T.036 – La souffrance

Elle est inévitable. Parfois immense et imposante, souvent profonde et silencieuse. Générée par notre condition terrestre, nos épreuves et expériences traumatisantes. Dès notre premier souffle, nous apprenons à la connaître. Toute notre vie, elle nous accompagne.

Notre instinct, c’est de la fuir. Et la volonté divine, c’est de l’apprivoiser ; apprendre d’elle, la laisser être notre alliée sur le chemin étroit que nous devons suivre. C’est elle qui peut nous ouvrir les portes vers la véritable sagesse. C’est à travers elle que nous grandissons : non en terme de gloire, mais en purification intérieure.

« Je suis crucifié avec Christ, et si je vis, ce n’est plus moi, mais c’est Christ qui vit en moi ; et si je vis encore dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé, et qui s’est donné lui-même pour moi » (Galates 2:20).

« Ceux qui appartiennent à Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses convoitises » (Galates 5:24).

Et pourtant, parce que son visage fait peur, l’humanité la repousse, la chasse par beaucoup de subterfuges. Le plaisir, les divertissements, la drogue, l’ambition, l’exaltation du soi… Il y a mille manières de contourner la souffrance, mais aucune pour la faire disparaître. Quand on arrive à la faire taire, ce n’est jamais définitif, car la souffrance est la fatalité de l’homme pécheur, et elle fait partie de l’alliance des rachetés.

« Quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple » (Luc 14:27).

Si le Maître a souffert, s’Il a pris sur Lui tous les maux de la terre, ce n’est pas pour que nous soyons exempts de douleurs. C’est une erreur monumentale que de croire en un évangile de prospérité et cette croyance a fait dérailler une quantité considérable de chrétiens hors du chemin étroit de Dieu. Au contraire, Jésus-Christ a bravé la pire des souffrances pour être notre modèle, notre courage et notre consolation.

« Mais si vous supportez patiemment la souffrance pour avoir bien fait, c’est à cela que Dieu prend plaisir. Car c’est à cela que vous êtes appelés, puisque Christ aussi a souffert pour vous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces » (1 Pierre 2:20-21).

Il a souffert et nous montre en cela Sa disposition de cœur, Son obéissance et Sa grande connaissance de la condition humaine : ces vertus que nous avons besoin d’acquérir. Il nous montre, au travers de Son parcours semé d’embuches, Sa profonde sensibilité. Puisqu’Il a Lui-même souffert injustement accusations et trahisons, nous pouvons être sûrs qu’Il est sensible à nos injustices.

Le fait de souffrir nous rend – si nous marchons avec Lui – plus sensibles et plus compatissants. Mais si nous sommes étrangers à la souffrance, comment comprendre celui qui souffre ?

Nous savons que notre Seigneur est sensible à notre souffrance – qu’elle soit visible ou non – et qu’Il est miséricordieux. Mais souvent, dans les moments les plus sombres et malgré nos supplications, Sa grâce seule doit nous suffire. Pourquoi ? Parce que l’enjeu de notre souffrance n’est pas seulement notre foi, mais également le chemin de purification par lequel elle nous fait passer.

Dans tout ce qui encombre notre cœur, il y a des habitudes à perdre, une perception à modifier, des péchés à confesser et la nature du Christ à revêtir. Tout cela ne peut se faire que par un chemin de souffrance. La souffrance nous rend petit, elle nous ouvre les yeux sur notre fragilité, notre désespoir et notre besoin de salut.

« Ma grâce te suffit ; car ma force s’accomplit dans la faiblesse » (2 Corinthiens 12:9).

Un Dieu qui permet la souffrance est un sujet de discorde pour l’humanité. L’instinct de l’Homme est de chercher le bonheur et principalement le bonheur immédiat. Cet instinct est en inimitié avec Dieu. La majorité de l’humanité se détache donc du chemin étroit qu’elle devrait (et devra) parcourir pour se ruer sur la voie spacieuse, mais personne ne peut se soustraire aux épreuves qui font partie de la vie. Ces épreuves et les douleurs qu’elles causent arriveront tôt ou tard, alors mieux vaut-il apprendre à y faire face dès que possible, afin d’y puiser les richesses invisibles que le Seigneur souhaite nous voir acquérir. Ces richesses ne se cueillent pas sur l’arbre de l’aisance et de la bonhommie.

« Entrez par la porte étroite ; car large est la porte et spacieuse est la voie qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui y entrent. Car étroite est la porte et resserrée la voie qui mènent à la vie, et il y en a peu qui la trouvent » (Matthieu 7:13-14).

Pourquoi envier ceux et celles qui jouissent d’une vie comblée de biens ? Pourquoi décréter que ces personnes « bénies » par le système réussissent leur vie ?

La véritable bénédiction est celle qui provient de Dieu. La véritable richesse découle de la purification d’un cœur contrit et humilié, et de l’apprentissage à l’Ecole de Dieu. La véritable réussite dépend de ce que nous faisons de notre souffrance : l’ignorer, la compenser, la fuir, la laisser nous endurcir ou bien l’accepter pleinement pour la laisser nous modeler à l’image du Christ, selon la volonté de Son Esprit-Saint.

« Par la foi, Moïse devenu grand, refusa d’être appelé fils de la fille de Pharaon ; choisissant d’être maltraité avec le peuple de Dieu, plutôt que d’avoir pour un temps la jouissance du péché ; estimant l’opprobre de Christ comme un trésor plus grand que les trésors de l’Egypte, parce qu’il avait en vue la rémunération » (Hébreux 11:24-26).

Quand je perçois ma souffrance comme mon alliée dans mon périple de purification intérieure, comme moyen choisi par Dieu pour aboutir à la sanctification, et comme autel de rencontre privilégiée avec mon Seigneur, je ne cherche plus à la fuir. Elle ne me paraît plus effrayante.

« Nous nous glorifions même dans les afflictions, sachant que l’affliction produit la patience, et la patience la vertu éprouvée, et la vertu éprouvée l’espérance » (Romains 5:3-4).

Certes, cette souffrance, que je traîne en moi depuis mon enfance et que la vie a nourrie depuis, est trop lourde à porter. Mais le Christ me dit de la Lui donner, tel un seau d’eau qui serait beaucoup trop lourd, et de la partager avec Lui. Ce n’est qu’ainsi que le fardeau devient supportable.

« Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous soulagerai. Chargez-vous de mon joug, et apprenez de moi, parce que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes ; car mon joug est aisé, et mon fardeau léger » (Matthieu 11:28-30).

Comment viendrais-je à Lui, s’il n’y avait pas cette souffrance ? Ma prière ne serait pas si authentique, aussi profonde et si pressante. Je ne brûlerais pas de venir à Lui. Or, Il est mon Maître ; je veux qu’Il m’enseigne à faire face à ma douleur, à la maîtriser et à la transformer par Sa grâce en sujet de joie.

« Mon âme languit, même elle se consume après les parvis de l’Éternel ; mon cœur et ma chair crient vers le Dieu vivant » (Psaume 84:3).

« Heureux l’homme dont la force est en toi, ceux qui aiment les chemins de ta maison ! Passant par la vallée de Baca (des larmes), ils en font une source vive, et la pluie d’automne la couvre de biens » (Psaume 84:6-7).

Plus je souffre de la condition de cette terre où j’habite et plus je sais que je Lui appartiens. Car là est la nature de ma souffrance présente : la terre est plongée dans le noir, la terre est privée de la Vérité. La terre est privée de la Gloire de Dieu. Et ma vie est cachée en Christ. Le présent est caché ; tout est à venir. Je suis prisonnière du temps, prisonnière des mœurs, de l’impiété et de la vilénie de ce monde.

Ma seule liberté est dans la foi en la Parole de Dieu, en Ses promesses. Cette liberté se traduit concrètement par un isolement, des prières incessantes et l’acceptation de Sa souveraine Volonté, qui s’accomplit dans la souffrance parce que c’est mon chemin en temps que disciple du Christ. Une liberté bien différente de celle que nous présente le monde !

Le monde nous dit : « Tu ne vis qu’une fois, choisis entre la souffrance et l’amusement ! » Mais Dieu nous dit : « Accepte tes peines car tu seras consolé. Ne recherche pas les biens de ce monde, car sinon il n’en restera plus d’autres pour toi dans le royaume à venir ».

« Mon fils, souviens-toi que tu as eu tes biens pendant ta vie, et que Lazare y a eu des maux ; maintenant il est consolé, et toi tu es dans les tourments » (Luc 16:25).

Si j’ai fait vœux de pauvreté, je dois m’y tenir.

Si j’ai fait vœux de chasteté, je dois m’y tenir.

Si j’ai fait vœux de sobriété, je dois m’y tenir.

Si j’ai fait vœux de découvrir la Vérité et de la préférer au mensonge, je dois m’y tenir.

Si j’ai fait vœux de sortir de Babylone, je ne dois pas y retourner.

Si j’ai fait vœux de rechercher la Sagesse de Dieu, de la vénérer et de la préférer à tous les trésors de la terre, je dois m’y tenir.

Si au travers des vœux que j’ai fait pour Dieu, j’ai changé et je me retrouve seule, en marge du monde, je dois tenir bon.

Si mes amis m’abandonnent, si la seule présence amicale est celle du Christ que je ne vois pas, Sa grâce doit me suffire.

Si je suis faible et malade, je dois accepter que mes forces m’abandonnent, car ainsi viendra en moi la force de Dieu, qui ne vient qu’après la capitulation de mon orgueil.

« Je me glorifierai donc plus volontiers dans mes infirmités, afin que la force de Christ habite en moi » (2 Corinthiens 12:9).

J’ai le droit d’être triste. J’ai le droit de pleurer et d’être en colère contre le monde et le système. Mais si j’accepte ma souffrance, mon mal n’est pas sans issue. Je peux l’apporter à Dieu sur Son autel, au pied de la Croix, et ma colère s’adoucira. Peu à peu, elle se changera en compassion. Mes bourreaux ne m’apparaîtront plus comme tels ; ils éveilleront en moi de la pitié. Si j’apporte ma souffrance à Dieu, elle n’évoluera pas en rébellion.

Accepter sa souffrance, en la partageant avec Jésus, c’est être en paix. Cela ne met pas un terme à la douleur ressentie, mais ainsi la blessure peut être pansée avec le bandage de l’Amour divin, vécu au travers de l’épreuve.

Le but suprême est de nous dépouiller de notre égoïsme, de notre vanité et de nos mensonges afin de grandir dans l’Amour : être capable d’aimer et de pardonner à l’image de notre Dieu miséricordieux. Comment atteindre notre but si, au lieu de nous dépouiller de nous-mêmes, nous nous dépouillons de notre souffrance ? Comment grandir si nous refusons les leçons de Dieu ?

« Quiconque parmi vous ne renonce pas à tout ce qu’il a, ne peut être mon disciple » (Luc 14:33).

Tout un chacun devra apprendre les leçons de Dieu. Il ne faut pas envier ceux qui commencent leur apprentissage plus tard puisqu’ils n’en seront pas dispensés. Au contraire, quand une personne n’a jamais appris à accepter de souffrir, le jour venu il lui sera impossible de supporter et de comprendre.

De nos jours, les caprices des enfants ne sont plus perçus comme tels : les parents cherchant la facilité donnent de plus en plus souvent à leurs petits une satisfaction immédiate. Ainsi, la moindre frustration devient pour eux insupportable et intolérable. L’égocentrisme s’en trouve décuplé. Les enfants deviennent des tyrans qui viennent à bout de leurs parents et c’est trop tard pour retourner en arrière, car la leçon primordiale n’a pas été apprise. La société se dégrade.

Autrefois, dans les temps difficiles, la population savait que vivre, c’est savoir souffrir. On le savait dès le plus jeune âge, car, dès la jeunesse, il y avait des contraintes et on les acceptait. Il fallait se frayer un chemin. La vie ne consistait pas à rechercher constamment le bien-être.

Mais l’être humain, qui se veut dieu lui-même, a décrété être au-dessus de la vie, et être sur terre non pour devenir sage, mais pour explorer son propre potentiel. Potentiel de bonheur, potentiel à faire le bien, potentiel d’autosuffisance… Que de leurres et de mensonges !

« Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu » (Matthieu 5:8).

Jésus dit que les personnes heureuses sont celles qui ont le cœur pur, celles qui jouiront un jour de voir Dieu. Mon cœur n’est pur que dans la mesure où je Le laisse le purifier : en acceptant la situation dans laquelle je me trouve, non pas dans un esprit de fatalisme, ni de « je-m’en-foutisme », mais dans un esprit d’unité avec Dieu, comprenant que là où je me trouve, si je m’agenouille devant Lui, je suis au cœur de Sa Volonté. Quelque soit la situation ou l’endroit, Dieu a permis que j’y atterrisse pour m’y rencontrer et pour que, dans un dialogue sincère avec Lui, j’apprenne de mes erreurs.

« Mon fils, ne rejette point la correction de l’Eternel, et ne perds pas courage de ce qu’il te reprend ; car l’Eternel châtie celui qu’il aime, comme un père l’enfant qu’il chérit » (Proverbes 3:11-12).

Jésus-Christ a été brisé. Pourquoi refuser d’être brisée moi aussi ? Est-ce une question d’orgueil ? Ou bien est-ce parce que l’on m’a enseigné qu’en temps que chrétien, il faut toujours être fort, joyeux, lumineux ? Mais ce qui brille dans le monde ne brille pas forcément selon Dieu.

J’ai été à un rassemblement de chrétiens qui ont loué le Seigneur ouvertement dans la rue, manifestant beaucoup de joie par des danses, des chants, des acclamations… Ils attiraient les regards des passants. Ils étaient déguisés en Israélites, avec des costumes magnifiques : de longues tuniques, des foulards, des voiles, des ceintures avec des bijoux et des rubans. On se croyait presque en Israël, du temps de Jésus. Mais tous ces artifices ont-ils vraiment honoré Dieu ?

Le concert était édifiant, car, bien sûr, les chants étaient inspirés ; je ne remets pas en doute l’adoration des chanteurs et danseurs qui s’agitaient avec passion. Mais un lieu d’adoration est-il une « discothèque spirituelle » ?

Chacun dansait et je cherchais l’amour du Christ. Il y avait des costumes, des danses, des micros et même un âne terrorisé, mais personne avec qui partager ma foi solitaire. Je n’ai pas senti l’unité. J’ai vu des personnes qui se cachent derrière leur parure et croient qu’Israël est un lieu saint dans lequel on peut puiser des bénédictions en ramenant des vêtements et des objets, ou en se faisant baptiser dans le Jourdain.

« Car en Jésus-Christ ce qui est efficace ce n’est ni la circoncision, ni l’incirconcision, mais la foi agissant par la charité » (Galates 5:6).

Et j’ai entendu des propos disant que si la joie nous fait défaut, nous ne sommes pas animés par l’Esprit de Dieu et Jésus ne vit pas en nous. Mais quand on lit les psaumes, on se rend compte que la tristesse et la douleur qui revient sans cesse sont celles d’un enfant de Dieu qui cherche à se décharger de sa peine en cherchant refuge auprès du Très-Haut.

Je sais que ma souffrance honore Dieu, parce qu’elle est vraie, authentique et incommensurable. Parce qu’elle me dépasse et me rend la vie impossible sans Lui. Parce que je la partage avec Lui dans une intimité que je n’ai avec personne d’autre. Ma souffrance n’a pas besoin d’artifice ; elle est directement reliée à ma foi. Plus je souffre et plus je m’approche de mon Sauveur, plus je prononce Son Nom salvateur. Quand ma vie ne tient qu’à un fil, je dépends entièrement de mon Créateur. Quand je suis fragile, je m’en remets entièrement à mon Rédempteur. C’est ainsi que cette parole se confirme : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Romains 8:31).

Cette parole a quelque fois été mal interprétée : certains croient lire ici une promesse, comme quoi le chrétien étant dans le camp de Dieu ne peut avoir d’ennemis, c’est faux. Au contraire, on commence à avoir un bon nombre d’ennemis quand on répond à l’appel de Dieu. Mais dans ma situation de fragilité – moi qui suis enfant de Dieu et qui me soumets à Sa volonté dans les circonstances présentes – personne ne peut émettre de jugement qui me condamne. Dieu, qui connaît mon cœur et ce que je traverse, ne permet pas qu’un jugement soit prononcé contre moi. Si calomnie il y a, Dieu ne laissera pas cela impuni, ni sans correction. Un jour, Il mettra ma vie en lumière et le monde saura que, malgré ma fragilité, j’ai laissé Dieu être mon Maître, je L’ai suivi au prix de la souffrance.

« Heureux ceux qui sont dans l’affliction car ils seront consolés » (Matthieu 5:4).

Quand un homme est aveugle de naissance et qu’on lui propose de voir, il réfléchit avant de répondre, car voir, c’est accepter de percevoir tout ce qui se trouve aux alentours, y compris ce qui est hideux, effrayant et ce qui éblouit.

Accéder, par la grâce de Dieu, à la Vérité, c’est voir avec des yeux tout neufs. Voir un monde en décomposition. Un monde de violence, de mensonges et de perversité. Il est normal de souhaiter parfois redevenir aveugle, car c’était plus confortable ; quoique ceux à qui Dieu a accordé la vue ne se sont jamais vraiment sentis à l’aise dans ce monde, source de questionnement et d’incertitudes. C’était donc commode d’être dans l’ignorance pour un moment, mais Dieu, dans Sa grâce, pousse Ses élus à désirer ardemment retrouver la vue. Et comme toujours, un don extraordinaire va de pair avec souffrance et difficultés.

On dit que les enfants surdoués souffrent beaucoup et que certains d’entre eux maudissent le génie qui loge dans leur petit cerveau, parce que le don qu’ils ont reçu – cette intelligence bien au-dessus de la moyenne – les plonge dans un mal-être profond vis-à-vis de leurs congénères, et dans une grande solitude. « Pourquoi moi ? » se disent-ils, tandis qu’au fond d’eux-mêmes, ils aspirent à la normalité.

Sur le plan spirituel, puisque nous sommes animés de l’Esprit de Dieu dans un monde aveugle et malade, et puisque, selon Son Esprit et la Sagesse qu’Il nous donne, nous avons une sensibilité surnaturelle, nous sommes en quelque sorte « les surdoués de Dieu ». Et comme des enfants à part, nous en souffrons.

« Mais vous, vous êtes la race élue, la sacrificature royale, la nation sainte, le peuple acquis, pour annoncer les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière » (1 Pierre 2:9).

La norme de ce monde, c’est le péché. Nous, élus de Dieu, aspirons à la norme divine, qui est la pureté du cœur : la Charité dans toute sa puissance et sa simplicité, selon la description que nous fait l’apôtre Paul, dans 1 Corinthiens 13. Voilà la déchirure.

Dieu connaît notre déchirure. Et grâce aux souffrances du Christ, Dieu a déchiré le voile qui nous séparait de Lui, afin que nous puissions joindre nos souffrances aux Siennes et que nous ayons accès à Sa Miséricorde en tout temps, ainsi qu’à Son divin secours. Ce que je n’arrive pas à porter, je le Lui donne. Chaque jour, je me décharge sur Lui.

« Ayant donc, frères, la liberté d’entrer dans le sanctuaire, par le sang de Jésus, chemin nouveau et vivant, qu’il nous a consacré à travers le voile, c’est-à-dire à travers sa chair ; et ayant un grand Sacrificateur établi sur la maison de Dieu ; approchons-nous avec un cœur sincère, dans une pleine certitude de foi, ayant les cœurs purifiés des souillures d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’une eau pure » (Hébreux 10:19-22).

Bientôt, très bientôt, Il viendra sécher nos larmes et Il donnera à chacun son salaire, selon le cheminement de foi, de purification et d’obéissance. Personne sinon Dieu ne peut savoir qui sera récompensé et comment. Personne sinon Lui ne connaît la vie des autres. Certains semblent avoir une vie facile et n’en ont pas. Certains semblent faire des efforts et n’en font pas. Certains peinent à avancer et se rabaissent selon leur propre jugement, alors qu’il est facile de se tromper puisque seul Dieu peut émettre un juste jugement sur une vie, Lui qui peut-être donnera à ceux qui se disent faibles louange et honneur, lorsqu’Il reviendra.

« En cela vous vous réjouissez, quoique vous soyez maintenant attristés pour un peu de temps par diverses épreuves, puisqu’il le faut, afin que l’épreuve de votre foi, plus précieuse que l’or périssable, qui pourtant est éprouvée par le feu, vous tourne à la louange, à l’honneur et à la gloire, lors de l’avènement de Jésus-Christ » (1 Pierre 1:6-7).

Beaucoup de souffrances sont cachées. Beaucoup de personnes cachent en eux les marques de la maltraitance dont ils ont été victime, parce qu’en cachant cela, ils pensent minimiser leur douleur et l’oublier. Un jour, tout sera mis en lumière : le mal qui a été fait, l’injustice, le déshonneur. Ce ne sera plus la victime qui rougira de honte, mais le coupable. N’attendons pas ce jour pour apporter notre mal-être à Dieu. Ensemble avec Lui, il convient de chercher le chemin de l’acceptation et du pardon.

« Heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde » (Matthieu 5:7).

Là réside la seule véritable liberté : ne plus être esclave de sa souffrance et ne plus en avoir peur, mais l’avoir comme alliée. Ainsi, nous découvrirons qu’il est possible de souffrir et d’éprouver simultanément de la joie, ce que le monde ne peut concevoir.

Soyez bénis,

Anne-Gaëlle

« Voici, nous regardons comme heureux ceux qui ont souffert avec constance ; vous avez entendu parler de la constance de Job, et vous connaissez la fin que le Seigneur lui accorda ; car le Seigneur est plein de miséricorde et de compassion » (Jacques 5:11).

« Heureux est l’homme qui endure la tentation ; car après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment » (Jacques 1:12).