D.231 – Historique et dessein occulte du Dispensationalisme – Partie 2

 

Par Roch Richer

Les années 1870 ― Selon toute apparence, il semble qu’il fut temps, à l’époque, de lâcher au maximum dans le monde protestant sans méfiance les fameux manuscrits corrompus. À ce moment-là, Darby traduisit sa propre version de la Bible en se fondant sur les manuscrits d’Alexandrie. Satan utilisa également à cette même période de temps deux de ses agents d’infiltration déjà introduits dans l’Église anglicane : Fenton John Antony Hort et Brooke Foss Westcott. Ces deux hommes furent fondateurs et/ou membres de plusieurs clubs occultes, dont le Club d’Hermès, la Guilde des esprits, la Société de Recherches Psychiques, etc. Ils s’intéressaient aussi à l’écriture automatique, la voyance, la médiumnité, les personnalités multiples, la nécromancie, la lévitation et ils côtoyaient des personnalités telles qu’Helena Petrovna Blavatsky, fondatrice de la Société Théosophique. Et dire qu’ils étaient également… prêtres anglicans ! Dans ses écrits, Westcott donna des indices très nets de ses véritables dispositions, faisant mention de « l’initiation aux mystères […] profondément dans les rites mystiques […] purifié dans la plus pure des eaux ».

Puisque Westcott et Hort menaient des doubles vies faites de contrastes flagrants entre le christianisme et l’occultisme, pas étonnant qu’ils aient été intéressés au phénomène des personnalités multiples qui, selon ce que nous en savons, est passé d’une génération à l’autre au sein des grandes familles satanistes pratiquant la provocation de traumatismes systématiques et les rituels sataniques sur leurs victimes afin de diviser leur esprit et créer ainsi de nombreuses personnalités intégrées dans un même individu.

Dans l’Église anglicane, jusqu’où doit-on aller pour être considéré apostat ? Vous ne laisseriez certainement pas traduire votre Bible par ce genre de personnages, n’est-ce pas ? Eh bien, en vérité, il y a de fortes chances pour que la bible que vous lisez maintenant soit une version ayant été fondée sur les manuscrits que ces deux phénomènes ont concoctés à partir des originaux corrompus d’Alexandrie. En effet, pratiquement toutes les versions modernes sont basées sur les textes grecs Westcott/Hort qui proviennent du Sinaïticus, du Vaticanus et de la traduction grecque de la Septante de l’Ancien Testament. Ce sont tous des manuscrits de la Religion à Mystères de Babylone. Alors que les versions de David Martin et de J. F. Ostervald, entre autres, car il y en a de rares autres, proviennent, au contraire, des Textes Massorétiques Hébreux (pour l’Ancien Testament) et des Textes Reçus (Textus Receptus, pour le Nouveau Testament) qui constituent la Parole véritable de Dieu préservée à travers les siècles.

1881 ― Les « frères Grimm » de la religion (Westcott & Hort) lancèrent leur collection de contes de fée (textes grecs Westcott/Hort) ayant eu comme résultat la Revised Version de la Bible, présent du Vatican au monde protestant. Nous disons : non merci… retour à l’envoyeur !

Un peu plus tard, il en ressortira la tristement célèbre Bible à Références Scofield dont les révisions successives empoisonnent toujours et sans discontinuer le christianisme moderne jusqu’à nos jours.

Cyrus Ingerson Scofield

La Bible à Références Scofield est considérée largement comme l’instrument biblique ayant validé et promu le Dispensationalisme au rang infâme dont il jouit aujourd’hui au sein des églises protestantes confessionnelles. Que ce soit sciemment ou inconsciemment, des millions de chrétiens développent leur eschatologie personnelle en se basant sur l’étude des notes de références de Scofield. Le successeur de ce dernier, Lewis Sperry Chafer, fonda le Séminaire Théologique de Dallas qui, à son tour, a formé des milliers de ministres dans la fausse doctrine du Dispensationalisme et les a lâchés, telle une meute de loups, au sein des congrégations sans méfiance.

Qui fut exactement C. I. Scofield ? Comment sa vie se compare-t-elle avec celle d’un Joseph Smith ou d’autres hommes qui ont déclaré avoir reçu une « gnose » douteuse venant de la part de Dieu ?

Cyrus Ingerson Scofield (1843-1921) était doué d’un esprit analytique et mordant, et d’une intelligence au-dessus de la moyenne. Selon ce que nous avons comme information, c’était un individu à la personnalité fort charismatique et d’une grande prestance se faisant aisément des amis, particulièrement dans les hautes sphères de la société. Cela explique pourquoi il put être admis dans le Lotus Club de New York, cercle sélect réservé aux rencontres sociales entre journalistes, artistes, musiciens, férus de littérature, de science, des beaux-arts, etc.

Il fut introduit dans ce club grâce à l’intermédiaire du criminaliste notoire Samuel Untermeyer, bien que Scofield ne possédait aucune lettre de créance lui permettant d’être recruté. Ce qui explique également comment il a pu être élu deux fois à la législature du Kansas (1871 et 1872) grâce à l’aide de plusieurs hommes puissants, membres du groupe des Secret Six du Texas[1]. Le président Grant le nomma procureur de la république des Etats-Unis au Kansas, le 9 juin 1873. Dans son assermentation d’office, Scofield affirma qu’il n’avait jamais porté volontairement les armes contre les Etats-Unis, alors qu’il avait pourtant combattu au sein de l’armée confédérée. Il démissionna six mois plus tard, le 20 décembre 1873, sous accusations de corruption politique. Lui et un de ses amis, un dénommé John J. Ingalls, furent accusés d’avoir tenté d’exercer du chantage envers les compagnies de chemin de fer pour en extorquer d’importantes sommes d’argent. C’est sur cette note malheureuse que prit fin la carrière politique de Scofield. Mais il devait sévir ensuite dans un autre domaine.

Turnbull, biographe de Scofield, saute la période allant de 1873 à 1879, époque dans laquelle Scofield fut impliqué dans la pire de ses manigances, et il ne fait rien de plus qu’une référence à une habitude occasionnelle de consommation d’alcool de Scofield. Toutefois, si Joseph Canfield est exact dans ses informations, Scofield semble n’avoir été, au mieux, qu’un escroc très habile ayant censément fraudé un certain nombre de ses amis et coreligionnaires chrétiens, sans mentionner sa belle-mère à qui il aurait soutiré les épargnes de toute une vie, soit 1 300 $, une grosse somme à l’époque. Une de ses arnaques fut d’ailleurs si grave qu’on le déclara coupable de falsification et on le condamna à six mois de prison au centre de détention de Saint-Louis, au Missouri. En plus de ça, il abandonna sa femme, Leonteen Cary Scofield et ses deux filles, Aigail et Helen. Par la suite, même après être devenu fort riche, il ne leur offrit jamais de soutien financier. Elles n’obtinrent pas un seul sou de lui. Or, en 1880, les femmes ne retiraient pas de sécurité sociale du gouvernement et les emplois bien rémunérés n’étaient pas facilement accessibles, à l’époque. Il traita sa femme et ses filles comme si elles n’existaient pas.

Pendant la même période de temps, il entretint également des relations non dissimulées avec des femmes alors qu’il était toujours marié avec sa première épouse. Scofield était en amour, ou plutôt « en luxure », avec deux autres femmes, les fréquentant toutes les deux en même temps. L’une d’elles était une jeune femme de la Flower Mission, de Saint-Louis. Lorsque son épouse exigea finalement le divorce, à cause de son style de vie dissolu, il maria l’autre femme du nom d’Helen Van Wark, avec qui il commettait déjà l’adultère. Il mena une vie extrémiste qui portait gravement atteinte au nom de Christ qu’il proclamait servir, selon ce que rapporte Joseph Canfield dans son livre The Incredible Scofield.[2] Nous ne sommes certes pas les seuls à considérer que le livre de Canfield est une biographie fort exacte de Scofield.

Scofield présuma toutes sortes de lettres de créance bidon, que ce soit pour se donner titre de ministre ou d’érudit biblique, ou même d’avocat. En effet, il s’affichait avocat sans avoir jamais été admis au barreau, jusqu’au moment où, longtemps après, certains de ses amis du Kansas, les Secret Six, eurent usé de leur influence pour lui obtenir cette admission. Il s’accorda de la même façon un doctorat en théologie, même s’il n’avait jamais fréquenté aucune école et ne possédait aucune formation théologique comme telle. Il est étonnant de constater qu’il y a encore des chrétiens pour l’appeler « Docteur Scofield », sachant pourtant qu’il ne fréquenta ni collège, ni université. Malgré ces faits, aucun supporteur inconditionnel de Scofield n’admet le fait qu’il se conféra un doctorat à lui-même. Il y a de ces étroitesses d’esprit qui confinent à l’absurde et à la mauvaise grâce. Il s’agit d’un genre d’entêtement borné en vue de s’accrocher désespérément à une théologie qui plaît à l’oreille.

Scofield aurait affirmé s’être converti en septembre 1879, même s’il s’était déclaré chrétien bien avant cette date. Ce deuxième acte de conversion visait, semble-t-il, à laver tous ses écarts passés dans l’éventualité où ils seraient devenus un embarras public. Il fut pasteur de plusieurs églises, dont une église missionnaire congrégationaliste, à Northfield, au Massachusetts, l’église mère de D. L. Moody. Il passa un an à faire des recherches en Suisse, mais fut de retour à Dallas en 1903. Scofield fut un pasteur absent, continuant ses recherches sur la bible lors d’un second voyage en Europe.[3] Il grimpa dans les échelons du succès religieux de la même façon et à la même vitesse qu’il grimpa les échelons du succès séculier, c’est-à-dire, en sautant toutes les étapes nécessaires.

Grâce aux Secret Six, les choses devaient ensuite changer pour Scofield et certains de ses associés, tels que Dight L. Moody. En 1901, Scofield assista à l’une des Conférences Bibliques de Niagara Falls. Bien que ces conférences aient débuté sous le couvert de bonnes intentions, s’appelant alors Réunions d’Études Bibliques à l’Intention des Croyants, et sous la direction d’hommes comme le Dr James Brooks, elles dégénérèrent bien vite pour devenir des instruments d’étude et de dissémination des théories dispensationalistes de J. N. Darby. La structure complexe du Dispensationalisme donna l’idée à Scofield de constituer une bible à références qui aiderait les gens à mieux la saisir. En d’autres mots, peu de gens seraient parvenus à démêler la doctrine du Dispensationalisme n’eut été de la foisonnante quantité de références et de notes incitatives ajoutées aux Écritures clés. Il en est de même pour le Dispensationalisme d’aujourd’hui. Dans une publicité lancée pour mousser son livre, le célèbre adepte dispensationaliste Tim LaHaye écrit ceci :

« L’enlèvement est la première phase du retour de Christ. Comme l’a dit l’apôtre Paul, il s’agit du moment où « le Seigneur lui-même avec un cri d’exhortation … et ceux qui sont morts en Christ ressusciteront premièrement ; 17Puis nous qui vivrons et qui resterons, serons enlevés ensemble avec eux dans les nuées, au-devant du Seigneur, en l’air et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Thessaloniciens 4:16-17). Il s’agit de la même expérience que celle qu’il décrit dans 1 Corinthiens 15:51 comme étant le moment où les chrétiens sont « changés » de « mortels » à « immortels ». C’est ce à quoi s’attendaient la majorité des chrétiens avant les sept ans de Tribulations révélés dans Apocalypse, chapitres 6 à 19. Pour plus d’informations à ce sujet, il existe un grand nombre de livres que vous pouvez consulter et qui vous aideront à comprendre ce sujet difficile. »[4] (l’emphase est la nôtre)

Le Dr LaHaye a écrit cela en y mettant passablement de désinvolture, comme si l’Écriture qu’il cite soutenait réellement son interprétation. Il est tellement hypnotisé par l’Enlèvement Pré-tribulationiste qu’il ne semble même pas reconnaître qu’il n’y a pas le moindre indice d’un enlèvement pré-tribulationiste dans l’Écriture à laquelle il se réfère. Il va même jusqu’à oblitérer une partie essentielle du verset 16 : « …et une voix d’Archange, et avec la trompette de Dieu descendra du Ciel… » qui démontre qu’il s’agit bien du retour en gloire de Christ, à la fin des tribulations ! Toutefois, LaHaye est prêt à admettre la difficulté que l’on peut avoir à comprendre sa doctrine et le besoin obligatoire de nombreux livres extrabibliques afin de la saisir (lire : de devenir endoctriné !). En passant, tous les livres auxquels le cher Dr LaHaye a contribué dans la série Left Behind sont fictifs !

Cela dit, ce fut donc aux Conférences bibliques de Niagara Falls de 1901 que Scofield confia à ses amis qu’il avait l’intention de développer une bible à références qui amènerait « …ce nouveau commencement et ce nouveau témoignage ». Cependant, Scofield nota que le soutien financier était l’inconvénient principal. L’année suivante, l’un des amis à qui il se confia, A. C. Gaebelein, l’aida à trouver le soutien financier qu’il requérait. En 1904, Scofield et son épouse se rendirent à l’étranger pour travailler sur les notes de sa bible. En Angleterre, il fut en mesure de faire des recherches et des études de première main sur la doctrine de la venue imminente et de l’enlèvement secret de J. N. Darby dans le foyer même de ses débuts.

I. Scofield acquit une forte compétence dans tous les aspects du darbysme. C’est à cause de l’influence de la théorie dispensationaliste de J. N. Darby, de l’enlèvement secret et du demi retour imminent, que Scofield décida de colliger une bible à références qui allait propager le Dispensationalisme darbyste en Amérique en brouillant l’esprit des nouveaux convertis sans méfiance. À notre avis, Darby n’aurait pas fait long feu dans le monde avec ses croyances n’eut été de l’ouvrage de Scofield. De même, les notes de Scofield n’auraient pas été aussi acclamées si elles avaient été compilées sous forme de commentaires séparés de la Bible. Or, Scofield publia d’abord sa bible à références et ensuite, plus tard, ses notes de références dans des livres séparés. C’est sa bible à références qui lui valut des acclamations, pas son ouvrage séparé. Cela se vérifie par le fait que sa bible à références est toujours en demande aujourd’hui, et non pas son matériel séparé. Scofield a joui de la célébrité et de la fortune sur le dos de la Sainte Bible dont le véritable Auteur est Dieu qui inspira de saints hommes.

Si Darby est appelé le « père du Dispensationalisme », Scofield en fut certainement « la mère », puisqu’il donna vraiment naissance au Dispensationalisme et à l’Enlèvement Pré-tribulationiste en Amérique, grâce évidemment à sa bible à références. Grâce à Scofield, les enseignements de Darby concernant l’enlèvement pré-tribulationiste sont maintenant la doctrine eschatologique la plus réputée, si non la plus répandue dans le christianisme protestant et évangélique en ce qui regarde le retour de notre Seigneur Jésus-Christ. Pourtant, la plupart des adeptes du pré-tribulationisme n’ont jamais entendu parler du sieur Darby.

À n’en pas douter, Scofield a conçu sa bible à références dans le seul but de répandre la doctrine de Darby. Son endoctrinement au Dispensationalisme de Darby par le Dr James Brooks et son implication dans les Conférences Bibliques de Niagara Falls le remplirent au fil des ans de fascination pour la tournure unique que Darby donnait aux Écritures. Toute autre raison pour avoir colligé la Bible à Références Scofield semble illogique, à moins qu’un sombre dessein caché eût présidé secrètement à sa confection. Sandeen a écrit ceci :

« Dans tous les cas, il est clair que la Bible à Références Scofield reposait, sans le moindre compromis, sur la doctrine dispensationaliste et qu’elle enseignait le retour imminent et l’enlèvement secret de l’Église. Quoi qu’il ait consulté des érudits post-tribulationistes, son ouvrage ne reflétait pas la vision que ceux-ci avaient à cette époque.

« Dans la préface de la Bible à Références, Scofield écrivit : « L’éditeur en dénonce l’originalité. » Cette excuse était également à l’image de sa vantardise. Être original n’était pas un gage de bonne exégèse millénariste. Scofield reconnut également qu’il n’avait rien fait de plus que de mettre l’œuvre de son prédécesseur sous une forme des plus ingénieuses et des plus assimilables. Scofield n’a jamais démontré de grandes aptitudes d’érudit biblique, d’apologiste ou d’organisateur, mais dans le calendrier des saints fondamentalistes, aucun autre nom n’est plus connu ni plus révéré. »[5]

La Bible à Références Scofield

En 1901, le premier jet des notes de références de Scofield (qui ne furent pas entièrement rédigées par lui, soit dit en passant) fut présenté au Lotus Club de New York, au plus grand embarras de ses amis soi-disant chrétiens. À cet époque, Scofield n’était rien d’autre qu’un petit escroc du Kansas, sans antécédents dans les domaines du droit ou de la religion, mais possédant des amis très haut placés. Comme nous l’avons déjà mentionné, le membre du comité de ce Club de littérature qui y introduisit le « Dr Scofield » fut nul autre que Samuel Untermeyer, le criminaliste réputé qui devint par la suite président du Comité Juif Américain, président de la Ligue Américaine des Patriotes Juifs et président de la Ligue non Sectaire Anti-nazie. Comme son nom le suggère, Untermeyer était digne descendant de la lignée des Khazars de l’ouest de l’Asie et de l’est de l’Europe, peuple judaïsé qui, depuis plus de 1 300 ans, se fait passer pour les descendants directs de la tribu israélite de Juda, sans en avoir la légitimité. Le nom d’Untermeyer prend deux colonnes dans le Who’s Who d’Amérique, grâce à ses multiples accomplissements au nom des communistes socialistes d’Amérique. Comme on peut facilement s’en douter, la pensée théologique d’Untermeyer fut très éloignée de celle d’un croyant fondamentaliste de la Bible.

Non que je veuille dire, toutefois, que l’ami Scofield fut un chrétien fondamentaliste. C’était un hypocrite ayant visage à deux faces. Dans une lettre de 1921 adressée à sa fille Abigail, qui avait des besoins financiers alors qu’elle demeurait à Saint-Louis-Obispo, en Californie, il lui recommanda de prier un saint catholique : « …pourquoi ne rechercherais-tu pas l’intercession spéciale de Saint Louis de qui la ville où tu demeures porte le nom ? » (La lettre entière se trouve dans l’œuvre classique de Joseph Canfield, The Incredible Scofield and His Book, publié chez Ross House Books.) Mais, une douzaine d’années plus tôt, dans sa Bible Scofield (p. 1346), il avait déjà commencé à prédire le règne futur « d’un christianisme apostat dirigé par la papauté » ! Et on reprochait au pape le culte des saints ! Plutôt contradictoire…

Scofield accepta volontiers les directives et les dons financiers des Secret Six, du Lotus Club et de leur associé Samuel Untermeyer. Ils affirmaient que Scofield n’était qu’un membre occasionnel du Lotus Club, ce qui ne l’empêcha pourtant pas d’y élire résidence pendant vingt ans alors que son épouse se languissait au Kansas sans soutien financier.

Le dessein d’Untermeyer et de ses associés consistait à trouver un moyen de pousser les fondamentalistes chrétiens à démontrer de l’intérêt pour la cause du sionisme international et de la soutenir. C’était un projet à long terme d’Untermeyer. Celui-ci mourut en 1941, ayant toute sa vie durant travaillé à la cause des communistes et des sionistes. Membre du Lotus Club pendant plus de vingt ans, Scofield établit une longue association avec Untermeyer. Il ne peut qu’avoir pris connaissance des activités anti-américaines de ce puissant Juif de la synagogue de Satan.

Les sionistes juifs poursuivirent le mouvement. En fin de compte, la Bible à Références Scofield fut publiée par la Presse de l’Université d’Oxford, bras prestigieux de l’élite financière britannique, sous l’aval de la Maison Rothschild. Samuel Untermeyer présenta Scofield à de nombreux leaders sionistes et socialistes, dont Samuel Gompers, Fiorello LaGuardia, Abraham Strauss, Bernard Baruch et Jacob Schiff. Ce dernier était les yeux et les oreilles de la Maison Rothschild en Amérique, bien installé à la tête de la Banque Kuhn & Loeb de New York, ce qui contribua à en faire l’homme le plus puissant d’Amérique et d’où il donnait ses instructions au Congrès américain et au Président. Le même principe est d’ailleurs toujours valable aujourd’hui. Par ailleurs, Untermeyer fut en mesure de faire chanter le président des Etats-Unis, Harry Truman, afin de l’amener à assigner le juge sioniste Brandeis à la Cour Suprême.

À la fin du compte, la Bible à Références Scofield fut publiée en 1909. Dans les années 1920 et 1930, de nombreux ministres et pasteurs commencèrent à prêcher le Dispensationalisme de Darby ; pourtant, ces hommes ne pouvaient avoir reçu leurs informations de Darby même. Selon l’expression de Scofield, un « nouveau témoignage » s’était réellement répandu en Amérique, mais il ne s’agissait pas d’un témoignage de vérité. Bien que le Dispensationalisme et l’Enlèvement Pré-tribulationiste soient devenus communément acceptés en tant que doctrine véritable, ils furent absolument inconnus dans l’Église pendant près de 1 900 ans avant l’arrivée sur scène de John Nelson Darby et, en Amérique, jusqu’à ce que Cyrus Ingerson Scofield ne publie sa bible à références.

Quarante ans après la publication de la Bible à Références Scofield, la nouvelle édition améliorée de cette bible à références entra sur le marché. Un des hommes qui s’assirent à la table de révision était nul autre que John F. Walvoord. On le surnomme aujourd’hui « le doyen du mouvement de l’Enlèvement pré-tribulationiste ». Pour nous résumer, voici donc une chronologie de ce mouvement agité : de Irving à Darby ; de Darby à Scofield ; de Scofield à Chafer ; de Chafer au Séminaire Théologique de Dallas (STD) ; du STD à Walvoord ; de Walvoord à tous les adeptes américains de l’enlèvement pré-tribulationiste.

À cause de Scofield, l’idée que se fit Darby de deux destins séparés pour Israël et l’Église au cours de l’histoire a atteint un niveau d’acceptation commune dans le mouvement de croyance biblique en Amérique (centré dans le fondamentalisme) et ce, en moins d’un siècle après sa conception. On déclare que la Bible à Références Scofield a été la cause maîtresse de la chute de la civilisation américaine parce que cette bible présentait un antinomisme[6] qui rejetait la loi morale de Dieu comme standard de vie pour aujourd’hui. D’autres proclament que l’Église est faible, inefficace et défaillante à cause de l’espérance dans le retour de Christ pour Lui-même et non pas au sein d’une église déjà triomphante et victorieuse. Nous n’y voyons que la continuation de l’hérésie de Darby et sa tournure nouvelle de la Persévérance des saints de Calvin. Il y en a d’autres qui voient en Scofield un fieffé ivrogne, un menteur impénitent, un adultère et un parjure qui emprunta le chemin de la prédication pour arriver à une fortune facile et à la célébrité mondaine. Cette perspective est peut-être un peu expéditive, à notre avis.

Nous pourrions tout simplement diaboliser l’homme et nous ficher de lui et de sa doctrine. Cependant, qu’il ait été réellement sauvé ou non, là n’est pas la question. Sa doctrine demeure toujours fausse dans les deux cas. Nous voyons simplement en Scofield un homme qui avait ses propres motifs pour ce qu’il a fait et, personnellement, nous ne pensons pas que ces motifs étaient inspirés de Dieu. Il se pourrait fort bien qu’il ait été motivé par un besoin irrépressible d’être « quelqu’un », et il a peut-être vu l’opportunité d’apporter quelque chose de neuf dans l’Église tout en se faisant un nom par ce moyen. Il semble avoir eu soif d’attention et d’honneur, ce qui tend à se prouver par le geste de se conférer un doctorat à soi-même alors qu’il n’avait aucune formation théologique officielle.

Quoi qu’il en soit, la Bible à Références Scofield fut beaucoup plus nuisible que l’auteur de ce mauvais fruit. Si vous lisez attentivement les notes de Scofield, les références dont il se sert sont très faibles, et même parfois carrément fausses. La Bible de Références Scofield revêt un mépris et un manque de compréhension de l’herméneutique biblique. L’hypothèse la plus sérieuse, c’est que Scofield ne tenait pas du Saint-Esprit le Dispensationalisme et son fruit infecté, i.e., l’enlèvement pré-tribulationiste, suite à une étude approfondie de la Parole de Dieu. Il le tenait plutôt des hommes. Or, l’Enlèvement Pré-tribulationiste est maintenant enseigné par la majorité des fondamentalistes comme étant une vérité biblique clairement soutenue par les Écritures, même s’il n’existait pas dans l’Église en près de 1 900 ans. Quel contraste avec la parole de Paul qui a dit :

« Or mes frères, je vous déclare que l’Evangile que j’ai annoncé, n’est point selon l’homme. 12Parce que je ne l’ai point reçu ni appris d’aucun homme, mais par la révélation de Jésus-Christ » (Galates 1:11-12).

1909 ― Cyrus Ingerson Scofield, ayant été frappé d’illumination par la nouvelle révélation de MacDonald/Irving et grâce à l’aide financière mentionnée précédemment, lança donc sa Bible à Références Scofield sur le marché lucratif de la littérature ecclésistique. Pour son projet, l’ami Cyrus avait l’intention d’utiliser la bible de ses héros, Westcott & Hort. Toutefois, Scofield savait qu’à cause de la prédominance de la King James Version (KJV) et des maigres résultats de vente de la Revised Version (RV), ses enseignements dispensationalistes n’iraient nulle part s’il les accouplait à la RV. Il employa donc la KJV tout en démontrant subtilement son mépris envers elle ainsi que sa vénération pour la RV. Voici comment il procéda. Partout où la KJV était en désaccord avec la RV, sur un sujet doctrinal d’importance, Cyrus inséra une note de marge ou de bas de page déclarant que la KJV était inexacte et offrait ensuite un compte rendu « plus exact », presque toujours identique à la Revised Version.

Voici quelques exemples de ces notes de bas de page trouvées dans la Bible à Références Scofield, édition anglaise (on trouve l’équivalent dans la version Louis Segond avec Commentaires Scofield) :

Page 1022, (Matthieu 16:20) : (note « c » en marge) « Jésus » omit.

Page 1023, (Matthieu 17:21) : (note « j » en marge) D’anciens mss omettent le verset 21.

Page 1031, (Matthieu 23:14) : (note « s » en marge) Les meilleurs mss omettent le verset 14.

Page 1057, (Marc 9:29) : (note « u » en marge) Les deux meilleurs mss omettent « et par le jeûne ».

Page 1061, (Marc 11:26) : (note « i » en marge) Le verset 26 est omit des meilleurs mss.

Page 1325, (1 Jean 5:7) : (note « o » en marge) On s’accorde généralement à dire que le verset 7 n’a pas de réelle autorité et qu’il a été inséré.

Page 1069, (Marc 16:9-20) : (note « 1 » en bas de page) Le passage du verset 9 à la fin ne se trouve pas dans les deux plus anciens manuscrits, le Sinaïticus et le Vaticanus, et d’autres les mentionnent avec des omissions partielles ou des variantes.

Page 1201, (Romains 8:1) : (note « b » en marge) La déclaration se termine avec « Jésus-Christ » ; les derniers dix mots sont interpolés. [Il s’agit de : « … lesquels ne marchent point selon la chair, mais selon l’Esprit. »]

Page 1212, (1 Corinthiens 1:8) : (note « 2 » en bas de page) La AKJV écrit incorrectement « jour de Christ » dans 2 Thessaloniciens 2:2, au lieu de « jour du Seigneur ».

Page 1216, (1 Corinthiens 5:5) : (note « d » en marge) D’anciens mss omettent le nom Jésus.

Page 1271, (2 Thessaloniciens) : (Introduction) Le thème de Second Thessaloniciens est, malheureusement, obscurci par une mauvaise traduction de 2:2 dans la AKJV« day of Christ is at hand » (« comme si le jour de Christ était proche ») devrait être traduit « day of the Lord is now present » (« comme si le jour du Seigneur était déjà là ») (Voir [Ésaïe 2:12], réf.).

Il nous semble que ce que nous venons de lire se passe de commentaire. Avant son décès, C. I. Scofield eut le temps de passer le flambeau à son fidèle disciple, Lewis Sperry Chafer.

Lewis Sperry Chafer

Sur les talons de Scofield vint Lewis Sperry Chafer (1871-1952), également théologien sans crédit et autoproclamé. Chafer aurait dit :

« Le fait même que je n’aie pas étudié dans un cours prescrit en théologie me permet d’approcher le sujet avec un esprit sans préjudice, en ne me souciant que de ce que la Bible enseigne réellement. »[7]

Lewis Sperry Chafer fut étudiant et fervent admirateur de Scofield jusqu’à la fin de sa vie. En 1924, Chafer fonda le Séminaire Théologique de Dallas, constituant en quelque sorte la première déclaration de validité du Dispensationalisme. Des vestiges du flambeau qu’il reçut de Scofield se retrouvent dans le logo du Séminaire en tant que Flamme éternelle maçonnique, bien installée au-dessus des Écritures. Cette institution est sans doute la plus grande responsable de la dissémination des enseignements hérétiques du Dispensationalisme et de l’enlèvement pré-tribulationiste. Nous espérons que le lecteur ou la lectrice sera maintenant en mesure de voir les liens formant une chaîne visant à créer, à délimiter et à diriger le mouvement dispensationaliste depuis ses débuts. Des millions de gens adoptent les enseignements de ce mouvement, croyant qu’ils proviennent du trône de Dieu. D’autres qui les ont promus étaient au courant de leur véritable origine et de leurs desseins clandestins. Et ils ont pourtant conspiré contre le Corps de Christ. Ce sont ces derniers que nous tentons de dénoncer et d’exposer.

Lewis Sperry Chafer exprima son dédain et son mépris envers la théologie orthodoxe établie et consacrée. Pourtant, il procéda à l’établissement d’une école théologique, ce qui est en parfait contraste avec ses propres déclarations concernant l’éducation théologique. Il produisit également la Théologie Systématique en huit volumes où il avait inséré le Dispensationalisme de Darby grâce aux notes de références de C. I. Scofield.

Chafer passa trois ans au Collège Oberlin et le quitta ensuite pour enseigner à l’école de garçons que D. L. Moody avait fondée. Voilà qui constituait la somme totale de l’éducation officielle de Chafer.

N’ayant aucune éducation théologique officielle, Chafer n’avait pas non plus de formation linguistique. C’est ce qui ressort de sa Théologie Systématique où il ne travailla qu’avec des sources secondaires, que ce soit dans les langues bibliques ou la littérature théologique.

En lisant la théologie de Chafer, il est apparent qu’il n’était pas du tout à son aise en philosophie. Il ne faisait que de rares références aux philosophes et, dans la plupart des cas, Chafer les cita par des sources intermédiaires et non pas directement.

Il a donc utilisé les ouvrages de personnes formées en théologie pour compiler son œuvre, Théologie Systématique. Il appert qu’il avait suffisamment de respect pour les hommes formés en théologie pour employer leurs travaux. De plus, la véritable intention de Chafer semble avoir été de s’efforcer de disqualifier de manière préventive ceux qui étaient justement plus qualifiés pour dénoncer les erreurs de sa doctrine avant qu’ils n’aient l’opportunité de capter l’attention du public. Sa seule défense était que l’ignorance égale la spiritualité et, par conséquent, la perfection herméneutique. Chafer se mit à élaborer un système théologique nouveau qui était coupé d’avec les racines de la théologie originale qui nous avait été léguée par l’Église primitive.

Le Dispensationalisme totalise aujourd’hui la somme des efforts monumentaux d’un groupe d’hommes pseudo-spirituels affublés d’un ego colossal, assimilant l’ignorance à la perfection spirituelle, dans le but de se faire un nom. Ce faisant, ils ont créé un cancer doctrinal qui a sapé les poutrelles internes de la foi et des principes chrétiens. Ils ont momentanément joui de la notoriété et de la célébrité durant leur vie, mais au prix de la séduction de millions de personnes. Ils ne semblèrent pas s’inquiéter du fait qu’ils avaient construit leurs royaumes personnels aux frais de la vérité et de la continuité divine. De nos jours, leurs successeurs pillent la masse des gens de la même façon, sans égard au bien-être spirituel de ceux qu’ils séduisent. C’est pour cela qu’il faut que des hommes et des femmes se tiennent debout avec courage et déclarent la vérité concernant le Dispensationalisme et sa doctrine fantaisiste, l’Enlèvement pré-tribulationiste.

Un grand plan ?

Cette histoire ― la création d’une nouvelle religion influente, malfaisante au point de vue politique, théologiquement frauduleuse et pourtant extrêmement populaire ― a toutes les apparences d’une vaste conspiration opérant sur tous les continents et sur une période de temps s’étendant sur plus d’un siècle et demi.

Bien qu’il soit tentant d’arguer que le sionisme chrétien ne soit qu’un essai (réussi !) de la part des sionistes juifs pour récupérer le protestantisme américain à leurs propres causes politiques, cette théorie n’explique pas la complicité de nombreux autres facteurs. Il est plus que probable que, si cela représente une conspiration coordonnée, les sionistes ont dû assigner un rôle à jouer à l’élite anglo-américaine, représentée, dans cette histoire, par des contributeurs comme la Presse Universitaire d’Oxford et la fortune de la Union Oil.

Par ce mécanisme, la piété naïve et humble du citoyen moyen est exploitée à des fins à tendance psychopathe et mégalomaniaque des classes élitistes.

Que vous en soyez conscient ou non, cette doctrine du Dispensationalisme pave la voie au dernier Antichrist ! Elle prépare la « chrétienté » à recevoir la Bête et le Faux Prophète à bras ouverts. Comprenez bien ceci. Les églises chrétiennes d’aujourd’hui ont une interprétation des prophéties, surtout de l’Apocalypse, qui donne peu de chance à la Bête et au Faux Prophète d’être pris au sérieux. N’oubliez pas que c’est la terre entière qui sera remplie de ravissement devant l’émergence de la Bête. De plus, avant l’apparition de l’Homme de Péché, il y aura une grande apostasie où la majorité des personnes qui fréquentent les églises chrétiennes se détourneront de Dieu ! Plus précisément de cette vérité incontournable que Jésus est le Christ et qu’Il est Dieu avec nous !

Dans beaucoup d’églises, on a résolu que la Bête était le Vatican et que le Faux Prophète était le pape. Pensez-vous réellement que les catholiques croient à cela ? Croyez-vous vraiment que la vaste majorité des protestants vont se rallier au pape s’ils voient que celui-ci les amène à l’apostasie ? Il ne faudrait pas croire que les croyants sont imbéciles. Pour que la Bête et le Faux Prophète rallient la vaste majorité des gens, il faudra une approche bien plus crédible et des moyens beaucoup plus puissants !

L’interprétation que donnent les églises du livre de l’Apocalypse est truffée de faussetés, dans certaines confessions plus que dans d’autres. C’est malheureux en soi, mais c’est dans la logique même du Plan de Dieu et de Sa prophétie. Remarquez bien ceci : la prophétie des temps de la fin est, en grande partie, le dévoilement du plan de Satan vu dans son ensemble par une Personne pour qui tout est au présent ! Dieu nous fait simplement la description de ce que Satan a planifié. Or, il ne faudrait pas penser que, si Satan est méchant, voire fou, qu’il est également naïf. Il connaît très bien le comportement humain et agit en conséquence. Cependant, ce qui est très heureux pour nous, c’est que Satan ne pourra jamais dépasser les limites que lui impose l’Éternel Dieu.

La fameuse dichotomie d’Israël d’avec l’Église a pour but l’installation de la dernière religion humaine qui régnera sur terre avant la Seconde Venue de Jésus-Christ. Non, il ne s’agit pas d’un vaste conglomérat d’églises chrétiennes sous l’égide de l’Église catholique. Il s’agit du judaïsme moderne (qui n’a rien à voir avec la religion de l’Ancien Testament). Il est aux antipodes du vrai christianisme ! C’est la version moderne de la Religion à Mystères de Babylone. Aujourd’hui, on lui donne plutôt le nom de sionisme international. Il est habité d’un racisme exacerbé par ses écrits sacrés : le Talmud, la Kabbale, etc. Dans ces livres, il est affirmé des choses que les chrétiens ignorent et qui leur apporteront de grands malheurs. Le Talmud décrit notre Seigneur Jésus-Christ dans les termes les plus diffamatoires et appelle à la destruction des chrétiens. Voilà pourquoi la Bête et le Faux Prophète massacreront les saints de la Grande Tribulation.

Le judaïsme moderne colporte un racisme d’un niveau qui n’a jamais été atteint dans toute l’histoire de l’humanité. On y fait nettement la distinction entre les Juifs et les non-Juifs. Les Juifs sont considérés comme une race supérieure empreinte de l’étincelle divine et qui doit commander au reste du monde. Ce concept est ancré dans le cerveau des Juifs depuis leur tout jeune âge et il est la cause de beaucoup de malheurs survenus au cours de l’histoire. Cette notion a été infiltrée dans les églises chrétiennes afin de faire croire aux membres de ces églises que les Juifs sont toujours le « Peuple Élu ». Et c’est grâce au Dispensationalisme que les sionistes y sont arrivés. En suscitant et en finançant des hommes comme John Nelson Darby et Cyrus Ingerson Scofield, les sionistes internationaux ont faussé la compréhension de la Bible que les chrétiens partageaient depuis des siècles.

Le but visé est très simple. Les sionistes veulent amener les citoyens du monde sous l’égide d’un Gouvernement Unique qui sera dirigé par leur Messie (le Mochiash). Pour qu’il soit accepté des chrétiens, il leur fallait préparer le terrain au point de vue doctrinal afin que les chrétiens hésitent à rejeter ce futur dirigeant. Donc, si leur attention est suffisamment détournée des Juifs et concentrée sur des éléments religieux autres que le leur ― comme le Vatican et le pape, par exemple ―, ils pourront installer leur faux messie à un moment où il sera devenu trop tard pour le contrer.

Dans l’Apocalypse, il est écrit ceci :

« Je connais tes oeuvres, ton affliction et ta pauvreté (mais tu es riche), et le blasphème de ceux qui se disent être Juifs, et qui ne le sont point, mais qui sont la Synagogue de Satan » (Apocalypse 2:9).

« Voici, je ferai venir ceux de la Synagogue de Satan qui se disent Juifs, et ne le sont point, mais mentent ; voici, dis-je, je les ferai venir et se prosterner à tes pieds, et ils connaîtront que je t’aime » (Apocalypse 3:9).

Voilà un avertissement pour la fin des temps : la synagogue de Satan, c’est la religion que le Diable a mise sur pied depuis des millénaires et qui atteindra un point culminant à la toute fin du temps alloué aux gouvernements humains. Ceux qui dirigent cette synagogue se disent Juifs, mais ne le sont pas. Ils ne le sont effectivement pas et ce, de deux façons. Tout d’abord, au point de vue spirituel, parce qu’ils ne sont pas circoncis de cœur. Car, voici ce que l’apôtre Paul dit du vrai Juif aux yeux de Dieu : « Car celui-là n’est point Juif, qui ne l’est qu’au-dehors, et celle-là n’est point la véritable Circoncision, qui est faite par dehors en la chair. Mais celui-là est Juif, qui l’est au-dedans ; et la véritable Circoncision est celle qui est du coeur en esprit, et non pas dans la lettre ; et la louange de ce Juif n’est point des hommes, mais de Dieu » (Romains 2:29).

Deuxièmement, 92 % des Juifs modernes sont les descendants du peuple des Khazars d’origine turco-finnoise et descendants de la tribu d’Ashkénaze (Genèse 10:3). Ceux-ci se sont convertis au judaïsme autour de l’an 700 apr. J.-C., puis ont été dispersés dans diverses parties de l’Europe et de l’Asie après que leur royaume de Khazarie eût été conquis par les Russes blancs, vers l’an 1000. Aujourd’hui, ils parlent le yiddish, ancienne langue des Khazars s’écrivant avec l’alphabet hébreu, mais n’ayant rien à voir avec l’hébreu. N’eût été des Khazars, la population des fils de la Judée aurait été considérablement plus modeste, voire éteinte. On peut donc en conclure, comme l’a dit notre Seigneur Jésus-Christ, que les Khazars se disent Juifs, mais ne sont pas des Juifs, ou plutôt, pour être plus précis, des Judéens.

Pour une étude plus approfondie au sujet des Khazars, nous vous référons à notre série d’articles compilant le livre de Benjamin Freedman, L’Histoire occultée des faux Hébreux.

Afin de cacher leur plan, les Juifs sionistes ont créé un phénomène qui leur permet de jouer sur tous les tableaux et ce, dans la plus grande paix. L’antisémitisme ! Ce concept est le fondement de leur système de protection. Il est basé, et ceci est une donnée fondamentale à bien saisir, sur le racisme culturel que le judaïsme essaime depuis plus de vingt siècles. En effet, ce qui précède l’antisémitisme, c’est le fait que le Talmud et la loi rabbinique, en fondant la « judéité » sur le critère de l’hérédité par le sang, conditionnent les Juifs à se voir Juifs parmi les non-Juifs. Le Juif, qui a reçu un dépôt « d’orgueil de la différence », se voit d’abord différent du non-Juif avant que celui-ci, à son contact, le perçoive différent. Avant de devenir le Juif du non-Juif, et la cible de l’antisémitisme, le Juif est d’abord la représentation du Juif conscient de sa différence indélébile, croit-il, et de son altérité. L’appartenance juive du Juif ne naît nullement en premier lieu du regard d’autrui sur lui, mais de son regard sur lui-même : se penser Juif est d’abord une prescription essentielle du judaïsme avant d’être une contrainte venue de l’extérieur.

En définitive, ce que les populations du monde n’ont pas compris, et cela nous est surtout évident chez les « chrétiens sionistes », c’est que les écrits sacrés du judaïsme (le Talmud babylonien, le Talmud de Jérusalem, la Kabbale et les autres écrits rabbiniques) établissent depuis des siècles une différence fondamentale entre les Juifs et les non-Juifs, au point de qualifier les non-Juifs (les Gentils, les goyim) d’animaux à forme humaine ! Ne pouvant évidemment pas étaler ce « principe » au grand jour, à la face du monde, c’est d’une manière très subtile que les Juifs sionistes font pénétrer cette idée rocambolesque dans la culture des goyim.

Et voilà pourquoi des Untermeyer et autres Juifs sionistes se sont infiltrés dans le monde chrétien par le truchement d’individus qui, consciemment ou pas, on changé la doctrine de Christ et les prophéties bibliques pour faire croire que les Juifs sont encore et toujours le Peuple Élu.

Voici ce que dit un spécialiste, André Gaillard, de la question à propos de cette infiltration chez les chrétiens :

« Le nombre des chrétiens : Évangélistes, Mormons, Baptistes, Pentecôtistes… “compagnons de route” du sionisme particulièrement puissants et actifs, est de l’ordre de 70 à 80 millions, aux Etats-Unis, mais ils sont également présents  et en constante progression en Amérique latine, en Afrique, en Asie, en Belgique… Une structure d’encadrement, mise au point fin 2005 conjointement entre le Pentagone et l’armée d’Israël, la CUFI (Christians United for Israel) a pour but de propager la théologie sioniste dans les Églises évangéliques pour que le soutien aux actions de guerre israéliennes soit perçu comme un devoir religieux par une majorité d’États. Pour les chrétiens sionistes, en référence à l’Apocalypse, le retour de Christ ne surviendra pas avant que les Juifs se soient regroupés en Palestine. Le fait que les Juifs, selon la même prophétie, doivent se convertir au christianisme, est mis sous le boisseau compte tenu des conjonctures d’intérêt à court terme. Rappelant certains “compagnons de route” du communisme vus par Lénine comme des “imbéciles utiles”, ces chrétiens sont tout à la fois méprisés secrètement pour leur croyance et flattés habilement pour leur formidable appui matériel et moral à Israël. » [http://andre-gaillard.fr/Conclusion.htm, note numéro 6. L’emphase est la nôtre.]

Le Dispensationalisme est l’outil principal dont se sont servis les « compagnons de route » des sionistes pour amener le monde chrétien à soutenir une nation qui porte le nom de Synagogue de Satan dans la Bible. Les mêmes chrétiens qui affirment qu’ils ne seront jamais influencés par l’Antichrist financent allègrement ceux qui travaillent à l’amener sur la scène mondiale. Voilà une triste aberration. Nous avons personnellement lu des articles, dans des sites « chrétiens » pré-tribulationistes, qui soutenaient l’État d’Israël au point de souhaiter l’extermination des Palestiniens, la faisant passer pour un acte de Dieu ! Lire de pareilles bêtises est choquant et humiliant pour le nom de « chrétien » !

Il est grand temps que les vrais chrétiens puissent discerner l’interprétation biblique des prophéties et s’attachent à l’Esprit de prophétie de Christ pour comprendre que le véritable Peuple Élu de Dieu est aujourd’hui l’Église, le Corps de Christ. Jésus-Christ n’a pas deux épouses ! Dieu n’est pas bigame ! Dieu n’a pas deux Plans séparés, un spirituel et un physique ! Dieu a un seul Plan où tout est inclus !

Que ceux qui ont des oreilles pour entendre écoutent ce que l’Esprit dit aux Églises d’Apocalypse 2 et 3. Puisse le Seigneur vous accorder Son discernement afin que vous deveniez rusés comme des serpents et obéissants à Dieu comme des brebis.

ööö

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[1] Le Secret Six ou Comité des Six étaient six hommes instruits et riches qui financèrent secrètement l’abolitionniste américain John Brown. Il s’agissait de Thomas Wentworth Higginson (ministre unitarien), le Dr Samuel Gridley Howe (physicien), Theodore Parker (ministre transcendentaliste libéral), Gerrit Smith (philanthrope anti-esclavagiste), Franklin Sandborn (intellectuel de Harvard) et George Luther Stearns.

[2] Joseph M. Canfield, The Incredible Scofield, Ross House Books.

[3] Glenn R. Goss, docteur en théologie et professeur de bible au Collège biblique de Philadelphie, article The Scofield Bible and C. I. Scofield.

[4] Tim LaHaye, What is the Rapture?, article.

[5] Earnest Sandeen, The Roots of Fundamentalism : 1800-1920, (Chicago : Presse de l’Université de Chicago, 1970), p. 224.

[6] Antinomisme : doctrine qui soutient que les chrétiens qui sont sauvés par leur foi seule ne sont tenus à aucune obligation envers la loi de Dieu. [Encyclopédie Grolier, éd. 1952, p. 370.]

[7] Lewis Sperry Chafer, Systematic Theology, vol. 8 (Dallas : Presse du Séminaire de Dallas, 1948), pp. 5-6.




D.230 – Historique et dessein occulte du Dispensationalisme – Partie 1

 

Par Roch Richer

Introduction

Tous ceux et celles qui étudient minutieusement et dans leur entier les arguments dispensationalistes des pré-tribulationistes (ainsi que ceux de leurs contradicteurs) et ce, à la lumière des Écritures, en viendront immanquablement à discerner le vrai du faux et ils laisseront tomber le système dispensationaliste pour s’attacher à la saine doctrine de Christ. Comme nous l’avons vu dans un article précédent (D.226 Le dispensationalisme : retour à la théorie biblique ou secte pseudo-chrétienne), et si vous lisez les autres documents qui se trouvent dans notre section Post/pré-tribulationisme, les accusations portées contre le Dispensationalisme et son enlèvement pré-tribulationiste sont véritables et bien fondées. Ce système doctrinal n’est tout simplement pas biblique.

Il est invraisemblable de croire que les propagateurs du Dispensationalisme n’aient pas eu accès à toutes ces informations et n’aient pas vu l’errance du système qu’ils mettent de l’avant avec tant d’énergie et de zèle. Il y en a sans doute qui, après avoir pris connaissance de toutes ces données, ont changé radicalement de perspective et se sont attachés à l’enseignement biblique limpide du christianisme apostolique. Rendons-en grâce à Dieu qui les a éclairés. Mais que pouvons-nous dire de ceux qui, face à l’évidence de la faiblesse de leurs arguments eschatologiques, continuent à enseigner leurs faussetés et persistent à faire la sourde oreille et à fermer les yeux devant la masse de preuves scripturaires et historiques leur étant pourtant disponible ? Ce sont des gens intelligents. Ils disent même avoir le Saint-Esprit pour les guider. Mais si Celui-ci les habitait, ne leur montrerait-Il pas la clarté des vérités bibliques ? Et s’ils voient qu’ils enseignent des faussetés, pourquoi donc s’acharnent-ils à prêcher leurs errements aux chrétiens ? Pourrions-nous soupçonner des motifs occultes derrière leur étrange agissement ?

Il y a de plus en plus d’information qui nous donne les indices de ce qui se trame derrière les portes closes des puissants de ce monde où se concoctent grande quantité d’artifices et de mensonges. Une fois ces informations dévoilées, vous vous apercevez rapidement que le pilier central sur lequel repose le système doctrinal du Dispensationalisme, c’est la supposée dichotomie exercée entre Israël et l’Église. Tout le reste n’est qu’agrémentation argumentaire artificielle visant à rendre cette distinction crédible aux yeux des nombreux chrétiens qui n’étudient leur Bible que de façon superficielle.

En enseignant volontairement, et contre toute logique biblique, la séparation d’Israël et de l’Église, que visent les eschatologistes dispensationalistes ? Quelle est leur motivation profonde ? Pourquoi veulent-ils faire croire à une future « septième dispensation » d’un royaume terrestre dominé par la nation physique des Juifs ?

Afin de mieux comprendre ce qui se joue derrière les décors politiques et religieux du monde, examinons ensemble un historique du Dispensationalisme et de son enlèvement pré-tribulationiste.

Les racines d’un mouvement ou d’un enseignement sont aussi importantes que les fruits que porte ce mouvement ou cet enseignement. L’analyse des racines d’une chose donnée nous permet de déterminer quel chemin elle prendra avant que les fruits deviennent apparents. Dans le cas du Dispensationalisme, nous pouvons maintenant constater la nature anti-biblique de ses racines et, par conséquent, de ses fruits.

Origine de l’enlèvement pré-tribulationiste

Il s’est forgé diverses opinions quant aux origines du pré-tribulationisme. Certaines personnes soutiennent que c’est notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même qui en est l’instigateur ; d’autres pensent plutôt qu’il nous provient des apôtres ; d’autres encore affirment que c’est immédiatement après les apôtres que les pères de l’Église primitive en ont parlé ; et, enfin, il y a ceux qui déclarent que la doctrine n’est vieille que de moins de deux siècles et fut proclamée par des gens dont les fruits laissent planer un doute quant à leur participation au Corps de Christ.

Jésus-Christ

Notre Seigneur Jésus-Christ a-t-Il parlé d’un enlèvement pré-tribulationiste avant de monter au ciel ? Examinons une des déclarations finales de Jésus avant Son ascension, juste après Sa résurrection :

« Allez donc, et enseignez toutes les nations, les baptisant au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit ; 20Et les enseignant de garder tout ce que je vous ai commandé. Et voici, je suis toujours avec vous jusques à la fin du monde. Amen » (Matthieu 28:19-20).

Jésus avait préalablement signalé à Ses disciples qu’ils verraient l’abomination de la désolation quand l’Antichrist établirait son image dans le temple, en proclamant être Dieu. Dans Matthieu 24:21, Il a dit : « Car alors il y aura une grande affliction, telle qu’il n’y en a point eu de semblable depuis le commencement du monde jusques à maintenant, ni il n’y en aura plus de telle. » Il leur a également dit de ne pas croire aux rapports affirmant qu’Il serait ici, ou là (v. 23). Et c’est ce qu’Il commanda à Ses disciples d’enseigner à observer aux autres disciples au sein des nations. C’est contraire à la croyance d’un enlèvement pré-tribulationiste stipulant que nous serons partis avant que l’homme d’iniquité n’occupe la scène.

Nous n’avons pas besoin d’aller plus loin dans notre discussion à savoir si Jésus a présenté ou non un enlèvement pré-tribulationiste, parce qu’Il n’a rien dit qui vienne contredire Sa Parole. Pourtant, il y en a pour défendre leur croyance pré-tribulationiste plutôt que d’examiner avec diligence les Écritures et voir si leur affirmation est exacte ou erronée.

Plusieurs utilisent le verset suivant pour « justifier » leur croyance : « Or quant à ce jour et à cette heure, personne ne le sait, non pas même les Anges qui sont au ciel, ni même le Fils, mais mon Père seul » (Marc 13:32, en parallèle avec Matthieu 24:36). Ils déclarent que Jésus reviendra après les tribulations, mais, puisqu’Il ne connaissait pas le jour, ni l’heure, il doit donc être question d’un retour « pré-tribulationiste », même si Jésus n’a rien dit de tel (à vrai dire, nulle part dans les Écritures est-il dit qu’il y aura un retour secret avant les tribulations). Ce qui ne mène qu’à une seule conclusion : si Jésus a dit à Ses disciples qu’ils verraient la révélation de l’Antichrist, il est donc impossible d’être enlevés dans les nuées avant cela. Rappelez-vous que Jésus a dit que Son retour s’effectuerait après les tribulations, mais qu’Il ne connaissait pas le jour, ni l’heure de Son retour après les dites tribulations.

Les apôtres

Certains pré-tribulationistes reconnaissent, sans doute à contrecœur, que Jésus n’a jamais rien enseigné à propos d’un enlèvement pré-tribulationiste. Ils soutiennent que Jésus-Christ n’en savait pas assez concernant la prophétie des temps de la fin. Par conséquent, la prophétie relative aux tribulations ne fut révélée que subséquemment aux apôtres. Cela soulève une question très intéressante. Puisque Jésus n’est pas d’accord avec les pré-tribulationistes, ceux-ci doivent se fabriquer une porte de sortie d’urgence et ainsi discréditer le Seigneur Jésus-Christ ! Retournons aux Écritures où Jean a dit, relativement à Christ :

« Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique qui est au sein du Père, est celui qui nous l’a révélé » (Jean 1:18).

Tout ce qui a été fait a été révélé par Jésus-Christ. Lorsque les écrivains anciens ont reçu l’ordre de rédiger les Écritures, ils furent inspirés par la Parole, le Messie pré incarné, Jésus Lui-même, par la puissance de Son Esprit. Quand ils rencontrèrent Dieu, c’était Jésus. Donc, le Christ fut parfaitement qualifié pour instruire les disciples en ce qui a trait à l’époque de la grande tribulation. S’il ne l’avait pas été, Il n’aurait pas dit ce qui suit :

« Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point » (Matthieu 24:35).

Jésus a énoncé cette parole durant cette réunion précise avec Ses disciples. Elle résume l’essentiel ! Si Jésus n’avait pas eu les qualificatifs pour parler des tribulations, nous devrions alors rayer ce verset. Il y a donc une chose dont nous pouvons être sûrs, c’est qu’en dépit du fait que les cieux et la terre vont un jour passer, et qu’ils feront place à un nouveau ciel et à une nouvelle terre, les Paroles de Jésus-Christ, le Messie, ne passeront point ! Dans Malachie, Dieu a dit :

« Car je suis l’Éternel, je ne change pas… » (Malachie 3:6).

Par conséquent, si Jésus a dit à Ses disciples qu’ils allaient voir l’Antichrist, c’est bien ce qu’Il entendait et Dieu ne S’est pas servi des apôtres pour changer cela !

Plusieurs personnes utilisent le « symbolisme » pour justifier le pré-tribulationisme. Ils affirment que, dans Sa discussion, Jésus Se référait aux « saints des tribulations ». Mais Jésus fut des plus clairs. Il parlait à Ses disciples en privé. Et ils devaient enseigner ce message dans son intégralité à d’autres disciples habitant dans toutes les nations !

Est-ce que les apôtres enseignèrent l’enlèvement pré-tribulationiste ou confirmèrent-ils ce que Jésus avait Lui-même enseigné ? Supposons qu’ils aient enseigné l’enlèvement pré-tribulationiste. Auraient-ils alors ajouté aux Écritures ? Que dit la Parole de Dieu dans les Proverbes ?

« N’ajoute rien à Ses paroles, de peur qu’Il ne te reprenne, et que tu ne sois trouvé menteur » (Proverbe 30:6).

Il est évident que quiconque ajoutera à la Parole de Dieu sera trouvé menteur, ce qui inclut l’approche « littérale » pré-tribulationiste de Matthieu, au chapitre 24 afin de lui donner une tournure différente. Dans une autre déclaration de l’Ancien Testament, Dieu dit :

« Vous n’ajouterez rien à la parole que je vous commande, et vous n’en diminuerez rien, afin de garder les commandements de l’Eternel votre Dieu lesquels je vous commande de garder » (Deutéronome 4:2).

Voilà qui est fort clair ! Non seulement devons-nous nous abstenir d’ajouter à la Parole de Dieu, mais nous ne devons pas non plus en enlever. Dieu a aussi dit :

« Vous prendrez garde de faire tout ce que je vous commande. Tu n’y ajouteras rien, et tu n’en diminueras rien » (Deutéronome 12:32).

Ainsi donc, les apôtres ont-ils ajouté ou retranché des Paroles de Jésus, se soustrayant à Son commandement de grande mission en introduisant un enlèvement pré-tribulationiste ? Ou, au contraire, ne firent-ils que confirmer ce que Jésus leur a toujours dit ? Regardons la lettre de Paul aux Thessaloniciens. Paul a dit, concernant l’enlèvement :

« Car le Seigneur lui-même avec un cri d’exhortation, et une voix d’Archange, et avec la trompette de Dieu descendra du Ciel ; et ceux qui sont morts en Christ ressusciteront premièrement ; 17Puis nous qui vivrons et qui resterons, serons enlevés ensemble avec eux dans les nuées, au-devant du Seigneur, en l’air et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Thessaloniciens 4:16-17).

Paul a dit que les morts ressusciteront premièrement. Ensuite, ceux qui seront encore vivants seront enlevés ensemble avec eux pour rencontrer le Seigneur dans les nuées. Paul n’a pas dit que cela arriverait avant les tribulations, ni que cela se ferait en secret, mais il a dit que les morts allaient ressusciter en premier. Or, concernant les morts, Jésus a déclaré, dans l’Évangile de Jean :

« Et c’est ici la volonté de celui qui m’a envoyé, que quiconque contemple le Fils, et croit en lui, ait la vie éternelle ; c’est pourquoi je le ressusciterai au dernier jour … Nul ne peut venir à moi, si le Père, qui m’a envoyé, ne le tire ; et moi, je le ressusciterai au dernier jourCelui qui mange ma chair, et qui boit mon sang a la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour » (Jean 6:40, 44, 54).

Jésus a dit que quiconque croit en Lui, mange Sa chair et boit Son sang, Il le ressuscitera au dernier jour ! Puisqu’il y aura des saints qui croiront en Jésus et qui mourront pendant les tribulations, Il les ressuscitera aussi. Vous ne trouverez jamais de référence biblique à un dernier jour « en deux phases » dans les Écritures. Et, puisque les saints décédés pendant les tribulations ne peuvent être ressuscités avant les tribulations pour des raisons évidentes, et que les saints vivants lors de la venue de Christ ne précéderont pas les morts en Christ (1 Thessaloniciens 4:15), il s’en suit donc que tous ceux qui croient en Jésus, peu importe l’époque de leur conversion, seront ressuscités au dernier jour, c’est-à-dire, après les tribulations ! Jean confirme plus loin ce que Jésus et Paul ont dit :

« Et je vis des trônes, sur lesquels des gens s’assirent, et l’autorité de juger leur fut donnée, et je vis les âmes de ceux qui avaient été décapités pour le témoignage de Jésus, et pour la Parole de Dieu, qui n’avaient point adoré la bête ni son image, et qui n’avaient point pris sa marque en leurs fronts, ou en leurs mains, lesquels devaient vivre et régner avec Christ mille ans. 5Mais le reste des morts ne doit point ressusciter jusqu’à ce que les mille ans soient accomplis ; c’est la première résurrection. 6Bienheureux et saint est celui qui a part à la première résurrection ; la mort seconde n’a point de puissance sur eux, mais ils seront Sacrificateurs de Dieu, et de Christ, et ils régneront avec lui mille ans » (Apocalypse 20:4-6).

Jean, décrivant les morts, y inclut :

  • Les âmes qui furent décapitées pour le témoignage de Jésus et pour la Parole de Dieu ;
  • et ceux qui n’avaient pas adoré la bête.

Ils revinrent à la vie après les tribulations, a dit Dieu à Jean. « C’est la première résurrection, » spécifie-t-Il. Il n’a pas dit : « C’est la troisième ou la quatrième phase » de la première résurrection, comme le suppose Hal Lindsey, un des grands prêtres du pré-tribulationisme ! Il est donc alors très clair que la première résurrection aura lieu après les tribulations. Et, comme nous l’avons dit précédemment, puisque les morts doivent ressusciter d’abord, avant l’enlèvement, celui-ci arrive donc après les tribulations. Nous devons ainsi en conclure que les apôtres n’enseignèrent rien de contraire aux Paroles de Jésus prononcées sur le Mont des Oliviers ! Comme l’a dit Jésus, les disciples verront l’abomination de la désolation. Paul écrivit aux Thessaloniciens :

« Que personne donc ne vous séduise en quelque manière que ce soit ; car ce jour-là [le jour de Christ] ne viendra point que la révolte ne soit arrivée auparavant, et que l’homme de péché, le fils de perdition, ne soit révélé » (2 Thessaloniciens 2:3).

Paul a dit que le jour de Christ (le jour de Son retour en gloire et de notre résurrection) ne viendra pas avant que l’apostasie ne soit survenue et que l’homme de péché ne soit révélé (c’est-à-dire, l’Antichrist) et que le Seigneur…

« …détruira par l’Esprit de sa bouche, et l’anéantira par son illustre avènement » (2 Thessaloniciens 2:8).

Étant donné qu’il est parfaitement clair que ni Jésus, ni Ses apôtres n’enseignèrent un enlèvement pré-tribulationiste, cela règle le problème ! Toutefois, les pré-tribulationistes tentent tout de même de justifier leur position en affirmant que certaines figures de proue de l’histoire de l’Église parlèrent d’un enlèvement pré-tribulationiste. Par exemple, Grant Jeffrey, éminent pré-tribulationiste, « cite » des leaders de l’Église primitive de manière à faire croire qu’ils prônaient un enlèvement avant les tribulations. Ceux qu’il cite sont cependant peu nombreux et, de plus, il les cite de manière tronquée en leur faisant dire ce qu’ils ne disent pas. D’autres propagandistes pré-tribulationistes donnent une explication extra biblique au pré-tribulationisme, pigeant dans les « codes bibliques », les coutumes de mariage juif ou même des lois humaines. Mais tout cela provient de l’extérieur des Écritures et contrevient aux Paroles de Jésus.

Quelques pré-tribeurs, comme John Walvoord, s’accordent pour dire que cet enseignement est relativement récent au sein de l’Église. Évidemment, les post-tribulationistes sont en harmonie avec cela. Walter Martin, dans Original Bible Answer Man, fondateur de l’Institut chrétien de recherches, a répondu à des appels dans le cadre de son émission radiophonique touchant divers sujets. À une certaine époque, des gens l’appelaient en lui posant des questions concernant l’enlèvement. Il répondit que cet enseignement d’un enlèvement pré-tribulationiste vit le jour au début du dix-neuvième siècle. Dans un enregistrement audio, The Tribulation and the Church, il avance ce qui suit :

« Les chrétiens y crurent [à l’enseignement post-tribulationiste] pendant dix-neuf siècles. Les pères de l’Église, les réformateurs et tous les grands théologiens dans toute l’histoire de l’Église, jusqu’à il y a environ 140 ans, crurent que nous allons voir l’Antichrist, que nous serons persécutés par lui et que nous serons délivrés de ses mains lors du second Avènement de Jésus-Christ […] Vous ne trouverez pas mention que nous allons échapper à l’Antichrist avant 140 ans passés, quand une jeune fille de quinze ans eut une révélation. Et John N. Darby, fondateur des Frères de Plymouth, s’appropria cette révélation pour la développer au sein d’une forme théologique connue sous le nom de Théologie Dispensationaliste. Pendant dix-neuf siècles, l’Église n’entendit pas parler de cette doctrine, n’y crut pas et ne l’a jamais prêchée. »[1]

Ce qu’a dit Martin en ce qui a trait à la jeune fille de quinze ans est parfaitement vrai. Elle eut une « révélation ». Toutefois, cette vision, qu’elle eut en 1827, faisait allusion à un enlèvement pré-tribulationiste partiel. Dans cette vision, les chrétiens « remplis de l’Esprit » étaient enlevés et le reste de l’Église demeurait sur terre pour faire face à l’Antichrist. Néanmoins, c’était la première mention formelle d’un enlèvement survenant avant l’apparition de l’Antichrist. Nous aurons l’occasion de revenir sur cette « révélation » un peu plus loin.

Continuons maintenant à suivre le cours de l’histoire afin de comprendre comment Satan a pu installer progressivement cette fausse doctrine qui s’avérera mortelle dans un avenir rapproché, justement avant la grande apostasie prophétisée par l’apôtre Paul et l’apparition de l’homme de péché.

La semence de l’apostasie est plantée

3e siècle av. J.-C. ― Autour de l’an 250 av. J.-C., la Septante (ou LXX) fut rédigée à Alexandrie, importante ville intellectuelle d’Égypte. Cette traduction en grec des Écritures hébraïques, influencée par l’hellénisme (paganisme grec) fut commandée par l’empereur hellène Ptolémée II. Certains des changements apportés dans la Septante au texte originel massorétique hébraïque ressortent dans les versions modernes de la Bible. Nous devons souligner que ces manuscrits corrompus s’avèrent fort possiblement le début de la préparation aux enseignements dispensationalistes, de là leur rédaction pour une occasion encore future. Ces déviations des Écritures véritables sont couvertes dans Le dispensationalisme et le Texte Reçu.

2e siècle apr. J.-C.― Les membres de la véritable Église de Dieu à Antioche, en Syrie (où ils furent appelés pour la première fois par le nom de chrétiens, Actes 11:26), reproduisirent fidèlement les manuscrits originaux des Saintes Écritures, avec crainte et tremblement. En effet, ils n’osèrent changer, ne serait-ce qu’un seul mot ou une seule ponctuation, car ils connaissaient les avertissements du Seigneur dans Deutéronome 4:2 et Apocalypse 22:18. Par le truchement d’œuvres missionnaires, ces manuscrits se rendirent en peu de temps jusqu’à l’École à Mystères de Philon[2], sise à Alexandrie, en Égypte. C’est encore là, au quartier général des Religions à Mystères, que les gnostiques commencèrent à produire des versions corrompues des manuscrits originaux du Nouveau Testament, allant de paire avec la Septante déjà rédigée. Sous la direction d’individus comme Origène et Clément, leur École à Mystères changea les Écritures dans le but de refléter leurs croyances gnostiques par opposition au vrai christianisme. Vous pouvez comparer cette action avec celle du Séminaire de Jésus d’aujourd’hui qui s’arroge le droit de décider de ce qui appartient ou pas à la Bible. Satan leur a mis dans le cœur d’apporter des changements à certains versets (juste assez) de manière à ce que, le moment venu, ils puissent être utilisés pour appuyer une doctrine qu’il allait introduire plus tard sous le nom de Dispensationalisme.

312 apr. J.-C. ― L’empereur Constantin proclama publiquement qu’il s’était converti au christianisme (lire évidemment : catholicisme). Cependant, il continua quand même à adorer ouvertement les dieux païens, y compris Sol, le dieu soleil. Il se donna plus tard le titre de premier pape (Summus Pontifex, ou Maximus Pontifex, i.e., souverain pontife). C’est d’ailleurs du cloaque païen de Rome que naquit l’Église catholique romaine. Constantin ordonna par la suite à son bras droit, l’évêque Eusèbe, de superviser la production de cinquante nouvelles bibles. Devinez quels manuscrits il choisit pour cette entreprise ? Quiconque prend le temps de faire des recherches un tant soit peu sérieuses sait que le catholicisme romain n’est rien d’autre qu’une mouture « christianisée » des Religions à Mystères de Babylone sous déguisement. Le choix était donc évident pour notre cher Eusèbe. Il devait demeurer fidèle à sa religion païenne. Conséquemment, il choisit d’utiliser les textes d’Alexandrie. Ces bibles devaient être ensuite employées par Jérôme pour concocter sa Vulgate latine. Et depuis, les manuscrits corrompus de Satan sont protégés au fond des voûtes du Vatican jusqu’à aujourd’hui. Ils ont été utilisés plus tard dans la traduction d’à peu près toutes les versions modernes de la Bible. Voyez-vous, c’est qu’on a besoin de ces anciens manuscrits d’Alexandrie et de leurs équivalents modernes pour établir la défense des enseignements dispensationalistes.

La semence est arrosée

1791 ― Un prêtre jésuite espagnol, Manuel de Lacunza, et plusieurs autres Jésuites furent bannis du Chili en 1767, Peu après, de Lacunza se prit pour un converti juif et changea son nom en celui de Juan Josaphat Ben-Ezra. Aux alentours de 1791, de Lacunza termina la rédaction d’un livre intitulé Le Retour du Messie en Gloire et en Majesté sous le pseudonyme de Ben-Ezra. Dans son livre, de Lacunza insinua nébuleusement que Jésus allait revenir deux fois pour emporter Son Église. Son premier retour servirait à sortir l’Église du monde afin que Dieu le Père puisse répandre Sa colère. Voilà peut-être la partie d’où a surgi l’idée d’un enlèvement pré-tribulationiste.

Le livre n’atteignit pas la popularité escomptée. En fait, il serait probablement tombé dans l’oubli comme d’autres livres impopulaires l’ont été au fil des ans. Pourtant, le livre de de Lacunza s’est frayé un chemin, d’une façon ou d’une autre, jusqu’en Angleterre où un prêcheur londonien réputé, Edward Irving ― dont nous parlerons plus loin ― le trouva dans la bibliothèque de l’archevêque de Canterbury, à Londres. Irving traduisit le livre de de Lacunza en anglais et tomba en amour avec quelques-unes des doctrines qu’il y trouva. Toutefois, il est plus que probable qu’Irving n’y pigea pas l’enlèvement pré-tribulationiste.

Néanmoins, il y a fort à parier qu’Irving glana quelques informations de de Lacunza qui l’aidèrent à formuler sa doctrine. Il y avait dans le livre de de Lacunza certaines théories qui n’étaient pas traditionnelles. Irving pigea ici et là afin de nourrir son imaginaire débordant. Et de Lacunza lui en donna l’opportunité.

Edward Irving

Edward Irving (1792-1834) fut un dynamique prédicateur charismatique prêchant à la Chapelle calédonienne de Londres. La modeste chapelle était toujours pleine à craquer de gens dont faisait partie l’élite de la société. La plus grande faiblesse d’Irving, cependant, c’est qu’il était « un navire sans quille, ballotté selon les caprices de chaque nouvelle brise jusqu’à ce qu’il soit renversé ».[3] Dans la citation suivante, Sandeen décrit l’impétueuse disposition d’esprit d’Irving :

« Irving aimait le mystère ― il aimait voir une idée surgir du milieu de la brume. Et, une fois amorcé par une telle idée, une fois saisi par son mystère, il en devenait esclave, ne se demandant pas quelles contradictions ou quelles complications il s’en suivrait. »[4]

Je réfère le lecteur à un article écrit par George T. Stokes dans Littell’s Living Age pour une évaluation très utile du caractère d’Edward Irving :

« Prenons d’abord Edward Irving. Les gens de notre génération n’ont qu’une idée vague de la grande influence exercée par le célèbre prêcheur écossais grâce à son éloquence étrangement majestueuse, sa formulation quasi prophétique et sa colossale personnalité. Des ministres d’état, la noblesse, des théologiens, des hommes littéraires de tout rang et de toutes les conditions de la société en étaient captivés. Son enseignement, étroitement modelé [sic] sur le style des anciens prophètes hébreux, traitait en grande partie du sujet des prophéties inaccomplies et de l’approche rapide des manifestations du Second Avènement du Christ. Irving infectait ses auditeurs par ses visions et ses prévisions. Ses rencontres d’étude de la prophétie devinrent très à la mode. »[5]

Irving était friand d’études prophétiques et commença à se réunir avec James Hatley Frere chaque semaine pour discuter prophétie. Peu après cela, Irving devint l’un des plus charismatiques porte-parole du millénarisme. C’est alors qu’Irving lut le livre de de Lacunza et se fascina pour la doctrine de l’enlèvement secret et imminent. Il traduisit le livre en anglais et, jadis destiné à l’extinction, le bouquin du Jésuite fut à nouveau publié à Londres en 1827.

Peu après avoir lu le livre de de Lacunza, Irving commença à prêcher l’enlèvement secret des saints, prétendant avoir entendu une voix venue du ciel lui ordonnant de le faire. C’est peut-être pour cela que plusieurs personnes attribuent l’origine de l’enlèvement pré-tribulationiste à de Lacunza. Dans l’année 1828, certaines des réunions d’Irving en Écosse suscitaient des foules de plus de 10 000 personnes. L’église d’Irving à Londres était reconnue pour ses déclarations prophétiques qui attiraient des gens influents et célèbres de la société. Le bâtiment accueillait mille personnes et il était rempli à pleine capacité toutes les semaines.

Les nombreuses déclarations annonçant que Jésus devait revenir bientôt provoquaient une grande excitation. On peut facilement y voir un parallèle avec les églises exultantes charismatiques et pentecôtistes d’aujourd’hui qui se délectent de prophéties et de sensationnalisme tout en attirant d’énormes foules.

Pendant cette même période, Irving se mit à diriger des conférences et des études bibliques dans toute l’Écosse à propos d’un enlèvement secret et imminent. C’est à cette même époque que John Nelson Darby et Irving prirent contact ensemble. Même si la doctrine de Darby sur le Dispensationalisme allait éventuellement inclure l’idée d’un enlèvement secret pré-tribulationiste, elle ne l’avait pas au début. Il est vraisemblable de croire que Darby tira d’Irving la notion d’enlèvement pré-tribulationiste.

1827 ― Tournons-nous maintenant vers la source de la doctrine d’Irving. Quoiqu’il ait proclamé à maintes reprises qu’il s’agissait d’une révélation divine, fut-elle adressée à lui ou à quelqu’un d’autre ? Dans son livre, The Rapture Plot, Dave McPherson, expert en la matière, déclare qu’Irving reçut son information d’une jeune fille nommée Margaret MacDonald qui aurait, selon elle, reçu des révélations de Dieu en 1827, à propos de l’enlèvement de l’Église. Elle et une de ses amies entretenaient des liens ésotériques et faisaient dans les pouvoirs occultes et dans l’écriture automatique ; elles pouvaient se figer comme des statues de manière quasi surnaturelle, touchant à peine le sol, en lévitant presque (la lévitation était reconnue comme un « enlèvement » dans les milieux ésotériques). Les Jésuites déclaraient être capables aussi de léviter pendant leurs méditations, alors que les dirigeants de l’Église catholique condamnaient souvent de telles pratiques chez les roturiers. Un événement tout nouveau était donc présenté et on lui accola le nom « d’enlèvement »

À l’époque où Margaret McDonald formula sa révélation d’un enlèvement, elle fit également une fausse prédiction au sujet de l’antichrist : d’après elle, il s’agissait du socialiste du 19e siècle, Robert Owen. Voilà tout ce que valait son « écoute exacte » du Seigneur !

Cela dit, Irving a pu aussi être influencé par l’amie de Margaret MacDonald une femme du nom de Mary Campbell, qui recherchait le don du Saint-Esprit et se mit à parler en langues dans le mois de mars de 1830. Plus tard, elle « reçut le don de l’écriture automatique », c’est-à-dire que l’on écrit sous l’effet d’une transe. Les lettres étaient souvent illisibles, mais, bon, si les langues inconnues pouvaient être interprétées, on suppose qu’on pouvait également interpréter l’écriture automatique. Campbell et son époux, un pasteur écossais, visitèrent Irving chez lui. On rapporte qu’ils furent ses hôtes pendant une période de temps considérable. Durant cette visite, Mary Campbell donna à Irving des messages fréquents qui, supposait-on, provenaient du Saint-Esprit. Bien que Campbell énonçait des prophéties dans les réunions de l’église, elle en énonçait aussi dans ces réunions privées chez Irving.

Margaret MacDonald

Examinons plus attentivement l’amie de Mary Campbell, Margaret MacDonald. Ce qu’on sait depuis relativement peu de temps, c’est que les Irvingites avaient été influencés par une jeune Écossaise qui, aux environs de 1830, avait dit privément à Irving, John Darby et quelques autres pasteurs que le Seigneur lui avait révélé qu’une partie de l’Église chrétienne serait enlevée avant la révélation de l’Antichrist durant les tribulations, alors que le reste de « l’Église » endurerait cette période. Cependant, la première diffusion publique de l’enlèvement pré-tribulationiste ne survint qu’en septembre 1830, dans un article du journal britannique d’Irving, The Morning Watch, article intitulé « Commentaires sur les sept Églises de l’Apocalypse ». Les sceptiques doivent apprendre qu’il en existe des preuves dans les archives des principales bibliothèques britanniques, ainsi que des copies originales au Collège de la Divinité de Colgate-Rochester, au Séminaire Théologique Fuller, à l’Université Oral Roberts, au Séminaire Théologique de Princeton, au Séminaire Théologique Baptiste du Sud et au collège de la Divinité Évangélique de la Trinité.

Après qu’Irving eût reçu le récit manuscrit de Margaret MacDonald concernant cette révélation, le Morning Watch fit écho à cette nouvelle vision. L’article déclare clairement qu’une partie de l’Église chrétienne (décrite comme étant celle de « Philadelphie » de l’Apocalypse) serait enlevée pour rencontrer Christ dans les airs avant la « grande tribulation », en ajoutant que « Laodicée » (décrite comme étant « l’Église » qui fera face à l’Antichrist) serait laissée derrière afin de passer au travers de la tribulation dans un but de « purification », ce qui ressemble au concept du « purgatoire » de l’Église catholique.

Dans le passage suivant du Dictionnaire Holman de la Bible, l’idée d’un enlèvement secret est attribuée à Margaret MacDonald. Toutefois, l’article émet une erreur en déclarant que MacDonald faisait partie de la congrégation de Darby et que celui-ci reçut la doctrine directement d’elle.

« Le rôle de John Darby :

« Le concept d’un retour du Seigneur se faisant en deux étapes, inconnu avant 1830, fournit la plateforme du mouvement appelé “dispensationalisme”. Le pasteur de Mlle MacDonald, J. N. Darby, reprit son idée et commença à l’utiliser dans ses sermons. Darby fut responsable d’avoir développé le retour de Christ en deux étapes pour en faire une eschatologie ou théologie complètes. Il fut pasteur anglican jusqu’en 1827 lorsqu’il quitta l’église pour se joindre aux Frères de Plymouth. »[6]

Bien que l’on puisse se questionner à savoir si la vision de MacDonald contenait réellement des références à un enlèvement pré-tribulationiste, il est tout de même assuré que la jeune fille faisait partie du même milieu que Darby. Nous n’avons toutefois rien découvert qui indiquât que MacDonald ait jamais fréquenté la congrégation de Darby. De même avons-nous lu la vision de MacDonald et n’y avons pas vu un enlèvement pré-tribulationiste explicitement décrit. Cependant, si les pré-tribulationistes se disent en mesure de trouver cette doctrine dans la Bible, nous supposons que nous pouvons faire de même avec la vision de MacDonald puisqu’elle contient quelques références que l’on pourrait interpréter comme étant un enlèvement pré-tribulationiste. S’il y a eu une autre vision, nous n’en sommes pas au courant. Voici donc la vision de MacDonald dans sa totalité et mise en circulation comme étant celle de laquelle Irving tira sa théorie d’un enlèvement secret.

« Ce fut, en tout premier lieu, l’affreux état de la terre qui me pesa. Je vis l’aveuglement et l’engouement des gens devenus très grands. Je sentis le cri de la Liberté, comme un sifflement du serpent, les amener à la perdition. Ce n’était que des “pas de Dieu”. Je me répétai : “Maintenant, il y a la détresse des nations, et la perplexité, les mers et les vagues qui rugissent, le cœur des hommes qui lâche par l’effet de la peur. Or, prend garde au signe du Fils de l’Homme. Ici, on m’arrêta pour que je crie ; O, on ne sait pas ce qu’est le signe du Fils de l’Homme ; le peuple de Dieu pense qu’il attend, mais il ne sait pas quoi. »

(Puisqu’à l’époque, tous les chrétiens croyaient à l’enlèvement post-tribulationiste, il semble que MacDonald s’apprêtait à présenter quelque chose de différent, ici.)

« J’eus le sentiment qu’il fallait que ce soit révélé ; et qu’il régnait une grande noirceur et une grande errance ; mais soudainement, cela me sauta aux yeux avec une lumière glorieuse. Je vis tout simplement le Seigneur Lui-même descendre des cieux avec un cri, tout simplement l’Homme glorifié, Jésus Lui-même ; mais, comme le fut Étienne, tous doivent être remplis du Saint-Esprit, afin de lever les yeux et voir la brillance de la gloire du Père. Je constatai ce qu’était l’erreur, c’est-à-dire que les hommes pensent qu’il s’agit de quelque chose que voit l’œil physique ; mais l’on a besoin du discernement spirituel, l’œil de Dieu dans Son peuple. »

(Dans cette section, il semble que MacDonald veuille soumettre l’idée que seuls les saints vont pouvoir voir un enlèvement secret, par la vertu d’un miracle de Dieu. Cela contredit le retour scripturaire de Christ où tous les yeux Le verront ! Par ailleurs, veuillez remarquer l’expression « l’œil de Dieu dans Son peuple ». Cela ne vous rappelle-t-il pas « l’œil-qui-voit-tout », ou « l’œil d’Horus » qu’affectionnent particulièrement les Sociétés secrètes ?)

« Beaucoup de passages furent révélés dans une lumière qui ne m’était pas apparue auparavant. Je répétai, “Voici, maintenant, le Royaume des cieux est comme dix vierges qui vinrent pour rencontrer l’Époux, cinq sages et cinq folles ; celles qui étaient folles prirent leurs lampes, mais ne prirent pas d’huile avec elles ; mais celles qui étaient sages prirent de l’huile dans leurs vaisseaux avec leurs lampes.” »

« “Mais ne soyez point insensés et comprenez la volonté du Seigneur ; ne vous enivrez point de vin à l’excès, mais soyez remplis du Saint-Esprit.” Ce fut l’huile que les vierges sages prirent dans leurs vaisseaux ― c’est la lumière que l’on doit garder allumée ― la lumière de Dieu ― que nous puissions discerner ce qui ne vient pas à l’œil physique par l’observation. Seuls ceux qui possèdent la lumière de Dieu en eux verront le signe de Son avènement. »

(Le « troisième œil », en quelque sorte. Encore ici, MacDonald présente l’idée que seuls les rachetés Le verront apparaître. Les Écritures contredisent catégoriquement sa déclaration.)

« Pas besoin de suivre ceux qui disent “voyez ici, ou regardez là”, car ce jour sera comme l’éclair pour ceux en qui demeure le Christ vivant. C’est le Christ en nous qui nous enlèvera ― Il est la lumière ― seuls ceux qui sont vivants en Lui seront enlevés pour aller Le rencontrer dans les nuées. J’ai vu que nous devons être dans l’Esprit afin de pouvoir voir les choses spirituelles. Jean fut dans l’Esprit quand il vit un trône dans le ciel. Mais j’ai constaté que la gloire du ministère de l’Esprit n’avait pas été connue. Je répétai fréquemment “mais le temple spirituel doit être et sera élevé, et la plénitude de Christ doit être versée dans Son corps et c’est alors que nous serons enlevés à sa rencontre.” Oh, personne ne sera compté digne de cet appel si ce n’est Son corps, qui est l’Église, et qui doit être un chandelier fait entièrement d’or. Je dis souvent, “Oh, la glorieuse obéissance à Dieu qui va bientôt éclore sur terre, Oh, le glorieux temple qui est maintenant sur le point d’être érigé, la mariée parée pour son époux ; et Oh, quelle sainte, sainte mariée elle doit être pour se voir préparée pour un fiancé aussi glorieux. Je dis, “Il est temps que le peuple de Dieu affronte la réalité en face ― il est temps que le mystère glorieux de Dieu en notre nature soit connu ― il est temps que l’on sache ce que c’est pour l’homme d’être glorifié”. Je sentis que la révélation de Jésus-Christ restait encore à faire ― ce n’est pas une connaissance concernant Dieu qu’elle contient, mais à savoir comment entrer en Dieu ― je vis qu’il y avait une glorieuse interruption de Dieu à venir. Je me sentis comme Élie, entourée de chariots de feu. Je constatai jusqu’à quel point Il était le temple spirituel érigé et la Pierre d’Angle apportée avec grands cris de grâce, de grâce, dis-je, en elle. C’était une lumière glorieuse, plus forte que l’éclat du soleil qui brillait autour de moi. J’eus le sentiment que ceux qui étaient remplis de l’Esprit pouvaient voir les choses spirituelles, et je me sentis marcher au milieu d’eux, alors que ceux qui n’avaient pas l’Esprit ne pouvaient rien voir ― donc, deux seront dans un même lit, celui pris et celui laissé, parce que l’un a la lumière de Dieu en dedans de lui et l’autre ne peut voir le Royaume des cieux. Je vis le peuple de Dieu dans une situation extrêmement dangereuse, entouré de filets et d’enchevêtrements, sur le point d’être mis à l’épreuve et plusieurs se faire séduire et ainsi chuter. Alors, LE MÉCHANT sera révélé, avec tous les pouvoirs et les signes et les prodiges mensongers, de telle sorte que, s’il était possible, même l’élu serait séduit. ― C’est l’épreuve ardente qui doit nous éprouver. ― Elle aura lieu afin de purger et purifier les véritables membres du corps de Jésus ; mais, Oh, comme ce sera une épreuve ardente ! Chaque âme sera secouée jusqu’en son centre. L’ennemi tentera de nous secouer dans tout ce que nous avons cru ― mais l’épreuve de la foi réelle se trouvera dans l’honneur et la louange et la gloire. Rien ne tiendra sauf ce qui est de Dieu. Les auditeurs glaciaux seront manifestés ― l’amour d’un grand nombre se refroidira. J’ai fréquemment dit, ce soir-là, et souvent depuis lors, que le terrible spectacle d’un faux antichrist se verra sur terre et que rien d’autre que le Christ vivant en nous pourra détecter cette effroyable tentative de l’ennemi de séduire ― car il oeuvrera par toutes sortes de séductions et d’injustices ― il aura une contrefaçon pour toute vérité de Dieu et une imitation de chaque œuvre de l’Esprit. L’Esprit doit être et sera répandu sur l’Église pour qu’elle soit purifiée et remplie de Dieu ― et, en proportion de ce que l’Esprit de Dieu opérera, ainsi le sera-t-il ― quand le Seigneur oint les hommes de pouvoirs, ainsi le sera-t-il. C’est la nature particulière de l’épreuve par laquelle doivent passer ceux qui seront comptés dignes de se tenir debout devant le Fils de l’Homme. Il y aura une épreuve extérieure aussi, mais il s’agit principalement d’une tentation. Elle est amenée par l’épanchement de l’Esprit et grandira en proportion de ce que l’Esprit est répandu. L’épreuve de l’Église vient de l’Antichrist. C’est en étant remplis de l’Esprit que nous serons gardés. Je dis fréquemment, “Oh, soyez remplis de l’Esprit ! ― ayez la lumière de Dieu en vous pour que vous puissiez détecter Satan ― soyez pleins d’yeux en vous ― soyez la glaise dans les mains du potier ― soumettez-vous pour être remplis, remplis, dis-je, de Dieu.” Cela construira le temple. Ce n’est ni par la puissance, ni par le pouvoir, mais par mon Esprit, dit le Seigneur. Cela nous préparera à entrer dans les noces de l’Agneau. J’ai vu que c’était la volonté de Dieu que tous soient remplis. Mais ce qui empêchait la vie réelle d’être reçue par Son peuple, c’est son détournement de Jésus qui est le chemin menant au Père. Le peuple n’entrait pas par la porte. Car Il est fidèle Celui qui a dit : “par moi, si un homme entre par Lui, il trouvera du pâturage.” Il contournait la croix par laquelle chaque goutte de l’Esprit de Dieu coule sur nous. Tout pouvoir qui ne provient pas du sang de Christ n’est pas de Dieu. Quand je dis. “il détourne ses regards de la croix”, je sens que cela veut dire beaucoup ― il se détourne du sang de l’Agneau par lequel nous vainquons et dans lequel nos robes sont lavées et blanchies. On a la vue bien basse face à la sainteté de Dieu, puis l’on cesse de condamner le péché dans la chair et l’on détourne ses regards de Lui qui S’est humilié et S’est fait sans réputation. Oh ! On en a besoin aujourd’hui, tellement besoin, de ce retour à la croix. J’ai vu, ce soir-là, et souvent depuis, que l’Esprit sera répandu sur le Corps, comme jamais, un baptême de feu, pour que tous les scories soient enlevés. Oh, il doit y avoir et il y aura pareille habitation intérieure du Dieu vivant comme jamais ― les serviteurs de Dieu scellés au front ― une grande conformité à Jésus ― Sa sainte image vue en Son Peuple ― simplement Sa fiancée rendue belle par Sa beauté répandue sur elle. C’est ce pour quoi nous devons tant prier à présent, que nous soyons apprêtés rapidement à rencontrer notre Seigneur dans les nuées ― et c’est ce qui va arriver. Jésus veut Son épouse. Son désir se tourne vers nous. Celui qui doit venir viendra et Il ne tardera pas. Amen et amen, vient Seigneur Jésus. »

Bien que l’on pourrait facilement conclure que Margaret MacDonald ne parle pas expressément de l’enlèvement pré-tribulationiste dans sa révélation, il est sûr qu’elle introduit l’idée d’un enlèvement secret. Il est clair aussi que c’est ce qu’entendait Irving de sa part. Il est évident qu’elle y accordait beaucoup d’importance puisqu’elle a envoyé des copies écrites à divers pasteurs et dirigeants chrétiens. Peu après avoir reçu sa copie écrite, Irving publia sa révélation dans le Morning Watch. (Elle fut également publiée en 1840 dans les Mémoires de James et George MacDonald, de Robert Norton. Elle fut aussi diffusée, en 1861, par Norton, dans The Restoration of Apostles and Prophets, dans l’Église catholique apostolique.) Après avoir publié la révélation de MacDonald, Irving commença à enseigner publiquement l’idée d’une apparition secrète et invisible de Christ pour rassembler Ses saints suivie d’une autre apparition quand Il apportera le jugement sur terre.

John Nelson Darby : père du Dispensationalisme

De nombreux eschatologistes sont embarrassés par les humbles origines de l’enlèvement pré-tribulationiste provenant d’une jeune Écossaise illuminée et veulent lui octroyer des commencements plus prestigieux. Ou alors, ils brouillent l’eau de manière intentionnelle afin que nous ne puissions pas remonter au début clandestin de cet enseignement. C’est pourquoi ils cherchent à l’attribuer à un dénommé John Darby, parce qu’il s’agissait d’un homme très éduqué et auteur de nombreux livres. Ce crédit donné à Darby est inexact et sans fondement. Mais qui était donc ce John Darby ?

John Nelson Darby (1800-1882) naquit dans une famille irlandaise prospère et reçut une brève éducation d’avocat. Darby gradua au Collège Trinité de Dublin, en 1819, à l’âge de dix-huit ans. En 1825, il fut ordonné diacre dans l’Église d’Angleterre. Peu de temps après, il accepta une paroisse dans le comté de Wicklow. On lui reconnut des capacités de leader, puis d’enseignant, lors des débuts du mouvement des Frères, et ensuite pendant tout son ministère. Bien qu’Irving ait été le premier à enseigner et à prêcher l’enlèvement, c’est Darby qui développa l’Enlèvement Pré-tribulationiste en l’intégrant dans son enseignement prophétique du Dispensationalisme. Alors qu’Irving inclinait davantage vers l’historicisme, Darby enseigna une interprétation futuriste de l’eschatologie. Cependant, il est clair, partant du matériel écrit pendant cette période, que la doctrine d’Irving affecta Darby à un fort degré.

Darby a développé sa théorie dispensationaliste en une esquisse très élaborée, à tel point que, jusqu’à aujourd’hui, elle ne se comprend pas facilement et on a de la difficulté à l’enseigner clairement. Darby commença à diffuser sa théorie dans toute la Grande-Bretagne.

Irving dirigeait en ce temps-là une série de réunions dans le château de Lady Powerscourt visant à étudier la prophétie ayant trait principalement à l’enlèvement secret et imminent. Plusieurs des disciples d’Irving y assistaient, ainsi que les ministres d’autres organismes religieux. J. N. Darby et les autres dirigeants des Frères y furent aussi invités et assistèrent à ces réunions. C’est sans aucun doute à cette série de réunions que Darby prit connaissance de l’enseignement d’Irving sur l’enlèvement et l’interprétation prophétique qu’il en faisait. En 1833, il entendit parler pour la première fois en public de la doctrine de l’enlèvement secret à Powerscourt. Bien que nous n’ayons pas découvert si Darby a déjà lu le livre de de Lacunza ou s’il fut d’accord avec lui, il était certainement au courant de la documentation et il étudiait avec Irving et les Irvingites.

L’extrait suivant de l’article de Stokes est fort révélateur à ce sujet :

« Ces événements ne furent pas sans exercer une grande influence sur Darby. Il était depuis un certains temps vicaire de Calary, paroisse voisine de Powerscourt d’où il s’imbiba des théories prophétiques irvingites, ce qui coïncidait avec sa tournure naturelle d’esprit. Il devint extrêmement ascète. L’attente surexploitée de l’avènement personnel et rapide de Christ opéra, en 1830, les mêmes résultats pratiques que le Montanisme au second siècle et à nouveau autour de l’an 1000 apr. J.-C., alors que les hommes crurent que la fin du monde était assurément tout proche. Quelle était, dirent-ils tout naturellement, l’utilité du labeur, ou du confort, ou du plaisir terrestre, si ce monde devait bientôt s’évanouir comme un rêve et que le monde du domaine éternel devait bientôt être révélé ?

« Donc, Darby tira d’Irving son système prophétique qui devint une des figures de proue de son système et, en même temps, l’un des écueils sur lesquels ce système allait se briser. »[7]

John Darby n’était pas satisfait de l’idée plutôt simpliste d’une période de tribulations de 45 jours, telle que prônée par le tandem de Lacunza/Irving. Il conçut donc un schéma plus complexe. Il imagina que la dernière des soixante-dix semaines de Daniel (Dan. 9:24-27) n’était pas encore accomplie ― reprenant l’idée déjà lancée par un Jésuite du nom de Ribera, autour du 16e siècle ― et il théorisa donc que la soixante-dixième semaine pouvait être, en réalité, une tribulation de sept ans qui aurait lieu à la fin de l’ère chrétienne. Pour ajuster son idée à l’histoire du monde, il décréta également un trou de 2 000 ans entre la soixante-neuvième semaine et la soixante-dixième semaine de Daniel. Il ne s’agissait là que d’une théologie à devinettes, mais, sur ce fondement plus que douteux, Darby et ses associés ajoutèrent quelques combines à la Ribera :

  1. qu’un temple juif devait être reconstruit et les sacrifices d’animaux rétablis ;
  2. que l’antichrist devait apparaître et régner sur le monde pendant sept ans ;
  3. qu’après trois ans et demi de bon gouvernement, ce supposé antichrist se retournerait contre les Juifs, stopperait les sacrifices et entamerait la guerre à Armageddon.

Les promoteurs qui ont déclaré que John Darby fut pré-tribulationiste dès 1827 n’admettront jamais qu’il ne promouvait alors que son thème de « l’Église céleste » ; qu’il était toujours clairement post-tribulationiste, au moins jusqu’à la publication d’un article de décembre 1830 (il attendait de « Le [Christ] rencontrer dans les airs afin qu’Il juge les nations », ce qui est nettement une allusion au retour en gloire de Jésus-Christ à la fin des tribulations) ; qu’il ne se montra pas distinctement pré-tribulationiste avant 1839 et qu’à ce moment-là, la seule base pré-tribulationiste de Darby était le symbole de « l’homme-enfant » d’Apocalypse 12 (lequel symbole était le fondement pré-trib d’Edward Irving depuis 1831) ; que, dans son livre de 1991 [p. 100], R. A. Huebner admit que la source de sa déclaration concernant l’année 1827 accolée à Darby pouvait tout aussi bien se référer à quelque chose de tout autre que l’enlèvement ; et que Ice, depuis 1991, a caché ce fait et continue de déclarer, par un endurcissement obtus de conscience, que Huebner a la documentation voulue pour établir que Darby était pré-tribulationiste dès 1827.

Toutes les supposées « réflexions » de Darby, que des générations de ses disciples affirment l’avoir conduit au pré-tribulationisme (réflexions comme « la Parenthèse des Gentils », la « dichotomie Église/Israël » et la « méthode littérale »), étaient déjà enseignées par d’autres personnes avant lui et il les a subtilement plagiées ! Les érudits du Dispensationalisme savaient sans aucun doute que le fait de diffuser, ne serait-ce qu’une fraction de tout cela allait porter un coup de mort à leur système eschatologique.

Tout au long des années 1800, les principaux historiens ecclésiastiques ― Irvingites ou Frères de Plymouth ― attribuèrent en très forte majorité le pré-tribulationisme au tandem MacDonald/Irving et non pas à Darby !

Après la mort de Darby, en 1882, l’éditeur de ses nombreux livres, William Kelly, complota afin d’enlever tout le crédit de la création du concept pré-tribulationiste au duo MacDonald/Irving et de le donner de manière posthume à Darby. Il y parvint entre 1889 et 1903 en changeant et en cachant certaines portions des premiers documents sur les Irvingites et les Frères ; les éditeurs britanniques et américains du 20e siècle ont de même conspiré pour perpétuer ce révisionnisme historique de façon à pouvoir jouir des ventes phénoménales du matériel promouvant l’enlèvement pré-tribulationiste.

Maintenant, examinons la contribution de J. N. Darby à savoir comment il en est venu à formuler la doctrine du Dispensationalisme, doctrine qui devait éventuellement s’enrichir de l’idée d’un enlèvement pré-tribulationiste. Comme nous venons de le voir, on qualifie généralement Darby de « père de la théologie dispensationaliste moderne ». John Walvoord, ancien président du Séminaire Théologique de Dallas, a dit : « une grande partie de la Vérité promulguée par les chrétiens fondamentalistes d’aujourd’hui est née dans le mouvement connu sous le nom de Frères de Plymouth. »[8] L’extrait suivant provient du Dictionnaire Holman de la Bible :

« Darby a exposé l’idée que Dieu avait établi sept périodes de temps, appelées dispensations, en vue de Son œuvre parmi les êtres humains. La septième, ou dernière dispensation, serait le règne millénaire de Christ (Apocalypse 20). Dans chaque dispensation, les gens sont mis au test quant à leur obéissance envers la volonté de Dieu en rapport avec une révélation spécifique de cette volonté. Darby a visité les Etats-Unis à plusieurs reprises et a gagné de nombreux adeptes à sa théologie. Toutefois, c’est C. I. Scofield qui popularisa le système dispensationaliste dans sa bible d’étude de 1909. Il exposa sept dispensations dans les relations de Dieu avec les êtres humains.

« 1. L’innocence (Gen. 1:28) ― la période de temps couvrant le Jardin d’Éden.

« 2. La conscience (Gen. 3:23) ― le réveil de la conscience humaine et l’expulsion du Jardin.

« 3. Le gouvernement humain (Gen. 8:20) ― la nouvelle alliance passée avec Noé, entraînant le gouvernement humain.

« 4. La promesse (Gen. 12:1) ― la nouvelle alliance faite avec Abraham.

« 5. La loi (Ex. 19:8) ― la période d’acceptation de la loi juive.

« 6. La grâce (Jean 1:17) ― commence avec la mort et la résurrection de Jésus.

« 7. Le royaume (Éph. 1:10) ― constitue le règne final de Christ.

« Programme d’eschatologie

« Au-delà des sept dispensations, le mouvement de Darby eut un programme d’eschatologie en cinq étapes.

« 1. Un retour de Christ en deux phases : l’enlèvement et la parousie.

« 2. Sept ans de tribulations sur terre pour ceux qui ne seront pas enlevés : les derniers trois ans et demi seront le temps de l’Antichrist. Cent quarante-quatre mille Juifs accepteront le Christ et deviendront des évangélistes.

« 3. Le retour de Christ avec l’Église, la conclusion de la bataille d’Armaggedon et le règne de Christ et de Son Église pendant mille ans.

« 4. Croyance en une alliance inconditionnelle avec Israël. Donc, Dieu œuvre par Israël et l’Église. Dans le Millénium, la nation d’Israël sera restaurée.

« 5. L’accomplissement littéral de la prophétie de l’Ancien Testament.

« Voici certains des défenseurs les plus populaires du dispensationalisme : C. H. MacKintosh, W. E. Blackstone, H. A. Ironside et A. C. Gaebelein. Plus récemment, Hal Lindsey a fait, par son livre The Late Great Planet Earth, un best-seller du système dispensationaliste. Le livre de l’Apocalypse est devenu un livre clé dans l’approche dispensationaliste. Les dispensationalistes considèrent que l’enlèvement a lieu dans Apocalypse 4:1, le reste du livre (les chapitres 4 à 18) ne traitant que des sept ans de tribulations. Le livre n’a donc que peu de signification aux yeux des chrétiens, car ils ne seront pas sur terre durant cette période. »[9]

Le mouvement des Frères débuta à Dublin, vers 1825. Un petit groupe de gens se montrait insatisfait face à ce que l’on considérait comme des conditions apostates dans les églises établies. Ils commencèrent à s’assembler pour prier et fraterniser, et, bientôt, d’autres gens se joignirent à leur fraternité, de telle sorte que des groupements leur étant associés surgirent un peu partout. Quoique le mouvement eut débuté à Dublin, c’est la ville de Plymouth, en Angleterre, qui devint le centre de distribution de leur vaste littérature. Le nom des Frères de Plymouth devait par la suite devenir celui du mouvement dans son entier. Les premiers leaders du mouvement des Frères affichaient de nombreuses différences et il y avait beaucoup de divisions entre eux dès les débuts et depuis lors.

Des hommes, tels que Larry Crutchfield, représentent John N. Darby comme un individu doux et gentil, incroyablement spirituel et voué aux Écritures :

« Darby était de nature gentille et humble, et sa compassion et sa générosité envers les autres était sans bornes. »[10]

Cela ne semble toutefois pas être exactement la vérité. En fait, une grande part des commentaires de Crutchfield à propos de la nature de Darby ne s’accorde pas avec les faits historiques. Crutchfield cite Earnest Sandeen, mais semble cependant ignorer ce que Sandeen a écrit concernant la nature de Darby. Il n’est pas dans notre intention de diaboliser Darby, ni Scofield, mais nous tenons à laisser les faits parler par eux-mêmes. Sandeen écrivit ce qui suit :

« Peut-être devrait-on le décrire comme un tyran insignifiant, car il se montrait des plus tyranniques concernant les choses insignifiantes. Contrairement à Wesley, il démontra autant de zèle à détruire l’œuvre de son propre bâtiment qu’il en avait déployé à l’ériger au début de sa construction. »[11]

Bien que nous soyons convaincus que Darby était parfois gentil, peut-être même la majorité du temps, nous croyons qu’il y eût bien des fois où il ne fut pas si gentil. Quelqu’un a dit un jour : « La mesure de votre chrétienté ne se juge pas par votre attitude lorsque vous êtes d’accord, mais par votre comportement quand vous êtes en désaccord. Ceux qui étaient en désaccord avec Darby, spécialement ceux qui contestaient sa doctrine en voie de développement concernant le Dispensationalisme, étaient traités avec la plus grande rudesse, même jusqu’à la brutalité. Darby régnait sur les Frères de Plymouth avec la ferme volonté d’un grand patron. »[12]

Crutchfield a écrit ceci :

« Bien que Darby ait été de bienveillante disposition et humble d’esprit, sa dévotion absolue dans la Parole de Dieu [s’entend, les manuscrits corrompus d’Alexandrie dont il tira sa version darbyste] et son exigence d’une fidélité indéfectible envers sa vérité, telle qu’il la comprenait, faisaient de lui une proie facile de la controverse. Sa patience sans bornes face à l’ignorance honnête des pauvres et des illettrés était légendaire. Mais telle était aussi sa colère contre les plus éduqués qui prenaient la vérité de l’Évangile de Christ à la légère. »[13]

Encore une fois, ce n’est pas tout à fait exact en ce qui a trait à la disposition de Darby, à moins que l’on croie qu’un homme tel que George Müller[14] « prenait la vérité de l’Évangile de Christ à la légère ». À un moment donné, le tempérament de Darby s’enflamma à tel point qu’il excommunia le célèbre George Müller et toute la congrégation des Frères de Bristol. Apparemment, il qualifia Müller de menteur et l’aliéna sur une différence d’opinion.[15] Qu’est-ce qui provoqua l’accès de colère de Darby contre Müller ? Peut-être des déclarations comme celle-ci :

« Mon frère, je lis constamment ma Bible et j’en suis rapidement venu à trouver que ce qu’on m’avait enseigné à croire [la Doctrine de Darby] n’est pas toujours en accord avec ce que dit la Bible. J’en suis donc venu à conclure que je dois, soit fausser compagnie à John Darby, soit délaisser ma précieuse Bible ; et j’ai choisi de m’accrocher à ma Bible et de me séparer de M. Darby. »[16]

Selon les paroles de Henry Craik et James C. Carson, deux hommes ayant observé toute l’affaire, Darby essayait d’imposer le Dispensationalisme aux Frères de Plymouth, se répandant en invectives et se mettant dans des colères venimeuses contre quiconque se montrait en désaccord avec lui.

« Oh, quelle terrible chose que l’esprit de parti ! Ne suis-je pas justifié de l’écarter et de l’éviter ? La vérité, c’est que les Frères, en tant que tels, sont mis en pièces. En prétendant être plus sages, plus saints, plus spirituels, plus éclairés que les autres chrétiens ; en s’introduisant de manière imprudente et stérile dans des domaines non révélés ; en faisant du mysticisme et de l’excentricité le test de la vie et de la profondeur spirituels ; […] en parlant de manière familière et grossièrement offensante des choses sacrées telles que la présence de l’enseignement du Saint-Esprit ; et par un sectarisme des plus inexcusables, car c’est dans le soin mis à éviter le sectarisme qu’est né le mouvement des Frères ; par tout cela et d’autres erreurs similaires, le grand principe scripturaire de la communion de l’Église a été gâché et défiguré. »[17]

Les leaders de Bristol ne partagèrent ni l’anti-cléricalisme militant de Darby, ni ses attentes dramatiques concernant le Second Avènement. Au contraire, ils furent heureux de reconnaître les dons de Dieu démontrés par des hommes avec qui ils étaient d’accord en ce qui regarde l’ordre et la position de l’église. Sur la deuxième question, malgré leurs attentes quant au Second Avènement, l’intense accent apocalyptique était presque entièrement absent de leur enseignement. Ils soutenaient assurément la probabilité du prochain retour de Christ, mais ils n’en firent définitivement pas un fondement de leur enseignement.[18]

Darby s’empoigna souvent avec les membres des Frères de Plymouth, dont une fois avec son ami Benjamin Wills Newton, qu’il accusa de tenter de contrôler le mouvement débutant. Veuillez prendre le récit suivant de Sandeen en considération :

« Bien qu’il y ait eu une bonne partie de vérité dans ces accusations, la manière vindicative et violente par laquelle elles furent menées et la persistance avec laquelle elles furent poursuivies (Newton en subit le harcèlement jusqu’à sa mort survenue en 1899) créent l’impression que Darby était incapable de tolérer des rivaux face à son leadership. L’explosion à Plymouth sembla avoir été inévitable une fois que Darby eût découvert qu’il ne pouvait dominer Newton ou le convertir à sa propre théologie. »[19]

Sandeen a aussi écrit :

« ― le trouble qui s’en suivit détruisit presque la jeune secte combattante et laissa un héritage d’amertume qui devait durer jusqu’à gâcher l’expérience des Frères de Plymouth pour des générations. »[20]

L’article de George T. Stokes, déjà mentionné auparavant et paru dans le journal Littell’s Living Age, présente un des exposés les plus révélateurs sur la nature de Darby. L’article de Stokes décrit l’histoire du mouvement des Frères de Plymouth et raconte une capsule de la biographie de Darby. Stokes rapporte que, durant le conflit avec Newton, Darby voulut que tous les membres des Frères se joignent à lui pour livrer Newton à Satan. Müller, étant d’une disposition plus compatissante et plus calme, refusa de se joindre à cette lutte. Au lieu de cela, Müller permit à Newton de partager la Communion, ce pour quoi Darby se sépara promptement de lui. Le mouvement des Frères ne guérit jamais de cette division. La raison en a sans doute été que Darby refusa de tolérer quelque désaccord que ce soit de la part de quiconque. Ce qui suit est un extrait de l’article de Stokes :

« Quant à Darby, il poursuivit le cours régulier de son chemin jusqu’à ce que la fin vienne ; développant, toutefois assez étrangement, des déclarations de plus en plus grossières pour son propre parti. Ceux qui se montraient en accord avec lui étaient l’Église de Dieu sur terre. Ceux qui étaient en désaccord avec lui sur quelque point de doctrine ou de discipline, il les excommuniait sur le champ et il considérait comme extérieures les miséricordes engagées par Dieu. Pendant les dernières années de sa vie, il vécut au Prieuré d’Islington qui, durant la décennie de 1870 à 1880, était considéré par ses disciples comme une sorte de Vatican local d’où émanaient les décrets au sujet de toutes les questions, exigeant une obéissance instantanée et sans le moindre murmure. Même le changement d’une réunion d’une localité vers une autre sans permission était regardé comme un acte d’auto complaisance et de rébellion, et il était puni comme tel. La fin d’un mouvement prônant l’indépendance spirituelle et la défense des droits de la conscience individuelle chrétienne fut décevante, car elle ne se termina que dans l’établissement d’une tyrannie spirituelle écrasante et intrusive, embrassant toutes les prétentions, mais n’amenant avec elle ni l’antiquité, ni la gloire historique qui jeta un halo autour de la suprématie papale. »[21]

Écrit seulement trois ans après la mort de Darby, l’article de George Stokes est une clé pour comprendre le personnage et l’origine de son système de croyances eschatologiques. À notre avis, le mépris intense de Darby pour toute forme d’église traditionnelle, pour les ministres, les credo, les doctrines orthodoxes et l’organisation en général était pour le moins empreinte d’hypocrisie. Car il reproduisit éventuellement le même type d’organisation religieuse qu’il déclarait mépriser, mais avec lui seul à la tête.

Ce n’est qu’en compulsant la quantité d’information ayant trait à cette époque que l’on peut comprendre pleinement l’étendue de la haine de Darby envers l’église organisée, sous quelque forme que ce soit, sauf la sienne. C’est sans doute pour cette raison qu’il récompensa les « bons » chrétiens au sein de sa doctrine en leur promettant de sauter par-dessus la persécution et les tribulations de la période dite de « sept ans ». Évidemment, il expédia en enfer toutes les personnes assez rebelles pour rejeter sa doctrine, comme George Müller, par exemple. Ces individus doivent censément souffrir une horreur indescriptible durant sept ans, accepter la séduction ultime et ensuite être éventuellement jetés dans le feu de l’enfer où ils brûleront éternellement, sans se consumer, juste parce qu’ils ont rejeté sa doctrine. Il n’y avait pas de place, dans la doctrine de Darby, pour une seconde chance si quelqu’un devait rater l’enlèvement pré-tribulationiste. L’idée d’une seconde opportunité de se repentir et de servir Dieu vient des promoteurs non ascètes de la dite doctrine.

Nous devons mentionner ici que, s’il y a un esprit qui se transmet de manière caractéristique dans une doctrine, nous voyons dans celle-ci le transfert du mauvais tempérament de Darby et de sa poigne de fer contre ceux qui ne s’accordaient pas avec lui. Il semble y avoir peu de question susceptible d’échauffer les esprits plus rapidement que celle de l’avènement de l’enlèvement. Les pré-tribulationistes ont souvent recours à des actes réservés habituellement aux gens méchants ou à ceux qui commettent de viles hérésies contre le Corps de Christ. Beaucoup de souffrances ont été infligées aux personnes qui se montraient en désaccord avec la position de l’Enlèvement pré-tribulationiste, et ce phénomène se perpétue encore aujourd’hui. Les écrits pompeux ne nous embêtent pas, mais c’est une tout autre affaire en ce qui a trait aux atteintes envers les réputations des gens et des ministères lorsqu’ils sont attaqués au moyen d’activités et de propos malicieux. Les plus coupables sont souvent des dirigeants de confessions ou même des rédacteurs d’articles prônant l’enlèvement pré-tribulationiste.

Il n’est pas dans notre intention de rejeter ici Darby comme homme de Dieu ou n’ayant pas comporté de valeur significative. Nous voulons simplement signaler qu’il existe toujours un côté sombre au fait de se dédier à une théologie au point de devenir ascète. Il y a alors danger de développer une forte et incontestable tendance à se griser de la spiritualité de quelqu’un d’autre. Ainsi grisé, on perd le sens du danger et on perd de vue les signaux d’avertissement subséquents qui nous auraient empêchés de nous égarer vers l’extrémisme ou d’adhérer carrément à une fausse doctrine.

Cependant, le plus grand danger se révèle lorsque l’on commence à dégriser. L’ivresse spirituelle est un état difficile à maintenir. Éventuellement, la vérité se fait jour et vient défier les bases de l’intoxication spirituelle. Darby a réagi de façon typique à ces intrusions de la vérité en écrasant les gens qui, du moins dans son esprit, osaient réprimer son « ivresse » spirituelle.

La doctrine de l’Enlèvement Pré-tribulationiste produit une énorme sensation spirituelle qui rend ses adeptes complètement accros. Afin de maintenir l’effet de cette drogue spirituelle, ils doivent se nourrir continuellement des bouchées solides du sensationnalisme qui émane de l’enlèvement pré-tribulationiste. Il était donc prévisible que les pré-tribulationistes deviennent passablement chahuteurs lorsque les faits et la vérité scripturaire leur sont soulignés. En fait, quelques notables pré-tribulationistes rivalisent avec Darby dans leurs efforts de crier à la condamnation éternelle de leurs opposants. C’est une triste et tragique répétition de l’histoire ― la passation et la perpétuation du paradigme darbyste en esprit et en doctrine.

Le Dispensationalisme darbyste envahit l’Amérique

Au moment où le millénarisme envahissait l’Amérique avec une ferveur toute apocalyptique, William Miller et Alexander Campbell en étaient au premier rang. Le millénarisme était le mouvement le plus grand et le plus influent. Toutefois, Miller et Campbell commirent l’erreur d’apposer une date au Second Avènement, ce qui fit se détourner d’eux de nombreux millénaristes. L’Amérique était donc mûre pour une vision nouvelle. Entre 1859 et 1874, Darby se rendit aux Etats-Unis pas moins de sept fois pour y enseigner et y prêcher sa doctrine du Dispensationalisme.

Lors de ses visites, Darby amena ses points de vue aux Américains et il suscita des réactions de la part des protestants conservateurs qui ne soupçonnaient pas que ces interprétations tiraient en partie leurs origines des Jésuites (principalement de Ribera et de de Lacunza). Il attira aussi quelques théologiens instruits qui, bien que n’acceptant pas nécessairement sa théologie sur l’enlèvement, étaient tout excités par ses enseignements. Cet intérêt mena à des conférences, la première ayant été tenue à l’Église presbytérienne, et suivie de congrès menés à Chicago (1886), à Niagara (annuellement entre 1883 et 1897) et à Long Island (1901), donc après le décès de Darby. Mais son système eschatologique ne trouvait pas encore grand écho.

D’après ce que Darby crut constater lors de ses visites en Amérique, la condition de l’église se trouvait dans un état déplorable et il tint plusieurs petites réunions pour discuter et enseigner le Dispensationalisme aux dirigeants d’églises. Darby insista pour que ceux qui croyaient à sa vision abandonnent leurs églises respectives et se joignent aux Frères de Plymouth. La majorité des convertis à Darby provenaient des églises baptistes et presbytériennes, ce qui provoqua la critique suivante parue dans le Princeton Review contre les Frères de Plymouth :

« Le but des Frères est de “se faire des églises à partir des églises” : de désintégrer toutes les confessions existantes en ouvrant une porte au sein de chacune, non pas pour en faire sortir les infidèles et les faux frères, mais les pieux et les bons ; en conséquence, ils rôdent sans cesse dans toutes les églises, cherchant à moissonner là où ils n’ont pas semé et laissant aux dénominations en général le privilège exclusif d’évangéliser les masses. »[22]

La critique semblait tout à fait fondée quand nous lisons ces paroles d’Earnest Sandeen citant The Letters of J. N. Darby :

« Pendant tout le ministère de Darby aux Etats-Unis, il a été frustré par son incapacité à soulever plus d’insatisfaction chez les Américains à l’encontre de leurs dénominations et, durant ses quelques années en Amérique, il se lamenta comme Jérémie : “D’éminents ministres prêchent le retour du Seigneur, la ruine de l’Église, la liberté du ministère et, de leur propre aveu, le livre des frères, et ils demeurent où ils sont, et il y a un abrutissement général de la conscience.” »

Voilà plus de preuves que veulent bien l’admettre les leaders du dispensationalisme en prétendant qu’elles n’existent pas. Leur Darby apprécia tellement la « révélation » de MacDonald qu’il en prit tout le crédit, ou plutôt qu’il permit à d’autres, comme son ami et biographe Hugh Kelly, de le lui attribuer sans que Darby ne fasse jamais de correctif. En outre, Darby écrivit, quelques vingt ans après les faits, de vagues déclarations dans ses mémoires que l’on pourrait interpréter comme des affirmations que l’enlèvement pré-tribulationiste venait de lui. Est-ce bien ce à quoi l’on peut s’attendre d’un berger du troupeau ? Il alla pourtant de l’avant, promouvant, improvisant et ajoutant à la nouvelle doctrine, voyageant dans tout le Royaume Uni, en Europe, dont à Genève, en 1840, en Nouvelle-Angleterre, en Ontario, au Canada, et dans la région des Grands Lacs. Il partit même une fois de Toronto à Sidney, en Australie, en passant par San Francisco, Hawaï et la Nouvelle Zélande.

À une occasion, il se rendit à Saint-Louis, dans le Missouri, et y rencontra le ministre presbytérien James H. Brooks, qui était alors le mentor de C.I. Scofield. Dave McPherson, qui a fait plus de quarante ans de recherches l’ayant amené à dénoncer le Dispensationalisme et le pré-tribulationisme, déclare que c’est là que Darby fit la rencontre de Scofield et qu’il ne s’agissait pas d’une coïncidence. Cette rencontre était préparée.

L’auteur Joseph Canfield en souligne la signification. Il écrit que « Scofield le converti se trouva être dans la seule ville en Amérique du Nord qui avait été choisie par John Nelson Darby pour la “plantation de semence concentrée” de sa branche particulière d’enseignement biblique ». John Darby n’était qu’une des têtes d’affiche sélectionnées par les contrôleurs postés en arrière-scène et il devait passer le flambeau de leur fausse doctrine à son successeur, en l’occurrence, Scofield. Il aurait été difficile à Darby et à Scofield de cacher le fait qu’ils n’eurent jamais de problèmes d’argent pour promouvoir leur enseignement pré-tribulationiste. Comme par hasard, il semble toujours y avoir eu quelque riche bienfaiteur dans les alentours. On y comptait des hommes comme l’excentrique banquier Henry Drummond, impliqué dès les débuts et rendant ses ressources disponibles à l’église d’Irving, à Londres, et continuant par la suite à soutenir le mouvement. Le chercheur Robert I. Pierce fit remarquer « …l’étonnante mobilité de Darby, pour l’époque, et son apparent manque de problèmes financiers… » Scofield était pour sa part parrainé, entre autres, par le baron Lyman Stewart, de l’Union Oil, Arno C. Gaebelein et certains autres amis riches qui préféraient demeurer le plus possible dans l’anonymat. On comprend pourquoi.

Le Dr James Brooks et les Conférences de Niagara Falls

Autour de 1864-65, Darby visita à deux reprises l’Église presbytérienne sise au coin de la 16e rue et de l’Avenue Walnut, à Saint-Louis, au Missouri. Cette église devint le centre principal du Dispensationalisme en Amérique. Son pasteur, le Dr James H. Brooks, devint l’un des plus chauds partisans de Darby, au point qu’on l’appela le « père du Dispensationalisme en Amérique ».

Le Dr Brooks dirigea de nombreuses études bibliques dont l’étudiant devenu le plus célèbre fut un jeune homme portant le nom de Cyrus Ingerson Scofield. L’implication de celui-ci dans les Conférences de Niagara Falls fut d’une importance capitale pour la diffusion du Dispensationalisme en Amérique. C. I. Scofield serait par la suite la tête dirigeante des Conférences et c’est au sein de celles-ci que naquit l’idée d’une Bible à Références qui allait répandre le Dispensationalisme darbyste.

Les Conférences de Niagara Falls débutèrent sous l’appellation de Réunions d’Études Bibliques pour le Croyant, mais elles allaient ensuite se transformer bientôt pour devenir la source principale d’où jaillirait le Dispensationalisme darbyste. La plupart des dirigeants d’églises d’Amérique et de nombreux ministres des Frères assistèrent aux conférences. D. L. Moody se trouvait aussi parmi eux et le style de prêche des Frères l’influença grandement. Brooks se mit en tête de faire des Conférences bibliques de Niagara Falls le quartier général du Dispensationalisme darbyste en s’assurant que les orateurs favorisent la théorie. Si l’on excepte l’Institut Biblique Moody et, plus tard, le Séminaire Théologique de Dallas de Lewis Chafer, les Conférences Bibliques de Niagara Falls s’avérèrent la force conductrice faisant de l’Enlèvement pré-tribulationiste la doctrine qu’elle est devenue aujourd’hui.

De hautes personnalités imprégnèrent à l’atmosphère des Conférences bibliques de Niagara Falls une fièvre apocalyptique en se servant des visions sensationnalistes de Darby. Ce qui contribua à éroder encore davantage les bases théologiques de l’eschatologie chrétienne et servit à les remplacer par de fausses révélations et diverses spéculations. Les facteurs d’une probable suffisance et d’une excitante visibilité ne servirent qu’à donner aux participants le faux sentiment d’être des pionniers au cœur d’une œuvre nouvelle de Dieu ou, comme le dit le sieur Scofield : « …ce nouveau commencement et ce nouveau témoignage ». C’est sous ces feux de rampe séduisants que Scofield gravit le plus rapidement les échelons vers la prééminence. Il se mit à envisager une bible avec son nom inscrit dessus et qui allait comprendre ses notes de références ayant trait à la pseudo-eschatologie de Darby. Il allait devoir alors enfreindre une politique consacrée par l’usage de toutes les sociétés bibliques populaires, politique dont la règle cardinale avait toujours été : « sans note ni commentaire ». Mais briser les règles afin de monter en grade n’était pas chose nouvelle pour Scofield, comme nous allons le voir dans une section suivante. Avec une effronterie sans équivoque, il se mit à corrompre la Bible, ombrageant la signification intrinsèque des Écritures, allant même jusqu’à en défier quelques-unes et ignorant les malédictions promises à ceux qui commettent des actes aussi maudits.

« Or je proteste à quiconque entend les paroles de la prophétie de ce Livre, que si quelqu’un ajoute à ces choses, Dieu fera tomber sur lui les plaies écrites dans ce Livre. 19Et si quelqu’un retranche quelque chose des paroles du Livre de cette prophétie, Dieu lui enlèvera la part qu’il a dans le Livre de vie, dans la sainte Cité, et dans les choses qui sont écrites dans ce Livre »

(Apocalypse 22:18-19).

(Suite dans D.231)

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[1] Dr Walter Martin, The Tribulation and the Church, Cet enregistrement est disponible sur le site Internet Walter Martin Religious Infonet (http://www.waltermartin.org).

[2] Philon le Juif : philosophe grec d’origine juive, né à Alexandrie (v. 13 av. J.-C.–v.54 apr. J.-C.). Son inspiration néoplatonicienne et son interprétation allégorique de la Bible n’ont pas été sans influence sur la littérature patristique. [Petit Larousse illustré, 1988.]

[3] Earnest Sandeen, The Roots of Fundamentalism : 1800-1920 (Chicago : Presses de l’Université de Chicago, 1970) p.15.

[4] Ibidem, p. 16.

[5] George T. Stokes, John Nelson Darby, Revue Contemporaine, Littell’s Living Age (7 nov. 1885) Vol. 2159, p. 348.

[6] James L. Blevins, Dispensations, Dictionnaire Holman de la Bible.

[7] George T. Stokes, John Nelson Darby, Revue Contemporaine, Littell’s Living Age (7 nov. 1885) Vol. 2159, p. 349.

[8] John F. Walvoord, revue de An Historical Sketch of the Brethren Movement, par H. A. Ironside, in Bibliotheca Sacra, 1942, p. 378.

[9] James L. Blevins, Dispensations, dictionnaire Holman de la Bible.

[10] John Nelson Darby : Fender of the Faith, article de Larry V. Crutchfield.

[11] Earnest Sandeen, The Roots of Fundamentalism : 1800-1920 (Chicago : Presse de l’Université de Chicago, 1970) p. 31, para. 1.

[12] Napoléon Noël et W. F. Knapp, The History of the Brethren.

[13] John Nelson Darby : Fender of the Faith, article de Larry V. Crutchfield.

[14] George Müller : (1805-1898) Originaire de Prusse est un évangéliste chrétien et un coordinateur des orphelinats de Bristol en Angleterre. Il s’est occupé de plus de 100 000 orphelins dans sa vie. Il était connu pour sa foi constante en Dieu et pour donner un bon enseignement scolaire aux enfants qui étaient sous ses soins, au point qu’il était accusé d’élever les pauvres au-dessus de leur rang naturel. [Wikipédia, l’Encyclopédie libre.]

[15] William Read, Plymouth Brethrenism Unveiled and Refuted, William Oliphant and Company.

[16] Robert Cameron, Scriptural Truth About the Lord’s Return, pp. 146-7.

[17] Ibidem, Henry Craik.

[18] James C. L. (Crawford Ledlie) Carson, The Heresies of the Plymouth Brethren, Londres : Houlston, 1870.

[19] Earnest Sandeen, The Roots of Fundamentalism : 1800-1920, (Chicago : Presse de l’Université de Chicago, 1970), pp. 62-3.

[20] Ibidem.

[21] George T. Stokes, John Nelson Darby, Revue contemporaine, Littell’s Living Age (7 nov. 1885) vol. 2159, p. 354.

[22] Earnest Sandeen, The Roots of Fundamentalism : 1800-1920, (Chicago : Presses de l’Université de Chicago, 1970) pp. 73-74, citant Thomas Croskery, The Plymouth Brethren, Princeton Review 1 (1872), 48.




D.226 – Le Dispensationalisme : retour à la théologie biblique ou secte pseudo chrétienne ?

 

http://www.jesus-is-lord.com/dispensa.htm

 

« Ce qui est essentiel à la religion chrétienne, de manière indiscutable, absolue et sans compromission, c’est sa doctrine du salut […] Si le dispentationalisme s’est détaché réellement du seul moyen du salut qu’enseigne la religion chrétienne, alors nous devons en conclure qu’il s’est détaché du christianisme. Qu’importe s’il proclame d’autres vérités, on ne pourra le qualifier de chrétien s’il vide le christianisme de son message essentiel. Nous entendons par secte une religion qui se déclare chrétienne tout en vidant le christianisme de ce qui en fait l’essence. Si c’est ce que fait le dispensationalisme, il est alors une secte et non pas une branche de l’Église chrétienne. C’est aussi sérieux que ça ! Impossible d’exagérer la gravité de la situation. »

[John H. Gerstner, Wrongly Dividing the Word of Truth: A Critique of Dispensationalism (Brentwood TN: Wolgemuth & Hyatt, 1991), p. 150.]

 

1. Pourquoi argumenter au sujet de la doctrine ?

« Or je vous exhorte, mes frères, de prendre garde à ceux qui causent des divisions et des scandales contre la doctrine que vous avez apprise, et de vous éloigner d’eux. Car ces sortes de gens ne servent point notre Seigneur Jésus-Christ, mais leur propre ventre, et par de douces paroles et des flatteries ils séduisent les coeurs des simples » (Romains 16:17-18).

Pourquoi tant de gens se disant chrétiens argumentent-ils continuellement entre eux et avec les autres au sujet de la doctrine ? Ceux qui se disent de Christ ne sont-ils pas tous unis par le Saint-Esprit dans le Corps de Christ ? Toutes les églises n’enseignent-elles pas toutes la même doctrine de base ? S’il en était réellement ainsi, Paul n’aurait pas eu à exhorter le jeune pasteur Timothée en lui disant : « Prends garde à toi, et à la doctrine » (1 Timothée 4:16), pour que les conciles de l’Église primitive définissent le credo et s’opposent aux faux enseignements, pour les 95 thèses de Martin Luther, pour la confession d’Augsbourg, en fait, pour toute la Réforme dans son entier.

« Si je professe de la voix la plus forte et par la plus claire des dénonciations chaque portion de la vérité de Dieu, excepté le point précis que le monde et le diable attaquent en ce moment même, alors je ne confesse pas Christ, quoique je le professe avec vigueur. Car, où fait rage la bataille, là se prouve la loyauté du soldat ; et s’il se montre prêt sur tous les fronts, ce n’est que fuite et disgrâce s’il vient à flancher à ce moment-là. » [Martin Luther].

Depuis que la doctrine chrétienne fut définie pour la première fois, elle a subi de continuels assauts, publiquement ou insidieusement, pour dévoyer ceux dont la foi n’est pas solidement ancrée en Christ et dans la saine doctrine. L’Église a tenté d’y faire face en définissant des credo et des confessions, enseignant des catéchismes et exigeant des pasteurs qu’ils soient formés dans des institutions orthodoxes.

Malheureusement, la plupart des églises d’Amérique se sont faites prendre dans une forme de revivalisme qui a remplacé les credo par des « témoignages », les catéchismes par des « Soirées de groupes de jeunes avec pizzas » et la formation théologique des pasteurs par des séminaires de croissance d’églises. La plupart des laïcs et de nombreux prêcheurs ont de la difficulté à mettre en parole ce qu’ils croient et parmi ceux qui peuvent faire une déclaration doctrinale, une petite poignée seulement est en mesure d’établir un fondement scripturaire, citer l’histoire ou élaborer une défense logique de telle ou telle doctrine. Voilà la malédiction d’une théologie qui n’est basée que sur les sensations et les expériences plutôt que sur la Parole et le Sacrement.

L’apôtre Paul se montrait inflexible au sujet de la doctrine. Son avertissement dans l’épître aux Romains n’a pas pour but d’éviter la question de la doctrine, mais vise plutôt à marquer ceux qui enseignent des doctrines contraires à celle qui fut donnée une fois pour toutes aux saints. Jude admet que la doctrine chrétienne était établie au moment où il écrivit son épître, mais que l’hérésie se glissait dans l’Église.

« Mes bien-aimés, comme je m’étudie entièrement à vous écrire du salut qui nous est commun, il m’a été nécessaire de vous écrire pour vous exhorter à soutenir le combat pour la foi qui a été une fois donnée aux Saints. Car quelques-uns se sont glissés parmi vous, qui dès longtemps auparavant ont été écrits pour une telle condamnation ; gens sans piété, qui changent la grâce de notre Dieu en dissolution, et qui renoncent le seul Dominateur Jésus-Christ notre Dieu et Seigneur » (Jude 1:3-4).

En tant que chrétiens, allons-nous être partagés sur toutes les questions ? Le nombre toujours croissant de dénominations et de sectes est d’abord le résultat de disputes à propos de ce qui était considéré par les gens impliqués comme des questions doctrinales. Plusieurs argumenteront au sujet de la nourriture ou de la boisson, ou en ce qui regarde une fête ou une nouvelle lune, ou encore les sabbats et, quoique ces questions peuvent s’avérer légitimes en ce qui concerne la santé physique ou les préférences de forme, la ligne de démarcation devrait être tirée sur des critères bien plus substantiels.

2. Qu’est-ce que le dispensationalisme ?

Le dispensationalisme est une forme de prémillénarisme issu des Frères de Plymouth, dans les années 1830. Le père du dispensationalisme, John Nelson Darby, ayant été instruit comme avocat et ordonné prêtre anglican, fut un des fondateurs du mouvement des Frères de Plymouth qui avait surgi en réaction au formalisme vide perçu dans l’Église d’Angleterre. Pour les Frères, la véritable église « invisible » devait sortir de l’église apostate « visible », en rejetant les formalités comme la prêtrise et les sacrements.

La théorie du dispensationalisme se centre sur le concept des opérations de Dieu avec l’humanité divisées (habituellement) en sept économies distinctes ou « dispensations », par lesquelles l’homme voit testée son obéissance à la volonté de Dieu telle que révélée dans chacune des dispensations.

Les dispensationalistes considèrent que Dieu a poursuivi deux desseins distincts à travers l’histoire, un visant un but terrestre et relié à un peuple physique (les Juifs), l’autre ayant des visées célestes et relié à un peuple céleste (l’Église).[1]

Les dispensationalistes croient que, dans l’Ancien Testament, Dieu a promis un royaume terrestre au peuple juif sous le règne du Mochiash Ben David (Messie fils de David) et que, lorsque vint le Christ, Celui-ci offrit ce royaume prophétisé aux Juifs. Quand les Juifs de l’époque rejetèrent Christ et le royaume terrestre, la promesse fut reportée à plus tard et la « forme mystérieuse » du royaume ― l’Église ― fut établie.

Selon la doctrine dispentationaliste, l’Église était imprévue dans l’Ancien Testament et constitue donc une « parenthèse » dans le plan de Dieu pour Israël. Dans le futur, la distinction entre le Juif et le Gentil sera rétablie et se poursuivra toute l’éternité. La « parenthèse », ou ère de l’Église, prendra fin lors de l’enlèvement lorsque Christ reviendra de manière invisible pour amener tous les croyants (sauf les saints de l’Ancien Testament) au ciel afin de célébrer « les noces de l’Agneau » avec Christ pendant une période de sept ans.[2]

Le programme de Dieu pour les Juifs se résume alors à la tribulation, à l’Antichrist, aux coupes de la colère, aux 144 000 Juifs prêchant l’Évangile du Royaume et à l’Armageddon. Ensuite, la Seconde (ou Troisième, si vous comptez l’enlèvement pré-tribulationiste) Venue, la conversion instantanée de toute la nation d’Israël, la résurrection des saints de la Tribulation et de l’Ancien Testament, et le jugement des « boucs et des brebis ». Les « boucs » seront jetés dans l’enfer, les « brebis » et les croyants juifs entreront dans le Millénium dans des corps humains charnels, se marieront, se reproduiront et mourront. « L’Église mystérieuse » et les saints ressuscités de la Tribulation et de l’Ancien Testament vivront dans la Jérusalem céleste suspendue au-dessus de la ville terrestre. Ce Millénium sera une époque de grande paix et de prospérité, Christ le dirigeant à partir du trône de David. Après 1 000 ans, Satan sera relâché de ses chaînes dans lesquelles il avait été lié au début du Millénium et un grand nombre des enfants nés des « brebis » et des Israélites le suivront dans une révolte contre le Christ. Le Roi détruira à nouveau Ses ennemis, et suivra ensuite une autre résurrection des justes, une autre résurrection des impies, un jugement final et, enfin, les Nouveaux Cieux et la Nouvelle Terre.

Même si la pensée prémillénariste fut enregistrée dans l’Église primitive, la théorie dispensationaliste et son eschatologie conséquente sont nouvelles, comme l’admet lui-même le père du système :

« Je crois que nous devons avoir quelque chose de plus qu’un témoignage direct quant au retour du Seigneur, et cela se rapporte également à l’état de l’Église : il ne serait pas bon que ce soit trop clair, car cela fait peur aux gens. Nous devons l’exercer sans interruption ; cela fonctionne comme le levain, et nous n’en voyons pas encore les fruits. Par levain, je ne l’entends pas comme une maladie, mais les pensées sont nouvelles et les gens y réfléchissent ; et toutes leurs vieilles habitudes sont contre leurs sentiments ― toute augmentation de situation et chaque motif mondain ; nous ne devons pas nous surprendre de la lenteur de l’effet sur les masses, les instruments habituels d’action sur les autres ayant opéré dans la majorité des cas sur les habitudes opposées. » [Lettres de J. N. D., vol. 1, pp. 25-26.]

La nouvelle doctrine fut bien acceptée en Amérique, grâce aux réunions prophétiques populaires comme les Conférences Bibliques de Niagara. C. I. Scofield promulgua la pensée dispensationaliste dans sa Bible à Références Scofield. Les instituts bibliques dispensationalistes ont surgi par centaines à travers le continent ― notamment l’Institut Biblique Moody et le Séminaire Théologique de Dallas. Aujourd’hui, ce sont les télévangélistes médiatiques comme Jerry Falwell, Pat Robertson, Jack Van Impe et Hal Lindsey qui popularisent l’eschatologie dispensationaliste.[3] Il est tout probable que vous avez entendu enseigner cette doctrine dans une émission radiophonique chrétienne et, bien oui, au lutrin de votre propre église, bien que personne sans doute ne la définit comme étant le système théologique du dispensationalisme ou ne mentionne que Darby en fut à l’origine, en 1832.

Les dispensationalistes voient dans cet enseignement un retour à la théologie biblique, après tout près de 1 800 ans de noirceur. Mais depuis le jour où Darby commença à prêcher la doctrine, des hommes de Dieu s’y sont opposés. De nombreux livres ont été publiés exposant les failles de ce système complexe. La plupart s’en prennent aux branches, argumentant sur des questions périphériques. Ce que nous voulons faire, c’est mettre la hache à la racine de l’arbre.

« Mon frère, je lis constamment ma Bible et j’ai vu rapidement que ce qu’on m’a enseigné à croire (par la doctrine de Darby) ne s’accorde pas tout le temps avec ce que dit ma Bible. J’en suis venu à constater que je dois fausser compagnie, soit à John Darby, soit à ma précieuse Bible, et j’ai choisi de me cramponner à ma Bible et de fausser compagnie à M. Darby. » [George Müeller, contemporain et, à une certaine époque, supporteur de Darby, cité par robert Cameron, dans son livre Scriptural Truth about the Lord’s Return, pp. 146-147.]

3. Le prémillénarisme dispensationaliste est-il différent du prémillénarisme historique ?

Veuillez comprendre que le prémillénarisme dispensationaliste et le prémillénarisme historique classique sont deux systèmes eschatologiques très différents :

De : The Bible and the Future, par le Dr Wick Broomall

·        L’ancien prémillénarisme enseigne que l’Église se trouva dans la vision de la prophétie de l’Ancien Testament ; le dispensationalisme enseigne que l’Église ne se trouve que difficilement, sinon pas du tout, chez les prophètes de l’Ancien Testament.
·        L’ancien prémillénarisme enseigne que la plus grande substance de la prophétie de l’Ancien Testament consiste en la venue de Christ pour mourir (au Premier Avènement) et en l’ère du Royaume (au Second Avènement). Le dispensationalisme dit que la plus grande substance de la prophétie de l’Ancien Testament se rapporte au royaume des Juifs.
·        L’ancien prémillénarisme enseigne que le Premier Avènement était le moment spécifique pour que vienne mourir le Christ pour les péchés de l’homme ; le dispensationalisme enseigne que le royaume (terrestre) aurait pu être établi au Premier Avènement, car il s’agissait du moment prédit de sa venue.
·        L’ancien prémillénarisme enseigne que l’ère présente de la grâce fut conçue par Dieu et prédite dans l’Ancien Testament ; le dispensationalisme maintient que l’ère présente fut inconnue dans l’Ancien Testament et qu’ainsi il s’agit d’une « grande parenthèse » introduite parce que les Juifs ont rejeté le royaume.
·        L’ancien prémillénarisme enseigne que l’on peut diviser le temps comme on veut, en autant que l’on tienne compte d’un Millénium après le Second Avènement ; le dispensationalisme soutient que la seule façon permissible de diviser le temps, c’est par le moyen de sept dispensations. L’ère présent est la sixième ; la dernière sera l’ère du Millénium après le Second Avènement. C’est de cette division de temps que les dispensationalistes tiennent leur nom.
·        L’ancien prémillénarisme enseigne que le Second Avènement ne doit être qu’un seul événement ; le dispensationalisme soutient que le Second Avènement se fera en deux segments : « l’Enlèvement » et « la Révélation ». Entre ces deux événements, ils installent la soixante-dixième semaine de Daniel 9:23-27 qui (selon eux) n’est pas accomplie et qu’ils appellent « la Grande Tribulation ».
·        L’ancien prémillénarisme enseigne que certains signes doivent précéder le Second Avènement ; le dispensationalisme enseigne qu’aucun signe ne précède le « stade de l’enlèvement » du Second Avènement qui peut survenir « à tout moment ». Toutefois, il y a des signes qui précèdent « le stade de la révélation » du Second Avènement. « L’enlèvement » peut arriver « à tout moment », mais la « Révélation » doit avoir lieu après sept ans de Grande Tribulation. Le premier stade n’est pas daté ni annoncé ; le second stade est daté et annoncé.
·        L’ancien prémillénarisme contient deux résurrections : les justes avant le Millénium, et les impies après le Millénium. Les dispensationalistes introduisent une troisième résurrection : celle des « saints de la tribulation » lors du « stade de la révélation » du Second Avènement.[4]
·        L’ancien prémillénarisme soutient habituellement ce qu’on appelle la vision « historique symbolique » du livre de l’Apocalypse. Cette perspective fait de l’Apocalypse un portrait à la forme symbolique des principaux événements de l’ère présent. Le dispensationalisme maintient généralement la vision « futuriste » du livre de l’Apocalypse, perspective qui fait du livre presque en son entier (particulièrement les chapitres 4 à 19) une description littérale des événements devant prendre place durant la « Grande Tribulation » ou soixante-septième semaine de Daniel, que les dispensationalistes considèrent comme non accomplie.

L’attitude générale de l’ancien prémillénarisme est, dans son ensemble, douce et révérencieuse dans son approche des Écritures. Il y a eu plusieurs érudits remarquables qui furent persuadés que le prémillénarisme est la perspective exacte. Par contraste, le dispensationalisme a adopté une attitude beaucoup plus dogmatique. Il a présenté un certain nombre de nouveautés dans l’interprétation prophétique dont n’avait jamais entendu parler l’Église, il y a à peine deux siècles.

On considère que le prémillénarisme historique est un système millénariste chrétien orthodoxe. Les arguments postulés contre cette ancienne forme de chiliasme seront, dans leur nature, des désaccords parmi les frères à propos d’éléments non essentiels. Le système dispensationaliste, cependant, diffère de l’orthodoxie de la doctrine chrétienne dans de nombreux domaines. Si on les considère sérieusement, la plupart de ces aberrations mèneront au reniement de l’Évangile éternel.

4. Comment le dispensationalisme renie-t-il l’Évangile ?

« Je m’étonne qu’abandonnant Jésus-Christ, qui vous avait appelés par sa grâce, vous ayez été si promptement transportés à un autre Evangile. 7Qui n’est pas un autre Evangile, mais il y a des gens qui vous troublent, et qui veulent renverser l’Evangile de Christ. 8Mais quand nous-mêmes vous évangéliserions, ou quand un Ange du Ciel vous évangéliserait outre ce que nous vous avons évangélisé, qu’il soit anathème. 9Comme nous l’avons déjà dit, je le dis encore maintenant : si quelqu’un vous évangélise outre ce que vous avez reçu, qu’il soit anathème. 10Car maintenant prêché-je les hommes, ou Dieu ? ou cherché-je à complaire aux hommes ? Certes si je complaisais encore aux hommes, je ne serais pas le serviteur de Christ » (Galates 1:6-10).

On a depuis longtemps accusé les dispensationalistes d’enseigner de multiples méthodes de salut. Les leaders dispensationalistes (sauf les sectes des Bullingerites et des Conséquents) ont toujours nié ces accusations. Mais toutefois, une dénégation sans réfutation ne veut rien dire. Examinons quelques preuves.

Le problème Scofield

I. Scofield (1843-1921), pasteur de la Première Église Congrégationaliste à Dallas, au Texas, et ensuite de l’Église de Moody, à Northfield, au Massachusetts, discuta avec Arno C. Gaebelein de son plan d’écrire une version annotée de la Bible, en 1901 :

« Un soir, environ au milieu de la semaine, le Dr Scofield suggéra, après l’assemblée du soir, que nous fassions une petite promenade le long de la rive. C’était une belle soirée. Notre marche le long du rivage du bras de mer s’étira jusqu’à minuit. Pour la première fois, il mentionna son intention de produire une Bible à références, et il exposa les grandes lignes de la méthode qu’il avait à l’esprit. Il me dit qu’il y pensait depuis des années et en avait parlé à d’autres, mais il n’avait pas reçu beaucoup d’encouragement. Le projet lui vint dans les premières années de son ministère à Dallas et, plus tard, lors des jours heureux des Conférences de Niagara, il soumit son désir à un certain nombre de frères qui l’approuvèrent tous, mais rien n’en sortit. Il exprima l’espoir que le nouveau début et ce nouveau témoignage à Sea Cliff puissent ouvrir la voie à la publication de ce genre de Bible avec références et notes de bas de page abondantes. » [Moody Monthly 43 (1943), p. 278.]

Il résultat de cette discussion la Bible à Références Scofield de 1909, combinant un format attrayant, des notes et des références croisées qui devinrent sans doute le volume le plus influent de la théologie dispensationaliste jusqu’à ce jour. « Les enseignements du prémillénarisme dispensationaliste sur la prophétie se sont largement répandus au Canada et aux Etats-Unis, particulièrement grâce à l’influence de la Bible à Références Scofield de 1909 et de ses éditions subséquentes. »[5] La théologie présentée par Scofield dans sa Bible à Références est la doctrine normative dispensationaliste, d’où la portée de la citation suivante :

« En tant que dispensation, la grâce commence avec la mort et la résurrection du Christ […] L’obéissance aux Lois n’est plus l’article de mise à l’épreuve conditionnant le salut, mais c’est l’acceptation ou le rejet de Christ avec les bonnes œuvres comme fruits du salut. »[6]

Scofield dit ici que la grâce salvatrice est un phénomène du Nouveau Testament, indisponible dans les dispensations précédentes. Notez que Scofield explique que l’obéissance aux Lois était la condition du salut dans la dispensation antérieure, mais que maintenant, c’est la foi en Christ qui est la condition que l’on doit rencontrer. Voilà qui est conséquent avec la définition de Scofield concernant une dispensation.

« Une dispensation est une période de temps durant laquelle l’homme est testé en regard de son obéissance à une révélation particulière de la volonté de Dieu. »[7]

En vérité, si l’homme est testé en regard de son obéissance à la volonté de Dieu dans chacune de ces « dispensations », quelle est la récompense ― ou la punition ? Si la récompense est le salut, comme l’enseigna à l’évidence Scofield concernant la dispensation de la Loi, ce salut n’est pas par la grâce, mais par les œuvres ! Le dispensationaliste, comprenant de travers le concept de la Loi et de l’Évangile, offre le salut à ceux qui rencontrent la condition de la « dispensation » dans laquelle ils sont testés et, donc, même dans la dispensation de la grâce, la foi devient une œuvre qui nous donne droit au Christ. Si l’on peut seulement rassembler assez de « foi » des profondeurs de son cœur, l’on peut rencontrer la condition de cette dispensation et avoir la récompense du salut.[8]

D’un autre côté, la doctrine chrétienne orthodoxe enseigne résolument que l’homme est mort dans le péché et l’offense, qu’il ne peut pas le moindrement améliorer sa condition et que seul Christ justifie l’impie. La foi est le don de Dieu, par une nouvelle naissance, œuvre du Saint-Esprit par la Parole et le sacrement.

« On enseigne également parmi nous que, depuis la chute d’Adam, tous les hommes nés selon le cours de la nature sont conçus et naissent dans le péché. C’est-à-dire que tous les hommes sont remplis de méchanceté, de luxure et de penchants dès le sein maternel et sont incapables par nature d’éprouver une crainte véritable de Dieu et la vraie foi en Dieu. De plus, cette maladie innée et le péché héréditaire sont réellement péché et condamnent à la colère éternelle de Dieu tous ceux qui ne sont pas nés de nouveau par le Baptême et le Saint-Esprit. Rejetés sur ce rapport, il y a les pélagiens et les autres qui nient que le péché originel soit péché, car ils soutiennent que l’homme naturel se rend juste par ses propres œuvres, dépréciant ainsi les souffrances et le mérite de Christ. »[9]

En réponse au « problème Scofield », le dispensationalisme commença à redéfinir le terme « dispensation ». La Nouvelle Bible à Références Scofield de 1967 répéta la terminologie de Scofield, mais les commentateurs modernes entrèrent dans les détails de la version 1909 en indiquant que la définition implique trois concepts : une nouvelle révélation divine, la nature de l’économie de l’homme à son égard, et une certaine période de temps lui étant accordée. Ces concepts implicites sont alors nuancés à un tel point qu’on en rend un portrait insignifiant. Il est significatif que cette nouvelle définition de la dispensation nous fait poser la question à savoir si le terme veut encore dire quelque chose.

« Le but de chaque dispensation est alors de placer l’homme sous une règle spécifique de conduite, mais cette économie n’est pas une condition de salut. L’homme a échoué dans toutes les dispensations passées, il a échoué dans la dispensation présente et il échouera dans le futur. Mais le salut a été et continuera de lui être disponible par la grâce de Dieu au travers de la foi. »[10]

Le dispensationalisme révisionniste déclare maintenant que le dessein des dispensations n’est plus salvateur. Quel est donc, alors, le but du test eu égard à la « règle spécifique de conduite » ? Quelle est la signification de la faillite de l’homme dans les diverses dispensations ? Il semble que, bien que Scofield ait été trop franc dans son élucidation, ses successeurs ont tellement nuancé le terme « dispensation » qu’ils en ont extrait toute apparence de signification. Remarquez aussi que « lui être disponible par la grâce de Dieu au travers de la foi » ne dit pas encore clairement si la « foi » est une capacité innée de l’homme déchu, ou qu’elle est plutôt le produit de la nouvelle naissance.

La question principale à se poser, c’est si la théologie dispensationaliste reconnaît, comme le christianisme orthodoxe, que la régénération est la source de la foi. La théologie dispensationaliste voit dans la séquence des dispensations des opportunités pour l’homme déchu de parvenir à Dieu. Quoique dans les dispensations passées personne n’ait passé le test, l’occasion y était : « Fais ceci et tu vivras ». Pendant la dispensation actuelle de la Grâce, la barre a été abaissée : tout ce qui est requis, c’est la « foi ». Si un homme s’en donne la « chance », et qu’il exerce sa propre capacité morale à croire, il aura droit à la grâce de Dieu en Christ.

Le problème Chafer

Lewis Sperry Chafer (1871-1952), étudiant de Scofield, créa le Séminaire Théologique de Dallas, en 1924, et dirigea l’école phare du dispensationalisme pendant les trente premières années. Chafer produisit également la première théologie systématique définitive du dispensationalisme. La Systematic Theology en 8 volumes (Dallas : Presse du Séminaire de Dallas, 1948) de Lewis Sperry Chafer est une articulation standard de la pensée dispensationaliste scofieldienne. Toujours fidèle à son mentor, Chafer déclara : « Il est de déclaration publique que le Séminaire Théologique de Dallas utilise, recommande et prend la défense de la Bible Scofield. »[11]

Que le fondateur de l’école reconnue comme la « Jérusalem du dispensationalisme » et auteur de sa Théologie Systématique puisse faire des déclarations comme la suivante ne s’avère guère surprenant pour ceux qui comprennent la grave errance du système dispensationaliste.

« Avec l’appel d’Abraham et le don de la Loi […] il y a deux provisions divines aux standards très différents par lesquelles l’homme, qui est entièrement déchu, peut se voir accorder les faveurs de Dieu. »[12]

La Théologie Systématique de Chafer souligne le point que, dans l’Ancien Testament, les hommes étaient justifiés par la Loi, alors que, dans le Nouveau Testament, la foi se fait sans les œuvres.[13] À nouveau, dans son Dispensationalism, à la page 430, Chafer démontre clairement son incompréhension de la grâce :

« Comme mentionné auparavant, tout ce que Dieu fait pour l’homme pécheur à propos de n’importe quels termes [rendus possibles par la mort de Christ] est, jusqu’à un certain point, un acte de grâce divine ; car tout ce que Dieu fait sur la base de la mort de Christ est de caractère gracieux, et tout le monde sera d’accord pour dire qu’une alliance divine dénuée de tout élément humain est de caractère encore plus gracieux qu’un autre genre d’alliance. Ces distinctions ne s’appliquent qu’au côté divin de l’alliance. Du côté humain […] il n’y a d’aucune façon exercice de grâce ; mais les exigences humaines qu’impose l’alliance divine peuvent être absolument absentes, ou certaines imposées de manière si radicales qu’elles déterminent le destin de l’individu. »

En demeurant avec la définition standard de la dispensation, Chafer considère que l’Expiation rend la grâce possible à travers toutes les différentes ères, ce qui permet de considérer le salut gratuit, peu importe les exigences ajoutées à cette dispensation spécifique. Donc, sous la Grâce (…les exigences humaines qu’impose l’alliance divine peuvent être absolument absentes…) si l’on peut générer la foi nécessaire, on peut recevoir la grâce. Sous la dispensation de la Loi (…ou certaines imposées de manière si radicales qu’elles déterminent le destin de l’individu…) on se voit exiger d’observer la Loi.

Dans les deux cas, le salut obtenu est gratuit (selon Chafer), alors qu’il ne s’agit du salut par la grâce dans aucun des cas. Les dispensationalistes modernes peuvent argumenter que ce que Scofield et Chafer voulaient dire ne fut pas perçu correctement à partir de ce qu’ils ont dit. À cela nous répliquons, voyez les Dispensationalistes Conséquents (ou Bullingerites) qui n’ont rien fait d’autre que d’amener le dispensationalisme à sa conclusion logique.

L’offre du royaume

Les dispensationalistes croient que le but de la première venue de Jésus-Christ fut d’offrir un royaume terrestre aux Juifs. Ce royaume devait réinstaller le système légal de l’Ancien Testament et l’étendre au monde entier sous le Messie. Quand les Juifs rejetèrent Jésus-Christ et Son offre du Royaume, le plan B s’activa et Christ alla en croix pour initier la dispensation de la Grâce et le « mystère de l’Église ». Si Israël avait alors reçu son Roi, il n’y aurait pas eu de croix ― et pas d’Évangile !

« Lorsque Jésus vint, Il fit une offre en bonne et due forme d’un Royaume et du pouvoir au peuple d’Israël. »[14]

Que serait-il alors arrivé du salut de l’humanité si les Juifs avaient fait leur devoir et qu’ils avaient accepté cette offre ? Qu’en aurait-il été de la croix ― « sans effusion de sang il ne se fait point de rémission » ? Que serait-il arrivé des prophéties montrant la croix ? Comment Christ eut-Il offert un Royaume qu’Il ne pouvait permettre d’établir de crainte qu’il n’y ait pas de salut de l’homme par Son sang versé ? Les dispensationalistes tentent de s’absoudre du concept faisant de Dieu un menteur en déclarant qu’Il savait que personne ne croirait à Son bluff.

« Il savait avant de venir qu’ils le refuseraient [le Royaume] ― Il le savait de toute éternité ; d’où le fait que des prophètes parlèrent de Sa venue dans le but de mourir pour nous. »[15]

Le problème tient toujours. Même si Christ offrit un royaume terrestre en sachant que les Juifs allaient le refuser, l’offre n’a pas pu être rachetée. Une offre impossible à honorer n’est pas sincère, c’est une fraude. Notre Dieu ne fait pas d’offre hypocrite. En outre, si Christ est venu établir un royaume terrestre pour les Juifs, Il en a eu l’opportunité et le support de la foule :

« Mais Jésus ayant connu qu’ils devaient venir l’enlever afin de le faire Roi, se retira encore tout seul en la montagne » (Jean 6:15).

Non, Christ est venu au moment voulu pour mourir sur la croix, afin de racheter l’humanité déchue. Tous les vrais fils d’Abraham Le reconnurent. C’est lors de l’Ascension qu’Il reçut Son Royaume et Il est présentement assis sur Son trône !

« C’est pourquoi aussi ayant entendu parler de la foi que vous avez au Seigneur Jésus, et de la charité que vous avez envers tous les Saints, 16Je ne cesse point de rendre grâces pour vous dans mes prières ; 17Afin que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire, vous donne l’Esprit de sagesse, et de révélation, dans ce qui regarde sa connaissance ; 18Qu’il illumine les yeux de votre entendement, afin que vous sachiez quelle est l’espérance de sa vocation, et quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les Saints ; 19Et quelle est l’excellente grandeur de sa puissance envers nous qui croyons selon l’efficace de la puissance de sa force : 20Laquelle il a déployée avec efficace en Christ, quand il l’a ressuscité des morts, et qu’il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, 21Au-dessus de toute Principauté, de toute Puissance, de toute Dignité et de toute Domination, et au-dessus de tout Nom qui se nomme, non-seulement en ce siècle, mais aussi en celui qui est à venir » (Éphésiens 1:15-21).

La distinction dispensationaliste entre Israël et l’Église

« Alors, en comparant ce qui est dit dans les Écritures concernant Israël et l’Église, nous voyons qu’à l’origine, dans l’appel, dans les promesses, dans le culte, dans les principes de conduite et dans le destin futur, tout est contraste. »[16]

C’est sans aucun doute la distinction entre Israël et l’Église qui s’avère la doctrine centrale du dispensationalisme. Le dispensationalisme considère Israël comme un peuple physique ayant eu des promesses physiques, et l’Église comme un peuple céleste ayant reçu des promesses célestes. L’appartenance à Israël se fait par la naissance naturelle.[17] On entre dans l’Église par la naissance surnaturelle. Les dispensationalistes voient en Israël et l’Église deux destins distincts éternels. Israël recevra un royaume terrestre éternel et l’Église un Royaume céleste éternel.

Darby, père du dispensationalisme, déclara la distinction en termes des plus clairs : « La nation juive n’entrera jamais dans l’Église. »[18] Ryrie considère qu’il s’agit de la plus importante distinction dispensationaliste et il approuve la déclaration disant que « la promesse de base du dispensationalisme est deux desseins de Dieu exprimés dans la formation de deux peuples qui entretiennent leur distinction pour l’éternité. »[19]

Au contraire, la théologie chrétienne a toujours maintenu la continuité essentielle d’Israël et de l’Église. Les Élus de toutes les époques sont considérés comme un peuple unique, avec un unique Sauveur et une seule destinée. Cette continuité peut être démontrée en examinant quelques prophéties de l’Ancien Testament et leur accomplissement. Les dispensationalistes admettent que, si l’on peut montrer que l’Église rempli les promesses faites à Israël, leur système est condamné.

« Si l’Église accomplit les promesses d’Israël telles que contenues dans l’ancienne alliance, ou n’importe où dans les Écritures, le prémillénatisme (dispensationaliste) est condamné. »[20]

Promesse faite à Israël :

« Toutefois il arrivera que le nombre des enfants d’Israël sera comme le sable de la mer, qui ne se peut ni mesurer, ni compter ; et il arrivera qu’au lieu où on leur aura dit : Vous êtes Lo-hammi, il leur sera dit : Vous êtes les enfants du Dieu vivant » (Osée 1:10).

Accomplissement dans l’Église :

« Et qu’est-ce, si Dieu en voulant montrer sa colère, et donner à connaître sa puissance, a toléré avec une grande patience les vaisseaux de colère, préparés pour la perdition ? 23Et afin de donner à connaître les richesses de sa gloire dans les vaisseaux de miséricorde, qu’il a préparés pour la gloire ; 24Et qu’il a appelés, c’est-à-savoir nous, non seulement d’entre les Juifs, mais aussi d’entre les Gentils. 25Selon ce qu’il dit en Osée : j’appellerai mon peuple celui qui n’était point mon peuple ; et la bien-aimée, celle qui n’était point la bien-aimée ; 26Et il arrivera, qu’au lieu où il leur a été dit : vous n’êtes point mon peuple, là ils seront appelés les enfants du Dieu vivant » (Romains 9:22-26).

Promesse faite à Israël :

« Puis je la sèmerai pour moi en la terre, et je ferai miséricorde à Lo-ruhama ; et je dirai à Lo-hammi, tu es mon peuple ; et il me dira, mon Dieu » (Osée 2:23).

Accomplissement dans l’Église :

« Mais vous êtes la race élue, la Sacrificature royale, la nation sainte, le peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière ; 10Vous qui autrefois n’étiez point son peuple, mais qui maintenant êtes le peuple de Dieu ; vous qui n’aviez point obtenu miséricorde, mais qui maintenant avez obtenu miséricorde » (1 Pierre 2:9-10).

Promesse faite à Israël :

« En ce temps-là je relèverai le Tabernacle de David qui sera tombé, et je réparerai ses brèches, et je refermerai ses ouvertures ; je le rebâtirai comme il était aux jours anciens » (Amos 9:11).

Accomplissement dans l’Église :

« Simon a raconté comment Dieu a premièrement regardé les Gentils pour en tirer un peuple consacré à son Nom. 15Et c’est à cela que s’accordent les paroles des Prophètes, selon qu’il est écrit : 16Après cela je retournerai et rebâtirai le Tabernacle de David, qui est tombé, je réparerai ses ruines, et je le relèverai, 17Afin que le reste des hommes recherche le Seigneur, et toutes les nations aussi sur lesquelles mon Nom est réclamé, dit le Seigneur, qui fait toutes ces choses. 18De tout temps sont connues à Dieu toutes ses œuvres » (Actes 15:14-18).

De la même manière, il y a de nombreux passages de l’Ancien Testament se référant à Israël et qui, dans le Nouveau Testament, sont appliqués directement à l’Église.

Dit à Israël :

« Et il arrivera après ces choses que je répandrai mon Esprit sur toute chair ; et vos fils et vos filles prophétiseront ; vos vieillards songeront des songes, et vos jeunes gens verront des visions. 29Et même en ces jours-là je répandrai mon Esprit sur les serviteurs et sur les servantes. 30Et je ferai des prodiges dans les cieux et sur la terre, du sang et du feu, et des colonnes de fumée. 31Le soleil sera changé en ténèbres et la lune en sang, avant que le jour grand et terrible de l’Eternel vienne. 32Et il arrivera que quiconque invoquera le Nom de l’Eternel sera sauvé ; car le salut sera en la montagne de Sion, et dans Jérusalem, comme l’Eternel a dit, et dans les résidus que l’Eternel aura appelés » (Joël 2:28-32).

Appliqué à l’Église :

« Et comme le jour de la Pentecôte était venu, ils étaient tous ensemble dans un même lieu … Mais c’est ici ce qui a été dit par le Prophète Joël : 17Et il arrivera aux derniers jours, dit Dieu, que je répandrai de mon Esprit sur toute chair ; et vos fils et vos filles prophétiseront, et vos jeunes gens verront des visions, et vos Anciens songeront des songes. 18Et même en ces jours-là je répandrai de mon Esprit sur mes serviteurs et sur mes servantes, et ils prophétiseront. 19Et je ferai des choses merveilleuses dans le ciel en haut, et des prodiges sur la terre en bas, du sang, et du feu, et une vapeur de fumée. 20Le soleil sera changé en ténèbres, et la lune en sang, avant que ce grand et notable jour du Seigneur vienne. 21Mais il arrivera que quiconque invoquera le Nom du Seigneur sera sauvé » (Actes 2:1, 16-21).

Dit à Israël :

« Et vous me serez un royaume de Sacrificateurs, et une nation sainte; ce sont là les discours que tu tiendras aux enfants d’Israël » (Exode 19:6).

Appliqué à L’Église :

« Mais vous êtes la race élue, la Sacrificature royale, la nation sainte, le peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière » (1 Pierre 2:9).

Dit à Israël :

« Et mon pavillon sera parmi eux ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple » (Ézéchiel 37:27).

Appliqué à l’Église :

« Et quelle convenance y a-t-il du Temple de Dieu avec les idoles ? car vous êtes le Temple du Dieu vivant, selon ce que Dieu a dit : j’habiterai au milieu d’eux, et j’y marcherai ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple » (2 Corinthiens 6:16).

Dit à Israël :

« Parle à toute l’assemblée des enfants d’Israël, et leur dis : Soyez saints ; car je suis saint, moi l’Eternel votre Dieu » (Lévitique 19:2).

Appliqué à l’Église :

« Mais comme celui qui vous a appelés est saint, vous aussi de même soyez saints dans toute votre conversation ; 16Parce qu’il est écrit : soyez saints, car je suis saint » (1 Pierre 1:15-16).

Dit à Israël :

« Voici, les jours viennent, dit l’Eternel, que je traiterai une nouvelle alliance avec la maison d’Israël, et avec la maison de Juda » (Jérémie 31:31).

Appliqué à l’Église :

« De même, après avoir soupé, il leur donna la coupe, en disant : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous » (Luc 22:20, version d’Ostervald).

La Nouvelle Alliance s’avère particulièrement problématique pour les dispensationalistes, car Jérémie 31 s’adresse indubitablement à Israël. La Nouvelle Alliance est au cœur de l’Évangile, néanmoins, si l’Église rempli la promesse donnée à Israël sous la Nouvelle Alliance, le dispensationalisme est mort. Dans ses premiers écrits, Ryrie fait cette déclaration significative :

« Si l’Église n’a pas une nouvelle alliance, elle accomplit alors les promesses faites à Israël, car il a été clairement démontré que l’enseignement de l’Ancien Testament à propos de la nouvelle alliance est pour Israël. Si l’Église rempli les promesses d’Israël telles que contenues dans la nouvelle alliance ou n’importe où ailleurs dans les Écritures, alors, le prémillénarisme [dispensationaliste] est condamné. On peut bien demander pourquoi il n’y aurait pas deux aspects à l’unique nouvelle alliance. C’est la position maintenue par de nombreux prémillénaristes, mais nous acceptons que l’amillénariste a tous les droits de dire de cette vision que c’est une admission concrète que la nouvelle alliance est accomplie dans et par l’Église. »[21]

Le dispensationalisme a utilisé divers arguments pour se sortir de ce problème insurmontable. Le plus hardi est le concept de deux Nouvelles Alliances. Il semble que Chafer soit à l’origine de cette idée :

« Il reste à reconnaître une alliance céleste pour le peuple céleste, qui est également appelée comme la précédente à l’endroit d’Israël « une nouvelle alliance ». Elle est établie sur le sang de Christ (cf. Marc 14:24) et continue dans son effet à travers cette ère-ci, alors que la nouvelle alliance passée avec Israël s’avère encore future dans son application. Supposer que ces deux alliances ― une pour Israël et une pour l’Église ― soient la même, c’est présumer qu’il y a latitude d’intérêt commun entre le dessein de Dieu pour Israël et son dessein pour l’Église. »[22]

Les dispensationalistes cohérents reconnaissent le problème depuis longtemps. E. W. Bullinger note que la coupe du Repas du Seigneur était véritablement la Nouvelle Alliance de Jérémie 31:31-33, dirigée vers Israël et non pas vers l’Église et, pour cette raison même, l’Église « mystérieuse » ne devait pas l’administrer. Les dispensationalistes modérés (inconséquents), ne comprenant pas le sacrement, mais désirant quand même préserver leur « mémoire », manoeuvrèrent pour se sortir de cette situation fâcheuse. John F. Walvoord, qui devint le président du Séminaire Théologique de Dallas, et qui appert être le champion dirigeant contemporain de la deuxième nouvelle alliance, écrit :

« Le point de vue qui préconise deux alliances dans l’ère présente possède certains avantages. Il fournit une raison sensée pour l’établissement du Repas du Seigneur à l’endroit des croyants de cette ère dans la commémoration du sang de la nouvelle alliance. Le langage de 1 Corinthiens 11:25 semble l’exiger : « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en boirez » (version Louis Segond). Il semble peu raisonnable de s’attendre à ce que les chrétiens fassent la distinction entre la coupe et la nouvelle alliance alors qu’elles apparaissent comme identiques dans ce passage. Dans 2 Corinthiens 3:6, Paul déclare, en parlant de lui-même : « Il [Dieu] nous a aussi rendus capables d’être ministres d’une nouvelle alliance » (version Louis Segond). Il serait difficile d’adapter le ministère de Paul en tant que ministre de la nouvelle alliance si, en fait, il n’y a pas de nouvelle alliance pour l’ère présente. »[23]

Discutant de l’épître aux Hébreux, Walvoord met en contraste l’(ancienne) Alliance mosaïque, la Nouvelle Alliance et sa nouvelle « Meilleure » Alliance. L’identification de la Nouvelle Alliance qui remplace l’Ancienne Alliance apparaîtra certaine dans la longue citation de Jérémie 31 contenue dans l’épître, et c’est donc avec un certain étonnement qu’on lit la dénégation de Walvoord :

« L’épître aux Hébreux, de par son titre même, s’adresse au peuple juif. L’épître est planifiée dans le but de démontrer que Christ et la doctrine chrétienne surpassent Moïse et l’alliance mosaïque. L’argument qui se trouve dans Hébreux huit s’engage dans la révélation que Christ est Médiateur d’une meilleure alliance que Moïse, établie sur de meilleures promesses. À ce point, le rédacteur démontre que l’alliance mosaïque ne fut jamais destinée à être éternelle (au contraire d’autres alliances juives) et que l’Ancien Testament anticipait lui-même le jour de sa disparition. Pour prouver ce point, on cite le passage de Jérémie sur la nouvelle alliance (Hébreux 8:8-12) […] Il n’y a pas du tout d’appel au contenu de la nouvelle alliance avec Israël comme étant identique à la meilleure alliance dont parle Hébreux. L’absence même d’un tel appel est aussi fort que puisse l’être tout argument basé sur le silence. »[24]

Les dispensationalistes, déterminés à se cramponner à leur fausse distinction entre Israël et l’Église, se voient forcés d’abandonner l’application de la Nouvelle Alliance à l’Église en tout sens réel. Albertus Pieters, cependant, représentant les commentateurs non dispensationalistes en général, explique :

« C’est entièrement exact [que Jérémie 31 s’applique à Israël], et c’est à la maison d’Israël que survint l’accomplissement. L’objection surgit de l’échec à percevoir que l’Église chrétienne, à son origine, était un corps israélite, pleinement qualifié pour réclamer les promesses faites à Israël […] L’Église chrétienne une fois établie, de nombreux Gentils y entrèrent, mais ça n’en fit pas une « église parmi les Gentils », pas plus que la naturalisation de nombreux Italiens dans notre pays en fait une nation parmi les Italiens […] Ils furent tous des membres israélites du peuple de Dieu de l’Ancienne Alliance à qui la promesse avait été faite. En accord strict avec la promesse et avec le principe prévalent de l’histoire de l’alliance, la promesse de la Nouvelle Alliance fut accomplie pour eux, le reste croyant. La promesse fut faite « à la maison d’Israël et à la maison de Juda » et l’accomplissement vint par les partis désignés ; par tous ceux qui étaient, aux yeux de Dieu et selon une juste interprétation de la prophétie, encore digne de porter le nom : « Israël et Juda » […] En tout cela, spiritualisons-nous la prophétie, comme l’allèguent certains ? Pas du tout. Nous déclarons un fait historique, clairement contenu dans les enregistrements sacrés, que dans ou alentours du printemps de l’an 30 apr. J.-C., la masse de ceux qui s’appelaient Israélites cessèrent de l’être en regard du dessein prophétique de l’alliance, ayant perdu leur citoyenneté dans le commonwealth d’Israël en refusant d’accepter le Messie et qu’après cet événement, tous les privilèges de l’Alliance abrahamique et toutes les promesses de Dieu appartinrent au reste croyant, et à lui seulement ; lequel reste fut dès lors et par la suite les véritables Israël et Juda, la semence d’Abraham, l’Église chrétienne. Donc, la promesse fut accomplie strictement et en définitive par les partis désignés. »[25]

5. Comment l’enlèvement pré-tribulationiste nie l’Évangile

Nous avons examiné le fait que la compréhension dispensationaliste de la « dispensation » invalide la réalité de la grâce dans toutes les ères, comment « l’Offre du Royaume » dispensationaliste porte gravement atteinte à l’honnêteté de Dieu et ne fait de l’Évangile rien d’autre qu’une pensée d’après coup, et comment la présumée distinction entre Israël et l’Église nie la Nouvelle Alliance pour les deux. Nous allons maintenant voir comment la doctrine singulièrement dispensationaliste de l’Enlèvement pré-tribulationiste de l’Église rend ces erreurs manifestes.

La récente doctrine de l’enlèvement pré-tribulationiste est au centre de l’enseignement dispensationaliste. La suppression de l’église vers le ciel précédant la période de la Tribulation, alors que l’horloge prophétique arrêtée recommence à faire tic-tac pour Israël avec la « septième semaine de Daniel », fut une innovation de Darby.

« Darby rompit, non seulement avec l’enseignement millénariste précédent, mais également avec toute l’histoire de l’Église en affirmant que la seconde venue de Christ se ferait en deux temps. Le premier, un « enlèvement secret » et invisible des vrais croyants, peut survenir à tout moment, mettant fin à la grande « parenthèse » ou ère de l’Église qui s’amorça lorsque les Juifs rejetèrent le Christ. »[26]

Scofield enseigna aussi cette doctrine, de même que Chafer, Ryrie, Walvoord, etc. Dans les écoles dispensationalistes, ne pas tenir de manière inébranlable à la doctrine de l’enlèvement pré-tribulationiste peut avoir des conséquences désastreuses.

« […] la doctrine de l’enlèvement pré-tribulationiste de l’Église semble être le test décisif d’orthodoxie. Pour « ceux du dehors », y compris les prémillénaristes classiques, cette doctrine n’est pas cruciale, si jamais on y croit. Mais, non seulement y tient-on de façon vigoureuse dans le Dispensationalisme de Dallas, mais toute déviation rend quiconque suspect et les institutions en sont secouées et même parfois se séparent. »[27]

Il est malheureux que « ceux du dehors » ― prémillénaristes historiques, postmillénaristes et amillénaristes ― n’aient pas pris plus au sérieux cette doctrine distinctement dispensationaliste, car c’est ici que la théologie dispensationaliste passe ou casse. C’est la doctrine de l’enlèvement pré-tribulationiste qui prouve de manière concluante que le Dispensationalisme n’est pas, comme le déclarent pourtant les dispensationalistes, un retour à la théologie biblique ― mais une secte pseudo-chrétienne.

La plupart des arguments amenés contre le pré-tribulationisme se sont concentrés à démontrer que la doctrine est un nouveau développement dans la théologie et qu’on ne peut la trouver dans les Écritures. Divers commentateurs et théologiens orthodoxes, des rangs de chacune des perspectives millénaristes,[28] en ont présenté le cas avec beaucoup de talent. Nous l’aborderons toutefois différemment et montrerons que la doctrine est en opposition directe avec l’Évangile infini de Jésus-Christ.

La majorité des premiers théologiens dispensationalistes tolérèrent que les saints de l’Ancien Testament soient ressuscités en même temps que l’Église lors de l’enlèvement pré-tribulationiste. Alexander Reese, prémillénariste classique, détruisit complètement cette position grâce à des arguments scripturaires convaincants, situant la résurrection des saints de l’Ancien Testament au Jour du Seigneur à la fin des Tribulations.[29]

« Or, en ce temps-là Michaël, ce grand Chef qui tient ferme pour les enfants de ton peuple, tiendra ferme ; et ce sera un temps de détresse, tel qu’il n’y en a point eu depuis qu’il y a eu des nations, jusqu’à ce temps-là ; et en ce temps-là ton peuple, c’est à savoir, quiconque sera trouvé écrit dans le Livre, échappera. 2Et plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour les opprobres et pour l’infamie éternelle » (Daniel 12:1-2).

« Ce que j’ouïs bien, mais je ne l’entendis point ; et je dis : Mon Seigneur, quelle sera l’issue de ces choses ? 9Et il dit : Va, Daniel, car ces paroles sont closes et cachetées jusqu’au temps déterminé. 10Il y en aura plusieurs qui seront nettoyés et blanchis, et rendus éprouvés ; mais les méchants agiront méchamment, et pas un des méchants n’aura de l’intelligence, mais les intelligents comprendront. 11Or depuis le temps que le sacrifice continuel aura été ôté, et qu’on aura mis l’abomination de la désolation, il y aura mille deux cent quatre-vingt-dix jours. 12Heureux celui qui attendra, et qui parviendra jusques à mille trois cent trente-cinq jours. 13Mais toi, va à ta fin ; néanmoins tu te reposeras, et demeureras dans ton état jusqu’à la fin de tes jours » (Daniel 12:8-13).

Aucun dispensationaliste n’argumenterait en disant que le « … temps de détresse, tel qu’il n’y en a point eu depuis qu’il y a eu des nations », « l’abomination de la désolation » et la cessation du sacrifice continuel ne sont pas des références à l’époque de la Tribulation. Pourtant, il est dit à Daniel que la résurrection suivra ces événements.

Alors, les dispensationalistes, dans la plupart des cas, amendèrent leur position pour séparer la résurrection des saints de l’Ancien Testament de l’enlèvement.

« […] de nombreux étudiants soigneux de la vérité prémillénariste en sont venus à la conclusion que l’opinion selon laquelle la résurrection d’Israël survient au moment de l’enlèvement en était une précipitée et sans fondement scripturaire adéquat. Il semble de beaucoup préférable de considérer la résurrection de Daniel 12:2 comme étant littérale et qui suit les Tribulations, sans toutefois être identifiée à l’enlèvement pré-tribulationiste de l’Église. […] L’Église sera ressuscitée lors de l’enlèvement, avant les tribulations, et les saints de l’Ancien Testament, y compris Israël, au début du règne millénaire de Christ. »[30]

À ce point-ci, les dispensationalistes ont sauté de la poêle directement au feu. Afin de conserver la précieuse doctrine de l’enlèvement pré-tribulationiste de l’Église, ils ressuscitent les saints de l’Ancien Testament à part des saints de l’ère de l’Église. Nous remarquons que c’est cohérent avec la compréhension dispensationaliste des « dispensations » et avec leur distinction entre Israël et l’Église. Cela révèle également que l’accusation de longue date lancée par le christianisme orthodoxe que le dispensationalisme enseigne de multiples méthodes de salut est absolument vraie. Examinons quelques textes concernant la résurrection des saints.

« Voici donc ce que je dis, mes frères, c’est que la chair et le sang ne peuvent point hériter le Royaume de Dieu, et que la corruption n’hérite point l’incorruptibilité. 51Voici, je vous dis un mystère : nous ne dormirons pas tous, mais nous serons tous transmués ; 52En un moment, et en un clin d’oeil, à la dernière trompette, car la trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous serons transmués. 53Car il faut que ce corruptible revête l’incorruptibilité, et que ce mortel revête l’immortalité. 54Or quand ce corruptible aura revêtu l’incorruptibilité, et que ce mortel aura revêtu l’immortalité, alors cette parole de l’Ecriture sera accomplie : la mort est détruite par la victoire. 55Où est, ô mort, ton aiguillon ? où est, ô sépulcre, ta victoire ? » (1 Corinthiens 15:50-55).

« Car nous vous disons ceci par la parole du Seigneur, que nous qui vivrons et resterons à la venue du Seigneur, ne préviendrons point ceux qui dorment. 16Car le Seigneur lui-même avec un cri d’exhortation, et une voix d’Archange, et avec la trompette de Dieu descendra du Ciel ; et ceux qui sont morts en Christ ressusciteront premièrement ; 17Puis nous qui vivrons et qui resterons, serons enlevés ensemble avec eux dans les nuées, au-devant du Seigneur, en l’air et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur » (1 Thessaloniciens 4:15-17).

Dans ces textes classiques de justification du dispensationalisme concernant l’enlèvement pré-tribulationsite, nous voyons que les justes décédés sont ressuscités premièrement, puis ceux qui sont encore vivants et qui restent sont transmués dans un corps incorruptible et rassemblés à Christ. Alors, comment les dispensationalistes justifient-ils le concept des saints de l’Ancien Testament ressuscités à un certain moment après cette époque ?

« Plusieurs personnes sont ébranlées à la pensée que les saints de l’Ancien Testament ne seront pas ressuscités avant la fin des tribulations. Mais gardez à l’esprit que l’enlèvement est une promesse faite à l’Église, et à l’Église seulement. »[31]

Nous voyons que la distinction imposée de façon dispensationaliste entre Israël et l’Église est à la racine de l’argument. Les saints de l’Ancien Testament ne sont pas « dans l’Église » et, par conséquent, ne renaîtront pas à la vie éternelle au même moment que les saints de l’Église.

« D’après le dispensationalisme, les gens de l’Ancien Testament ne sont pas héritiers du Saint-Esprit, ne sont pas régénérés par Lui et ne sont pas greffés par Lui à Christ de la même manière que le sont les gens du Nouveau Testament. »[32]

« […] le verset dit simplement que les morts en Christ précéderont les vivants en Christ lors de l’enlèvement. Si vous dites que Daniel devrait être inclus dans « les morts », vous devez alors démontrer que Daniel est « en Christ ». Si vous étudiez le Nouveau Testament, vous verrez que « en Christ » se réfère au baptême dans le Saint-Esprit. « Car nous avons tous été baptisés d’un même Esprit, pour être un même corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, nous avons tous, dis-je, été abreuvés d’un même Esprit. » […] Pas moyen que Daniel ait fait partie du Corps de Christ. Ce verset de 1 Thessaloniciens 4:16 ne s’applique tout simplement pas à lui. Le Saint-Esprit n’habitait pas en permanence dans les croyants de l’Ancien Testament. Ce n’est pas réellement les gens ou l’époque qui délimitent l’Église ― c’est le Saint-Esprit. La foi personnelle en Jésus-Christ ― ce à quoi se réfère le passage ― ne faisait pas partie des options des saints de l’Ancien Testament. Ils ne sont pas considérés dans ce passage. Il y est question des gens qui ont pour option cette foi personnelle en Jésus […] Les saints de l’Ancien Testament sont « en Christ » en ce sens que la mort de Jésus est le fondement du salut de quiconque ― passé, présent et à venir. Toutefois, ils ne firent pas partie du Corps de Christ, dans le sens d’avoir été habités en permanence par le Saint-Esprit. »[33]

« Le terme technique pour l’Église est ceux qui sont « en Christ ». 1 Thessaloniciens parle de ceux qui sont morts « en Christ » et qui seront ressuscités au moment de son Retour DANS LES AIRS. Le contexte n’a en vue que l’Église SEULEMENT. »[34]

Cette distinction dispensationaliste entre les saints de l’Ancien et du Nouveau Testaments, de l’Église et d’Israël, est, en fait, ce qui prive le dispensationalisme de se réclamer de la chrétienté, car, par cette distinction même, le dispensationalisme enseigne de multiples méthodes de salut. En excluant les saints de l’Ancien Testament de l’ekklesia (l’Église), on exige du dispensationaliste qu’il produise des moyens, autres que le partage de la Nouvelle Alliance en Christ, à l’un ou l’autre des groupes de se voir accorder la vie éternelle. L’enseignement de l’Église, lors des 2 000 dernières années, dissipe cela, comme le fait notre Seigneur.

« Et Jésus leur dit : en vérité, en vérité je vous dis, que si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et ne buvez son sang, vous n’aurez point la vie en vous-mêmes. 54Celui qui mange ma chair, et qui boit mon sang a la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour. 55Car ma chair est une véritable nourriture, et mon sang est un véritable breuvage. 56Celui qui mange ma chair, et qui boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui » (Jean 6:53-56).[35]

Prenez note de ces points qui contredisent la doctrine dispensationaliste :

Quiconque ne participe pas à la Nouvelle Alliance dans le sang de Christ n’a pas la vie. Le saint de l’Ancien Testament doit partager la Nouvelle Alliance, comme le saint du Nouveau Testament et de la Tribulation, afin d’avoir la vie.
TOUS ceux qui y participent sont ressuscités AU DERNIER JOUR. Ce jour est « la fin des jours » prophétisée par Daniel :

« Mais toi, va à ta fin. Tu reposeras, et tu seras debout pour ton lot, à la fin des jours » (Daniel 12:13).

TOUS ceux qui y participent sont « en Christ » et Lui en eux.
TOUS LES SAINTS ont la promesse d’une même résurrection, par le même sang, au même moment !

« C’est pourquoi il est Médiateur du Nouveau Testament, afin que la mort intervenant pour la rançon des transgressions qui étaient sous le premier Testament, ceux qui sont appelés reçoivent l’accomplissement de la promesse qui leur a été faite de l’héritage éternel » (Hébreux 9:15).

« Par la foi il demeura comme étranger en la terre, qui lui avait été promise, comme si elle ne lui eût point appartenu, demeurant sous des tentes avec Isaac et Jacob, qui étaient héritiers avec lui de la même promesse. 10Car il attendait la cité qui a des fondements, et de laquelle Dieu est l’architecte, et le fondateur » (Hébreux 11:9-10).

« Tous ceux-ci sont morts en la foi, sans avoir reçu les choses dont ils avaient eu les promesses, mais ils les ont vues de loin, crues, et saluées, et ils ont fait profession qu’ils étaient étrangers et voyageurs sur la terre … 16Mais ils en désiraient un meilleur, c’est-à-dire, le céleste ; c’est pourquoi Dieu ne prend point à honte d’être appelé leur Dieu, parce qu’il leur avait préparé une Cité » (Hébreux 11:13, 16).

« Et quoiqu’ils aient tous été recommandables par leur foi, ils n’ont pourtant point reçu l’effet de la promesse ; 40Dieu ayant pourvu quelque chose de meilleur pour nous ; en sorte qu’ils ne sont point parvenus à la perfection sans nous » (Hébreux 11:39-40).

Le dispensationaliste, ignorant l’enseignement limpide des Écritures et de l’Église historique, nie l’existence de l’assemblée générale et recule vers la perdition en plaidant pour l’ombre en tant que moyen de salut pour les saints de l’Ancien Testament et de la Tribulation, tout cela afin de préserver l’illusion de l’enlèvement pré-tribulationiste !

« Mais vous êtes venus à la montagne de Sion, et à la Cité du Dieu vivant, à la Jérusalem céleste, et aux milliers d’Anges, 23Et à l’assemblée et à l’Eglise des premiers nés qui sont écrits dans les Cieux, et à Dieu qui est le juge de tous, et aux esprits des justes sanctifiés ; 24Et à Jésus, le Médiateur de la nouvelle alliance, et au sang de l’aspersion, qui prononce de meilleures choses que celui d’Abel. 25Prenez garde de ne mépriser point celui qui vous parle ; car si ceux qui méprisaient celui qui leur parlait sur la terre, ne sont point échappés, nous serons punis beaucoup plus, si nous nous détournons de celui qui parle des Cieux ; 26Duquel la voix ébranla alors la terre, mais à l’égard du temps présent, il a fait cette promesse, disant : j’ébranlerai encore une fois non seulement la terre, mais aussi le Ciel. 27Or ce mot, encore une fois, signifie l’abolition des choses muables, comme ayant été faites de main, afin que celles qui sont immuables demeurent ; 28C’est pourquoi saisissant le Royaume qui ne peut point être ébranlé, retenons la grâce par laquelle nous servions Dieu, en sorte que nous lui soyons agréables avec respect et avec crainte, 29Car aussi notre Dieu est un feu consumant » (Hébreux 12:22-29).

L’argument dispensationaliste qui proclame que les saints de l’Ancien Testament sont, en quelque sorte, sauvés à cause de Christ, plutôt que « en Christ » en participant à la Nouvelle Alliance en Son Sang, s’oppose à la sotériologie chrétienne orthodoxe.

« La vérité va inévitablement se manifester. C’est ce qu’elle a fait dans la sotériologie dispensationaliste. La vérité, c’est qu’un autre moyen de salut, en quelque sorte relié à Christ, mais ne reposant pas sur Christ, est un moyen DIFFÉRENT. Le dispensationaliste est, à ce point, et peut-être inconsciemment, conséquent avec lui-même. Il ne considère pas le peuple de Dieu de l’Ancien Testament comme des citoyens de deuxième, troisième ou quatrième classe dans le Royaume de Dieu. Ils n’en sont tout simplement pas, des citoyens ! Bien que les dispensationalistes affirment rondement que le peuple de l’Ancien Testament fut sauvé par Christ, il n’y a AUCUN MOYEN, DANS LEUR SYSTÈME THÉOLOGIQUE, qu’il le soit. »[36]

6. Des questions adressées aux dispensationalistes

Si le dispensationaliste répond simplement et honnêtement aux questions présentées ici, nous allons être en mesure de discerner si les accusations contre le dispensationalisme sont vraies :

1. Les saints de l’Ancien Testament sont-ils participants du sang de Christ répandu pour les péchés ?

« Et Jésus leur dit : en vérité, en vérité je vous dis, que si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et ne buvez son sang, vous n’aurez point la vie en vous-mêmes. 54Celui qui mange ma chair, et qui boit mon sang a la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour » (Jean 6:53-54).

« Et comme ils mangeaient, Jésus prit le pain, et après qu’il eut béni Dieu, il le rompit et le donna à ses Disciples, et leur dit : prenez, mangez ; ceci est mon corps. 27Puis ayant pris la coupe, et béni Dieu, il la leur donna, en leur disant : buvez-en tous. 28Car ceci est mon sang, le sang du Nouveau Testament, qui est répandu pour plusieurs en rémission des péchés » (Matthieu 26:26-28).

2. L’Esprit de Christ habite-t-il dans les saints de l’Ancien Testament ?

« Celui qui mange ma chair, et qui boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui » (Jean 6:56).

« Or vous n’êtes point en la chair, mais dans l’Esprit ; si toutefois l’Esprit de Dieu habite en vous ; mais si quelqu’un n’a point l’Esprit de Christ, celui-là n’est point à lui » (Romains 8:9).

« C’est de ce salut que se sont informés et enquis les prophètes, qui ont prophétisé touchant la grâce qui est en vous ; 11Recherchant, pour quel temps et quelles conjonctures l’Esprit de Christ qui était en eux, et qui rendait témoignage d’avance, leur révélait les souffrances de Christ, et la gloire dont elles seraient suivies » (1 Pierre 1:10-11).

3. Est-ce que TOUS les saints de TOUTES les ères forment UN SEUL CORPS, s’abreuvant à un MÊME Esprit ?

« La coupe de bénédiction, laquelle nous bénissons, n’est-elle pas la communion du sang de Christ ? et le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion du corps de Christ ? 17Parce qu’il n’y a qu’un seul pain, nous qui sommes plusieurs, sommes un seul corps ; car nous sommes tous participants du même pain » (1 Corinthiens 10:16-17).

« Car nous avons tous été baptisés d’un même Esprit, pour être un même corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, nous avons tous, dis-je, été abreuvés d’un même Esprit » (1 Corinthiens 12:13).

Si l’on répond par l’affirmative aux questions posées ici, on a abandonné le dispensationalisme. Félicitations, frères et sœurs, et bienvenue dans le christianisme orthodoxe ! Si l’on répond à l’une de ces questions par la négative, alors les accusations portées contre le dispensationalisme sont vraies et nous voudrions que la personne produise le moyen de salut des saints de l’Ancien Testament !

L’hyperdispensationalisme

Les doctrines distinctives du dispensationalisme ont été enseignées avec le plus de conséquence par un mouvement diversement identifié comme l’Hyperdispensationalisme, l’Ultradispensationalisme, le Dispensationalisme conséquent ou Bullingerisme. Le mouvement tire son origine de l’enseignement de Ethelbert W. Bullinger. C’est le descendant de Heinrich Bullinger, successeur de Zwingli.[37] L’enseignement de Bullinger séparait Israël et l’Église d’une manière encore plus radicale que le firent Darby ou Scofield, plaçant le début de l’Église lors de l’emprisonnement de Paul à Rome.

« Il n’y eut pas de commencement d’Église lors du jour de la Pentecôte. »[38]

« Cette déclaration affirmative que Paul ne fit pas que confirmer la parole qui « commença d’être annoncée par le Seigneur » ; mais que, comme le propre ministère du Seigneur, celui de Paul ne fut entièrement fondé que sur les Écritures prophétiques de l’Ancien Testament, « Moïse et les Prophètes ». À partir de là, nous en concluons qu’il ne peut y avoir de dispensation de l’Église dans les Actes des Apôtres, et certainement pas de révélation du mystère (ou du Secret) comme il l’a fait connaître subséquemment dans les dernières épîtres écrites de sa prison à Rome. »[39]

Cette doctrine effectue des choses étonnantes avec l’application des Écritures à l’Église. Matthieu, Marc, Luc et Jean décrivent la prédication de « l’Évangile du Royaume » et n’ont aucune application directe à l’Église. La période entre la croix de Christ et la fin des Actes des Apôtres est le domaine de l’Église hébraïque, distinguée du « mystère » de l’Église à laquelle les épîtres de Paul en prison sont adressées.

Pendant cette période transitoire, « l’Évangile du Royaume » que Jésus a offert aux Juifs était toujours effectif. Pierre, Jacques, Jude, Hébreux et les épîtres de Jean sont tous adressés à cette Église hébraïque qui n’est pas le « Corps de Christ », mais une Église « bâtie sur Christ ». Cette Église juive, érigée sur les promesses du Royaume, sera rétablie durant le Millénium et rendra son culte dans le Temple reconstruit, avec des sacrifices d’expiation.

L’Église « mystère » n’a que les épîtres de Paul en prison pour doctrines. Les sacrements du Saint Baptême et du Repas du Seigneur, ayant été institués avant la révélation du « mystère » de l’Église, sont relégués à l’ancienne dispensation, même s’ils peuvent avoir application aux saints de la Tribulation. L’Église « mystère » n’a pas besoin d’un « Médiateur de la Nouvelle Alliance », car elle est le « corps » ― c’EST Christ. Certains bullingerites ont adopté des hérésies telles que le sommeil de l’âme et l’annihilationisme, et d’autres proclament une branche de l’universalisme qui accorde le salut même à Satan. L’extrémité où s’est rendu l’hyperdispensationaliste avec la doctrine de Darby choque même le fidèle dispensationaliste. Harry Ironside, un des intendants du dispensationalisme, déclare :

« Ayant eu des relations des plus étroites avec le Bullingerisme tel qu’enseigné par nombre de gens lors des quarante dernières années, je n’ai aucune hésitation à dire que ses fruits sont mauvais. Il a produit une énorme moisson d’hérésies dans tout le pays et ailleurs ; il a divisé les chrétiens et naufragé des églises et des assemblées sans nombre ; il a fait basculer ses fervents dans l’orgueil intellectuel et spirituel à une ampleur épouvantable, de façon qu’ils regardent avec un suprême mépris les chrétiens qui n’acceptent pas leurs points de vue particuliers ; et dans la plupart des circonstances où il fut toléré pendant longtemps, il a étouffé de manière absolue les efforts évangéliques chez nous et semé la discorde dans les champs missionnaires outremer. Ceci est tellement vrai à propos de ce système que je n’hésite pas à dire qu’il s’agit d’une perversion absolument satanique de la vérité. »[40]

Les procédés de Bullinger montrent les faiblesses de l’interprétation dispensationaliste traditionnelle, et cherchent à les résoudre avec une application dispensationaliste conséquente. Bullinger fut un des premiers à admettre que les saints de l’Ancien Testament devaient ressusciter à la fin des Tribulations, et il proposa un programme de résurrections multiples. La majorité des dispensationalistes regardent l’évangile de Matthieu comme un livre juif, avec les Juifs en vue dans les chapitres apocalyptiques 24 et 25, désirant pourtant préserver la Grande Mission pour l’appliquer à l’Église. Les dispensationalistes conséquents assignent la Mission à un futur reste juif de l’Église.

« Nous voyons donc que les ultradispensationalistes vont à la limite de la position dispensationaliste alors que les dispensationalistes plus modérés, au prix de la cohérence, essaient de démarquer à mi-chemin. Les deux variétés de dispensationalistes croient qu’il y a une différence qualitative entre Israël et l’Église […] La morale de toute cette histoire, pour le dispensationaliste scofieldien, c’est que, s’il ne construit pas sur la continuité de l’alliance des dispensations antérieures, il n’y a tout simplement aucune façon par laquelle il peut faire de la place à l’Église dans un stade ultérieur. Les ultradispensationalistes le soulignent depuis un siècle. Les théologiens de l’Alliance le démontrent depuis des millénaires. »[41]

Les Bullingerites ont les bras grands ouverts pour accueillir les dispensationalistes modérés. Tout ce qu’il faut, c’est d’appliquer le système dispensationaliste avec consistance.

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LEXIQUE

Amillénarisme

Point de vue prônant qu’il n’y aura pas (a) de Royaume terrestre visible de 1 000 (mille) ans, ou « millenium ». Il est mieux désigné sous le nom de « millénarisme réalisé », puisqu’il enseigne que les 1 000 ans d’Apocalypse 20, compris symboliquement, commencèrent lors de la première venue de Christ.

Antichrist

L’apôtre Jean est le seul écrivain biblique ayant utilisé l’expression « antichrist » et applique le terme dans un sens général aux nombreuses personnes qui s’opposent à Christ ou cherchent à le remplacer. Martin Luther se référa au pape et à diverses doctrines non bibliques de l’Église de Rome dans le sens d’antichrist. Le concept d’un seul individu qui incarne le mal et qui, à la fin des temps, persécute le peuple de Dieu, se trouve partout dans les écrits apocalyptiques.

Armageddon

Dérivé de l’hébreu har megiddo, « la montagne de Megiddo », en Palestine. Armageddon se rapporte à la bataille mentionnée dans Apocalypse 16:16.

Bullingerites

Disciples de Ethelbert W. Bullinger qui porta la théologie dispensationaliste de manière consistante à sa conclusion logique. Aussi appelée « hyperdispensationalistes », « ultradispensationalistes », ou dispensationalistes « conséquents ».

Chiliasme

Voir « millénarisme ».

Dispensationalisme

Aussi appelé prémillénarisme dispensationaliste, il s’agit d’un système de théologie qui divise l’histoire en dispensations distinctes ou périodes de temps dans lesquelles Dieu donne une révélation spécifique et où l’homme est testé en regard de son obéissance à cette révélation. Tous les dispensationalistes sont prémillénaristes, mais tous les prémillénaristes ne sont pas dispensationalistes.

Enlèvement

Ceci se réfère à l’événement décrit dans 1 Thessaloniciens 4:14-17, alors que les croyants seront « enlevés » ou « ravis » dans les nuées pour rencontrer Christ dans les airs. La position de « l’enlèvement pré-tribulationsite » soutient que l’enlèvement arrivera avant une période de sept ans de tribulations ; la position de « l’enlèvement mi-tribulationiste » place l’enlèvement au milieu d’un sept ans de tribulations ; la position « post-tribulationiste » soutient que l’enlèvement surviendra à la fin des tribulations.

Eschatologie

Dérivé du mot grec eschaton, « fin », l’eschatologie est l’étude des temps de la fin. Eschatologique signifie « qui appartient à la fin ».

Millénarisme

Dérivé des mots latins mille, « mille », et annus, « année » (Apocalypse 20), le millénarisme enseigne qu’il y aura possiblement un Royaume de Dieu de 1 000 ans sur terre. On l’appelle aussi « chiliasme », du mot grec chilia, « mille ».

Nouvelle Alliance

L’alliance de Jérémie 31:31-34 que Christ scella avec Son Sang au Calvaire (Hébreux 8:6-13 ; 9:11-15 ; Luc 22:11-20). Certains dispensationalistes font la distinction entre une nouvelle alliance terrestre n’appartenant qu’aux Juifs et une alliance spirituelle « meilleure » n’appartenant qu’aux saints de l’ère de l’Église (Walvoord). D’autres dispensationalistes (bullingerites) nient toute application de la Nouvelle Alliance à l’Église.

Orthodoxe

Conforme à la foi chrétienne telle que formulée dans les premiers credo et confessions œcuméniques.

Prémillénarisme

C’est le point de vue selon lequel le Second Avènement de Christ arrivera avant (pre) le « millénium », sous-entendu comme un règne de 1 000 ans de Christ sur terre.

Postmillénarisme

C’est le point de vue prônant que le Second Avènement de Christ arrivera après (post) le « millénium », sous-entendu comme un âge d’or sur terre, mais ne durant pas nécessairement 1 000 ans.

Sotériologie

En théologie, la doctrine du salut.

Théologie

Du grec theologia ; theos, « dieu », et logos, « discours ». Étude de Dieu et des relations entre Dieu et l’univers ; étude des doctrines religieuses et questions de divinité.

Théologie systématique

Méthode constructive de théologie qui tend vers une déclaration complète, philosophique et systématique de toute la somme de connaissance théologique.

Tribulation

Cela réfère à la persécution intensive contre le peuple de Dieu précédant la Seconde Venue de Christ. Les dispensationalistes sous-entendent qu’il s’agit d’une persécution de sept ans contre la nation juive, alors que les amillénaristes la considèrent comme une persécution d’une durée indéterminée contre l’Église.

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[1] Ryrie, Dispensationalism Today (Chicago : Moody Press, 1965), pp. 41-45.

[2] Darby présenta, lors d’une discussion à Powerscourt (1833) les idées d’un enlèvement secret de l’Église et d’une parenthèse dans l’accomplissement de la prophétie entre la soixante-neuvième et la soixante-dixième semaines de Daniel. Ces deux concepts constituent les principes de base du système théologique depuis lors appelé dispensationalisme. [E. R. Sandeen, The Roots of Fundamentalism 1800-1930 (Chicago : Presse de l’Université de Chicago, 1970).]

[3] N. du T. : Au Québec, ce sont les Pierre Gilbert, Mario Massicote et autres eschatologistes pré-tribulationistes qui répandent le dipensationalisme.

[4] N. du T. : Ni les tenants de l’ancien prémillénarisme, ni les dispensationalistes n’ont une idée claire et biblique des résurrections. Pour connaître la vérité sur les résurrections, nous vous suggérons fortement de les étudier scrupuleusement dans nos articles qui en font le détail en allant à Résurrections.

[5] The End Times : A Study of Eschatology and Millenarism, Rapport de la Commission sur les Relations entre la Théologie et l’Église LCMS, septembre 1989, p.3.

[6] C. I. Scofield, Scofield Reference Bible, 1909, 1917 (notes sur Jean 1:17, sec. 2), p. 1115.

[7] Ibidem, p. 5.

[8] Bien que se réclamant de racine calviniste, sur ce point, le dispensationaliste s’accorde apparemment davantage avec Zwingli et Pélage qu’avec Calvin ou Luther.

[9] La Confession d’Augsbourg, Article II [Péché Originel].

[10] Nouvelle Bible à Références Scofield, p. 3.

[11] Tiré de John Zens, Dispensationalism, p. 12.

[12] L. S. Chafer, Dispensationalism, Bibliotheca Sacra 93 (1936) : 93.

[13] L. S. Chafer, Systematic Theology, 7:219.

[14] D. G. Barnhouse, He Came Unto His Own (New York : Revell, 1933), p. 17.

[15] Ibidem.

[16] Scofield, Scofield Bible Correspondance Course, pp. 23-25, cité de Zens, Dispensationalism, p. 17.

[17] Ryrie, Dispensationalism Today, pp. 137-140.

[18] J. N. Darby, The Hopes of the Church of God (London: G. Morrish, n.d.), p. 106

[19] Ryrie, Dispensationalism Today, pp. 44-45.

[20] Ryrie, The Relationship of the New Covenant to Premillenarism, (thèse de maîtrise non publiée, Séminaire Théologique de Dallas, 1947), p. 31.

[21] Ibidem.

[22] Lewis Sperry Chafer, Systematic Theology, VII, p. 98.

[23] Walvoord, The Millenial Kingdom, p. 218.

[24] John F. Walvoord, The New Covenant With Israel, Bibliotheca Sacra, 103:24, 25, janvier 1946.

[25] Albertus Pieters, The Seed of Abraham, pp. 71-76.

[26] W. A. Hoffecker, Evangelical Dictionary of Theology, « Darby, John Nelson », pp. 292-3.

[27] John H. Gerstner, Wrongly Dividing the Word of Truth: A Critique of Dispensationalism (Brentwood, TN: Wolgmuth & Hyatt, 1991), p. 47.

[28] Alexander Reese (prémillénarisme), O.T. Allis (amillénarisme), W. E. Cox (amillénarisme), Greg Bahnsen & Kenneth Gentry (postmillénarisme) sont parmi eux.

[29] Alexander Reese, The Approaching Advent of Christ (Marshall, Morgan and Scott, Londres, 1937 ; réimpression, Grand Rapids MI: Publications Internationales Grand Rapids, 1975), p. 328.

[30] John F. Walvoord, Israel in Prophecy (1962; réimpression, Grand Rapids MI: Zondervan, 1977), pp. 116, 118.

[31] David R. Reagan, The Master Plan : Making Sense of the Controversy Surrounding Bible Prophecy Today (Eugene OR: Havest House, 1993), p. 123.

[32] John H. Gerstner, Wrongly Dividing the Word of Truth: A Critique of Dispensationalism (Brentwood TN: Wolgemuth & Hyatt, 1991), p. 206.

[33] Resurrection Apart From Christ?, Bill Barton, Armageddon, FamilyBet, 10/21/93.

[34] Rapture, Gary Nystrom, Armageddon, FamilyNet, 5/28/94.

[35] Nous notons également ici la grave erreur de nombreux chrétiens à considérer le Repas du Seigneur comme un mémorial plutôt que pour ce qu’il est : un sacrement.

[36] John H. Gerstner, Wrongly Dividing the Word of Truth: A Critique of Dispensationalism (Brentwood TN: Wolgemuth & Hyatt, 1991), p. 169.

[37] Ulrich Zwingli : réformateur suisse (1484-1531).

[38] E. W. Bullinger, fondation of the Dispensational Truth (Londres: Eyre and Spottiswood, 1931), p. 34.

[39] Ibidem, p. 219.

[40] Harry Ironside, Wrongly Dividing the Word of Truth (New York: Loizeaux, n.d.), p. 11.

[41] John H. Gerstner, Wrongly Dividing the Word of Truth: A Critique of Dispensationalism (Brentwood TN:Wolgemuth & Hyatt, 1991), pp. 204-205.




D.187 – Le dispensationalisme et le Texte Reçu

 

Par Roch Richer

La Version biblique d’Ostervald et la Version David Martin ont été produites à partir du Textus Receptus (Texte Reçu) en ce qui concerne la langue française. La plus grande partie des autres versions ont été tirées des manuscrits corrompus d’Alexandrie, c’est-à-dire, environ 1 % du total des manuscrits existants découverts jusqu’à ce jour.

Cet article est destiné à démontrer au lecteur l’incompatibilité entre le Texte Reçu et la doctrine du dispensationalisme prémillénaire, ainsi que l’enlèvement pré-tribulationiste. Ce n’est pas un travail complet, car nous découvrons périodiquement de nouvelles preuves, lesquelles nous vous ferons part subséquemment, à mesure qu’elles apporteront davantage de lumière. Grâce aux informations présentées dans d’autres articles de notre site, nous exposons la thèse selon laquelle les doctrines ci-haut mentionnées, ayant mystérieusement fait leur chemin dans le christianisme, tirent leur origine de Satan. Elles supposent de fausses interprétations relatives à la grande révolte décrite dans 2 Thessaloniciens 2:3 et à l’enlèvement des Élus (1 Thessaloniciens 4:17). Pour ce faire, l’on a dû apporter des changements à la Parole de Dieu en la corrompant de façon assez subtile pour que l’ensemble demeure crédible tout en étant presque indécelable, ceci dans les temps anciens comme aux temps modernes, afin de propager les mensonges nécessaires à l’émergence de ces fausses doctrines. Voici la documentation touchant ces changements.

La première question que nous aborderons a trait à l’enseignement dispensationaliste des « sept ans » de tribulations et une alliance/traité de la même durée impliquant l’Antichrist et Israël. L’on y suppose que ce traité sera brisé par l’Antichrist aux environs du milieu de cette durée. En ce qui me concerne, ce qui a trait aux « sept ans » de tribulations, ainsi que le reste du dogme, n’est pas gravé dans la pierre, bien au contraire. Il s’agit plutôt d’une tradition populaire du dispensationalisme. Quand on leur demande la preuve de cet enseignement particulier, les dispensationalistes amènent Daniel 9:27 sur le tapis, faisant croire que celui qui « confirmera l’alliance » n’est autre que l’Antichrist des temps de la fin. Et c’est parce qu’une grande partie de cette doctrine pivote sur ce verset que nous devons examiner soigneusement sa véritable signification :

« Et il confirmera l’alliance à plusieurs dans une semaine, et à la moitié de cette semaine il fera cesser le sacrifice, et l’oblation ; puis par le moyen des ailes abominables, qui causeront la désolation, même jusqu’à une consomption déterminée, la désolation fondra sur le désolé » (Daniel 9:27, version David Martin, tirée du Texte Reçu).

Tout d’abord, tentons de prouver que cette alliance existait déjà entre le Seigneur et Son peuple, et que Celui qui la confirmera est, en vérité, le Messie Lui-même. Genèse 3:15 rapporte la première promesse messianique des Écritures. Un présage de la venue de Jésus, l’écrasement de la tête du serpent et la mort sur la croix en tant que sacrifice unique d’expiation pour le péché (Hébreux 7:27 ; 9:28). Et, dans Genèse 17, Dieu établit Son alliance avec Abraham. Si vous lisez Deutéronome 29 à 33, vous voyez une extension de la même alliance, mais que Dieu a promise à Israël en l’adaptant à ce peuple charnel (ce qui en faisait une alliance physique et conditionnelle) et décrivant comment les Israélites se tourneraient vers le mal et seraient dispersés (Deutéronome 29:24-28) ; et Dieu les rassemblera à nouveau (Deutéronome 30:3) et ils vivront en sûreté dans leur propre pays (Deutéronome 33:28-29). Voici l’alliance déployée et introduite dans Deutéronome 29:1 :

« Ce sont ici les paroles de l’alliance que l’Eternel commanda à Moïse de traiter avec les enfants d’Israël, au pays de Moab, outre l’alliance qu’il avait traitée avec eux en Horeb »

C’est l’alliance physique (la Loi) qui devait mener au Messie et Celui-ci devait ramener l’alliance faite avec Abraham (la Grâce). Maintenant, si vous lisez le livre de Daniel, au chapitre 9, vous voyez que le prophète intercède pour son peuple à cause de sa méchanceté jadis prophétisée dans Deutéronome 29:25-26. Il reconnaît, aux versets 4 et 11, que cette transgression est en relation avec la même alliance donnée à Moïse. Le verset 4 dit :

« Et je priai l’Eternel mon Dieu, je lui fis ma confession, et je dis : Hélas ! Seigneur, le Dieu Fort, le Grand, le Terrible, qui gardes l’alliance et la miséricorde à ceux qui t’aiment, et qui gardent tes commandements… »

C’est au moment de ses prières et de ses supplications que Gabriel le visite, annonçant des nouvelles à propos de l’alliance spirituelle, celle passée avec Abraham, et qui viendrait remplacer l’alliance physique, celle passée avec Moïse. Les versets 24 et 25 donnent le déroulement chronologique par lequel le Messie allait venir et confirmer l’alliance faite avec Abraham. Vous noterez que la prophétie des 70 semaines (490 ans) couvre plusieurs événements qui n’arrivent toutefois pas nécessairement dans l’ordre chronologique établi par les hommes. Ces événements arrivent plutôt selon l’ordre de Dieu, ce qui veut simplement dire que ce qui est prophétisé doit arriver, un point, c’est tout !

« Soixante-dix semaines sont déterminées sur [1] ton peuple et sur la ville sainte, [2] pour enfermer la rébellion, [3] pour sceller les péchés, [4] pour expier l’iniquité, [5] pour amener la justice éternelle, [6] pour sceller la vision et le prophète, et [7] pour oindre le Saint des saints. 25Sache-le donc et comprends ; depuis l’émission de la parole ordonnant de retourner et de rebâtir Jérusalem, jusqu’à Christ, le Conducteur, il y a sept semaines et soixante-deux semaines » (vs 24-25, version d’Ostervald).

Nous ne nous attarderons pas sur les 69 premières semaines, sauf pour établir qu’à la fin de la 483e année (69 semaines), Jésus est né et Il a environ 30 ans (Luc 3:23) ; Il est donc prêt à compléter la 70e semaine de cette prophétie. C’est au moment où Jésus a consenti à être baptisé, malgré le fait qu’Il n’ait jamais commis de péché, que le ciel s’est ouvert et qu’Il a reçu le nom de Christ, car l’Esprit de Dieu est descendu comme une colombe pour « oindre le Saint des saints ». « Christ » veut dire « l’Oint de Dieu ». Notez qu’au verset 24, le Christ est nommé en septième. La chronologie de Dieu est bien différente que celle des hommes.

« Et après ces soixante-deux semaines, le CHRIST sera retranché, mais non pas pour soi… » (v. 26).

Jésus fut mis à mort bien qu’Il n’ait jamais péché, même si « le salaire du péché, c’est la mort » (Romains 6:23). Donc, le ministère de 3½ ans de Jésus est bel et bien inclus dans la première moitié de la 70e semaine. Vous noterez, au verset 27, « Et il [Jésus] confirmera l’alliance à plusieurs dans [ou pendant dans la Ostervald] une semaine [7 ans]… » Nous avons vu qu’il s’agit de l’alliance de la foi faites avec Abraham, qui fut temporairement remplacée par l’alliance de la Loi du temps de Moïse et d’Israël physique qui n’avait pas reçu le Saint-Esprit. Jésus ayant été retranché après 3½ ans, l’alliance confirmée par Christ avec plusieurs pendant une semaine, ou 7 ans, demeure alors inachevée ! Pourtant, la cinquième chose mentionnée au verset 24 est d’« amener la justice éternelle ». Ceci ne deviendra réalité qu’au retour de Jésus-Christ et l’instauration de Son règne millénaire. Lors de Sa crucifixion, Jésus a déjà « expié l’iniquité », item quatre du verset 24, en payant de Son sang la rançon du péché. Au retour de Jésus, alors que Daniel sera ressuscité, la « vision et le prophète » Daniel seront scellés officiellement (item six).

Jésus a Lui-même déclaré, lors de Son dernier repas avec Ses disciples, la veille de Sa mort : « Cette coupe est la nouvelle alliance [de la foi] en mon sang, qui est répandu pour vous » (Luc 22:20). Cela est arrivé pile, le lendemain, tel qu’annoncé par Jésus !

Mais quand les derniers trois ans et demi seront-ils accomplis pour compléter les sept ans pendant lesquels Christ a confirmé cette alliance de la foi ? Assurément, ils doivent coïncider avec la période d’évangélisation de 3½ ans effectuée par les serviteurs de Dieu, marqués et protégés durant la Grande Tribulation (Apocalypse 7). Donc, entre la mort de Jésus sur la croix et Son retour pour enlever Ses Élus vers Lui dans les nuées pour compléter cette 70e semaine, il devait aussi se passer une période de temps que personne ne connaît, sauf Dieu et Son Christ.

On la connaît mieux sous le nom de « période de la Grâce ». Dieu y rend le Salut accessible à l’humanité entière, ceci incluant tous ceux qui sont morts AVANT cette Nouvelle Alliance avec Abraham. Toutefois, ils y accéderont lors de la Deuxième Résurrection qui s’avérera leur première chance, car ils ne l’ont jamais eue auparavant ! Aujourd’hui, cette période de la Grâce se poursuit toujours et, donc, la deuxième tranche de la 70e semaine est réservée aux temps de la FIN. Au moment précis où Daniel a reçu cette prophétie, Jésus était au ciel, sous forme de Dieu, en tant que la Parole. Son Église, par contre, qui prit officiellement naissance au jour de la Pentecôte, poursuit inlassablement son cheminement vers le Salut. Dans les derniers trois ans et demi, l’Église de Christ sera sur terre, prêchant l’Évangile, et ce, en même temps que l’Antichrist tentera d’établir son Nouvel Ordre Mondial.

Cependant, Dieu nous dit que le règne de l’Antichrist sera de trois ans et demi et qu’il sera suivi d’un Millénium de paix sous le règne éternel de Jésus-Christ. La seconde partie du verset 27 nous déclare : « et sur l’aile des abominations [au pluriel, car il en fera plusieurs] viendra le désolateur » Le désolateur, c’est l’Antichrist qui blasphémera contre le nom de Dieu et contre les Saints. Il persécutera et martyrisera ceux qui se convertiront à Christ durant les trois ans et demi (deuxième tranche de la 70e semaine) de la tribulation (colère de Satan qui sait qu’il n’a que peu de temps). Il fera tuer les deux témoins à Jérusalem après leur témoignage de 3½ ans. Finalement, il profanera le Saint des saints du Temple jusqu’à s’asseoir sur le Trône de la Miséricorde en se proclamant lui-même dieu. Toutes ces choses sont des abominations aux yeux de Dieu, mais cette dernière amènera aussi sa fin.

Vers la fin du verset 27, nous voyons que cet Antichrist effectuera toutes ces choses « jusqu’à ce que la ruine qui a été déterminée fonde sur le désolé. » Dieu est toujours en charge, car c’est Lui qui nous donne la prophétie. Et la fin de cet énergumène est déjà DÉTERMINÉE. En fin de compte, l’Antichrist n’est mentionné simplement que comme un ennemi dans l’accomplissement du Plan de Dieu. Cela avait été expliqué à Nébucadnetsar par Daniel au sujet d’un quatrième et dernier royaume humain avant le retour de Christ. Daniel 2:44 : « Et dans le temps de ces rois, le Dieu des cieux suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit ; et ce royaume ne passera point à un autre peuple ; il brisera et anéantira tous ces royaumes-là, et lui-même subsistera éternellement. » Et à la toute fin du verset 45, Daniel déclara que son interprétation en était certaine parce qu’elle provenait directement de Celui qui est le Tout-Puissant et qui seul a le pouvoir d’accomplir SES prophéties.

L’Alliance de Dieu avec Abraham existait toujours lors du premier avènement du Messie qui est venu pour la confirmer comme une Alliance éternelle fondée sur la foi et l’obéissance d’Abraham. Jésus a certainement confirmé cette alliance durant Son ministère de 3½ ans. Mais gardons toujours en mémoire que le ministère de Jésus n’a duré que jusqu’au milieu de la 70e semaine. Néanmoins, à partir de ce moment précis, Son témoignage se poursuit au travers de Son Église. La toute dernière chose que Jésus a déclaré avant de mourir, c’est : « Tout est accompli. Et, ayant baissé la tête, il rendit l’esprit » (Jean 19:30). C’est ainsi qu’au travers de la postérité (Jésus) d’Abraham, toutes les nations sont bénies. Car, par la grâce, toute personne peut venir présentement à Christ et faire partie de Son Royaume.

Retournons maintenant au verset 26 de Daniel pour compléter notre étude du passage.

« …et le peuple d’un conducteur qui viendra, détruira la ville et le sanctuaire, et sa fin sera dans ce débordement ; les désolations sont déterminées jusqu’au terme de la guerre » (v. 26).

Après la mort du Messie, il est prédit la venue d’un conducteur — autre que Christ — (il s’agit de Titus, fils de l’empereur Vespasien) et la destruction de la ville et du temple survenue en l’an 70 apr. J.-C.. Jésus a prophétisé cet événement dans Mathieu 24:2. Beaucoup de gens présument que ce conducteur est l’Antichrist, bien que rien ne vienne soutenir cette affirmation gratuite.

Forts de cette exploration, essayons maintenant d’élucider le verset 27 :

« Il… [Jésus] confirmera l’alliance[Hébreux 9:16 : « Car où il y a un testament, il est nécessaire que la mort du testateur intervienne. » Voyez aussi le verset 15.] avec plusieurs[mais pas avec tous, car certains refuseront Son offre ; Hébreux 9:28 dit : « De même aussi Christ ayant été offert une seule fois pour ôter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois sans péché à ceux qui l’attendent à salut. »]pendant une semaine[7 ans]et à la moitié de la semaine [Jésus fut sacrifié après 3­½ ans de ministère]il fera cesser le sacrifice, et l’oblation[Hébreux 9:12 : « Il est entré une fois dans les lieux Saints avec son propre sang, et non avec le sang des veaux ou des boucs, après avoir obtenu une rédemption éternelle. » — certaines personnes affirment que les sacrifices ne cessèrent pas, mais ils cessèrent pour ceux qui acceptèrent Son offre sacrificielle pour notre expiation — je ne vois nulle part dans le Nouveau Testament où Paul, Pierre ou quiconque des pères de l’Église se soient rendus dans le Temple pour sacrifier des animaux en rédemption de leurs péchés. Au contraire, les épîtres des apôtres sont remplies de recommandations à cesser de pratiquer les rituels de l’Ancienne Alliance (la physique, celle passée avec Moïse). Hébreux 7:27 : « Qui n’eût pas besoin, comme les souverains Sacrificateurs, d’offrir tous les jours des sacrifices, premièrement pour ses péchés, et ensuite pour ceux du peuple, vu qu’il a fait cela une fois, s’étant offert lui-même. »] et sur l’aile des abominations[notez qu’elles sont au pluriel, ce qui n’est pas la même chose que l’abomination unique de la désolation dont parle Daniel 11:31 et 12:1 — ces abominations nous reportent à la fin du témoignage de l’Église vers l’autre portion de 3½ ans mentionnée, elle, dans l’Apocalypse. Ces abominations sont perpétrées par l’homme du péché, le fils de la perdition (2 Thessaloniciens 2:3), l’adversaire qui s’élève au-dessus de tout ce qu’on appelle Dieu, ou qu’on adore, jusqu’à s’asseoir comme dieu dans le Temple de Dieu, se proclamant lui-même dieu (v. 4). Alors donc, paraîtra l’impie que le Seigneur détruira par le souffle (l’Esprit) de Sa bouche et qu’Il anéantira par l’éclat de Son avènement (v. 8), un peu comme c’était déjà arrivé au roi Hérode (Actes 12:20-23).] « …viendra le désolateur… » [l’Antichrist déjà prophétisé dans les autres prophéties de Daniel.] « …jusqu’à ce que la ruine qui a été déterminée fonde sur le désolé » [Dans Zacharie 14, nous voyons l’arrivée du Seigneur, dans toute Sa gloire, et ce qu’Il fera des armées de l’Antichrist afin de prendre Lui-même le contrôle du gouvernement sur terre. Nous voyons aussi ce qui arrive à la Bête et au Faux Prophète, dans Apocalypse 19 : « Mais la bête fut prise, et avec elle le faux prophète, qui devant elle avait fait des prodiges, par lesquels il avait séduit ceux qui avaient pris la marque de la bête, et qui avaient adoré son image ; tous deux furent jetés vifs dans l’étang de feu brûlant, dans le soufre » (v. 20).

Galates 3:17

Voilà sans aucun doute le meilleur verset du Nouveau Testament pour jeter toute la lumière sur l’identité de Celui qui a confirmé l’alliance de Daniel 9:27. Il y est dit ceci :

« Voici donc ce que je dis : c’est que quant à l’alliance qui a été auparavant confirmée par Dieu en Christ, la Loi qui est venue quatre cent trente ans après, ne peut point l’annuler, pour abolir la promesse. »

Évidemment, les suppôts de Satan ont vite remarqué ce verset important de Paul aux Galates et l’ont reformulé dans les manuscrits d’Alexandrie et, par conséquent, les versions modernes afin que vous ne puissiez pas établir de corrélation avec Daniel 9:27. Par exemple, la version du Semeur a changé « confirmé » par « conclue », ce qui donne un sens différent ; de plus, on a enlevé entièrement « en Christ » du verset. (Je peux avoir tort… Peut-être que la conspiration provient des traducteurs de la version Martin et de la version d’Ostervald, en collusion avec les copistes originaux du Texte Reçu et du texte massorétique afin de vous mystifier et vous pousser à croire que Dieu a fait une promesse et a accompli cette promesse par Jésus-Christ… Cela va pourtant dans le sens de toutes les Écritures !) Voici la liste de quelques versions dites bibliques, citant Galates 3:17, en comparaison avec la version de David Martin écrite plus haut. Pouvez-vous constater les différences dans la formulation de ces nouvelles versions, et qui en changent la signification ? Pouvez-vous trouver Christ dans l’une d’elles ?

Galates 3:17 :

« Voici ce que j’entends : une disposition, que Dieu a confirmée antérieurement, ne peut pas être annulée, et ainsi la promesse rendue vaine, par la loi survenue quatre cent trente ans plus tard. »

Louis Segond 1910

« Eh bien, je dis ceci : une alliance a été conclue par Dieu en bonne et due forme à la manière d’un testament ; la Loi est survenue quatre cent trente ans plus tard : elle ne peut donc pas annuler cette alliance et réduire par là même la promesse à néant. »

Bible du Semeur

« Voici ce que je veux dire : Dieu avait établi un testament et avait promis de le maintenir. La Loi, qui est survenue quatre cent trente ans plus tard, ne peut pas annuler ce testament et supprimer la promesse de Dieu. »

Français Courant

« Or je dis ceci : que la loi, qui est survenue quatre cent trente ans après, n’annule point une alliance antérieurement confirmée par Dieu, de manière à rendre la promesse sans effet. »

N. Darby

Je ne suis évidemment pas seul à affirmer ce que j’avance en ce qui a trait à l’alliance. Je suis même en bonne compagnie. Matthew Henry, avantageusement reconnu, dit ceci dans ses Commentaires concernant Daniel 9:27 :

« Les soixante-dix semaines symbolisent un jour pour une année, ou 490 ans. Aux environs de la fin de cette période, un sacrifice serait offert, faisant expiation complète pour le péché et apportant une justification éternelle pour l’entière sanctification de tous les croyants. Alors, les Juifs, lors de la crucifixion de Jésus-Christ, commettraient un crime par la mesure duquel leur culpabilité serait comblée, entraînant des troubles sur leur nation. Toute bénédiction accordée à l’homme pécheur arrive par le moyen du sacrifice expiatoire de Christ, lequel a souffert une seule fois pour les péchés, le juste pour les injustes, pour nous amener à Dieu. Voilà notre porte d’accès au trône de la grâce et de notre entrée [dans le Royaume]. Ce qui scelle l’apogée de la prophétie et confirme l’alliance avec plusieurs ; et, alors que nous nous réjouissons dans la bénédiction du salut, rappelons-nous du prix que cela a coûté au Rédempteur. Comment ceux qui négligent un aussi grand salut échapperont-ils ? »

La Bible de Genève de 1599 s’accorde harmonieusement avec cette interprétation de Daniel 9:27. Je la reproduis textuellement ici avec les annotations (sans l’orthographe archaïque).

« 27Et il aconfirmera l’alliance avec plusieurs pendant une semaine : et au milieu de la semaine, il fera bcesser le sacrifice et l’oblation, cet à cause des excès des abominations, viendra le désolateur, jusqu’à ce que la ruine qui a été déterminée fonde sur le désolé. »

a    Par la prédication de l’Évangile, il confirmera sa promesse, premièrement aux Juifs, et ensuite aux Gentils.

b    Christ a accompli ceci par Sa mort et Sa résurrection.

c    C’est-à-dire que Jérusalem et le sanctuaire seraient entièrement détruits à cause de leur rébellion contre Dieu et leur idolâtrie, ou, comme le lisent certains, que la plaie sera si grande qu’ils en seront tout étonnés.[1]

Si vous prenez le temps de vérifier chacun des versets qui, dans l’Ancien Testament, mentionnent « l’alliance », même en ce qui a trait à l’arche de l’alliance, c’est toujours en relation, soit avec l’alliance établie entre l’Éternel et Abraham (une alliance basée sur la foi), soit avec l’alliance établie entre l’Éternel et Moïse — et donc, le peuple — (une alliance basée sur la Loi), sauf dans quelques rares exemples où un autre parti est spécifiquement mentionné, comme dans Ézéchiel 17:15, entre Sédécias et Babylone. Le peuple d’Israël a été appelé « les enfants de l’alliance (Actes 3:25). La plupart des nouvelles versions de la Bible ont changé l’alliance dans Daniel 9:27 pour une alliance ou un synonyme, continuant ainsi dans la foulée du Septuagint grec qui fut rédigé à Alexandrie, en Égypte, aux alentours de 285 apr. J.-C., par des Juifs gnostiques (comme Origène). Le but en était de s’assurer que vous ne l’associiez pas avec « l’alliance » mentionnée dans Daniel 9, au verset 4 et tout au long du reste de l’Ancien Testament. Ce verset a été modifié pour que, lorsque Satan eut introduit son plan de dispensationalisme, il ait des « écritures » pour le soutenir. Toutefois, ce changement contredit le contexte entier du texte massorétique hébraïque original de Daniel, chapitre 9.

Fait intéressant à noter, ici. Avant que des bibles dites « protestantes », comme la version de J. N. Darby, voient le jour, les seules assises que possédaient les dispensationalistes pour étayer leur croyance en sept ans de tribulations reposaient sur l’obscure conviction — introduite en 1832 — que les sept jours de la Fête des Tabernacles (Lévitique 23:34) représentaient sept ans durant lesquels l’Église serait dans les cieux avec Dieu, jouissant des Noces pendant les tribulations.[2] Ironiquement, lorsque l’on comprend réellement la signification des fêtes de l’Éternel et de quelle manière elles symbolisent Son Plan, l’on voit que la Fête des Tabernacles est le signe précurseur du règne millénaire de Christ sur la terre, après Son arrivée en triomphe et en gloire ! Incidemment, c’est la Fête des Trompettes qui symbolise cette Avènement même. À la fin de la Fête des Tabernacles, il y a le Dernier Grand Jour, symbole de la Deuxième Résurrection et de la venue du Père qui habitera sur une terre renouvelée avec les hommes rendus immortels. Ce sera l’accomplissement d’Apocalypse 21:2-3. Les dispensationalistes de l’époque souffraient-ils d’ignorance ou avaient-ils intentionnellement tordu la signification des fêtes de Dieu ? Christ en jugera.

La version New Living Translation of the Bible, en parfait accord avec l’agenda maçonnique du dispensationalisme, traduit Daniel 9:27 comme suit :

« Il fera un traité avec le peuple pour une période de sept ans, mais après trois ans et demi, il mettra fin aux sacrifices et aux offrandes. Alors, à l’apogée de toutes ses terribles actions, il érigera un objet de sacrilège qui causera la désacralisation, jusqu’à ce que la fin qui a été décrétée fonde sur le profanateur » [la traduction est la nôtre].

La version en Français Courant n’est pas en reste, quant à elle, et nous offre une mouture tout aussi écartée du manuscrit original de Daniel :

« Pendant la dernière période de sept ans, il imposera de dures obligations à un grand nombre de gens. Au bout de trois ans et demi, il fera même cesser les sacrifices et les offrandes. Ce dévastateur accomplira ses œuvres abominables avec rapidité, jusqu’à ce que la fin qui a été décidée s’abatte sur lui. »

Quelles mauvaises interprétations ! Quelle grossièreté ! La version New Living Translation traduit le même mot « traité » par « promesse » dans Daniel 9:4 de manière à ce que les lecteurs ne fassent pas le lien entre les deux. Dans les deux cas, elle fait une mauvaise interprétation. La traduction exacte est « alliance », celle de Dieu, telle que l’écrivent les manuscrits originaux, traduit du mot hébreu berith. Le « il » dont il est question en début de verset est appelé « profanateur » et on lui attribue de nombreuses et terribles actions, ainsi que l’érection d’un objet de sacrilège. Il s’agit de changement injustifiés faits à la Parole de Dieu. Les auteurs de ces versions font donc tout pour nous faire croire que Daniel 9:27 ne se réfère pas à Jésus-Christ, mais à l’Antichrist.

Or, il est communément accepté que Jésus exerça un ministère de 3½ ans où Il a traité avec Son propre peuple (Matthieu 15:24). Il est intéressant de noter que Jésus-Christ introduisit la nouvelle alliance, celle qui avait auparavant été passée avec Abraham par la foi (Matthieu 26:28), mais que le peuple d’Israël ne pouvait supporter, n’ayant pas reçu le Saint-Esprit pour l’observer. Il restait donc au Christ encore un autre 3½ ans pour compléter l’alliance avec la nouvelle maison d’Israël — l’Église. Les autres aspects que Christ doit encore accomplir sont de ramener le peuple de l’alliance à son pays (Deutéronome 30:3) et de le lui redonner en possession en tant qu’héritage éternel (Deutéronome 33:28-29). C’est ce qu’on peut voir s’accomplir dans Ézéchiel 39:25-28 lorsqu’Il ramène toutes les tribus et réunit Juda et Israël (représentant les dix tribus perdues) tel que promis (Ézéchiel 37:16-23). Cela ne se fera toutefois pas avant la venue de Jésus-Christ en gloire, dans un premier temps, qui prendra possession du Royaume de Dieu sur terre et, dans un deuxième temps, lors de la Deuxième Résurrection, alors que Dieu répandra Son Esprit sur tous les hommes ayant vécu sur ce globe (Ézéchiel 39:29).

Nulle part ne pouvons-nous trouver de preuve scripturaire pour asseoir la croyance en une période de sept ans de tribulations. Même si le livre de l’Apocalypse mentionne le chiffre sept pour un total de quarante quatre fois, aucune d’elles ne fait référence à une période de sept ans ! De plus, en aucun endroit la Parole de Dieu ne nous autorise ou nous encourage à ajouter 3½ ans aux 3½ ans existant pour aboutir à sept ans de tribulations. Je crois avoir démontré avec succès que l’on ne peut employer Daniel 9:27 pour prouver l’enseignement d’une période de sept ans de tribulations et d’un soi-disant traité que l’Antichrist passerait avec Israël pour ensuite le briser. Ces enseignements mourraient probablement de leur belle mort si ce n’était de la promesse flatteuse d’un enlèvement pré-tribulationiste donnant vie à toute cette doctrine.

L’on doit tordre les Écritures pour promouvoir l’enlèvement pré-tribulationiste parce qu’il y a des passages clairs dans le Textus Receptus qui désapprouvent cet enlèvement. Ci-après, j’ai sorti trois notes tirées des Commentaires de C. I. Scofield de la version Louis Segond de 1975. Elles ont été insérées pour amener les gens à penser que le Texte Reçu est incorrect dans les passages qui causent problème au concept de l’enlèvement pré-tribulationiste. Scofield tenta de « corriger » le Texte Reçu (dans son cas, la version King James autorisée de 1611) pour la conformer à la Revised Version ou tout autre version moderne. Ces notes, qui satisfont pleinement aux manuscrits d’Alexandrie (1 % du total des manuscrits découverts) ont été rédigées pour vous confondre et vous cacher que le « Jour du Seigneur » et le « Jour de Christ » sont un seul et même jour. (Les notes qui suivent sont tirées de la bible Louis Segond avec Commentaires de C. I. Scofield de 1975.)

Page 1297, 1 Corinthiens 1:8, deuxième paragraphe.

Le jour de Christ (…) est en relation avec les récompenses et les bénédictions de l’Église après son enlèvement, tandis que le jour du Seigneur (cp. És. 2:12 ; voir Joël 1:15 ; Ap. 19:19, notes) est en rapport avec le jugement frappant les Juifs et les païens incrédules, et avec la bénédiction réservée aux saints pendant le règne de mille ans (Sop. 3:8-20).

 

Page 1301, 1 Corinthiens 5:5, note de marge « v ».

D’anciens mss omettent le nom Jésus.

 

Page 1365, 2 Thessaloniciens, Introduction, deuxième paragraphe.

(…) Cette lettre a donc pour but de rassurer les chrétiens de Thessalonique et de les instruire, plus précisément sur le « jour de Christ » (notre réunion avec Lui ; cp. 1 Th. 4:14-17 ; 2 Th. 2:1), qui doit précéder le « jour de l’Éternel » ou le « jour du Seigneur » qui suivra.

Selon l’enseignement dispensationaliste, le Jour de (Jésus) Christ et le Jour du Seigneur sont deux jours complètement différents. Le Jour de Christ, affirme-t-il, constitue l’enlèvement, c’est-à-dire, lorsque Jésus viendra « secrètement » nous prendre, au début des « sept ans » de tribulations, et nous amener au ciel pour nous donner nos récompenses. Le Jour du Seigneur, d’un autre côté, devrait arriver sept ans plus tard, lorsque le Seigneur descendra et exécutera Ses jugements. Selon les propres mots de Scofield, tirés de la Scofield Reference Bible, page 1212 :

« L’expression “jour de Christ” se trouve dans les passages suivants : 1 Cor. 1:8 ; 5:5 ; 2 Cor. 1:14 ; Phil. 1:6 ; 2:16. La Version King James Autorisée a “jour de Christ” dans 2 Thes. 2:2 de manière incorrecte, au lieu de “jour du Seigneur” (És. 2:12 ; Apoc. 19:11-21). Le “jour de Christ” n’est en relation qu’avec les récompenses et les bénédictions des saints lors de son retour, alors que le “jour du Seigneur” est en rapport avec le jugement. »

Si, à prime abord, vous lisez 2 Thessaloniciens 2:2-3 et que vous voyez que le « Jour de Christ » arrive après la révolte et après la révélation de l’Antichrist, vous ne pouvez qu’en conclure qu’il n’y a pas d’enlèvement pré-tribulationiste. Ainsi, l’on doit changer la formulation pour vous dérouter. John Darby, tout comme son émule Scofield, insista également pour employer l’expression « Jour du Seigneur » au lieu de « Jour de Christ » dans le verset de 2 Thessaloniciens 2:2[3] Très significatif parce que, à cette époque (1850), les seules versions immédiatement accessibles au public avec le rendu « Jour du Seigneur » dans 2 Thessaloniciens 2:2 étaient les bibles catholiques, comme la Rheims-Douay. Darby n’allait produire sa propre version, fondée sur les textes d’Alexandrie, que 21 ans plus tard. S’il était protestant chez les Frères de Plymouth, comme il l’affirmait, alors pourquoi utilisait-il une bible catholique pour prouver ses enseignements ? Le site Internet Not Deceived explique ici la différence dans les manuscrits.

Notez que la version Martin emploie « Jour de Christ » au verset 2 :

« Or, mes frères, nous vous prions pour ce qui regarde l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, et notre réunion en lui, 2De ne vous laisser point subitement ébranler de votre sentiment, ni troubler par esprit, ni par parole, ni par épître, comme si c’était une épître que nous eussions écrite, et comme si le jour de Christ était proche » (2 Thessaloniciens 2:1-2).

Notez que le mot christou est le dernier mot. De toute évidence, il s’agit de Christ, en français. Voici le texte grec duquel la version Martin a été traduite :

« Erôtômen de umas adelphoi uper tês parousias tou kuriou êmôn iêsou christou kai êmôn episunagôgês ep auton eis to mê tacheôs saleuthênai umas apo tou noos mête throeisthai mête dia pneumatos mête dia logou mête di epistolês ôs di êmôn ôs oti enestêken ê êmera tou christou » (2 Thessaloniciens 2:1-2, Textus Receptus).

Notez maintenant que le mot kuriou remplace le mot christou dans cette version-ci. Le mot kuriou est traduit par Seigneur dans les bibles basées sur cette série de manuscrits :

« Erôtômen de umas adelphoi uper tês parousias tou kuriou êmôn iêsou christou kai êmôn episunagôgês ep auton eis to mê tacheôs saleuthênai umas apo tou noos mêde throeisthai mête dia pneumatos mête dia logou mête di epistolês ôs di êmôn ôs oti enestêken ê êmera tou kuriou » (2 Thessaloniciens 2:1-2, Textes d’Alexandrie).

Vous pouvez constater que l’évolution du dispensationalisme progressait au même rythme que les bibles corrompues du Vatican s’introduisaient dans les cercles protestants. En fait, plus nous examinons, plus nous sommes en mesure de trouver une connexion catholique associée au dispensationalisme et à l’enlèvement pré-tribulationiste, comme bon nombre le constatent déjà. Le porte-parole moderne du Vatican, Jack Van Impe, a manifestement été recruté pour maintenir vivace ce mensonge hérétique voulant que le « Jour du Seigneur » et le « Jour de Christ » soient deux jours différents. Voici la définition des deux que l’on retrouve dans son Dictionnaire prophétique :

Jack Van Impe, Dictionnaire des termes prophétiques

« JOUR DE CHRIST : Le jour spécial dans la vie de notre Seigneur où Il vient chercher Son Épouse est appelé l’Enlèvement (Philippiens 1:10 ; 2:16). Il est aussi appelé le Jour du Seigneur Jésus-Christ (1 Corinthiens 1:8), le Jour du Seigneur Jésus (1 Corinthiens 5:5 ; 2 Corinthiens 1:14), le Jour de Jésus-Christ (Philippiens 1:6). Ce terme ne doit pas être confondu avec le Jour du Seigneur. Notez que le terme Jour de Christ, dans 2 Thessaloniciens 2:2, devrait être traduit par Jour du Seigneur.

« JOUR DU SEIGNEUR : Le Jour du Seigneur débute lorsque la période des tribulations commence. Il se continue pendant les 1 000 ans de règne de Christ parce que la destruction du monde par le feu après cela est encore appelée le Jour du Seigneur (voir 2 Pierre 3:10). Certains essaient d’en faire le moment de l’Enlèvement. C’est la raison pour laquelle le Jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit (1 Thessaloniciens 5:2). »

Deux choses attirent l’attention dans les énoncés de Van Impe. 1) Dans sa définition du Jour du Seigneur, il additionne une période de sept ans au Millénium, arrivant ainsi à un total de 1 007 ans. Devrait-on changer 2 Pierre 3:8 : « Mais, vous mes bien-aimés, n’ignorez pas ceci, qu’un jour est devant le Seigneur comme mille ans, et mille ans comme un jour » pour refléter les calculs de Jack ? Apparemment, Jack « ignore cette chose ». 2) Jack affirme ci-haut que le Jour du Seigneur débute immédiatement après l’enlèvement. Je le cite, car il dit : « C’est la raison pour laquelle le Jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit (1 Thessaloniciens 5:2). » Jésus a dit, dans Apocalypse 3:3 et 16:15, qu’Il viendra comme un voleur, ou un larron. Comment Jésus viendra-t-Il comme un voleur et comment le Jour du Seigneur viendra-t-il comme un voleur si ce n’est parce que l’enlèvement et le Jour du Seigneur sont un même jour ?

J’ai horreur de désapprouver les gens, mais le Seigneur Jésus-Christ ne reviendra qu’une seule fois (Hébreux 9:28) et Il récompensera les justes et jugera les injustes à ce moment-là (Apocalypse 11:18), immédiatement après les tribulations (Matthieu 24:29-30).

Avant de croire ce que les beaux parleurs racontent, s’il vous plaît, vérifiez toutes choses afin de discerner le vrai du faux. Retenez ce qui est vrai et rejetez le faux. De cette façon, la vérité vous apparaîtra de plus en plus claire dans toutes les Écritures et celles-ci deviendront extrêmement cohérentes à mesure que vous comprendrez le Plan de notre grand Dieu, Créateur et Rédempteur. N’ajoutez pas foi à toute doctrine proposée sans examiner préalablement et soigneusement si elle est fondée sur toutes les Écritures.

Si vous recherchez vraiment la vérité, elle vous affranchira.

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[1] La Bible de Genève de 1599, L. L. Brown Publishing, Ozark, MO, 1990, p. 109 (la traduction est la nôtre).

[2] Dave MacPherson, The Rapture Plot, Millenium III Publishers, Simpsonville, SC, 1995, p. 65.

[3] Dave MacPherson, The Rapture Plot, pp. 124-125, tel que cité de J. N. Darby, Short But Serious examination of… « Daniel the Prophet », 1850, Prop. No. 4, p. 67.




D.120 – L’Empire funeste du futurisme jésuitique

 

Extrait du chapitre 3 du livre The Left Behind Deception (La supercherie de Left Behind)

Par Steve Wohlberg

Imaginez une paire de lunettes surnaturelle, high-tech, divinement inspirée et qui pourrait donner au chrétien la capacité de percer une des plus grandes supercheries du Diable sur les temps de la fin. Or, pareilles lunettes à rayon-x existent ! Le but de cet article est de vous permettre de les trouver et de les mettre, et vous serez ainsi en mesure de comprendre le quasi inimaginable Empire funeste du Futurisme jésuitique.

La chrétienté moderne a, en grande partie, oublié toute l’importance de la Réforme protestante qui eut lieu au cours des années 1500. « Le seizième siècle donne l’effet d’un lever du jour orageux après une nuit lugubre. L’Europe se réveillait d’un long sommeil de superstitions. Les morts se levaient. Les témoins de la vérité qui avaient été tenus au silence et massacrés se relevaient et renouvelaient leur témoignage. Les confesseurs martyrisés réapparaissaient en les personnes des Réformateurs. Il y eut grand nettoyage du sanctuaire spirituel. On inaugurait la liberté civile et religieuse. La découverte de l’imprimerie et le réveil de l’apprentissage accélérèrent le mouvement. On fit du progrès dans tous les domaines. Colomb pris l’océan et découvrit un nouveau continent. Rome fut secouée sur le fondement de ses sept collines et perdit la moitié de sa domination. Des nations protestantes furent créées. Le monde moderne commença d’exister » [H. Grattan Guinness, Le Romanisme et la Réforme, p. 122].

Pendant près d’un millier d’années, l’Europe venait d’être dirigée d’une main de fer par Rome. Il n’existait que quelques Bibles et le christianisme était perclus de superstitions. La foi en Jésus-Christ, l’appréciation bien sentie de Son amour et la simple confiance en Sa mort sur la croix étaient des éléments presque inconnus. La vérité néo-testamentaire de la grâce, du plein pardon et du don gratuit de la vie éternelle aux croyants dans le Fils de Dieu (Romains 6:23) avaient été ensevelis sous une chape de traditions. Puis, tel un lion, Martin Luther se leva en Allemagne. Après une certaine période de luttes personnelles terribles, Martin Luther commença à enseigner la justification par la foi en Jésus-Christ (être déclaré « juste » par Dieu), plutôt que par la confiance mise dans les « mérites personnels » ou quelqu’œuvre humaine (Romains 1:16 ; 3:26, 28 ; 5:1).

Martin Luther devait éventuellement se tourner vers les prophéties. À la lueur des chandelles, il s’enquit de « la petite corne », de « l’homme du péché », et de « la bête » et fut ébranlé quand le Saint-Esprit parla en son cœur. Il vit finalement poindre la vérité et se dit : « Eh bien, ces prophéties s’appliquent à l’Église catholique romaine ! » Alors qu’il se débattait avec cette nouvelle perspective, la voix de Dieu lui fit puissamment écho dans l’âme, disant : « Prêche la Parole ! » (2 Timothée 4:2). Et ainsi, au risque d’y perdre la vie, Martin Luther prêcha publiquement et par écrit à un peuple éberlué d’apprendre que la Rome papale était, en vérité, l’Antichrist de la prophétie biblique. En raison de ce double message du salut par la foi en Jésus-Christ indépendamment des œuvres, et de la Papauté romaine en tant qu’Antichrist, le cours de l’histoire changea radicalement. Des centaines de milliers de gens, en Europe et en Angleterre, quittèrent l’Église catholique.

« Il y a deux grandes vérités qui ressortent de la prédication qui amena la Réforme protestante, » nous rappelle Ralph Woodrow, commentateur biblique américain, « le juste vivra par la foi et non pas par les œuvres du romanisme, et la papauté constitue l’Antichrist des Écritures. C’était un message en faveur de Christ et contre l’Antichrist. Toute la Réforme repose sur ce témoignage en deux volets » [Michael de Semlyen, Tous les chemins mènent à Rome, Publications Dorchester House, Dorchester House, Angleterre, 1991, pp. 202, 203]. On dit que la Réforme a d’abord découvert Jésus-Christ et, ensuite, sous l’étincelante lumière du Christ, elle découvrit l’Antichrist. Ce mouvement puissant et inspiré de Dieu, en faveur de Christ et contre l’Antichrist, secoua le monde.

H. Grattan Guinness a écrit ces paroles mémorables : « Dès le début et durant tout son cours, ce mouvement [de la Réforme] fut rempli d’énergie et guidé par la Parole prophétique. Luther ne se sentit assez fort et libre de faire la guerre à l’apostasie papale que lorsqu’il put reconnaître l’Antichrist dans le pape. C’est à ce moment-là qu’il brûla la bulle papale. Le premier sermon de Knox, sermon qui le lança dans sa mission de réformateur, traitait des prophéties concernant la papauté. Les réformateurs incorporèrent leurs interprétations de la prophétie dans leurs professions de foi, et Calvin dans ses « Institutions ». Tous les réformateurs étaient unanimes à ce sujet ; même le doux et prudent Melanchton se montra aussi sûr de la signification anti-papale de ces prophéties que l’était Luther lui-même. Et leur interprétation de ces prophéties détermina leur action réformiste. Cela les conduisit à protester contre Rome avec une extraordinaire force et un courage intrépide. Ce qui les fortifia pour résister aux prétentions de l’Église apostate, et ce jusqu’au degré suprême. Cela en fit des martyrs ; ça les soutint sur le bûcher. Et le point de vue des Réformateurs fut partagé par des milliers, des centaines de milliers de personnes. Il fut adopté par des princes et des peuples. Sous leur influence, des nations abjurèrent leur allégeance aux faux prêtres de Rome. Dans la réaction qui suivit, toutes les puissances de l’enfer semblèrent lancées contre les adeptes de la Réforme. Les guerres succédèrent aux guerres ; les tortures, les incendies et les massacres se multiplièrent. Pourtant, la Réforme se tint debout, invaincue et irrépressible. La Parole de Dieu la soutenait, ainsi que l’énergie de Son Esprit tout-puissant. C’était l’œuvre de Christ, aussi vrai que l’avait été la fondation de l’Église quelque dix-huit siècles auparavant ; et la Révélation de l’avenir qu’Il donna des cieux — ce livre prophétique qui clôt les Écritures — était l’un des plus puissants instruments employés dans son accomplissement » [H. Grattan Guinness, Le Romanisme et la Réforme, pp. 136, 137].

En 1545, l’Église catholique convoqua un des plus célèbres conciles de son histoire qui eut lieu au nord de Rome, dans une ville du nom de Trente. Le Concile de Trente s’étendit sur trois sessions prenant fin en 1563. Un des principaux desseins des catholiques, lors de ce Concile était de planifier une contre-attaque envers Martin Luther et les protestants. Donc, Trente devint un centre de la Contre-Réforme de Rome. Jusque-là, la principale méthode d’attaque de Rome avait été en grande partie frontale : la destruction publique par le feu des Bibles et des hérétiques. Or, cette guerre ne fit que confirmer dans l’esprit des protestants leur conviction que la Rome papale constituait vraiment la Bête qui allait « faire la guerre aux saints » (Apocalypse 13:7). De ce fait, l’on avait donc besoin d’une autre tactique, de quelque chose de moins évident. C’est là que les terribles et sinistres Jésuites entrèrent en scène.

Le 15 août 1534, Ignace de Loyola fonda l’ordre secret catholique appelé la Compagnie (ou la Société) de Jésus, aussi connue sous le vocable des Jésuites. Historiquement parlant, nous pourrions comparer cet ordre à l’Empire des Ténèbres de Darth Vador des films de la classique série de la Guerre des Étoiles. Les Jésuites jouissent définitivement d’une histoire ténébreuse d’intrigue et de sédition, et c’est d’ailleurs pour cela qu’ils furent expulsés du Portugal (1759), de France (1764), d’Espagne (1767), de Naples (1767) et de Russie (1820). « Les prêtres jésuites ont été reconnus, dans toute l’histoire, comme le bras politique le plus inique de l’Église catholique romaine. Edmond Paris, dans son œuvre érudite, L’histoire secrète des Jésuites, révèle une documentation importante à cet effet » [Seventy Weeks : The Historical Alternative (Soixante-dix semaines : l’alternative historique), par Robert Caringola, Abundant Life Ministries Reformed Press, 1991, p. 31]. Au Concile de Trente, l’Église catholique donna aux Jésuites la tâche spécifique de détruire le protestantisme et de ramener le peuple à Mère l’Église. Cela devait se faire, non seulement par le moyen de l’Inquisition et de la torture, mais aussi par la théologie.

Il est temps d’ajuster nos lunettes à rayon-x. Au Concile de Trente, les Jésuites eurent comme mission du pape de développer une nouvelle interprétation des Écritures qui contrecarrerait l’application protestante des prophéties bibliques de l’Antichrist à l’endroit de l’Église catholique romaine. Francisco Ribera (1537-1591), prêtre jésuite surdoué et docteur en théologie provenant de l’Espagne, dit, en gros : « Me voici, envoyez-moi. » Comme Martin Luther, Francisco Ribera lut, lui aussi à la lueur des chandelles, les prophéties à propos de l’Antichrist, la petite corne, l’homme du péché et la Bête. Mais, du fait que le pape était son patron, il en vint à des conclusions considérablement différentes de celles des protestants. « Eh bien, ces prophéties ne s’appliquent pas du tout à l’Église catholique ! » s’écria Ribera. Alors, à qui s’appliquent-elles ? Ribera proclama : « À un seul et unique homme sinistre qui s’élèvera à la fin des temps ! » « Fantastique ! » fit Rome, en réplique, et cette perspective fut rapidement adoptée en tant que position officielle catholique romaine concernant l’Antichrist.

« En 1590, Ribera publia un commentaire sur l’Apocalypse pour contrer l’interprétation qui prévalait parmi les protestants, laquelle interprétation identifiait la papauté à l’Antichrist. Ribera appliqua toute l’Apocalypse, sauf les premiers chapitres, à la fin des temps plutôt qu’à l’histoire de l’Église. L’Antichrist devait être un seul personnage inique qui serait reçu par les Juifs et qui rebâtirait Jérusalem » [George Eldon Ladd, The Blessed Hope : A Biblical Study of the Second Advent and the Rapture (La bienheureuse espérance : étude biblique du Second Avènement et de l’Enlèvement), Grand Rapids, MI : Eerdmans, 1956, pp. 37, 38]. « Ribera niait que l’Antichrist scripturaire protestant (2 Thessaloniciens 2) soit assis dans l’Église de Dieu — tel que l’affirmaient Augustin, Jérôme, Luther et de nombreux réformistes. Il établit un Antichrist infidèle, en dehors de l’Église de Dieu » [Ron Thompson, Champions of Christianity in Search of Truth (Champions du christianisme en quête de vérité), p. 89]. « Il résultat de son œuvre [celle de Ribera] déformation et diffamation de la vérité prophétique » [Robert Caringola, Seventy Weeks : The Historical Alternative, p. 32].

Suivant de près Francisco Ribera, il y eut un autre brillant érudit jésuite, le cardinal Robert Bellarmine (1542-1621), de Rome. Entre 1581 et 1593, le cardinal Bellarmine publia son « Cours polémique concernant les points de dispute des croyances chrétiennes contre les hérétiques de notre époque ». Dans ce cours, il se montre d’accord avec Ribera. « Les enseignements futuristes de Ribera furent plus tard popularisés par un cardinal italien parmi les plus réputés chez les Jésuites controversistes. Ses écrits déclaraient que Paul, Daniel et Jean n’avaient quoique ce soit à dire à propos du pouvoir papal. L’école du futurisme gagna l’acceptation générale parmi les catholiques. On enseigna à ces derniers que l’Antichrist était un individu unique qui ne régnerait pas avant la fin des temps » [Great Prophecies of the Bible (Les grandes prophéties de la Bible), par Ralph Woodrow, p. 198]. Grâce à l’œuvre de ces deux rusés érudits jésuites, nous pouvons dire qu’un tout nouveau-né était venu au monde. Les historiens protestants ont donné un nom à ce bébé : le Futurisme jésuitique. En fait, Francisco Ribera a été appelé le père du Futurisme.

Avant d’aller plus loin, définissons certains termes. L’Historicisme est la croyance selon laquelle les prophéties bibliques ayant trait à la petite corne, l’homme du péché, l’Antichrist, la Bête et la Prostituée babylonienne d’Apocalypse 17 s’appliquent tous au développement historique du christianisme et de la lutte continue entre Jésus-Christ et Satan au sein de l’Église chrétienne, dont le point culminent sera atteint à la fin des temps. L’Historicisme considère que ces prophéties s’appliquent directement à la Rome papale en tant que système dont les doctrines sont un réel déni des messages du Nouveau Testament sur le salut par la grâce au moyen de la vraie foi en Jésus-Christ, indépendamment des œuvres. L’Historicisme fut le point de vue prophétique primordial des Réformateurs protestants. En opposition directe à l’Historicisme, et menant une contre-attaque acérée contre le protestantisme, il y eut l’Empire funeste des Jésuites avec leur vision du Futurisme qui disait, fondamentalement : « Les prophéties à propos de l’Antichrist n’ont rien à voir avec l’histoire de la papauté romaine, mais s’appliquent plutôt à un seul, unique et sinistre personnage qui vient à la fin. »

Donc, le Futurisme jésuitique balaie 1 500 ans d’histoire prophétiques et les met sous le tapis en insérant son infâme TROUÉE temporelle. La théorie de la TROUÉE enseigne que, lorsque Rome est tombée, la prophétie s’est arrêtée pour ne reprendre qu’autour de l’époque de l’Enlèvement. Ainsi, les dix cornes, la petite corne, la Bête et l’Antichrist n’auraient aucun rapport avec les chrétiens d’aujourd’hui. D’après cette perspective, combien de prophéties se sont accomplies durant l’Ère des Ténèbres ? Aucune. Zéro.

Dans les 300 ans suivant le Concile de Trente, ce bébé catholique (le Futurisme jésuitique) se restreignit en grande partie à la mangeoire catholique, mais le plan des Jésuites voulait que ce bébé grandisse et soit finalement adopté par les protestants. Ce processus d’adoption commença réellement au début du 19e siècle, en Angleterre et, de là, gagna ensuite l’Amérique. Le récit de son déroulement est à la fois fascinant et tragique. En partageant brièvement certains moments forts, j’aimerais préciser que plusieurs des personnes que je mentionnerai étaient (et sont) de vrais chrétiens. Mais est-ce possible qu’un chrétien devienne inconsciemment conducteur d’erreurs ? En d’autres mots, un chrétien sincère peut-il être utilisé à la fois par Jésus-Christ et le diable ? À première vue, nous serions portés à dire : « Jamais ! » Mais prenez ce qui suit en considération. Dans Matthieu 16, Jésus dit à Pierre que Dieu l’avait béni de pouvoir faire part de sa foi en Christ (Matthieu 16:15-17), et ensuite, quelques minutes plus tard seulement, Pierre céda à la tentation et Satan parla par son intermédiaire (16:21-23) ! Cela prouve qu’un chrétien peut être employé et par Dieu et par Satan, et cela à l’intérieur d’un court laps de temps. C’est ce que j’appelle le Principe de Pierre.

« Le Futurisme de Ribera ne fut pas une véritable menace pour les protestants lors des 300 premières années de son existence. Il se confinait virtuellement à l’Église de Rome. Mais, tôt au 19e siècle, il jaillit avec violence et fut lâché sur les protestants de l’Église d’État d’Angleterre » [Ron Thompson, Champions of Christianity in Search of Truth, p. 91]. Le Dr Samuel Roffey Maitland (1792-1866), avocat et érudit biblique, devint bibliothécaire de l’Archevêque de Canterbury. C’est probablement ce jour-là qu’il découvrit les commentaires de Ribera dans la bibliothèque. À tout événement, en 1826, il produisit un livre très lu attaquant la Réforme et soutenant l’idée de Ribera d’un futur Antichrist individuel. Les dix années suivantes, de brochures en petits traités, il poursuivit sa rhétorique anti-Réformiste. Comme résultat de son zèle et de ses fortes attaques contre la Réforme en Angleterre, le protestantisme de la nation même qui avait produit la Bible King James (1611), reçut un coup d’assommoir.

Après le Dr Maitland, vint James H. Todd, professeur d’hébreu à l’Université de Dublin. Todd accepta les idées futuristes de Maitland, publiant ses propres livres et dépliants de soutien. Puis, vint John Henry Newman (1801-1890), membre de l’Église d’Angleterre et leader du célèbre mouvement d’Oxford (1833-1845). En 1850, Newman écrivit sa « lettre sur les difficultés anglicanes », révélant qu’un des buts du Mouvement d’Oxford était finalement de fondre ensemble les « diverses confessions et parties anglaises » et les ramener dans l’Église catholique de Rome. Après avoir publié une brochure endossant le futurisme de Todd à propos d’un Antichrist individuel, Newman devint bientôt pleinement catholique romain et même, plus tard, un très honoré cardinal. « Le mouvement de retour à Rome s’élevait déjà, se destinant à balayer les vieux repaires protestants, comme un déluge » [H. Grattan Guinness, History Unveiling Prophecy or Time as an Interpreter (L’histoire dévoile la prophétie ou le Temps se fait interprète) New York : Fleming H. Revell Co., 1905, p. 289].

Arriva ensuite le très respecté ministre presbytérien écossais, Edward Irving (1792-1834), précurseur reconnu des mouvements de Pentecôte et charismatiques. Irving était pasteur de la Grande Chapelle Calédonienne de Londres et de ses quelques 1 000 membres. Lorsqu’Irving se tourna vers les prophéties, il accepta éventuellement l’idée d’un Antichrist individuel de Todd, Maitland, Bellarmine et Ribera, et franchit même une étape de plus. Autour de 1830, Edward Irving commença à enseigner l’idée, unique en son genre, d’un retour de Christ en deux phases, la première étant l’enlèvement secret [de l’Église] avant la montée de l’Antichrist. Où a-t-il pris cette idée ? Cela est matière à beaucoup de discussions. Le journaliste Dave MacPherson croit qu’Irving l’a adoptée suite à une « révélation prophétique » accordée à une jeune femme écossaise du nom de Margaret McDonald [The Incredible Cover-up : Exposing the Origins of Rapture Theories (L’incroyable dissimulation : Exposé de l’origine des théories sur l’Enlèvement), par Dave MacPherson, Omega Publications, Medford Oregon, 1980]. Quoi qu’il en soit, le fait est qu’Irving l’a enseigné !

Au milieu de ce climat croissant d’anti-protestantisme en Angleterre, surgit un homme du nom de John Nelson Darby (1800-1882). Avocat intelligent, pasteur et théologien, il écrivit plus de 53 bouquins sur des sujets bibliques. Chrétien très respecté et homme de grande piété, Darby se campa fortement du côté de l’infaillibilité de la Bible, par contraste au libéralisme de l’époque. Il devint l’un des leaders d’un groupe à Plymouth, en Angleterre que se fit connaître sous le nom de Frères de Plymouth. L’apport de Darby au développement de la théologie évangélique fut si important qu’on l’appelle le père du Dispensationalisme moderne. Or, John Nelson Darby, comme Edward Irving, devint aussi grand promoteur d’un Enlèvement pré-tribulationiste suivi d’un Antichrist individuel unique. En fait, cet enseignement est devenu un cachet de contrôle du Dispensationalisme.

Le Dispensationalisme est la théorie selon laquelle Dieu traiterait avec l’humanité par le biais de périodes et dispensations majeures. D’après Darby, nous sommes maintenant dans « l’Ère de l’Église », i.e., jusqu’à l’Enlèvement. Après l’Enlèvement, la période de sept ans de Daniel 9:27 va censément rappliquer, et c’est là que l’Antichrist se lèvera contre les Juifs. En fait, pour établir cette 70e semaine de Daniel très populaire aujourd’hui, il a fallu que John Nelson Darby déplace une grande partie des fondements de l’histoire à l’égard de Jésus-Christ pour les appliquer à une future Tribulation après l’Enlèvement. Ainsi donc, malgré tous les aspects positifs de son ministère, Darby suivit Maitland, Todd, Bellarmine et Ribera en incorporant les enseignements du Futurisme à sa théologie. Cela créa une chaîne reliant John Darby, le père du Dispensationalisme, au Jésuite Francisco Ribera, père du Futurisme. Darby visita l’Amérique à six reprises, entre 1859 et 1874, prêchant dans toutes les villes majeures, et il y planta définitivement la graine du Futurisme en sol américain. L’enfant du Jésuite grandissait.

Un des personnages les plus importants de cette saga dramatique est certes Cyrus Ingerson Scofield (1843-1921), avocat du Kansas, grandement influencé par les écrits de Darby. En 1909, Scofield publia la première édition de sa Bible de Références Scofield. Au début des années 1900, cette Bible devint tellement populaire dans les écoles de Bible protestantes américaines qu’il fut nécessaire d’en imprimer littéralement des millions de copies. Or, dans les notes très respectées de cette Bible, Scofield injecta de grandes doses du fluide du Futurisme qu’on retrouvait aussi dans les écrits de Darby, de Todd, de Maitland, de Bellarmine et de Ribera. Au travers de la Bible de Scofield, l’enfant jésuite atteignit l’âge de jeune adulte. La doctrine d’un Antichrist encore à venir s’établissait de plus en plus fermement au sein du protestantisme américain du 20e siècle.

L’Institut biblique Moody et le Séminaire théologique de Dallas ont fortement soutenu les enseignements de John Nelson Darby [et de Cyrus I. Scofield], ce qui a contribué à nourrir la croissance du Futurisme. Puis, dans les années 1970, le pasteur Hal Lindsey, gradué du Séminaire théologique de Dallas, lança sa bombe littéraire : The Late Great Planet Earth (Feu la grande planète Terre). Ce volume de 177 pages faciles à lire porta le Futurisme chez les masses du christianisme américain et au-delà. Le New York Time le qualifia de « best-seller numéro un de la décennie ». Plus de 30 millions de copies ont été vendues et il a été traduit en plus de 30 langues. Par The Late Great Planet Earth, l’enfant du Futurisme jésuitique est devenu un homme [ou un monstre…].

Par la suite, il y a eu Left Behind. Dans les années 1990, Tim LaHaye et Jerry Jenkins reprirent l’idée d’un Antichrist individuel d’Hal Lindsey, Scofield, Darby, Irving, Newman, Todd, Maitland, Bellarmine et Ribera, et la transformèrent en « la plus grande réussite parmi les séries de fiction chrétienne » [Publishers Weekly]. Le livre d’Hal Lindsey, The Great Late Planet Earth, était en bonne partie théologique, ce qui en restreignait l’attrait, alors que Left Behind est une séquence de romans très imaginatifs, « regorgeant de suspense, d’action et d’aventure », un « thriller chrétien », gratifié d’une « étiquette que ses créateurs ne lui auraient jamais prédite : un succès retentissant » [Entertainment Weekly]. Les ministères télévisés très respectés de Jack Van Impe, de Peter et Paul Lalonde, et du pasteur John Hagee ont tous œuvré ensemble pour produire Left Behind : The Movie. Le projet dans son entier a même retenu l’attention du New York Time et du Wall Street Journal, résultant en une interview de LaHaye et Jenkins au Larry King Live. Les livres de Left Behind sont même disponibles dans les étalages de Wal-Mart, Fry’s Electronics et de nombreux autres magasins.

Laissez-moi encore clarifier que je crois que les producteurs de Left Behind et les leaders de ces ministères télévisés sont de véritables chrétiens qui font de leur mieux pour influencer les gens en faveur du Royaume[1]. Dieu les utilise exactement comme le Père parla par la bouche de Pierre lorsque celui-ci confessa avec fermeté sa foi en Christ (Matthieu 16:15-17). Rappelez-vous du Principe de Pierre. Il y a de bonnes choses dans Left Behind que Dieu peut employer pour toucher des gens vis-à-vis Jésus-Christ. Mais, à la lumière crue des Écritures, des prophéties et de la Réforme protestante, il y a quelque chose de terriblement mauvais. Left Behind prêche aujourd’hui le même Futurisme jésuitique que Francisco Ribera qui cacha la pure vérité au sujet de l’Antichrist. Grâce à Left Behind, les vannes du Futurisme sont maintenant grandes ouvertes, lâchant un raz-de-marée de faussetés prophétiques qui balaie l’Amérique. ».

Comme nous l’avons déjà vu, le fondement théologique de la série entière de Left Behind repose sur l’application des « sept ans » de Daniel 9:27 à une future période de Tribulations. Êtes-vous prêts à ceci ? Devinez qui fut l’un des premiers parmi les érudits à faire glisser la 70e semaine de Daniel de la 69e pour l’amener jusqu’à la fin des temps ? Francisco Ribera de l’Empire funeste ! « L’outil principal de Ribera fut les 70 semaines. Il enseigna que la 70e semaine de Daniel était encore future (…) comme si Dieu avait installé une bande élastique géante sur cette mesure de temps messianique. Cette supposition vous semble-t-elle familière ? C’est le scénario exact utilisé par Hal Lindsey et une multitude d’autres enseignants prophétiques actuels » [Robert Caringola, Seventy Weeks : The Historical Alternative, p. 35].

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[1] Mission : Moisson des Élus : Nous ne sommes pas aussi optimistes que l’auteur de cet article, car les fruits de cette propagande de fausse doctrine, croyons-nous, ne saurait être l’œuvre de chrétiens à qui Dieu aurait promis de les conduire dans toute la vérité (Jean 16:13). N’oublions pas que l’apôtre Pierre, après les remontrances de Jésus, s’est repenti. Ces personnages-ci, après qu’on leur eut montré leurs erreurs, persistent toujours et signent leur faux enseignements. Quoi qu’on en dise, un faux prophète demeure un faux prophète…!