D.205 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 7

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

Chapitre 6

LE SEXE ET L’UNIQUE APÔTRE

 

En mai 1974, durant un congrès ministériel de grande envergure tenu après les problèmes arrivés plus tôt cette année-là, Bill McDowell changea mon affectation à la Fête des Vallons pour celle de Big Sandy. Il y avait eu des troubles assez sérieux dans le camp de Big Sandy, l’année précédente, et il pensait qu’on devait y apporter des changements. On avait reçu beaucoup de plaintes provenant des églises locales et on décida qu’il fallait faire quelque chose.

Ron Dart, qui était alors à la tête du Collège de Big Sandy, annonça qu’il préférait y voir un contrôle trop serré que pas assez.

Big Sandy était le site de Fête le plus difficile à administrer et ce, pour bon nombre de raisons. Tout d’abord, des milliers de personnes campaient dans la pinède, et il y avait un problème de drogues dans la société en général. Le terrain de camping ne fut pas exempt de ce terrible fléau national. Aussi, à l’époque, la moralité américaine dérapait rapidement et l’église en fut affectée comme tout le reste du pays. Administrer le terrain de camping grâce à un contrôle véritable exigea une résolution et une coopération de tout le système de commandement. Et l’on devait soutenir les hommes qui administraient les règles dans le camp.

À peu près personne ne voulait du travail de coordonnateur du site de Big Sandy.

Il y avait aussi le fait que le collège s’y situait et plusieurs membres du personnel se considéraient comme des individus privilégiés et ils n’appréciaient pas les indispensables contrôles pendant la Fête. Quiconque acceptait le travail mettait sa tête sur le billot à coup sûr. C’était difficile, sans véritable récompense pour une besogne bien faite.

Pour faire le travail à Big Sandy, il fallait l’aide d’hommes clés : le capitaine du camp, le gérant de l’auditorium et le chef de la sécurité. Ils détenaient des positions cruciales. Mais je n’ai pas l’intention d’entrer dans les subtilités de l’opération de cette année-là.

Bill McDowell fut présent pour la première partie, y compris le temps où Herbert Armstrong fut là. Le G-II arriva le soir à l’aéroport du Comté de Gregg. Je me portai à sa rencontre, ayant préalablement préparé des automobiles pour l’équipage et Stan Rader, ainsi qu’une Cadillac pour Herbert Armstrong. Sur le chemin du retour de l’aéroport, je m’enquis de savoir s’il avait faim ; il répondit par la négative, disant qu’ils avaient assez eu de nourriture dans l’avion. « Lawrence de Londres » était avec lui, cette année-là. Lawrence était son chauffeur en Angleterre ― en fait, son chauffeur de Rolls Royce.

Rendu chez lui, il voulut boire du vin et du champagne. Bill McDowell, Roy Dove et Harold Rhodes étaient déjà là. HWA aimait toujours ouvrir le champagne lui-même et « nous montrer comment il fallait faire ». Nous bûmes sur le champ quelques crèmes de sherry Harvey’s Bristol. Puis, après quelques temps, la faim lui prit. Heureusement, Carlton Green était encore au Département des Services de Cuisine et il fit préparer en un rien de temps une platée de viandes froides.

Herbert Armstrong était tendu et très loquace. Il s’étendit beaucoup sur le cas de Raymond Cole, décrivant tous ses travers en remontant des années auparavant. Ensuite, il aborda son sujet favori : le sexe ! Il se plaignit de ce que les nuits étaient longues sans une femme, disant qu’il en avait grandement besoin. Il confia qu’il avait pensé au mariage, mais pas avec n’importe qui. Il expliqua que Frank Brown avait comparé son cas à celui du roi Édouard VIII d’Angleterre. Frank avait dit : « Vous devez être prudent, M. Armstrong, et épouser une femme qui puisse tenir jusqu’à la fin. Vous devez réaliser qu’elle sera la première dame de l’église, » poursuit-il. « Ne faites pas comme Édouard qui maria quelqu’un qui ne pouvait remplir sa tâche. » Il nous raconta cela après pas mal de vin, mais pas autant qu’il en buvait parfois. Il continua à parler des femmes qui pouvaient faire fonction de première dame de l’église ― des femmes qui pouvaient s’attirer le respect de l’église.

« Or, Annie Mann (personne âgée membre de l’église de Pasadena) pourrait rencontrer ces critères, les gars, mais qui voudrait aller au lit avec Annie Mann ? Il me faut une femme plus jeune. Quand j’ai épousé Loma, elle avait 25 ans et, pour moi, elle a eu 25 ans toute sa vie. »

Et encore : « Je ne puis pas m’imaginer aller au lit avec une vieille femme. Je ne peux tout simplement pas me voir au lit près d’un corps tout plissé. »

Il nous parla ensuite de sa romance avec Amy, employée de l’église qui, nous a-t-il dit, je pense, n’avait que 25 ans à l’époque. Il affirma avoir vraiment été en amour avec elle, mais que ce n’était peut-être qu’obsessionnel. Il nous relata quelques incidents sur sa relation avec Amy, mais ne nous mentionna jamais une jeune Philippine qu’il avait amenée plus tôt aux Etats-Unis, d’après ce qu’on rapporte.

Puis, il nous fixa du regard et nous demanda si l’église accepterait qu’il ait une épouse dans la cinquantaine.

Nous répondîmes tous que oui.

« Que dites-vous de quarante-cinq ? » Nous fîmes un signe de tête affirmatif.

« Bon, eh bien, je vais marchander avec vous, comme Abraham marchanda avec Dieu à propos de Sodome. Que dites-vous de quarante ? »

Nous signifiâmes encore notre approbation, mais par une réaction cette fois plus lente.

« Trente-cinq ? » Lentement, mais trop effrayés pour désapprouver.

« Vingt-cinq ? » Je lui dis : « Je ne pense pas. »

Après avoir parlé de sexe un certain temps, il changea de sujet et, comme il commençait à se faire tard, nous quittâmes.

Si nous avions alors su ce que nous apprîmes plus tard, cette soirée aurait été passablement différente. Il jouait avec nous, même s’il savait déjà ce qu’il avait l’intention de faire. Nous le considérions toujours comme un leader fort de l’église et lui, il avait les femmes en tête, presque à l’exclusion de tout autre sujet. Cette maladie allait encore empirer.

Plus tôt dans l’année, lors de la grande conférence de mai, il avait annoncé un changement dans la doctrine du divorce et du remariage, il avait aussi déclaré son soutien total à son fils Garner Ted, et il était parti en G-II pour l’Orient. Il quitta la conférence après seulement une journée. Difficile pour les ministres d’imaginer quelque chose de plus important que cette conférence pour les quelques jours suivants, surtout après les traumatismes du premier trimestre de 1974. Pourquoi voulut-il les quitter dès le lendemain de l’ouverture ? Qu’est-ce qui pressait donc tant en Orient ? Personne ne pouvait le savoir. Cela sembla bien étrange.

Or, quelques mois plus tard, nous écoutions cette conversation où il signifiait son désir de marier une jeune femme. Ce n’était pas des propos reflétant l’homme sur les épaules de qui reposait l’avenir du monde. Elles résonnaient plutôt comme émanant d’un vieil homme frustré, et Bill McDowell le savait.

Ce soir-là, Herbert Armstrong donna d’autres noms de femmes trop vieilles. Et Bill les connaissait toutes. L’une d’elles était une relation familiale.

Il apparaissait clairement qu’Herbert Armstrong retombait en enfance ― en tout cas, dans ces domaines-là. (Nous ne pouvions qu’espérer que les Orientaux comprendraient. Mais Dieu… ?)

Le jour suivant, alors qu’Herbert Armstrong donnait son sempiternel sermon, Bill se sentait agité. Il vint me voir à mon siège et me demanda si je voulais bien sortir avec lui. Pendant que nous marchions autour du camp, il exprima sa frustration. Il ne pouvait comprendre que l’on puisse afficher autant d’hypocrisie et de manière si évidente. Dès lors, il apparu de plus en plus lassé. Il n’avait plus aucune confiance en Herbert Armstrong.

Une des tournures intéressantes de l’histoire, c’est cette pression qu’HWA avait pris l’habitude d’exercer sur les jeunes hommes gradués du collège pour qu’ils épousent certaines filles graduées plus âgées qu’eux. Il y en avait encore quelques-unes dans les environs de Pasadena et HWA voulait savoir s’il y avait des gradués « assez hommes pour marier ces filles plus âgées ». Il employa tout son pouvoir d’intimidation fort considérable. Et bon nombre de ces hommes cédèrent et accomplirent leur devoir comme l’avait expliqué « l’apôtre ».

Big Sandy : 1975

De bien des façons, 1975 m’apparut une répétition de l’année précédente. Herbert Armstrong sembla plus seul, plus abandonné que jamais. Cette année-là, sa route et celle de Ted se croisèrent à Big Sandy, l’un descendant de son G-II, l’autre de son Falcon. Herbert Armstrong arriva avec son groupe à l’aéroport du Comté de Gregg tôt dans l’après-midi, et Ted devait arriver plus tard sur la piste d’atterrissage du campus. Ted et Dan Spencer avaient posé le Falcon à quelques reprises sur la piste. Lorsqu’ils arrivèrent, le réservoir d’essence était presque vide. Il n’y avait pas de problème à ce qu’ils se posent sur la piste courte, en autant qu’ils repartent sans trop d’essence à bord. Ils firent un saut à l’aéroport du Comté de Gregg pour faire le plein.

Herbert Armstrong avait envoyé deux ou trois fois une note pour dire qu’il voulait avoir une conversation avec Ted à Big Sandy. Ils déjeunèrent ensemble le lendemain matin. HWA sembla très délaissé durant son séjour. La plupart des ministres ― pratiquement tous ― apparurent bien plus intéressés à se faire voir de Ted que de son père. Le matin suivant, lorsque Ted prit la parole (son père ayant parlé l’après-midi précédente), aucun des ministres ne passa voir Herbert Armstrong.

Je ne peux que me questionner à cet effet. Il appert que l’intérêt personnel est très puissant dans le cœur de l’homme. Je ne peux m’empêcher de croire que c’étaitt bien le cas à l’époque. J’ai confronté l’un des actuels loyalistes en regard de cet incident spécifique et il a admis sans contrainte que c’était son cas, cette année-là.

Je passai par la maison d’HWA après avoir vu à ce que tout marche rondement lors de l’arrivée de Ted au centre de congrès. Le vieil homme semblait si seul que je lui offris de le conduire moi-même à son avion. Il accepta avec enthousiasme.

Il avait l’air déprimé et, en chemin, je lui dis que très peu d’hommes dans toute l’histoire avaient été capables d’accomplir ce qu’il avait fait. Il admit que c’était vrai, mais il ajouta que le roi David avait aussi vécu une vie remplie.

« Oui, mais, M. Armstrong, David n’avait pas de G-II. »

« C’est vrai, il n’en avait pas, n’est-ce pas ? » Cette pensée sembla lui plaire beaucoup.

Au moins, il ne fut pas question de sexe lors de nos conversations, cette année-là. Ce soulagement était bienvenu. Il devait cependant y remédier l’année suivante.

De bien des manières, 1975 fut comme un creux de vague pour lui. Quoiqu’il ait manqué la tournée de 1977, il sembla manquer d’assurance en 1975.

Pocono : 1976

J’avais agi en tant que coordinateur au service de l’Église Universelle de Dieu à Big Sandy, au Texas, dans les années 1974 et 1975, et il était planifié que je le fasse encore en 1976. Sherwin McMichael, directeur général des Fêtes, avait attribué les nominations plus tôt dans l’année et il avait choisi Dick Ames pour coordonner le site aux Monts Pocono.

Cependant, Dick avait reçu une invitation à se rendre dans la région des Caraïbes pour y prêcher et il opta pour y aller plutôt que de coordonner le site de Fêtes des Pocono. À ce moment-là (fin de l’été), il n’y avait pas encore organisé les opérations, donc, il en résulta une mini crise. Sherwin me dit qu’il avait l’intention d’amener Harold Rhodes (pasteur de l’église de Austin, au Texas) coordonner le site de Big Sandy et il voulait que je monte aux Pocono. J’avais planifié, pour ce même après-midi, une rencontre des chefs de départements pour préparer Big Sandy. Harold vint au meeting juste après avoir su qu’il aurait la fonction de coordinateur. Délai plutôt court !

La semaine suivante, je montai en Pennsylvanie pour y tenir une réunion des chefs de départements et pour finaliser la nomination des hommes devant remplir des responsabilités exécutoires. Je n’avais jamais assisté à une Fête à cet endroit, mais je m’y étais déjà rendu à un autre titre et j’étais donc familier avec la région.

Cette année-là, je m’envolai un dimanche, le 3 octobre, la veille des Expiations. Ma femme Margaret voulait s’y rendre un peu plus tard, mais je croyais devoir être sur place dès ce moment-là, surtout parce que j’y agissais en tant que coordinateur pour la première fois. Je pris le vol de Dallas jusqu’à Newark où il y eut un changement d’avion et, de là par, Allegheny Airlines, vers Wilkes Barre-Scranton. Je fis ce vol en turbopropulseur King Air, tout siège occupé et plus de bagages que je le croyais possible. Je me rappelle m’être demandé si ce gros machin allait voler avec autant de poids. Le Collège de Big Sandy possédait un King Air 100 depuis quelques années, mais je n’y ai jamais vu embarquer autant de poids.

Une des responsabilités d’un coordonnateur est de préparer des limousines Cadillac, en autant que ce soit possible, pour HWA et les Rader. Dans ce cas-ci, Randy Dick (un ministre de la région) avait loué deux sedan à Philadelphie, mais pas de limousine. C’est le mieux que nous ayons pu faire, mais nous nous arrangeâmes pour qu’elles nous soient livrées le vendredi par des gens en provenance de Philadelphie. Nous les nettoyâmes entièrement, faisant partir le mieux possible l’odeur de tabac, et ce, pour midi le jour même.

Les Monts Pocono sont situés sur un sommet, une crête passablement plus élevée que Scranton, et c’est pour ça que la piste d’atterrissage, bâtie en bordure de l’autoroute côtoyant le site de la Fête, est fréquemment fermée à cause des nuages en basse altitude, alors que les conditions sont bien meilleures à Scranton. Il y a aussi un ILS à Scranton, ce qui rend les atterrissages possibles dans la plupart des conditions météorologiques.

Nous reçûmes un mot nous disant qu’HWA et Stan Rader étaient à New York pour visiter les bureaux du Quest [magazine séculier controversé de l’Église Universelle] et qu’ils s’envoleraient dans l’après-midi. Le vol du G-II à partir de New York est très court et ne permet pas beaucoup de temps pour changer des plans. Nous espérions encore que la température permettrait l’atterrissage sur la piste d’à-côté, mais les nuages étaient très bas à midi et les prévisions n’offraient pas vraiment d’espoir d’amélioration.

Le capitaine Ed Black du G-II appela vers 13h00 pour dire qu’il planifiait d’aller directement à Scranton. Nous conduisîmes les Cadillac et nous nous arrangeâmes pour que l’équipe de conducteurs rencontre le G-II. La température était mauvaise, mais pas suffisamment pour empêcher les avions de voler grâce à leurs instruments. Il tombait une pluie légère, pas assez pour nuire.

La porte du G-II est située juste à l’arrière du cockpit, sur le côté gauche et, à la pression d’un bouton, elle s’ouvre et se déploie vers le bas en douceur. Il y a quelques marches, dix exactement, car l’avion est assez haut au-dessus du sol.

Aussitôt que les marches furent en place, HWA descendit, suivi de son entourage. Mel Ollinger, son chauffeur et serviteur général, accepta les clés de la plus belle des Cadillac et il s’occupa immédiatement des bagages. Le Dr Floyd Lochner, qui accompagnait le groupe Armstrong depuis des années pour superviser le conditionnement physique de M. Armstrong et lui faire office de masseur, faisait partie de ce voyage festivalier ― pour la dernière fois, en fin de compte.

Nous vîmes à ce que le capitaine Black et l’équipage aient leurs clés et les instructions sur la direction à suivre pour rejoindre leur hôtel, et nous leur laissâmes l’autre Cadillac. Mel conduisit, HWA s’assit en avant et le Dr Lochner et moi-même nous installâmes sur le siège arrière. Mel dit qu’il ne se rappelait pas comment se rendre aux Pocono et demanda sa direction. Je le guidai en chemin. Je fis attention de ne pas m’absorber dans la conversation au point de manquer un tournant. Le trajet dura de 30 à 40 minutes et un peu plus en se rendant au Holiday Inn de Bartonville où nous habitions tous. Il devait y avoir un souper pour les ministres ce soir-là, avant l’assemblée (soirée d’ouverture qu’Herbert Armstrong commença aux Pocono cette année-là). Nous nous demandions si nous avions le temps de nous rendre à l’hôtel pour qu’HWA se rafraîchisse et que nous allions ensuite au souper. Nous décidâmes de réexaminer les possibilités une fois que nous serions à proximité. En fin de compte, nous n’eûmes pas assez de temps pour aller d’abord au motel.

Presque aussitôt que nous ayons été assis dans l’auto, et que nous ayons quitté la passerelle et traversé la barrière, HWA se mit à nous parler de la nécessité d’un « renouveau » dans l’église. Je me souviens avoir été quelque peu surpris par son choix de mot, parce que je l’avais entendu parler contre ce mot, des années auparavant, disant qu’il était techniquement impossible dans son sens religieux. Mais, quand même, je fus d’accord sans réserve quant au besoin d’un renouveau dans l’église. Mel, spécialement, exprima sa convergence.

HWA déclara avec force cette nécessité d’un renouveau et que cela devait, ou plutôt que cela ne pouvait que commencer avec lui. Encore là, j’agréai de tout cœur. Je tentai de poursuivre la conversation sur ce sujet, mais sans succès. HWA se mit à parler de sexe.

Il voulut savoir si des rumeurs couraient à propos de ses plans de mariage ou de son engagement amoureux. Je lui dis qu’on en avait parlé. Il en avait déjà parlé quelques fois par écrit dans les publications de l’église.

Il mentionna que Ted était incapable d’exercer le pouvoir qu’il lui avait accordé. Les païens disaient qu’il voulait toujours plus de pouvoir, mais que Stan venait tout juste de lui dire que Ted était inepte à manœuvrer ce qu’il possédait déjà. Je me souviens que cela m’étonna un peu, car j’avais entendu dire plus d’une fois qu’HWA avait abandonné tout pouvoir exécutif dans les mains de Ted, ce que j’avais également lu dans la littérature de l’église.

Il y a toujours quelque chose de décourageant à entendre un dirigeant rabaisser son officier exécutif, ou vice versa, surtout quand vous devez avoir affaire aux deux au sein d’une organisation. C’est loin d’être la meilleure des pratiques et tous les livres traitant de gestion s’élèvent contre ça. Mais ici, il s’agissait d’une affaire de famille, d’après ce que je pouvais en juger, et d’un genre méprisable.

À Big Sandy, en 1974, HWA avait parlé pendant des heures de sa vie romantique à un groupe d’entre nous assemblé dans sa demeure sur le campus, lors de sa venue en tournée de la Fête. Ce soir-là, je me rappelle que nous étions cinq à l’écouter raconter son intérêt romantique pour une secrétaire de vingt-cinq ans et comment il ne pouvait digérer l’idée de se mettre au lit avec une vieille femme.

Au cours de ma vie, la plupart des vieillards ― enfin, ceux que j’ai connus ― se réprimaient de parler ou de se conduire de cette façon. Les vieillards ne sont pas intéressés à ce qu’on dise d’eux : « Il n’y a pas pire imbécile qu’un vieillard imbécile ». C’est un vieil adage folklorique et cette sagesse traditionnelle a bien perçu l’affaire. Les femmes âgées considèrent cela comme une répudiation de leur propre contribution et de leur valeur, avec raison. Elles se questionnent à propos de la devise du Collège Ambassadeur : « retrouver les vraies valeurs ».

Nous fîmes route directement vers le Crescent Lodge où devait se tenir le souper des ministres, et la majorité y était déjà avec leurs épouses. Le souper commença donc immédiatement.

M. Armstrong me demanda de le présenter, ce qui me sembla inhabituel. J’avais toujours vu M. Armstrong s’avancer simplement et prendre charge, car il n’avait certainement pas besoin de présentation face à ses ministres de l’Église de Dieu. Toutefois, semblait-il, il voulait recevoir des applaudissements, peut-être comme préparation à ce qui s’en venait.

Il nous dit qu’il n’y avait qu’un seul Apôtre dans l’église. (Je crois que ce fut la première fois que je l’entendis faire cette déclaration ― déclaration que nous allions souvent entendre par la suite.) Puis, il parla de la nécessité d’un renouveau dans l’église, en employant encore ce mot. Un bon nombre de ministres remarquèrent  plus tard qu’HWA cherchait à corriger son fils, quoi que je pense que bien peu réalisaient l’étendue de son intention. Je ne le savais assurément pas moi-même. Comment l’aurions-nous pu, après avoir été témoins de luttes semblables auparavant ?

Il arriva ensuite aux rumeurs et aux rapports concernant sa vie romantique. Avions-nous entendu quelque chose ? Il n’y eut pas de réponse ― silence complet. Ce ne fut pas ce qu’il désirait, donc, il poussa plus fort, faisant une pause assez longue pour que cela devienne embarrassant. C’est à ce moment-là que la voix caractéristique de Reg Platt s’éleva du centre arrière de la salle. Il admit avoir entendu certaines rumeurs au sujet de la vie romantique d’HWA.

HWA, qui a très bonne oreille, reconnut tout de suite Reg et utilisa son nom, le remerciant d’avoir parlé. Dès cet instant, il se mit à parler longuement de son désir ― de son besoin, même ― de se marier. Le monologue était parti pour s’éterniser interminablement. Bien qu’il ne bafouillât pas, comme on le rapporta dans d’autres sites, selon Sherwin McMichael, il fut cependant des plus redondants.

Le temps commença à devenir un facteur préoccupant. Quoi que nous ne fussions pas si éloignés du centre de congrès, il fallait quinze minutes pour transporter HWA jusqu’au hall. L’assemblée aurait dû débuter 15 ou 20 minutes auparavant, et il parlait encore. Je me tournai vers Harry Salyer, assis en face de moi, et lui demandai s’il pouvait se rendre là-bas pour faire chanter deux ou trois hymnes (il était en charge de la musique, cette année-là), et annoncer que M. Armstrong serait bientôt là, car il avait une réunion importante avec ses ministres. Il le fit et c’était une bonne chose, car une certaine agitation s’était développée dans la congrégation, d’après les derniers rapports.

Après un certain temps encore, je me tournai vers Stan Rader qui était assis juste à la droite d’HWA, et je lui signifiai de regarder sa montre, ce qu’il fit. Il me signala qu’il allait s’occuper de ça. Peu après, il demanda l’heure à HWA. Je crois sincèrement qu’HWA n’était pas conscient de l’heure. Il stoppa tout de suite et nous nous ruâmes vers le hall.

Il prit la parole, puis présenta Stan Rader qui donna son allocution habituelle, et ensuite HWA reprit la parole pour le reste du temps.

Pendant que nous quittions en voiture pour le Holiday Inn de Bartonsville, à vingt-cinq minutes de route vers le sud, HWA parla du débit « professoral » de Stan. Il dit que Stan pensait être bon orateur, mais ne l’était pas ― en tout cas, certainement pas pour prêcher. Cependant, comme il l’expliqua, Stan lui était très utile.

Je dois vous expliquer, ici, comment nous avons toujours fait les arrangements de location de motel pour HWA. Nous avions deux chambres attenantes, avec une porte commune au centre, et une des chambres servait de salon. Souvent, nous devions y faire introduire un divan, des chaises et une table à café venant d’ailleurs. Parfois, le motel le faisait, et les autres fois, nous devions le faire nous-mêmes, tout dépendant de la main-d’œuvre disponible. Nous aménagions la suite des Rader de la même manière, si c’était possible.

Nous déposions les plus belles et les plus fraîches des fleurs dans la chambre ainsi que beaucoup de petites friandises. Il arrivait souvent que nous louions des coupes de cristal et de l’argenterie afin de rendre le séjour le plus agréable possible.

Il y a une chose que nous prenions toujours grand soin de faire. Nous y placions du champagne Dom Pérignon (très prestigieux et très coûteux champagne) et de la crème de sherry Harvey’s Bristol. Ce sherry est un vin fortifié très riche, plus fort que le vin de table régulier.

Le Dr Lochner et Mel partirent bientôt et HWA me demanda si cela ne me dérangeait pas de rester pour bavarder, car il était tendu et ne pouvait dormir. Je lui répondis que j’en serais heureux.

Il prit un des verres à vin en cristal, le remplit de Harvey’s et le vida rapidement pour s’en verser encore. Il me dit en avoir besoin pour relaxer. Il me lança qu’il avait décidé de stopper le vin avant la Fête, mais il avait le sentiment de ne pouvoir s’en passer pendant la tournée. Il avait pris la décision d’arrêter lorsqu’il s’aperçut que boire trop de vin tendait à le rendre impotent et il en avait assez.

HWA obtient la permission de Ted pour se marier

HWA me dit ensuite qu’il avait l’intention de se marier et qu’il avait choisi Ramona Martin. Il sortit son portefeuille et me montra une photo d’elle et de son fils qui, dit-il, allait dans une école privée à Tucson. HWA m’énonça qu’il avait besoin de quelqu’un à qui prodiguer son amour, maintenant qu’il était amplement capable de subvenir aux besoins d’une femme. À cet égard, il me dit qu’il voulait la pourvoir à profusion et qu’en fait, il avait déjà fait beaucoup pour elle et qu’il avait avec lui un présent à son intention, un collier valant 17 000 $.

Il me dit qu’il voulait que Ramona se fasse stériliser immédiatement, mais qu’elle se traînait les pieds. Il se mit à expliquer que cette opération était fort simple maintenant. La science médicale était très avancée et les médecins pouvaient faire ce travail sur une femme en utilisant un nouvel instrument. Ça faisait à peine une petite cicatrice. Il insistait, mais elle voulait qu’il soit présent lors de l’opération, ce qui le rebutait un peu. Je me disais qu’il devait avoir notablement modifié sa position en regard des docteurs et des médecins pour qu’il parle de cette manière. Je ne pus m’empêcher de me souvenir de deux membres de l’église de Corpus Christi, morts d’un cancer externe qui avait débuté modestement et qui aurait pu facilement être enlevé, n’eût été de l’enseignement d’Herbert Armstrong. Les deux personnes avaient peur de le faire par crainte d’être expulsées de l’église pour pratique hérétique. Il s’agissait de Lillian Armstrong (aucun lien de parenté) et Walter Konze.

Je me les rappelais fort bien, ce soir-là, et je crois que ce qu’il recommandait à sa petite amie était une opération plus importante que d’enlever une simple petite masse à l’extérieur du corps.

Je me demandais également contre quoi il était si anxieux de la protéger, considérant ses propres problèmes d’impotence et son âge avancé.

Il poursuivit en me disant que Ted avait enfin accepté de donner son consentement au mariage, quoiqu’à contrecoeur.

Il revint brièvement sur l’église. C’était le sujet que j’avais choisi de discuter, sauf que cela prit une tournure dangereuse. Il me dit qu’il y avait des ministres qui se montraient extrêmement libéraux et qu’il allait s’en occuper. J’étais d’accord avec lui. Il me dit que, si je les lui nommais, il allait les congédier. Et il insista pour que je donne quelques noms. Eh bien, c’était une approche minée. J’aurais pu en nommer quelques-uns qui, à mon avis, avaient une pensée extrêmement libérale et qui en avait la réputation parmi ceux que je connaissais. Mais de là à les nommer au dirigeant de toute l’église qui avait promis de les congédier juste parce que je les nommais… je reculai. Je n’aurais pas voulu être congédié simplement sur les dires de quelqu’un et de cette façon-là. Pourtant, je ne doutais pas que le libéralisme était un problème dans l’église.

En 1970, j’en avais entendu certains de Pasadena qualifier les gens de Big Sandy de libéraux et, en tête de liste, Les McCullough. Or, à mon point de vue, il était plutôt conservateur. Plusieurs croyaient Charles Dorothy conservateur, alors que je le pensais libéral. Certains voyaient en Howard un conservateur à tout crin, et je le voyais libéral.

En tous les cas, quand on commence à donner un nom, dans ce genre d’environnement, on a besoin d’être bien sûr de soi. C’est une chose que de contrer les coups, de les parer, de compenser, mais c’est une toute autre histoire que d’assommer complètement quelqu’un, même dans l’église.

Assommer tous vos ennemis d’un seul coup de manière à ne plus en avoir, c’est irréaliste, bien sûr. La mentalité du boxeur, assommer et détruire ou être détruit, ne semble pas avoir sa place dans l’église, laquelle implique des hommes faillibles. Entre-temps, HWA commençait à bafouiller à cause de la crème de sherry Harvey’s Bristol. Donner des noms dans ce contexte, au-dessus d’une bouteille, ne semblait pas très judicieux ! Et, jusqu’à aujourd’hui, je suis bien content de ne pas l’avoir fait.

Puis, il voulut savoir ce que je pensais du mariage qu’il se proposait. Je crois que je lui ai dit que, étant donné que ça lui trottait vraiment dans la tête et considérant le fait que Ted lui avait donné son approbation, il devait aller de l’avant. À l’instant, il explosa, me demandant ce que je voulais dire par « approbation de Ted » pour se marier, alors qu’il était le chef de l’église !

Voyant cela, j’élevai aussi la voix, la seule fois que je le fis. Je répondis qu’il avait lui-même dit que Ted avait donné son accord, et moi, j’étais là, entre les deux, n’essayant que de travailler de mon mieux avec les deux, et que je n’insinuais rien d’autre. Je lui demandai ce qu’il aurait voulu que nous fassions, coincés entre les deux, comme c’était le cas pour bon nombre d’entre nous qui avions à travailler pour les deux.

Du coup, il se radoucit et commença ensuite une discussion sur les salaires.

HWA met sa foi en un contrat

HWA me dit que lui, Stan et Ted venaient de signer des contrats commandant des salaires « dans les six chiffres » pour chacun des trois. Il espérait que l’église soit bientôt dirigée par un comité et qu’il avait vu à ce que ces contrats soient signés afin de garantir leur niveau de vie, ou, comme il le dit lui-même, que « mon train de vie » ne soit pas diminué. Ils continueraient à bénéficier des avions, etc. Personne ne pourrait lui enlever ça. Il dit qu’il avait été particulièrement fier de Ted, car celui-ci avait retourné le contrat de Stan avec une réduction, mais avait gonflé le sien. C’est ce genre d’ambivalence qui me rendit prudent, entre autres raisons, lorsque HWA se mit à parler contre Ted. J’avais le sentiment qu’il pouvait le faire, mais malheur à celui qui s’y risquait. Je suis à peu près sûr que c’est toujours le cas aujourd’hui !

HWA, quand il se mettait à dégrader systématiquement son fils, y allait aussi de son choix de commentaires négatifs à propos de sa belle-fille Shirley. En faisant part de ces informations, il souriait avec bienveillance. Il n’y eut qu’un seul héros, ce soir-là. Il était assis dans cette pièce.

Arrêtons-nous ici afin de considérer ce qui s’est passé. C’était la première fois que j’entendais parler de contrats dans l’église, particulièrement au sein du ministère. Et voilà que le ministre le plus élevé du ministère de toute l’église ― l’apôtre de la foi, si vous voulez, le même qui, bien des années auparavant, nous avait parlé de George Müller, de Bristol, en Angleterre, et qui avait prêché et parlé de la foi des années durant ― craignait maintenant un comité de l’église et avait peur que son revenu disponible soit diminué et que son train de vie soit réduit ; il s’était donc présenté devant la loi afin de pourvoir à ses moyens de subsistance.

Qu’en était-il de nous ? N’étions-nous donc que les idiotes de brebis qui ne comptaient pas du tout ? Je pense que, de tout ce que j’ai vu dans l’église, ce fut le coup le plus dur de tous ! Des contrats entre les trois hommes les plus élevés ― pour se protéger contre l’église ! Il me sembla qu’une certaine guérison divine, une guérison spirituelle, était urgente. Mais ça ne s’arrêta pas là.

Les problèmes sexuels d’HWA

Il parla alors de ses capacités sexuelles avec force détails. Il se demandait s’il serait en mesure de satisfaire sa fiancée, parce qu’il souffrait d’un manque de raideur de son pénis. Ça le tracassait sans cesse.

Il mentionna qu’il avait étudié l’information publiée par Masters and Johnson qui déclaraient que l’âge avait peu à voir avec les capacités. Il y avait d’autres facteurs ― psychologiques, diététiques, la boisson, etc. L’âge n’était pas en soi la raison du problème.

Bon. J’avais jeté un coup d’œil sur la matière offerte par Masters and Johnson. Ceux-ci opèrent à partir de leur base située à St-Louis et ont dirigé des expériences sur la sexualité humaine sous toutes les formes, les contours, les dimensions et les conditions connues de l’homme. La religion, la moralité, la loi et les valeurs traditionnelles sont totalement évacuées de leur méthode d’opération, d’après ce que j’en sais. Cette équipe d’expérimentateurs sexuels a reçu une grande publicité et ceux qui lisent à profusion seront sans doute au courant de leurs travaux.

Néanmoins, ce qu’HWA dit à propos des enseignements de Masters and Johnson dans la discussion était vrai. Ils enseignent que l’âge n’est pas nécessairement crucial. Du moins, c’est bien ce qu’on écrivait dans un livre et des articles que j’avais lus et où l’on citait Masters and Johnson.

Je dis donc à HWA que je comprenais le cas. Il doit avoir pris ma réaction sympathique pour de l’approbation parce que, à partir de ce moment-là, il devint plus franc qu’avant.

Il dit : « Je peux constater que vous êtes un homme raisonnable. » Ouais, j’ai vécu assez longtemps pour savoir qu’on doit être sur ses gardes quand on vous lance ça. Nous allions quelque part, mais je ne savais pas où.

Il commença à me parler de sa vie sexuelle peu satisfaisante avec son épouse décédée, Loma. Ce n’était encore rien. Il avait déjà dit des choses semblables à de petits auditoires ― particulièrement des groupes de finissants à Pasadena et à Big Sandy ― en détails assez explicites.

Bien sûr, à cause de l’ouvrage exécuté par Masters and Johnson au nom de la science (œuvre qui n’aurait pas été autorisée dans plusieurs états de l’union, il y a quelques années, en tout cas de manière déclarée), bien des gens se sont sentis fraudés dans leur vie sexuelle et ils sont par milliers… non, des dizaines de millions à blâmer la « moralité victorienne » pour leur « vide ». Les auteurs modernes leur ont fait croire qu’ils doivent se libérer de « l’ancienne moralité » et entrer dans la glorieuse liberté offerte par « la nouvelle moralité » pourtant contredite dans le propre livre d’HWA, Dieu nous parle de la « Nouvelle Moralité ». Dans ce livre, HWA établit une ligne de conduite étonnamment claire au sujet du sexe. Ce bouquin fut utilisé pendant longtemps comme manuel scolaire au Collège Ambassadeur, avec des instructions strictes ayant force de doctrine de l’église et auxquelles toute infraction était sévèrement punie par les autorités de l’église. Même si certaines personnes, menant par ailleurs un double standard de vie, considéraient que ces règles n’étaient destinées qu’aux gens naïfs, la plupart essayèrent de vivre par elles, pensant qu’elles étaient ordonnées par Dieu et fondées sur la Loi Royale. Je m’inclus dans cette dernière catégorie.

À la page 270, M. Armstrong marque ceci : « Ce rapport amoureux ― ce “pelotage” ou ces “cajoleries” ― ces caresses ― fait PARTIE, et, en fait, c’est la partie la plus importante, DE LA RELATION SEXUELLE DANS LE MARIAGE. Par conséquent, quand on le permet avant le mariage ― ou en dehors du mariage ― C’EST UN PÉCHÉ CAPITAL ! » [l’emphase est d’HWA]. Péché capital signifie qu’il exige la peine de mort !

Ensuite, en page 278, après le sous-titre « La vérité sur la masturbation », il écrit : « D’un autre côté, la masturbation est une forme de PERVERSION. C’est un PÉCHÉ ! » Puis, il élabore.

Je voulais citer l’autorité de l’église avant de continuer la narration. HWA enseigna lui-même ces principes à partir de son propre livre au Collège Ambassadeur pendant des années. Pourtant, voilà qu’il était maintenant prisonnier de la même « force libératrice » qu’il avait dénoncée. Toutes ces pensées se bousculaient dans ma tête à mesure que la nuit avançait.

Histoires de masturbation et de prostitution

Il fut pour le moins déconcertant d’écouter HWA qui, de sa propre bouche, parla d’un ton approbateur d’une conduite personnelle étalée sur toute sa vie et qui était en contradiction flagrante avec ce qu’il écrivait et enseignait.

Lorsque HWA eut fini de décrire Loma, ce soir-là, elle donnait assurément l’impression d’avoir été une femme victorienne aux inhibitions les plus profondes ― et une très pauvre partenaire au lit. Il dit qu’elle n’enlevait jamais le haut quand ils avaient une relation sexuelle et se refusait souvent à lui. Il me confia qu’à de nombreuses reprises, il se tournait de côté dans le lit et se soulageait par la masturbation, après que sa femme se soit refusée à lui. Puis, il fit une chose fort curieuse. Il me dit qu’il se masturbait encore ― il employa le mot ― et la dernière fois, c’était deux semaines auparavant.

J’étais assis sur le divan et lui dans un fauteuil près de la table à café. La bouteille de Harvey’s était presque vide, mais il se leva et se rendit au bout du divan, là où était sa mallette. Il en sortit un petit carnet noir et m’en montra la dernière inscription, écrite de sa propre main. IL AVAIT ENREGISTRÉ SES PROPRES MASTURBATIONS ! Après avoir vérifié le compte-rendu, il me dit que c’était arrivé deux semaines avant.

Faute d’avoir quoi que ce soit de mieux à dire, je lui demandai : «  M. Armstrong, quand avez-vous commencé à vous masturber ? » Il me répondit qu’il ne se souvenait pas ; il l’avait toujours fait.

Il me lança qu’il n’avait jamais eu de problème avec la rigidité de son pénis avant l’âge de 75 ans et, une fois, lorsque Loma fut dans la position femelle supérieure (expression de Masters and Johnson), son pénis s’était replié vers lui. C’était le début. Il voulait désespérément croire que le problème n’était pas l’âge.

À partir de ce moment-là, il me devint plus difficile d’avaler l’histoire que Loma était si « frigide » que ça. Si elle avait adopté cette position à l’âge de 75 ans, je ne voyais pas en quoi elle avait échoué tant que ça comme épouse au creux du lit conjugal. Dès lors, je me sentis réellement embarrassé, parce que je venais d’un milieu culturel où l’on ne partage tout simplement pas les histoires du lit conjugal avec des étrangers.

Mais HWA ne s’arrêta pas là. Il se mit alors à me raconter en détails fort crus le récit de sa première expérience avec une prostituée. HWA a beaucoup de talent pour illustrer crûment ses expériences, de sorte qu’on croirait presque « voir » la scène décrite.

Le récit allait comme suit, quoique je ne sois pas capable de le décrire avec les mêmes « couleurs vivantes » que lui.

Il avait travaillé au Mississipi et fit un voyage en Nouvelle-Orléans. Il bifurqua de la rue pour entrer dans une maison de mauvaise réputation, bien que, d’après ce que je comprends, ces maisons n’avaient pas si mauvaise réputation en ce temps-là, en Nouvelle Orléans ! Un « méchant garçon » donnait du fil à retordre à une des filles en haut de l’escalier et on dut le chasser. HWA, qui devait être assez jeune, à l’époque, parla gentiment à la fille qui, avec le temps, se réchauffa à son égard et finit par l’inviter à monter. Il décrivit les événements qui suivirent comme « très beaux » ; c’était sa première expérience avec une fille.

Je me demandai si le « seul apôtre de l’église » aurait dû commenter en termes aussi élogieux ce que l’église définissait comme un péché, même si cela s’était passé quelques soixante ans auparavant. Mais il y avait une telle lueur dans ses yeux et une telle douceur dans le ton de sa voix que cela démontrait de façon éloquente que ce souvenir lui était encore bien frais et doux en mémoire. À nouveau, mon esprit se questionna à savoir si, franchement, cet homme était prêt à « diriger un renouveau dans l’église », aussi nécessaire soit-il.

Il était 1h30 du matin et, une grosse journée m’attendant le lendemain ; je m’excusai. Comme je partais, il me demanda si je pouvais le réveiller au matin et, bien entendu, je le lui promis. Ça faisait partie de mon travail.

Je me retirai dans ma chambre, de l’autre côté du hall. Mon épouse Margaret était endormie, mais elle se réveilla quand j’arrivai. Je me glissai au lit dans un silence de mort. Margaret me demanda ce qui n’allait pas. Elle sut instantanément que quelque chose clochait, mais je lui conseillai de se rendormir, car je n’étais pas disposé à en parler maintenant.

Le sommeil se fit attendre, même s’il était tard. Finalement, je me laissai gagner par un état de stupeur avoisinant vaguement le sommeil.

Je me levai tôt, m’habillant complètement, et je m’engouffrai dans la cuisine afin de préparer un cabaret avec du café et des rôties. J’apportai le tout à la chambre d’HWA. Il adore le café, je le sais, et le motel n’offrait pas le service assez tôt le matin et de façon médiocre le reste du temps.

À l’heure dite, je frappai à sa porte. Après un moment, je l’entendis tousser et crachoter, puis, venir à la porte. Lorsqu’il ouvrit, il était complètement nu ! Pas de peignoir, pas de pyjama, rien. Et aucune gêne non plus. Et si j’avais été quelqu’un d’autre, peut-être une femme ? Vous savez, ça arrive couramment.

Il me pria d’entrer. Je déposais le cabaret sur la table à café et lui tendis une tasse. Il s’assit sur le sofa, toujours à poil, et avala la première tasse rapidement. Sachant comment il aimait son café le matin, je lui en versai à nouveau et lui offris des rôties. Il me dit ne pas se sentir très en forme ce matin-là, et il continua à tousser et à cracher pendant qu’il avalait son café. Jamais il ne tenta de s’habiller. Je ne pus m’empêcher de remarquer l’état de flétrissure du membre de son corps qui avait été le centre d’attention de la nuit précédente, et je me demandai bien pourquoi en avoir fait tant d’histoires.

Au fil des ans, j’avais entendu d’autres gens âgés dire en plaisantant que, quand on devient vieux, le sexe ne réside plus que dans la tête et nulle part ailleurs. J’étais encore plus convaincu que ce vieil adage était vrai. Cette sagesse folklorique était plus proche de la vérité que la science de Masters and Johnson !

HWA continua à se plaindre de sa condition physique ; je lui demandai donc si je devais aller chercher le Dr Lochner pour le frictionner. Il s’enquit de savoir si nous en avions le temps. Je lui répondis que je le pensais, en effet. (Il devait quitter pour un autre site au milieu de la matinée et il n’était pas sûr de la logistique.) Je le rassurai en lui disant qu’il y avait suffisamment de temps. Il se demanda alors si cela dérangerait le Dr Lochner.

Je me rendis à la chambre de Lochner et le réveillai. Il ouvrit la porte en se frottant encore les yeux et accepta avec réticence d’amener sa planche et de donner un massage à HWA. Je revins et me versai une tasse de café, puis, environ quinze minutes plus tard, apparut le Dr Lochner qui installa sa planche et la couvrit de serviettes. Ensuite, il aida HWA à grimper et commença son travail.

Je retournai à ma chambre et Margaret et moi descendîmes à la salle à manger pour déjeuner. En passant devant la porte de M. Armstrong, je vis Mel et je lui demandai comment les choses se passaient. Il me dit qu’HWA s’habillait. Nous attendîmes dans le lobby et, après un temps interminable, HWA sortit d’un bond, vêtu de pied en cap comme s’il était prêt à monter sur scène.

Mel avait amené la Cadillac sous le portique de l’hôtel et il remplissait la voiture. Le Dr Lochner était sorti et il me mentionna à voix basse qu’il avait pris deux bouteilles de Dom Pérignon, car il s’attendait à une célébration privée à la fin de la tournée. J’entendis parler qu’il avait donné une réception pour annoncer ses fiançailles avec une femme de quarante ans plus jeune que lui, arrangement sur lequel HWA avait écrit d’un ton approbateur.

Au travers de la baie vitrée de l’hôtel, nous regardâmes partir le groupe Armstrong en direction de l’aéroport de Wilkes Barre-Scranton où attendait le G-II.

Je ne revis plus HWA jusqu’à la Fête à Big Sandy, deux ans plus tard. Je crois qu’il vint à Big Sandy pour entretenir les finissants gradués au sujet du sexe, au printemps de 1977, quand le collège fut fermé. Les filles sortirent de cette longue séance abasourdies, certaines mêmes en colère. Mais je le manquai dans ce voyage-là. Plus tard, il se maria à Tucson, comme le publia le Worldwide News. C’est juste après cela que survint son attaque cardiaque. D’inévitables rumeurs circulèrent concernant les causes de cette attaque cardiaque, à l’époque.

Le reste de la Fête se passa en douceur. Le dernier jour, Gary Antion vint du Canada pour clore l’année. Le Dernier Grand Jour tomba pendant un sabbat hebdomadaire et le lendemain, dimanche, je m’occupai des choses qui sont exigées d’un coordonnateur, puis, Margaret et moi roulâmes jusqu’à l’aéroport, rendîmes notre voiture louée et prîmes le vol pour Toronto afin d’y passer quelques jours chez notre fille. Je n’avais mentionné à personne les événements décrits dans ce livre, sauf à Margaret, et je continuai pendant quelque temps à porter ce fardeau ― le fait de savoir que l’homme vers qui nos regards se portaient en matière spirituelle et qui nous avait enseigné les principes de la Bible, cet homme, donc, admettait sans sourciller et librement être grandement coupable et ce, de façon ininterrompue, de quelque chose que lui-même avait décrit comme un péché capital. L’affaire des contrats pesait également lourd dans la balance.

Le bureau de direction des Fêtes était à Big Sandy depuis sept ou huit ans. Les McCullough en avait été le directeur, en plus de ses autres tâches, et Bill McDowell lui succéda. Par la suite, à l’été 1975, Sherwin McMichael fut nommé à ce poste par Garner Ted Armstrong, après que Bill McDowell soit déménagé sur la Côte Ouest et qu’il se sépare subséquemment de l’église.

À l’automne 1976, Sherwin McMichael occupait donc le bureau du directeur festivalier depuis plus d’un an. On le connaissait comme étant à 100 % avec Garner Ted Armstrong ― totalement, absolument et complètement.

Quand les coordonnateurs de Fête rendaient leur première visite au directeur festivalier, après les fêtes d’automne, ils avaient coutume de discuter des événements d’importance ou sortant de l’ordinaire, ainsi que des autres affaires pertinentes à leur travail. La connaissance, c’est le pouvoir ― être bien informé est nécessaire au chef de département qui veut jouer son rôle avec succès. Tout directeur ou gérant de département désire être renseigné le mieux possible. C’est vrai dans toute organisation. À moins d’avoir une raison prépondérante d’agir autrement, les subordonnés devraient contribuer au maximum au fonds de connaissance de leur supérieur et, par le fait même, à son succès. Bien sûr, le succès du supérieur devrait normalement contribuer aussi à son propre succès à soi, en temps et lieu. Le principe est sensé et ne devrait pas être violé, à moins, comme je l’ai dit plus haut, d’avoir une raison primordiale profonde.

Vraisemblablement, ce principe était de loin mieux compris par la majorité des gens vivant dans la première moitié du vingtième siècle. Des directions convenables, des fonctions bien délimitées et une politique organisationnelle sont des méthodes et des procédures que conservent toutes les corporations, les gouvernements, les bureaucraties et les armées. Et, bien que les hommes aient toujours construit des chemins en dehors des sentiers battus, ces sentiers sont devenus aujourd’hui de larges autoroutes. Mais tout abandon sur une grande échelle du fonctionnement organisationnel mène au désastre. Ce n’est qu’une question de temps.

J’avais toujours fourni des informations relatives au travail pendant que Bill McDowell était le chef du département et, par la suite, à Sherwin quand il remplaça Bill. Sherwin ne semblait pas avoir l’esprit aussi vif que Bill et, la plupart du temps, il paraissait avoir les mains près de la caisse. Dans tous les cas, il affichait toujours un engagement total et absolu envers GTA.

Lorsque je lui parlai pour la première fois dans son bureau, après la Fête de 1976, il me demanda si HWA avait l’air « correct » aux Pocono. Il me confia qu’il y avait eu des problèmes avec lui dans un certain nombre de sites, mentionnant celui d’Ozark en particulier. Il me dit avoir reçu des rapports écrits concernant la condition d’HWA, disant que ce dernier avait articulé ses sermons avec beaucoup de difficulté à plusieurs endroits, comme s’il avait avalé de travers ou qu’il avait eu une attaque. Quand Sherwin parle d’un sujet aussi délicat, il baisse la voix jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’un soupir. Il me dit que quelque chose devait être effectué, mais il ne savait pas quoi.

Je l’assurai que M. Armstrong n’avait pas bafouillé dans son sermon aux Pocono, mais qu’il avait été redondant et radoteur. Il parlait d’amener une nouvelle vérité, mais nous avions été incapables de discerner ce que c’était. (À vrai dire, dans la voiture nous ramenant du hall à l’hôtel, il m’avait demandé si je n’avais pas été ravi d’entendre sa nouvelle vérité. Je fus forcé de reconnaître que je n’avais pas détecté ce qu’il voulait dire.) Je parlai ensuite à Sherwin du « petit carnet noir ».

Sherwin voulut que je couche toute l’affaire sur papier. Il me dit qu’il avait encore reçu des rapports écrits d’autres coordinateurs à propos d’HWA. D’après lui, HWA avait laissé derrière lui une piste jonchée de débris humains et ce, depuis le début de sa vie. Il me parla de toutes les choses qu’HWA leur avait dites en Angleterre, quand il avait pris l’habitude de passer pas mal de temps à Bricket Wood où il critiquait le leadership de Pasadena. (Sherwin travailla quelques années dans la faculté du collège.)

Le mystérieux M. Gotoh

Sherwin parlait souvent de Stan Rader et de sa nature parasitaire. À cette époque-là, GTA s’entretenait assez librement avec ses proches associés concernant Stan, son influence maligne sur son père et de l’effet très nuisible de cette influence sur l’église. Les histoires foisonnaient à propos de Sam Gotoh et de ses activités autour du monde ― histoires que l’on n’aurait jamais crues reliées à une église, car ayant trait à des bénéfices excessifs sur le marché noir au Vietnam ou à un vil négociant du Moyen-Orient, etc.

L’année précédente, lors de sa tournée festivalière, HWA avait menacé les gens à propos des « rumeurs malicieuses » lancées contre M. Gotoh. Avant que les lettres de Colin Adair à Les McCullough au sujet des activités de Gotoh n’aient été dévoilées publiquement, les hauts dirigeants de l’église connaissaient déjà les faits y étant décrits. Sherwin raconta à un certain nombre de gens à Big Sandy que Jack McKinney (qui travaillait pour lui) possédait des preuves formelles que Gotoh était un contrebandier et il avait communiqué avec les autorités fédérales à ce sujet. Il y avait des rapports ― plutôt répandus ― de ce que Gotoh était un coureur de jupon, spécialement auprès des femmes faisant partie du groupe Armstrong !

Quelques années plus tard, une chose devint claire aux yeux des employés de Big Sandy. Gotoh, lors des opérations de vol, établissait son autorité sur tous les gens présents, y compris les hommes les plus haut placés, en émettant des ordre avec fermeté quand arrivaient des personnalités de marque. Il agissait comme un commandant en chef ― en plein cœur du Texas !

Au printemps de 1970, je prenais des cours à Pasadena. L’un d’eux portait sur « les Épîtres de Paul », donné par Richard Plache qui n’est plus dans le ministère de l’église. Mais, à ce moment-là, il était ministre au rang de pasteur dans « l’équipe de Rod Meredith ». Richard était brillant et vif d’esprit. Il arriva un jour en disant qu’il venait tout juste de baptiser Gotoh. En hochant la tête, il nous dit qu’il ne savait pas s’il avait bien fait. Il avait lancé à Gotoh : « Le seul bon Japonais, c’est un Japonais mort », une citation de la Deuxième Guerre Mondiale, associée au nouveau départ que symbolisait le baptême. Il hocha encore la tête, disant que Gotoh n’avait pas du tout apprécié.

Comme vous le savez, l’on préconise dans l’église qu’au moment du baptême, on doit s’imprégner d’un esprit d’humilité. Les événements ultérieurs, largement rapportés, démontrèrent que Richard Plache avait réellement de quoi se soucier de son action officielle. La fumée laissée sur la piste derrière Gotoh est si dense qu’elle exige qu’il y ait aussi le feu quelque part. (Vous vous rappellerez qu’il faisait partie d’un des sujets traités dans 60 minutes, par Mike Wallace, alors que Stan prenait sa défense sans grand succès.)

Les bandes enregistrées de Lochner

Sherwin avait beaucoup de choses à dire et ce sur une base continuelle ; sa conversation au sujet de la conduite d’HWA s’intensifia l’année suivante. Je n’avais pas parlé à mes fils, John et Mark, du « petit carnet noir », comme on l’appela plus tard, mais, quelques mois après, John me téléphona de Pasadena, car il était en voyage d’affaire, avant le déménagement du Worldwide News lors de la fermeture du Collège Ambassadeur de Big Sandy. Il voulait savoir si cette histoire était vraie. Il l’avait entendue de Robert Kuhn qui la tenait de Sherwin. John me dit qu’elle était également bien connue dans le coin. (Rappelons-nous, ici, que Ted Armstrong semblait à ce moment-là fermement au pouvoir. Il n’y avait pas le moindre indice indiquant qu’HWA allait mettre Ted dehors ; et Robert Kuhn, comme Sherwin, était proche de Ted ― très proche.)

À la longue, l’histoire du « petit carnet noir » fut connue dans presque tout le ministère de l’église. L’information ne tenait pas son origine seulement de mon expérience vécue aux Pocono. Le Dr Lochner trouva aussi d’autres sources menant au carnet noir, et il fut en mesure d’obtenir des enregistrements où HWA discutait de la chose et de bien d’autres choses encore. Ceux qui ont écouté des parties d’enregistrement disent que, non seulement elles attestent de la véracité de ma propre expérience attristante, mais dévoilent également qu’HWA est extrêmement débauché et que c’est un hypocrite religieux et calculateur. Peut-être des copies de ces enregistrements seront-elles rendues publiques dans un avenir rapproché. Je l’espère, en tout cas.




D.204 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 6

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

Chapitre 5

LE CONTRÔLE ― BUT DE LA MANIGANCE

Vallons du Wisconsin : 1973

À l’époque de la fête d’automne de 1973, il y avait un vent de changement dans l’air, à la fois dans l’église et dans le monde. Non seulement le manque de crédibilité ― dont Bill McDowell avait dit à Herbert Armstrong, un an auparavant, qu’il n’existait pas ― était bien là, mais il se répandait de façon alarmante. David Antion (nouveau directeur de l’Administration pastorale) instaura son nouveau programme pour le ministère et engagea huit nouveaux directeurs régionaux. Chacun de ces directeurs posséda une grande capacité de contrôle local dans ce système. Il y eut plusieurs surprises quand les nominations furent annoncées. J’étais en vol avec Bill McDowell dans le King Air quand on annonça le système, avant que l’on nomme les directeurs. Il me demanda de dresser une liste des noms de ceux qui seraient nommés, selon moi, et il fit de même. Nous ratâmes la cible passablement tous les deux.

La libéralisation et la décentralisation faisaient rapidement leur chemin. La psychologie et le libéralisme humaniste commencèrent à jouer un rôle important dans les affaires de l’église, particulièrement dans quelques domaines spécifiques. Si un directeur régional se montrait libéral dans sa théologie, ses subalternes prenaient la même direction. Les gradués du Collège Ambassadeur avaient été programmés pour répondre à leurs supérieurs, sans vraiment tenir compte de la direction prise. Or, tout cela devait se faire au nom d’Herbert Armstrong.

Mais mettons une chose au clair : rien ne se faisait jamais sans qu’Herbert Armstrong ne le sache, s’il voulait savoir ! Et s’il choisissait de faire quelque chose, rien ne l’arrêtait. L’idée que des changements majeurs aient été apportés sans qu’il en eusse connaissance et qu’il approuvât est incompatible avec la réalité. Notons aussi que Stan Rader le conseilla dans les domaines ecclésiastiques des années et des années avant que Stan ne soit même « baptisé ».

Sous ce nouveau système, le directeur régional du territoire de Chicago était George Kemnitz. Je l’avais brièvement rencontré une fois à Big Sandy, deux ans auparavant. Il était venu à la Fête comme orateur invité. Il avait donné un sermon sur la « famille ». Un orateur impressionnant.

Des rumeurs circulaient comme quoi le Département de l’Administration de l’Église, comme on l’appelait, avait l’intention de mettre la main sur le Bureau des Fêtes. Les ministres locaux étaient d’opinion que les directeurs régionaux devaient officier en tant que coordinateurs festivaliers lors des fêtes d’automne et contrôler totalement les opérations. Ils se demandaient : « Pourquoi devrions-nous travailler pour un homme pendant cinquante et une semaines durant l’année et pour un autre pendant une semaine seulement ? » Ils posaient tout haut la question à savoir pourquoi ils ne pouvaient pas utiliser la propriété immobilière de la Fête pour les fonctions régionales et sur une base régulière ? Pourquoi Big Sandy contrôlait-il tout cela, et pourquoi Big Sandy dirigeait-il la Fête ? Évidemment, ces hommes-là ne posaient pas des questions pareilles, tout logiques qu’elles soient, sans le soutien et le stimulus de leurs supérieurs.

C’est dans ce genre de climat que je me rendis aux Vallons du Wisconsin, à la fin d’août 1973, pour organiser le leadership du Département de la Fête. Ray Dick vivait alors dans la maison de Raymond Cole et il agit en tant qu’officier d’hébergement de la Fête. Lui, Bill Freeland et moi prîmes place dans le même antre à la grosse tête de chevreuil sur le mur, là où je m’étais assis en compagnie d’Herbert Armstrong l’année précédente, et nous discutâmes des plans de la Fête. (Bill Freeland était le pasteur de l’église locale.) Survint alors le sujet de l’hébergement des ministres et de celui qui serait moniteur de cet hébergement.

Nous fûmes d’accord pour utiliser à nouveau le Devil’s Head Lodge. Ray et Bill me dirent qu’on l’avait employé le mois précédent pour la réunion de tous les directeurs régionaux et Dave Antion, qui était en charge de l’administration pastorale. Doc Kessler était le secrétaire de George Kemnitz ― ils avaient tous des secrétaires, à ce moment-là ― et Doc avait pris soin de tous les aménagements. Il s’entendait aussi très bien avec le gérant. L’année précédente, il y avait eu des problèmes avec ce gérant, mais Doc dit qu’il s’arrangerait avec ça. L’officier d’hébergement nommait tous les moniteurs de motels qui, eux, s’occupaient de toutes les irrégularités chez les gens de leur motel. La seule exception était le motel où demeuraient les ministres, et le coordinateur lui-même en prenait toujours charge parce qu’on considérait qu’il s’agissait d’un point crucial de contrôle.

J’eus immédiatement le mauvais pressentiment que Ray Dick avait déjà nommé Doc à ce poste clé.

« Ray, avez-vous déjà assigné Doc comme moniteur du Devil’s Head Lodge ? » lui demandai-je.

« Eh bien, eh bien… nooon, je ne l’ai pas fait, » répondit-il. « Mais je le recommande pour le poste. »

« Bill, qu’en pensez-vous ? »

« Je suis d’accord avec Ray. Il a vraiment fait un bon travail quand les directeurs régionaux étaient ici, » répondit Bill.

« Si je le nommais là-bas, pour qui croyez-vous qu’il travaillerait ? » questionnai-je encore.

« Je ne sais pas ce que vous voulez dire, » répliqua Bill Freeman, alors que Ray Dick demeura silencieux. Je dis à Ray que le lui ferais savoir, mais qu’entre-temps, il ne devait rien répéter à Doc ou à George Remnitz.

Je retournai directement au Devil’s Head Lodge et parlai avec le gérant. Il me dit n’avoir que les meilleurs souvenirs de l’an passé jusqu’à aujourd’hui. Je lui demandai si, de toute façon, il préférait Doc Kessler et il me répondit que cela ne lui faisait rien, ni dans un cas ni dans l’autre. Exactement comme je le pensais.

Je fus plus résolu que jamais à ce que Doc Kessler ne soit pas le moniteur et qu’il n’ait aucun poste de contrôle. À la réunion des chefs de département, George Kemnitz, que j’avais mis en charge de la musique contre l’avis même de Bill McDowell, demanda si Doc Kessler pouvait suivre Keith Stoner, chef du département de l’auditorium, et en apprendre le plus possible. Je crois qu’à ce moment-là, George pensait encore qu’il pourrait obtenir un poste clé pour Doc au Devil’s Head Lodge.

J’acquiesçai à la condition qu’il n’interfère en rien, et Keith Stoner fut d’accord. Ce dernier avait agi en tant que chef de l’auditorium l’année précédente et il avait fait de l’excellent travail. C’était un ministre canadien et il n’était pas à l’emploi de l’église. Dans la vie privée, il était avocat. Il s’avéra un excellent organisateur avec un don pour le commandement.

À la soirée d’ouverture, George Kemnitz choisit un siège de l’autre côté de l’aile, en face des chefs de département. Presque immédiatement, on put voir Doc Kessler en action, se rapportant régulièrement à George. Le lendemain matin, lorsque la chose se reproduisit à nouveau et ce, de manière tout sauf discrète, je me tournai vers Keith Stoner qui, étant gérant de l’auditorium, était assis directement derrière moi pour faciliter une communication rapide, et lui demandai :

« Voyez-vous ce qui se passe ? »

« J’ai vu cela hier soir, » me répondit-il.

« Savez-vous quoi faire ? »

« Oui, je crois. »

« Je suis d’avis de le couper de toute information ; instruisez-en tous vos hommes. Car, en ce moment, il fait affaire avec quelqu’un qui se trouve complètement en dehors de la structure organisationnelle de la Fête, parce qu’il ne travaille pas pour nous, mais pour George ainsi que pour une autre raison. Est-ce ce que vous aviez en tête ? »

« Nous voyons la même chose, vous et moi, » répondit Keith. « C’est exactement ce que j’avais en tête et je vais faire comme vous dites. »

J’avais auparavant désigné un ministre canadien, de l’ouest du Canada, pour agir en tant que moniteur au Devil’s Head Lodge ― un homme sur lequel George Kemnitz n’aurait aucun contrôle. Il travailla directement pour moi, sans avoir de loyauté antérieure envers quelqu’un d’autre.

Une journée et demi passa avant que Doc Kessler s’aperçoive de ce qui arrivait ! Ce fut à une réunion des dirigeants de département, au milieu de la Fête, que George exprima son mécontentement vis-à-vis de la nomination d’Owen Murphy, ministre canadien, comme moniteur du Devil’s Head Lodge et à propos de quelques autres aspects des opérations de la Fête.

Lorsque nous eûmes terminé de voir aux affaires normales et que les autres eurent quitté le bureau, je demandai à George de rester, car je croyais que nous avions à parler. Il resta trois heures.

Je traitai des raisons pour lesquelles je n’avais pas nommé Doc en charge du motel et pourquoi on l’avait coupé de toute information, et ce sans prendre de gants blancs. Je ne pouvais permettre que se développent deux points de contrôle au centre des congrès et, par-dessus tout, avec lui contrôlant un de ces points et moi l’autre. Doc ne cachait pas du tout qu’il se rapportait régulièrement à George. Je devais donc voir à ce qu’il n’ait rien à rapporter ! C’était aussi simple que ça. Et j’expliquai pourquoi j’avais besoin d’avoir Owen Murphy. Je levai les mains devant George, car c’était imparable. Il ne pouvait rien y faire. Je lui dit connaître une couple de personnes qui pouvaient me congédier et, s’il le désirait, je lui signalerais leurs numéros. C’était son choix.

Je lui recommandai ensuite que nous travaillions ensemble, sans conflit. Je lui promis le respect attendu pour sa fonction et pour lui personnellement, et que j’accueillerais favorablement toute suggestion qu’il me proposerait. De toute manière, c’est ainsi que les choses devaient se passer. Il me promit sa collaboration et il me la donna effectivement. Nous dînâmes plusieurs fois ensemble le reste du temps, dans la salle à dîner pour être bien vus de tout le monde. Lors du dernier jour de la Fête, George m’écrivit une lettre de recommandation et d’éloges, et en écrivit une autre à Bill McDowell lui demandant que je fasse le même travail l’année suivante. Je crois qu’il était sincère et voulait faire de son mieux dans une situation difficile.

Je lui avais parlé en détail du manque de finesse de la part de Doc, mais aussi que j’étais désolé d’avoir eu à traiter Doc comme je l’avais fait. Je ne pensais pas avoir le choix.

Cette après-midi-là, mon épouse me fit savoir que Doc et sa femme souffraient terriblement de la situation, ayant versé beaucoup de larmes. Je leur parlai gentiment à tous les deux, demandant à Doc de faire route avec moi le lendemain de la Fête pour terminer les petites choses qui restaient ― ce que doivent faire les coordinateurs. Il accepta.

Il m’expliqua qu’il était chiropraticien au Texas et avait abandonné la pratique à cause des enseignements d’Herbert Armstrong allant à l’encontre de cette branche des arts médicaux. Ça n’allait pas très bien depuis. Et, croyait-il, son travail pour George Kemnitz était sa dernière chance ; il ne voulait pas la rater. Il voulait servir George et rendre son travail fructueux, espérant qu’un peu de ce succès déteindrait sur lui.

Je lui expliquai alors en détail comment j’avais procédé et pourquoi j’avais agi ainsi. Je lui demandai s’il voyait pourquoi cela avait été nécessaire et il répondit que oui. Je pense que nous nous séparâmes en bons termes.

J’ai entendu dire de sources fiables que Doc avait été impliqué dans une conspiration visant à renverser le bureau chef de l’église à Pasadena. Cette fois-là, ça a marché pendant un certain temps. (Il possède maintenant un poste clé sous Stan Rader.) Mais les fruits de ce genre de conspiration ne sont jamais bons ; ils sont assez amers. Doc ne sera pas heureux dans cette entreprise, peu importe le succès qu’il y trouvera. C’est un gros homme très émotif. Son gabarit peut, à lui seul, intimider beaucoup de gens. Voilà peut-être une des raisons pour lesquelles il en est rendu là.

Rien d’inhabituel n’arriva lors du retour d’Herbert Armstrong aux Vallons du Wisconsin, en 1973. Il dit aux ministres assemblés lors du dîner au Devil’s Head Lodge qu’ils étaient les « défenseurs de la foi » devant Dieu. Je crois que c’était bien envoyé.

Il donna encore le même sermon pour la énième fois. Et Floyd Lochner put le faire sortir pour prendre de l’exercice pendant leur séjour.

Quand le capitaine Black fit décoller le G-II de Baraboo, cette année-là, il maintint l’avion sur la piste comme s’il allait la dépasser, puis il fit soulever l’appareil comme s’il s’agissait d’un avion de combat. Quelque chose devait l’avoir frustré. Le rugissement des puissants moteurs fit trembler le sol.

Il y eut à nouveau cette espèce de soulagement du coordinateur festivalier comme à chaque fois qu’il sait qu’Herbert Armstrong est venu et reparti, et qu’il est encore en un seul morceau. La survie !

En 1973, Garner Ted Armstrong possédait le statut de célébrité. Chose étonnante, ses tracas de 1971 et 1972 ne semblèrent pas diminuer sa popularité chez les membres de l’église ; au contraire, ils l’augmentèrent.

Le taux d’assistance était invariablement à son plus élevé quand il prenait la parole. Il en fut toujours ainsi depuis ma première année en tant que coordonnateur (1972) jusqu’à sa dernière apparition dans l’Église Universelle (1977). Lorsqu’on se promenait dans l’assistance pendant qu’il parlait, l’auditoire portait à l’évidence beaucoup plus d’attention au sermon de Ted que lorsque son père prenait la parole ― ça se voyait dans le regard.

Selon plusieurs personnes, cela était dû au fait que son père avait l’habitude de livrer le même sermon, avec un débit plus lent, ce qui faisait que bon nombre de gens s’assoupissaient. Ted parle plus rapidement et possède une meilleure formation que son père. Dans tous les cas, l’assistance était inévitablement meilleure avec Ted.

Cela posait donc un problème de sécurité plus grand quand Ted venait. Nos préposés à la sécurité devaient le protéger à l’extérieur du bâtiment et quand il y mettait les pieds. Il y avait toujours des gens qui essayaient de se glisser entre les maillons afin de le toucher ou de se faire voir avec lui. Beaucoup l’auraient assailli si nous les avions laissés faire.

Je donnais toujours des instructions aux gens de la sécurité extérieure et d’autres aux placiers à l’intérieur. On devait leur donner des directives fermes, car il y avait chaque année de nouvelles recrues qui n’arrivaient pas à croire que ce qu’on leur disait allait arriver.

La sécurité extérieure devait contrôler les aires d’approche et surveiller étroitement les zones d’entrée. Autre complication : Ted n’aimait pas voir la sécurité en action. Il semblait apprécier l’idée d’une certaine liberté et d’un contrôle plus effacé, ce qui était l’idéal. Mais d’un autre côté, il n’aimait pas non plus se sentir assiégé. Je donnais toujours comme directive aux hommes de la sécurité extérieure d’avoir la situation bien en main et, quand ils voyaient venir sa voiture, de s’effacer tout en surveillant soigneusement. Je leur dis que, si seulement quelques personnes se ruaient sur lui, de ne pas intervenir. Toutefois, s’ils étaient plus nombreux, ils devaient faire le nécessaire. Je m’arrangeais toujours pour que le chef de département soit sur place.

À l’intérieur, tous les placiers dans ces lieux du bâtiment étaient appelés à recevoir des instructions. Ils devaient commencer par faire asseoir toutes les gens des alentours. Dix minutes avant le début de la réunion, ils ne devaient plus permettre à quiconque de circuler dans la zone d’entrée et ses environs. Des hommes étaient placés pour garder les sièges réservés, car il y aurait des gens qui s’y glisseraient et s’en empareraient à la toute dernière minute. (C’est quand même arrivé une fois.)

J’attendais debout à la porte. Lorsque Ted et son groupe arrivèrent, les placiers s’effacèrent et il sembla alors que les gens se disciplinaient naturellement. Sauf qu’il y eut souvent des individus résolus à toucher à la célébrité. Habituellement, il composait bien avec ces gens-là et ces derniers faisaient la preuve que nous n’étions pas une « police d’état ».

Quand l’assemblée prenait fin, le même procédé s’exécutait à l’inverse, sauf que Ted quittait rapidement. Ces jours-là, nos préposés à la sécurité extérieure gardaient son avion et le maintenaient en ordre dans la zone de l’aéroport. Il y avait à nouveau la foule. Cela arrivait particulièrement à Big Sandy où la piste d’atterrissage est située sur les terrains du collège. Nous n’eûmes jamais à contrôler les foules de cette manière pour HWA. Il n’attirait pas la même affluence. Cela a d’ailleurs toujours été une énigme pour moi, d’autant plus lorsque Ted fut excommunié et marqué par son père. Les mêmes personnes qui l’avaient idolâtré ― littéralement, je crois ― se mirent alors à le haïr violemment. Pourquoi ? Ces deux extrêmes m’apparaissent étranges.

Quand je servis en tant que coordinateur à Big Sandy, en 1974 et 1975, nous eûmes à prendre des mesures considérables afin de protéger son jet et son groupe contre les gens qui se massaient dans la zone et qui voulaient au moins toucher son avion.

Je m’imagine encore voir Harold Rhodes, en charge de la sécurité en 1975, en bordure du hangar, disant à la foule de sa voix puissante : « Restez en arrière, restez en arrière. Faites place. »

En tout cas, c’est une bonne leçon en ce qui a trait à la précarité de la popularité. C’est une denrée très périssable. Je suis sûr que Ted sera d’accord avec ça. Mais c’était tout de même le climat de l’époque et Herbert Armstrong en était responsable.

Pendant ce périple aux Vallons, en 1973, nous regardâmes les nouvelles à la télévision et fûmes témoins du célèbre « massacre du samedi soir ». Même si notre besoin d’une unité nationale et d’avoir un objectif commun monta d’un cran à cause des événements du Moyen-Orient, nous fûmes entraînés dans la profonde corruption sévissant à Washington. De la même façon, lorsque nous eûmes le plus grand besoin d’avoir de l’unité et du dévouement dans l’église avec un objectif commun, Herbert Armstrong fut mêlé à des activités qui ne pouvaient qu’attirer une rétribution divine ― mais pas en bénédictions. Le parallèle est remarquable ― même frappant. Il porte la responsabilité ultime sur le plan humain. Or, il n’a pas appris à mettre ses devoirs au-dessus de ses propres désirs personnels.

Pourquoi un Bureau des Fêtes séparé ?

Au début de l’été 1979, un ministre haut placé dans la sphère ministérielle me demanda pourquoi il y avait toujours eu une séparation entre le Bureau des Fêtes et la structure ministérielle. Bien que c’était une question très pertinente, je fus surpris que quelqu’un possédant sa fonction et son expérience me la posa. Mais cela met en évidence la tendance qu’ont la plupart des gens à accepter des procédures établies de longue date sans se questionner ― jusqu’à ce qu’il y ait des problèmes. Et même alors, la majorité ne se pose pas de question. Je pense que c’est pour cela qu’Herbert Armstrong appelait si souvent ses disciples « les idiotes de brebis » ! Il semble trouver les membres de l’église ignorants et bêtes.

Mais retournons à la question. En effet, pourquoi y a-t-il toujours eu une séparation entre les opérations festivalières et le champ ministériel ? Au fil des ans, les échelons les plus élevés de la hiérarchie ministérielle ont très souvent jeté un regard de convoitise sur le Département festivalier. Il y a pourtant toujours un budget déficitaire dans ce département et des salaires cherchant à être rehaussés. La Fête même est l’occasion d’exercer un grand pouvoir ― plus grand qu’à n’importe quel autre moment. Or, en même temps, les plus hauts gradés du ministère s’y voient réduits à ne faire que des sermons ou à ne rien faire du tout. Toutes les fonctions administratives furent enlevées au Département du Collège Ambassadeur durant la Fête depuis les six dernières années ou plus.

Là où l’organigramme montre habituellement « l’évangéliste en charge », son produit de remplacement ne montre rien de tel. Il affiche le coordonnateur en charge. Et celui-ci répond au directeur du Département festivalier. Sherwin McMichael succéda à Bill McDowell. Même si l’horaire des sermons de la Fête ― d’une grande importance aux yeux de certaines gens ― est coordonné en collaboration avec le directeur de l’Administration pastorale, ce dernier ne le contrôle pas du tout. Il ne fait qu’y « participer ». Pourquoi cela ?

Je l’expliquai à mon ami de la manière suivante :

Beaucoup de choses ne nous ont pas été dites. Nous devons donc additionner deux plus deux. Depuis que Roderick Meredith a été expulsé du Département du Collège Ambassadeur, en 1972, il s’est installé une grande peur de ce poste ; et le ministère en général fait également peur à HWA, GTA et Stan Rader. Cela a surgi du temps de David Antion et c’est demeuré depuis lors. Voilà pourquoi cet office subit tellement de changements. Lorsque je parlai à Rod Meredith, temporairement réinstallé en janvier 1979, je lui dis : « Je suis venu dans ce bureau trois fois l’an dernier et j’ai eu affaire à trois hommes différents assis dans le fauteuil où vous êtes. Combien de temps y serez-vous ? »

Il répliqua, ou ce fut plutôt Raymond McNair qui répondit pour lui : « Nous serons ici aussi longtemps que Dieu le voudra. Nous pensons que ce sera pour un bon bout de temps. »

Les événements prouvèrent le contraire. Et c’est d’ailleurs ce que je pensais.

Le Bureau de l’Administration pastorale, ou tout autre nom qu’il porte, est suspect. Il a été systématiquement réduit à un centre de contrôle, à une base de pouvoir. Cet office a été occupé par des hommes qui ne comprenaient pas les règles du jeu ; en fait, ils ne savaient pas que c’est un jeu. Je suis convaincu que deux personnes seulement le savaient. Je crois qu’il s’agit d’Herbert Armstrong et de Stanley Rader. Ils connaissaient et jouaient le jeu. Ils en créaient eux-mêmes les règles. Les autres jouaient selon leurs règles. Et en plus, les règles changeaient ― au nom de Christ !

Si le Département festivalier avait été incorporé au Département du Collège Ambassadeur, ou l’Administration pastorale, comme on le nomma plus tard, il y aurait eu une plus grande concentration de pouvoirs. On ne pouvait permettre cela. Mais la question était, et demeure : qui manipulait qui ?

Quand Ted Armstrong revint de sa retraite, Herbert Armstrong écrivit peu après aux membres en des termes on ne peut plus flamboyants et positifs qu’il déléguait le contrôle à son fils Garner Ted en qui il se complaisait ― pas de « si » ni de « mais ». Prenant comme exemple les remises en trône les plus positives de la Bible, il ajouta la puissante formule habituelle « Au nom de Jésus » pour apposer le sceau divin à sa déclaration. Mais ce que nous allions tous découvrir plus tard, c’est qu’il n’abandonna jamais le contrôle ! Stan Rader était toujours là, aux rênes des finances ! Le reste d’entre nous marchions dans l’illusion. Nous ne savions tout simplement pas ce que nous ignorions ! Ted Armstrong n’eut jamais  de contrôle sur l’argent. Oh, il lui fut permis d’en dépenser librement un certain montant. Mais il ne contrôla jamais le reste. Stan possédait ce contrôle.

Il ne pouvait y avoir de mariage entre le Département du Collège Ambassadeur et le Bureau festivalier sans l’approbation de Stan. Et cette approbation ne vint jamais. Lui et Herbert Armstrong semblaient vouloir « diviser pour mieux régner », ou équilibrer les pouvoirs !

Lorsque je parlai à Rod Meredith, en janvier 1979, je lui signifiai qu’il était temps d’amener le Bureau sous l’Administration pastorale/Département du Collège Ambassadeur. Il était parfaitement d’accord et y procéda. Mais cela ne dura qu’un court laps de temps. HWA annonça lui-même le retour à l’ancienne formule. Même à quatre-vingt-dix ans, il ne voulait pas d’une concentration de pouvoirs dans les mains du ministère. Il voulait le contrôle total. L’âge n’avait pas diminué son goût du pouvoir, ni accru sa foi en Dieu.

Donc, expliquai-je à mon ami, il s’agissait de diviser pour mieux régner. Ce n’était pas une question d’efficacité, ni de religion, ni non plus de logique, mais simplement une affaire d’argent et de pouvoir, ainsi qu’un manque de confiance en Christ et Son Saint-Esprit.




D.203 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 5

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

Chapitre 4

HYPOCRISIE RELIGIEUSE

― UN VICE PARTICULIER

 

Jésus-Christ réserva Ses critiques les plus sévères aux dirigeants de Son époque qui enseignaient une chose, mais en faisaient une autre. Les hypocrites tombèrent sous Sa cinglante condamnation. À la femme accusée d’adultère, Il dit : « Va et ne pèche plus ! » Quand ses accusateurs furent confrontés à leurs propres fautes, ils s’en allèrent honteusement.

Mais aux leaders religieux, Il demanda : « Serpents, race de vipères ! comment éviterez-vous le supplice de la géhenne ? »

Ce sont là des paroles fortes. Et provenant du Fils même de Dieu. Comment ceux qui enseignent cela en Son nom peuvent-ils le nier ? Et là où ils sont coupables, comment peuvent-ils ne pas s’humilier devant pareilles accusations ? Comment… à moins de ne plus croire en Dieu du tout ? …à moins que ces personnes aient totalement perdu la foi ?

« Car ils lient ensemble des fardeaux pesants et insupportables, et les mettent sur les épaules des hommes ; mais ils ne veulent pas les remuer de leur doigt. Et ils font toutes leurs œuvres pour être regardés des hommes ; car ils portent de larges phylactères, et de longues franges à leurs vêtements. Et ils aiment les premières places dans les festins, et les premiers sièges dans les Synagogues ; Et les salutations aux marchés ; et d’être appelés des hommes, Notre maître ! Notre maître ! » (Matthieu 23:4-7). (Et si on parlait des habituelles ovations debout, des applaudissements, de l’adulation frisant le culte, du siège réservé au plus grand dirigeant, de l’obéissance instantanée, de l’insistance à obtenir des louanges publiques régulières de ses serviteurs, etc. ?)

Ensuite : « Car quiconque s’élèvera sera abaissé ; et quiconque s’abaissera sera élevé »  (v. 12).

Ceux qui craignent Dieu devraient prendre Ses instructions au sérieux. Ces gens-là ne devraient pas permettre à leur solipsisme[1] de prendre le meilleur d’eux-mêmes. Christ avait dit, juste avant : « Mais que celui qui est le plus grand entre vous, soit votre serviteur. » Que dites-vous de celle-là ?

« Mais malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, qui fermez le Royaume des cieux aux hommes ; car vous-mêmes n’y entrez point, ni ne souffrez que ceux qui veulent y entrer, y entrent » (v. 13).

Les leaders de l’époque trouvaient plus important d’insister sur leur gouvernement, qu’ils appelaient le Gouvernement de Dieu, que de découvrir et d’accomplir la volonté réelle de leur Créateur ! Ils persistaient à dire qu’il n’y avait pas d’autres sentiers vers le Royaume que de passer par eux !

Autre chose. L’argent était d’une grande importance à leurs yeux. Continuons avec les Paroles de Jésus-Christ, le Chef des apôtres :

« Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ! car vous dévorez les maisons des veuves, même sous le prétexte de faire de longues prières, c’est pourquoi vous en recevrez une plus grande condamnation » (v. 14).

Puis : « Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ! car vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte, et après qu’il l’est devenu, vous le rendez fils de la géhenne, deux fois plus que vous » (v. 15).

Christ semble avoir eu pour opinion que de tels hypocrites ne devraient pas essayer de dire aux gens comment vivre s’ils ne peuvent eux-mêmes agir adéquatement. Il était vraisemblablement d’accord avec Paul à savoir que l’on doit commencer par se juger soi-même. Les ministres qui parcourent le monde pour dire aux gens comment vivre en paix alors qu’ils ne le savent pas eux-mêmes ne sont que des hypocrites. Christ indique qu’Il n’approuve pas l’hypocrisie ! Ses disciples non plus !

J’ai agi en tant que coordonnateur festivalier à Big Sandy lors de la Fête des Tabernacles de l’Église Universelle de Dieu, en octobre 1978. Juste avant le début de l’assemblée, je reçus une boîte du bureau de Ralph Helge (avocat de l’église). Cette boîte contenait une annonce devant être lue au moins deux fois durant la période des huit jours. Il y avait des brochures à distribuer par le kiosque d’information. On y donnait des instructions à savoir comment léguer votre maison à l’église. L’idée d’abandonner votre propriété à Herbert Armstrong était fermement encouragée. Et, bien sûr, comme on pouvait s’y attendre, de nombreuses veuves vinrent chercher leurs instructions. (Nous avons été témoins d’un cas, ici, à Tulsa, où une veuve mourante, qui avait légué toutes ses propriétés à Herbert Armstrong, pensait faire la volonté de Dieu.)

La majorité des gens croient laisser leurs propriétés à l’église pour l’avancement de l’œuvre de Dieu. Mais depuis qu’Herbert Armstrong a ordonné à tous ses adeptes de lui envoyer leur argent directement à Tucson, ce qui arrive devient assez clair.

On n’a pas à se poser de question quant à l’importance qu’on attache à l’argent dans l’Église Universelle aujourd’hui ― plus que jamais. L’argent et le pouvoir, voilà ce qui compte.

Christ continue à donner Son opinion dans Matthieu 23, au cas où cela vous intéresse ! À Ses yeux, on ne met pas l’emphase sur l’argent et, à la suite de plusieurs versets où Il démystifie l’argent, Il liste ce qui importe dans la loi : le jugement, la miséricorde et la fidélité. Ce n’est pas qu’Il ignore l’argent, mais où met-Il l’emphase ? Quels domaines pèsent le plus lourd ?

Parfois, la marge est fort mince entre ce qui est bien et ce qui est mal. Ceux qui persistent à donner prime importance à l’argent s’exposent à une grande condamnation.

« Conducteurs aveugles, vous coulez le moucheron, et vous engloutissez le chameau. Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, car vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat ; mais le dedans est plein de rapines et d’intempérance. »

Voilà la voie des hypocrites. Ils exigent des autres ce qu’ils ne veulent pas faire eux-mêmes. Ils veulent la reconnaissance, l’argent et le pouvoir. Ils ne servent pas le peuple et ne sont pas le moindrement intéressés au bien-être de ceux qui disent avoir profession d’enseigner. Ce sont des extorqueurs et, qui plus est, des extorqueurs de la pire espèce. Ils utilisent le nom de Dieu pour arracher de l’argent aux gens. Ils brisent chacun des Dix Commandements qu’ils prétendent enseigner. Jésus en dit ceci : « MAIS ILS M’HONORENT EN VAIN, enseignant des doctrines qui ne sont que des commandements d’hommes » (Matthieu 15:9).

Je ne peux que me rappeler avec tristesse qu’au début des années 1960, l’église dénonçait avec une grande autorité le vaccin contre la variole. Or, à l’époque, nous vivions dans la ville d’Alice, au sud du Texas, et nous avions deux enfants fréquentant l’école élémentaire. L’un était en troisième année et l’autre en cinquième. Ils n’avaient pas été vaccinés contre la variole.

Nous avions pu éviter cette pratique jusque là. Mais la direction de l’école et le superviseur avaient décidé de sévir. Et c’est ce qu’ils firent. Ils nous avisèrent que nos enfants devaient être vaccinés à une certaine date ou ils seraient expulsés.

Nous consultâmes le pasteur local de Corpus Christi qui, à ce moment-là, était Bill McDowell. Il nous encouragea à demeurer sur notre position et à refuser cette pratique. Il nous expliqua que le vaccin contre la variole dérivait du « pus de singe ».

Après consultation auprès de ses supérieurs, il pensait que nous devrions accepter toute punition qu’imposerait l’école sans capituler devant elle. Son supérieur était Roderick C. Meredith.

Nous passâmes au travers de toute cette période embarrassante. Ce qu’il y eut de vraiment triste, toutefois, c’est qu’un peu plus tard, je devais découvrir qu’Herbert Armstrong et d’autres dirigeants de l’église, qui voyageaient beaucoup à travers le monde, n’éprouvaient pas réellement de difficultés, eux. Les gouvernements exigeant la vaccination des voyageurs, les tentatives des dirigeants dans le but d’éviter de prendre ces doses tournèrent court et furent tout simplement abandonnées. Ils se plièrent aux pressions. Ce qu’ils avaient exigé des petits enfants et des membres en général, ils s’en détournaient. Beaucoup en conclure parmi eux que la vaccination était sans doute une bonne chose, en fin de compte.

Réalisons donc que l’on nous enseignait que, si nous ne suivions pas les instructions de l’église, nous étions en grand danger de perdre notre salut. Dieu allait nous maudire et nous échouerions notre vie présente et celle à venir. La connaissance nous était dispensée par l’église et, si nous ne tenions pas compte de cette connaissance, nous allions être condamnés éternellement.

Cela ne vous rappelle-t-il pas les lourds fardeaux posés sur les épaules des autres par ceux qui ne les portent pas eux-mêmes ?

« Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ; car vous êtes semblables aux sépulcres blanchis, qui paraissent beaux par dehors, mais qui au-dedans sont pleins d’ossements de morts, et de toute sorte d’ordure. Ainsi, vous paraissez justes par dehors aux hommes, mais au-dedans vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité » (Matthieu 23:27-28).

Lorsque je commençai à découvrir toute l’étendue de l’hypocrisie d’Herbert Armstrong, cela me causa tout un choc. Ou, devrais-je dire, quand je le réalisai pleinement, ce fut un dur coup. Parce que, tout d’abord, je fus enclin à rejeter les signes d’avertissement, ou même, pendant un certain temps, la possibilité qu’ils existassent. Mais les signaux, et leur possibilité, s’accumulèrent à tel point qu’un esprit honnête ne peut plus éviter d’en affronter la réalité.

HWA s’était dressé à plusieurs reprises lors des réunions ministérielles et avait dit aux ministres qu’il avait donné à Ted Armstrong tous les pouvoirs exécutifs de l’église, ce qu’il avait aussi écrit à toute l’église ; il affirma être content de Garner Ted, même lorsque d’autres n’en étaient pas aussi contents ; il a dit tellement de choses qu’il nia officiellement par après. J’appelle cela mentir. Et je sais que, dans les deux derniers chapitres de la Bible, Christ dit qu’aucun menteur n’entrera dans le Royaume de Dieu. Je sais que Dieu n’approuve pas le mensonge.

Puis, durant le congrès à Tucson, plus tôt cette année-là, il dit qu’il n’était préalablement pas au courant des manifestations à Pasadena. Il assura qu’elles étaient spontanées. Il affirma qu’aucun ministre n’était par avance au courant de ces choses. Les preuves ultérieures démontrant le contraire sont écrasantes.

Elles sont légion, les preuves de comptes-rendus inexacts d’HWA à propos des événements de ses premières années tels que racontés dans son autobiographie. Nombre de ces preuves proviennent de ses anciens associés dans ce qu’il appelait « l’Église de Sardes », et elles sont encore plus nombreuses en provenance des membres de sa propre famille qui sont bien placés pour en savoir long.

Le 4 juillet 1979, il me confia qu’il avait été associé aux « gens de l’Oregon » jusqu’en 1945, ce qui est fort différent de ce qu’il a écrit dans son autobiographie. On ne peut que se demander si tous les documents reproduits, dont les signatures sont indubitables, ne furent pas portés à son attention de telle sorte qu’il ne peut pas les réfuter et qu’il doit maintenant s’incliner devant l’inéluctable. En tout cas, on ne peut plus prendre sa parole au pied de la lettre.

Lors de conversations avec Stan Rader, en novembre 1978, tenues dans son bureau de Pasadena, il me dit que, parfois, mentir était convenable et devenait même un devoir supérieur. Il utilisa l’exemple du U-2 pendant l’administration Eisenhower. Stan me dit que le Président aurait dû considérer que son devoir supérieur était de mentir et de nier totalement que Gary Powers, le pilote du U-2, était Américain ou qu’il volait pour le compte du gouvernement américain. Cela aurait permis au dirigeant russe, Khrouchtchev, de sauver la face et de s’entendre avec les Américains, ce qui aurait mis fin à la guerre froide !

Rappelons-nous que Stan est maintenant ordonné ministre à un rang élevé de l’ÉUD.

Stan Rader déclare être le meilleur étudiant d’Herbert Armstrong, étudiant sur plus de vingt ans. C’est peut-être là que réside le problème. Il a été trop bon disciple !

C’est pourtant bien Christ qui a dit : « Et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » Et c’est le penseur allemand, Goethe, qui a écrit : « Personne n’est plus désespérément esclave que celui qui croit faussement être libre. »

La vérité est ce dont sont faites les bonnes décisions et ceux qui retiennent la vérité privent l’humanité de l’ingrédient des bonnes décisions, contribuant ainsi à l’esclavage des êtres humains. Christ croit en la vérité et hait le mensonge. Il ne mentit jamais Lui-même et Il hait d’une manière toute spéciale la perversité des hommes qui mentent.

Herbert Armstrong avait pris l’habitude de raconter l’histoire du petit garçon qui s’était aperçu que le père noël n’existe pas vraiment. Il fut tellement blessé de se rendre compte que ses parents lui avaient menti à propos du père noël qu’il dit : « Je vais aussi examiner cette histoire à propos de Jésus-Christ ! » Il avait peut-être un bon point !

Herbert Armstrong et Roderick C. Meredith partagèrent l’estrade lors de la réunion ministérielle de Tucson, en janvier 1979. Cette session visait à consolider le soutien donné au « gouvernement de Dieu », censé être, pour Rod, sa propre administration, et pour Herbert Armstrong, sa propre survie.

De sa voix de stentor, Herbert Armstrong donna sa parole qu’il n’avait jamais commis d’adultère. Et il assura l’assemblée que, si sa femme Loma pouvait remonter de sa tombe, elle nierait fermement, elle aussi, toutes ces accusations. Puis, il se tourna vers Rod Meredith et lui demanda s’il avait jamais commis l’adultère. Rod répondit par la négative. C’était une démonstration efficace de l’art de la mise en scène. Cette très ferme déclaration, donnée d’une voix très forte, rassurait ceux dans l’assemblée qui affichaient de fortes réserves quant au leadership de l’église.

Était-ce d’un devoir supérieur dont s’acquittait Herbert Armstrong ? Mentait-il en affirmant cela ? Depuis lors, des rapports, beaucoup de rapports, étaient parvenus des membres de la propre famille d’Herbert Armstrong démontrant que celui-ci était gravement dans l’erreur quand il se rapporta aux ministres de façon formelle et officielle ! Selon ces rapports, qui circulent maintenant librement, il a eu une relation adultère s’étendant sur une longue période et d’un genre qui entraîne traditionnellement la peine de mort dans de nombreux états américains !

L’hypocrisie est un péché grave et, quand on la pratique dans la religion, elle s’attire la plus grande des condamnations par Christ Lui-même ! Ce péché ne peut se pratiquer sans que le pécheur ne finisse dans l’étang de feu ! Il s’agit d’une doctrine religieuse fondamentale. On ne peut en atténuer l’importance !

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[1] Solipsisme : Doctrine idéaliste, affirmant que rien n’existe en dehors de la pensée individuelle et que seul existe le sujet. Conception selon laquelle le moi, avec ses sensations et ses sentiments, constitue la seule réalité existante. [Petit Larousse illustré, 1988, et dictionnaire encyclopédique Larousse, 1994.]




D.202 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 4

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

Chapitre 3

ETOUFFEMENT DE L’AFFAIRE

 

Est-il jamais acceptable pour un chrétien de mentir ? Dieu attend-Il de nous que nous dissimulions des secrets ou que nous mentions pour maintenir les choses ensemble dans l’Église ? Est-ce que Dieu a érigé Son Église sur un fondement de tromperie ? La préserve-t-Il sur ce genre de fondation ? Est-ce que mentir de temps à autre s’avère un « devoir supérieur » ? L’Église tomberait-elle en morceaux si les ministres insistaient sur la vérité, même quand ça fait mal ? Un responsable peut-il mentir par omission ? Jusqu’à quel point l’affaire est-elle sérieuse ? Un ministre peut-il juger quand il devrait mentir et quand il devrait dire la vérité ? En tant que chrétien, a-t-il le choix ?

Voilà de dures questions. Elles sont spécialement difficiles pour les ministres de l’agitée Église Universelle de Dieu qui s’est vue coincée dans une crise de conscience par la conduite de ses dirigeants lors de la dernière décennie. Cette crise de conscience remonte même à plus loin pour quelques-uns, mais, pour la plupart d’entre nous, la période ne s’étend que sur huit à dix ans.

La crise commença en 1971, quand sortirent des lettres d’HWA concernant les problèmes de Garner Ted. Ces lettres s’avérèrent trompeuses et, dans certains cas, complètement fausses. Elles furent conçues de manière à nier les problèmes que Ted avait avec les femmes. Un nombre significatif de ministres savaient qu’il avait ces problèmes et qu’ils étaient sérieux. Alors qu’HWA avait posé le couvert sur le sujet et ce, au plus haut niveau, des bribes s’échappèrent pourtant. Parfois, ces histoires nous parvenaient des femmes elles-mêmes, particulièrement quand certaines d’entre elles s’aperçurent qu’elles n’étaient pas « la seule » à avoir « dévoyé Ted par ses charmes personnels irrésistibles », comme il leur avait pourtant laissé croire. Lorsque ces femmes, dont beaucoup étaient mariées à des ministres, commencèrent à comparer leurs notes collégiales, l’histoire sordide se mit à circuler. Quand on l’entendit, la plupart n’arrivèrent pas à y croire. Voilà un homme reconnu à la radio et de plus en plus à la télévision comme un grand champion de la moralité et qui avertissait le monde des désastreuses conséquences qu’il y avait à briser les lois de Dieu. Il avait prêché le « message d’Ézéchiel » plus fort et plus longtemps que n’importe qui au pays et ce à des millions d’auditeurs. Comment cet homme eût-il pu s’engager dans des relations sexuelles avec littéralement des douzaines, sinon des centaines de femmes ?

La majorité de ceux qui entendirent ces histoires étaient d’accord avec HWA. Satan répandait ces fausses rumeurs contre Ted dans l’espoir de détruire l’église. Par après, HWA écrivit que Ted était dans les « liens de Satan », mais la formulation des paroles était écrite de telle façon qu’il sembla aux membres que le péché de Ted était de ne pas apprécier son père. Et cela était censément provoqué par un surplus de travail ; Ted avait donc besoin de se reposer au Colorado. (Une déclaration similaire a récemment été faite à propos de Rod Meredith.)

Lorsque Ted revint, après avoir été excommunié, il fut rapidement établi chef exécutif de toute l’organisation par assignation solennelle de son père, dans une lettre provenant du Mexique et adressée aux membres. (Sous l’insistance de l’épouse de Ted, HWA donna aussi à Ted un nouveau jet pour remplacer l’ancien qui avait été « contaminé » par ses activités adultérines.) Ted fut formellement nommé successeur d’HWA. C’en était trop pour les ministres dont l’épouse avait partagé le lit avec Ted durant leur époque collégiale. Le nombre des ministres « désaffectés » s’accrut.

Au lieu de sympathiser avec ces ministres et de « nettoyer l’église », HWA maintint la ligne dure. Il n’écouta pas les sages conseils. (En juillet 1979, il me demanda si, d’après moi, les nombreux ministres et les membres qui avaient quitté en 1974 l’avaient fait à cause des adultères de Ted. Je lui répondis que oui. Mais il est intéressant de noter qu’à cette époque-là, HWA le nia.)

Lorsque la tempête se leva, en janvier 1974, HWA et Stan Rader étaient à Manille. Quand HWA en entendit parler, il revint immédiatement pour réprimer la « rébellion ». Aux Pocono, en 1976, il se vanta de sa fameuse lettre trompeuse aux membres, disant qu’il était resté debout toute la nuit pour l’écrire. (Stan déclara plus tard que c’était lui qui l’avait rédigée !)

Ted commanda une réunion ministérielle à Big Sandy pour tous les ministres de la région environnante de laquelle Walter Sharp était le directeur. Dans cette réunion, il suspendit (lire expulsa) quatre hommes. Il s’agissait de Walter Sharp, Dale Haynes, Bob McKibben et Jim Morrison. Ils étaient préoccupés par les « qualifications » de Ted en tant que ministre. Dave Antion avait dressé une déclaration formelle des « qualifications d’un ministre » en se fondant sur les Écritures, à la demande d’HWA. Le document ne fut jamais utilisé, pour des raisons évidentes. HWA savait qu’il ne pouvait lui-même rencontrer ces qualifications !

S’asseoir à cette réunion, présidée par Ted lui-même et ayant duré des heures, s’avéra une véritable expérience. J’y assistai en ressentant des émotions partagées. Ted nia avoir jamais eu de relations complètes avec une femme autre que sa propre épouse. Il avoua s’être épris d’une « sotte jeune fille » et avoir perdu tout jugement. Mais il n’alla jamais « jusqu’au bout » avec elle. McKibben lui parla spécifiquement d’une fille en la nommant, mais Ted nia avoir même entendu son nom. Il le fit de manière très convaincante. (Ted a toujours voulu être un acteur et, cette journée-là, il donna toute une performance.) En fin de compte, il mentit formellement, d’une manière énorme et convaincue. Il suivait les traces de son père. Stan Rader allait me déclarer plus tard, en conversant avec moi, qu’il avait dit à Ted comment diriger exactement cette réunion, ainsi que quoi faire et quoi dire. (Je le crois.)

Peu après, les histoires commencèrent à circuler à plus grande échelle. Il ne s’agissait plus que de savoir combien. Combien de femmes et d’étudiantes du collège Ted avait-il eues ? Personne ne le savait vraiment, ni même Ted, sans doute.

Rod Meredith rapporte, en citant Ted, qu’il y en aurait eu plus de 200 ! Ce nombre est peut-être une hyperbole. D’autres listes, compilées par des ministres conseillers, contiennent de 30 à plus de 40 noms ! Ted à lui-même dit que Rod exagérait ses activités. Il souligna aussi que Rod enviait son style de vie (à Ted). (Je n’en sais rien. Rod avait ses propres problèmes.)

La question demeure : l’église tire-t-elle profit de ses mensonges officiels ? Récemment, un ministre de l’Église Universelle suggéra sérieusement que le Saint-Esprit ait pu avoir guidé la réunion de Big Sandy, ce jour-là, et que l’église a pu profiter des démentis officiels et magistraux de Ted. Cette route, choisie par son père et Stan Rader, désamorça la bombe temporairement ! Mais c’est le modus operandi, il convient de le noter ! C’est la méthode employée par Stan et HWA jusqu’à aujourd’hui !

Dans l’été de 1978, peu après qu’HWA eût expulsé son fils Ted, il dit aux coordinateurs de la région que, dès son jeune âge, tout ce que Ted avait en tête, c’était « le vin, les femmes et le chant ! » Voilà tout un aveu, considérant le dernier quart de siècle de l’histoire de l’église. Ted avait joué à la seconde tête d’affiche de l’église et avait été soutenu dans les hautes sphères ecclésiastiques par un père qui connaissait les faiblesses de son fils pour les femmes !

Rod Meredith révéla qu’il avait entendu parler pour la première fois des adultères de Ted en 1965 et qu’il l’avait dit à son père. Il raconta que le père de Ted continua à « pardonner » à son fils sa conduite volage en allant même jusqu’à le charger de gloire et de récompenses additionnelles. Ce n’est que lorsque Ted perdit la tête avec une « sotte jeune fille » qu’HWA ne fut plus en mesure de le couvrir auprès des hommes de la haute direction de l’église, dont certains sont aujourd’hui jetés dehors.

Fait intéressant, quand survint l’expulsion de Ted quelques années plus tard, elle fut exécutée pour une autre raison. Ted essayait de mettre de l’ordre dans les terribles excès budgétaires du groupe de son père. Celui-ci et Stan Rader sentirent leur position menacée et réagirent de façon désespérée. Il résulta une guerre au sein de l’église.

Retournons à la réunion de janvier 1974. Je revins à la maison, fatigué et confus. J’étais d’abord sûr que Ted était coupable, mais je pensai ensuite qu’il avait pu être accusé injustement. J’appelai mon beau-frère, Tony Hammer, qui était à ce moment-là le pasteur des églises d’Oakland et de San Francisco, pour lui demander s’il avait des preuves d’adultère concernant Ted. Il ne le dit pas spécifiquement. Il avait entendu les histoires, comme moi, mais ne pouvait pas les confirmer positivement.

Ce ne fut que des mois plus tard que j’ai su que Ted avait menti, et de manière énorme. Entre-temps, le tapage sembla se calmer, mais nous savions tous que ce calme n’était que temporaire. Avant la fin de l’année, j’entendis raconter les détails choquants (incluant beaucoup de noms) des péchés de Ted. On en parlait même dans le Penthouse, le National Inquirer, et beaucoup de journaux comme le Los Angeles Times. Plus tard, l’histoire fut reprise par l’Ambassador Review et développée par l’Ambassador Report.

Stan Rader me confia par après que Henry Cornwall avait constitué un dossier très volumineux sur Ted. Il déclara que c’était très incriminant. J’en suis sûr. Mais tant que des péchés sont suspendus au-dessus de la tête des gens, il ne peut y avoir de bon environnement spirituel dans l’église et on ne peut y mettre de l’ordre. Pour que cela puisse se produire, il faut ôter la pomme pourrie du dessus du baril. La pomme pourrie, c’est HWA lui-même. Comme on arrivait directement au Président [des Etats-Unis] en remontant la piste du cambriolage du Watergate, de même la piste de la corruption au sein de l’église mène directement au Pasteur Général ! C’est là que se situe le véritable problème !

Dans un Ambassador Report de 1977, Margaret Zola cite Albert Portune dans l’article Garner Ted Armstrong, fils de la légende, où elle décrit comment HWA chercha une justification au problème de GTA :

« Mais laissez-moi répondre à cela et vous dire ce que M. Armstrong a légiféré […] Ted est au-dessus des Écritures. Ce sont ses paroles [à HWA]. J’y étais, je l’ai vécu. Ted fut appelé de manière divine. Il [HWA] le prouve par le fait que Ted ne pouvait pas parler à deux ans et qu’il lui a été donné une voix […] que Ted a reçu ces dons et tous les autres facteurs […] par conséquent, Ted est au-dessus des Écritures. Nous ne pouvons pas juger Ted comme nous jugeons un autre ministre. Nous ne pouvons juger Ted selon Timothée et Tite. L’on ne peut juger Ted que selon son appel divin. Ensuite, il [HWA] fit confusément référence à de vagues Écritures dans Osée… » (Réunion de Kansas City, 22 septembre 1974, bande #3, côté 1.)

Malheureusement, de telles excuses n’éliminent pas les torts causés au Collège Ambassadeur par la conduite de GTA. Jusqu’aux environs de 1970, le Collège Ambassadeur possédait des règlements très stricts guidant la conduite des étudiants. Durant la période de sévérité spéciale, l’administration, sous les directives d’HWA, défendait à un couple de sortir ensemble plus d’une fois par semestre. Il était absolument interdit de se tenir par la main ou de s’embrasser, à moins que l’on soit fiancés et que le mariage ait lieu dans les jours suivants. La mise en application de ces règles eut pour conséquences que l’on suspendit parfois des étudiants, même indéfiniment. Cela tenait le doyen du bureau des étudiants fort occupé.

De nombreux supporteurs du collège appréciaient beaucoup les règles strictes de moralité et croyaient profondément que l’Ambassador était le « collège de Dieu ». Ted Armstrong faisait partie intégrante de l’administration collégiale sous son père qui, lui, était en charge de tout. À ce titre, Ted soutint le code de conduite du collège de toute sa considérable éloquence.

Cependant, quand le bruit courut que sa langue était bien le seul membre de son corps à appuyer le code, celui-ci fut condamné ! Lorsque de jeunes hommes, dans toute leur vigueur physique, qui s’étaient battus contre eux-mêmes et s’étaient astreints à agir selon l’enseignement d’Armstrong, découvrirent que leur héros numéro un, Ted Armstrong, n’hésitait pas à profiter des faveurs des étudiantes mêmes qu’on leur avait enseigné à ne pas convoiter, le manque de crédibilité, déjà croissant, atteint son point de rupture absolu. On ne pouvait que se rappeler qu’il avait une épouse à la maison. Pourquoi avait-il besoin de plus de femmes ?

L’image de Garner Ted se ternit très vite dans l’église. Humpty Dumpty s’assit sur le mur… etc. L’ancienne image ne fut jamais restaurée. Peut-être, à la rigueur, pouvait-on construire une meilleure réputation érigée sur un fondement plus solide, mais l’ancienne image s’envola.

De jeunes hommes, dont beaucoup se marièrent et s’établirent dans l’église comme pasteurs, avaient admiré une fausse image. Leur prise de conscience qu’ils avaient été « arnaqués » au cours de leurs années d’études au collège, et par GTA et par son père, laissa des cicatrices qui dureraient toujours. Les dommages infligés à l’église s’inscrirent de manière indélébile dans l’histoire.

Lorsqu’on donna comme explication officielle à d’anciens étudiants que les grands hommes, même les grands hommes de Dieu, possédaient des pulsions sexuelles remarquablement fortes, ou des « besoins » qui devaient être satisfaits, beaucoup en furent outrés. Ils se souvinrent de plusieurs choses.

1.      On leur avait enseigné l’exemple de Jésus qui n’avait jamais péché. On leur avait dit qu’HWA était comme Dieu le Père et que Ted était comme Jésus.

2.      Ted possédait déjà une très belle épouse. N’était-ce pas suffisant ?

3.      On leur avait enseigné de mépriser l’hypocrisie, comme l’avait démontré Jésus dans la Bible. Or, ils voyaient une hypocrisie énorme en action.

4.      Bon nombre remarquèrent que même un chat de gouttière a de fortes pulsions sexuelles. Il ne s’en suit pas nécessairement que les grands hommes doivent être comme des chats de gouttières. Ni que les étudiants en histoire soient d’accord avec cette déclaration. C’était une bien pauvre excuse pour un ministre.

5.      Dernière chose, mais pas la moindre, bien peu de jeunes hommes étaient prêts à croire que Ted, ou n’importe qui d’autre, possédait des pulsions sexuelles plus fortes que les leurs. Ils en étaient fort persuadés. Qui aurait pu leur donner tort ?

À l’époque, peu de gens étaient au courant de l’affaire. Ted était bien le fils de son père !




D.201 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 3

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

Chapitre 2

JUSQU’AU RETOUR DE CHRIST

Vallons du Wisconsin : 1972

 

Les Vallons du Wisconsin sont situés à environ quarante ou cinquante milles [64 à 80 kms] de Madison, sur la rivière Wisconsin. Cette région est le vieux sol natal des Indiens Winnebago qui vivaient principalement de la pêche pendant les durs et longs hivers. Il leur fallait briser la glace épaisse pour attraper leur nourriture et ils durent avoir des problèmes d’hypothermie dans ce climat sévère. Cet endroit fut choisi pas l’Église Universelle de Dieu comme site de la Fête des Tabernacles, à la fin des années 1960, à cause de sa position géographique la situant entre Chicago et Minneapolis-St.Paul. Il fut planifié et construit pour accommoder plus de douze mille personnes. En fait, il n’y en eu jamais autant qui assistèrent aux réunions tenues là, alors que la croissance de l’église commençait à décliner au moment où le site fut complété. Le besoin anticipé ne se concrétisa jamais.

L’église donna au site le nom de Vallons du Wisconsin, l’empruntant d’une ville des environs dans le Comté d’Adams ; ce fut le dernier site construit et appartenant à l’église. L’on avait planifié ériger des sites parsemés dans tout le pays, à des points stratégiques, mais on abandonna ce projet quand la croissance se mit à ralentir et lorsque fut modifiée la philosophie qu’Herbert Armstrong soutenait auparavant. (Il avait exposé l’idée d’établir des sites hors des sentiers battus, c’est-à-dire, comme il le disait, « loin du monde et de son influence. »)

Depuis lors, la politique est de louer des palais de congrès, dans les centres-villes et de loger les membres dans des hôtels ou des motels convenables des alentours. C’est ce qu’on fit à Spokane, Salt Lake City, Norfolk, etc.

Comme je l’ai dit, les Vallons du Wisconsin furent le dernier site construit et maintenu par l’église. Les coûts de construction, les montants élevés de l’entretien et les problèmes d’administration constituèrent un fardeau très lourd, si l’on considère que ces sites n’étaient, en majeure partie, utilisés que huit jours durant l’année. Ils servaient principalement aux fêtes de l’automne. Les églises locales, habituellement petites, n’employaient que le bâtiment d’administration et, donc, le reste de la propriété n’était pas utilisé. Le prix entier du site ne pouvait se justifier d’aucune façon par l’utilisation limitée de ces petites églises locales.

Raymond Cole fut nommé à la tête du développement des fêtes, au printemps de 1970, par Herbert Armstrong. À ce moment-là, Raymond parlait de construire de très nombreux sites ― un nombre phénoménal. Il procéda comme si cela devait arriver et il eut carte blanche à un degré remarquable au niveau de la gérance. Ses projections se fondaient sur un taux de croissance des membres de 30 % par année, ce que continuait de proclamer HWA.

À cette époque, un assez gros montant d’argent entrait aux opérations festivalières, montant qu’on appelait « la dîme de la dîme ». Il s’agissait d’un moyen organisé par Albert Portune, vice-président en charge des affaires financières de l’église, pour alimenter l’opération. On demandait aux membres d’envoyer à Pasadena dix pourcent de leur dîme des fêtes afin de pourvoir aux endroits servant à tenir les fêtes. Cela constituait un gros montant d’argent, mais pas suffisamment pour financer l’opération que Raymond Cole avait en tête. Il engagea un grand nombre d’artisans de l’église sous la promesse qu’ils auraient du travail « jusqu’au retour de Christ ». De nombreux membres, si non la plupart, s’attendaient à ce que cela se produise en 1975, ou trois ans et demie après que l’église se soit envolée à Petra, en Jordanie, dans la première portion de 1972. Donc, ce qu’on finançait sur une grande échelle, c’était des constructions qui, si on eut jamais à les utiliser, ne seraient employées qu’une fois ou deux. On eut à faire face à ce sérieux manque de logique en haut lieu dans l’église. Il est intéressant de voir comment chacun réagit différemment les uns des autres.

En mars 1972, on me nomma coordonnateur de la fête sur le site du Wisconsin pour l’automne suivant. À cette occasion, nous étions dans le bureau chef des Fêtes de Big Sandy, au Texas, et je ne savais pas que la construction du site était en retard dans son horaire. Raymond avait déménagé son bureau, son personnel et son équipement au Texas durant l’hiver, après beaucoup d’ergotage chez les évangélistes. On devait mettre Raymond sous contrôle ou il allait ruiner tout le monde, selon les conversations ésotériques entretenues aux échelons les plus élevés.

J’ai toujours considéré Raymond comme un ami, et ce depuis qu’il nous a baptisés, ma femme et moi, pendant l’été de 1950. Lors de la période de croissance rapide de l’église, durant les années 1960, nous l’avons revu de temps à autre et il s’est toujours rappelé de nous avec gentillesse. Puis, voilà qu’il se lançait dans de folles constructions et des problèmes en découlaient. Il semblait croire que l’église devait poursuivre son programme de construction de sites de fêtes avec foi, sans regarder en arrière. Ils étaient peu nombreux à partager son enthousiasme, mais, à cause des tourmentes que vécut l’église entre 1971 et 1974, le ministère centrait son attention sur ces derniers problèmes. Pendant cette période, Ted Armstrong entra et sortit de l’administration, et Albert Portune porta un poids très lourd sur ses épaules ― bien plus lourd que le pensaient la plupart d’entre nous à l’époque. Herbert Armstrong et son conseiller, Stan Rader, parcouraient le monde en G-II à faire on ne savait quoi, alors que de graves complications se développaient à la maison.

A. J. P., comme on appelait Al Portune, porta la responsabilité sans, toutefois, avoir le pouvoir correspondant de prendre les décisions nécessaires. Cela ne fut connu que d’un nombre restreint de ministres et de très peu de membres. Comme je l’ai mentionné plus haut, je n’en fus mis au courant que plus tard.

Les McCullough avait été nommé directeur des opérations festivalières une couple d’années auparavant et il était allé chercher Bill McDowell de son poste de surintendant de disctrict à Chicago afin qu’il vienne l’aider. L’année suivante, Bill McDowell devint lui-même le directeur.

Une des nombreuses tâches de Les McCullough, en ce début de 1972, fut de ramener Raymond Cole sous contrôle ― ce qui n’était pas une mince affaire étant donné le climat qui régnait dans l’église à l’époque. Raymond était « évangéliste » ― membre d’un petit groupe au sommet de la hiérarchie qu’on avait érigée au vu et au su des membres de l’église et à qui on octroyait un statut immense. On devait donc le manipuler avec soin, spécialement face aux problèmes se développant dans le ministère à ce moment-là. On avait le sentiment que ceux qui étaient renseignés et mécontents ne devaient pas agir avec unité. Herbert Armstrong et Stan Rader n’avaient pas à s’en faire ― Raymond était une prima donna et il était loin d’être sur le point de collaborer avec qui que ce soit.

Le temps qu’arrive le printemps au Wisconsin, il avait été décidé de retourner Raymond à Pasadena. Il fallait qu’il soit à Pasadena, là où le bureau chef pourrait le surveiller.

Mais avant qu’il parte et avant que je sache qu’il s’en allait, on m’invita à faire un tour dans le jet King Air de l’église, puisque je devais être coordonnateur de la fête à l’automne. C’est en plein vol que je sus qu’on attendait de moi que je prête mon aide à la construction. Cela ne me dérangeait pas, bien au contraire, jusqu’à ce que je découvre l’état du retard de la construction si tard dans l’année.

Le vol entre le Texas et Baraboo, au Wisconsin, le plus proche des terrains d’aviations susceptibles de recevoir le King Air, prit plus de quatre heures. Ce jet a tendance à vibrer à haute vitesse, vu ses propulseurs ultrarapides, et passer de longues heures dans sa cabine est quelque peu fatigant. Benny Sharp et Larry Goodman pilotaient ces vols et ils étaient parfaitement qualifiés. Ils nous faisaient parfois passer au travers de bien mauvais temps. Je les ai bien connus et les compte encore parmi mes amis jusqu’à aujourd’hui. Benny s’est associé à Ted Armstrong, à Tyler, au Texas.

Bill McDowell était toujours d’une merveilleuse compagnie durant les longs trajets. C’était un compagnon fort intelligent et à l’esprit vif, toujours prévenant envers ses amis et ses invités. En tout cas, quelqu’un qu’on qualifierait de courtois.

Raymond me demanda si je pouvais voir à ce que l’on pose un plancher de ciment dans le principal centre de congrès, une aire de 103 000 pieds carrés [31 692 mètres carrés]. Il n’y avait pas assez d’hommes à la tâche pour faire cette partie du travail en plus de garder le reste de la construction dans les limites de l’horaire révisé. Après un survol du site, je dis à Raymond et à Bill, qui remplaçait Raymond (ce que j’ignorais encore), que je pouvais le faire avant la fin du mois de juin. Le voyage eut lieu fin mai.

Lorsque j’entendis parler que Raymond déménageait en Californie, je passai par son bureau situé à Big Sandy et je conversai avec lui. Il me dit qu’Herbert Armstrong ne ferait rien d’autre que démontrer sa préférence pour Ted. Beaucoup de ministres voulaient être des « fils » pour Herbert Armstrong, mais celui-ci ne les laissait pas réellement faire. Raymond me dit que Ted ne travaillait jamais avec lui. La tristesse de l’époque se répandait dans toute chose. Il était très désillusionné. L’on peut se demander ce que ç’aurait été s’il n’y avait pas eu tous ces problèmes majeurs au sommet de la hiérarchie. Quand je vis ensuite Bill McDowell, je lui mentionnai qu’aller dans le bureau de Raymond, c’était comme aller dans des funérailles. Raymond me donna une liste réduite d’employés des Vallons du Wisconsin, me recommandant qui congédier et qui garder. Il le fit à ma demande. La première chose que je sus après, c’est que Raymond était parti et que Bill McDowell était en charge des opérations. Je travaillai pour Bill en plus de mes autres tâches à Big Sandy pendant les deux années suivantes. J’aimais le faire. Malheureusement, Bill se lassa aussi quand il apprit les problèmes profonds entourant le bureau-chef de Pasadena. Il ne fut pas seul à réagir ainsi.

Au début de juin, huit d’entre nous nous rendîmes au site du Wisconsin et nous coulâmes le plancher de 103 000 pieds carrés dans le centre de congrès, et ce en dix-huit jours de travail. Il plût beaucoup, ce printemps-là, et ce fut un grave handicap pendant le mois de juin de cette année. Le travail complété, nous retournâmes à Big Sandy.

Raymond Cole avait installé John Hehn comme surintendant avant de partir. Cependant, les directives provenant de Big Sandy, John n’y connaissait pas assez les leaders pour établir avec eux les rapports nécessaires ; il se sentit donc isolé. J’ai essayé de l’encourager du mieux que je pouvais pendant que j’y étais et je croyais ne plus me rendre au Wisconsin avant l’automne. Mais John décida de retourner dans le débitage de bois en Oregon. J’étais assis dans le bureau de Bill McDowell quand arriva l’appel de John. Il avait décidé de quitter. Bill se retourna vers moi et me demanda si je pouvais me rendre diriger la construction qui était en retard sur l’horaire.

Il y avait de sérieux problèmes de personnel dans l’organisation de Raymond Cole. Ces gens s’étaient fait enseigner avec autorité au lutrin que 1972 balaierait tout sur son passage dans le pays et que les fidèles seraient amenés à un endroit de sécurité en Jordanie pour y attendre le retour de Christ qui dirigerait le monde. À l’été de 1972, il était évident aux yeux  de tout le monde qu’Herbert Armstrong s’était misérablement trompé dans ses prophéties. Ceux qui avaient laissé des emplois mieux rémunérés afin de travailler pour le département du site subissaient une grande agitation mentale. Ils avaient commencé à réaliser que le programme de bâtiments de l’église avait aussi été rapidement balayé. Bien que la plupart demeuraient loyaux envers les doctrines de l’église, ils ne pouvaient que se poser des questions concernant un grand nombre de dirigeants. Il y avait probablement autour de la moitié des employés demeurés aux Vallons du Wisconsin qui émettaient les réserves les plus sévères à l’endroit du leadership de Raymond Cole, alors que l’autre moitié, le croyant presque parfait, pensaient qu’il avait été trahi à Pasadena. La ligne de démarcation était assez claire.

Les McCullough et moi-même avons pris le King Air pour nous envoler vers Baraboo, puis nous avons fait route vers le site. Les [prononcez laisse] avait demandé à John Hehn de rassembler tous les employés afin de leur parler et leur annoncer le changement de gérance. Les contre-courants étaient forts, mais Les m’accorda son support et ni lui, ni Bill ne vacillèrent jamais dans leur soutien.

Même si je pense que John a eu bien plus de soutien à Big Sandy qu’il le réalisât probablement, il sembla vraiment soulagé de sortir de cette situation et de retourner à son ancienne occupation. Je sais qu’il se sentit mieux grâce à sa décision.

J’avais pour politique de séparer autant que faire se peut les aspects de l’église d’avec la gérance de la construction. Les politiques de l’église étaient fortes et, dans cet environnement, elles entraînaient la discorde. Ma propre évaluation de la structure des employés exigeait des changements immédiats dans le personnel, ce que j’exécutai tout de suite. Ces changements fonctionnèrent et les progrès du projet furent gratifiants.

Nous fîmes venir vingt étudiants de Big Sandy qui travaillèrent presque tout l’été. Je demandai à Don Bjoraker de les amener dans un des autobus du collège et de demeurer pour nous aider pendant un mois. Don était capable, sous supervision, d’acheter des produits locaux, de faire la cuisine pour vingt-huit d’entre nous et d’exécuter d’autres travaux durant l’été. Il en coûtait 87 $ par jour, par homme, et nous avions des repas nourrissants et délicieux. Nous avions aussi amené des lits et le strict nécessaire pour nous-mêmes et les étudiants masculins. Nous établîmes nos quartiers dans le vieil atelier. Don cuisinait et avait aménagé la salle à manger dans la pièce du vieux garage. Nos quartiers étaient étroits, mais ils nous coûtaient le minimum. Pour toute la durée de l’été, j’occupai la petite chambre qui devait avoir fait partie d’un poulailler.

Tout ce qui comptait, c’était le travail. Nous nous y sommes tous mis à fond avec pour seul objectif de rencontrer la date d’échéance avant le moment de la fête ― à la fin de septembre. La coopération fut excellente. Raymond avait assemblé un groupe de bons artisans.

Parmi les choses que Les McCullough avait faites un mois plus tôt, il commença à payer du surtemps aux hommes pour la première fois. On ne payait jamais de sécurité sociale aux employés de l’église à cause de la « mentalité de 1972 ». On nous avait dit que nous ne profiterions jamais de la sécurité sociale, car le gouvernement tomberait bien avant que ces bénéfices nous soient d’une quelconque signification. Il était beaucoup mieux d’envoyer cet argent à l’église où on pouvait l’utiliser à bien meilleur escient.

Raymond, et apparemment HWA, ne croyaient pas au paiement de surtemps. Et Herbert Armstrong s’érigea toujours contre des vacances. Il fut également contre la retraite et même la sécurité sociale. Mais le salaire des artisans était si bas que beaucoup d’entre eux eurent de la difficulté à prendre soin de leur famille, et les longues heures de surtemps arrivèrent à point pour eux, cet été-là.

Je ne dois pas oublier Jack Bicket dans cette histoire, car il joua un rôle prédominent dans l’opération. Jack était allé au Collège Ambassadeur, à Pasadena, et n’en était pas ressorti ministre, comme c’était pourtant le cas de la plupart des jeunes hommes de l’époque. Je crois qu’il faut avoir vécu ce que cette expérience peut provoquer comme effet dégradant chez celui qui passe par là. Le climat de l’époque était fort différent de celui de ces dernières années. Ceux qui étaient rejetés composaient mal avec leur sentiment de douleur. Je savais que Jack ressentait vivement ce rejet. Il aimait les chiffres et était porté vers les affaires et la comptabilité. En ce temps-là dans l’église, il y en avait si peu qui entraient dans ce moule qu’on en avait grand besoin. L’offre et la demande jouaient en leur faveur. Jack était ce genre de personnes qui aiment à ne travailler que pour un seul homme qu’elles regardent ensuite comme leur héros. Il possédait de l’ambition et de l’énergie. Et il se montrait loyal envers l’homme pour qui il travaillait. Il avait donc haute opinion de Les McCullough et le servait fidèlement. (Comme il sert aujourd’hui fidèlement Stan Rader.) Quand Les eût à porter plusieurs chapeaux à la fois, Jack eut donc à ce moment-là un pouvoir considérable. Jack aimait le pouvoir et savait comment en tirer le meilleur profit. Généralement, il savait aussi reconnaître les limites de ce pouvoir. Ce dernier point est important. J’aimais bien Jack et je reconnus chez lui des qualités dont avait cruellement besoin l’organisation. Je savais également jusqu’à quel point Les McCullough s’en remettait au travail et au jugement de Jack. Je savais que je devais avoir une bonne relation de travail avec Jack afin de fonctionner de manière adéquate aux Vallons. J’avais déjà établi une telle relation, mais elle s’améliora dans la période de temps passée aux Vallons. Il semblait que Jack ne pouvait fonctionner en tant que numéro un ; il avait l’air plus confortable dans l’ombre d’un chef. Mais il était tenace et ne manquait jamais d’énergie. L’influence de Jack se fit sentir à propos des salaires équitables et du surtemps. Et à juste titre. Je m’aperçus que je pouvais compter sur Jack pour toute l’aide dont j’avais besoin à Big Sandy parce qu’il y avait des domaines où il fonctionnait et pouvait aider là où Bill McDowell ne le pouvait pas.

Gerhard Kalber, Junior Curtis, Dave Kinders et beaucoup d’autres se montrèrent d’une aide inestimable durant l’été. Ce fut un des étés les plus durs de ma vie, mais, avec le recul, des plus épanouissants. Je ne manquerai pas de mentionner un homme qui fit plus que n’importe qui, pendant le mois de juin. C’était Bob Worthen, de Big Sandy. Son énergie, sa connaissance du métier et ses encouragements furent d’une valeur énorme.

Une autre personne intéressante avec laquelle je m’associai s’appelle Hans Quast. Hans s’était adressé à une assemblée du collège de Big Sandy, au début de 1972, je crois, où il avait parlé de l’Afrikan Korp sous les ordres du maréchal Rommel, durant la Deuxième Guerre Mondiale. Quast avait servi dans l’Afrikan Korp en tant qu’officier, apparemment, après qu’on lui eût confié une mission à cause d’une diminution des rangs officiers. Il portait un respect sans bornes à son commandant de bataillon et transféra son respect au corps officier allemand, tout en projetant son mépris le plus total envers l’armée italienne de l’époque. Puis, la première chose que nous avons su, c’est qu’il apparut sur le campus en tant qu’employé de Bill McDowell, dans une description de tâche indéfinie. Nous avons appris que Quast avait travaillé pour Montgomery West, à Chicago, et, encore là, nous ne disposions pas de beaucoup d’information. Nous avons toutefois découvert qu’il était membre de l’église depuis moins d’un an. Lors de mon deuxième passage au Wisconsin, Hans y était en tant qu’officier d’hébergement, s’occupant de l’accommodation des membres durant la Fête d’automne.

Vers la fin de juin, quand le plancher de ciment fut presque complété et que la scène fut ébauchée, Jack Bicket et Hans Quast arrivèrent à Baraboo. J’allai les chercher avec la Olds 98. Ils voulurent voir le bâtiment avec son nouveau plancher. Je roulai à l’intérieur du centre des congrès, sur le ciment neuf, et je stoppai la voiture au milieu de la bâtisse. C’était le soir. Quast sortit, marcha vers la scène sur laquelle brillaient les phares de la voiture, grimpa sur la scène et se donna en spectacle. Il nous fit part que, toute sa vie, il avait attendu ce moment, et que Dieu avait fourni ce site entier pour lui tout seul ! Naturellement, je fus quelque peu décontenancé, mais je mis sa conduite sur le compte de l’émotivité et j’ignorai le tout.

Plus tard dans l’été, durant la période de temps où nous étions le plus occupés à rencontrer les délais de l’automne, Bill McDowell m’appela pour me demander d’assister à une réunion des propriétaires de restaurants de la ville en tant que représentant de l’organisation festivalière, puisque je devais être coordonnateur de la Fête. Il me dit que Quast y serait aussi pour leur parler et que je devais y être pour représenter Bill.

À la réunion, Quast se leva et leur dit qu’il allait assigner tel nombre de gens dans chaque restaurant et qu’ils auraient un nombre garanti de clients pour les huit jours ! On put voir immédiatement l’excitation briller dans les yeux des plus petits restaurateurs et ceux qui étaient plus éloignés. On pouvait aussi lire la consternation et l’incrédulité dans les visages de beaucoup d’autres. Ils se demandaient quel genre de personnes nous étions. Quast était des plus spécifiques. Il le ferait !

Je restai assis sans bouger, n’en croyant pas mes oreilles ! Je sus dès lors que Quast était une prima donna. Puis, je me levai et leur dis ce que serait ma fonction à l’automne. (Quast ne manqua pas d’obscurcir ce que serait ma fonction. Rappelez-vous qu’il n’avait jamais assisté à une fête et n’était membre que depuis moins d’un an.) Je pris le temps de leur expliquer nos doctrines diététiques et que nous croyions aux lois de l’Ancien Testament sur les viandes pures et impures. Je les invitai à poser des questions et il y en eu quelques-unes. On posa aussi des questions sur ma responsabilité qu’ils avaient peine à saisir étant donné ce que Quast leur avait préalablement dit. Je me mis alors à leur énoncer ce qui se passerait durant les huit jours de réunion. J’expliquai que M. Quast se trompait un peu quant à l’assignation des gens dans les restaurants ― qu’en réalité, les gens choisissaient eux-mêmes et que les restaurateurs auraient à se faire compétition, comme toujours. Nous ne croyions pas devoir régenter les gens plus que le strict nécessaire. Le contrôle de l’hébergement était indispensable pour le bon ordre des réunions. Mais nous ne pensions pas contrôler davantage que ce qui était absolument indispensable. Nous croyions plutôt au libre choix de toutes les manières possibles. Il y eut un regard de soulagement dans le visage de beaucoup et de la détente chez tous.

Dans la voiture, après avoir quitté la réunion, je fis de mon mieux pour apaiser Hans, mais je savais que je n’avais pas réussi. Je ne parlai pas beaucoup, mais je voyais la lueur dans ses yeux. J’avais blessé son ego et rien ne pourrait le guérir.

J’appelai Bill McDowell aussitôt que je le pus pour lui faire mon rapport. Or, Quast était son protégé, d’une façon que je n’arrivais pas à comprendre, mais Bill savais aussi que je devais agir comme je l’avais fait. Quast m’avait pris de vitesse par téléphone et McDowell avait déjà sa version, mais il savait aussi que je ne lui avais pas menti et l’incident faisait parti du passé en ce qui concernait Bill.

Quelques jours après, je reçus un message urgent de mon fils John. Il me demanda si j’avais accusé Quast d’être un nazi non converti. Je lui dis que la pensée ne m’était même pas venue, quoique, à la réflexion, ce n’aurait pas été une si mauvaise idée. Il me raconta que Qaust avait dit à Les McCullough qu’il y avait un « ministre de Big Sandy » qui l’avait accusé d’être un nazi et de ne pas être converti. Vu qu’il arrivait tout juste du Wisconsin, et que j’étais le seul à avoir été près de lui, Les crut qu’il s’agissait de moi, selon John. Je l’assurai que je n’avais pas dit une chose pareille et même plus, que je m’étais montré amical avec Hans de toutes les façons possibles. Je n’entendis plus jamais parler de la question, mais, à la lumière des événements subséquents, je réalisai que tout était possible avec Quast. Cet incident sert à illustrer comment les choses fonctionnaient parfois dans le « Gouvernement de Dieu » !

Il y avait beaucoup de pavage à faire sur le site pour accueillir toutes les voitures que nous attendions à l’automne. Quarante-cinq acres furent couverts d’asphalte provenant de la fabrique adjacente de Gasser et ce dans un très court délai. C’est un gros espace de stationnement privé. Nous terminâmes le pavage aux petites heures du matin, à la pleine lune, la nuit précédant la première réunion. Tout le reste était en place.

John Prohs était venu de Pasadena pour s’occuper du son pendant la fête et installer le système. Ce fut le premier centre de congrès que nous ayons bâti avec un sol de ciment et cela provoqua un problème d’écho à cause de la densité du plancher. Nous travaillâmes sur plusieurs solutions possibles pour en venir finalement à suspendre du tapis sur le mur du fond afin d’arrêter les ondes sonores de rebondir sur le mur pour ensuite ricocher sur le plancher de ciment. Cela aidait, sans toutefois s’avérer la solution complète désirée.

Bill McDowell voulut que nous déjeunions avec les dirigeants de la ville en dehors du site, quelques jours avant le début de la fête. Nous apportâmes de l’argenterie, et des couverts de porcelaine de Chine et de cristal que nous avions loués dans un endroit situé à Madison et nous avons préparé tout un déjeuner. Hans semblait vouloir diriger toute la fête et sa nature égocentrique en souffrit terriblement. Il était venu servir en tant qu’officier d’hébergement, tel que planifié originalement, mais Jim Kissee était également venu comme homme de réserve, juste au cas où Quast bouderait, ce qui arriva, d’ailleurs.

Plus tard, il quitta Pasadena en annonçant, lors de son départ, jusqu’à quel point son absence serait importante. Il s’effaça bientôt de la scène. En novembre 1978, je demandai à Stan Rader ce qui était advenu de Quast et il me rapporta que ce dernier n’avait jamais été qu’un amas de mauvaises nouvelles. Mais ce fut pour moi un baptême de feu pour ma première année en tant que coordinateur festivalier ― fonction qui comporte son lot de responsabilités dans toutes les phases d’une assemblée de 10 000 personnes et plus.

Étant donné que c’était la première année aux Vallons du Wisconsin et que c’était leur gérance qui l’avait rendu possible, Les McCullough et Bill McDowell y passèrent toute la fête. Et Jack Bricket oeuvra comme trésorier du site de la fête ― fonction très importante. En fait, pour cette première année, il s’agissait donc d’une opération de Big Sandy. Je m’en sortis bien.

Cette année-là, on voulait que tous les hommes ordonnés demeurent dans le même complexe hôtelier. Bill s’y était rendu à plusieurs reprises pendant l’été et l’automne et nous nous étions tourmentés à savoir quel motel choisir pour cette importante affectation. Bill aimait le Devil’s Head Lodge [Gîte de la Tête du Diable], complexe d’une station de ski plutôt somptueux. Il était situé à plus de trente-deux milles [51 Kms] du site et la distance s’avérait un obstacle. La gazoline était encore bon marché ― c’était environ un an avant l’embargo pétrolier et l’escalade des prix pétroliers ― mais le véritable problème que posait le Devil’s Head Lodge était… son nom ! Bill s’inquiétait beaucoup de ce qu’Herbert Armstrong s’indignât que ses ministres soient logés dans un gîte qui portait un tel nom. Autre chose qui inquiétait Bill, c’est la rumeur voulant que le propriétaire appartienne au crime organisé. Il croyait que ce serait un double coup dur si HWA apprenait cela. Or, il désirait tellement le gîte pour les huit jours. Il me demanda ce que j’en pensais. Nous examinâmes encore les hôtels des Vallons du Wisconsin et même au Lac Delton, de l’autre côté de la rivière. Aucun ne semblait avoir la qualité du Devil’s Head Lodge. Bill eut une réponse à son problème. Il louerait un hélicoptère ― un gros ― pour transporter HWA de l’aéroport de Baraboo au site, puis de là jusqu’au gîte. De cette façon, HWA ne verrait jamais l’écriteau prétentieux en bordure de route, et si nous le tenions occupé, il n’entendrait pas la rumeur locale à propos du syndicat du crime. Nous pourrions tous alors jouir de la très belle piscine intérieure, des bains tourbillons et des très agréables saunas ― en plus de toutes les autres commodités du motel.

Le jour de l’arrivée d’HWA, nous nous rendîmes à l’aéroport de Baraboo. Là, nous vérifiâmes auprès de l’opérateur de la licorne ― il n’y a pas de tour à cet endroit ― pour avoir un premier contact avec le capitaine Black du G-II. Ils furent bientôt au sol, roulant sur la rampe. Les McCullough, Bill McDowell et moi-même allâmes à la rencontre de l’avion pendant qu’attendait l’hélicoptère que Bill avait loué. Il fit monter HWA dans l’appareil. Je dois dire qu’il était plutôt réticent. Le pilote et nous quatre nous envolâmes vers le site ― à quelques vingt milles de là [32 km]. Herbert Armstrong fut très mal à l’aise pendant le vol. Les vibrations de l’hélicoptère lui étaient étrangères et effrayantes, et il avait hâte d’atterrir sur le site. Je m’étais arrangé pour qu’il y ait des hommes postés à garder le point d’atterrissage disposé juste à côté du centre des congrès afin que s’y pose l’appareil. Je fis également stationner la Olds 98 dans les alentours pour le transport au sol. Nous montâmes dans la voiture et je conduisis le groupe autour du site. Herbert Armstrong agit comme s’il ne me connaissait pas. Je ne sais toujours pas aujourd’hui s’il m’avait vraiment reconnu. D’un autre côté, lui et son groupe recevaient régulièrement d’avance toute l’information provenant de tous les sites. Le nom du coordonnateur était écrit en évidence sur les feuilles. Je ne l’avais pas vu depuis un an et il m’apparut pour le moins étrange. Je pense parfois qu’il ne mémorisait tout simplement pas les noms et, plutôt que d’avouer ce défaut, il choisissait d’ignorer l’affaire.

Après avoir fait le tour du site et avoir traversé le centre de congrès, qui était beau, propre et neuf, et qu’il admira, il exprima le désir de voir la maison que s’était fait construire Raymond Cole l’année précédente.

« Ted a dit que c’est un palace. Je veux voir si c’est aussi grave que ce que dit Ted. » Les McCullough, qui parle très peu dans ces circonstances, mentionna que nous allions justement en direction de la maison. Nous y entrâmes. Nous en fîmes le tour dans un silence relatif. Nous montâmes ensuite dans l’antre du second étage, là où est installée la grosse tête de chevreuil, et nous nous y sommes assis. « Eh bien, » dit-il, « ce n’est pas exactement un palace, mais, d’un autre côté, c’est bien trop gros pour ses besoins ici. Raymond a bien pris soin de lui-même. »

Il fit alors une chose curieuse. Il se retourna et me fixa d’un regard dur. Il n’y a pas d’autre façon de décrire son geste. Il me regarda pendant ce qui m’apparut un temps interminable. Juste un regard, sans dire un seul mot. Je jetai un coup d’œil pour voir quelle était la réaction des autres hommes dans la pièce et ne pus rien détecter. Ce que je ne savais pas, à ce moment-là, c’est qu’il s’agissait de la méthode tactique d’intimidation d’Herbert Armstrong. Et je ne voyais aucune raison de sa part d’agir de la sorte envers moi. Mais il l’a assurément fait.

Il commença ensuite à parler de ce que d’aucuns appelaient le « manque de crédibilité ». Préalablement, dans sa tournée, certains hommes demeurés anonymes avaient abordé le sujet avec lui et il ne savait pas de quoi ils parlaient. Nous étions à l’automne de 1972 et l’église était évidemment supposée se trouver à Petra, en Jordanie. Il y avait aussi le problème de Ted.

Bill McDowell afficha un état de choc approprié devant pareille suggestion, se demandant bien de quoi ces gens-là voulaient parler. Il n’y avait pas de manque de crédibilité dans les parages, dit-il. Herbert Armstrong sembla relaxer un peu et fit bifurquer la conversation plutôt guindée vers d’autres sujets.

En passant principalement par ma femme, j’avais fait arranger sa suite dans le gîte de la manière prescrite, avec les vins adéquats et du Dom Pérignon, du raisin et autres gâteries. Nous découvrîmes que Nancy Fraser, s’appelant habituellement Nancy Kessler, était là et qu’elle avait anciennement agi comme hôtesse dans son avion. Nous savions qu’Herbert Armstrong aimait passionnément la compagnie des jolies jeunes femmes. Nancy accepta de s’occuper de le divertir et de s’asseoir à ses côtés durant le dîner ministériel pour l’aider à se nourrir. Nous appréciâmes son aide.

Herbert Armstrong aimait jouer au cœur [jeu de cartes] à cette époque et il insistait toujours pour gagner. Je n’ai connu personne aimant autant gagner. Il aimait également voir son nom imprimé et adorait voir sa propre photo.

Bill McDowell avait un ami à Chicago qui put lui préparer une maquette avec le logo de la une du journal local. Un gros titre barrait la page d’un bout à l’autre : « BUFFALO HEARTS WINS AGAIN ! » [Le Buffle des cœurs gagne encore !]. Suivait un article en lien avec l’entête, décrivant les noms appropriés. (Il appelait ses compagnons de jeu « The Buffalo Hearts ! ») Quelques-uns parmi nous étions là quand Bill lui offrit le « journal ». On n’a jamais vu visage rayonner de la sorte ! Il adora ! Et tout le reste de sa tournée de prédication, il continua à mentionner qu’il avait fait la une aux Vallons du Wisconsin. Bien sûr, Bill flattait sa grande, sa gigantesque vanité, et nous le savions tous. Mais ça fonctionnait. C’est toujours ainsi que les gens devaient traiter HWA. Il ne fut jamais tout à fait normal et il n’était pas facile de lui trouver des vertus chrétiennes, en 1972.

Quand vint le moment de quitter pour HWA, il refusa de monter dans l’hélicoptère et choisit de se faite conduire par son chauffeur régulier, Mel Ollinger, qui le reconduisit en voiture au Devil’s Head Lodge. Nous ne l’entendîmes pas se plaindre du nom.

Le coordonnateur de la fête est l’officier responsable de ces assemblées. Il doit rencontrer les journalistes, traiter avec les hommes d’affaires de la ville, s’assurer des exigences légales des gouvernements locaux, s’ajuster avec les officiers de mise en application de la loi (à ce site-ci, l’administration du Comté d’Adams, comme ceux des Vallons du Wisconsin et de la ville voisine, Delton Lake), sélectionner des directeurs pour une douzaine de départements différents de l’organisation de la fête et demeurer à la tête de tout cela pour la durée des huit jours de réunions. Cela demande une étroite relation de travail avec beaucoup de gens. Les liens de communication doivent être en bon ordre. Tout cela ne pourrait être possible sans la coopération volontaire de centaines de bénévoles. Des centaines de gens donnèrent de leur temps pour servir et faire en sorte que tout marche rondement, ce qui arrivait habituellement. Mais rien ne va de soi. De la chorale aux équipes de stationnement, des arrangements à la sécurité au comptage et au traitement des offrandes pour chacun des jours saints annuels, de l’assignation des places aux concessions, de l’hébergement aux arrangements avec les VIPs, tout cela exige beaucoup de travail de la part de nombreuses gens.

Les moments marquants de chaque jour étaient les assemblées religieuses. Ces années-là, il y en avait deux à chaque jour ― le matin et l’après-midi. Il y en avait une aussi le vendredi soir. On avait planifié que les assemblées dureraient deux heures. Toutefois, quand un des prédicateurs intarissables parlaient, comme Dean Blackwell ou Gerald Waterhouse, les gens devaient rester assis jusqu’à trois heures de temps. Certaines personnes semblaient penser devoir prouver leur grande spiritualité par la longueur de leurs sermons. On entendit dire que Gerald Waterhouse voulait démontrer qu’il pouvait parler plus longtemps que Fidel Castro !

Lorsque le G-II décolla de Baraboo, Bill McDowell poussa un soupir de soulagement. Il nous dit que nous pouvions maintenant relaxer et jouir de notre temps. Herbert Armstrong était, et est toujours, un homme au tempérament violent. Et rien ne fait davantage exploser ce tempérament qu’un quelconque affront, même imaginé, envers sa personne. Il est fier comme ne fut jamais aucun monarque absolu, et aussi exigeant, à ses heures. Sa parole fait loi ― c’est-à-dire, si Stan n’est pas dans les parages. Je comprenais donc Bill.

Herbert Armstrong avait pris l’habitude de livrer le même sermon, avec de légères modifications, à chaque fois qu’il prenait la parole, année après année. La plupart des gens regardaient comme déloyal ― voire presque blasphématoire ― que l’on fasse allusion à cette habitude. L’on considérait plus approprié de faire remarquer jusqu’à quel point son sermon était merveilleux.

Cela me rappelle un de ces vieux rois fous qui était habillé d’une robe très légère ; si légère, en fait, qu’elle était inexistante. Mais le roi croyait qu’elle existait, et ses courtisans prétendirent qu’elle existait lorsque le roi s’assoyait sur le trône, vêtu de… rien ! Mais il pensait être revêtu de ce qu’il y avait de mieux !

En 1972, Herbert Armstrong quitta les Vallons du Wisconsin content et joyeux, rassuré de savoir qu’il n’existait pas de manque de crédibilité et que tout allait bien. Il n’eut seulement qu’une ennuyeuse petite mouche dans sa pommade : le palace de Raymond Cole, dispendieux et vide !

La partie la plus triste de mon expérience aux Vallons du Wisconsin survint le jour suivant la fête. Les quelques employés à qui l’on avait offert du travail à Big Sandy avaient déjà été avisés. Je leur avais parlé un par un avant la fête. J’avais demandé aux autres de venir à mon bureau du bâtiment d’administration qui venait d’être complété.

Jack Bicket avait préparé tous les chèques ― chèques comprenant la dernière période de salaire plus une paie de licenciement de six semaines. Ils s’assemblèrent dans le hall et entrèrent un par un. Je leur donnai leurs chèques, une bonne poignée de main et leur souhaitai bonne chance. Il s’agissait de la cessation formelle d’un emploi qui leur avait été promis « jusqu’au retour de Christ ». Jamais je ne me sentis aussi incompétent de toute ma vie. Je n’oublierai jamais. Un homme d’âge moyen qui avait possédé une petite ferme dans le nord de l’État de New York ― ayant appartenu à sa famille depuis des générations, mais qu’il avait vendue parce qu’il allait servir l’église jusqu’au retour de Christ ― s’effondra en larmes. Il avait opéré de la machinerie lourde pour l’église, mais prenait maintenant un tournant majeur et allait devoir chercher de l’emploi à un âge avancé de sa vie. Et tout ce qu’on lui donnait, c’était une poignée de main et un chèque de six semaines ! Je gardai contact avec lui afin de m’assurer qu’il ne soit pas sans ressources. Je pensais pouvoir user de mon influence pour lui garantir de l’aide si cela devenait absolument nécessaire. La dernière fois que j’entendis parler de lui, il gagnait sa vie en Arizona. Je suis sûr qu’il ne fit jamais autant que ce qu’il avait déjà gagné.

Certaines des histoires circulant durant la fin de l’été racontaient que les employés allaient crever de faim pendant l’hiver, après leur congédiement. Je rassemblai tous les employés et leurs familles et racontai ces histoires. Je leur dis que les Allemands et les Japonais avaient fait face à un dur hiver, en 1945, après leur défaite lors de la Deuxième Guerre Mondiale, et qu’ils n’avaient pas manqué de nourriture. Étions-nous moins bons qu’eux ? Je ne le pensais pas !

Ce que je leur ai dit était vrai et je leur parlai ainsi afin de leur communiquer le maximum de courage et de confiance. Et je pense que cela a réussi. Les gens ne doivent pas s’apitoyer trop longtemps sur leur sort. C’est contreproductif. Cependant, ce fait n’amoindrit en rien les dommages et les peines causées par leurs leaders. Je veux dire, les dirigeants du Japon et de l’Allemagne, lors de la Seconde Guerre Mondiale, de même que les leaders de l’Église Universelle qui ont conduit des gens crédules à subir des pertes personnelles sans le moindre soupçon d’excuses.

En tout cela, Herbert Armstrong porte la responsabilité première.




D.200 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 2

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

Chapitre 1

IDÉALISME versus RÉALITÉ

Pasadena : 1969-1970

 

Le vide existant entre l’idéal et la réalité fut proprement appelé fossé tragique. Pourtant, les hommes ont toujours eu à composer avec ce fossé. Ce n’est que lorsqu’il s’accroît rapidement, ou que sa largeur devient inacceptable, qu’il représente alors un problème insurmontable. Bien sûr, idéalement, il ne devrait pas y avoir de fossé du tout.

Le fossé devient intolérable quand l’idéal est placé trop haut pour être atteint ou que l’on ne peut qu’occasionnellement le toucher. L’idéal en grande mesure soutenu par les doctrines de l’église et que les jeunes ministres formés à l’Ambassador College de Pasadena dépeignaient aux congrégations de l’Église Universelle de Dieu était très éloigné de la réalité entourant Herbert Armstrong et son cercle, en 1969. L’image (l’idole) continuait néanmoins à briller à distance. Pour que l’image ne soit pas trop ternie, Herbert Armstrong s’absentait de plus en plus de Pasadena. Le Falcon Jet qu’il acheta tout d’abord devint trop petit pour ses besoins. Le petit avion ne traversait pas les grands océans avec tout le confort qu’il désirait. Donc, en 1969, il commanda un Grumman Golfstream II dont le financement fut arrangé par son plus proche conseiller personnel, Stan Rader. Stan avait également organisé antérieurement le financement du Falcon, « parce que l’église n’était pas capable de le faire elle-même et avait besoin de l’aide de M. Rader en la matière ». On a écrit beaucoup de choses là-dessus et il n’est pas dans mes intentions de couvrir ça. Je ne peux qu’être d’accord avec Herbert Armstrong quand il dit : « Il n’y a pas de fumée sans feu. » C’est une de ses déclarations favorites et il a évidemment raison.

HWA avait planifié de voyager abondamment. Ses plans avaient été établis depuis longtemps. Chez certains de ses ministres, on dit même que le décès de son épouse venait de Dieu. Il l’aurait reprise pour que son mari soit libre de voyager.

On a dit aussi qu’Herbert Armstrong est intolérant ― il ne conserve pas ses amis. Par exemple, qu’est-il advenu du « roi » Léopold, ou, comme dirait Stan Rader, « l’ex-roi Léopold » ? La liste est fort longue et inclut maintenant ses propres enfants et petits-enfants. Elle comprend assurément la plupart des premiers évangélistes et ministres qui lui étaient proches. Même ceux qui restent sont discutables. Nombre de ceux ayant été intimes pendant une longue période de temps disent qu’il n’a pas la moindre notion de l’art de l’amitié. Je n’étais pas au courant de ça en 1969. Seules les plus légères allusions commençaient à filtrer.

Un événement plutôt déroutant survint à l’été 1969, juste après que les premiers hommes se soient posés sur la lune. Apparemment en réaction personnelle aux messages prophétiques d’HWA concernant l’année 1972, un disciple d’HWA d’Australie, Carl Rohen, prit sur lui de tenter d’incendier la mosquée d’El Aqsa, située sur le site de l’ancien temple juif de Jérusalem. Bien que les dommages aient été importants, la mosquée ne fut pas détruite. Il s’en suivit une grande couverture médiatique.

Quelques temps auparavant, HWA avait écrit que les Juifs ne devaient pas perdre une journée pour construire leur temple afin de se conformer à son horaire prophétique. Il semble que Rohen l’ait pris sérieusement au mot, en Australie, et il réagit selon ce qu’il croyait être un message de Dieu. Il allait personnellement enlever l’obstacle entravant la prophétie d’HWA : la mosquée arabe qui empêchait la construction du temple juif nécessaire. D’après HWA, on devait ériger ce temple afin d’accomplir la prophétie de 2 Thessaloniciens, chapitre 2.

Pour HWA et l’Église Universelle, il s’en suivit une menace immédiate et sérieuse. Les dénis officiels de toute responsabilité de l’église furent tout aussi immédiats et continuels. Ces démentis fonctionnèrent. La tempête se calma. À ce moment-là, la plupart d’entre nous n’étions pas au courant du sérieux de la situation. À partir de cet instant, HWA ne prêcha plus que les Juifs devaient construire littéralement un temple afin d’accomplir la prophétie de la fin des temps.

Ce fut pour moi un choc lorsque j’appris pour la première fois, au début de 1970, que Stan Rader avait fait ouvrir des bureaux de corporations secondaires sur le boulevard Wilshire. Je me demandais également pourquoi on entourait ces opérations d’un voile de mystère. Nous ne connûmes pas le nombre complet et l’importance de ces corporations tant que l’État de la Californie n’intentât pas un procès en 1979. Même Ted Armstrong apprit des choses qu’il ignorait auparavant.

Mais, en 1970, Herbert Armstrong avait commencé à se séparer systématiquement de l’église. Il devint une figure paternaliste distante, presqu’un demi-dieu. Toutes les publications de l’église suivirent la ligne éditoriale destinée à construire assidûment sa réputation, comme s’il était presque Dieu. Il apparaissait habituellement aux assemblées sabbatiques quand il était en ville et, à l’occasion, aux études bibliques du vendredi soir. Plus souvent que ce qu’on aurait dû s’y attendre, il se lançait dans une attaque contre les membres en général et leur reprochait de négliger leur support financier à son égard. Plusieurs disaient qu’il aurait voulu se montrer plus souvent, mais Stan Rader lui conseilla de se faire plus inaccessible.

Tout en exécutant mes tâches ministérielles normales dans la région de Pasadena, je visitais de nombreux foyers d’employés. Je fus consterné de voir leurs conditions de vie médiocres. À moins d’avoir de l’argent provenant d’autres sources, ils vivaient dans la misère. Leur échelle de salaire était terriblement basse. Après que trois dîmes soient soustraites de leur maigre paye, en plus des « généreuses offrandes » exigées par HWA, le budget familial était serré. Vu les plans audacieux de construction d’HWA en pleine expansion, et ce en dépit de ses prophéties sur l’année 1972 ayant trait à la fuite de l’église vers un lieu de refuge, ses fonds de construction devaient être constamment approvisionnés. Et Herbert Armstrong ne se gênait jamais dans ses demandes d’argent.

Une grande frustration s’était donc installée parmi les employés de l’église. Ils croyaient aux doctrines de l’église et les vivaient loyalement et du mieux qu’ils pouvaient. Mais subsistait un manque de crédibilité. L’on considérait comme une disgrâce le fait de quitter un emploi de l’église, parce qu’on disait possible, voire probable, qu’agir ainsi pouvait coûter la vie éternelle. Quitter, c’était comme tourner le dos à Dieu. Des centaines de gens se sentaient prisonniers d’une situation qui ne pouvait se corriger que par le retour de Christ. Je le répète, la maîtrise des gens provenait de l’enseignement d’une doctrine vigoureuse de l’église.

Un certain vendredi soir, HWA reçut de la boîte de questions une note demandant s’il était chrétien de la part de l’église de payer des salaires de misère. Je crois que la note n’était pas signée. HWA devint furieux et, comme lorsque cela lui arrive habituellement dans ces cas-là, il se mit à beugler comme quelque chose qui n’est pas de ce monde. Les bajoues lui tremblèrent et sa figure vira au rouge. Il simula un show qui découragea certainement toute autre question. Croiriez-vous qu’il en fit porter tout le blâme aux chefs de département ? Il prit un ton convaincant. Il n’était pas responsable de ça.

Le divorce et le remariage étaient un autre problème grave dépassant les frontières de la Californie du Sud, mais y étant principalement concentré. Dans l’église, on l’appelait le « D & R ». Si une personne était divorcée, elle ne pouvait se remarier à moins que son éligibilité soit établie par l’église. Cette politique se renforçait d’une menace d’excommunication.

La Californie a été à la fine pointe de la révolution sexuelle et des milliers de membres californiens se sont convertis après s’être divorcés, ou même après un premier divorce et un remariage subséquent avec acquis de plusieurs enfants. Il entra donc dans les tâches du ministère de déterminer, après enquête et conseils, si un des membres d’un couple était lié par un premier mariage. Si oui, la personne devait alors se séparer de son conjoint et demeurer célibataire. Elle devait continuer dans cet état jusqu’à ce que le premier conjoint décède ou qu’elle-même meure.

On imagine la tension émotive sur de jeunes personnes en parfaite santé et vivant dans une société sexuellement stimulante, mais à qui l’on interdisait dans l’église toute sexualité légitime pour le reste de leur vie. Se superposant à la situation, vous aviez également plusieurs ministres au courant des péchés sexuels d’autres ministres qui insistaient eux-mêmes sur une sévère administration de la politique de l’église ayant trait au divorce et au remariage ! Bien que peu connaissaient cet état de choses à l’époque ― je n’étais pas au courant ― certains de ceux qui l’étaient faisaient partie de l’administration. J’obtins le meilleur d’Al Carrozzo qui était alors en charge du « Programme de Visite », opération couvrant des milliers de membres dans la région de Pasadena et des alentours. Al était très connu et apprécié, et c’était un gros travaillant. C’était aussi un proche associé de Rod Meredith, surintendant des ministres. Ils étaient tous deux bien au fait de l’étendue du « fossé tragique ». (Ils affirment aujourd’hui avoir été au courant de cette immoralité depuis 1965 !)

Les dirigeants du sommet refusaient à un homme une seule femme, mais exigeaient plusieurs femmes pour eux-mêmes ! Après quelques années, Herbert Armstrong épousa une femme divorcée ! Un évangéliste de la ligne dure, Raymond McNair, fit la même chose, ayant une épouse vivant dans le voisinage immédiat. L’incohérence ne sembla jamais troubler beaucoup Herbert Armstrong. Matthieu 23:4 parle de ce genre de conduite pharisienne : « Car ils lient des fardeaux pesants et insupportables, et les mettent sur les épaules des hommes ; mais ils ne veulent pas les remuer du doigt. »

Al Carrozzo travaillait avec les « célibataires », comme on les appelait. Dans ce groupe, il y avait beaucoup d’hommes et de femmes qui n’étaient pas « libres » de se remarier. Ils se séparaient en deux groupes : les « éligibles » et les « inéligibles ». Chaque année, à la Fête des Tabernacles, nous planifiions des activités sociales pour les « éligibles ». Comme leur nom l’indique, ils étaient « libres de se marier ». Nous espérions pour eux qu’ils trouvent un ou une partenaire ainsi que le bonheur, si possible.

Il y a quelques années, on considérait approprié qu’un ministre local présente ses cas de « D & R » à son « surintendant de district » en vue d’une « décision ». Si le surintendant de district croyait ne pas pouvoir prendre de décision, le cas était transféré à Pasadena à on ne sait qui. Beaucoup de ces cas stagnèrent pendant des années ! La bureaucratie à son pire ! Et, pendant que les gens « attendaient une réponse de Dieu », ils étaient supposés démontrer la patience adéquate. De l’impatience aurait prouvé qu’ils avaient une mauvaise attitude. Toutefois, l’impatience et l’incontinence de la part des dirigeants ne faisaient que prouver que Dieu avait été bien sage de choisir ces grands hommes.

Plus tard, quand les dirigeants du Département d’Administration de l’Église commencèrent à réaliser jusqu’à quel point les Armstrong se relâchaient dans leur vie personnelle, ils purent s’arranger pour que les ministres locaux puissent rendre des décisions au niveau local sur le D & R et, plus tard encore, en 1974, tout le programme fut aboli. C’était à peu près à l’époque où Herbert Armstrong avait décidé d’épouser une femme divorcée. Et voilà pour le programme de D & R de l’Église Universelle de Dieu !

À l’automne de 1970 survint ce qu’Herbert Armstrong annonça comme une « crise financière majeure ― de celles auxquelles on doit faire face avec des moyens extrêmes ». Il raconta que Stan Rader lui avait recommandé de demander aux membres de se ruer vers leurs banques, y retirer leurs fonds et les lui envoyer immédiatement. S’ils ne possédaient pas les fonds en argent liquide, ils devaient alors se rendre à leur banque, emprunter le plus d’argent possible et le lui expédier tout de suite. Ils ne devaient pas attendre. Des milliers de membres répondirent à l’appel, et certains d’entre eux ne se sont toujours pas relevés, jusqu’à ce jour, de leur générosité.

Je ne sais pas s’il y eu vraiment une crise, mais l’argent afflua rapidement par millions. Ce que je sais, cependant, c’est que ces opérations se poursuivirent sans trop d’interruptions dans les plans d’Herbert Armstrong. Il continua d’équiper son nouvel avion G-II à l’aéroport de Burbank. (On venait tout juste de le livrer de la Géorgie où il avait été manufacturé.) HWA disait qu’il ne pouvait concevoir se passer de ses avions. Il les aimait tellement. Il possède encore le Falcon. D’autres achats, dont bon nombre n’étaient pas nécessaires, se succédèrent sans discontinuer. Je suis convaincu que cette saisie d’argent fut une des causes ayant contribué aux troubles survenus en 1974.

Herbert Armstrong ne croyait manifestement pas à quelque sacrifice que ce soit de sa part à lui. Il était au-dessus de ces choses. C’était aux « idiots de moutons » d’en faire. (C’est ainsi qu’il appelait souvent les membres.) HWA aime l’argent, ou plutôt ce que l’argent peut acheter. On devrait plutôt dire qu’il aime les choses. Il aime les belles choses, les belles peintures dispendieuses, les belles voitures, les belles maisons, les beaux avions, les beaux vêtements onéreux. Le G-II est ce qui se fait de mieux en jets corporatifs. Même là, son équipe parle d’acquérir un Boeing 727 et de le pourvoir d’une chambre à coucher spéciale ! Et d’autres choses semblables. Les millions de dollars n’ont aucune signification pour lui. Tout comme il ne semble pas se soucier de quelle manière proviennent ces millions de dollars. Il doit posséder ce que l’argent peut procurer.

Lors même qu’il voyage et vit dans un tel faste, il prêche l’antagonisme « donner vs prendre ». Il dit que Dieu est très riche et qu’Il possède tout. Donc, lui, Herbert Armstrong, a droit à de grandes richesses puisqu’il est le seul représentant de Dieu sur terre ! Est-ce logique ? Il doit vivre comme Dieu vit. Or, il est plutôt intéressant de constater que les premiers représentants de Dieu n’avaient pas ce genre de philosophie, sauf peut-être Salomon dans son vieil âge.

L’église prêcha contre les médecins et les docteurs. Avoir recours à l’un d’eux était motif à excommunication. À l’automne de 1970, Rod Meredith, surintendant de tous les ministres des Etats-Unis, vit un sérieux problème se développer dans l’un de ses yeux. Son docteur découvrit un détachement de la rétine. On détermina qu’une opération « sauverait l’œil ». Il avait le sentiment que, pour servir adéquatement Dieu, il avait besoin de ses deux yeux ! Dieu ne voulait pas qu’il soit handicapé d’un œil puisque Rod était l’un de ses outils principaux à notre époque. Le docteur avait promis qu’il pouvait faire l’opération et que ce ne serait qu’une « chirurgie de réparation », non pas « une simple opération », laquelle était interdite par l’église.

D’une manière ou d’une autre, on rendit la « chirurgie de réparation » différente des autres chirurgies. En tous cas, il en discuta longuement avec M. Armstrong et ce fut « correct ». De plus, le médecin ne prendrait pas de temps à opérer. Et rappelez-vous que Rod serait alors en meilleure condition pour servir Dieu. C’était la doctrine de « raisonnement contourné » que Rod Meredith enseignait lui-même. Quand il lui arriva un problème, on fit exception.

Cela déclencha un véritable tumulte. Les ministres de par tout le pays se demandèrent quel genre de chirurgie n’était pas une « chirurgie de réparation ». Ils voulaient que l’on définisse les termes. Ils demandèrent tout haut pourquoi Dieu ne pouvait pas guérir un œil, alors qu’on s’attendait à ce qu’Il guérisse un cancer. Ils posèrent des questions sur ce qu’était vraiment la foi et si on ne devait pas s’attendre à ce que les hommes placés en haut, et qui l’enseignaient, démontrent comment elle fonctionnait. Comment Rod pouvait-il l’exiger des petites gens et ne pas se plier aux mêmes règles ?

Sid Cloud, ministre de la région de la Baie de la Californie, était indigné. Il raconta qu’il y a un homme dans la région du centre de la Californie qui avait le même problème avec un de ses yeux et il ne s’était pas rendu chez un médecin parce que c’est ce qu’enseignait l’église ; il perdit l’œil. S’il avait été voir un spécialiste, comme l’avait fait Rod, il aurait encore son œil. Sid était en furie !

Dix ans plus tard, les ministres de l’église en veulent encore à Rod d’avoir enseigné une chose aux gens et d’avoir agi autrement pour lui-même. Mais, à l’époque, son maître était Herbert Armstrong qui croyait pouvoir obtenir les meilleurs soins médicaux possibles en se rendant chez un médecin. En ce moment même [en 1980], il bénéficie des services à temps plein d’un médecin. Durant sa maladie, sept ans après l’incident Meredith, il utilise toutes les facilités médicales dont il enseigna pendant des années qu’elles provenaient du diable. Selon son fils, il prend aussi régulièrement des médicaments, ce qu’il a pourtant condamné haut et fort pendant des années. On en appela de son influence durant une réunion des Coordonnateurs Régionaux, en 1978, mais c’était peu avant que les coordonnateurs régionaux soient démantelés et que ceux qui posèrent des questions fussent virés. On ne remet pas impunément Herbert Armstrong en question sur quoi que ce soit. Agir ainsi, c’est remettre Dieu en question !

Toutefois, à cette réunion, il promit d’essayer de se défaire des médicaments ! Pourtant, je me rappelle si bien l’avoir entendu dire, à de nombreuses reprises au fil des ans : « Les médicaments sont tous des poisons ! Un poison (le médicament) plus un autre poison (la maladie) n’égalent pas “aucun poison” ! Regardez, les docteurs ne peuvent même pas additionner 1 + 1 et n’arrivent pas à la bonne réponse ! » Apparemment, il ne croyait pas à ses propres paroles. C’est à la fin de ce printemps-là que Franz Josef Strauss visita Pasadena. Il était en tournée de conférences sur la Côte Ouest. L’Église Universelle l’avait approché en Allemagne.

Auparavant, l’église l’avait classé premier candidat au poste de « Bête de l’Apocalypse », ou dictateur mondial de la fin des temps. Herbert Armstrong croyait que Strauss serait le dictateur de l’Allemagne et accomplirait les prophéties concernant la résurrection de l’ancien Empire romain. D’après les rapports qui nous arrivaient, l’assistance aux conférences de Strauss était clairsemée. On avait programmé qu’il prendrait la parole dans l’une des villes des environs avant de se rendre au siège de l’église et, à cause des enseignements de l’église, beaucoup de membres comptaient venir le voir à cette réunion. Il y avait une période de questions et réponses suivant sa conférence et Herbert Armstrong voyait d’avance les membres qui, ayant été enseignés dans l’église, se lèveraient et demanderaient à Franz Josef Strauss de commenter le fait qu’il allait devenir la bête !

En fait, les clubs d’orateurs de l’église de toute la région, pensant bien faire, avaient acheté de grandes séries de sièges pour assister à la réunion. Quand Herbert Armstrong entendit parler de ça, il en fut horrifié, même qu’il eut franchement peur. J’étais assis dans le bureau d’Al Carrozzo avec quelques autres ministres lorsqu’Herbert Armstrong appela Al au téléphone. Il était en colère. Al tenait le récepteur à bout de bras et nous pûmes entendre sa voix dans toute la pièce ! Sa voix est puissante.

« Je vous ordonne de tenir ces idiots de membres de clubs d’orateurs loin de cette réunion ! » Il était furieux et n’y alla pas avec le dos de la cuillère.

Plus tard, après que Strauss eut parlé au bureau chef de l’église, Herbert Armstrong nous mentionna qu’il avait dit à Strauss, en lui mettant les mains sur les épaules : « Lorsque vous entrerez au pouvoir, vous devrez vous rappeler que nous vous avons traité en ami. » Je ne sais pas si c’est arrivé ou pas, mais c’est ce qu’il nous a raconté.

Ce printemps-là, lors d’une étude biblique du vendredi soir, et plus tard, pendant une assemblée sabbatique, Herbert Armstrong annonça qu’il était encore à quatre-vingt-quinze pourcent sûr que les Etats-Unis iraient en captivité en janvier 1972. Nous nous rendrions en sécurité au lieu de refuge et serions protégés de la puissance de la bête pendant trois ans et demie.

Il annonça également qu’il était tombé en faveur de façon spéciale aux yeux du roi de la Jordanie où était situé le « lieu de refuge », Petra, que nous devions tenir bon et le soutenir.




D.199 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 1

 

Herbert W. Armstrong, faux prophète typique

 

par Roch Richer

ex-membre de l’Église Universelle de Dieu

 

Examiner la vie et les réalisations d’Herbert W. Armstrong, c’est faire l’étude fascinante d’un faux prophète typique. Qu’est-ce qui a pu amener des centaines de milliers de personnes à se laisser subjuguer par ce personnage charismatique sans se douter le moindrement des graves erreurs doctrinales fondamentales qu’il véhiculait et des motivations profondes qui le poussaient à agir ? C’est ce que je me propose de vous exposer par la traduction d’un livre, celui de M. Dave Robinson, Herbert Armstrong’s Tangled Web, afin de vous dévoiler la « pure vérité » à propos de cet homme profondément secret qui cacha toute sa vie ses motivations et ses agissements occultes.

Herbert W. Armstrong a fondée l’Église Universelle de Dieu, d’abord appelée Radio Church of God, puis Worlwide Church of God, en 1934. J’en ai personnellement fait partie de 1973 à 2001, soit 28 ans de ma vie. En septembre 2001, je fus mis devant la réalité toute crue que l’église à laquelle j’avais consacré tant d’années de ma vie n’était pas ce que je croyais ; et que les ministres à qui j’avais si aveuglément fait confiance dissimulaient une fourberie qui me fit frémir. Je pus avoir accès à de l’information très précise et vérifiable qui me montra les véritables dessous de cette secte pseudo-chrétienne. J’aimerais donc partager avec vous cette information afin que vous puissiez saisir le fonctionnement, non seulement de l’œuvre de ce faux prophète en particulier, mais également de tous ceux qui empruntent le même cheminement pour tromper les gens et leur soutirer des sommes d’argent faramineuses au moyen de leur fausse doctrine sur la dîme.

Ce ne fut pas un travail de tout repos pour moi de vous le traduire, mais ce ne le sera pas non plus pour vous de le lire. J’espère pouvoir m’adresser à ceux qui sont encore emprisonnés dans la toile de cette église et de toutes les filiales qui se sont détachées d’elle dans le dessein de conserver le plus de gens possible dans l’étreinte des fausses doctrines mises de l’avant par HWA et consorts.

Comprenez-moi bien. Il ne s’agit pas ici d’un exercice revanchard de ma part. Je n’ai que pour seul objectif d’aider des gens ― frères et soeurs dans le Seigneur ― à sortir d’un esclavage qui leur a été présenté sous le couvert d’une religion sainte et pure. Les principes s’appliquent tout aussi bien à d’autres églises « chrétiennes » qui utilisent les mêmes toiles d’araignée pour attraper des ouailles. Sachez donc vous reconnaître dans ceci, si le chapeau vous sied, afin de vous extirper des mains de gens profiteurs qui iront jusqu’à vous traumatiser pour leur profit personnel.

Que Dieu tout-puissant vous guide dans votre lecture.

* * *

L’INEXTRICABLE TOILE
D’HERBERT W. ARMSTRONG

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

Traduction de Roch Richer

Copyright © 1980 by David Robinson

All rights reserved

Printed in the United States of America

JOHN HADDEN PUBLISHERS

P.O. Box 35982

Tulsa. Oklahoma 74135

 

Traduit de l’anglais pour Mission : Moisson des Élus en 2006

« Ô, quelle inextricable toile nous tissons, lorsque nous commençons à nous exercer à tromper. »

Sir Walter Scott

 

À propos de l’auteur

David Robinson a grandi en région limitrophe du Texas, là où le mesquite, les cactus, les coyotes et les crotales sont à l’ordre du jour. En ce temps-là, dans cet environnement rural, la parole d’un homme était considérée comme sacrée. Il y a passé presque toute sa vie, sauf quatre ans pendant la Seconde Guerre Mondiale, lorsqu’il fut pilote dans l’Air Force.

Il commença à écouter Herbert Armstrong à la radio par le truchement d’une station mexicaine, en 1949, et il devint rapidement un grand contributeur financier. Il rencontra HWA un an plus tard et il devint membre et supporteur de ce qu’on appelait à l’époque la Radio Church of God. Il a soutenu Herbert Armstrong pendant plus de trois décennies.

En 1969, il alla travailler à temps plein pour la Worldwide Church of God quelques années après avoir été ordonné ministre dans cette église. La décennie suivante, il servit à divers titres pour cette organisation. Il vint à bien connaître la plupart des hommes aux échelons les plus élevés et il se trouve donc éminemment qualifié pour parler des rouages supérieurs de l’église.

Entre autres responsabilités que Dave cumula, il y eut celles d’administrateur, de conseiller, de conférencier, de chef de la sécurité et de ministre. Il fut le confident de nombreux hommes qui avaient été, soit expulsés carrément de l’église ou relégués à un poste déshonorant au sein de cette organisation.

Il a écrit en possédant une connaissance de première main, tempérée par un désappointement profond, et il en vint à être parfaitement d’accord avec Salomon quand celui-ci nous conseilla de ne pas mettre notre confiance en l’homme.

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

PRÉFACE

On m’a demandé : « Pourquoi voulez-vous écrire ce genre de livre ? La religion n’en souffrira-t-elle pas si vous le faites ? » D’autres, connaissant bien le pouvoir de ceux que je dénonce par écrit, m’ont exprimé leur inquiétude vis-à-vis ma sécurité personnelle. Ils citent l’expérience qu’a vécue Jerry Sholes, auteur de Give Me That Prime Time Religion. Il fut hospitalisé en raison de ses efforts déployés à exposer le genre de religion qui exploite l’argent sur une grande échelle.

Je ne crois pas que la religion ait à souffrir entre les mains de la vérité. Christ a dit : « Et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira » (Jean 8:32). Il n’est vraiment pas possible de se sentir libre sans connaître la vérité sur tout ce qui a de la pertinence. Christ n’a pris nulle part la défense de l’ignorance et Il dénonça même publiquement les leaders de Son époque pour ce qu’ils étaient réellement : des hypocrites ! Il emprunta l’approche directe. Il ne fut pas aussi subtil que l’auraient voulu certaines personnes.

D’autres gens ont soulevé la question d’avoir à affronter la batterie d’avocats de Stan Rader, personnes dispendieuses annoncées à grand renfort de publicité. Plusieurs de mes amis me rappelèrent également que, ces dernières années, le leadership de l’Église Universelle employait des tactiques illégales. Ces tactiques rappellent celles pratiquées par les défenseurs des droits civiques, comme Jerry Rubin, les « Chicago Seven » et autres ayant commis des désobéissances civiles et provoqué des émeutes dans les années 1960.

« Ne craignez-vous pas de déplaire à une organisation aussi riche et aussi puissante ? » me demande-t-on. « Souvenez-vous qu’elle a amassé des millions de dollars de dîmes en vue de ses batailles juridiques. Même l’État de la Californie trouve la bataille difficile. »

Ma réponse est simple. Je crois dans la force de la vérité. Et je crois que Dieu la soutient toujours ― peut-être pas aussi rapidement que nous le souhaiterions, mais Il le fait immanquablement, en fin de compte. Je crois en la vérité. Et je crois que la liberté et la vérité sont étroitement reliées pour l’éternité.

Je ne prends pas à la légère la rédaction de faits pénibles et crus touchant des hommes pour lesquels j’ai prié quotidiennement pendant des décennies. Mais encore une fois, quand la vérité pénètre de toute sa force dans la conscience de quelqu’un, elle s’accompagne d’une obligation correspondante. Lorsqu’un homme d’influence s’égare ― et de beaucoup ― et tente de mettre sa conduite aberrante sur le dos d’une foule de gens, on a l’obligation de parler, tout spécialement quand on possède vraiment les faits.

Mais certains répliqueront : « Vous ne devriez pas juger l’Apôtre de Dieu ! » Ils oublient l’enseignement pourtant clair des Écritures. En effet, dans Apocalypse 2:2, Jésus loua l’Église d’Éphèse pour l’avoir justement fait : « …tu as éprouvé ceux qui se disent apôtres, et ne le sont point, et tu les as trouvés menteurs. »

Mes lecteurs devraient se poser les questions suivantes : sur quelle base repose le vrai pouvoir d’Herbert Armstrong ? Est-il vraiment soutenu par Dieu comme il le prétend ? Dieu l’appuie-t-Il dans tous ce qu’il fait ?

Ma réponse ― fondée sur des années d’expérience auprès d’Herbert Armstrong ainsi que sur les principes de la Bible ― est un retentissant « NON ! » Il est impossible que Dieu soutienne une corruption et une hypocrisie aussi complètes. Il ne se peut pas qu’Il avalise un menteur aussi invétéré.

Tel le Magicien d’Oz, Herbert Armstrong joue sur son image. Quand on l’appelle à l’aide, il se montre inconsistant. Comme le Magicien, il n’est que fanfaronnades. À l’image de bien d’autres hâbleurs de notre époque, ses forfanteries sont amplifiées par les médias. Jailli de ces médias, son pouvoir temporaire l’a corrompu, peut-être complètement. Mais le fondement de son pouvoir n’est pas assez solide pour soutenir la tension. La tempête l’emportera, car il a déserté la fondation convenable de Jésus-Christ et il a construit sur le sable.

Le Watergate n’a pas fait immédiatement la une des journaux. Le tout s’est développé sur une période de plusieurs années. Ce qui émergea ensuite de la brume et du brouillard, c’est une histoire de corruption et d’abus de pouvoir qui choqua la nation américaine et le monde entier. Ce triste chapitre de l’histoire américaine a terriblement affaibli le pays. La foi et la confiance en ses fonctionnaires a essuyé un sérieux revers.

Mais ce qui est finalement apparu en clair chez les intellectuels du pays, c’est que le « syndrome du Watergate » est devenu une façon de vivre dans beaucoup trop d’institutions, et pas seulement dans l’appareil gouvernemental. La dissimulation à grande échelle est devenu la norme.

Les personnes installées en position de pouvoir offrent un certain visage face à leurs électeurs, mais un visage tout différent devant leurs pairs. Pour emprunter un vieil adage folklorique, ils ont acquis « un visage à deux faces ». Plusieurs disent que nous vivons à l’ère du « double standard ». Le double standard exige une couverture. Mais ceux qui couvrent leurs péchés tissent ce que Sir Walter Scott appelait « une inextricable toile ».

Si nous tressaillons et sommes blessés face aux abus commis par les corporations et le gouvernement ― et nous le sommes tous ― il est encore bien plus dévastateur de découvrir la corruption et la fraude au sein de sa propre église, perpétrées par les leaders de cette église et au nom de la religion de Dieu !

À ce moment-ci, lors même que notre nation a besoin de la main stabilisatrice et conductrice de l’église pour panser ses blessures nationales afin d’y survivre, nous voyons trop souvent que l’église ne s’est pas montrée meilleure que le gouvernement. Cela est particulièrement vrai de l’Église Universelle de Dieu, dont le bureau-chef se trouve à Pasadena, en Californie. Nous sommes aujourd’hui témoins que le leadership de cette église défie les lois de l’homme, même si elle fait étalage des lois de Dieu. Elle est devenue une loi en soi.

Je ne pense pas qu’Herbert Armstrong, le chef de l’Église Universelle de Dieu, commença dès le début à faire le mal, comme on l’a laissé sous-entendre. Je pense qu’il voulait faire le bien. Je sais qu’il a enseigné la moralité dans notre pays comme peu d’hommes l’ont fait à l’époque actuelle. Et, pendant trois décennies, j’ai vu des milliers de gens opérer des changements pour le mieux dans leur vie à cause de cette église. La moralité enseignée par Herbert W. Armstrong ― HWA, comme on l’appelle dans l’église ― est bonne et sensée à la base. Peut-être devrais-je dire que la moralité qu’il avait l’habitude d’enseigner était sensée. Dans bien des cas, c’est ce dont a cruellement besoin la nation entière. Le fait qu’il ait prouvé à maintes reprises qu’il s’avérait un prophète fort imprécis n’altère en rien la force de son enseignement moral.

Malheureusement, lorsque mis en face des faits, l’on ne peut que conclure qu’il ne croyait pas lui-même à ses enseignements. Quand son « double standard » frappa de plein fouet les échelons les plus élevés de la hiérarchie de l’église, très peu, s’il en est, purent survivre aux révélations ― parce que ceux qui s’objectent et ne demeurent pas « loyaux » doivent partir. « Loyaux », cela veut dire fermer les yeux sur les pratiques personnelles d’Herbert Armstrong, peu importe si elles ne s’enlignent pas sur les enseignements du Christ.

Les récits du passé d’HWA démontrent des problèmes profonds remontant au début de sa vie. Son autobiographie s’avère très subjective et fort inclinée en sa faveur. Ceux qui ont survécu au temps où il était en Oregon racontent une histoire bien différente. Son propre fils rapporte que l’autobiographie de son père est fausse à au moins 30 %. On ne peut qu’être suspicieux lorsqu’il se montre presque sans défaut en parlant de lui-même.

On trouve de nombreuses preuves sous-entendant que son épouse exerça une influence très bénéfique sur son ministère. Elle semblait être de loin plus portée vers la vérité que son mari. À sa mort, une autre source d’influence se tenait prête et attendait de pouvoir le tirer vers une autre direction. Bien que cette dernière influence ait eu un impact pesant sur l’église des récentes années, cela ne modifie en rien la responsabilité de l’homme qui se proclame « le seul apôtre du vingtième siècle ! »

Je ne voulais pas écrire ce récit, et je ne voulais pas prendre la plume, tant que je ne fus pas poussé hors de cette église par une série d’événements dont le point culminent fut ma visite à la maison de HWA, à Tucson, en Arizona, au mois de juillet de 1979. C’est là qu’il m’expulsa de l’église sous le coup d’accusations portées par des gens qu’on ne nomma pas. Presque toutes étaient fausses. Mais je lui indiquai clairement que je ne pouvais plus aller dans la direction que prenait l’église. Désobéissance civile, manifestations, fausses déclarations et autres choses du genre… je ne pouvais plus supporter cela. Il répliqua que, si je ne pouvais plus supporter ces choses, j’étais contre lui. (Il avait pourtant prêché contre tout cela des années plus tôt.)

J’écris ce livre dans l’intérêt de la vérité. Je crois en la vérité et désire l’exprimer au mieux de ma connaissance. Lorsque Winston Churchill commença son Histoire des peuples anglais, il n’eut pas honte d’écrire qu’il présentait l’histoire telle qu’il la voyait. Certains diront qu’il ne s’agissait pas d’une histoire érudite, mais c’était l’histoire de ses propres ancêtres telle qu’il la comprenait.

Je n’écris pas avec l’amertume ou la haine dans le cœur, mais avec un désappointement profond. J’écris dans l’espoir que les personnes dont il est défavorablement question dans ce livre verront les erreurs parsemant leur cheminement et s’en repentiront. La Bible dit que Dieu est miséricordieux face au repentir complet. Rien ne me réjouirait davantage que de voir ceci se produire et que ceux qui furent un jour des frères reviennent à cet état premier. Si c’est un échec, alors le deuxième but de ce livre est de fournir de l’information vitale au bien-être des gens reliés à l’Église Universelle.

J’écris ce que j’ai vu, entendu, lu et compris.

Pendant que vous lirez, vous aurez à juger vous-mêmes. Puisse Dieu vous guider en cela.

PROLOGUE

Ce livre parle de religion et d’une organisation religieuse dirigée par un seul homme qui est devenu vieux.[1] Cet homme a maintenant près de quatre-vingt-dix ans et il exhibe les problèmes classiques propres à un vieil homme insistant pour que les choses se fassent à sa manière, qu’importe le reste ― exactement comme l’ayatollah Khomeiny, vieux dictateur, apparemment incompétent et insensé, mais qui dirige toujours l’Iran. Il existe encore de ce genre d’hommes, mais peu détiennent un poste de pouvoir comme Herbert Armstrong, chef de l’Église Universelle de Dieu. Il y a quelque chose de plus important que tout le reste au sein de ce groupement religieux : son autorité ! Elle est primordiale.

Un journaliste très connu dans le sud de la Californie, ayant porté un vif intérêt envers l’Église Universelle pendant les quelques dernières années, rapporte que l’église est en phase de transition entre une secte et un véritable culte. Bien de ceux qui s’y connaissent sont d’accord.

La sénilité revêt plusieurs formes et prend plusieurs tons. La paranoïa frappe en profondeur les eaux troubles de la sénilité, particulièrement quand la victime exerce un grand pouvoir. Le problème devient complexe lorsqu’un tel homme porte un lourd fardeau de culpabilité personnelle.

Ce livre est donc pour ceux qui s’intéressent grandement à la religion et à la vérité. L’auteur éprouve la plus profonde sympathie pour les honnêtes gens et les personnes sincères prises dans le dilemme présent au sein de cette église. Il leur recommande ces paroles de Christ : « vous connaîtrez la vérité et la vérité vous affranchira. »

L’historien anglais du dix-huitième siècle, Edward Gibbon, dans le quinzième chapitre de son œuvre monumentale, Le déclin et la chute de l’Empire romain, résume l’histoire de la religion chrétienne de la façon suivante :

« Le théologien peut céder à la tâche plaisante consistant à décrire la Religion comme descendant des Cieux, revêtue de sa pureté première. Un devoir plus triste est imposé à l’historien. Il doit découvrir l’inévitable mélange d’erreurs et de corruption qu’elle contracta durant son long séjour sur terre, au sein d’une race humaine faible et dégénérée. »

La dernière phrase de la citation précédente dépeint de façon lucide l’expérience des trente dernières années de ce que les ministres de l’Église Universelle de Dieu décrivent comme la seule et unique Église de Dieu. Le grand fossé entre la prédication et la pratique s’est encore élargi pendant les deux dernières années jusqu’au point de rupture.

On comprend les faiblesses humaines et on les tolère, sauf lorsque les leaders exigent des autres ce qu’ils ne veulent pas faire eux-mêmes. Quand les subordonnés croiront que leurs dirigeants font le bien et accomplissent les devoirs du leadership, ils seront prêts à faire presque n’importe quoi ― ils iront aussi loin que faire se peut ―, mais quand les subalternes sont au courant de la corruption et de la duplicité régnant au sommet, ils ont le cœur qui se meurt. Voilà pourquoi les leaders ont une responsabilité si grande dans cette vie-ci. Et cette responsabilité n’est nulle part plus lourde que dans la religion.

Une des leçons que nous enseigne l’Ancien Testament est que, lorsqu’un roi de l’ancien Israël se corrompait, la nation suivait rapidement son exemple. Mais quand le roi était attentif à son devoir sacré, la nation faisait vitement volte-face et se purifiait. Le leadership revêt une très grande importance. Le leader d’une religion autoritaire produit un effet semblable sur ses disciples. S’il est droit et honnête, ceux à qui il enseigne s’efforceront d’en faire autant. S’il se corrompt, alors ses disciples y verront l’excuse pour dégénérer. Edward Gibbon reconnut le pouvoir et l’effet de la pureté des premiers disciples de Christ. Christ Lui-même fut le parfait exemple de la vie et de la foi chrétiennes, et Ses premiers apôtres marchèrent dans Ses pas.

Un des points initiaux de l’Église Universelle de Dieu est d’avoir affirmé que son leader en chef comblait un fossé de dix-neuf siècles permettant de retrouver la pureté de la première époque. Tout comme Christ avait débuté Son Église avec les apôtres par une communication directe avec eux, aujourd’hui, dans les derniers temps, l’on disait qu’Il guidait et dirigeait Son homme de foi et de pouvoir afin de préparer Son retour imminent. Seulement maintenant, nous affirmait-on, cet homme unique (HWA) était beaucoup plus important que les apôtres originaux parce qu’il était seul et qu’eux étaient douze ou plus. Non seulement cet homme était-il « l’unique » apôtre, mais également les Élie, Zorobabel et Moïse modernes, ainsi que le principal témoin d’Apocalypse, chapitre 11 !

Or, si toutes ces déclarations sont réellement vraies, alors le chemin de la sagesse veut que nous le sachions le plus tôt possible. Personne ne voudrait commettre une erreur monumentale à cet égard.

D’un autre côté, si cet homme profère de fausses déclarations, on voudra donc aussi le savoir afin de ne pas porter attention à ce qu’il dit. On ne peut exagérer l’importance de le savoir, que ce soit de l’un ou de l’autre côtés. Cette connaissance pourrait bien faire la différence entre la vie et la mort.

Si un homme suit le Christ et enseigne aux autres de faire pareil, il sera franc, honnête, fidèle et homme de rectitude. La Bible appelle cela vertu. Dans les chapitres suivants, nous allons voir quel genre d’homme est Herbert Armstrong.

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[1] Note du Traducteur : Veuillez tenir compte du fait que le livre fut rédigé en 1980. HWA est décédé en 1986 à l’âge de 93 ans.




D.126 – Regard nouveau sur Jésus-Christ

 

Extrait du Chapitre 2 du livre Exploding the Israel Deception (Explosion de la fraude au sujet d’Israël) 

Par Steve Wohlberg

 

Dans cet article, nous allons commencer à pousser sur le bouton qui fera exploser la « Fraude au sujet d’Israël ».

Environ 800 ans s’étaient écoulés depuis l’époque du prophète Osée. L’horloge céleste prophétique atteignit finalement minuit. « Jésus étant né à Bethléhem, de Judée, au temps du roi Hérode… » (Matthieu 2:1). Du fait que le roi Hérode se sentait menacé sur son trône par ce rival potentiel nouvellement né, il lâcha ses soldats et les « envoya tuer tous les enfants de deux ans et au-dessus qui étaient dans Bethléhem » (Matthieu 2:16). Or, Dieu avait averti à l’avance Joseph de ce massacre. « Après qu’ils furent partis, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, et lui dit : Lève-toi ; prends le petit enfant et sa mère, et t’enfuis en Égypte, et te tiens là jusqu’à ce que je te le dise » (verset 13). Donc, la famille se leva et « se retira en Égypte » (verset 14).

La phrase suivant Matthieu 2:14 est, dans ses implications prophétiques, de la stature d’une bombe atomique. Sous l’inspiration du Saint-Esprit, Matthieu a écrit que Joseph, Marie et Jésus demeurèrent en Égypte « jusqu’à la mort d’Hérode. C’est ainsi que s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par le prophète en ces termes : J’ai appelé mon Fils hors d’Égypte » (verset 15). Réalisez-vous ce que vous venez de lire ? Matthieu cite Osée 11:1 qui, dans son contexte historique, se référait à la nation d’Israël appelée à sortir d’Égypte à l’époque de Moïse. Pourtant, ici, l’écrivain évangélique relève ce texte et le déclare « accompli » en Jésus-Christ ! Ici, Matthieu commence à révéler un principe qu’il développera tout au long de son livre. L’apôtre Paul a aussi enseigné le même principe, comme nous allons le voir.

Rappelez-vous que la première fois où le nom d’Israël est employé dans la Bible, c’est un nom spirituel qui est donné à un seul homme, dont le nom fut Jacob (Genèse 32:28). Ce nom était en rapport avec la victoire spirituelle de Jacob. Or, au tout début du Nouveau Testament, le même nom commence à être appliqué à l’Homme unique, au Victorieux, à Jésus-Christ.

Il y a tant de parallèles entre l’histoire d’Israël et l’histoire de Jésus-Christ ! Dans l’histoire hébraïque, un jeune homme du nom de Joseph, qui avait eu des songes, s’en alla en Égypte. Dans le Nouveau Testament, nous voyons un autre homme nommé Joseph qui fit des rêves et s’en alla en Égypte. Lorsque Dieu appela Israël hors d’Égypte, Il appela cette nation « mon fils » (Exode 4:22). Quand Jésus est revenu d’Égypte, Dieu dit : « J’ai appelé mon Fils hors d’Égypte. » Lorsque la nation d’Israël quitta l’Égypte, le peuple traversa la Mer Rouge. « Ils ont tous été baptisés … dans la mer » (1 Corinthiens 10:2). Dans le troisième chapitre de Matthieu, nous lisons que Jésus-Christ fut baptisé dans le Jourdain afin « d’accomplir tout ce qui est juste » (verset 15). Ensuite, Dieu appelle Jésus « mon Fils bien-aimé » (verset 17).

Après que les Israélites aient traversé la Mer Rouge, ils passèrent 40 ans dans le désert. Immédiatement après que Jésus eut été baptisé dans le Jourdain, Il fut « emmené par l’Esprit dans le désert » pendant 40 jours (Matthieu 4:1-3). À la fin des 40 jours, Jésus résista aux tentations du diable en citant trois Écritures. Toutes provenaient du Deutéronome, le livre même que Dieu avait donné à Israël à la fin de ses 40 ans dans le désert ! Qu’est-ce que cela signifie ? Cela veut dire que, dans le livre de Matthieu, Jésus répète l’histoire d’Israël, point par point, et Il remporte là où ils échouèrent. Il devient le nouvel Israël, le Prince de Dieu, l’Homme victorieux qui triomphe de tout péché.

Après avoir guéri un grand nombre de gens, Jésus « leur défendit fortement de le faire connaître ; 17De sorte que fut accompli ce qui avait été dit par Ésaïe le prophète en ces termes : 18Voici mon serviteur que j’ai élu, mon bien-aimé en qui mon âme a pris plaisir ; je mettrai mon Esprit sur lui, et il annoncera la justice aux nations ; 19Il ne contestera point, et ne criera point, et on n’entendra point sa voix dans les places ; 20Il ne rompra pas le roseau froissé, et il n’éteindra pas le lumignon qui fume encore, jusqu’à ce qu’il ait rendu la justice victorieuse » (Matthieu 12:16-20).

Matthieu fait ici la même chose qu’il a faite avec Osée 11:1. Il cite Ésaïe 42:1-3 qui, dans son contexte d’origine, réfère au « serviteur » de Dieu, c’est-à-dire, « Israël … mon serviteur » (Ésaïe 41:8). Encore une fois, sous l’inspiration du Saint-Esprit, le rédacteur du premier livre du Nouveau Testament déclare qu’Ésaïe 42:1-3 a été « accompli » par le « serviteur » de Dieu, Jésus-Christ !

Qu’en est-il de certains autres versets, censément arides, à propos de la nation d’Israël ? Il est temps de les arroser aussi. Ils doivent croître pour être des arbres qui touchent le ciel. Dans Psaume 80:8, Israël a été appelé « une vigne ». Or, Jésus-Christ a déclaré : « Je suis le vrai cep » (Jean 15:1). Dieu a parlé de la nation d’Israël comme de « mon fils, mon premier-né » (Exode 4:22). Pourtant, l’apôtre Paul a plus tard appelé Jésus-Christ « le premier-né de toutes les créatures » (Colossiens 1:15). Le prophète Ésaïe a appelé Israël « la race d’Abraham » (Ésaïe 41:8). Paul a cependant écrit : « Or, les promesses ont été faites à Abraham et à sa postérité. Il n’est pas dit : Et à ses postérités, comme s’il s’agissait de plusieurs ; mais comme d’une seule : Et à ta postérité, qui est Christ. » (Galates 3:16).

Ce dernier texte est le plus clair et le plus explosif de tous ! Dans l’Ancien Testament, Dieu appelle définitivement « Israël … la race [postérité] d’Abraham » (Ésaïe 41:8). Or, Paul, ici, écrit que la postérité d’Abraham ne se rapporte pas à « plusieurs », mais à « une seule … qui est Christ ». Ainsi, nous découvrons donc que, dans le Nouveau Testament, ce qui s’appliquait originalement à la nation d’Israël se rapporte maintenant à Jésus-Christ. Le Messie est aujourd’hui la « postérité ». Par conséquent, Jésus-Christ est Israël !

Or, il y a plus. Dans la Genèse et Exode, le nom d’Israël ne se référait pas seulement à un seul homme victorieux, à Jacob, mais aussi à ses descendants qui devinrent Israël. Le même principe se dévoile dans le Nouveau Testament. Juste après sa déclaration disant que Jésus est « la postérité », Paul dit ensuite à ses convertis gentils : « Et si vous êtes de Christ, vous êtes donc la postérité d’Abraham, et les héritiers selon la promesse » (Galates 3:29). Donc, dans le Nouveau Testament, non seulement le nom d’Israël s’applique-t-il à l’Homme victorieux, la Vraie Postérité, Jésus-Christ, mais également à ceux qui sont de Christ. Les croyants en Jésus font partie de « la postérité ». En d’autres termes, les véritables chrétiens sont maintenant l’Israël spirituel de Dieu.

Dieu a passé une alliance avec les douze tribus d’Israël, au pied du Mont Sinaï. Des sacrifices d’animaux furent offerts. Puis, « Moïse prit donc le sang, et le répandit sur le peuple, et dit : Voici le sang de l’alliance que l’Éternel a traitée avec vous » (Exode 24:8). À la fin de Son ministère, Jésus-Christ traita une nouvelle alliance avec les douze apôtres, dans une chambre haute, sur le Mont Sion. Avant de S’offrir Lui-même comme le Sacrifice suprême, notre Seigneur a déclaré : « Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui est répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés » (Matthieu 26:28). Qu’est-ce que cela signifie ? Cela veut dire que Jésus-Christ, la Vraie Postérité, traita là une nouvelle alliance avec un nouvel Israël !

Les secondes s’égrènent. Le temps passe vite. Ces faits fondamentaux du Nouveau Testament vont revêtir une signification toute explosive lorsque nous allons plus tard examiner ce que le livre de l’Apocalypse enseigne réellement à propos d’Israël, le temple, Babylone la Grande et Armageddon.




D.124 – Le bouleversant principe de deux Israëls

 

Extrait du chapitre 3 du livre Exploding the Israel Deception (Explosion de la supercherie sur Israël)

Par Steve Wohlberg

Avez-vous déjà été si durement frappés sur la tête que vous en voyiez double ? Eh bien, de ce que j’ai étudié, le monde chrétien a besoin de se faire taper sur la tête avec la vérité du Nouveau Testament ! Alors, plus de chrétiens encore vont commencer à voir double au sujet d’Israël. D’après le Nouveau Testament, il y a maintenant deux Israëls ! La preuve ? Paul a écrit : « …tout ceux qui descendent d’Israël, ne sont pas Israël » (Romains 9:8). Dans cet article, nous allons découvrir qu’il y a un Israël « selon la chair » (Romains 9:3), et un Israël selon l’Esprit, composé de Juifs et de Gentils qui ont une foi personnelle en Jésus-Christ.

Paul a écrit : « Comme il est dit d’Abraham : Il crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice ; 7Sachez donc, que ceux qui ont la foi, sont les enfants d’Abraham. » (Galates 3:6-7). Paul a pour argument qu’Abraham eut la foi, donc, ceux qui ont la foi sont ses enfants. Nous pourrions qualifier ce concept de « lignée par la foi ». Cette vérité est comme une clé qui peut ouvrir une serrure dans notre cerveau. Une fois la serrure débarrée, nous pouvons dès lors comprendre le principe bouleversant de deux Israëls.

Jean-Baptiste avait compris et prêcha hardiment la vérité de la « lignée par la foi ». « En ce temps-là, Jean-Baptiste vint, prêchant dans le désert de Judée … Mais quand il vit venir à son baptême plusieurs des pharisiens et des sadducéens, il leur dit … Et ne pensez pas à dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ; car je vous dis que, de ces pierres, Dieu peut susciter des enfants à Abraham. Et la cognée est déjà mise à la racine des arbres : tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit est coupé et jeté au feu » (Matthieu 3:1, 7, 9-10).

Ces pharisiens et sadducéens faisaient partie d’Israël selon la chair. Ils n’avaient pas la foi comme Abraham et, pourtant, ils croyaient être ses enfants. Jean-Baptiste fit la lumière sur cette désillusion. Il tonna : « Ne croyez pas cela ! » Jean-Baptiste mit ensuite la hache dans la racine de l’arbre en disant que si ces hommes ne portaient pas de « bon fruit » par la foi, comme Abraham le fit, ils seraient alors « coupés et jetés au feu » (verset 10). Donc, la lignée naturelle ne suffit pas en elle-même. Sans la foi et une relation spirituelle avec Dieu, ces hommes sont condamnés.

Jésus-Christ a enseigné la même vérité. Un jour, un certain groupe de Juifs Lui dit : « Notre père est Abraham. » Jésus leur répondit : « Si vous étiez enfants d’Abraham, vous feriez les oeuvres d’Abraham » (Jean 8:39). Ils proclamaient être les enfants d’Abraham, mais ils n’avaient pas la foi. En disant : « Si vous étiez enfants d’Abraham, » Jésus nia leur réclamation. Christ continua : « Mais maintenant vous cherchez à me faire mourir, moi, un homme qui vous ai dit la vérité que j’ai apprise de Dieu ; Abraham n’a point fait cela. 41Vous faites les oeuvres de votre père » (Jean 8:40-41).

Ils répondirent : « Nous avons un seul Père, c’est Dieu. » Puis, « Jésus leur dit : Si Dieu était votre Père, vous m’aimeriez, parce que c’est de Dieu que je suis issu, et que je viens … Le père dont vous êtes issus, c’est le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il n’a point persisté dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il dit le mensonge, il parle de son propre fonds ; car il est menteur, et le père du mensonge … Celui qui est de Dieu, écoute les paroles de Dieu ; c’est pourquoi vous ne les écoutez pas, parce que vous n’êtes point de Dieu » (Jean 8:41-42, 44, 47).

Quel texte explosif ! Ici, Jésus-Christ Lui-même émit des paroles qui font éclater en morceaux une large portion des théories prophétiques maintenues actuellement dans le monde évangélique. Jésus parlait à des gens qui se déclaraient Israélites, se réclamant enfants d’Abraham. Or, ils n’étaient Israélites que par la chair ! Jésus leur dit qu’ils n’étaient réellement pas des enfants d’Abraham. Du fait qu’ils n’avaient pas la foi et qu’ils suivaient des mensonges, leur lignée remontait, en réalité, jusqu’à Satan, le père du mensonge ! Bientôt, nous séparerons les vérités de Dieu des mensonges de Satan, lorsque nous examinerons ce que l’Apocalypse enseigne vraiment au sujet d’Israël, des 144 000, de Babylone et d’Armageddon.

Jésus-Christ enseigna également ce même concept de « lignée par la foi » dans Jean, au chapitre 1. Un Juif spirituellement bien disposé, du nom de Nathanaël, se demandait si Jésus de Nazareth était vraiment le Messie. En retrait, dans son coin favori sous un figuier, il priait à ce sujet. Bientôt, un ami à lui l’introduisit auprès du Sauveur. Quand Jésus vit Nathanaël venir à Lui, Il dit : « Voici un véritable Israélite, en qui il n’y a point de fraude » (Jean 1:47).

Nathanaël possédait un lignage naturel qui remontait à Abraham. Cependant, il avait plus. Dans sa vie spirituelle, il avait remporté des victoires sur les ruses, c’est-à-dire, les supercheries. Lorsque Jésus discerna la lignée spirituelle de Nathanaël en regard d’Abraham et Jacob, Il le qualifia de « véritable Israélite ». Donc, comme l’homme Jacob devint un Israël spirituel, ainsi cet homme Nathanaël devint-il un véritable Israélite. Il faisait partie du vrai Israël spirituel de Dieu.

Comme il y a maintenant deux Israëls, il y a également aujourd’hui deux sortes de Juifs. Il y a des Juifs selon la chair et des Juifs selon l’Esprit. En avertissant certains Juifs qui brisaient les commandements, Paul écrivit : « Toi donc, qui portes le nom de Juif, et qui te reposes sur la loi, et qui te glorifies en Dieu … Il est vrai que la circoncision est utile, si tu observes la loi ; mais si tu es transgresseur de la loi, de circoncis tu deviens incirconcis. Si donc l’incirconcis [Gentil] garde les commandements de la loi, ne sera-t-il pas réputé circoncis, quoiqu’il soit incirconcis ? … Car celui-là n’est pas Juif qui ne l’est qu’en dehors, et la circoncision n’est pas extérieure en la chair ; mais celui-là est Juif qui l’est au-dedans, et la circoncision est celle du cœur, selon l’esprit, et non selon la lettre ; et la louange de ce Juif ne vient pas des hommes, mais de Dieu » (Romains 2:17, 25-26, 28-29).

Avez-vous saisi ? Quelqu’un qu’on appelle Juif parce qu’il est de la descendance physique d’Abraham et qui, pourtant, vit en brisant la loi, « n’est pas Juif ». Sa circoncision est devenue incirconcision. Pour Dieu, il est un Gentil. Et le Gentil qui, par la foi, garde « les commandements et la loi », son incirconcision est devenue circoncision. Donc, pour Dieu, il est Juif. Les enseignements de Jean-Baptiste, de Jésus-Christ et de Paul s’accordent tous à dire que la lignée naturelle ne suffit pas. Il dépend, pour que quelqu’un soit un « véritable Israélite », de la foi et du caractère spirituel de cette personne. Paul résume ainsi : « Car c’est nous qui sommes la vraie circoncision, nous qui servons Dieu en esprit, qui nous glorifions en Jésus-Christ, et qui ne mettons point notre confiance en la chair » (Philippiens 3:3). Tout le monde peut aujourd’hui devenir un de ces « Juifs », même si son père a été Adolph Hitler !

Ce concept de « lignée par la foi », de Juifs rendus Gentils et de Gentils rendus Juifs, nous amène à un des plus importants sujets que le monde évangélique a à affronter. Cette question est au cœur de l’interprétation prophétique. Nous y faisons face à deux options. Une est la vérité ; l’autre, le mensonge. L’une conduit au Royaume ; l’autre, possiblement à la géhenne.

Voici la grande question : « Qu’en est-il des promesses de Dieu faites à Israël dans l’Ancien Testament ? » Si nous en venons à conclure que ces promesses doivent être remplies pour l’Israël dans la chair, nous devons également conclure que Jérusalem et la nation juive moderne vont éventuellement devenir le centre de la bataille finale d’Armageddon. Mais si nous en venons à la conclusion que ces promesses peuvent légitimement être accomplies à l’endroit de l’Israël de Dieu selon l’Esprit, nous devons dès lors réétudier le livre de l’Apocalypse pour découvrir comment ses prophéties de la fin des temps s’appliquent aux chrétiens.

Paul traite de ce sujet détonant dans Romains 9:2-8. Ses paroles exigent une réflexion profonde. Avec un « continuel tourment dans le cœur », Paul parlait de ses « parents [les Juifs] selon la chair ; qui sont Israélites, à qui appartiennent l’adoption, la gloire, les alliances, l’établissement de la loi, le service divin et les promesses » (versets 2 à 4). Dieu a fait des promesses à Israël dans l’Ancien Testament. Or, qu’est-ce qui se passe si les Juifs ne croient pas en Lui ? Dieu peut-il remplir Ses promesses à un Israël incrédule dans la chair ? Si non, Sa Parole a-t-elle failli ?

La réponse de Paul à ces questions importantes est claire : « Ce n’est pas que la parole de Dieu ait failli ; car tous ceux qui descendent d’Israël, ne sont pas Israël » (verset 6). Remarquez que le concept de « deux Israëls » est l’assurance de Paul que la Parole de Dieu n’a pas failli ! Regardez attentivement : « tous ceux qui descendent d’Israël [la nation juive], ne sont pas Israël [l’Israël de Dieu]. » Donc, un Juif peut être de la nation juive et pourtant ne pas appartenir à l’Israël de Dieu. Maintenant, voici la question à haute teneur explosive : Pour quel Israël Dieu accomplira-t-Il Ses promesses ?

Paul poursuit : « Et pour être la postérité d’Abraham, ils ne sont pas tous ses enfants ; mais il est dit : En Isaac sera une postérité de ton nom » (verset 7). Puisque tous les descendants physiques d’Abraham ne sont pas automatiquement les enfants de Dieu, Ses promesses sont donc pour ceux « en Isaac ». Abraham eut deux fils. Le premier, Ismaël, naquit selon la chair. Le second, Isaac, naquit lorsqu’Abraham eut foi en la promesse de Dieu (Genèse 16:1-3, 15 ; 21:1-3 ; Romains 4:18-21). Dans Galates 4:22-31, Paul révèle qu’Ismaël représente les Juifs non croyants, alors qu’Isaac représente et les Juifs et les Gentils qui ont la foi ! « Pour nous, frères, nous sommes les enfants de la promesse, de même qu’Isaac » (Galates 4:28). Les enfants de la promesse sont ceux qui ont reçu « par la foi l’Esprit qui avait été promis » (Galates 3:14). Ainsi donc, l’Israël qui est « en Isaac » est l’Israël de Dieu selon l’Esprit !

Paul conclut : « C’est-à-dire, que ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu ; mais que ce sont les enfants de la promesse qui sont réputés être la postérité » (Romains 9:8). Voici un résumé de l’argumentation de Paul : 1) Dans l’Ancien Testament, Dieu fit des promesses à « la postérité d’Abraham » ; 2) Cette postérité devait se continuer « en Isaac » ; 3) Isaac naquit par la foi ; 4) Isaac représente ceux qui ont la foi ; 5) Tous ceux qui ont la foi — Juifs et Gentils — « sont réputés être la postérité » ; 6) Cette postérité est « l’Israël de Dieu » ; 7) Dieu accomplira Ses promesses pour le compte de cet Israël-là et ainsi « la parole de Dieu » n’aura pas été « sans effet », même si plusieurs Juifs naturels ne croient pas ! Donc, nous avons la réponse au sujet dont la signification veut tant dire dans l’interprétation de la prophétie. La Bible est claire. Dieu remplira Ses promesses faites dans l’Ancien Testament à l’endroit de ceux « en Isaac », c’est-à-dire, à l’endroit de Son Israël selon l’Esprit. Ceux qui ne sont seulement que « les enfants selon la chair ne sont pas les enfants de Dieu, mais ce sont les enfants de la promesse qui sont réputés être la postérité » (Romains 9:8). Nous ne devons pas nous attendre à ce que Dieu accomplisse Ses promesses pour le bénéfice d’un Israël non croyant selon la chair, à moins, bien sûr, que ces Israélites naturels choisissent de croire en Jésus-Christ.

Nous allons examiner une autre section « atomique » avant de clore cet article. Que signifie la question de Paul : « Dieu a-t-il rejeté son peuple ? » Ce verset est cité partout dans le monde dans le but de prouver que Dieu n’a pas rejeté l’Israël selon la chair. Or, notez la réponse de Paul : « Nullement ; car je suis moi-même Israélite, de la postérité d’Abraham » (Romains 11:1). Remarquez que Paul utilise son propre exemple afin de prouver que Dieu n’a pas « rejeté son peuple ». Qui est « son peuple » ?

Dans les trois versets suivants, Paul fait référence à l’apostasie d’Israël à l’époque d’Élie. Dieu dit à Élie : « Je me suis réservé sept mille hommes, qui n’ont point fléchi le genou devant Bahal » (verset 4). Au temps d’Élie, il y avait aussi deux Israëls. L’un suivait Bahal, alors que l’autre suivait Dieu. Ensuite, Paul en fait l’application : « Il y en a donc aussi qui ont été réservés en ce temps, selon l’élection de la grâce » (verset 5). Comme il y avait un reste fidèle d’Israël au temps d’Élie, de même à l’époque de Paul il y avait aussi un reste de Juifs croyants qui, comme lui-même, avaient été sauvés par la grâce. C’est le peuple de Dieu, ce reste spirituel que Dieu n’a « certainement pas rejeté ».

Bientôt, nous verrons cette question traitée dans le livre de l’Apocalypse. Comme aux jours d’Élie, nous sommes présentement au centre d’une terrible apostasie. Pourtant Dieu a aujourd’hui Ses « sept mille » qui n’ont pas « fléchi le genou devant Bahal ». C’est Son fidèle reste, Son Israël selon l’Esprit. Comme Élie, ils seront du côté de Jésus-Christ et de la vérité à Armageddon.




D.119 – Lorsque le fleuve d’Euphrate s’assèchera

 

Extrait du Chapitre 10 du livre

Exploding the Israel Deception (Explosion de la supercherie sur Israël)

Par Steve Wohlberg

« Le sixième ange versa sa coupe sur le grand fleuve de lEuphrate ; et son eau sécha, pour que le chemin des rois de lOrient fût préparé » (Apocalypse 16:12). Pour comprendre correctement cette prophétie, nous devons tout d’abord étudier certains éléments de l’histoire biblique ancienne concernant Israël et Babylone. En 605 avant J.C., « Nébucadnetsar, roi de Babylone, vint contre Jérusalem et lassiégea » (Daniel 1:1). Jérusalem fut conquise et Israël fut amené captif pendant 70 ans (Daniel 9:2). Après ces 70 ans, il se produisit un étonnant jeu de circonstances. L’Euphrate s’assécha, Babylone fut conquise par l’est et Israël fut délivré. Comme nous allons bientôt le voir, cette histoire pose le décor d’une compréhension véritable d’Apocalypse 16:12.

L’ancienne ville de Babylone était sise sur le fleuve de l’Euphrate (Jérémie 51:63-63). Un mur entourait la cité. Le fleuve Euphrate traversait Babylone en entrant et en sortant par deux grilles garnies de pointes dont les barres d’acier s’enfonçaient jusqu’au fond de la rivière. Lorsque les doubles portes étaient fermées et que toutes les autres entrées étaient closes, Babylone s’avérait inexpugnable. L’ancienne Babylone en était fort « orgueilleuse », « une coupe d’or, qui enivrait … les nations … de son vin » (Jérémie 50:32 ; 51:7). Pourtant, elle devait tomber soudainement et être détruite (Jérémie 51:8). Ensuite, Dieu devait appeler Israël en lui disant : « Sortez du milieu d’elle, mon peuple » (Jérémie 51:45). Comme nous allons le voir, ces paroles exactes sont répétées dans le livre de l’Apocalypse à l’Israël spirituel à propos de l’importance qu’il y a à sortir de la Babylone moderne (Apocalypse 17:4-5 ; 18:2-8).

En l’an 538 avant J.C., lors de la nuit de la chute de Babylone, son roi et ses sujets étaient ivres de vin (Daniel 5). Les gardes le furent aussi et ils oublièrent de fermer entièrement les portes doubles. Plus de 100 ans auparavant, Dieu avait prédit, concernant Babylone et l’Euphrate : « Sois desséché, et je tarirai tes fleuves » (Ésaïe 44:27). Le Seigneur avait aussi parlé de « Cyrus » qui conquit Babylone, en disant : « Cyrus, que jai pris par la main droite, pour terrasser devant lui les nations et délier les ceintures des rois, pour ouvrir les portes devant lui, tellement quelles ne soient plus fermées » (Ésaïe 45:1). Dieu appelle Cyrus « mon pasteur » et « son oint » (Ésaïe 44:28 ; 45:1). Ainsi donc, Cyrus était une préfigure de Jésus-Christ. Et il venait « du Levant » (Ésaïe 46:11) !

Dans le British Museum de Londres repose le célèbre Cylindre de Cyrus. Il décrit comment Cyrus, général du roi Darius, conquit Babylone. Cyrus et son armée creusèrent des tranchées en amont, le long du fleuve Euphrate. En détournant l’eau, la rivière baissa graduellement de niveau dans son lit traversant la ville de Babylone. Personne ne le remarqua. À la nuit tombée, au plus fort des festivités bien arrosées de Belshatsar, le niveau devint assez bas pour permettre à Cyrus et à ses hommes de se glisser sous les grilles des portes doubles demeurées ouvertes. Rapidement, ils se répandirent dans la cité condamnée, tuèrent le roi (Daniel 5:30) et conquirent Babylone. Par la suite, Cyrus émit un décret laissant aller Israël (Esdras, chapitre 1).

Le livre de l’Apocalypse utilise les événements, la géographie et la terminologie de l’Ancien Testament, et les appliquent ensuite de manière universelle à Jésus-Christ, à l’Israël de Dieu et à la Babylone moderne de la fin des temps. L’échec à bien discerner ce principe a mené à une mauvaise compréhension générale d’Apocalypse, une concentration fausse sur le Proche-Orient et à la supercherie !

Dans Apocalypse, chapitre 17, un saint ange dit à l’apôtre Jean : « Viens, je te montrerai le châtiment de la grande prostituée, qui est assise sur les grosses eaux … Et il me transporta en esprit dans un désert ; et je vis une femme assise sur une bête de couleur écarlate, pleine de noms de blasphème … La femme … tenait à la main une coupe d’or … Et sur son front était écrit un nom : Mystère : Babylone la grande, la mère des fornicateurs et des abominations de la terre » (Apocalypse 17:1, 3, 4, 5). Jean vit cette femme « en esprit ». Puissions-nous de même être « en Esprit » afin de comprendre cette prophétie !

Notez bien ceci. Jean voit une Mystère-Babylone « assise sur les grosses eaux ». Elle tient aussi « une coupe d’or », exactement comme nous l’avons lu dans Jérémie ! Or, cette « Mystère Babylone » n’est pas la même que l’ancienne ville de Babylone du Proche-Orient. Et les « grosses eaux » sur lesquelles elle est assise ne se réfèrent certainement pas de manière littérale au fleuve Euphrate qui coule aujourd’hui dans l’Irak moderne. Non ! L’interprète angélique de l’Apocalypse a dit : « Les eaux que tu as vues, sur lesquelles la prostituée est assise, sont des peuples, et une multitude, et des nations, et des langues » (Apocalypse 17:15).

Le génie de l’Apocalypse, c’est d’avoir utilisé l’histoire de l’Ancien Testament et de l’appliquer ensuite spirituellement à une Mystère-Babylone qui s’assoit maintenant sur « les grosses eaux » d’un fleuve Euphrate spirituel ! D’après l’ange, cette rivière de « grosses eaux » représente, en réalité, « des peuples, et une multitude, et des nations, et des langues » autour du monde qui supportent la Mystère-Babylone et ses séductions globales (Apocalypse 17:15 ; 18:23). Faisant écho aux paroles anciennes du prophète Jérémie, en les appliquant toutefois de façon spirituelle et globale, l’Apocalypse dit : « Elle est tombée, elle est tombée, Babylone, la grande ville, parce quelle a abreuvé toutes les nations du vin de la fureur de son impudicité » (Apocalypse 14:8).

L’erreur de ceux qui adoptent la méthode d’interprétation des prophéties « Proche-Orient littéral » de l’Apocalypse découle de :

  1. La croyance que ces prophéties doivent nécessairement se rapporter à l’Israël selon la chair ;

  2. un manque d’étude des racines historiques de l’Ancien Testament derrière les prophéties de l’Apocalypse ;

  3. un manque d’application de cette histoire à l’Israël selon l’Esprit et aux ennemis globaux du Seigneur, de manière spirituelle et universelle.

Les interprètes modernes appliquent habituellement les expressions « Babylone », « Euphrate » et « rois de l’Orient » à une ville littérale, à un fleuve littéral et à des armées littérales du Proche-Orient. Or, l’Apocalypse parle de ce « qui est appelée spirituellement Sodome et Égypte » concernant une « Mystère Babylone », au sujet de « grosses eaux » qui représentent « des peuples, et une multitude, et des nations et des langues » (Apocalypse 11:8 ; 17:1, 5, 15).

Nous pourrions comparer cette question au fait de porter deux paires de lunettes différentes. Si nous portons les « lunettes d’un Proche-Orient littéral » et que nous lisons l’Apocalypse, nous « verrons » ces prophéties s’appliquer à un Israël selon la chair. Mais si nous portons les « lunettes du symbolisme du Proche-Orient », et lisons alors l’Apocalypse, nous « verrons » ainsi ces prophéties s’appliquer à l’Israël selon l’Esprit. Paul a écrit aux chrétiens : « Pour vous, vous n’êtes point dans la chair, mais dans l’esprit » (Romains 8:9). Si nous portons les mauvaises lunettes et que nous interprétons les prophéties selon la chair, nous allons nous retrouver plus aveugles qu’une chauve-souris ou une taupe. Mais si nous mettons la bonne paire de lunettes et que nous interprétons les prophéties selon l’Esprit, nous pourrons alors dire : « C’est que j’étais aveugle, et que maintenant je vois » (Jean 9:25).

Une femme, dans les prophéties, représente une église. L’Église de Jésus-Christ est appelée « Son épouse » qui « s’est parée » pour les noces de l’Agneau (Apocalypse 19:7-8). Cette femme nommée « Mystère-Babylone » représente une forme faussée du christianisme, qui s’est révoltée contre Dieu et qui conduit maintenant « des peuples, et une multitude, et des nations et des langues » hors de la vérité de Jésus-Christ ! Comme l’Israël ancien dans ses jours les plus sombres, cette Babylone moderne « s’est prostituée » (Ézéchiel 16:1-2, 15, 35). Elle enivre même aujourd’hui « toutes les nations » de « son vin » qui représente ses fausses doctrines. La Mystère-Babylone renie aujourd’hui « le mystère de Christ » que nous avons étudié au chapitre 7. Elle rebâtit un mur entre les Juifs et les Gentils — mur que Jésus-Christ avait aboli à la croix (Éphésiens 2:14-17).

Dans l’Ancien Testament, quand Cyrus a asséché un fleuve Euphrate littéral, Dieu a dit aux Juifs littéraux de sortir de la Babylone littérale. Dieu plaida ainsi : « Sortez du milieu delle, mon peuple, et que chacun sauve sa vie devant lardeur de la colère de lÉternel ! » (Jérémie 51:45). Ce même appel se fait maintenant entendre dans l’Apocalypse à ceux qui vivent au sein de la Babylone spirituelle. Dieu dit : « Sortez du milieu delle, mon peuple ; de peur que, participant à ses péchés, vous nayez aussi part à ses plaies » (Apocalypse 14:8).

À l’intérieur de la Babylone spirituelle d’aujourd’hui, il y a un grand nombre de chrétiens véritables qui servent le Seigneur au mieux de leurs possibilités. Cela s’applique à beaucoup de ceux qui enseignent, même actuellement, une fausse prophétie. Cependant, Dieu les appelle toujours « Mon peuple ». Dieu les considère avec miséricorde comme faisant partie de Son Israël spirituel. Mais ils sont dans la confusion ! Le mot « Babylone » signifie confusion. À cause de la confusion des religions mondiales d’aujourd’hui, spécialement en ce qui regarde la prophétie biblique, des millions d’enfants du Seigneur croient à de fausses théories à propos de la fin des temps. Pourtant, selon Apocalypse 18:4, Jésus-Christ nous appelle en ce moment à « sortir du milieu » de la confusion spirituelle et à pénétrer dans la vérité de Sa Parole ! Nous devons tous quitter Babylone avant qu’il ne soit trop tard ! Le fleuve va bientôt se tarir !

« Le sixième ange versa sa coupe sur le grand fleuve de lEuphrate ; et son eau sécha » (Apocalypse 16:12). « Babylone la Grande » est maintenant assise sur « le grand fleuve de l’Euphrate ». Le fleuve représente « des peuples, et une multitude, et des nations et des langues » autour du monde qui, refusant de sortir, continuent de soutenir les fausses doctrines de Mystère-Babylone. Bientôt, le « sixième ange » va verser « sa coupe sur le grand fleuve de l’Euphrate ». Cette coupe est l’une des sept « coupes de la colère de Dieu » (Apocalypse 16:1). Donc, c’est la colère de Dieu, et non pas la Turquie moderne, qui va assécher l’Euphrate ! Qu’est-ce que cela veut dire ? Tenez-vous bien. Cela signifie que la colère de Dieu sera bientôt déversée sur les gens qui persistent à supporter les supercheries de Babylone !

Lorsque les « peuples, et une multitude, et des nations et des langues » qui ont soutenu la Babylone moderne jusqu’à la fin subiront finalement la colère de Dieu, ils réaliseront alors qu’ils ont été trompés. Puis, ils « haïront la prostituée, la désoleront et la dépouilleront et mangeront ses chairs, et la consumeront dans le feu » (Apocalypse 17:16). Leur soutien envers Babylone s’évanouira. C’est ainsi que les eaux de Babylone seront asséchées, préparant le chemin aux « rois de l’Orient » (Apocalypse 16:12).

Cyrus est venu « du Levant » pour conquérir l’ancienne Babylone (Ésaïe 44:26-28 ; 46:11). Le mot levant veut dire « est ». Le mot « Cyrus » signifie soleil. Cyrus fut une préfigure de Jésus-Christ, le « Soleil de justice » (Malachie 4:2). Dans l’Apocalypse, les anges de Dieu arrivent de l’Orient (Apocalypse 7:2). Jésus a dit : « Car, comme l’éclair sort de l’orient et se fait voir jusqu’à l’occident, il en sera aussi de même de l’avènement du Fils de l’homme » (Matthieu 24:27). Jésus S’en vient de l’Orient avec les armées du ciel, en tant que « Roi des rois, et Seigneur des seigneurs » (Apocalypse 19:14, 16). Donc, les « rois de l’Orient » ne sont pas les Chinois, mais le Roi Jésus et Ses armées qui descendront bientôt des cieux, du Levant, pour conquérir la Babylone moderne et délivrer Israël à Armageddon !

Quel Israël Jésus va-t-Il délivrer ? Ce sera sûrement un Israël selon l’Esprit qui, ayant choisi de marcher selon l’Esprit, et d’interpréter la prophétie selon l’Esprit, a aussi choisi de « sortir » de Mystère-Babylone et oublier ses idées charnelles (Galates 5:16, 25 ; Apocalypse 18:4). Faisons partie de cet Israël !