D.120 – L’Empire funeste du futurisme jésuitique

 

Extrait du chapitre 3 du livre The Left Behind Deception (La supercherie de Left Behind)

Par Steve Wohlberg

Imaginez une paire de lunettes surnaturelle, high-tech, divinement inspirée et qui pourrait donner au chrétien la capacité de percer une des plus grandes supercheries du Diable sur les temps de la fin. Or, pareilles lunettes à rayon-x existent ! Le but de cet article est de vous permettre de les trouver et de les mettre, et vous serez ainsi en mesure de comprendre le quasi inimaginable Empire funeste du Futurisme jésuitique.

La chrétienté moderne a, en grande partie, oublié toute l’importance de la Réforme protestante qui eut lieu au cours des années 1500. « Le seizième siècle donne l’effet d’un lever du jour orageux après une nuit lugubre. L’Europe se réveillait d’un long sommeil de superstitions. Les morts se levaient. Les témoins de la vérité qui avaient été tenus au silence et massacrés se relevaient et renouvelaient leur témoignage. Les confesseurs martyrisés réapparaissaient en les personnes des Réformateurs. Il y eut grand nettoyage du sanctuaire spirituel. On inaugurait la liberté civile et religieuse. La découverte de l’imprimerie et le réveil de l’apprentissage accélérèrent le mouvement. On fit du progrès dans tous les domaines. Colomb pris l’océan et découvrit un nouveau continent. Rome fut secouée sur le fondement de ses sept collines et perdit la moitié de sa domination. Des nations protestantes furent créées. Le monde moderne commença d’exister » [H. Grattan Guinness, Le Romanisme et la Réforme, p. 122].

Pendant près d’un millier d’années, l’Europe venait d’être dirigée d’une main de fer par Rome. Il n’existait que quelques Bibles et le christianisme était perclus de superstitions. La foi en Jésus-Christ, l’appréciation bien sentie de Son amour et la simple confiance en Sa mort sur la croix étaient des éléments presque inconnus. La vérité néo-testamentaire de la grâce, du plein pardon et du don gratuit de la vie éternelle aux croyants dans le Fils de Dieu (Romains 6:23) avaient été ensevelis sous une chape de traditions. Puis, tel un lion, Martin Luther se leva en Allemagne. Après une certaine période de luttes personnelles terribles, Martin Luther commença à enseigner la justification par la foi en Jésus-Christ (être déclaré « juste » par Dieu), plutôt que par la confiance mise dans les « mérites personnels » ou quelqu’œuvre humaine (Romains 1:16 ; 3:26, 28 ; 5:1).

Martin Luther devait éventuellement se tourner vers les prophéties. À la lueur des chandelles, il s’enquit de « la petite corne », de « l’homme du péché », et de « la bête » et fut ébranlé quand le Saint-Esprit parla en son cœur. Il vit finalement poindre la vérité et se dit : « Eh bien, ces prophéties s’appliquent à l’Église catholique romaine ! » Alors qu’il se débattait avec cette nouvelle perspective, la voix de Dieu lui fit puissamment écho dans l’âme, disant : « Prêche la Parole ! » (2 Timothée 4:2). Et ainsi, au risque d’y perdre la vie, Martin Luther prêcha publiquement et par écrit à un peuple éberlué d’apprendre que la Rome papale était, en vérité, l’Antichrist de la prophétie biblique. En raison de ce double message du salut par la foi en Jésus-Christ indépendamment des œuvres, et de la Papauté romaine en tant qu’Antichrist, le cours de l’histoire changea radicalement. Des centaines de milliers de gens, en Europe et en Angleterre, quittèrent l’Église catholique.

« Il y a deux grandes vérités qui ressortent de la prédication qui amena la Réforme protestante, » nous rappelle Ralph Woodrow, commentateur biblique américain, « le juste vivra par la foi et non pas par les œuvres du romanisme, et la papauté constitue l’Antichrist des Écritures. C’était un message en faveur de Christ et contre l’Antichrist. Toute la Réforme repose sur ce témoignage en deux volets » [Michael de Semlyen, Tous les chemins mènent à Rome, Publications Dorchester House, Dorchester House, Angleterre, 1991, pp. 202, 203]. On dit que la Réforme a d’abord découvert Jésus-Christ et, ensuite, sous l’étincelante lumière du Christ, elle découvrit l’Antichrist. Ce mouvement puissant et inspiré de Dieu, en faveur de Christ et contre l’Antichrist, secoua le monde.

H. Grattan Guinness a écrit ces paroles mémorables : « Dès le début et durant tout son cours, ce mouvement [de la Réforme] fut rempli d’énergie et guidé par la Parole prophétique. Luther ne se sentit assez fort et libre de faire la guerre à l’apostasie papale que lorsqu’il put reconnaître l’Antichrist dans le pape. C’est à ce moment-là qu’il brûla la bulle papale. Le premier sermon de Knox, sermon qui le lança dans sa mission de réformateur, traitait des prophéties concernant la papauté. Les réformateurs incorporèrent leurs interprétations de la prophétie dans leurs professions de foi, et Calvin dans ses « Institutions ». Tous les réformateurs étaient unanimes à ce sujet ; même le doux et prudent Melanchton se montra aussi sûr de la signification anti-papale de ces prophéties que l’était Luther lui-même. Et leur interprétation de ces prophéties détermina leur action réformiste. Cela les conduisit à protester contre Rome avec une extraordinaire force et un courage intrépide. Ce qui les fortifia pour résister aux prétentions de l’Église apostate, et ce jusqu’au degré suprême. Cela en fit des martyrs ; ça les soutint sur le bûcher. Et le point de vue des Réformateurs fut partagé par des milliers, des centaines de milliers de personnes. Il fut adopté par des princes et des peuples. Sous leur influence, des nations abjurèrent leur allégeance aux faux prêtres de Rome. Dans la réaction qui suivit, toutes les puissances de l’enfer semblèrent lancées contre les adeptes de la Réforme. Les guerres succédèrent aux guerres ; les tortures, les incendies et les massacres se multiplièrent. Pourtant, la Réforme se tint debout, invaincue et irrépressible. La Parole de Dieu la soutenait, ainsi que l’énergie de Son Esprit tout-puissant. C’était l’œuvre de Christ, aussi vrai que l’avait été la fondation de l’Église quelque dix-huit siècles auparavant ; et la Révélation de l’avenir qu’Il donna des cieux — ce livre prophétique qui clôt les Écritures — était l’un des plus puissants instruments employés dans son accomplissement » [H. Grattan Guinness, Le Romanisme et la Réforme, pp. 136, 137].

En 1545, l’Église catholique convoqua un des plus célèbres conciles de son histoire qui eut lieu au nord de Rome, dans une ville du nom de Trente. Le Concile de Trente s’étendit sur trois sessions prenant fin en 1563. Un des principaux desseins des catholiques, lors de ce Concile était de planifier une contre-attaque envers Martin Luther et les protestants. Donc, Trente devint un centre de la Contre-Réforme de Rome. Jusque-là, la principale méthode d’attaque de Rome avait été en grande partie frontale : la destruction publique par le feu des Bibles et des hérétiques. Or, cette guerre ne fit que confirmer dans l’esprit des protestants leur conviction que la Rome papale constituait vraiment la Bête qui allait « faire la guerre aux saints » (Apocalypse 13:7). De ce fait, l’on avait donc besoin d’une autre tactique, de quelque chose de moins évident. C’est là que les terribles et sinistres Jésuites entrèrent en scène.

Le 15 août 1534, Ignace de Loyola fonda l’ordre secret catholique appelé la Compagnie (ou la Société) de Jésus, aussi connue sous le vocable des Jésuites. Historiquement parlant, nous pourrions comparer cet ordre à l’Empire des Ténèbres de Darth Vador des films de la classique série de la Guerre des Étoiles. Les Jésuites jouissent définitivement d’une histoire ténébreuse d’intrigue et de sédition, et c’est d’ailleurs pour cela qu’ils furent expulsés du Portugal (1759), de France (1764), d’Espagne (1767), de Naples (1767) et de Russie (1820). « Les prêtres jésuites ont été reconnus, dans toute l’histoire, comme le bras politique le plus inique de l’Église catholique romaine. Edmond Paris, dans son œuvre érudite, L’histoire secrète des Jésuites, révèle une documentation importante à cet effet » [Seventy Weeks : The Historical Alternative (Soixante-dix semaines : l’alternative historique), par Robert Caringola, Abundant Life Ministries Reformed Press, 1991, p. 31]. Au Concile de Trente, l’Église catholique donna aux Jésuites la tâche spécifique de détruire le protestantisme et de ramener le peuple à Mère l’Église. Cela devait se faire, non seulement par le moyen de l’Inquisition et de la torture, mais aussi par la théologie.

Il est temps d’ajuster nos lunettes à rayon-x. Au Concile de Trente, les Jésuites eurent comme mission du pape de développer une nouvelle interprétation des Écritures qui contrecarrerait l’application protestante des prophéties bibliques de l’Antichrist à l’endroit de l’Église catholique romaine. Francisco Ribera (1537-1591), prêtre jésuite surdoué et docteur en théologie provenant de l’Espagne, dit, en gros : « Me voici, envoyez-moi. » Comme Martin Luther, Francisco Ribera lut, lui aussi à la lueur des chandelles, les prophéties à propos de l’Antichrist, la petite corne, l’homme du péché et la Bête. Mais, du fait que le pape était son patron, il en vint à des conclusions considérablement différentes de celles des protestants. « Eh bien, ces prophéties ne s’appliquent pas du tout à l’Église catholique ! » s’écria Ribera. Alors, à qui s’appliquent-elles ? Ribera proclama : « À un seul et unique homme sinistre qui s’élèvera à la fin des temps ! » « Fantastique ! » fit Rome, en réplique, et cette perspective fut rapidement adoptée en tant que position officielle catholique romaine concernant l’Antichrist.

« En 1590, Ribera publia un commentaire sur l’Apocalypse pour contrer l’interprétation qui prévalait parmi les protestants, laquelle interprétation identifiait la papauté à l’Antichrist. Ribera appliqua toute l’Apocalypse, sauf les premiers chapitres, à la fin des temps plutôt qu’à l’histoire de l’Église. L’Antichrist devait être un seul personnage inique qui serait reçu par les Juifs et qui rebâtirait Jérusalem » [George Eldon Ladd, The Blessed Hope : A Biblical Study of the Second Advent and the Rapture (La bienheureuse espérance : étude biblique du Second Avènement et de l’Enlèvement), Grand Rapids, MI : Eerdmans, 1956, pp. 37, 38]. « Ribera niait que l’Antichrist scripturaire protestant (2 Thessaloniciens 2) soit assis dans l’Église de Dieu — tel que l’affirmaient Augustin, Jérôme, Luther et de nombreux réformistes. Il établit un Antichrist infidèle, en dehors de l’Église de Dieu » [Ron Thompson, Champions of Christianity in Search of Truth (Champions du christianisme en quête de vérité), p. 89]. « Il résultat de son œuvre [celle de Ribera] déformation et diffamation de la vérité prophétique » [Robert Caringola, Seventy Weeks : The Historical Alternative, p. 32].

Suivant de près Francisco Ribera, il y eut un autre brillant érudit jésuite, le cardinal Robert Bellarmine (1542-1621), de Rome. Entre 1581 et 1593, le cardinal Bellarmine publia son « Cours polémique concernant les points de dispute des croyances chrétiennes contre les hérétiques de notre époque ». Dans ce cours, il se montre d’accord avec Ribera. « Les enseignements futuristes de Ribera furent plus tard popularisés par un cardinal italien parmi les plus réputés chez les Jésuites controversistes. Ses écrits déclaraient que Paul, Daniel et Jean n’avaient quoique ce soit à dire à propos du pouvoir papal. L’école du futurisme gagna l’acceptation générale parmi les catholiques. On enseigna à ces derniers que l’Antichrist était un individu unique qui ne régnerait pas avant la fin des temps » [Great Prophecies of the Bible (Les grandes prophéties de la Bible), par Ralph Woodrow, p. 198]. Grâce à l’œuvre de ces deux rusés érudits jésuites, nous pouvons dire qu’un tout nouveau-né était venu au monde. Les historiens protestants ont donné un nom à ce bébé : le Futurisme jésuitique. En fait, Francisco Ribera a été appelé le père du Futurisme.

Avant d’aller plus loin, définissons certains termes. L’Historicisme est la croyance selon laquelle les prophéties bibliques ayant trait à la petite corne, l’homme du péché, l’Antichrist, la Bête et la Prostituée babylonienne d’Apocalypse 17 s’appliquent tous au développement historique du christianisme et de la lutte continue entre Jésus-Christ et Satan au sein de l’Église chrétienne, dont le point culminent sera atteint à la fin des temps. L’Historicisme considère que ces prophéties s’appliquent directement à la Rome papale en tant que système dont les doctrines sont un réel déni des messages du Nouveau Testament sur le salut par la grâce au moyen de la vraie foi en Jésus-Christ, indépendamment des œuvres. L’Historicisme fut le point de vue prophétique primordial des Réformateurs protestants. En opposition directe à l’Historicisme, et menant une contre-attaque acérée contre le protestantisme, il y eut l’Empire funeste des Jésuites avec leur vision du Futurisme qui disait, fondamentalement : « Les prophéties à propos de l’Antichrist n’ont rien à voir avec l’histoire de la papauté romaine, mais s’appliquent plutôt à un seul, unique et sinistre personnage qui vient à la fin. »

Donc, le Futurisme jésuitique balaie 1 500 ans d’histoire prophétiques et les met sous le tapis en insérant son infâme TROUÉE temporelle. La théorie de la TROUÉE enseigne que, lorsque Rome est tombée, la prophétie s’est arrêtée pour ne reprendre qu’autour de l’époque de l’Enlèvement. Ainsi, les dix cornes, la petite corne, la Bête et l’Antichrist n’auraient aucun rapport avec les chrétiens d’aujourd’hui. D’après cette perspective, combien de prophéties se sont accomplies durant l’Ère des Ténèbres ? Aucune. Zéro.

Dans les 300 ans suivant le Concile de Trente, ce bébé catholique (le Futurisme jésuitique) se restreignit en grande partie à la mangeoire catholique, mais le plan des Jésuites voulait que ce bébé grandisse et soit finalement adopté par les protestants. Ce processus d’adoption commença réellement au début du 19e siècle, en Angleterre et, de là, gagna ensuite l’Amérique. Le récit de son déroulement est à la fois fascinant et tragique. En partageant brièvement certains moments forts, j’aimerais préciser que plusieurs des personnes que je mentionnerai étaient (et sont) de vrais chrétiens. Mais est-ce possible qu’un chrétien devienne inconsciemment conducteur d’erreurs ? En d’autres mots, un chrétien sincère peut-il être utilisé à la fois par Jésus-Christ et le diable ? À première vue, nous serions portés à dire : « Jamais ! » Mais prenez ce qui suit en considération. Dans Matthieu 16, Jésus dit à Pierre que Dieu l’avait béni de pouvoir faire part de sa foi en Christ (Matthieu 16:15-17), et ensuite, quelques minutes plus tard seulement, Pierre céda à la tentation et Satan parla par son intermédiaire (16:21-23) ! Cela prouve qu’un chrétien peut être employé et par Dieu et par Satan, et cela à l’intérieur d’un court laps de temps. C’est ce que j’appelle le Principe de Pierre.

« Le Futurisme de Ribera ne fut pas une véritable menace pour les protestants lors des 300 premières années de son existence. Il se confinait virtuellement à l’Église de Rome. Mais, tôt au 19e siècle, il jaillit avec violence et fut lâché sur les protestants de l’Église d’État d’Angleterre » [Ron Thompson, Champions of Christianity in Search of Truth, p. 91]. Le Dr Samuel Roffey Maitland (1792-1866), avocat et érudit biblique, devint bibliothécaire de l’Archevêque de Canterbury. C’est probablement ce jour-là qu’il découvrit les commentaires de Ribera dans la bibliothèque. À tout événement, en 1826, il produisit un livre très lu attaquant la Réforme et soutenant l’idée de Ribera d’un futur Antichrist individuel. Les dix années suivantes, de brochures en petits traités, il poursuivit sa rhétorique anti-Réformiste. Comme résultat de son zèle et de ses fortes attaques contre la Réforme en Angleterre, le protestantisme de la nation même qui avait produit la Bible King James (1611), reçut un coup d’assommoir.

Après le Dr Maitland, vint James H. Todd, professeur d’hébreu à l’Université de Dublin. Todd accepta les idées futuristes de Maitland, publiant ses propres livres et dépliants de soutien. Puis, vint John Henry Newman (1801-1890), membre de l’Église d’Angleterre et leader du célèbre mouvement d’Oxford (1833-1845). En 1850, Newman écrivit sa « lettre sur les difficultés anglicanes », révélant qu’un des buts du Mouvement d’Oxford était finalement de fondre ensemble les « diverses confessions et parties anglaises » et les ramener dans l’Église catholique de Rome. Après avoir publié une brochure endossant le futurisme de Todd à propos d’un Antichrist individuel, Newman devint bientôt pleinement catholique romain et même, plus tard, un très honoré cardinal. « Le mouvement de retour à Rome s’élevait déjà, se destinant à balayer les vieux repaires protestants, comme un déluge » [H. Grattan Guinness, History Unveiling Prophecy or Time as an Interpreter (L’histoire dévoile la prophétie ou le Temps se fait interprète) New York : Fleming H. Revell Co., 1905, p. 289].

Arriva ensuite le très respecté ministre presbytérien écossais, Edward Irving (1792-1834), précurseur reconnu des mouvements de Pentecôte et charismatiques. Irving était pasteur de la Grande Chapelle Calédonienne de Londres et de ses quelques 1 000 membres. Lorsqu’Irving se tourna vers les prophéties, il accepta éventuellement l’idée d’un Antichrist individuel de Todd, Maitland, Bellarmine et Ribera, et franchit même une étape de plus. Autour de 1830, Edward Irving commença à enseigner l’idée, unique en son genre, d’un retour de Christ en deux phases, la première étant l’enlèvement secret [de l’Église] avant la montée de l’Antichrist. Où a-t-il pris cette idée ? Cela est matière à beaucoup de discussions. Le journaliste Dave MacPherson croit qu’Irving l’a adoptée suite à une « révélation prophétique » accordée à une jeune femme écossaise du nom de Margaret McDonald [The Incredible Cover-up : Exposing the Origins of Rapture Theories (L’incroyable dissimulation : Exposé de l’origine des théories sur l’Enlèvement), par Dave MacPherson, Omega Publications, Medford Oregon, 1980]. Quoi qu’il en soit, le fait est qu’Irving l’a enseigné !

Au milieu de ce climat croissant d’anti-protestantisme en Angleterre, surgit un homme du nom de John Nelson Darby (1800-1882). Avocat intelligent, pasteur et théologien, il écrivit plus de 53 bouquins sur des sujets bibliques. Chrétien très respecté et homme de grande piété, Darby se campa fortement du côté de l’infaillibilité de la Bible, par contraste au libéralisme de l’époque. Il devint l’un des leaders d’un groupe à Plymouth, en Angleterre que se fit connaître sous le nom de Frères de Plymouth. L’apport de Darby au développement de la théologie évangélique fut si important qu’on l’appelle le père du Dispensationalisme moderne. Or, John Nelson Darby, comme Edward Irving, devint aussi grand promoteur d’un Enlèvement pré-tribulationiste suivi d’un Antichrist individuel unique. En fait, cet enseignement est devenu un cachet de contrôle du Dispensationalisme.

Le Dispensationalisme est la théorie selon laquelle Dieu traiterait avec l’humanité par le biais de périodes et dispensations majeures. D’après Darby, nous sommes maintenant dans « l’Ère de l’Église », i.e., jusqu’à l’Enlèvement. Après l’Enlèvement, la période de sept ans de Daniel 9:27 va censément rappliquer, et c’est là que l’Antichrist se lèvera contre les Juifs. En fait, pour établir cette 70e semaine de Daniel très populaire aujourd’hui, il a fallu que John Nelson Darby déplace une grande partie des fondements de l’histoire à l’égard de Jésus-Christ pour les appliquer à une future Tribulation après l’Enlèvement. Ainsi donc, malgré tous les aspects positifs de son ministère, Darby suivit Maitland, Todd, Bellarmine et Ribera en incorporant les enseignements du Futurisme à sa théologie. Cela créa une chaîne reliant John Darby, le père du Dispensationalisme, au Jésuite Francisco Ribera, père du Futurisme. Darby visita l’Amérique à six reprises, entre 1859 et 1874, prêchant dans toutes les villes majeures, et il y planta définitivement la graine du Futurisme en sol américain. L’enfant du Jésuite grandissait.

Un des personnages les plus importants de cette saga dramatique est certes Cyrus Ingerson Scofield (1843-1921), avocat du Kansas, grandement influencé par les écrits de Darby. En 1909, Scofield publia la première édition de sa Bible de Références Scofield. Au début des années 1900, cette Bible devint tellement populaire dans les écoles de Bible protestantes américaines qu’il fut nécessaire d’en imprimer littéralement des millions de copies. Or, dans les notes très respectées de cette Bible, Scofield injecta de grandes doses du fluide du Futurisme qu’on retrouvait aussi dans les écrits de Darby, de Todd, de Maitland, de Bellarmine et de Ribera. Au travers de la Bible de Scofield, l’enfant jésuite atteignit l’âge de jeune adulte. La doctrine d’un Antichrist encore à venir s’établissait de plus en plus fermement au sein du protestantisme américain du 20e siècle.

L’Institut biblique Moody et le Séminaire théologique de Dallas ont fortement soutenu les enseignements de John Nelson Darby [et de Cyrus I. Scofield], ce qui a contribué à nourrir la croissance du Futurisme. Puis, dans les années 1970, le pasteur Hal Lindsey, gradué du Séminaire théologique de Dallas, lança sa bombe littéraire : The Late Great Planet Earth (Feu la grande planète Terre). Ce volume de 177 pages faciles à lire porta le Futurisme chez les masses du christianisme américain et au-delà. Le New York Time le qualifia de « best-seller numéro un de la décennie ». Plus de 30 millions de copies ont été vendues et il a été traduit en plus de 30 langues. Par The Late Great Planet Earth, l’enfant du Futurisme jésuitique est devenu un homme [ou un monstre…].

Par la suite, il y a eu Left Behind. Dans les années 1990, Tim LaHaye et Jerry Jenkins reprirent l’idée d’un Antichrist individuel d’Hal Lindsey, Scofield, Darby, Irving, Newman, Todd, Maitland, Bellarmine et Ribera, et la transformèrent en « la plus grande réussite parmi les séries de fiction chrétienne » [Publishers Weekly]. Le livre d’Hal Lindsey, The Great Late Planet Earth, était en bonne partie théologique, ce qui en restreignait l’attrait, alors que Left Behind est une séquence de romans très imaginatifs, « regorgeant de suspense, d’action et d’aventure », un « thriller chrétien », gratifié d’une « étiquette que ses créateurs ne lui auraient jamais prédite : un succès retentissant » [Entertainment Weekly]. Les ministères télévisés très respectés de Jack Van Impe, de Peter et Paul Lalonde, et du pasteur John Hagee ont tous œuvré ensemble pour produire Left Behind : The Movie. Le projet dans son entier a même retenu l’attention du New York Time et du Wall Street Journal, résultant en une interview de LaHaye et Jenkins au Larry King Live. Les livres de Left Behind sont même disponibles dans les étalages de Wal-Mart, Fry’s Electronics et de nombreux autres magasins.

Laissez-moi encore clarifier que je crois que les producteurs de Left Behind et les leaders de ces ministères télévisés sont de véritables chrétiens qui font de leur mieux pour influencer les gens en faveur du Royaume[1]. Dieu les utilise exactement comme le Père parla par la bouche de Pierre lorsque celui-ci confessa avec fermeté sa foi en Christ (Matthieu 16:15-17). Rappelez-vous du Principe de Pierre. Il y a de bonnes choses dans Left Behind que Dieu peut employer pour toucher des gens vis-à-vis Jésus-Christ. Mais, à la lumière crue des Écritures, des prophéties et de la Réforme protestante, il y a quelque chose de terriblement mauvais. Left Behind prêche aujourd’hui le même Futurisme jésuitique que Francisco Ribera qui cacha la pure vérité au sujet de l’Antichrist. Grâce à Left Behind, les vannes du Futurisme sont maintenant grandes ouvertes, lâchant un raz-de-marée de faussetés prophétiques qui balaie l’Amérique. ».

Comme nous l’avons déjà vu, le fondement théologique de la série entière de Left Behind repose sur l’application des « sept ans » de Daniel 9:27 à une future période de Tribulations. Êtes-vous prêts à ceci ? Devinez qui fut l’un des premiers parmi les érudits à faire glisser la 70e semaine de Daniel de la 69e pour l’amener jusqu’à la fin des temps ? Francisco Ribera de l’Empire funeste ! « L’outil principal de Ribera fut les 70 semaines. Il enseigna que la 70e semaine de Daniel était encore future (…) comme si Dieu avait installé une bande élastique géante sur cette mesure de temps messianique. Cette supposition vous semble-t-elle familière ? C’est le scénario exact utilisé par Hal Lindsey et une multitude d’autres enseignants prophétiques actuels » [Robert Caringola, Seventy Weeks : The Historical Alternative, p. 35].

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[1] Mission : Moisson des Élus : Nous ne sommes pas aussi optimistes que l’auteur de cet article, car les fruits de cette propagande de fausse doctrine, croyons-nous, ne saurait être l’œuvre de chrétiens à qui Dieu aurait promis de les conduire dans toute la vérité (Jean 16:13). N’oublions pas que l’apôtre Pierre, après les remontrances de Jésus, s’est repenti. Ces personnages-ci, après qu’on leur eut montré leurs erreurs, persistent toujours et signent leur faux enseignements. Quoi qu’on en dise, un faux prophète demeure un faux prophète…!