T.027 – Amour ou parodie

L’amour humain est imparfait. Souvent maladroit, il piétine le cœur de l’être aimé, croyant pouvoir le rendre heureux. Il cherche à contrôler, à dicter sa propre définition du bonheur ou de la réussite. Il opprime et oppresse, il asservit pour sa propre cause. L’amour humain est un dictateur inconscient qui avance aveuglément en croyant bâtir un empire, mais en courant à sa perte. Il détruit plus qu’il ne croit construire.

Il veut toujours assujettir l’objet de sa convoitise. Il croit connaître le bon chemin, il le voit tout tracé, comme s’il était Dieu. Mais une mère connaît-elle le chemin que ses enfants emprunteront un jour ? Un époux sait-il combien de temps il partagera sa vie avec sa conjointe, combien d’années leur restent à demeurer ensemble ? Le véritable ami respecte-t-il vraiment le choix de l’autre sans essayer de lui imposer son opinion, ni de le convaincre de changer d’avis ?

L’amour humain peut être cassant, blessant ; ses eaux troubles sont souvent la source de nombreux conflits et de terribles drames. On croit connaître l’objet de son amour, comme un objet familier que l’on connaît par cœur et que l’on pense posséder et, souvent, on se trompe. Les dégâts sont parfois pharaoniques : c’est tout un empire qui s’écroule…

L’amour humain cherche à tenir l’être aimé en laisse, souhaitant le garder toujours à sa portée. Il veut le rendre docile, lui dicter sa conduite et le transformer. Il souhaite changer la personne à sa convenance, et ceci avant même de se donner à elle : l’amour humain ne se donne pas gratuitement.  Il est sournois et rusé, même s’il n’en a pas l’apparence puisque, bien des fois, il semble dépourvu de mauvaises intentions. Quand il offre quelque chose, si cette chose n’est pas utilisée selon son propre désir, il cherche à se la réapproprier, ne serait-ce qu’en critiquant l’usage et en en déplorant la perte. L’amour humain mesure, compte, pèse, calcule. Il ne fait rien au hasard. Il prend un air généreux, mais bien souvent ses offrandes ne sont qu’un investissement judicieux pour son propre profit.

Le tableau que je peins est sombre. Sans doute semble-t-il que l’auteure de ce tableau ait connu beaucoup de déceptions et de drames. Elle peint ce tableau avec le pinceau de la souffrance, car elle a peut-être été trop peu ou trop mal aimée. Mais ce n’est pas la frustration, ni l’amertume qui me fait peindre ce tableau de l’amour humain. C’est le désir de le comparer avec un autre tableau. J’ai l’intention de décrire combien l’Amour divin est plus beau, plus noble et plus salvateur.

L’Amour divin ne trouve pas sa raison d’être dans le désir de transformer l’objet de son amour. Il s’offre à lui sans condition. Il ne regarde pas à la fonctionnalité, ni aux intérêts. Il ne met pas la personne aimée dans une cage dorée en lui faisant croire qu’elle est libre. Au contraire, il lui montre la cage, il lui ouvre la porte et il lui apprend comment s’envoler.

L’Amour divin  ne dicte rien, n’impose rien qui puisse nuire à l’objet de son amour. Ce n’est pas un dictateur qui use de son autorité pour soumettre la personne à un chantage qu’il croit légitime. Aucun chantage ne peut être légitime, car le chantage est une violence. L’Amour divin n’use jamais de violence. Il ne frappe pas au visage, il n’humilie pas. Il pénètre au plus profond de l’âme et guérit l’humilié. Il n’enchaîne pas, mais il brise les chaînes.

L’Amour divin englobe l’être aimé sans l’étouffer. Il est comme l’eau chaude qui réchauffe le cœur transis de froid. Il est comme une caresse pour l’orphelin. L’Amour divin est doux et apaisant. Il n’emprisonne pas. Il n’oblige pas à suivre un chemin qu’il croit être le bon ; il est lui-même le chemin. Il se propose et attend patiemment. Il n’impose pas une recette toute faite, la recette des ancêtres qui ont fait comme ceci ou comme cela et dont il faudrait suivre les traces à tout prix. L’Amour divin compose avec tout un chacun d’une manière unique et différente. Ce n’est pas une école militaire. Il laisse l’objet de son amour choisir, réfléchir, hésiter, se tromper, et revenir. Il le laisse se perdre parfois, car il règne sur la forêt dans laquelle il s’égare.

Tout ce que fait l’Amour divin se fait avec tendresse, au nom de la tendresse. On ne fait pas la guerre au nom de la tendresse. L’Amour divin n’est ni violent, ni égoïste. C’est parce que les humains sont égoïstes qu’ils deviennent violents. Cherchant à imposer à tout prix leur volonté, ils oublient le sens de l’amour qui est de se diriger vers l’autre et non vers soi-même. La personne divinement aimée est au centre. L’Amour divin crée une terre, des astres, tout un univers pour l’objet de son amour. Dans cet univers, il lui permet d’explorer toute la création et ses propres limites. Il lui permet de se cogner, mais aussi de s’épanouir. L’être humain est au centre de cet univers ; mais perdu dans sa contemplation, il croit que c’est l’univers qui est au centre. Pourtant, si ce n’était pas l’être aimé qui est au centre, la création n’aurait aucun sens.

Dans les contes, il arrive que le roi ou la reine enferme la princesse dans une haute tour, la coupant du monde extérieur et la privant de vivre. Est-ce cela l’amour ? Mais la réalité n’est pas tellement différente… Imposer une manière de vivre, un mariage selon les intérêts familiaux. Imposer un métier, un lieu de vie. Imposer des règles, une religion. Transmettre un empire de père en fils. Imposer un titre, un statut, une place précise dans un groupe défini. Imposer son opinion politique, sa passion, sa raison de vivre ou de mourir. Tout cela est une prison pour celui ou celle qui ne l’a pas choisi. Tôt ou tard, l’être captif s’échappera de sa prison et sa tentative d’évasion causera bien des dommages, parce que fuir est un instinct, une course spontanée et dangereuse qui ne s’apprend pas. Or, l’Amour divin souhaite enseigner le vrai bonheur.

L’Amour divin voudrait que nous apprenions à être heureux, car la recherche du bonheur cause bien souvent le malheur : l’être humain, handicapé par la nature de son amour, cherche mal et au mauvais endroit. L’Amour divin veut enseigner le vrai bonheur, non par un chemin de destruction et de mort, mais par le don de soi et par le biais de notre nature spirituelle, qui nous relie à notre Créateur. Si malheureusement, c’est par un chemin de souffrance et de destruction que l’humanité finit par apprendre cette leçon, ce n’est pas dans la nature de l’Amour divin d’user de violence, mais dans celle de l’homme. Celui-ci cherche à obtenir le bonheur de manière autoritaire ou tyrannique : apprend-on ainsi à être heureux, à être aimé, à être libre ?

L’Amour divin ne harcèle pas, il ne s’impose pas et n’impose rien. Il se trouve et se donne, gratuitement, gracieusement, à qui le cherche et le réclame. Il ne se donne pas dans le but de grandir, de gagner en force et en gloire. L’Amour divin est déjà grand, fort et glorieux. Il n’a pas besoin de grandir. Il n’a besoin de personne pour être ce qu’il est. Il ne cherche pas des partisans pour défendre sa cause. Il se défend lui-même. Ce n’est pas un système qui cherche à monopoliser la terre et à assujettir les humains. Ce n’est pas une usine qui aurait besoin de nouvelles pièces pour parfaire l’engrenage et fonctionner à merveille, afin de susciter l’admiration des foules. La raison d’être de l’être humain n’est pas de fonctionner à l’intérieur d’une grande machine que l’on appelle un système. Sa raison d’être est simplement d’être un humain, une création de Dieu, et de rencontrer l’Amour de son Créateur. Rencontrer l’Amour qui l’a créé, modelé à l’intérieur du ventre de sa mère, qui l’a fait naître et qui lui a donné un nom. Rencontrer l’Amour qui est venu à sa rencontre ici-bas, qui l’a sauvé de la tyrannie de la guerre, de l’égoïsme et de tout ce qui se cache derrière le masque de l’amour humain.

Etre un être vivant, un être humain, et vivre. Se libérer de ses chaînes par la seule force qui en est capable : un amour supérieur à tout ce que nous pouvons connaître sur terre. S’envoler avec les ailes de la Vérité, qui nous porte au-dessus de toutes nos épreuves. Non pas fonctionner, mais vivre. Non pas chercher l’amour en essayant toute sa vie de le mériter, mais le recevoir. Le recevoir du Ciel, d’où il vient. Le recevoir de l’Esprit de Dieu, ce par quoi il est répandu dans nos cœurs assoiffés d’amour. Le recevoir de la main de Dieu, à travers Sa Parole, qui en est le récipient. Les autres coupes sont fêlées, elles ne peuvent rien contenir. Et surtout, savoir différencier l’Amour divin de l’amour humain, afin de ne pas tomber dans le piège de la fausse raison d’être et des fausses interprétations dans notre cheminement quotidien.

Que notre marche soit active ou passive, que nous ayons l’impression de faire des kilomètres ou de rester sur place, si cette route est la nôtre avec Dieu, marchons avec confiance à notre rythme. A chacun son rythme. A chacun sa manière de marcher. Que je cours ou que je boite, que je m’arrête sur le bord pour dormir un peu, que je grimpe sur la cime d’un arbre pour tenter d’apercevoir le prochain croisement, si Jésus-Christ est mon chemin, alors Lui seul a l’autorité et la meilleure façon de me montrer où aller et comment m’y rendre. Aucun humain ne peut faire cela. Il respectera ce que je suis, et ne me fera pas courir, si je n’en ai pas la force où s’il fait trop noir pour avancer.

Que l’Amour divin vienne remplir chaque parcelle de nos cœurs.

Qu’il garde nos yeux bien ouverts pour déceler les arrière-pensées de l’amour terrestre que nous côtoyons tous dans nos vies, et qui souvent nous laisse des séquelles.

Qu’il guérisse les blessures et nous donne un regard de miséricorde pour tous ceux qui croient bien faire, mais qui se trompent en causant autour d’eux du tort, directement ou indirectement. Qu’il nous apprenne à ne pas faire de même, mais à nous défaire de la triste habitude que nous avons tous : celle de nous assujettir les uns les autres.

« Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres ; car la charité vient de Dieu, et quiconque aime, est né de Dieu, et connaît Dieu. Celui qui n’aime point, n’a point connu Dieu, car Dieu est amour. L’amour de Dieu envers nous a paru en ce que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. En ceci est l’amour, c’est que ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais que c’est lui qui nous a aimés et a envoyé son Fils en propitiation pour nos péchés. Bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres. Personne n’a jamais vu Dieu : si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour est accompli en nous. En ceci nous connaissons que nous demeurons en lui et lui en nous, c’est qu’il nous a donné de son Esprit » (1 Jean 4:7-13).

« Or, l’espérance ne trompe point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs, par l’Esprit-Saint qui nous a été donné » (Romains 5:5).

« Pour nous, nous avons connu et cru l’amour que Dieu a pour nous : Dieu est charité ; et celui qui demeure dans la charité, demeure en Dieu et Dieu en lui » (1 Jean 4:16).

Que Dieu vous garde.

Anne-Gaëlle