependant, il continua quand même à adorer ouvertement les dieux païens, y compris Sol, le dieu soleil. Il se donna plus tard le titre de premier pape (Summus Pontifex, ou Maximus Pontifex, i.e., souverain pontife). C’est d’ailleurs du cloaque païen de Rome que naquit l’Église catholique romaine. Constantin ordonna par la suite à son bras droit, l’évêque Eusèbe, de superviser la production de cinquante nouvelles bibles. Devinez quels manuscrits il choisit pour cette entreprise ? Quiconque prend le temps de faire des recherches un tant soit peu sérieuses sait que le catholicisme romain n’est rien d’autre qu’une mouture « christianisée » des Religions à Mystères de Babylone sous déguisement. Le choix était donc évident pour notre cher Eusèbe. Il devait demeurer fidèle à sa religion païenne. Conséquemment, il choisit d’utiliser les textes d’Alexandrie. Ces bibles devaient être ensuite employées par Jérôme pour concocter sa Vulgate latine. Et depuis, les manuscrits corrompus de Satan sont protégés au fond des voûtes du Vatican jusqu’à aujourd’hui. Ils ont été utilisés plus tard dans la traduction d’à peu près toutes les versions modernes de la Bible. Voyez-vous, c’est qu’on a besoin de ces anciens manuscrits d’Alexandrie et de leurs équivalents modernes pour établir la défense des enseignements dispensationalistes.

La semence est arrosée

1791 ― Un prêtre jésuite espagnol, Manuel de Lacunza, et plusieurs autres Jésuites furent bannis du Chili en 1767, Peu après, de Lacunza se prit pour un converti juif et changea son nom en celui de Juan Josaphat Ben-Ezra. Aux alentours de 1791, de Lacunza termina la rédaction d’un livre intitulé Le Retour du Messie en Gloire et en Majesté sous le pseudonyme de Ben-Ezra. Dans son livre, de Lacunza insinua nébuleusement que Jésus allait revenir deux fois pour emporter Son Église. Son premier retour servirait à sortir l’Église du monde afin que Dieu le Père puisse répandre Sa colère. Voilà peut-être la partie d’où a surgi l’idée d’un enlèvement pré-tribulationiste.

Le livre n’atteignit pas la popularité escomptée. En fait, il serait probablement tombé dans l’oubli comme d’autres livres impopulaires l’ont été au fil des ans. Pourtant, le livre de de Lacunza s’est frayé un chemin, d’une façon ou d’une autre, jusqu’en Angleterre où un prêcheur londonien réputé, Edward Irving ― dont nous parlerons plus loin ― le trouva dans la bibliothèque de l’archevêque de Canterbury, à Londres. Irving traduisit le livre de de Lacunza en anglais et tomba en amour avec quelques-unes des doctrines qu’il y trouva. Toutefois, il est plus que probable qu’Irving n’y pigea pas l’enlèvement pré-tribulationiste.

Néanmoins, il y a fort à parier qu’Irving glana quelques informations de de Lacunza qui l’aidèrent à formuler sa doctrine. Il y avait dans le livre de de Lacunza certaines théories qui n’étaient pas traditionnelles. Irving pigea ici et là afin de nourrir son imaginaire débordant. Et de Lacunza lui en donna l’opportunité.

Edward Irving

Edward Irving (1792-1834) fut un dynamique prédicateur charismatique prêchant à la Chapelle calédonienne de Londres. La modeste chapelle était toujours pleine à craquer de gens dont faisait partie l’élite de la société. La plus grande faiblesse d’Irving, cependant, c’est qu’il était « un navire sans quille, ballotté selon les caprices de chaque nouvelle brise jusqu’à ce qu’il soit renversé ».[3] Dans la citation suivante, Sandeen décrit l’impétueuse disposition d’esprit d’Irving :

« Irving aimait le mystère ― il aimait voir une idée surgir du milieu de la brume. Et, une fois amorcé par une telle idée, une fois saisi par son mystère, il en devenait esclave, ne se demandant pas quelles contradictions ou quelles complications il s’en suivrait. »[4]

Je réfère le lecteur à un article écrit par George T. Stokes dans Littell’s Living Age pour une évaluation très utile du caractère d’Edward Irving :

« Prenons d’abord Edward Irving. Les gens de notre génération n’ont qu’une idée vague de la grande influence exercée par le célèbre prêcheur écossais grâce à son éloquence étrangement majestueuse, sa formulation quasi prophétique et sa colossale personnalité. Des ministres d’état, la noblesse, des théologiens, des hommes littéraires de tout rang et de toutes les conditions de la société en étaient captivés. Son enseignement, étroitement modelé [sic] sur le style des anciens prophètes hébreux, traitait en grande partie du sujet des prophéties inaccomplies et de l’approche rapide des manifestations du Second Avènement du Christ. Irving infectait ses auditeurs par ses visions et ses prévisions. Ses rencontres d’étude de la prophétie devinrent très à la mode. »[5]

Irving était friand d’études prophétiques et commença à se réunir avec James Hatley Frere chaque semaine pour discuter prophétie. Peu après cela, Irving devint l’un des plus charismatiques porte-parole du millénarisme. C’est alors qu’Irving lut le livre de de Lacunza et se fascina pour la doctrine de l’enlèvement secret et imminent. Il traduisit le livre en anglais et, jadis destiné à l’extinction, le bouquin du Jésuite fut à nouveau publié à Londres en 1827.

Peu après avoir lu le livre de de Lacunza, Irving commença à prêcher l’enlèvement secret des saints, prétendant avoir entendu une voix venue du ciel lui ordonnant de le faire. C’est peut-être pour cela que plusieurs personnes attribuent l’origine de l’enlèvement pré-tribulationiste à de Lacunza. Dans l’année 1828, certaines des réunions d’Irving en Écosse suscitaient des foules de plus de 10 000 personnes. L’église d’Irving à Londres était reconnue pour ses déclarations prophétiques qui attiraient des gens influents et célèbres de la société. Le bâtiment accueillait mille personnes et il était rempli à pleine capacité toutes les semaines.

Les nombreuses déclarations annonçant que Jésus devait revenir bientôt provoquaient une grande excitation. On peut facilement y voir un parallèle avec les églises exultantes charismatiques et pentecôtistes d’aujourd’hui qui se délectent de prophéties et de sensationnalisme tout en attirant d’énormes foules.

Pendant cette même période, Irving se mit à diriger des conférences et des études bibliques dans toute l’Écosse à propos d’un enlèvement secret et imminent. C’est à cette même époque que John Nelson Darby et Irving prirent contact ensemble. Même si la doctrine de Darby sur le Dispensationalisme allait éventuellement inclure l’idée d’un enlèvement secret pré-tribulationiste, elle ne l’avait pas au début. Il est vraisemblable de croire que Darby tira d’Irving la notion d’enlèvement pré-tribulationiste.

1827 ― Tournons-nous maintenant vers la source de la doctrine d’Irving. Quoiqu’il ait proclamé à maintes reprises qu’il s’agissait d’une révélation divine, fut-elle adressée à lui ou à quelqu’un d’autre ? Dans son livre, The Rapture Plot, Dave McPherson, expert en la matière, déclare qu’Irving reçut son information d’une jeune fille nommée Margaret MacDonald qui aurait, selon elle, reçu des révélations de Dieu en 1827, à propos de l’enlèvement de l’Église. Elle et une de ses amies entretenaient des liens ésotériques et faisaient dans les pouvoirs occultes et dans l’écriture automatique ; elles pouvaient se figer comme des statues de manière quasi surnaturelle, touchant à peine le sol, en lévitant presque (la lévitation était reconnue comme un « enlèvement » dans les milieux ésotériques). Les Jésuites déclaraient être capables aussi de léviter pendant leurs méditations, alors que les dirigeants de l’Église catholique condamnaient souvent de telles pratiques chez les roturiers. Un événement tout nouveau était donc présenté et on lui accola le nom « d’enlèvement »

À l’époque où Margaret McDonald formula sa révélation d’un enlèvement, elle fit également une fausse prédiction au sujet de l’antichrist : d’après elle, il s’agissait du socialiste du 19e siècle, Robert Owen. Voilà tout ce que valait son « écoute exacte » du Seigneur !

Cela dit, Irving a pu aussi être influencé par l’amie de Margaret MacDonald une femme du nom de Mary Campbell, qui recherchait le don du Saint-Esprit et se mit à parler en langues dans le mois de mars de 1830. Plus tard, elle « reçut le don de l’écriture automatique », c’est-à-dire que l’on écrit sous l’effet d’une transe. Les lettres étaient souvent illisibles, mais, bon, si les langues inconnues pouvaient être interprétées, on suppose qu’on pouvait également interpréter l’écriture automatique. Campbell et son époux, un pasteur écossais, visitèrent Irving chez lui. On rapporte qu’ils furent ses hôtes pendant une période de temps considérable. Durant cette visite, Mary Campbell donna à Irving des messages fréquents qui, supposait-on, provenaient du Saint-Esprit. Bien que Campbell énonçait des prophéties dans les réunions de l’église, elle en énonçait aussi dans ces réunions privées chez Irving.

Margaret MacDonald

Examinons plus attentivement l’amie de Mary Campbell, Margaret MacDonald. Ce qu’on sait depuis relativement peu de temps, c’est que les Irvingites avaient été influencés par une jeune Écossaise qui, aux environs de 1830, avait dit privément à Irving, John Darby et quelques autres pasteurs que le Seigneur lui avait révélé qu’une partie de l’Église chrétienne serait enlevée avant la révélation de l’Antichrist durant les tribulations, alors que le reste de « l’Église » endurerait cette période. Cependant, la première diffusion publique de l’enlèvement pré-tribulationiste ne survint qu’en septembre 1830, dans un article du journal britannique d’Irving, The Morning Watch, article intitulé « Commentaires sur les sept Églises de l’Apocalypse ». Les sceptiques doivent apprendre qu’il en existe des preuves dans les archives des principales bibliothèques britanniques, ainsi que des copies originales au Collège de la Divinité de Colgate-Rochester, au Séminaire Théologique Fuller, à l’Université Oral Roberts, au Séminaire Théologique de Princeton, au Séminaire Théologique Baptiste du Sud et au collège de la Divinité Évangélique de la Trinité.

Après qu’Irving eût reçu le récit manuscrit de Margaret MacDonald concernant cette révélation, le Morning Watch fit écho à cette nouvelle vision. L’article déclare clairement qu’une partie de l’Église chrétienne (décrite comme étant celle de « Philadelphie » de l’Apocalypse) serait enlevée pour rencontrer Christ dans les airs avant la « grande tribulation », en ajoutant que « Laodicée » (décrite comme étant « l’Église » qui fera face à l’Antichrist) serait laissée derrière afin de passer au travers de la tribulation dans un but de « purification », ce qui ressemble au concept du « purgatoire » de l’Église catholique.

Dans le passage suivant du Dictionnaire Holman de la Bible, l’idée d’un enlèvement secret est attribuée à Margaret MacDonald. Toutefois, l’article émet une erreur en déclarant que MacDonald faisait partie de la congrégation de Darby et que celui-ci reçut la doctrine directement d’elle.

« Le rôle de John Darby :

« Le concept d’un retour du Seigneur se faisant en deux étapes, inconnu avant 1830, fournit la plateforme du mouvement appelé “dispensationalisme”. Le pasteur de Mlle MacDonald, J. N. Darby, reprit son idée et commença à l’utiliser dans ses sermons. Darby fut responsable d’avoir développé le retour de Christ en deux étapes pour en faire une eschatologie ou théologie complètes. Il fut pasteur anglican jusqu’en 1827 lorsqu’il quitta l’église pour se joindre aux Frères de Plymouth. »[6]

Bien que l’on puisse se questionner à savoir si la vision de MacDonald contenait réellement des références à un enlèvement pré-tribulationiste, il est tout de même assuré que la jeune fille faisait partie du même milieu que Darby. Nous n’avons toutefois rien découvert qui indiquât que MacDonald ait jamais fréquenté la congrégation de Darby. De même avons-nous lu la vision de MacDonald et n’y avons pas vu un enlèvement pré-tribulationiste explicitement décrit. Cependant, si les pré-tribulationistes se disent en mesure de trouver cette doctrine dans la Bible, nous supposons que nous pouvons faire de même avec la vision de MacDonald puisqu’elle contient quelques références que l’on pourrait interpréter comme étant un enlèvement pré-tribulationiste. S’il y a eu une autre vision, nous n’en sommes pas au courant. Voici donc la vision de MacDonald dans sa totalité et mise en circulation comme étant celle de laquelle Irving tira sa théorie d’un enlèvement secret.

« Ce fut, en tout premier lieu, l’affreux état de la terre qui me pesa. Je vis l’aveuglement et l’engouement des gens devenus très grands. Je sentis le cri de la Liberté, comme un sifflement du serpent, les amener à la perdition. Ce n’était que des “pas de Dieu”. Je me répétai : “Maintenant, il y a la détresse des nations, et la perplexité, les mers et les vagues qui rugissent, le cœur des hommes qui lâche par l’effet de la peur. Or, prend garde au signe du Fils de l’Homme. Ici, on m’arrêta pour que je crie ; O, on ne sait pas ce qu’est le signe du Fils de l’Homme ; le peuple de Dieu pense qu’il attend, mais il ne sait pas quoi. »

(Puisqu’à l’époque, tous les chrétiens croyaient à l’enlèvement post-tribulationiste, il semble que MacDonald s’apprêtait à présenter quelque chose de différent, ici.)

« J’eus le sentiment qu’il fallait que ce soit révélé ; et qu’il régnait une grande noirceur et une grande errance ; mais soudainement, cela me sauta aux yeux avec une lumière glorieuse. Je vis tout simplement le Seigneur Lui-même descendre des cieux avec un cri, tout simplement l’Homme glorifié, Jésus Lui-même ; mais, comme le fut Étienne, tous doivent être remplis du Saint-Esprit, afin de lever les yeux et voir la brillance de la gloire du Père. Je constatai ce qu’était l’erreur, c’est-à-dire que les hommes pensent qu’il s’agit de quelque chose que voit l’œil physique ; mais l’on a besoin du discernement spirituel, l’œil de Dieu dans Son peuple. »

(Dans cette section, il semble que MacDonald veuille soumettre l’idée que seuls les saints vont pouvoir voir un enlèvement secret, par la vertu d’un miracle de Dieu. Cela contredit le retour scripturaire de Christ où tous les yeux Le verront ! Par ailleurs, veuillez remarquer l’expression « l’œil de Dieu dans Son peuple ». Cela ne vous rappelle-t-il pas « l’œil-qui-voit-tout », ou « l’œil d’Horus » qu’affectionnent particulièrement les Sociétés secrètes ?)

« Beaucoup de passages furent révélés dans une lumière qui ne m’était pas apparue auparavant. Je répétai, “Voici, maintenant, le Royaume des cieux est comme dix vierges qui vinrent pour rencontrer l’Époux, cinq sages et cinq folles ; celles qui étaient folles prirent leurs lampes, mais ne prirent pas d’huile avec elles ; mais celles qui étaient sages prirent de l’huile dans leurs vaisseaux avec leurs lampes.” »

« “Mais ne soyez point insensés et comprenez la volonté du Seigneur ; ne vous enivrez point de vin à l’excès, mais soyez remplis du Saint-Esprit.” Ce fut l’huile que les vierges sages prirent dans leurs vaisseaux ― c’est la lumière que l’on doit garder allumée ― la lumière de Dieu ― que nous puissions discerner ce qui ne vient pas à l’œil physique par l’observation. Seuls ceux qui possèdent la lumière de Dieu en eux verront le signe de Son avènement. »

(Le « troisième œil », en quelque sorte. Encore ici, MacDonald présente l’idée que seuls les rachetés Le verront apparaître. Les Écritures contredisent catégoriquement sa déclaration.)

« Pas besoin de suivre ceux qui disent “voyez ici, ou regardez là”, car ce jour sera comme l’éclair pour ceux en qui demeure le Christ vivant. C’est le Christ en nous qui nous enlèvera ― Il est la lumière ― seuls ceux qui sont vivants en Lui seront enlevés pour aller Le rencontrer dans les nuées. J’ai vu que nous devons être dans l’Esprit afin de pouvoir voir les choses spirituelles. Jean fut dans l’Esprit quand il vit un trône dans le ciel. Mais j’ai constaté que la gloire du ministère de l’Esprit n’avait pas été connue. Je répétai fréquemment “mais le temple spirituel doit être et sera élevé, et la plénitude de Christ doit être versée dans Son corps et c’est alors que nous serons enlevés à sa rencontre.” Oh, personne ne sera compté digne de cet appel si ce n’est Son corps, qui est l’Église, et qui doit être un chandelier fait entièrement d’or. Je dis souvent, “Oh, la glorieuse obéissance à Dieu qui va bientôt éclore sur terre, Oh, le glorieux temple qui est maintenant sur le point d’être érigé, la mariée parée pour son époux ; et Oh, quelle sainte, sainte mariée elle doit être pour se voir préparée pour un fiancé aussi glorieux. Je dis, “Il est temps que le peuple de Dieu affronte la réalité en face ― il est temps que le mystère glorieux de Dieu en notre nature soit connu ― il est temps que l’on sache ce que c’est pour l’homme d’être glorifié”. Je sentis que la révélation de Jésus-Christ restait encore à faire ― ce n’est pas une connaissance concernant Dieu qu’elle contient, mais à savoir comment entrer en Dieu ― je vis qu’il y avait une glorieuse interruption de Dieu à venir. Je me sentis comme Élie, entourée de chariots de feu. Je constatai jusqu’à quel point Il était le temple spirituel érigé et la Pierre d’Angle apportée avec grands cris de grâce, de grâce, dis-je, en elle. C’était une lumière glorieuse, plus forte que l’éclat du soleil qui brillait autour de moi. J’eus le sentiment que ceux qui étaient remplis de l’Esprit pouvaient voir les choses spirituelles, et je me sentis marcher au milieu d’eux, alors que ceux qui n’avaient pas l’Esprit ne pouvaient rien voir ― donc, deux seront dans un même lit, celui pris et celui laissé, parce que l’un a la lumière de Dieu en dedans de lui et l’autre ne peut voir le Royaume des cieux. Je vis le peuple de Dieu dans une situation extrêmement dangereuse, entouré de filets et d’enchevêtrements, sur le point d’être mis à l’épreuve et plusieurs se faire séduire et ainsi chuter. Alors, LE MÉCHANT sera révélé, avec tous les pouvoirs et les signes et les prodiges mensongers, de telle sorte que, s’il était possible, même l’élu serait séduit. ― C’est l’épreuve ardente qui doit nous éprouver. ― Elle aura lieu afin de purger et purifier les véritables membres du corps de Jésus ; mais, Oh, comme ce sera une épreuve ardente ! Chaque âme sera secouée jusqu’en son centre. L’ennemi tentera de nous secouer dans tout ce que nous avons cru ― mais l’épreuve de la foi réelle se trouvera dans l’honneur et la louange et la gloire. Rien ne tiendra sauf ce qui est de Dieu. Les auditeurs glaciaux seront manifestés ― l’amour d’un grand nombre se refroidira. J’ai fréquemment dit, ce soir-là, et souvent depuis lors, que le terrible spectacle d’un faux antichrist se verra sur terre et que rien d’autre que le Christ vivant en nous pourra détecter cette effroyable tentative de l’ennemi de séduire ― car il oeuvrera par toutes sortes de séductions et d’injustices ― il aura une contrefaçon pour toute vérité de Dieu et une imitation de chaque œuvre de l’Esprit. L’Esprit doit être et sera répandu sur l’Église pour qu’elle soit purifiée et remplie de Dieu ― et, en proportion de ce que l’Esprit de Dieu opérera, ainsi le sera-t-il ― quand le Seigneur oint les hommes de pouvoirs, ainsi le sera-t-il. C’est la nature particulière de l’épreuve par laquelle doivent passer ceux qui seront comptés dignes de se tenir debout devant le Fils de l’Homme. Il y aura une épreuve extérieure aussi, mais il s’agit principalement d’une tentation. Elle est amenée par l’épanchement de l’Esprit et grandira en proportion de ce que l’Esprit est répandu. L’épreuve de l’Église vient de l’Antichrist. C’est en étant remplis de l’Esprit que nous serons gardés. Je dis fréquemment, “Oh, soyez remplis de l’Esprit ! ― ayez la lumière de Dieu en vous pour que vous puissiez détecter Satan ― soyez pleins d’yeux en vous ― soyez la glaise dans les mains du potier ― soumettez-vous pour être remplis, remplis, dis-je, de Dieu.” Cela construira le temple. Ce n’est ni par la puissance, ni par le pouvoir, mais par mon Esprit, dit le Seigneur. Cela nous préparera à entrer dans les noces de l’Agneau. J’ai vu que c’était la volonté de Dieu que tous soient remplis. Mais ce qui empêchait la vie réelle d’être reçue par Son peuple, c’est son détournement de Jésus qui est le chemin menant au Père. Le peuple n’entrait pas par la porte. Car Il est fidèle Celui qui a dit : “par moi, si un homme entre par Lui, il trouvera du pâturage.” Il contournait la croix par laquelle chaque goutte de l’Esprit de Dieu coule sur nous. Tout pouvoir qui ne provient pas du sang de Christ n’est pas de Dieu. Quand je dis. “il détourne ses regards de la croix”, je sens que cela veut dire beaucoup ― il se détourne du sang de l’Agneau par lequel nous vainquons et dans lequel nos robes sont lavées et blanchies. On a la vue bien basse face à la sainteté de Dieu, puis l’on cesse de condamner le péché dans la chair et l’on détourne ses regards de Lui qui S’est humilié et S’est fait sans réputation. Oh ! On en a besoin aujourd’hui, tellement besoin, de ce retour à la croix. J’ai vu, ce soir-là, et souvent depuis, que l’Esprit sera répandu sur le Corps, comme jamais, un baptême de feu, pour que tous les scories soient enlevés. Oh, il doit y avoir et il y aura pareille habitation intérieure du Dieu vivant comme jamais ― les serviteurs de Dieu scellés au front ― une grande conformité à Jésus ― Sa sainte image vue en Son Peuple ― simplement Sa fiancée rendue belle par Sa beauté répandue sur elle. C’est ce pour quoi nous devons tant prier à présent, que nous soyons apprêtés rapidement à rencontrer notre Seigneur dans les nuées ― et c’est ce qui va arriver. Jésus veut Son épouse. Son désir se tourne vers nous. Celui qui doit venir viendra et Il ne tardera pas. Amen et amen, vient Seigneur Jésus. »

Bien que l’on pourrait facilement conclure que Margaret MacDonald ne parle pas expressément de l’enlèvement pré-tribulationiste dans sa révélation, il est sûr qu’elle introduit l’idée d’un enlèvement secret. Il est clair aussi que c’est ce qu’entendait Irving de sa part. Il est évident qu’elle y accordait beaucoup d’importance puisqu’elle a envoyé des copies écrites à divers pasteurs et dirigeants chrétiens. Peu après avoir reçu sa copie écrite, Irving publia sa révélation dans le Morning Watch. (Elle fut également publiée en 1840 dans les Mémoires de James et George MacDonald, de Robert Norton. Elle fut aussi diffusée, en 1861, par Norton, dans The Restoration of Apostles and Prophets, dans l’Église catholique apostolique.) Après avoir publié la révélation de MacDonald, Irving commença à enseigner publiquement l’idée d’une apparition secrète et invisible de Christ pour rassembler Ses saints suivie d’une autre apparition quand Il apportera le jugement sur terre.

John Nelson Darby : père du Dispensationalisme

De nombreux eschatologistes sont embarrassés par les humbles origines de l’enlèvement pré-tribulationiste provenant d’une jeune Écossaise illuminée et veulent lui octroyer des commencements plus prestigieux. Ou alors, ils brouillent l’eau de manière intentionnelle afin que nous ne puissions pas remonter au début clandestin de cet enseignement. C’est pourquoi ils cherchent à l’attribuer à un dénommé John Darby, parce qu’il s’agissait d’un homme très éduqué et auteur de nombreux livres. Ce crédit donné à Darby est inexact et sans fondement. Mais qui était donc ce John Darby ?

John Nelson Darby (1800-1882) naquit dans une famille irlandaise prospère et reçut une brève éducation d’avocat. Darby gradua au Collège Trinité de Dublin, en 1819, à l’âge de dix-huit ans. En 1825, il fut ordonné diacre dans l’Église d’Angleterre. Peu de temps après, il accepta une paroisse dans le comté de Wicklow. On lui reconnut des capacités de leader, puis d’enseignant, lors des débuts du mouvement des Frères, et ensuite pendant tout son ministère. Bien qu’Irving ait été le premier à enseigner et à prêcher l’enlèvement, c’est Darby qui développa l’Enlèvement Pré-tribulationiste en l’intégrant dans son enseignement prophétique du Dispensationalisme. Alors qu’Irving inclinait davantage vers l’historicisme, Darby enseigna une interprétation futuriste de l’eschatologie. Cependant, il est clair, partant du matériel écrit pendant cette période, que la doctrine d’Irving affecta Darby à un fort degré.

Darby a développé sa théorie dispensationaliste en une esquisse très élaborée, à tel point que, jusqu’à aujourd’hui, elle ne se comprend pas facilement et on a de la difficulté à l’enseigner clairement. Darby commença à diffuser sa théorie dans toute la Grande-Bretagne.

Irving dirigeait en ce temps-là une série de réunions dans le château de Lady Powerscourt visant à étudier la prophétie ayant trait principalement à l’enlèvement secret et imminent. Plusieurs des disciples d’Irving y assistaient, ainsi que les ministres d’autres organismes religieux. J. N. Darby et les autres dirigeants des Frères y furent aussi invités et assistèrent à ces réunions. C’est sans aucun doute à cette série de réunions que Darby prit connaissance de l’enseignement d’Irving sur l’enlèvement et l’interprétation prophétique qu’il en faisait. En 1833, il entendit parler pour la première fois en public de la doctrine de l’enlèvement secret à Powerscourt. Bien que nous n’ayons pas découvert si Darby a déjà lu le livre de de Lacunza ou s’il fut d’accord avec lui, il était certainement au courant de la documentation et il étudiait avec Irving et les Irvingites.

L’extrait suivant de l’article de Stokes est fort révélateur à ce sujet :

« Ces événements ne furent pas sans exercer une grande influence sur Darby. Il était depuis un certains temps vicaire de Calary, paroisse voisine de Powerscourt d’où il s’imbiba des théories prophétiques irvingites, ce qui coïncidait avec sa tournure naturelle d’esprit. Il devint extrêmement ascète. L’attente surexploitée de l’avènement personnel et rapide de Christ opéra, en 1830, les mêmes résultats pratiques que le Montanisme au second siècle et à nouveau autour de l’an 1000 apr. J.-C., alors que les hommes crurent que la fin du monde était assurément tout proche. Quelle était, dirent-ils tout naturellement, l’utilité du labeur, ou du confort, ou du plaisir terrestre, si ce monde devait bientôt s’évanouir comme un rêve et que le monde du domaine éternel devait bientôt être révélé ?

« Donc, Darby tira d’Irving son système prophétique qui devint une des figures de proue de son système et, en même temps, l’un des écueils sur lesquels ce système allait se briser. »[7]

John Darby n’était pas satisfait de l’idée plutôt simpliste d’une période de tribulations de 45 jours, telle que prônée par le tandem de Lacunza/Irving. Il conçut donc un schéma plus complexe. Il imagina que la dernière des soixante-dix semaines de Daniel (Dan. 9:24-27) n’était pas encore accomplie ― reprenant l’idée déjà lancée par un Jésuite du nom de Ribera, autour du 16e siècle ― et il théorisa donc que la soixante-dixième semaine pouvait être, en réalité, une tribulation de sept ans qui aurait lieu à la fin de l’ère chrétienne. Pour ajuster son idée à l’histoire du monde, il décréta également un trou de 2 000 ans entre la soixante-neuvième semaine et la soixante-dixième semaine de Daniel. Il ne s’agissait là que d’une théologie à devinettes, mais, sur ce fondement plus que douteux, Darby et ses associés ajoutèrent quelques combines à la Ribera :

  1. qu’un temple juif devait être reconstruit et les sacrifices d’animaux rétablis ;
  2. que l’antichrist devait apparaître et régner sur le monde pendant sept ans ;
  3. qu’après trois ans et demi de bon gouvernement, ce supposé antichrist se retournerait contre les Juifs, stopperait les sacrifices et entamerait la guerre à Armageddon.

Les promoteurs qui ont déclaré que John Darby fut pré-tribulationiste dès 1827 n’admettront jamais qu’il ne promouvait alors que son thème de « l’Église céleste » ; qu’il était toujours clairement post-tribulationiste, au moins jusqu’à la publication d’un article de décembre 1830 (il attendait de « Le [Christ] rencontrer dans les airs afin qu’Il juge les nations », ce qui est nettement une allusion au retour en gloire de Jésus-Christ à la fin des tribulations) ; qu’il ne se montra pas distinctement pré-tribulationiste avant 1839 et qu’à ce moment-là, la seule base pré-tribulationiste de Darby était le symbole de « l’homme-enfant » d’Apocalypse 12 (lequel symbole était le fondement pré-trib d’Edward Irving depuis 1831) ; que, dans son livre de 1991 [p. 100], R. A. Huebner admit que la source de sa déclaration concernant l’année 1827 accolée à Darby pouvait tout aussi bien se référer à quelque chose de tout autre que l’enlèvement ; et que Ice, depuis 1991, a caché ce fait et continue de déclarer, par un endurcissement obtus de conscience, que Huebner a la documentation voulue pour établir que Darby était pré-tribulationiste dès 1827.

Toutes les supposées « réflexions » de Darby, que des générations de ses disciples affirment l’avoir conduit au pré-tribulationisme (réflexions comme « la Parenthèse des Gentils », la « dichotomie Église/Israël » et la « méthode littérale »), étaient déjà enseignées par d’autres personnes avant lui et il les a subtilement plagiées ! Les érudits du Dispensationalisme savaient sans aucun doute que le fait de diffuser, ne serait-ce qu’une fraction de tout cela allait porter un coup de mort à leur système eschatologique.

Tout au long des années 1800, les principaux historiens ecclésiastiques ― Irvingites ou Frères de Plymouth ― attribuèrent en très forte majorité le pré-tribulationisme au tandem MacDonald/Irving et non pas à Darby !

Après la mort de Darby, en 1882, l’éditeur de ses nombreux livres, William Kelly, complota afin d’enlever tout le crédit de la création du concept pré-tribulationiste au duo MacDonald/Irving et de le donner de manière posthume à Darby. Il y parvint entre 1889 et 1903 en changeant et en cachant certaines portions des premiers documents sur les Irvingites et les Frères ; les éditeurs britanniques et américains du 20e siècle ont de même conspiré pour perpétuer ce révisionnisme historique de façon à pouvoir jouir des ventes phénoménales du matériel promouvant l’enlèvement pré-tribulationiste.

Maintenant, examinons la contribution de J. N. Darby à savoir comment il en est venu à formuler la doctrine du Dispensationalisme, doctrine qui devait éventuellement s’enrichir de l’idée d’un enlèvement pré-tribulationiste. Comme nous venons de le voir, on qualifie généralement Darby de « père de la théologie dispensationaliste moderne ». John Walvoord, ancien président du Séminaire Théologique de Dallas, a dit : « une grande partie de la Vérité promulguée par les chrétiens fondamentalistes d’aujourd’hui est née dans le mouvement connu sous le nom de Frères de Plymouth. »[8] L’extrait suivant provient du Dictionnaire Holman de la Bible :

« Darby a exposé l’idée que Dieu avait établi sept périodes de temps, appelées dispensations, en vue de Son œuvre parmi les êtres humains. La septième, ou dernière dispensation, serait le règne millénaire de Christ (Apocalypse 20). Dans chaque dispensation, les gens sont mis au test quant à leur obéissance envers la volonté de Dieu en rapport avec une révélation spécifique de cette volonté. Darby a visité les Etats-Unis à plusieurs reprises et a gagné de nombreux adeptes à sa théologie. Toutefois, c’est C. I. Scofield qui popularisa le système dispensationaliste dans sa bible d’étude de 1909. Il exposa sept dispensations dans les relations de Dieu avec les êtres humains.

« 1. L’innocence (Gen. 1:28) ― la période de temps couvrant le Jardin d’Éden.

« 2. La conscience (Gen. 3:23) ― le réveil de la conscience humaine et l’expulsion du Jardin.

« 3. Le gouvernement humain (Gen. 8:20) ― la nouvelle alliance passée avec Noé, entraînant le gouvernement humain.

« 4. La promesse (Gen. 12:1) ― la nouvelle alliance faite avec Abraham.

« 5. La loi (Ex. 19:8) ― la période d’acceptation de la loi juive.

« 6. La grâce (Jean 1:17) ― commence avec la mort et la résurrection de Jésus.

« 7. Le royaume (Éph. 1:10) ― constitue le règne final de Christ.

« Programme d’eschatologie

« Au-delà des sept dispensations, le mouvement de Darby eut un programme d’eschatologie en cinq étapes.

« 1. Un retour de Christ en deux phases : l’enlèvement et la parousie.

« 2. Sept ans de tribulations sur terre pour ceux qui ne seront pas enlevés : les derniers trois ans et demi seront le temps de l’Antichrist. Cent quarante-quatre mille Juifs accepteront le Christ et deviendront des évangélistes.

« 3. Le retour de Christ avec l’Église, la conclusion de la bataille d’Armaggedon et le règne de Christ et de Son Église pendant mille ans.

« 4. Croyance en une alliance inconditionnelle avec Israël. Donc, Dieu œuvre par Israël et l’Église. Dans le Millénium, la nation d’Israël sera restaurée.

« 5. L’accomplissement littéral de la prophétie de l’Ancien Testament.

« Voici certains des défenseurs les plus populaires du dispensationalisme : C. H. MacKintosh, W. E. Blackstone, H. A. Ironside et A. C. Gaebelein. Plus récemment, Hal Lindsey a fait, par son livre The Late Great Planet Earth, un best-seller du système dispensationaliste. Le livre de l’Apocalypse est devenu un livre clé dans l’approche dispensationaliste. Les dispensationalistes considèrent que l’enlèvement a lieu dans Apocalypse 4:1, le reste du livre (les chapitres 4 à 18) ne traitant que des sept ans de tribulations. Le livre n’a donc que peu de signification aux yeux des chrétiens, car ils ne seront pas sur terre durant cette période. »[9]

Le mouvement des Frères débuta à Dublin, vers 1825. Un petit groupe de gens se montrait insatisfait face à ce que l’on considérait comme des conditions apostates dans les églises établies. Ils commencèrent à s’assembler pour prier et fraterniser, et, bientôt, d’autres gens se joignirent à leur fraternité, de telle sorte que des groupements leur étant associés surgirent un peu partout. Quoique le mouvement eut débuté à Dublin, c’est la ville de Plymouth, en Angleterre, qui devint le centre de distribution de leur vaste littérature. Le nom des Frères de Plymouth devait par la suite devenir celui du mouvement dans son entier. Les premiers leaders du mouvement des Frères affichaient de nombreuses différences et il y avait beaucoup de divisions entre eux dès les débuts et depuis lors.

Des hommes, tels que Larry Crutchfield, représentent John N. Darby comme un individu doux et gentil, incroyablement spirituel et voué aux Écritures :

« Darby était de nature gentille et humble, et sa compassion et sa générosité envers les autres était sans bornes. »[10]

Cela ne semble toutefois pas être exactement la vérité. En fait, une grande part des commentaires de Crutchfield à propos de la nature de Darby ne s’accorde pas avec les faits historiques. Crutchfield cite Earnest Sandeen, mais semble cependant ignorer ce que Sandeen a écrit concernant la nature de Darby. Il n’est pas dans notre intention de diaboliser Darby, ni Scofield, mais nous tenons à laisser les faits parler par eux-mêmes. Sandeen écrivit ce qui suit :

« Peut-être devrait-on le décrire comme un tyran insignifiant, car il se montrait des plus tyranniques concernant les choses insignifiantes. Contrairement à Wesley, il démontra autant de zèle à détruire l’œuvre de son propre bâtiment qu’il en avait déployé à l’ériger au début de sa construction. »[11]

Bien que nous soyons convaincus que Darby était parfois gentil, peut-être même la majorité du temps, nous croyons qu’il y eût bien des fois où il ne fut pas si gentil. Quelqu’un a dit un jour : « La mesure de votre chrétienté ne se juge pas par votre attitude lorsque vous êtes d’accord, mais par votre comportement quand vous êtes en désaccord. Ceux qui étaient en désaccord avec Darby, spécialement ceux qui contestaient sa doctrine en voie de développement concernant le Dispensationalisme, étaient traités avec la plus grande rudesse, même jusqu’à la brutalité. Darby régnait sur les Frères de Plymouth avec la ferme volonté d’un grand patron. »[12]

Crutchfield a écrit ceci :

« Bien que Darby ait été de bienveillante disposition et humble d’esprit, sa dévotion absolue dans la Parole de Dieu [s’entend, les manuscrits corrompus d’Alexandrie dont il tira sa version darbyste] et son exigence d’une fidélité indéfectible envers sa vérité, telle qu’il la comprenait, faisaient de lui une proie facile de la controverse. Sa patience sans bornes face à l’ignorance honnête des pauvres et des illettrés était légendaire. Mais telle était aussi sa colère contre les plus éduqués qui prenaient la vérité de l’Évangile de Christ à la légère. »[13]

Encore une fois, ce n’est pas tout à fait exact en ce qui a trait à la disposition de Darby, à moins que l’on croie qu’un homme tel que George Müller[14] « prenait la vérité de l’Évangile de Christ à la légère ». À un moment donné, le tempérament de Darby s’enflamma à tel point qu’il excommunia le célèbre George Müller et toute la congrégation des Frères de Bristol. Apparemment, il qualifia Müller de menteur et l’aliéna sur une différence d’opinion.[15] Qu’est-ce qui provoqua l’accès de colère de Darby contre Müller ? Peut-être des déclarations comme celle-ci :

« Mon frère, je lis constamment ma Bible et j’en suis rapidement venu à trouver que ce qu’on m’avait enseigné à croire [la Doctrine de Darby] n’est pas toujours en accord avec ce que dit la Bible. J’en suis donc venu à conclure que je dois, soit fausser compagnie à John Darby, soit délaisser ma précieuse Bible ; et j’ai choisi de m’accrocher à ma Bible et de me séparer de M. Darby. »[16]

Selon les paroles de Henry Craik et James C. Carson, deux hommes ayant observé toute l’affaire, Darby essayait d’imposer le Dispensationalisme aux Frères de Plymouth, se répandant en invectives et se mettant dans des colères venimeuses contre quiconque se montrait en désaccord avec lui.

« Oh, quelle terrible chose que l’esprit de parti ! Ne suis-je pas justifié de l’écarter et de l’éviter ? La vérité, c’est que les Frères, en tant que tels, sont mis en pièces. En prétendant être plus sages, plus saints, plus spirituels, plus éclairés que les autres chrétiens ; en s’introduisant de manière imprudente et stérile dans des domaines non révélés ; en faisant du mysticisme et de l’excentricité le test de la vie et de la profondeur spirituels ; […] en parlant de manière familière et grossièrement offensante des choses sacrées telles que la présence de l’enseignement du Saint-Esprit ; et par un sectarisme des plus inexcusables, car c’est dans le soin mis à éviter le sectarisme qu’est né le mouvement des Frères ; par tout cela et d’autres erreurs similaires, le grand principe scripturaire de la communion de l’Église a été gâché et défiguré. »[17]

Les leaders de Bristol ne partagèrent ni l’anti-cléricalisme militant de Darby, ni ses attentes dramatiques concernant le Second Avènement. Au contraire, ils furent heureux de reconnaître les dons de Dieu démontrés par des hommes avec qui ils étaient d’accord en ce qui regarde l’ordre et la position de l’église. Sur la deuxième question, malgré leurs attentes quant au Second Avènement, l’intense accent apocalyptique était presque entièrement absent de leur enseignement. Ils soutenaient assurément la probabilité du prochain retour de Christ, mais ils n’en firent définitivement pas un fondement de leur enseignement.[18]

Darby s’empoigna souvent avec les membres des Frères de Plymouth, dont une fois avec son ami Benjamin Wills Newton, qu’il accusa de tenter de contrôler le mouvement débutant. Veuillez prendre le récit suivant de Sandeen en considération :

« Bien qu’il y ait eu une bonne partie de vérité dans ces accusations, la manière vindicative et violente par laquelle elles furent menées et la persistance avec laquelle elles furent poursuivies (Newton en subit le harcèlement jusqu’à sa mort survenue en 1899) créent l’impression que Darby était incapable de tolérer des rivaux face à son leadership. L’explosion à Plymouth sembla avoir été inévitable une fois que Darby eût découvert qu’il ne pouvait dominer Newton ou le convertir à sa propre théologie. »[19]

Sandeen a aussi écrit :

« ― le trouble qui s’en suivit détruisit presque la jeune secte combattante et laissa un héritage d’amertume qui devait durer jusqu’à gâcher l’expérience des Frères de Plymouth pour des générations. »[20]

L’article de George T. Stokes, déjà mentionné auparavant et paru dans le journal Littell’s Living Age, présente un des exposés les plus révélateurs sur la nature de Darby. L’article de Stokes décrit l’histoire du mouvement des Frères de Plymouth et raconte une capsule de la biographie de Darby. Stokes rapporte que, durant le conflit avec Newton, Darby voulut que tous les membres des Frères se joignent à lui pour livrer Newton à Satan. Müller, étant d’une disposition plus compatissante et plus calme, refusa de se joindre à cette lutte. Au lieu de cela, Müller permit à Newton de partager la Communion, ce pour quoi Darby se sépara promptement de lui. Le mouvement des Frères ne guérit jamais de cette division. La raison en a sans doute été que Darby refusa de tolérer quelque désaccord que ce soit de la part de quiconque. Ce qui suit est un extrait de l’article de Stokes :

« Quant à Darby, il poursuivit le cours régulier de son chemin jusqu’à ce que la fin vienne ; développant, toutefois assez étrangement, des déclarations de plus en plus grossières pour son propre parti. Ceux qui se montraient en accord avec lui étaient l’Église de Dieu sur terre. Ceux qui étaient en désaccord avec lui sur quelque point de doctrine ou de discipline, il les excommuniait sur le champ et il considérait comme extérieures les miséricordes engagées par Dieu. Pendant les dernières années de sa vie, il vécut au Prieuré d’Islington qui, durant la décennie de 1870 à 1880, était considéré par ses disciples comme une sorte de Vatican local d’où émanaient les décrets au sujet de toutes les questions, exigeant une obéissance instantanée et sans le moindre murmure. Même le changement d’une réunion d’une localité vers une autre sans permission était regardé comme un acte d’auto complaisance et de rébellion, et il était puni comme tel. La fin d’un mouvement prônant l’indépendance spirituelle et la défense des droits de la conscience individuelle chrétienne fut décevante, car elle ne se termina que dans l’établissement d’une tyrannie spirituelle écrasante et intrusive, embrassant toutes les prétentions, mais n’amenant avec elle ni l’antiquité, ni la gloire historique qui jeta un halo autour de la suprématie papale. »[21]

Écrit seulement trois ans après la mort de Darby, l’article de George Stokes est une clé pour comprendre le personnage et l’origine de son système de croyances eschatologiques. À notre avis, le mépris intense de Darby pour toute forme d’église traditionnelle, pour les ministres, les credo, les doctrines orthodoxes et l’organisation en général était pour le moins empreinte d’hypocrisie. Car il reproduisit éventuellement le même type d’organisation religieuse qu’il déclarait mépriser, mais avec lui seul à la tête.

Ce n’est qu’en compulsant la quantité d’information ayant trait à cette époque que l’on peut comprendre pleinement l’étendue de la haine de Darby envers l’église organisée, sous quelque forme que ce soit, sauf la sienne. C’est sans doute pour cette raison qu’il récompensa les « bons » chrétiens au sein de sa doctrine en leur promettant de sauter par-dessus la persécution et les tribulations de la période dite de « sept ans ». Évidemment, il expédia en enfer toutes les personnes assez rebelles pour rejeter sa doctrine, comme George Müller, par exemple. Ces individus doivent censément souffrir une horreur indescriptible durant sept ans, accepter la séduction ultime et ensuite être éventuellement jetés dans le feu de l’enfer où ils brûleront éternellement, sans se consumer, juste parce qu’ils ont rejeté sa doctrine. Il n’y avait pas de place, dans la doctrine de Darby, pour une seconde chance si quelqu’un devait rater l’enlèvement pré-tribulationiste. L’idée d’une seconde opportunité de se repentir et de servir Dieu vient des promoteurs non ascètes de la dite doctrine.

Nous devons mentionner ici que, s’il y a un esprit qui se transmet de manière caractéristique dans une doctrine, nous voyons dans celle-ci le transfert du mauvais tempérament de Darby et de sa poigne de fer contre ceux qui ne s’accordaient pas avec lui. Il semble y avoir peu de question susceptible d’échauffer les esprits plus rapidement que celle de l’avènement de l’enlèvement. Les pré-tribulationistes ont souvent recours à des actes réservés habituellement aux gens méchants ou à ceux qui commettent de viles hérésies contre le Corps de Christ. Beaucoup de souffrances ont été infligées aux personnes qui se montraient en désaccord avec la position de l’Enlèvement pré-tribulationiste, et ce phénomène se perpétue encore aujourd’hui. Les écrits pompeux ne nous embêtent pas, mais c’est une tout autre affaire en ce qui a trait aux atteintes envers les réputations des gens et des ministères lorsqu’ils sont attaqués au moyen d’activités et de propos malicieux. Les plus coupables sont souvent des dirigeants de confessions ou même des rédacteurs d’articles prônant l’enlèvement pré-tribulationiste.

Il n’est pas dans notre intention de rejeter ici Darby comme homme de Dieu ou n’ayant pas comporté de valeur significative. Nous voulons simplement signaler qu’il existe toujours un côté sombre au fait de se dédier à une théologie au point de devenir ascète. Il y a alors danger de développer une forte et incontestable tendance à se griser de la spiritualité de quelqu’un d’autre. Ainsi grisé, on perd le sens du danger et on perd de vue les signaux d’avertissement subséquents qui nous auraient empêchés de nous égarer vers l’extrémisme ou d’adhérer carrément à une fausse doctrine.

Cependant, le plus grand danger se révèle lorsque l’on commence à dégriser. L’ivresse spirituelle est un état difficile à maintenir. Éventuellement, la vérité se fait jour et vient défier les bases de l’intoxication spirituelle. Darby a réagi de façon typique à ces intrusions de la vérité en écrasant les gens qui, du moins dans son esprit, osaient réprimer son « ivresse » spirituelle.

La doctrine de l’Enlèvement Pré-tribulationiste produit une énorme sensation spirituelle qui rend ses adeptes complètement accros. Afin de maintenir l’effet de cette drogue spirituelle, ils doivent se nourrir continuellement des bouchées solides du sensationnalisme qui émane de l’enlèvement pré-tribulationiste. Il était donc prévisible que les pré-tribulationistes deviennent passablement chahuteurs lorsque les faits et la vérité scripturaire leur sont soulignés. En fait, quelques notables pré-tribulationistes rivalisent avec Darby dans leurs efforts de crier à la condamnation éternelle de leurs opposants. C’est une triste et tragique répétition de l’histoire ― la passation et la perpétuation du paradigme darbyste en esprit et en doctrine.

Le Dispensationalisme darbyste envahit l’Amérique

Au moment où le millénarisme envahissait l’Amérique avec une ferveur toute apocalyptique, William Miller et Alexander Campbell en étaient au premier rang. Le millénarisme était le mouvement le plus grand et le plus influent. Toutefois, Miller et Campbell commirent l’erreur d’apposer une date au Second Avènement, ce qui fit se détourner d’eux de nombreux millénaristes. L’Amérique était donc mûre pour une vision nouvelle. Entre 1859 et 1874, Darby se rendit aux Etats-Unis pas moins de sept fois pour y enseigner et y prêcher sa doctrine du Dispensationalisme.

Lors de ses visites, Darby amena ses points de vue aux Américains et il suscita des réactions de la part des protestants conservateurs qui ne soupçonnaient pas que ces interprétations tiraient en partie leurs origines des Jésuites (principalement de Ribera et de de Lacunza). Il attira aussi quelques théologiens instruits qui, bien que n’acceptant pas nécessairement sa théologie sur l’enlèvement, étaient tout excités par ses enseignements. Cet intérêt mena à des conférences, la première ayant été tenue à l’Église presbytérienne, et suivie de congrès menés à Chicago (1886), à Niagara (annuellement entre 1883 et 1897) et à Long Island (1901), donc après le décès de Darby. Mais son système eschatologique ne trouvait pas encore grand écho.

D’après ce que Darby crut constater lors de ses visites en Amérique, la condition de l’église se trouvait dans un état déplorable et il tint plusieurs petites réunions pour discuter et enseigner le Dispensationalisme aux dirigeants d’églises. Darby insista pour que ceux qui croyaient à sa vision abandonnent leurs églises respectives et se joignent aux Frères de Plymouth. La majorité des convertis à Darby provenaient des églises baptistes et presbytériennes, ce qui provoqua la critique suivante parue dans le Princeton Review contre les Frères de Plymouth :

« Le but des Frères est de “se faire des églises à partir des églises” : de désintégrer toutes les confessions existantes en ouvrant une porte au sein de chacune, non pas pour en faire sortir les infidèles et les faux frères, mais les pieux et les bons ; en conséquence, ils rôdent sans cesse dans toutes les églises, cherchant à moissonner là où ils n’ont pas semé et laissant aux dénominations en général le privilège exclusif d’évangéliser les masses. »[22]

La critique semblait tout à fait fondée quand nous lisons ces paroles d’Earnest Sandeen citant The Letters of J. N. Darby :

« Pendant tout le ministère de Darby aux Etats-Unis, il a été frustré par son incapacité à soulever plus d’insatisfaction chez les Américains à l’encontre de leurs dénominations et, durant ses quelques années en Amérique, il se lamenta comme Jérémie : “D’éminents ministres prêchent le retour du Seigneur, la ruine de l’Église, la liberté du ministère et, de leur propre aveu, le livre des frères, et ils demeurent où ils sont, et il y a un abrutissement général de la conscience.” »

Voilà plus de preuves que veulent bien l’admettre les leaders du dispensationalisme en prétendant qu’elles n’existent pas. Leur Darby apprécia tellement la « révélation » de MacDonald qu’il en prit tout le crédit, ou plutôt qu’il permit à d’autres, comme son ami et biographe Hugh Kelly, de le lui attribuer sans que Darby ne fasse jamais de correctif. En outre, Darby écrivit, quelques vingt ans après les faits, de vagues déclarations dans ses mémoires que l’on pourrait interpréter comme des affirmations que l’enlèvement pré-tribulationiste venait de lui. Est-ce bien ce à quoi l’on peut s’attendre d’un berger du troupeau ? Il alla pourtant de l’avant, promouvant, improvisant et ajoutant à la nouvelle doctrine, voyageant dans tout le Royaume Uni, en Europe, dont à Genève, en 1840, en Nouvelle-Angleterre, en Ontario, au Canada, et dans la région des Grands Lacs. Il partit même une fois de Toronto à Sidney, en Australie, en passant par San Francisco, Hawaï et la Nouvelle Zélande.

À une occasion, il se rendit à Saint-Louis, dans le Missouri, et y rencontra le ministre presbytérien James H. Brooks, qui était alors le mentor de C.I. Scofield. Dave McPherson, qui a fait plus de quarante ans de recherches l’ayant amené à dénoncer le Dispensationalisme et le pré-tribulationisme, déclare que c’est là que Darby fit la rencontre de Scofield et qu’il ne s’agissait pas d’une coïncidence. Cette rencontre était préparée.

L’auteur Joseph Canfield en souligne la signification. Il écrit que « Scofield le converti se trouva être dans la seule ville en Amérique du Nord qui avait été choisie par John Nelson Darby pour la “plantation de semence concentrée” de sa branche particulière d’enseignement biblique ». John Darby n’était qu’une des têtes d’affiche sélectionnées par les contrôleurs postés en arrière-scène et il devait passer le flambeau de leur fausse doctrine à son successeur, en l’occurrence, Scofield. Il aurait été difficile à Darby et à Scofield de cacher le fait qu’ils n’eurent jamais de problèmes d’argent pour promouvoir leur enseignement pré-tribulationiste. Comme par hasard, il semble toujours y avoir eu quelque riche bienfaiteur dans les alentours. On y comptait des hommes comme l’excentrique banquier Henry Drummond, impliqué dès les débuts et rendant ses ressources disponibles à l’église d’Irving, à Londres, et continuant par la suite à soutenir le mouvement. Le chercheur Robert I. Pierce fit remarquer « …l’étonnante mobilité de Darby, pour l’époque, et son apparent manque de problèmes financiers… » Scofield était pour sa part parrainé, entre autres, par le baron Lyman Stewart, de l’Union Oil, Arno C. Gaebelein et certains autres amis riches qui préféraient demeurer le plus possible dans l’anonymat. On comprend pourquoi.

Le Dr James Brooks et les Conférences de Niagara Falls

Autour de 1864-65, Darby visita à deux reprises l’Église presbytérienne sise au coin de la 16e rue et de l’Avenue Walnut, à Saint-Louis, au Missouri. Cette église devint le centre principal du Dispensationalisme en Amérique. Son pasteur, le Dr James H. Brooks, devint l’un des plus chauds partisans de Darby, au point qu’on l’appela le « père du Dispensationalisme en Amérique ».

Le Dr Brooks dirigea de nombreuses études bibliques dont l’étudiant devenu le plus célèbre fut un jeune homme portant le nom de Cyrus Ingerson Scofield. L’implication de celui-ci dans les Conférences de Niagara Falls fut d’une importance capitale pour la diffusion du Dispensationalisme en Amérique. C. I. Scofield serait par la suite la tête dirigeante des Conférences et c’est au sein de celles-ci que naquit l’idée d’une Bible à Références qui allait répandre le Dispensationalisme darbyste.

Les Conférences de Niagara Falls débutèrent sous l’appellation de Réunions d’Études Bibliques pour le Croyant, mais elles allaient ensuite se transformer bientôt pour devenir la source principale d’où jaillirait le Dispensationalisme darbyste. La plupart des dirigeants d’églises d’Amérique et de nombreux ministres des Frères assistèrent aux conférences. D. L. Moody se trouvait aussi parmi eux et le style de prêche des Frères l’influença grandement. Brooks se mit en tête de faire des Conférences bibliques de Niagara Falls le quartier général du Dispensationalisme darbyste en s’assurant que les orateurs favorisent la théorie. Si l’on excepte l’Institut Biblique Moody et, plus tard, le Séminaire Théologique de Dallas de Lewis Chafer, les Conférences Bibliques de Niagara Falls s’avérèrent la force conductrice faisant de l’Enlèvement pré-tribulationiste la doctrine qu’elle est devenue aujourd’hui.

De hautes personnalités imprégnèrent à l’atmosphère des Conférences bibliques de Niagara Falls une fièvre apocalyptique en se servant des visions sensationnalistes de Darby. Ce qui contribua à éroder encore davantage les bases théologiques de l’eschatologie chrétienne et servit à les remplacer par de fausses révélations et diverses spéculations. Les facteurs d’une probable suffisance et d’une excitante visibilité ne servirent qu’à donner aux participants le faux sentiment d’être des pionniers au cœur d’une œuvre nouvelle de Dieu ou, comme le dit le sieur Scofield : « …ce nouveau commencement et ce nouveau témoignage ». C’est sous ces feux de rampe séduisants que Scofield gravit le plus rapidement les échelons vers la prééminence. Il se mit à envisager une bible avec son nom inscrit dessus et qui allait comprendre ses notes de références ayant trait à la pseudo-eschatologie de Darby. Il allait devoir alors enfreindre une politique consacrée par l’usage de toutes les sociétés bibliques populaires, politique dont la règle cardinale avait toujours été : « sans note ni commentaire ». Mais briser les règles afin de monter en grade n’était pas chose nouvelle pour Scofield, comme nous allons le voir dans une section suivante. Avec une effronterie sans équivoque, il se mit à corrompre la Bible, ombrageant la signification intrinsèque des Écritures, allant même jusqu’à en défier quelques-unes et ignorant les malédictions promises à ceux qui commettent des actes aussi maudits.

« Or je proteste à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce Livre, que si quelqu’un ajoute à ces choses, Dieu fera tomber sur lui les plaies écrites dans ce Livre. 19Et si quelqu’un retranche quelque chose des paroles du Livre de cette prophétie, Dieu lui enlèvera la part qu’il a dans le Livre de vie, dans la sainte Cité, et dans les choses qui sont écrites dans ce Livre »

(Apocalypse 22:18-19).

(Suite dans D.231)

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[1] Dr Walter Martin, The Tribulation and the Church, Cet enregistrement est disponible sur le site Internet Walter Martin Religious Infonet (http://www.waltermartin.org).

[2] Philon le Juif : philosophe grec d’origine juive, né à Alexandrie (v. 13 av. J.-C.–v.54 apr. J.-C.). Son inspiration néoplatonicienne et son interprétation allégorique de la Bible n’ont pas été sans influence sur la littérature patristique. [Petit Larousse illustré, 1988.]

[3] Earnest Sandeen, The Roots of Fundamentalism : 1800-1920 (Chicago : Presses de l’Université de Chicago, 1970) p.15.

[4] Ibidem, p. 16.

[5] George T. Stokes, John Nelson Darby, Revue Contemporaine, Littell’s Living Age (7 nov. 1885) Vol. 2159, p. 348.

[6] James L. Blevins, Dispensations, Dictionnaire Holman de la Bible.

[7] George T. Stokes, John Nelson Darby, Revue Contemporaine, Littell’s Living Age (7 nov. 1885) Vol. 2159, p. 349.

[8] John F. Walvoord, revue de An Historical Sketch of the Brethren Movement, par H. A. Ironside, in Bibliotheca Sacra, 1942, p. 378.

[9] James L. Blevins, Dispensations, dictionnaire Holman de la Bible.

[10] John Nelson Darby : Fender of the Faith, article de Larry V. Crutchfield.

[11] Earnest Sandeen, The Roots of Fundamentalism : 1800-1920 (Chicago : Presse de l’Université de Chicago, 1970) p. 31, para. 1.

[12] Napoléon Noël et W. F. Knapp, The History of the Brethren.

[13] John Nelson Darby : Fender of the Faith, article de Larry V. Crutchfield.

[14] George Müller : (1805-1898) Originaire de Prusse est un évangéliste chrétien et un coordinateur des orphelinats de Bristol en Angleterre. Il s’est occupé de plus de 100 000 orphelins dans sa vie. Il était connu pour sa foi constante en Dieu et pour donner un bon enseignement scolaire aux enfants qui étaient sous ses soins, au point qu’il était accusé d’élever les pauvres au-dessus de leur rang naturel. [Wikipédia, l’Encyclopédie libre.]

[15] William Read, Plymouth Brethrenism Unveiled and Refuted, William Oliphant and Company.

[16] Robert Cameron, Scriptural Truth About the Lord’s Return, pp. 146-7.

[17] Ibidem, Henry Craik.

[18] James C. L. (Crawford Ledlie) Carson, The Heresies of the Plymouth Brethren, Londres : Houlston, 1870.

[19] Earnest Sandeen, The Roots of Fundamentalism : 1800-1920, (Chicago : Presse de l’Université de Chicago, 1970), pp. 62-3.

[20] Ibidem.

[21] George T. Stokes, John Nelson Darby, Revue contemporaine, Littell’s Living Age (7 nov. 1885) vol. 2159, p. 354.

[22] Earnest Sandeen, The Roots of Fundamentalism : 1800-1920, (Chicago : Presses de l’Université de Chicago, 1970) pp. 73-74, citant Thomas Croskery, The Plymouth Brethren, Princeton Review 1 (1872), 48.