T.001 – Porter sa croix

croix

Chaque humain a sa croix à porter. Pour ceux qui n’appartiennent pas à Jésus, leur croix, c’est la conséquence du péché qu’ils subissent ou qu’ils subiront un jour. Pour ceux qui appartiennent à Jésus-Christ, leur croix à porter est l’ensemble des épreuves qu’ils ont à traverser à cause de leur foi afin de l’épurer, de se dépouiller des branches mortes qui ne portent pas de fruits et afin de prouver sans cesse leur appartenance à Dieu dans ce monde où le diable réclame chaque âme et cherche par tous les moyens à dominer sur tous.

C’est l’épreuve de cette foi véritable qui, jour après jour, scelle le témoignage que nous sommes appelés à rendre pour Dieu. On peut agrémenter ce témoignage par des paroles pour expliquer la raison et la nature de cette persévérance, mais la base même du témoignage, c’est bien de porter sa croix en renonçant à soi-même – à sa nature pècheresse et à sa fausse liberté sans Dieu – et en suivant son Maître : le Seigneur de l’univers, Dieu et Rédempteur, unique Vérité faite chair.

En réfléchissant à ma vie présente, je me dis qu’il faut me rendre à l’évidence que ce que je traverse sans jamais en voir le bout, c’est bien la croix que je porte et que même si je trouvais une solution ponctuelle à mes problèmes et une issue à ma situation actuelle, je ne me déchargerais pas pour autant de ma croix. Elle resterait présente, pesante et impossible à porter par mes propres forces, mais par la grâce de Dieu, parfois très légère.

Je loue mon Dieu d’avoir mis dans le nom que je porte la vérité supérieure à tous mes problèmes afin de me la rappeler en tout temps et dans chaque épreuve : Anne-Gaëlle, « la graciée, dont le Seigneur est généreux ». Cela me parle de Dieu et de ma position, quoi qu’il arrive. Dieu est Celui qui m’a graciée, c’est-à-dire pardonnée, qui a effacé mes dettes et la conséquence de mes péchés, qui m’a rendue libre, qui m’a rendu ma dignité ; tout cela grâce à Sa miséricorde qui est sans pareille dans tout l’univers. Il est généreux au point de donner tout ce qu’Il possède en héritage à ceux qui L’aiment, à Ses enfants. Et Il est mon Seigneur, Celui à qui j’obéis.

Il m’a montré qu’il fallait me séparer du monde auquel j’appartenais autrefois. Il m’a montré qu’il fallait me séparer du mensonge, de l’hypocrisie des pharisiens modernes et de ceux qui tordent la Parole de Dieu. Autrefois, comme Saül, je faisais un tas de choses pour plaire à Dieu et, dans mon zèle, je ne voyais pas que ces choses étaient incohérentes ! Je passais des heures entières à faire de longues prières – non pas que je le regrette – mais la manière et le contenu ne pouvaient rendre gloire à Dieu. J’élevais la voix, je priais dans un charabia incompréhensible, croyant parler par l’Esprit de Dieu. Je répétais certaines phrases d’un ton autoritaire, faisant tout cela en levant les mains et en gesticulant comme un brave imitateur de tout ce que je voyais à l’église. J’achetais des livres sur lesquels je me basais, cherchant une doctrine et un mode d’emploi de la foi pour l’appliquer dans ma vie, sans chercher vraiment les réponses à mes questions dans la Bible. Comme Saül, je m’égarais et je faisais des choses inutiles, croyant vivre et témoigner de ma foi. Mais le Seigneur miséricordieux qui a eu pitié de Saül a eu pitié de moi. Et Il m’a guidé pour que peu à peu, je découvre la Vérité qui affranchit.

Les miracles de Dieu ne sont pas toujours des choses immédiates, comme des coups de baguette magique. Les vrais miracles peuvent se faire petit à petit dans le secret, inapparents à l’œil nu, inaudibles, discrets, comme lorsqu’on tricote un pullover : au début il n’y a ni forme, ni grandeur, pourtant à la fin il y a un vêtement chaud qui a sa beauté et son utilité. Dieu agit ainsi avec moi pour que je ne m’enorgueillisse pas. Car il n’y a rien de plus flatteur qu’un miracle instantané : pas besoin d’attendre, pas besoin de cheminer, une fenêtre s’ouvre et le père Noël descend avec sa hotte pleine de solutions… D’une seconde à l’autre celui qui était tout en bas peut facilement oublier qu’il était en bas parce qu’il se retrouve projeté en haut dans la richesse et la gloire. Certes, c’est arrivé à Joseph mais pour lui, sa foi avait été auparavant bel et bien éprouvée avec une croix plus que pesante : la trahison de ses frères, l’injustice, la servitude de l’esclavage chez Potiphar et la prison. Avec un tel parcours, il était impossible pour lui de s’enorgueillir !

Le plus important, ce n’est pas de vouloir être libéré de sa croix. Le plus important, c’est de chercher dans la situation présente la présence et le soutien de Dieu pour Lui demeurer fidèle, c’est-à-dire demeurer dans Son Amour, quoiqu’il arrive, et ne jamais Le trahir.

Satan veut persuader les chrétiens à chercher des miracles instantanés : il se déguise en ange de lumière, en faux Christ pour proposer de tels miracles. Les gens se jettent dans ce piège. Satan pousse les chrétiens à vouloir se débarrasser de leur croix et à retourner dans le monde.

Quand un vrai chrétien porte sa croix et la garde, car il s’est séparé du monde et du mensonge, quand donc il traverse épreuve après épreuve sans victoire ni miracle apparent, on remet sa foi en question. On pense que ce chrétien a un problème avec Dieu, qu’il vit certainement dans le péché, qu’il stagne, qu’il n’avance pas, qu’il se trouve privé de la grâce et de la puissance de Dieu ou pire, qu’il est rétrograde. L’homme regarde à l’apparence, mais Dieu regarde au cœur. Cette personne, qui traverse des galères et se retrouve en proie au jugement des autres, met pourtant toute sa confiance en son Dieu. C’est Dieu qui lui donne la grâce de porter sa croix et d’avancer – même lentement – sur un chemin très étroit qui mène au Royaume de Dieu. Cette croix, ce n’est pas la croix du péché et de ses conséquences, comme celle commune à l’humanité entière. Cette croix, c’est le prix à payer pour répondre à l’appel de Dieu qui, un jour, rassemblera Ses élus pour régner avec eux sur un Royaume où il y aura la paix et la vraie justice. L’évangile d’un salut facile et complètement gratuit est un leurre !

Non, je n’ai pas à avoir honte de ma petite vie insignifiante et monotone dans cette galère que je traverse parce qu’elle est comme une grossesse par laquelle une autre vie se prépare. C’est invisible à l’œil nu, mais c’est réel. On ne voit pas ce qui se prépare dans le ventre d’une femme enceinte : le miracle se tisse lentement en secret, loin des lumières artificielles des projecteurs.

Beaucoup d’églises modernes ne vivent que pour briller sous les projecteurs : pour montrer fièrement des miracles, pour admirer leurs propres œuvres ou la croissance de leur assemblée, pour se vanter de faire partie de ceux qui n’iront pas en enfer. Mais l’enfer est déjà sur terre pour celui qui se languit de toute son âme du Royaume de Dieu et qui ne trouve pas son bonheur dans ce monde corrompu au bord de la folie générale, ce monde de destruction, de séduction et d’injustice.

Ma croix, c’est la solitude, la tristesse, la douleur, ma galère quotidienne et le regard des autres.

Ma victoire, c’est la présence discrète de Dieu à mes côtés, Ses multiples bienfaits, Sa miséricorde sans limite à mon égard, Sa protection divine aux jours de la tribulation et Son retour sur terre pour venir nous chercher et transformer enfin ce corps de misère en un corps glorieux et immortel.

A Lui seul soit la gloire dans toutes les circonstances qui – quoique difficiles – concourent à notre bien, puisqu’elles nous rapprochent de Lui et nous permettent de compter sur Son divin secours, même si ce secours ne vient pas à la manière des hommes comme on voudrait si souvent Lui ordonner. Notre bien – du point de vue divin – c’est de demeurer dans Son Amour toujours plus fort et plus profondément et de se dépouiller du mal sous toutes ses formes.

 

Soyez bénis,

Anne-Gaëlle