T.030 – Se tromper de cible

N’est-ce pas une erreur bien humaine que de se tromper de cible ?

Nous nous fixons toujours des objectifs, même inconsciemment, et ce sont très souvent nos douleurs et nos hantises qui se prêtent à les définir. Nous pouvons ainsi passer notre vie à poursuivre des objectifs trompeurs et quasiment inatteignables, tandis qu’ils grandiront et gagneront en importance au fur et à mesure que nous nous en approcherons, d’où l’éternelle insatisfaction qui nous caractérise. Ou, bien au contraire, si ces objectifs sont aussi éloignés que les étoiles, les échecs en seront tout aussi nombreux. Alors, on finira, soit par se mentir – essayant malgré tout encore et encore et croyant que le prochain essai sera le bon – soit par se laisser mourir, car incapable de se fixer de nouveaux objectifs, ce qui conduit à la dépression.

La question n’est donc pas de pouvoir atteindre oui ou non nos précieux objectifs, mais il s’agit plutôt de chercher à les analyser et à comprendre. Je dois surtout être honnête quand j’examine ma volonté. C’est seulement ainsi que je prendrai conscience que je tiens dans mes mains le mauvais arc et que je vise la mauvaise cible.

Depuis plusieurs semaines, je projette un déménagement de 11 000 km par rapport au lieu où je me trouve. Il va sans dire que c’est une entreprise coûteuse : en terme d’argent, de temps, d’énergie et de démarches diverses. Le Seigneur est certes à mes côtés, mais je suis humainement seule pour tout organiser et pour tout faire.

Dieu sait combien ce projet me tient à cœur. Il sait que je n’ai sur toute la terre aucun endroit auquel je puisse prétendre appartenir, aucun lieu dans lequel j’ai pu planter racine, aucune patrie ici-bas avec laquelle je puisse m’identifier. Il sait qu’il n’y a aucune place où je me sente à ma place, aucune à part cette île, qui fut pour moi le lieu de rencontre avec mon Créateur et mon Rédempteur, lieu de conversion, lieu de baptême et point de départ d’une nouvelle vie en Christ, il y a maintenant onze ans. Il sait que depuis que j’ai quitté ce lieu, je n’ai jamais retrouvé ce que j’ai perdu, ni jamais retrouvé le privilège que j’avais d’être réellement accueillie.

Le Seigneur Jésus est très bien placé pour connaître cette étrange et douloureuse sensation que d’être un étranger là où l’on se trouve et de ne pas appartenir à cet endroit, ni à tous ceux dans lesquels on chemine ici-bas. Qui peut le comprendre mieux que Lui ? Il a quitté Son ciel de Gloire pour venir S’installer sur la terre de manière passagère, cette terre toute corrompue qui n’a rien de commun avec Son Royaume céleste tellement parfait. Il a également quitté Son foyer, le foyer de Sa jeunesse à Nazareth, où Il avait Sa famille, Ses amis et les coutumes de Ses ancêtres, sur lesquels tout Son peuple a fondé son identité. Il quitta tout cela pour devenir un nomade, un sans-foyer, un marginal itinérant qui parcourait les routes poussiéreuses de diverses contrées et cultures, Se faisant traiter de traitre et de « hors-la-loi ». Il ne retrouva plus sur terre la douce chaleur du village de Son enfance. Il sait combien cette sensation est cruelle et Il sait combien la solitude est amère.

Jésus sait tout cela et, dans Sa grande bonté compatissante, Il comprend ce qui m’anime. Mais pourtant, pendant de longues semaines, c’est comme s’Il S’était contenté de rester là, à me regarder et à attendre… Je déplorais Son attitude passive, tandis que je tentais par de nombreux efforts d’organiser mon déménagement. Souffrant de voir mon projet au statut de rêve abstrait et de ne pouvoir le concrétiser, je passais mon temps à faire mes comptes.

Comme le suggère la raison humaine, je calculais la somme de tout ce dont j’aurais besoin financièrement dans chaque étape de mon projet. Je calculais la somme de toutes les économies et gains possibles durant les mois jusqu’à la date de départ souhaitée. Et je calculais ce qui me restait encore à obtenir. Mais incapable de me fier à ces calculs, qui s’avéraient toujours faux et qui s’effritaient jour après jour comme des châteaux de sable, je refaisais sans cesse de nouveaux calculs…  Tout allait de travers et je manquais inlassablement ma cible : la somme à atteindre pour enfin réaliser mon projet.

Puis, quelque chose d’imprévisible arriva, à priori pour moi un grand malheur : j’eus un accident de voiture, provoqué toute seule par ma simple inattention, à force de réfléchir à l’argent qui me manquait et de ne pas me concentrer sur la route. C’est ainsi que je perdis ma voiture. Mon assurance-automobile ne pouvait intervenir, car là-dessus j’avais également cherché à économiser, souscrivant la formule la plus basique. Sachant cela, au moment de l’accident, je fus très angoissée : à mes yeux, c’était tout mon projet qui s’écroulait subitement. Pas de voiture, donc pas de travail. Point de travail, donc point d’économie. Et sans économie, pas de possibilité d’obtenir la somme fixée, donc impossible d’atteindre ma cible !

Paniquée et seule, tandis que je sortais du fossé dans lequel je m’étais enfoncée, je vis en face de moi arriver une voiture qui s’arrêta pour me faire signe de me retourner, ce que je fis aussitôt. J’aperçus un véhicule de police avançant vers moi, avec deux gendarmes qui arrivèrent à la rescousse. Ils s’occupèrent de tout et gérèrent la situation sans que j’aie besoin de faire quoi que ce soit. Un court moment après l’accident, ma voiture et moi furent emmenés par un dépanneur vers le garage du village le plus proche. Le garagiste se démena pour trouver, parmi ses voitures de prêt toutes en circulation, une qu’il puisse récupérer immédiatement pour la mettre gracieusement à ma disposition. En un rien de temps, je repartis travailler comme s’il ne s’était rien passé. Tout se passa si vite et fut si bien orchestré que j’en eus le souffle coupé.

Dieu savait exactement à quelle heure et en quel lieu j’aurais cet accident et Il mit tout en œuvre pour faire venir les bonnes personnes au bon moment, là où j’en avais grandement besoin. Cette expérience assez singulière eut pour effet de me détendre un peu. Mais cette sensation d’être serrée dans Ses bras fut malheureusement de courte durée, car, au fond de moi, je craignais plus que jamais pour la concrétisation de mon projet : pour mon objectif d’épargne, auquel j’attribuais de plus en plus d’importance. Je devrais certainement arrêter mon petit job bien lucratif, dont la condition requise est d’avoir un véhicule. Et je ne pourrais plus me servir de ma grande voiture pour le déménagement, mon plan initial étant de la faire transporter complètement chargée par bateau. Et le pire était que, de toute évidence, il me faudrait quatre fois plus de temps pour mettre la somme requise de côté…

Toute mon angoisse d’envola le jour où je reçus le rapport d’expertise : l’accident étant survenu pendant mon travail, l’assurance professionnelle prit en charge le sinistre en me dédommageant du dépannage et en rachetant ma vieille épave à un prix que je n’aurais pas osé imaginer. Cette sournoise angoisse repartit aussi vite qu’elle était venue, le jour où j’avais soudain perdu le contrôle de mon véhicule. Je compris alors que cet accident – qui m’avait fait lâcher les rênes de mon existence présente – était la manière surprenante et imprévisible dont Dieu avait agi : se servant d’un mal pour le transformer par des circonstances miraculeuses en bien, et pour apporter par ce biais solution et délivrance.

Ma manière de procéder n’était pas bonne et mon plan n’était pas celui du Seigneur. Je m’étais attachée à l’idée qu’il me faudrait travailler dur durant tous les mois qu’il me resterait avant le déménagement. Je laissais ma fille seule à la maison, dès le matin tôt, et de longues heures jusqu’au soir. J’étais physiquement trop épuisée par les heures de ménage pour être encore capable en rentrant de m’occuper correctement de mon enfant et de ma maison. Je n’en pouvais plus de courir et de tous ces trajets à foncer d’un domicile à un autre, de village en village, en craignant d’arriver en retard. Mais je me cramponnais à mon objectif qui trônait dans mon esprit sur un haut piédestal. Je prenais très souvent des analgésiques assez forts pour tenir le coup, croyant qu’il n’y avait pas d’autre moyen, pas d’autre chemin pour arriver à mon but. Puis, Dieu m’a soudain délivrée de ma fatigue et de mes obligations. Et Il m’a libérée de mon angoisse.

L’indemnisation de l’assurance est arrivée, trop peu pour racheter une bonne voiture, mais assez pour payer les billets d’avion : pour un adulte, un enfant et trois animaux de compagnie. Quelle joie ce fut d’être enfin en mesure de régler la question de l’avion ! Quelle délicieuse euphorie ! Je louais Dieu pour cela, mais ce fut de bien courte durée, car je commençai à sentir une nouvelle vague d’angoisse…

J’étais encore bien loin de la somme fixée, même en faisant abstraction des billets d’avion. Et surtout, je n’avais toujours pas trouvé de logement là où je comptais déménager. La cruauté du temps qui passe jour après jour, sans jamais vouloir s’arrêter un peu, accentuait l’intensité de ma crainte. N’ayant pas de solution d’hébergement, je ne pouvais en aucun cas risquer de nous retrouver dehors sous les ponts… J’attendais donc nerveusement que les choses se concrétisent avant de réserver le vol. C’était naturellement ma manière de procéder : d’abord m’assurer des conditions les plus sûres, puis agir. Mais, paradoxalement, cette attente m’éloignait encore plus de mon objectif, puisqu’elle réduisait chaque jour un peu plus les chances de partir le jour prévu au tarif souhaité. Quelle ambigüité était-ce là : chercher la sécurité et, dans cette mesure, la perdre !

Je compris enfin que, depuis le début, je m’étais trompée de cible. L’objectif à atteindre n’était pas de mettre une certaine somme de côté – aussi raisonnable cela paraissait-il – pour couvrir tous les frais liés au grand déménagement. Cette somme n’aurait jamais été atteinte. Et même si elle l’avait été un jour, l’objectif serait devenu plus grand et l’angoisse serait restée la même.

Le Seigneur, en me donnant par des circonstances miraculeuses la somme nécessaire pour l’achat des billets d’avion, ne m’avait-Il pas prouvé qu’Il pourvoie en temps voulu de Sa manière et selon Son plan ? Doit-Il Se confiner dans une méthodologie humaine ? N’a-t-Il pas le droit de choisir Ses méthodes ? N’y a-t-il pas, pour Lui, plus de gloire à réaliser des choses surprenantes que personne ne peut prévoir et que Lui seul connaît ? Se glorifierait-Il autant en suivant à la lettre un petit plan conçu par un humain qui n’y connaît pas grand-chose ? Doit-Il suivre la même chronologie que celle que l’esprit humain – prisonnier à l’intérieur de l’espace et du temps – impose à la raison de manière tout à fait catégorique et hermétique ? Et est-ce un témoignage de foi que de suivre un tel raisonnement ? Quel est donc le véritable objectif ?

J’ai compris que mon vrai objectif est de marcher par la foi, contrairement à l’habitude que j’avais prise de toujours tout calculer. Mon vrai objectif est de m’appuyer sur ce que Dieu me donne présentement, et non pas sur ce qui me manque encore. Mon objectif est de me fier à ce que Dieu est, et non à la fausse sécurité des placements, des certificats et des preuves. Mon objectif est de mettre mon cœur dans le cœur de Dieu : c’est-à-dire de ne compter que sur l’assurance qu’Il m’aime et sur Son omnipotence si je me confie en Lui.

Il me faut oublier l’ancienne cible et ne plus mettre ma foi dans des calculs chimériques qui n’aboutissent à rien, puisque je ne suis pas maître des circonstances. Je ne sais finalement pas grand-chose, car, dans ma condition humaine si limitée, je ne connais que peu de choses. En vérité, dans tout ce qui m’arrive, je ne suis sûre de rien ; mais il y a une certitude inébranlable et indéracinable : l’Amour tout-puissant de notre Dieu et Sauveur Jésus-Christ. Voilà désormais ce sur quoi je fonde la réalisation de mon projet, et non plus sur des critères terrestres et matériels.

A force d’attendre que les choses se concrétisent, je n’attrapais pas la main que Dieu m’avait tendue et je ne l’entendais pas me dire : « Voilà ma fille pour tes billets d’avion. C’est aussi simple que cela ». Mais nous autres, les humains, nous aimons bien nous compliquer la vie. Nous créons nous-mêmes la plupart de nos problèmes. Nous nous imposons des règles selon nos coutumes et nos traditions. Nous pensons que nos méthodes sont les seules qui soient valables et efficaces. Quelle erreur grossière ! Une erreur qui éloigne de Dieu, puisqu’elle est aux antipodes de la foi toute simple et authentique que Jésus nous a enseignée et par laquelle Abraham – notre modèle de foi – a marché. Cette fois enfantine et sincère qui nous remplissait à l’aube de notre vie chrétienne, alors que nous venions de nous convertir au système de valeurs de Dieu.

Mais le monde et son système de valeurs qui nous entourent en permanence reprennent si facilement le contrôle… Nous sommes comme des éponges qui nous imbibons du jus de la mentalité qui nous environne, le jus amer des croyances populaires de notre société. Quelle prison est-ce là ! Or, Jésus nous recommande de ne pas nous laisser influencer et de ne pas laisser le système qui nous entoure déteindre sur nous et sur notre manière d’agir. Il nous met en garde tout le long de la Bible, jusque dans l’Apocalypse lorsqu’Il S’adresse aux Églises.

La foi brise les murs de la prison. Par la foi, nous ne dépendons plus des circonstances ou des objectifs erronés que nous nous fixons si maladroitement. Nous ne dépendons plus que de Dieu et cheminons en nous laissant porter en toute confiance par Sa Grâce souveraine et Sa toute-puissance.

J’ai acheté les billets d’avion. J’ai changé mon idée à propos de la date. J’ai changé la chronologie de mes idées. J’ai changé de méthode. Et j’ai bien sûr avant tout changé d’objectif. Ce cheminement pédagogique m’a poussé à changer mes objectifs dans d’autres domaines également, puisque cette leçon ne se limite pas au sujet de la réalisation d’un projet ; elle peut s’étendre sur tous les sujets pour lesquels nous émettons un désir et nous nous fixons un but.

Par exemple, une personne qui se trouve beaucoup trop corpulente et d’une laideur accablante pourrait changer de cible en arrêtant d’essayer de maigrir et de s’acheter toute sorte de cosmétiques et de produits d’amaigrissement. Elle redéfinirait son objectif en visant le bien-être dans le corps que Dieu lui a donné, et en prenant soin d’elle sans chercher à se transformer. Elle y trouverait joie, santé et satisfaction. Elle rendrait gloire à Dieu en se découvrant un charme qui lui est propre.

Une personne qui ne plaît à personne peut avoir comme objectif grandissant celui de se marier, afin de prouver au monde et à elle-même qu’elle peut être aimée, que sa présence et sa compagnie peuvent être jugées agréables, puis, par cet être aimant, oublier sa profonde solitude qui n’a cesse de la torturer. Cette personne peut redéfinir ses objectifs en vivant par la foi en l’Amour du Christ pour elle et en se voyant mariée à Lui. Elle n’est pas forcée de faire abstraction de son désir, mais il reviendra se mettre au statut de désir, et non plus au statut de cible à atteindre à tout prix. Ainsi, le jour où l’amour viendra frapper à sa porte, cela aura évité de gâcher cette rencontre qui aurait pu facilement se fendre sous l’avalanche de l’impulsive obstination.

Pour chaque chose, il est bon d’examiner ses intentions, ainsi que la nature profonde des motivations qui nous habitent. En changeant de cible (objectif) et d’arc (méthode), on se rend compte que Dieu n’est plus un spectateur passif, mais qu’Il prend les rênes. Un grand soulagement vient s’installer dans le cœur du chrétien, même si la situation n’est pas encore complètement dénouée et si la délivrance n’est pas encore complète ou visible.

Gloire à Dieu, notre enseignant et pédagogue, qui n’a cesse de nous instruire : ceci car Il souhaite le meilleur pour nous, c’est bien cela Son objectif !

C’est sur cette base que j’ai effectué ce grand pas de foi : suivre la chronologie de Dieu et ne pas m’inquiéter pour demain, ni pour le jour de mon déménagement. Nous ne dormirons certainement pas sous les ponts en arrivant sur l’île. Je n’aurai pas non plus à mendier. Dieu – j’en suis sûre – nous réserve une belle surprise : en temps voulu, selon nos besoins et à Sa manière. Car Il agit peu par peu, au fur et à mesure, sans quoi le mot « foi » ne voudrait plus rien dire.

L’Homme, qui a construit des satellites, veut avoir une vue aérienne afin de connaître tous les endroits de la terre et de pouvoir mieux contrôler le monde, ce qu’il croit véritablement bien faire. Il en oublie que seul Dieu est Dieu ; Lui seul a une vue panoramique sur tous les évènements, en dehors de l’espace et du temps.

« Vous demandez, et vous ne recevez point, parce que vous demandez mal » (Jacques 4:3).

« Tenez-vous donc fermes dans la liberté, dont Christ vous a rendus libres, et ne vous remettez pas de nouveau sous le joug de la servitude » (Galates 5:1).

« Le but du commandement, c’est la charité, qui procède d’un cœur pur, et d’une bonne conscience, et d’une foi sincère » (1 Timothée 1:5).

« Or la foi rend présentes les choses qu’on espère, et elle est une démonstration de celles qu’on ne voit point » (Hébreux 11:1).

« Tout ce que l’on ne fait pas avec foi, est un péché » (Romains 14:23).

Soyez bénis !

Anne-Gaëlle




T.029 – Petites réflexions au crépuscule de la vie

Vivre chaque jour comme si c’était le dernier. Ne pas reporter à demain de devenir meilleur. Ne pas faire comme s’il me restait des décennies pour améliorer mon comportement.

Comprendre et assumer les conséquences de mes fautes et oser supplier Dieu de les réparer si je ne peux pas le faire moi-même.

Ne pas rejeter la responsabilité de mes actes sur mes conditions de vie et les épreuves que je traverse, car tant que je vivrai, je serai toujours éprouvée, et tant que le péché prédominera sur la terre, les conditions idéales ne peuvent pas exister.

Si je devais comparaître aujourd’hui devant Dieu, pourrais-je Lui dire « C’est à cause des mauvaises conditions dans lesquelles j’étais réduite à vivre » ? Ces circonstances présentes sont pour la plupart indépendantes de ma volonté. Mais elles sont étroitement liées à des choix que j’ai faits, même si je pensais ne pas avoir le choix. Or, j’ai toujours le choix : dans ma manière de réagir et de faire face aux difficultés.

Une plante essaie toujours de pousser et de grandir, quelques soient les paramètres et facteurs environnementaux. Plantée dans le désert ou dans un sol non fertile, elle va centrer tous ses efforts pour capter l’humidité, mettre en réserve la moindre goutte d’eau, mettre à profit chaque rayon de soleil et se protéger du vent ou de l’excès de chaleur. Tout sera naturellement mis en œuvre pour que, malgré sa « malchance », elle pousse quand même. Sa croissance sera certes lente et sa vie bien plus courte que les autres plantes, mais elle aura fait le maximum pour surmonter son handicap et atteindre son objectif biologique, qui est de grandir et de se reproduire.

Même les plantes ont des choses à nous enseigner, comme le sens de l’adaptation… Ne sommes-nous pas appelés à optimiser notre croissance spirituelle au beau milieu de nos « facteurs environnementaux » ? Ne sommes-nous pas appelés à assurer — même dans les milieux hostiles — une « reproduction spirituelle », fruit du témoignage chrétien ?

Ne pas craindre d’être trop mauvais pour servir Dieu. Si ce jour était le tout dernier de ma vie ici-bas, je ne dirais pas « Tant pis, je suis trop mauvais, je ne peux pas parler aux autres de l’amour de Dieu ». Je me dirais au contraire que recevoir et partager l’Amour de Dieu était ma raison d’être et que, s’il ne me restait que quelques heures, il ne faudrait pas perdre une seule miette de ma vocation, indépendamment de tout ce qui me freine.

Si je ne suis pas quelqu’un de bien et si cela se voit autour de moi. Si mon témoignage de vie est médiocre, car, au quotidien, je n’arrive pas encore à me maîtriser et à apprivoiser mon caractère rebelle ou impulsif : mon approche en tant qu’évangéliste — c’est-à-dire témoin de Jésus-Christ — sera différente de celle des « chrétiens modèles ». Mais en aucun cas je suis dispensée de témoigner ; le témoignage de la foi chrétienne ne leur est pas exclusivement réservé.

J’ai le droit — quelque soit ma faiblesse — de parler de la grâce de Dieu, parce que j’ai le droit de la vivre et puisque c’est justement elle qui me fait vivre.

La Grâce de Dieu, dont je m’abreuve chaque jour, est la base de mon témoignage : je suis petite, limitée, prisonnière dans tout ce qui m’éprouve continuellement, mais Dieu m’offre Son pardon et le privilège de Le connaître et de L’aimer malgré tout. Et jour après jour, même à pas de fourmi, Il me libère. Alors, ce témoignage, que je crois minable et honteux, est un véritable témoignage de la Grâce toute-puissante et imméritée de Dieu. Le diable voudrait que je ferme ma bouche et que je ne témoigne pas ; il veut que la honte soit et reste mon partage. Mais je dois vivre ma vocation, quelques soient mes défauts et mon comportement quotidien.

Je me déteste à cause de tous mes défauts, mais je m’aime grâce à l’Amour de Dieu. L’Amour de Jésus pour moi nettoie ma honte, essuie mon manque d’amour propre et me revêt de Son estime. Une douche céleste toujours disponible, chaque fois que mon mauvais comportement me salit. Ainsi, je peux combler le fossé entre la perfection que je désire en moi-même et l’imperfection qui me caractérise.

La perfection est attirante, mais paradoxalement souvent agaçante ou ennuyante pour nous autres, les humains. La tendance naturelle chez l’Homme est de toujours chercher la petite bête chez son prochain. Si l’on me pense visiblement trop parfaite, on cherchera sans relâche mes défauts et mes faiblesses, et on finira par les découvrir. On testera mes limites, on m’éprouvera jusqu’à ce que je montre ne serait-ce qu’une seule faiblesse. C’est ce qu’on appelle le harcèlement…

Ainsi se conduisent les humains. C’est pourquoi bien souvent on regrette amèrement de s’être montré trop bon. Alors, à quoi bon vouloir à tout prix cacher ses défauts ? On sera éprouvé d’une manière ou d’une autre : les défauts agacent l’entourage, mais la perfection est tout aussi dérangeante. L’absence apparente de défaut est parfois même un argument de rupture ; sans doute est-elle quelque peu difficile à vivre dans une relation.

Les personnes à priori parfaites sont effrayantes et parfois démoralisantes, car elles sont le miroir inversé de notre imperfection : on se sent petit et misérable à côté d’elles. Elles sont intimidantes ; on ose à peine leur adresser la parole. C’est sans doute l’effet que produisaient les beaux et prestigieux pharisiens, il y a 2 000 ans, sur le peuple de simples paysans sans grande éducation, ni vie religieuse assidue. Je n’aurais moi-même jamais osé les approcher.

Pourtant aux yeux de Dieu, la perfection sur terre n’existe pas encore : Il voit les défauts cachés aussi nettement que les défauts visibles. En vérité, même les personnes à priori irréprochables ont des luttes cachées qu’ils n’aiment pas mettre en lumière.

Jésus a rétabli dans la foi l’égalité entre tous : Juifs et non Juifs, citoyens libres et esclaves, riches et pauvres, hommes et femmes. Il en est de même à propos de l’évolution spirituelle : si mon aspiration la plus profonde est de Lui appartenir et de vivre à Sa Gloire, Il me place dans Son estime au même rang que les chrétiens irréprochables, parce que je vis par la foi en Sa Grâce, tout comme Abraham.

Cela ne me donne pas le droit de vivre n’importe comment et n’est pas un prétexte pour me contenter de ma médiocrité et ne pas évoluer. Au contraire, ce principe fondamental est le moteur de ma vie. Quand je me lève, quand je me couche, quand je tombe, quand je me sens misérable, c’est cela qui me permet de continuer à vivre sans abandonner le combat.

Quand je regarde les apparences, ce combat me semble tout à fait absurde. Mais l’apparente absurdité n’est qu’un mensonge, un argument de Satan, une arme pour nous réduire à néant. La Grâce de Dieu à elle seule anéantit l’absurdité de nos efforts éphémères et, donc, la soi-disant absurdité du combat : voilà la victoire que nous pouvons vivre dès à présent !

Je continuerai à prier, même si toutes mes prières commencent par « Je t’en supplie, pardonne-moi, Seigneur ». Je continuerai à écrire lorsque de nouvelles impulsions spirituelles bousculeront encore et encore mon esprit repentant. Je continuerai à partager ma lumière dans ces moments qui illuminent ma vie. Je continuerai à partager mes trésors, même si à mes yeux je suis plus pauvre que tous ceux qui aiment les recevoir.

Vivre chaque jour comme si c’était le dernier, c’est ne pas manquer une occasion de donner, même si l’on pense qu’on n’a rien à donner. C’est ne pas manquer une occasion de mettre de l’ordre, là où le chaos ou la confusion ont régné jusqu’à présent. C’est ne pas manquer une occasion de réparer les torts que nous avons pu causer. C’est ne pas manquer une occasion de nous rapprocher de Dieu, car notre dernière heure ici-bas, nous ne savons quand elle adviendra et il faut qu’elle soit vécue en toute conscience auprès de notre Père et Maître.

La fin d’une histoire est toujours plus importante que le début. Si elle commence mal, elle peut se terminer bien. Il faut qu’elle se termine bien. Si, jusqu’à présent, j’ai raté ma vie, même si je suis au crépuscule de mon existence terrestre : si je vis mon dernier jour dans le bain spirituel du véritable repentir et de l’Amour céleste, régénéré par une foi vivante, cette dernière journée à elle seule suffit pour remplir entièrement le livre de ma vie que je laisserai derrière moi. Les chapitres antérieurs auront été comme arrachés : l’Editeur ne s’en soucie guère.

La foi vivante, c’est la foi en la Grâce imméritée de Dieu, offerte par le biais du sacrifice de Jésus-Christ, notre Sauveur : foi qui transforme, qui ressuscite les morts et qui donne la vie éternelle.

Voilà peut-être le pourquoi de ma petitesse : être remplie ponctuellement de la grandeur de la Grâce divine et de sa Plénitude, ce qui à mon niveau ne peut être vécu qu’avec une grande intensité. Cela afin d’être un canal — même ponctuellement — de cette Grâce qui nous est accordée à nous tous aussi longtemps que Dieu le voudra.

Non, Satan, je ne me tairai pas.

Voici donc quelques notes, mes chers frères et sœurs en Christ, rédigées spontanément dans un moment de lutte personnelle, tandis que je traverse douleur et doute. Je me lève dans le noir et, à la lumière d’une lampe de poche, j’écris ces réflexions par peur qu’elles disparaissent aussitôt. Je vous les envoie, car je crois que beaucoup de chrétiens luttent et souffrent secrètement, beaucoup se pensent indignes de se voir comme des témoins de notre Seigneur, malgré leurs difficultés.

« Certainement c’est en vain que j’ai purifié mon cœur, et que j’ai lavé mes mains dans l’innocence. Car je suis frappé tous les jours, et mon châtiment revient chaque matin » (Psaume 73:13-14).

Que Dieu purifie, non seulement votre cœur et votre corps, mais aussi votre regard, afin que vous puissiez vous voir selon Sa perception.

« Si donc quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature ; les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles » (2 Corinthiens 5:17).

Que Dieu vous accorde la Grâce de vivre pleinement la relation miraculeuse et privilégiée entre sauvé et Sauveur.

 « J’ai cherché l’Éternel, et il m’a répondu ; il m’a délivré de toutes mes frayeurs. L’a-t-on regardé ? On en est illuminé, on n’a pas à rougir de honte. Cet affligé a crié, et l’Éternel l’a exaucé, et l’a délivré de toutes ses détresses. L’ange de l’Éternel campe autour de ceux qui le craignent, et il les délivre. Goûtez et voyez combien l’Éternel est bon ! Heureux l’homme qui se retire vers lui ! » (Psaume 34:5-9).

Que Dieu vous donne la Grâce de vivre chaque jour qu’Il vous offre, comme si ce fut le dernier.

Soyez bénis,

Anne-Gaëlle

 




T.028 – Un sadique marionnettiste

Je désire de tout mon cœur revenir à Dieu. Je voudrais plus que tout que ma vie soit une louange, que mes paroles et le son de ma voix soient remplis de Son Amour et que mon attitude soit le reflet de mon adoration.

J’ai touché les bas-fonds de la misère. Je ne crois pas qu’il soit possible de tomber plus bas. Mais le Seigneur ne m’a pas exterminée, Il m’a laissé vivre et, tandis qu’Il m’observait avec Ses saints anges, Il n’a pas baissé les bras, ni ne m’a abandonnée. Je ne mérite pas Son Amour à mon égard. Je ne mérite rien de tout ce qu’Il me donne.

Le diable m’a fait danser une danse diabolique et je n’ai rien pu faire pour couper le fil : comme une marionnette misérable, je me suis laissée contrôler et je l’ai laissé me dicter ma conduite. J’avais si honte que je voulais mourir. Comment Dieu pouvait-Il m’aimer encore ? Comment pouvait-Il accepter un traître, une créature insupportable qui, même si elle fut jadis Son enfant bien-aimée, s’était corrompue, noyée, perdue dans le gouffre de la vilénie ?

Mais je suis bien en vie. La danse diabolique est finie. J’ai compris qu’il y a une porte de secours pour échapper au sadique marionnettiste. Cette porte, je veux la prendre.

« Que ses bien-aimés triomphent avec gloire ; qu’ils poussent des cris de joie sur leur couche ! Les louanges de Dieu sont dans leur bouche, et l’épée à deux tranchants dans leur main » (Psaume 149:5-6).

Cette épée peut couper le fil du marionnettiste, aussi épais soit-il. C’est la Parole de Dieu plus tranchante que la méchanceté de Satan et plus puissante que sa soif de destruction.

« Que tout ce qui respire loue l’Eternel ! » (Psaume 150:6).

C’est pour cela que je respire encore. C’est pour cela que je suis encore vivante.

J’ai perdu tant de temps, tant d’énergie à lutter amèrement dans un mauvais combat. Mon ennemi n’est pas ma fille qui se rebelle de plus en plus, ni les personnes qui me font du mal, ni même aucun être humain sur la terre, ni moi-même et tous mes défauts. Mon ennemi est invisible et il œuvre sournoisement jour et nuit, tandis que dans mon orgueil d’enfant de Dieu, je me pensais trop chrétienne pour tomber sous son influence. Mais cet ennemi qui m’observe sait comment provoquer ma chute ; il y est parvenu à de nombreuses reprises.

« Ce n’est pas contre la chair et le sang que nous avons à combattre, mais contre les principautés, contre les puissances, contre les princes des ténèbres de ce siècle, contre les puissances spirituelles de la méchanceté dans les lieux célestes » (Éphésiens 6:12).

« Le diable, votre ennemi, rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer » (1 Pierre 5:8).

Plus bas que terre, j’ai le choix entre mourir ou revenir à Dieu. Le Christ a dit à la femme misérable qui avait été prise en flagrant délit et qu’Il a relevée : « Va et ne pèche plus » (1 Jean 8:11). Il m’a dit la même chose, mais j’avais trop honte, car j’étais incapable de suivre sa directive, incapable de couper le fil du sadique marionnettiste. La Bible raconte-t-elle si cette femme a réussi à changer et à dominer ses mauvais penchants ? A-t-elle immédiatement réussi ? On imagine que oui, car cette rencontre avec le Maître, qui l’a sauvé de la condamnation, a certainement transformé sa vie. Sa bouche n’était plus remplie de désirs inassouvis, mais de louanges pour son nouveau Maître.

Si je respire, c’est pour Le louer. Je ne suis certes pas digne de le louer, ni d’espérer faire partie un jour de Ses élus pour régner. Mais j’ai des poumons et je respire, alors je suis apte à Le louer. C’est ainsi que je veux vivre désormais. Je voudrais me délecter de Sa Grandeur, me rassasier de la splendeur de Ses attributs divins et demeurer dans cette douce béatitude, à Ses pieds chaque jour.

Mon ennemi sourit déjà : il n’est pas convaincu de sa défaite. Il viendra m’infliger la prochaine épreuve et la prochaine tentation. Mais il se peut que je ne la remarque même pas, si toute mon attention est plongée dans la grandeur du Tout-Puissant, Créateur des cieux et de la terre.

Si je regarde bien, quand une difficulté me harcèle au point de me faire tomber d’une manière bien misérable, je prends conscience que pendant ce temps le doigt de Dieu avait soulevé d’autres fardeaux ; ceci afin de ne pas être éprouvée par trop de choses à la fois…

« Aucune tentation ne vous est survenue, qui n’ait été une tentation humaine. Or, Dieu est fidèle, et il ne permettra point que vous soyez tentés au-delà de vos forces ; mais avec la tentation il vous en donnera aussi l’issue, afin que vous puissiez la supporter » (1 Corinthiens 10:13).

Oui, Dieu se soucie de moi quand je tombe, et même si ma conduite L’offense énormément. Il est rempli de tristesse de me voir avoir changé, de ne plus être moi-même. Et Il me laisse vivre pour que j’aie encore une chance de me ressaisir.

« Pourquoi es-tu irrité, et pourquoi ton visage est-il abattu ? Si tu fais bien, ne relèveras-tu pas ton visage ? Mais si tu ne fais pas bien, le péché est couché à ta porte, et son désir est tourné vers toi ; mais toi, tu dois dominer sur lui. » (Genèse 4:6-7).

Comment le pourrais-je ? Le passé m’a montré mille fois que j’en suis incapable. Ce  sont les mots que mon ennemi me murmure chaque jour. Ce qu’il veut, c’est que je mette un terme à ce conflit en m’ôtant la vie, c’est à priori la seule solution humaine à ma portée. Mais si j’étais morte, je ne pourrais plus louer Dieu et je ne serais plus jamais une bénédiction pour quelqu’un ici-bas. Je ne pourrais pas non plus étudier la Vérité et la partager au temps voulu par Dieu. Voilà suffisamment de raisons pour lesquelles le diable s’acharne à tout mettre en œuvre pour m’anéantir. Sans oublier qu’en me détruisant, il atteint indirectement Dieu puisqu’il touche au fruit de Son Amour, celle en qui Il avait mis Son Saint-Esprit et qui était sous Sa protection.

Il y a pourtant une autre solution : celle de rester en vie, de respirer, de louer Dieu et de Lui faire confiance.

Mon attitude déplorable mériterait la mort ; elle est suffisante pour provoquer sur la terre la colère de Dieu. Mais Il ne S’est pas mis en colère contre moi, Il n’a pas arrêté mon cœur pour que je ne respire plus. Il m’a gardée en vie et même protégée, tel un vieil objet rouillé et crasseux qu’Il considèrerait comme étant précieux, car ayant sans doute l’intention un jour de le récurer et de laisser apparaître la véritable couleur de cet objet, enfouie sous la crasse…

« L’Éternel est compatissant et miséricordieux ; lent à la colère et abondant en grâce » (Psaume 103:8).

Alors, cela constitue en soi un bon projet et une bonne résolution : rester vivante pour louer Dieu de tout mon être et ne plus honorer le diable. Le Seigneur a le pouvoir d’enlever toute la saleté, toute la rouille spirituelle. En plaçant ma foi dans Son Sacrifice et en Le louant sincèrement de manière constante, je Le laisse purifier mon être intérieur et je me place sous Sa protection, au cœur de Sa Présence.

« Tu es le Saint, qui habites au milieu des louanges d’Israël » (Psaume 22:4).

Il y a une croyance qui s’avère extrêmement fausse : on a tendance à croire qu’à force de grandir dans la foi et d’augmenter ses connaissances de la Vérité, on est à l’abri au-dessus de l’ancienne condition de pécheur. On pense à tort qu’à un certain stade, il est plus dur pour le diable de nous atteindre et qu’il n’essaie même plus, car nous faisons partie des anciens, de « l’invulnérable élite » des élus de Dieu. Mais la vérité est que plus on en sait sur la Vérité et plus on devient la cible de Satan. Et plus on acquière d’expérience et de sagesse divine, plus il fait preuve de ruse et de finesse pour nous atteindre.

« Que celui qui croit être debout, prenne garde qu’il ne tombe » (1 Corinthiens 10:12).

Le plus sage de tous les rois que la terre a comptés n’a-t-il pas fini sa vie dans la plus absurde des idolâtries ? Sa foi si solide s’est transformée peu à peu en incertitude et en quête d’autre chose. Je ne suis pas plus que Salomon et je remercie le Seigneur que son déclin soit mentionné dans la bible ; cela m’aide à comprendre et à louer Dieu pour Sa patience et Sa miséricorde envers moi, dont le cœur bat encore, malgré tout le mal que j’ai fait. Je n’envie pas Salomon pour sa sagesse. Je n’envie personne parce que la Grâce qui m’est offerte est si grande que je ne voudrais l’échanger pour rien au monde. Dieu me laisse vivre. Il me laisse le temps de prendre conscience de mon état, ceci sans que je m’endorme dans mon péché. Tant de personnes sont mortes sans avoir pu se repentir, sans avoir pris conscience de la nécessité de louer Dieu, ni de connaître leur raison d’être ici-bas.

Le diable cherche toujours à détourner notre attention de l’essentiel pour nous amener à nous concentrer sur des choses secondaires, des éléments passagers, nous faisant croire qu’ils sont au centre et qu’ils sont durables. Les épreuves paraissent toujours insurmontables et interminables. Puis, nos échecs et nos chutes semblent inavouables et impardonnables. Mais en vérité, notre perception est déformée par la loupe satanique placée devant nos yeux. En louant mon Créateur et mon Rédempteur, je brise cette loupe.

Il n’y a qu’en Dieu que je peux trouver le recul et le repos dont j’ai besoin pour affronter le passé (ses conséquences), le présent (mes épreuves) et l’avenir (imperceptible) ; sans crainte et sans honte, sans m’attarder sur des détails éphémères que mon esprit humain cherche sans relâche à photographier et à répertorier.

Louer Dieu, c’est arrêter de m’inquiéter, arrêter de m’irriter, arrêter le temps et me blottir dans Ses bras de Père. Prendre conscience que je respire et respirer dans Sa Présence. Comprendre que si je suis là, c’est uniquement par Sa Grâce. Comprendre qu’Il est le Maître de ma vie et que c’est Lui et Lui seul qui fait battre mon cœur.

« Louez l’Éternel ! Car il est bon de psalmodier à notre Dieu, car il est doux, il est bienséant de le louer. C’est l’Éternel qui bâtit Jérusalem, qui rassemble les dispersés d’Israël ; qui guérit ceux qui ont le cœur brisé, et qui bande leurs plaies. Il compte le nombre des étoiles ; il les appelle toutes par leur nom. Notre Seigneur est grand, et d’une grande puissance ; son intelligence est infinie. L’Éternel soutient les humbles, et il abaisse les méchants jusqu’à terre. Chantez à l’Éternel avec des actions de grâces; psalmodiez sur la harpe à notre Dieu » (Psaume 147:1-7).

« Faites tout à la gloire de Dieu » (1 Corinthiens 10:31).

Que le Seigneur offre à tous ceux qui dansent la mauvaise danse la Grâce d’en prendre conscience et de réaliser la chance immense qu’ils ont aujourd’hui de saisir l’occasion de se ressaisir ainsi que de comprendre ce qui se trame réellement dans les coulisses invisibles.

Que Dieu leur accorde comme Il me l’a accordé la faculté de se relever et, tant qu’ils respirent, de Le louer de toute leur âme : comme seuls peuvent le faire ceux qui ont été sauvés et rachetés à si grand prix.

Soyez bénis,

Anne-Gaëlle




T.027 – Amour ou parodie

L’amour humain est imparfait. Souvent maladroit, il piétine le cœur de l’être aimé, croyant pouvoir le rendre heureux. Il cherche à contrôler, à dicter sa propre définition du bonheur ou de la réussite. Il opprime et oppresse, il asservit pour sa propre cause. L’amour humain est un dictateur inconscient qui avance aveuglément en croyant bâtir un empire, mais en courant à sa perte. Il détruit plus qu’il ne croit construire.

Il veut toujours assujettir l’objet de sa convoitise. Il croit connaître le bon chemin, il le voit tout tracé, comme s’il était Dieu. Mais une mère connaît-elle le chemin que ses enfants emprunteront un jour ? Un époux sait-il combien de temps il partagera sa vie avec sa conjointe, combien d’années leur restent à demeurer ensemble ? Le véritable ami respecte-t-il vraiment le choix de l’autre sans essayer de lui imposer son opinion, ni de le convaincre de changer d’avis ?

L’amour humain peut être cassant, blessant ; ses eaux troubles sont souvent la source de nombreux conflits et de terribles drames. On croit connaître l’objet de son amour, comme un objet familier que l’on connaît par cœur et que l’on pense posséder et, souvent, on se trompe. Les dégâts sont parfois pharaoniques : c’est tout un empire qui s’écroule…

L’amour humain cherche à tenir l’être aimé en laisse, souhaitant le garder toujours à sa portée. Il veut le rendre docile, lui dicter sa conduite et le transformer. Il souhaite changer la personne à sa convenance, et ceci avant même de se donner à elle : l’amour humain ne se donne pas gratuitement.  Il est sournois et rusé, même s’il n’en a pas l’apparence puisque, bien des fois, il semble dépourvu de mauvaises intentions. Quand il offre quelque chose, si cette chose n’est pas utilisée selon son propre désir, il cherche à se la réapproprier, ne serait-ce qu’en critiquant l’usage et en en déplorant la perte. L’amour humain mesure, compte, pèse, calcule. Il ne fait rien au hasard. Il prend un air généreux, mais bien souvent ses offrandes ne sont qu’un investissement judicieux pour son propre profit.

Le tableau que je peins est sombre. Sans doute semble-t-il que l’auteure de ce tableau ait connu beaucoup de déceptions et de drames. Elle peint ce tableau avec le pinceau de la souffrance, car elle a peut-être été trop peu ou trop mal aimée. Mais ce n’est pas la frustration, ni l’amertume qui me fait peindre ce tableau de l’amour humain. C’est le désir de le comparer avec un autre tableau. J’ai l’intention de décrire combien l’Amour divin est plus beau, plus noble et plus salvateur.

L’Amour divin ne trouve pas sa raison d’être dans le désir de transformer l’objet de son amour. Il s’offre à lui sans condition. Il ne regarde pas à la fonctionnalité, ni aux intérêts. Il ne met pas la personne aimée dans une cage dorée en lui faisant croire qu’elle est libre. Au contraire, il lui montre la cage, il lui ouvre la porte et il lui apprend comment s’envoler.

L’Amour divin  ne dicte rien, n’impose rien qui puisse nuire à l’objet de son amour. Ce n’est pas un dictateur qui use de son autorité pour soumettre la personne à un chantage qu’il croit légitime. Aucun chantage ne peut être légitime, car le chantage est une violence. L’Amour divin n’use jamais de violence. Il ne frappe pas au visage, il n’humilie pas. Il pénètre au plus profond de l’âme et guérit l’humilié. Il n’enchaîne pas, mais il brise les chaînes.

L’Amour divin englobe l’être aimé sans l’étouffer. Il est comme l’eau chaude qui réchauffe le cœur transis de froid. Il est comme une caresse pour l’orphelin. L’Amour divin est doux et apaisant. Il n’emprisonne pas. Il n’oblige pas à suivre un chemin qu’il croit être le bon ; il est lui-même le chemin. Il se propose et attend patiemment. Il n’impose pas une recette toute faite, la recette des ancêtres qui ont fait comme ceci ou comme cela et dont il faudrait suivre les traces à tout prix. L’Amour divin compose avec tout un chacun d’une manière unique et différente. Ce n’est pas une école militaire. Il laisse l’objet de son amour choisir, réfléchir, hésiter, se tromper, et revenir. Il le laisse se perdre parfois, car il règne sur la forêt dans laquelle il s’égare.

Tout ce que fait l’Amour divin se fait avec tendresse, au nom de la tendresse. On ne fait pas la guerre au nom de la tendresse. L’Amour divin n’est ni violent, ni égoïste. C’est parce que les humains sont égoïstes qu’ils deviennent violents. Cherchant à imposer à tout prix leur volonté, ils oublient le sens de l’amour qui est de se diriger vers l’autre et non vers soi-même. La personne divinement aimée est au centre. L’Amour divin crée une terre, des astres, tout un univers pour l’objet de son amour. Dans cet univers, il lui permet d’explorer toute la création et ses propres limites. Il lui permet de se cogner, mais aussi de s’épanouir. L’être humain est au centre de cet univers ; mais perdu dans sa contemplation, il croit que c’est l’univers qui est au centre. Pourtant, si ce n’était pas l’être aimé qui est au centre, la création n’aurait aucun sens.

Dans les contes, il arrive que le roi ou la reine enferme la princesse dans une haute tour, la coupant du monde extérieur et la privant de vivre. Est-ce cela l’amour ? Mais la réalité n’est pas tellement différente… Imposer une manière de vivre, un mariage selon les intérêts familiaux. Imposer un métier, un lieu de vie. Imposer des règles, une religion. Transmettre un empire de père en fils. Imposer un titre, un statut, une place précise dans un groupe défini. Imposer son opinion politique, sa passion, sa raison de vivre ou de mourir. Tout cela est une prison pour celui ou celle qui ne l’a pas choisi. Tôt ou tard, l’être captif s’échappera de sa prison et sa tentative d’évasion causera bien des dommages, parce que fuir est un instinct, une course spontanée et dangereuse qui ne s’apprend pas. Or, l’Amour divin souhaite enseigner le vrai bonheur.

L’Amour divin voudrait que nous apprenions à être heureux, car la recherche du bonheur cause bien souvent le malheur : l’être humain, handicapé par la nature de son amour, cherche mal et au mauvais endroit. L’Amour divin veut enseigner le vrai bonheur, non par un chemin de destruction et de mort, mais par le don de soi et par le biais de notre nature spirituelle, qui nous relie à notre Créateur. Si malheureusement, c’est par un chemin de souffrance et de destruction que l’humanité finit par apprendre cette leçon, ce n’est pas dans la nature de l’Amour divin d’user de violence, mais dans celle de l’homme. Celui-ci cherche à obtenir le bonheur de manière autoritaire ou tyrannique : apprend-on ainsi à être heureux, à être aimé, à être libre ?

L’Amour divin ne harcèle pas, il ne s’impose pas et n’impose rien. Il se trouve et se donne, gratuitement, gracieusement, à qui le cherche et le réclame. Il ne se donne pas dans le but de grandir, de gagner en force et en gloire. L’Amour divin est déjà grand, fort et glorieux. Il n’a pas besoin de grandir. Il n’a besoin de personne pour être ce qu’il est. Il ne cherche pas des partisans pour défendre sa cause. Il se défend lui-même. Ce n’est pas un système qui cherche à monopoliser la terre et à assujettir les humains. Ce n’est pas une usine qui aurait besoin de nouvelles pièces pour parfaire l’engrenage et fonctionner à merveille, afin de susciter l’admiration des foules. La raison d’être de l’être humain n’est pas de fonctionner à l’intérieur d’une grande machine que l’on appelle un système. Sa raison d’être est simplement d’être un humain, une création de Dieu, et de rencontrer l’Amour de son Créateur. Rencontrer l’Amour qui l’a créé, modelé à l’intérieur du ventre de sa mère, qui l’a fait naître et qui lui a donné un nom. Rencontrer l’Amour qui est venu à sa rencontre ici-bas, qui l’a sauvé de la tyrannie de la guerre, de l’égoïsme et de tout ce qui se cache derrière le masque de l’amour humain.

Etre un être vivant, un être humain, et vivre. Se libérer de ses chaînes par la seule force qui en est capable : un amour supérieur à tout ce que nous pouvons connaître sur terre. S’envoler avec les ailes de la Vérité, qui nous porte au-dessus de toutes nos épreuves. Non pas fonctionner, mais vivre. Non pas chercher l’amour en essayant toute sa vie de le mériter, mais le recevoir. Le recevoir du Ciel, d’où il vient. Le recevoir de l’Esprit de Dieu, ce par quoi il est répandu dans nos cœurs assoiffés d’amour. Le recevoir de la main de Dieu, à travers Sa Parole, qui en est le récipient. Les autres coupes sont fêlées, elles ne peuvent rien contenir. Et surtout, savoir différencier l’Amour divin de l’amour humain, afin de ne pas tomber dans le piège de la fausse raison d’être et des fausses interprétations dans notre cheminement quotidien.

Que notre marche soit active ou passive, que nous ayons l’impression de faire des kilomètres ou de rester sur place, si cette route est la nôtre avec Dieu, marchons avec confiance à notre rythme. A chacun son rythme. A chacun sa manière de marcher. Que je cours ou que je boite, que je m’arrête sur le bord pour dormir un peu, que je grimpe sur la cime d’un arbre pour tenter d’apercevoir le prochain croisement, si Jésus-Christ est mon chemin, alors Lui seul a l’autorité et la meilleure façon de me montrer où aller et comment m’y rendre. Aucun humain ne peut faire cela. Il respectera ce que je suis, et ne me fera pas courir, si je n’en ai pas la force où s’il fait trop noir pour avancer.

Que l’Amour divin vienne remplir chaque parcelle de nos cœurs.

Qu’il garde nos yeux bien ouverts pour déceler les arrière-pensées de l’amour terrestre que nous côtoyons tous dans nos vies, et qui souvent nous laisse des séquelles.

Qu’il guérisse les blessures et nous donne un regard de miséricorde pour tous ceux qui croient bien faire, mais qui se trompent en causant autour d’eux du tort, directement ou indirectement. Qu’il nous apprenne à ne pas faire de même, mais à nous défaire de la triste habitude que nous avons tous : celle de nous assujettir les uns les autres.

« Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres ; car la charité vient de Dieu, et quiconque aime, est né de Dieu, et connaît Dieu. Celui qui n’aime point, n’a point connu Dieu, car Dieu est amour. L’amour de Dieu envers nous a paru en ce que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par lui. En ceci est l’amour, c’est que ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais que c’est lui qui nous a aimés et a envoyé son Fils en propitiation pour nos péchés. Bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres. Personne n’a jamais vu Dieu : si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour est accompli en nous. En ceci nous connaissons que nous demeurons en lui et lui en nous, c’est qu’il nous a donné de son Esprit » (1 Jean 4:7-13).

« Or, l’espérance ne trompe point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs, par l’Esprit-Saint qui nous a été donné » (Romains 5:5).

« Pour nous, nous avons connu et cru l’amour que Dieu a pour nous : Dieu est charité ; et celui qui demeure dans la charité, demeure en Dieu et Dieu en lui » (1 Jean 4:16).

Que Dieu vous garde.

Anne-Gaëlle




T.026 – De la perdition à l’adoration

Quand tout semble si sombre, dépourvu de clarté. Je ne vois que de l’ombre, je me sens oppressée. Mais où est la lumière dans cet océan ? J’entends le tonnerre et je tremble en-dedans… Mais que pourra bien m’apporter demain ? Quelle jouissance peut-on ressentir, quand la sournoise souffrance efface les sourires ? On ne voit ni devant, on ne voit ni derrière. J’avance chancelant, je prononce une prière

« Père, Toi qui enveloppe la terre. Vois-Tu comme je frémis, vois-Tu comme je pleure ? Mon âme n’a point d’abri, dans mon cœur je me meurs. Je cherche la quiétude et la sécurité, mais ma turpitude vient me tourmenter. Comment Te décrire en quel lieu je me trouve ? Je suis sur un navire, flottant sur les eaux troubles. Je ne vois pas de phare, je ne sais où aller… Je sais que tôt ou tard, il faudra naviguer.

Toi le Dieu souverain, Créateur de la Vie. Tu esquisses des destins, Tu gommes les tragédies. Si je pouvais T’entendre, je serais rassurée. Je ne voudrais dépendre rien que de Ta Bonté. Pourtant, souvent j’oublie combien Tu m’affectionnes, et la voix de l’ennemi dans mon esprit résonne : « Tu n’arriveras à rien. Mieux vaut-il disparaître… Il n’y a ni chemin, il n’y a ni Maître ! Dis-moi qui veille sur toi ? Personne ne te sauvera !».

Vérité faite chair, viens vite me secourir ! Ma crainte, fais-là taire, viens donc l’anéantir ! Crainte des obstacles et peur du lendemain. J’appelle Tes miracles, je recherche Ton dessein. Avec Toi, le futur ne peut être que beau : le ciel devient azur et l’air semble plus chaud. Oui, Ta simple présence fait toute la différence…  Et c’est au-travers de ce que Tu as créé que je peux compter le nombre de Tes bienfaits.

Je marche ici-bas dans Tes sentiers de gloire. Et tout ce que je vois me remplit d’espoir. Parce que ce soleil qui brille sans pareil, c’est Toi, oui, c’est bien Toi qui l’a inventé. Parce que ces étoiles illuminant la toile, céleste splendeur d’un ciel étoilé, c’est Toi, uniquement Toi, qui les a créées. Parce que cette terre aux multiples couleurs, placée dans l’univers à l’infinie grandeur, c’est Toi, Dieu Créateur, qui l’a engendrée.

Tout ce que je vois et tout ce que je touche : l’argile, la pierre, le bois, les yeux, la main, la bouche… Tout cela, et bien plus, est fait pour T’adorer. Pour mettre le focus sur Ta créativité. J’aime chaque brin d’herbe, j’hume l’odeur des plantes. En Toi rien n’est acerbe, tout, vraiment tout m’enchante ! Et tout ce que Tu fais ne peut être que parfait : ce que Tu as créé reflète Ta Beauté.

Ainsi, je me prosterne dans ma contemplation. De ce regard externe vient une introspection… Qui suis-je pour mériter un si grand Créateur ? Qu’ai-je donc fait pour avoir un Sauveur ? Y a-t-il quelque chose qu’Il ne puisse réussir ? S’Il est un Virtuose, peut-Il S’amoindrir ? Sans doute restera-t-Il éternellement le même : Son œuvre indélébile explique pourquoi je L’aime.

Alors, mon ennemi n’a plus rien à me dire : ma vie n’est pas à lui, il ne peut plus me nuire. J’appartiens à Jésus, mon cœur est dans Sa main. Il me pare de vertu et me guide vers demain. S’Il a conçu un plan pour toute l’humanité, Il a certainement à moi aussi pensé. Il sait chaque détail et chaque circonstance. Son Amour est sans faille, ainsi que Sa Puissance !

Bientôt, je connaitrai le chemin qu’il faut suivre. Il me faut patienter, m’ouvrir aux directives. L’Eternel Dieu n’est pas muet, Il parle de diverses manières. Il saura bien me montrer tout ce que je devrai faire. Rien de ce qu’Il demandera ne pourra être dangereux, car Il veillera sur moi : mon cœur, ne soit plus peureux ! Mes aspirations profondes ne sont pas un secret pour Lui : c’est quand la confiance m’inonde que vraiment je m’épanouie

Gloire à Dieu, Gloire à Dieu, Gloire à Dieu ! Que la Gloire du Seigneur descende des cieux ! Qu’elle descende dans le regard de tous ceux qui sont dans le noir… Que mes frères et sœurs connaissent le bonheur de se plonger dans la félicité du Créateur, par la contemplation de Ses œuvres. Adorer Dieu, c’est se trouver sur une route  neuve… et le Seigneur vous conduira : l’adoration est la clef de la foi.

Soyez bénis !

Anne-Gaëlle




T.025 – Dieu, ordonnateur du cheminement divin

Avec une vision rétrospective, je peux comprendre peu à peu ce que le Seigneur Tout-Puissant a voulu m’apprendre, vers quoi Il a voulu me diriger, et pourquoi Il a procédé ainsi. Ce n’est souvent que bien après avoir parcouru beaucoup de chemin que l’on peut avoir une image précise de l’itinéraire suivi, ainsi que de la carte routière divine. On découvre parfois des poteaux indicateurs que l’on n’avait pas vus comme tel au bon moment, mais dont le souvenir revient au fur et à mesure que la lumière se fait sur le véritable chemin. Dieu ne fait jamais rien par hasard…

J’avais une amie qui était israélienne ; je l’avais rencontrée dans l’église locale que je fréquentais quand je vivais dans le Sud de la France. Nous avions à peu près le même âge et elle était comme moi seule avec son enfant. Je la trouvais si attirante, car elle avait en elle l’adoration de notre Sauveur et qu’elle ne se conformait pas au monde. La rencontrer fut une grande bénédiction, puisque je ne fréquentais personne de mon âge et que j’étais dans une grande solitude.

Cette juive messianique était une chrétienne – selon la définition la plus populaire – mais elle mettait beaucoup d’emphase à souligner son appartenance juive, elle était attachée aux traditions de sa culture dont elle faisait l’éloge. Bien sûr, je l’admirais beaucoup, parce que n’ayant connu le Christ qu’à 24 ans, je ne pouvais m’empêcher de l’envier, elle qui avait toujours eu des racines et une religion. De plus, cette amie avait un certain charisme, un tempérament très fort et des dons à priori surnaturels. Elle eut un jour une vision de Jésus-Christ qui la fit tomber à genoux ; jusqu’à ce jour je ne saurais interpréter cela et je préfère m’en garder, car Dieu seul connaît la nature de cette vision.

Comme je cherchais la Vérité et que mes expériences dans les églises mondaines étaient toujours décevantes, je pensais trouver dans la communauté, avec laquelle elle était en contact, le véritable chemin à suivre. Je passais beaucoup de temps avec ma nouvelle amie et, peu à peu, elle commença à déteindre sur moi. Je me mise à faire le sabbat, à écouter de la musique hébraïque et à lire des messages de prédicateurs sionistes, expliquant que Jérusalem est le centre du monde et que le retour du Messie doit se faire là-bas. Etant persuadée depuis ma conversion que le retour de Jésus est très proche, je commençais à croire qu’il fallait nous rendre – nous les « véritables chrétiens » à contre courant des églises mondaines corrompues – en Israël pour y attendre le Christ. Mon amie avait ce projet, ainsi que d’autres partisans de ce mouvement de « retour aux racines juives ». Elle me parlait de kibboutz, petites communautés israéliennes qui vivent dans l’unité et le partage total, aux antipodes du matérialisme individualiste et oppressant, que je voulais fuir.

Nous parlions de notre projet de partir vivre au bord du lac de Tibériade nous joindre à d’autres chrétiens et d’y ouvrir ensembles une boulangerie pour avoir de quoi vivre jusqu’au retour de Celui que nous voulions attendre au bon endroit. Cela semble quelque peu étrange ou naïf, mais pourtant il faut savoir qu’il existe vraiment ce mouvement de retour en Israël, non seulement pour les juifs, mais aussi pour des chrétiens : les amoureux d’Israël. Mon amie pouvait se venter d’être les deux et cela m’impressionnait beaucoup. Malgré mes connaissances sur l’Évangile et l’assurance  qu’il n’y a plus de différence en Christ, je ne pouvais m’empêcher de l’admirer et de la prendre pour modèle.

Mais un jour, cette amie ne se comporta pas comme aurait dû le faire une personne chrétienne. Je me sentis trahie et je commençai à avoir des doutes sur ma volonté de la suivre en Israël. Plusieurs fois, elle fit preuve d’incrédibilité et je compris petit à petit que je ne pouvais pas me fier à elle. Certes, ceci ne concernait que de petites choses, mais celui qui n’est pas fidèle dans les petites choses, comment pourra-t-il l’être dans les grandes ?

Puis Dieu permit un évènement extrêmement douloureux qui vint mettre la lumière sur cette situation. Je me souviens avoir versé beaucoup de larmes, mais ces larmes furent salutaires ! Mon amie m’offrit la plus vive des trahisons en se joignant à un homme sadique et pervers qui avait décidé de me détruire : au lieu de vouloir me protéger et de se battre à mes côtés pour me défendre, elle plaça sa confiance dans ce païen sans foi ni loi qui racontait sur moi les plus viles calomnies et la priait d’avertir les services sociaux pour qu’on m’enlève ma fille.

Le responsable de l’église fut lui aussi sous sa coupe. Sans avoir fait quoi que ce soit de préjudiciable, j’avais soudain perdu ma crédibilité en temps que chrétienne et la confiance de mes frère et sœur en Christ. Quand la lumière se fit sur cette affaire, je demandai à mon amie et au « pasteur » de m’accompagner à la gendarmerie pour me soutenir dans ma démarche de poser une main courante, ceci dans la perspective de me protéger, puisque celui qui menaçait de détruire ma vie était en liberté et libre de ses actions. Mais je réalisai tristement que le lien fraternel n’était qu’une façade, tout comme la religiosité de ces personnes qui ne m’accompagnèrent pas et ne m’offrirent aucun soutien ; ils ne me demandèrent pas non plus pardon d’avoir douté de moi, ni de m’avoir indirectement causé du tort.

La trahison, la lâcheté et l’hypocrisie de ces « chrétiens » m’ouvrit les yeux sur le fait que je n’avais toujours pas trouvé la communauté de chrétiens véritables, hors de ce système corrompu, ni la Vérité que je cherchais tant concernant la fin des temps et le retour de Christ. Je cessai de fréquenter cette église locale, ainsi que les personnes sionistes, et je demeurai plusieurs mois sans assister à un culte, ni avoir aucune relation fraternelle dans mon entourage. Je me concentrai sur le chemin à parcourir, comme un cheval avec des œillères, jusqu’au jour où je pourrais quitter la région et, avec, mes mauvais souvenirs…

La meilleure manière de braver la tempête de l’hostilité, c’était pour moi de fixer au loin l’espoir lumineux d’un avenir meilleur où je pourrais trouver une communauté de vrais chrétiens, une église locale vivante où je pourrais m’engager et trouver la chaleur dont j’avais tant besoin. C’est ainsi que je partis dans une région éloignée, dans ce village perdu au milieu de nulle part, et que j’investis tout pour m’intégrer au sein de deux églises locales, une qui existait déjà et une qui commençait à naître, ainsi qu’à une association de femmes missionnaires ayant pour vocation de prier. Je parcourrais beaucoup de kilomètres pour me rendre à une rencontre, ceci plusieurs fois par semaine…

Mais, là aussi, la déception m’attendait. Le cercle missionnaire s’avéra être anti-biblique et les deux églises locales furent l’arène où se jouèrent des comédies grotesques qui me laissèrent plus froide qu’un glaçon. Dieu me montra peu à peu la supercherie et je ne savais tout d’abord pas quoi faire, car une vie sans église locale me semblait inimaginable. Mais l’hypocrisie m’attendait partout, je le savais bien, et je ne voulais plus placer mes espoirs dans de nouvelles assemblées qui, elles aussi, me décevraient. Ainsi je continuai d’aller au culte, tout en prenant du recul et en cherchant la Vérité par un autre biais.

 Je suivais des cours bibliques par internet et j’écoutais des messages prophétiques de « missionnaires » diffusés sur des chaines chrétiennes. Je passais mes journées à chercher la Vérité et à la demander à Dieu. Le problème, c’était qu’il y avait plusieurs enseignements : d’une part, ils parlaient de l’enlèvement de l’église avant la tribulation (ce qui est contraire à ce que dit l’Évangile de Matthieu), d’autre part, les messages sur l’Apocalypse inspiraient la peur et révélaient une image de Dieu si sombre et si dure que je n’en dormais presque plus. Le Dieu que je connaissais pouvait-Il laisser Ses enfants et disciples, dont Il avait pris soin pendant des décennies, se laisser subitement exterminer dans un bain de sang, sans les protéger ? Les temps de la fin sont interprétés de bien des manières, mais quelle interprétation est celle qui soit véridique ?

Je regardais des vidéos avec des visions du ciel et de l’enfer, visions données à des enfants, entre autres, si terrifiantes et déroutantes que je les pris d’abord au sérieux. Mais comment un Dieu d’amour pouvait-Il révéler de telles atrocités à des enfants ? Et je me demandais également comment ce Dieu d’amour pouvait-Il envoyer en enfer toutes les personnes qui n’ont jamais entendu parler de Lui, des personnes habitant aux quatre coins de la terre, dans les contrées les plus éloignées, là où aucun missionnaire n’est allé ? Depuis ma conversion, je ressentais une grande peine en pensant à tous ces pauvres gens, habitants des prairies de Mongolie, du nord glacé de l’Alaska, des montagnes du Népal et les habitants des petites îles inconnues et insignifiantes sur la carte… Il y aurait tant de gens qui seraient condamnés à brûler en enfer parce qu’ils n’ont pas connu le Christ, et cela ne pouvait pas me satisfaire, même si moi j’étais « sauvée ».

Ce fardeau avait été pendant de longues années, si lourd sur mes épaules ; je priais pendant des heures une liste interminable de noms en pleurant, suppliant le Père de les sauver eux aussi. Dans cette optique, on en vient facilement à se culpabiliser, ne serait-ce que pour le fait d’avoir la foi qui sauve quand des millions d’autres ne l’ont pas… Puis, chaque minute passée sans prier, sans intercéder, paraît comme une montagne d’égoïsme. Je n’étais pas libre en Christ, même si ma Bible le prétendait.

D’ailleurs, ma Bible… J’étais agacée de ne jamais pouvoir m’ancrer dans une version. Je cherchais désespérément la bonne, celle qui touchait au mieux mon cœur, celle qui était au plus près de la Vérité, mais sans la trouver. J’avais acheté une dizaine de bibles et chacune d’entre elles finissait sur une étagère, abandonnée et poussiéreuse. Je recommençais toujours avec zèle à personnaliser ma nouvelle bible, en notant des commentaires personnels, en surlignant, etc. Mais j’étais toujours indécise et la soif qui m’habitait n’était étrangement jamais satisfaite. Mais un jour, tandis que je cherchais à me documenter sur les différences entre les versions et traductions, je trouvai un document qui me révéla l’historique de toutes les traductions. Je fus sidérée, scandalisée, quand j’appris que de toutes les versions disponibles, il n’y en a que deux qui soient véritables et incorruptibles. J’étais surtout choquée en comprenant que celles qui étaient largement diffusées dans les églises ne sont pas inspirées par Dieu, mais par l’ennemi de la Vérité. Je m’achetai d’abord une Bible Martin, puis plus tard une Ostervald. Et une grande paix se fit en moi : la fin de la pérégrination entre les Ecritures.

Ainsi, je cheminais pas à pas vers la Vérité, discernant toujours mieux les tromperies et mensonges dans les enseignements et dans les églises locales. Dieu mit en lumière la fraude lors du dernier culte auquel j’assistai ; Il le fit avec une pointe d’humour, d’une manière tout à fait remarquable. Le pasteur lança avec insistance l’avertissement de se tenir le plus loin possible des faux docteurs et des faux enseignements, ceci sans se douter que cet avertissement le désignait lui-même ! Il cita un verset sur la Lumière et la Vérité, verset qui apparut au mur par le biais du projecteur qui s’éteignit subitement… Le pasteur s’excusa et bredouilla ne pas savoir pourquoi cela arrivait, accusant l’appareil, mais ne se remettant absolument pas en question ! Mais Dieu ne fait rien au hasard : la panne était survenue à ce moment précis où il était question de la lumière transmise par la Vérité et, comme les prédications s’appuyaient sur des doctrines mensongères, l’obscurité se fit pour illustrer concrètement le manque de vérité !

J’assistais à des scènes choquantes et j’entendais des choses grotesques, si bien que je décidai de ne plus remettre les pieds dans une de ces églises, ainsi que de ne plus fréquenter toutes ces personnes aveugles ou comédiennes, puisqu’aucune de ces personnes ne semblait apprécier mon cheminement, ni vouloir prendre part à mon questionnement trop complexe sur les différents sujets qui ne pouvait que troubler leur quiétude et les déranger. En effet, on m’avait souvent répondu à côté, une miette de réponse, ou bien cette ennuyeuse affirmation « on ne le saura qu’au Ciel… ».

Mais à propos du Ciel… J’appris un jour que le Ciel est un lieu inaccessible et qu’il n’est pas la destination des chrétiens, comme le prétendent la grande majorité des églises dans le monde. M’intéressant toujours plus aux évènements de la fin des temps, je trouvai un jour un site pas comme les autres : il était sobre et plein de clarté, avec des articles sur l’étude de l’Apocalypse – le livre que je rêvais de comprendre – écrits d’une manière simple et lumineuse pour que des chrétiens assoiffés de vérité la trouvent et la comprennent enfin. Et tandis que je lisais une à une les pages, des écailles tombaient de mes yeux et je comprenais mes erreurs. Un à un, les fardeaux générés par les fausses croyances tombèrent et je découvris la profondeur de la déclaration de Jésus : « vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira » (Jean 8:32).

Le site dont je parle, c’est celui où j’ai maintenant, par la Grâce de Dieu, le privilège de diffuser mes témoignages et réflexions. Entretemps, j’ai découvert bien des choses et j’ai parcouru du chemin. Et les rencontres et évènements cités plus hauts s’avérèrent être des poteaux indicateurs pour me montrer les chemins à ne pas prendre, et donc celui à suivre. Au-travers de l’étude de la prophétie sur les temps de la fin, je découvris que le mouvement sioniste – les amoureux d’Israël – travaillent, pour la plupart sans même s’en rendre compte, à préparer la venue, non pas du Messie, mais de l’Antéchrist, et qu’à ce jour, la Jérusalem terrestre n’est pas la capitale du Royaume de Dieu à venir, mais celle de Satan. Quelle duperie ! Et dire que peu s’en est fallu que je parte là-bas ! Quel aveuglement ! Et quelle grâce me fut accordée d’être libérée du filet de l’oiseleur !

J’appris qu’il y aura une résurrection après la nôtre : non pas pour envoyer tout le monde en « enfer », comme le prétendent la majorité des chrétiens, mais pour offrir à tous ceux qui ne l’ont pas eu la chance de connaître enfin la Vérité qui affranchit et de leur donner l’invitation qu’ils n’ont pas pu recevoir durant leur vie terrestre. En effet, comment un roi pourrait-il condamner ceux qui ne sont pas venus à sa rencontre s’ils n’ont pas eu connaissance de leur appel ? Ce genre de Dieu serait loin d’être équitable et compatissant ! Ainsi, toutes ces années à ployer sous le fardeau de la tristesse, de la pression et de la culpabilité vis-à-vis de la perdition des masses humaines – et plus particulièrement de ceux que j’affectionne – laissèrent place à une paix nouvelle et profonde : quel répit ce fut pour mon cœur de me confier dans une meilleure justice que celle que l’on m’avait faite avaler !

On m’avait toujours parlé de deux morts : d’après les pasteurs évangéliques, la première devait être la mort physique, phénomène naturel auquel personne ne peut échapper, la deuxième devait être la mort spirituelle, décrite comme la séparation d’avec Dieu, aboutissant à l’absence de Dieu : une éternité en enfer. Par Jésus-Christ, nous pouvons d’après eux échapper à la seconde mort, c’est-à-dire à la vie sans Dieu et à l’enfer. J’appris cependant que la deuxième mort, dont il est question dans la Bible, n’est pas à prendre au sens figuré, mais qu’il s’agit bel et bien d’une mort physique, comme la première, quoique celle-ci soit sans résurrection, sans immortalité. Il s’agit de la destruction finale des rebelles dans des flammes réelles, non pour l’éternité, mais pour leur suppression définitive.

J’appris que la grande évangélisation mondiale, prédite pour avant le retour du Christ, ne pouvait pas encore avoir lieu, quand bien même certains prétendent que ce phénomène se passe en ce moment. J’appris que la grande tribulation ne devait pas susciter de peur pour les élus de Dieu, car ceux qui garderont les commandements du Seigneur et l’amour de la Vérité seront marqués par un sceau et bénéficieront d’une protection divine. J’appris que seuls les ouvriers de la dernière heure perdront leur vie : prix à payer pour avoir attendu jusqu’à la dernière minute avant de choisir la Vérité. J’appris que la grande évangélisation se produira dans cette dernière phase de l’histoire humaine et que le Maître qui reviendra pourra ainsi trouver Ses loyaux serviteurs en train de faire l’œuvre à laquelle ils ont été appelés.

Voici l’immense fardeau qui tomba de mes épaules : le Christ ne pouvant pas revenir à n’importe quel moment – contrairement à ce qu’enseigne la plupart des érudits pastoraux – la crainte de ne pas être prête à Son retour se dissipa. Tandis qu’avant, je me sentais indigne et inutile, et que je n’étais parfois même pas sûre de mon salut, parce que, selon mon jugement, je ne faisais pas le travail missionnaire auquel nous sommes appelés à participer ; je fus soudain libérée de mon tourment. Si la grande évangélisation n’a pas encore commencé et que, pour l’instant, les choses se mettent seulement en place, le Maître ne peut arriver avant l’heure et punir Ses serviteurs qui attendent sagement et veillent avant d’entrer en scène accomplir l’œuvre divine au temps voulu par Dieu.

J’appris que, dans le Royaume de Dieu, il y aura ceux qui gouvernent et ceux qui seront gouvernés. Cette vérité n’est pas plaisante pour les pasteurs terrestres qui, déjà, cherchent à gouverner sur la terre et croient gouverner au Ciel… Pourtant, un jour ils apprendront qu’un royaume qui n’est fait que de rois, un royaume sans sujets est un leurre. Ils pourront s’estimer heureux si Dieu leur pardonne leurs erreurs et leur offre la Vérité ; ainsi auront-ils peut-être une place parmi le peuple, mais ils devront de soumettre aux gouverneurs et au Roi des rois.

La Vérité amena à chaque pas une nouvelle lumière et une nouvelle délivrance. Je découvris peu à peu la liberté en Christ. Et le manque que je ressentais vis-à-vis des célébrations de culte à l’église se dissipa également. Autrefois, je culpabilisais si je manquais ne serait-ce qu’une réunion. Mais au fur et à mesure que la Vérité m’a remplie et que j’ai gagné en discernement spirituel, la culpabilité est passé sur l’autre bord : je la ressentirais si je retournais dans ces églises mondaines où règne le mensonge et la compromission. Je dois dire que l’auteur de l’esclavage, ce n’est pas Dieu, mais les faux pasteurs, qui tiennent leurs brebis captives afin de les manipuler.

Une des dernières réunions d’étude biblique, quelques semaines avant le dernier culte, il se passa quelque chose d’étrange qui fut bel et bien un signe précurseur de ma séparation d’avec « l’Église de Laodicée ». Alors que je n’avais presque rien dit de toute la réunion – parce que le thème étudié était toujours le même et qu’il était si inintéressant, comparé au thème central de la fin des temps qui me préoccupait plus que tout – je profitai du seul moment où j’avais l’occasion et le plaisir d’élever la voix, c’est-à-dire, dans un chant de louange. Je ne pensais à rien, j’étais blasée de ne rien avoir appris ni reçu dans cette réunion, mais heureuse de pouvoir malgré tout compter sur Dieu et Lui témoigner mon amour en chantant. C’est alors que, brusquement, le pasteur s’adressa à moi et me dit « de la part de Dieu » : « Dieu a beaucoup de plaisir en toi, parce qu’Il voit combien tu L’aimes, combien tu es attachée à Lui, que tu veux Le servir, mais surtout Il Se réjouit à ton sujet à cause de ton refus de te compromettre. »

Je ne veux pas attribuer à cet homme le statut de prophète, mais Dieu lui a vraisemblablement permis d’énoncer une vérité qui aurait dû le faire réfléchir et, par là, d’annoncer que désormais mon chemin ne pourrait plus être le leur, mais que nos chemins allaient se séparer, parce que Dieu a mis en moi l’amour de la Vérité.

Ainsi, main dans la main avec mon Seigneur, j’ai sauté le pas, j’ai quitté la compromission. Le prix à payer est l’isolement, mais Dieu travaille à ce que bientôt, je ne sois plus seule. Et en attendant, Il m’a accordé l’immense privilège de partager avec mes frères et sœurs en Christ de la terre entière tout ce qu’Il a mis en moi. Il m’a donné cette place, ici parmi vous, pour vous édifier, vous encourager et vous réconforter, tout comme j’ai moi-même besoin de l’être. Et je le suis en apprenant que l’œuvre de Dieu à travers mon travail n’est pas vaine.

Le Seigneur a un plan tout tracé pour chacun de Ses élus. Il place des poteaux indicateurs, des signes, des situations très parlantes. Il guide les Siens, jusqu’à ce qu’ils cheminent dans la Vérité, et Il continue de le faire, car personne ne peut prétendre connaître toute le Vérité. Nous avons besoin de Lui, de Son Esprit pour nous éclairer et nous donner le discernement nécessaire. Je pense qu’il ne faut jamais prendre la Vérité pour acquise : nous marchons pas à pas vers elle, mais nous avons toujours des zones d’ombre à éclairer. C’est le cheminement de toute une vie de disciple. Et l’Ordonnateur de ce merveilleux cheminement, c’est Dieu.

« Heureux ceux qui habitent ta maison, qui te louent incessamment ! Heureux l’homme dont la force est en toi, ceux qui aiment les chemins de ta maison !  Passant par la vallée de Baca (Larmes), ils en font une source vive ; et la pluie d’automne la couvre de biens. Ils vont de force en force pour se présenter devant Dieu en Sion.

» Éternel, Dieu des armées, écoute ma prière ! Dieu de Jacob, prête l’oreille ! O Dieu, notre bouclier, vois et regarde la face de ton Oint ! Car un jour dans tes parvis vaut mieux que mille ailleurs. J’aime mieux me tenir sur le seuil, dans la maison de mon Dieu, que d’habiter dans les tentes des méchants.

» Car l’Éternel Dieu est un soleil et un bouclier ; l’Éternel donne la grâce et la gloire ; il ne refuse aucun bien à ceux qui marchent dans l’intégrité. Éternel des armées, heureux l’homme qui se confie en toi ! » (Psaume 84:5-13).

Que le Seigneur accomplisse Sa Volonté pour Ses élus.

Qu’Il éclaire par Sa Lumière tous ceux qui cherchent la véritable Lumière et qui sont habités par l’amour de la Vérité.

Que Dieu vous bénisse !

Anne-Gaëlle




T.024 – L’instant présent

Je suis allongée sur mon lit, réveillée depuis l’aurore. Mon esprit vagabonde, mes pensées se promènent dans le temps. Je pense au jour qui se lève, à tout ce que j’ai à faire, je pense à hier et à tout ce que j’ai fait. Je pense à avant, à l’année dernière, je pense à dans dix ans. Je pense à ma jeunesse, je pense à ma vieillesse. Je pense à tout à l’heure, je pense à dans quelques mois. Je pense à mon enfance, je pense à mes nombreuses vies, moi qui ai recommencé tant de fois à zéro.

Mon esprit n’a cesse de voyager dans le temps : c’est inconscient, et si Dieu ne m’avait rappelé à l’ordre, je ne m’en serais même pas rendue compte. Il suffit bien souvent d’un minime stimuli tel qu’une odeur, un visage dont les traits paraissent familiers, le goût de quelque chose, ou une simple sensation… Et rien que cela suffit pour partir en voyage dans sa tête, ayant milles époques comme destinations, et plus nous vieillissons, plus la croisière est longue ; qui sait combien de temps nous passons à sillonner dans les couloirs du temps, par le biais de notre mémoire et de notre imagination !

Mais soudain, quelque chose m’arrête : mes chats s’installent confortablement sur mon ventre et sur ma poitrine, je sens tout leur poids et leur chaleur se poser sur moi. Ils s’installent et ronronnent. Quelle douceur ! Quel agréable moment ! Le chat le plus âgé se met à lécher le chaton, comme le faisait sa mère autrefois. C’est incroyable, car depuis des mois que nous l’avons, cela ne s’est encore jamais produit : le gros chat d’ordinaire rejette le petit, il ne l’apprécie guère et ils se battent chaque jour, à mon grand désespoir. Mais là, j’assiste à une scène d’une grande tendresse et ce moment me réchauffe le cœur.

Cette scène improbable m’interpelle, bien sûr, et je me dis « vraiment, rien n’est impossible », mais surtout ce qui m’interpelle, c’est d’avoir été brusquement – où devrais-je dire en douceur – interrompue dans mon voyage intérieur : c’est comme une grosse main qui m’aurait saisie pour me sortir du vagabondage et me ramener dans le présent, là où je ne suis presque jamais. Je sens les sept kilos sur mon ventre, je sens le contact de la douce fourrure et la chaleur si agréable, j’entends et je sens la vibration des ronronnements, je les vois dans leur tendresse réciproque. Tout est là, si réel, si concret, qui me dit : « Arrête d’être ailleurs, soit ici, maintenant ! ».

Pourquoi les animaux ont-ils cette capacité innée de vivre dans le présent, et pas les humains ? Bien sûr, la norme, c’est de penser l’inverse : nous sommes plus évolués qu’eux, car nous pouvons nous projeter dans le temps, tandis qu’eux sont confinés dans le présent sans avoir conscience du temps qui passe. Mais je vois les choses autrement. Ceux qui sont confinés, emprisonnés, ce sont les hommes et non les animaux ! Car nous n’avons cesse de fuir la réalité qui nous entoure en passant notre temps à ressasser le passé et à nous inquiéter pour l’avenir. Même ceux qui ne s’inquiètent pas sont emprisonnés sans le savoir : ils forment des projets et pensent sans arrêt à tout ce qui les attend, mais ils ne sont maîtres de rien. Mais surtout, nous manquons tous l’immense chance de saisir l’instant qui nous est offert de vivre dans toute sa beauté et sa fraicheur : l’instant présent. Et c’est pourtant dans cet instant si précieux que Dieu nous appelle à Sa rencontre.

Les animaux sont capables de vivre dans le présent, et pour cela nous devrions prendre exemple sur eux. Ils savourent chaque moment de leur vie, sans en perdre une miette. Ils ne courent pas se réfugier dans les chimères du « peut-être », du « j’espère » ou du « j’avais ». Ils ne pensent pas à ce qu’ils ont perdu ou à ce qu’ils aimeraient avoir un jour. Ils vivent, simplement. Pourquoi nous, qui sommes si évolués, ne sommes-nous pas capables de vivre dans le présent, intensément, comme il est possible de le faire, sans fuir et sans rien gâcher ?

L’instant présent est un cadeau que Dieu nous offre et qu’Il renouvelle, comme un calendrier de l’avent où l’on ouvre chaque jour une fenêtre, sauf qu’avec Dieu, c’est chaque minute qu’Il en ouvre une : et chaque minute est un cadeau du Ciel. Oui, le Ciel est pour nous un immense calendrier de l’avent avec des millions de fenêtres, et Dieu les ouvre une à une et déverse sur nous des joies et des bénédictions dont nous n’avons même pas conscience…

Quand je réalise à quel point j’ignore cela dans ma vie quotidienne, à quel point j’ignore les petits cadeaux de Dieu, je me mets à pleurer, car j’ai honte. Honte de ne pas être capable de les voir, ni de les ouvrir. Honte de préférer vagabonder dans le temps, à la recherche de je ne sais quoi, qui ne me procure aucune satisfaction véritable. Et le temps passe, et la vie passe, et l’être humain fuit le temps et la vie.

Oui, il suffit d’un instant, d’une scène à priori ordinaire dans l’intimité de ma chambre, pour prendre conscience de tout cela et répondre à la voix qui me dit : « Viens dans le présent, viens me rejoindre là où tu es sensée vivre ! ». Oui, je veux rejoindre mon Dieu dans la dimension merveilleuse qu’Il a créée pour moi, là où il m’est donné de vivre, de percevoir, de comprendre, de réagir, d’aimer, de contempler et de ressentir le bonheur.

Souvent, nous avons besoin de l’autre pour saisir l’instant présent : l’interaction nous offre l’occasion d’être là et non ailleurs. Si je suis seule, même mes chats constituent pour moi cet autre qui est capable de me sortir de la solitude de cette errance permanente dans le passé ou le futur. Parfois, la beauté d’un paysage grandiose qui m’entoure constitue aussi quelque chose de bien vivant qui me saisit et m’arrache aux turpitudes du temps.

Jésus Lui-même nous le dit : « Ne soyez donc point en souci pour le lendemain ; car le lendemain prendra soin de ce qui le regarde ; à chaque jour suffit sa peine » (Mathieu 6:34).

Plus le temps passe et plus l’humanité devient incapable de suivre cette directive. La société moderne, qui a inventé le four micro-ondes, les trains à grande vitesse et l’internet, n’a cesse de vouloir réduire le temps afin de mieux le contrôler. Mais on ne peut pas contrôler le temps et à force de vouloir le réduire, on passe à côté de la vie. Souvent, pour gagner du temps, on finit par en perdre : on invente tout un tas de stratagèmes pour soi-disant économiser du temps, mais au final, si on comptait toutes les heures qui s’accumulent à se perdre dans ces stratagèmes et nouvelles techniques, on est forcé de constater l’ampleur de l’absurdité humaine.

Qui peut prétendre vivre vraiment, sans se soucier du temps qui passe ? Qui peut prétendre être capable de vivre le moment présent comme il faudrait le vivre : intensément et consciemment, avec la sagesse qu’apporte le passé et le regard dirigé vers l’avenir, mais sans se perdre ni dans l’un, ni dans l’autre ? Qui parvient réellement à remettre tout – passé et futur – entre les mains de Dieu, qui a créé le temps, et à jouir parfaitement du présent comme d’un cadeau qui lui est offert ?

« Mes temps sont en ta main » (Psaume 31:16).

« Tous sont assujettis au temps et aux circonstances. Car l’homme ne connaît pas même son temps » (Ecclésiaste 9:11-12).

« Mais Dieu est mon Roi de tout temps, lui qui opère des délivrances au milieu de la terre » (Psaume 74:12).

Ainsi, je vous invite, mes frères et mes sœurs, à prendre conscience de l’offre qui nous est donnée, et de sortir de notre prison et de nos errances intérieures pour nous ouvrir à la réalité du moment avec lequel Dieu, dans Son immense bonté, souhaite nous enrichir et nous rencontrer. Pour ceux qui voient le temps qui passe comme un fardeau, parce qu’ils sont soumis à de longues épreuves, que Dieu vous offre de changer de perspective : qu’il vous montre toutes les petites fenêtres du grand calendrier céleste !

Ne tombons pas non plus dans une mentalité propre au monde, qui est celle de consommer la vie comme on consomme des produits industriels, car ce n’est pas à cela que Dieu nous appelle. Il ne faut pas confondre « vivre dans le présent » et « consommer le présent ». La vie n’est pas consommation, elle est surtout contemplation, méditation, amour et action.

Et pour ce qui est de notre inquiétude, pensons que Dieu est hors du temps. Il en est le Maître et rien ne Lui échappe. Il opère et accomplit chaque dessein au bon moment, et Lui seul en est le Juge puisqu’Il connaît toutes choses. Remettons-Lui simplement nos attentes et le temps paraîtra moins long. Demandons-Lui surtout la faculté, comme l’ont tous les animaux qu’Il a créés, de vivre… dans le présent.

« A toute chose sa saison, et à toute affaire sous les cieux, son temps. Il y a un temps pour naître, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui est planté ; un temps pour tuer, et un temps pour guérir ; un temps pour démolir, et un temps pour bâtir ; un temps pour pleurer, et un temps pour rire ; un temps pour se lamenter, et un temps pour sauter de joie. Un temps pour jeter des pierres, et un temps pour les ramasser ; un temps pour embrasser, et un temps pour s’éloigner des embrassements ; un temps pour chercher, et un temps pour laisser perdre ; un temps pour conserver, et un temps pour jeter ; un temps pour déchirer, et un temps pour coudre ; un temps pour se taire, et un temps pour parler ; un temps pour aimer, et un temps pour haïr ; un temps pour la guerre, et un temps pour la paix » (Ecclésiaste 3:1-8).

Soyez bénis,

Anne-Gaëlle




T.023 – L’humilité

Elle est ce que mon cœur désire. Et plus je la désire, plus elle s’éloigne de moi. Lorsque je suis remplie de la crainte d’avoir trop d’orgueil, j’en découvre toujours davantage ; et je m’aperçois que mon cœur est loin d’être humble comme je voudrais qu’il le soit.

Où est l’humilité ? Où se cache-t-elle ? Dans le dépouillement matériel ? Dans l’observance de la loi ? Dans l’abnégation de soi ? Dans l’auto-flagellation ? Dans l’adoration de Dieu ?

Mon âme est si triste, car, quelle que soit ma volonté, ma nature charnelle constitue en elle-même un obstacle à mon aspiration la plus profonde.

L’aspiration la plus profonde du chrétien est de vivre en parfaite union avec son Dieu, d’être un avec Lui, sans jamais laisser quoique ce soit entraver cette réjouissante fusion spirituelle par l’Esprit Saint. L’Esprit de Dieu fait beaucoup de choses, Il accomplit beaucoup d’exploits, mais Il ne fait rien à notre place. Car l’Eternel Dieu n’est pas un marionnettiste, Il veut des enfants libres. Libre de réfléchir, d’agir et de prendre des initiatives. Il souhaite que nous nous dirigions vers le bon cap, mais Il ne conduit pas le bateau à notre place.

L’humilité est nécessaire à une relation vraie et sincère avec notre Créateur. Elle est fondamentale pour jouir d’une complicité sans faille avec Lui. Et pourtant, si souvent, l’être humain tombe dans le piège de la fausse humilité, sans même s’en rendre compte…

Quand je crois être humble, c’est là que je me trompe. Quand je crois être un bon exemple pour mes concitoyens et qu’au fond de moi-même, je m’en vante, c’est là que Dieu ouvre les écluses du Ciel : non pour faire couler une pluie de sagesse et de bénédictions bien méritée, mais pour laisser tomber une épreuve dure comme un gros rocher, ceci afin d’effriter la croûte de fierté de nos cœurs endurcis.

« Et je laisserai au milieu de toi un peuple humble et faible, et il mettra sa confiance dans le nom de l’Éternel » (Sophonie 3:12).

Dieu, par nos épreuves, nous enseigne l’humilité. Il enlève tout ce sur quoi nous nous appuyions afin que nous soyons peu à peu en mesure de prendre conscience de notre faiblesse. Quand je m’aperçois combien tout ce qui m’entoure est grand – mes épreuves, mes problèmes et tous les maux de la terre – je réalise alors combien je suis petite et incapable de changer quoique ce soit. Bien sûr, je peux essayer : je peux bricoler, planifier, travailler à fond sur tel ou tel projet, je peux tout miser, je peux tout investir et me tuer à la tâche, mais, au bout d’un moment, je comprendrai que c’est en vain. Et tout cela restera vain jusqu’à ce que j’assimile à quel point l’être humain est vaniteux et que je mesure tout l’orgueil de ses ambitions et de ses efforts. C’est alors que je lèverai les yeux vers Celui qui est au-dessus de toutes vanités terrestres, vers le Dieu vivant, Créateur et Rédempteur.

Quand je prends vraiment conscience de ma petitesse, alors je prends conscience de la grandeur de Dieu. Je pense que c’est le chemin de l’adoration véritable : je me regarde moi, je comprends mon insignifiance, et j’échappe à ma bassesse et à ma propre folie en levant les yeux vers l’Auteur de la Sagesse et de l’Amour parfait, le Seul, l’Unique, le Véritable. Alors mon regard se perd dans Sa Grandeur, dans Sa Majesté qui m’éblouit, et je reste là, les yeux levés vers Lui, sans ne plus vouloir les poser sur moi-même.

« Ainsi a dit l’Éternel : Le ciel est mon trône, et la terre mon marchepied. Quelle maison me bâtirez-vous ? Quel lieu sera celui de mon repos ? Car toutes ces choses, ma main les a faites, et toutes ces choses existent par elle, dit l’Éternel. Et voici à qui je regarde : à celui qui est humble, qui a l’esprit abattu, et qui tremble à ma parole » (Esaie 66:1-2).

Il y a aussi le chemin inverse : je regarde à Dieu et me dis qu’Il est vraiment grand, puis je regarde à moi et je me dis « je suis petite ». Mais généralement ce chemin-là n’aboutit pas à la véritable humilité, ni à la véritable adoration. J’ai souvent vu des pécheurs justifier leur conduite par ce raisonnement, et de faux adorateurs manifester malgré eux une étonnante fierté… Dieu est si grand, Il est venu vers moi, donc j’en vaux la peine ! Il a dû voir mon potentiel ou mes efforts, alors Il est venu me donner un coup de pouce, et voilà maintenant je suis un Fils de Dieu, une créature divine, extraordinaire, unique, semblable au Père, presque aussi parfait que les anges… Donc, à mes yeux, je ne suis plus petit. D’ailleurs, ayant déjà reçu l’immortalité (selon la croyance chrétienne populaire), je suis un « Highlander ». Mon enveloppe charnelle est certes un peu contraignante, mais bientôt j’en serai débarrassé, alors je peux me voir comme je suis : « au-dessous », selon ma nature surnaturelle de « nouveau-né de Dieu » et ma « nouvelle identité en Christ »… Dans ce cheminement trompeur, le regard ne se perd pas dans la splendeur de Dieu, mais dans la prétendue splendeur du soi. Cette louange est nombriliste, elle ne peut toucher le cœur de Dieu.

Dieu m’a bel et bien donné une identité, mais elle ne me donne pas la faculté surnaturelle de braver tout et n’importe quoi. Je reste une petite créature fragile, dont le souffle vient de Dieu et dont la vie ne tient à pas grand-chose. C’est justement en me voyant ainsi, telle que je suis dans ma chair et dans les aléas de ma vie – que je ne maîtrise guère – que je suis encline à me soumettre à mon Créateur et à me confier entièrement en mon Sauveur.

L’abattement de mon esprit face à mon propre orgueil qui me désole – ou face à l’orgueil humain en général, causant tant de douleurs et d’injustices – est une bonne chose. Tant pis si je suis triste, c’est une bonne tristesse. C’est une tristesse sainte, qui monte jusqu’au cœur de Dieu.

« Car ainsi a dit le Très-Haut, qui habite une demeure éternelle, et dont le nom est saint : J’habite dans le lieu haut et saint, et avec l’homme abattu et humble d’esprit, pour ranimer l’esprit des humbles, pour ranimer le cœur de ceux qui sont abattus » (Esaïe 57:15).

Ce mal-être occasionne une réflexion, une remise en question et une recherche de délivrance qui ne peut se trouver qu’en Dieu. Comme une sensation de deuil, on voudrait jeter de la cendre sur sa tête et s’en recouvrir complètement. On voudrait déchirer ses habits. La douleur d’être si faible fait mourir les illusions et les rêves démesurés. Elle fait mourir le héros que l’on croyait être. Et pourtant, c’est une délicieuse sensation que d’être ponctuellement épuré du levain de l’orgueil. Cette délivrance est toujours ponctuelle, car il suffit d’une miette de levain pour lever toute la pate…

Je n’aime pas souffrir, mais j’aime ce que m’apprend ma souffrance. Je n’aime pas les coups, mais j’aime avoir appris quelque chose et j’aime surtout le retenir. Avec les coups, on retient plus facilement la leçon. Je n’aime pas me prendre une claque, mais j’aime la sensation de légèreté ressentie juste après, parce que la gifle a fait tomber des choses encore plus douloureuses : des croyances et des mensonges qui me nuisaient inconsciemment.

« La pauvreté et l’ignominie arriveront à celui qui rejette l’instruction ; mais celui qui profite de la réprimande, sera honoré » (Proverbe 18:13).

Se sentir petit devient un véritable bonheur. Car se sentir petit, c’est rechercher en Dieu la complémentarité. Ce qui est petit cherche ce qui est grand. Ce qui est faible cherche ce qui est fort. Ce qui est sans force cherche ce qui est puissant. Ce qui est fragile cherche la protection. On dit bien qu’en général, les opposés s’attirent. On recherche chez l’autre ce que l’on n’est pas, ou du moins ce que l’on voudrait être… C’est valable avec Dieu.

Quand je regarde à la Grandeur et à la Toute-puissance de Dieu, ainsi qu’à Sa Sainteté et à Sa nature éternelle, je ne suis qu’un minuscule grain de sable, je ne suis presque rien. Mon existence me paraît vraiment éphémère, si courte, si futile. Alors je peux me dire « je ne suis rien et je n’existe pas ». Parce que les hommes les plus illustres et les plus célèbres sont devenus poussière. Parce que les plus grandes cathédrales, que les plus brillants architectes ont construites, peuvent s’effondrer dans un tremblement de terre. Parce que les plus belles œuvres d’art vieillissent et ne sauront pas résister au temps qui érode et anéantit la vie. Parce que même l’argent perd de sa valeur. Parce que les noms les plus honorés tomberont tôt ou tard dans la fosse de l’oubli.

« Et j’ai considéré tous les ouvrages que mes mains avaient faits, et le travail auquel je m’étais livré pour les faire ; et voici, tout est vanité et tourment d’esprit ; et il n’y a aucun avantage sous le soleil » (Ecclésiaste 2:11).

« Tout homme est abruti dans sa science, tout orfèvre est honteux de son image taillée ; car les idoles ne sont que mensonge ; il n’y a point de respiration en elles ; elles ne sont que vanité, œuvre de tromperie ; elles périront au temps où Dieu les visitera » (Jérémie 10:14-15).

« Tout ce que ta main trouve à faire, fais-le selon ton pouvoir ; car il n’y a ni œuvre, ni pensée, ni science, ni sagesse, dans le Sépulcre où tu vas » (Ecclésiaste 9:10).

Oui, la vie n’est pas grand-chose ici-bas. Je ne suis moi-même pas grand-chose. Et pourtant, ce petit rien que je suis, Dieu le considère et Dieu l’aime. C’est bien cela qui me remplit d’admiration. Mais pour connaître cette vénération sublime de la bonté de Dieu, il faut avoir compris au préalable que nous ne sommes rien. C’est cet état d’esprit, cette juste vision de notre condition humaine et de la bassesse de notre nature, qui nous attire vers Dieu et qui attire le cœur de Dieu vers notre misère. Comme disait Jésus : « Ce ne sont pas ceux qui sont en santé qui ont besoin de médecin ; mais ceux qui se portent mal. Je suis venu appeler à la repentance, non les justes, mais les pécheurs » (Luc 5:31-32).

Reconnaître ma petitesse devient alors source de joie : tout devient moins écrasant, et la vie devient moins oppressante. La société, avec toutes ses attentes et ses critères de jugement, recule tout au fond de la toile : ses exigences deviennent floues et perdent leur importance. Car même la société devra un jour apprendre sa petitesse aux yeux de Dieu.

Apprendre ma petitesse me libère et me permet d’être moi-même, dans toute l’humilité avec laquelle j’ai été engendrée, lorsque j’ai été mise au monde : nue, minuscule, sortant des entrailles d’une femme en sueur. Cette humilité avec laquelle mes ancêtres ont été modelés : tiré de la poussière de la terre, ou faite à partir d’une simple côte.

« L’orgueil de l’homme l’abaisse ; mais celui qui est humble d’esprit, obtient la gloire » (Proverbe 29:23).

La gloire authentique n’est pas forcément visible sur cette terre. Elle peut être intérieure, sous la forme d’une Paix extraordinaire et d’une joie ineffable. Elle peut être sous la forme de l’Amour qui se donne sans compter et sans espérer rien en retour. Elle peut être dans l’union intime et merveilleuse avec mon Sauveur, quand je Lui suis soumise, en toute confiance. Elle peut être dans la parfaite sécurité ressentie sous les ailes de mon Père, Créateur de l’univers. La gloire est également à venir, mais nous n’en avons qu’une idée si vague, que cette gloire là, indescriptible, inimaginable pour nos yeux habitués à l’obscurité, ne doit pas être un sujet de vantardise. Concentrons-nous sur la Gloire de Dieu, plutôt que sur la nôtre.

« La crainte de l’Éternel enseigne la sagesse, et l’humilité va devant la gloire » (Proverbe 15:33).

Réfugions-nous à la place où notre Père, dont l’immensité remplit les cieux, nous a mis : au statut d’enfants, de « tout-petits », que Jésus notre Seigneur a pris en exemple. N’oublions pas le chemin qui fut le Sien : « Car vous connaissez la charité de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, étant riche, s’est fait pauvre pour vous, afin que par sa pauvreté vous fussiez rendus riches » (2 Corinthiens 8:9).

Ne recherchons pas la gloire ni la richesse terrestre qui nous rempliraient d’orgueil. Ne nous trompons pas nous-mêmes. Ne croyons pas que l’humilité est une qualité de cœur acquise une fois pour toute. Mais considérons-là comme une destination, qui nécessite tout un cheminement parsemé d’embûches et d’épreuves difficiles. Elle est la leçon la plus dure à apprendre et elle demande toute une vie. Le peuple d’Israël a dû errer quarante années dans le désert, mais l’avait-il apprise ?

« Jeunes gens, soyez soumis aux anciens, et vous soumettant tous les uns aux autres, revêtez-vous d’humilité ; car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles » (1 Pierre 5:5).

Ne soyons-pas en inimitié avec notre Dieu parce qu’Il nous place quelquefois dans le désert, nous qui sommes tout aussi imperméables au divin apprentissage. Mais courons nous réfugier auprès de Lui, avec la mentalité d’un petit poussin tout juste éclos de son œuf. Aux yeux de Dieu, nos expériences passées et notre âge ne nous exemptent pas de notre condition.

« Il te couvrira de ses plumes, et tu auras retraite sous ses ailes ; sa vérité sera ton bouclier et ton écu » (Psaume 91:4).

« Éternel, tu conserves les hommes et les bêtes. Ô Dieu, que ta bonté est précieuse ! Aussi les fils des hommes se retirent sous l’ombre de tes ailes. Ils sont rassasiés de l’abondance de ta maison, et tu les abreuves au fleuve de tes délices. Car la source de la vie est auprès de toi ; c’est par ta lumière que nous voyons la lumière. Continue ta faveur à ceux qui te connaissent, et ta justice aux hommes droits de cœur. Que le pied de l’orgueilleux n’approche pas de moi, et que la main du méchant ne m’ébranle pas ! » (Psaume 36:7-12).

Que l’humilité soit notre quête, afin de toucher le cœur de Dieu et de nous délivrer de nous-mêmes.

Que notre condition ici-bas soit le plancher sur lequel nous nous agenouillons, tandis que nous fléchissons le genou dans une adoration sincère, celle de la créature pour son Créateur et celle du racheté pour son Rédempteur.

Que dans notre petitesse, l’Amour de notre Bien-aimé nous console et nous assure Sa divine tendresse. Soyez bénis !

Anne-Gaëlle




T.022 – Brouillard céleste

Existe-il quelque chose de plus beau sur terre qu’un paysage à l’heure du soir, plongé dans une divine brume ? Connaît-on exhalaison plus douce que celle du brouillard ? Comme un noble manteau brun recouvrant la terre, il la pare d’une beauté élégante et mystérieuse. Alors, les endroits ordinaires deviennent magnifiques ; on ne les reconnaît plus. C’est le prodige de Dieu de revêtir ainsi villes et campagnes d’une parfaite splendeur. L’épaisse brume envoûte tous les sens et l’on se croirait dans un autre univers.

J’avance dans le brouillard, chaque pas est serein. J’écoute la vapeur silencieuse qui m’entoure. Je savoure cette profonde quiétude. Je frisonne de toute cette beauté. L’étang, qui habituellement n’est qu’une mare insignifiante et perdue derrière le village morne que j’habite, devient somptueux. L’étincelante clarté des luminaires au loin est transportée avec douceur par la brume, jusqu’à mes yeux admiratifs. La lune aussi s’auréole timidement. Tout est voilé et limpide : c’est le miracle du brouillard de réunir en lui-même ce merveilleux paradoxe.

Des rayons de lumière apparaissent sur l’eau : tel un miroir trouble, elle reflète de manière imprécise l’éclat du paysage. En avançant, des silhouettes se dessinent peu à peu, des arbres nus aux branches entrelacées, peints à l’encre de chine sur une toile de fond cendrée. Tout ne se découvre que pas après pas ; chaque pas est un instant surnaturel. L’épaisse substance vaporeuse, omniprésente, étrange, forme un rideau impalpable. On ne peut le soulever, ni le traverser. Il est partout, splendide et étourdissant.

Dans l’arène brumeuse, le temps est comme figé. Il n’y a ni avenir, il n’y a ni passé. L’épais nuage gris aux nuances rosées a le pouvoir de me soustraire aux vicissitudes de la vie. Plongée dans cette vapeur enivrante, le présent me saisit, il me serre fort et rien de ce qu’il renferme ne m’échappe. Je sens la brise humide pénétrer dans mes poumons. Même l’oxygène devient pur ; je ne savais pas que l’air pouvait être si savoureux. Le brouillard que j’aime tant est une caresse. Je voudrais demeurer des heures entières dans ses bras invisibles.

La journée, il est plus pâle, mais il ne perd en rien de son étrangeté. J’aime conduire dans le brouillard, j’aime ne voir que quelques mètres devant moi. Je suis la ligne blanche sur le bord de la route. J’avance dans cette délicieuse extase, découvrant chaque fois un paysage plus éblouissant. La brume se désépaissit par endroit, tout devient net, puis tout redevient trouble. L’espace boisé de chaque côté de la route ressemble à ceux des contes ; la singulière omniprésence du brouillard lui donne des attraits féériques. Tout ce qui est caché derrière la nuée mystérieuse n’attire pas ma curiosité. La nébulosité est si belle avec ses jeux de lumière, elle rend mon cœur captif et me remplit de joie.

Quelle chose abstraite que le brouillard ! Je voudrais le peindre, mais je ne peux pas. Je voudrais le décrire, mais c’est impossible. Je voudrais expliquer ce qu’il produit en moi, mais les mots sont trop faibles. Pourtant, il faut que je parvienne à capter l’œuvre divine pour conserver et transmettre la perfection de cette œuvre. Le brouillard dans lequel j’aime marcher longuement, celui que la plupart des gens méprise, est semblable au souffle de Dieu. Mais moi, je l’aime intimement, telle l’haleine du Créateur que je vénère.

Quand je me tiens au milieu de la brume, sans voir ce qui se trouve autour de moi, c’est dans les bras de Dieu que je me trouve. Je Le découvre comme Peintre, tandis qu’Il dessine une à une les silhouettes à l’encre de chine. Je Le découvre comme Poète, tandis qu’Il me décrit la lumière dans sa sublime douceur, cette lumière exquise qui ne m’aveugle pas. Je le découvre dans Son omniprésence à travers la brume. Et plus rien n’a d’importance, sinon le seul plaisir de demeurer dans Ses bras.

Dans cette étrange masse nébuleuse, je ressens Sa Présence. Elle m’enveloppe et capte toute mon attention. Je suis éprise du paysage transformé dont la beauté remplit mon cœur. C’est Lui qui le transforme. C’est Lui qui change la réalité. Le brouillard translucide me transporte dans une autre dimension, au plus proche du Créateur, au plus profond de Sa Révélation. Il est là, Il m’entoure et je n’ai plus besoin de voir ce qui est devant moi.

La divine brume, dont Il est le Maître, pénètre mes sens et me rend capable de saisir la grandeur de Dieu. Il est capable en un tour de main d’assujettir la terre à une métamorphose. Il est capable de Se révéler dans la beauté la plus parfaite, celle d’un étang illuminé par un doux rayon que la lune dépose sur la trouble étendue. Il expose Sa Majesté dans une éclatante simplicité : la vision fantastique d’un jardin royal, qui n’étant que le pâle reflet de Sa céleste demeure, n’en reste pas moins un avant-goût du Paradis.

Eprise par toute cette beauté surnaturelle, les choses terrestres perdent de leur attrait. L’agréable vapeur que je respire semble épurer mes pensées. Je ne pense ni à demain, ni à hier. Je me réjouis d’être ici, au milieu du brouillard, plongée dans la Présence de mon Dieu. Peu m’importe de ne pas voir le chemin devant moi. Je sais me tenir debout, je sais faire un pas après l’autre, je n’ai pas besoin d’avoir un grand champ de vision pour cela. Le rideau nébuleux s’ouvre au fur et à mesure que j’avance. Il s’ouvre assez pour que je marche tranquillement, en toute sécurité.

Parfois, la nuée se retire et tout semble soudain si triste. Mes yeux cherchent alors au loin la prochaine vague de brume. Car j’aime me sentir enveloppée, j’aime la sensation de Lui faire confiance. J’aime la paix extraordinaire à l’intérieur de la nuée. J’aime la splendeur des paysages embrumés. Voilà pourquoi je marche pendant des heures au milieu de la campagne les soirs d’hiver. Là où les rues sont désertes, où l’on ne croise que des arbres et des oiseaux. Là où la solitude n’existe plus, mais seulement la douce haleine du Maître.

« Or il arriva, comme les sacrificateurs sortaient du lieu saint, que la nuée remplit la maison de l’Éternel ; et les sacrificateurs ne purent s’y tenir pour faire le service, à cause de la nuée ; car la gloire de l’Éternel remplissait la maison de l’Éternel » (1 Rois 8:10-11).

« Et la nuée couvrit le tabernacle d’assignation, et la gloire de l’Éternel remplit la Demeure ; de sorte que Moïse ne put entrer dans le tabernacle d’assignation, car la nuée se tenait dessus, et la gloire de l’Éternel remplissait la Demeure » (Exode 40:34-35).

 « Il étend le septentrion sur le vide, il suspend la terre sur le néant. Il renferme les eaux dans ses nuages, et la nuée n’éclate pas sous leur poids. Il couvre la face de son trône, il déploie au-dessus sa nuée. Il décrit un cercle sur les eaux, au point où la lumière confine avec les ténèbres. Les colonnes des cieux sont ébranlées, et s’étonnent à sa menace. Par sa force, il soulève la mer ; et par son habileté, il écrase les plus puissants rebelles. Son souffle rend le ciel pur ; sa main perce le dragon fugitif. Ce ne sont là que les bords de ses voies ; qu’il est faible le bruit qu’en saisit notre oreille ! Et qui pourra entendre le tonnerre de sa puissance ? » (Job 26:7-14).

« Comme il parlait encore, voici une nuée resplendissante les couvrit ; et voici il vint de la nuée une voix qui dit : C’est ici mon Fils bien-aimé, en qui j’ai pris plaisir ; écoutez-le. Les disciples, entendant cela, tombèrent le visage contre terre, et furent saisis d’une très grande crainte. Mais Jésus, s’approchant, les toucha, et leur dit : Levez-vous, et n’ayez point de peur » (Matthieu 17:5-7).

Que le Seigneur qui a créé la brume vous enveloppe de Sa Présence.

Qu’Il vous offre de contempler Son œuvre dans toute sa dimension divine, comme seuls peuvent le faire Ses enfants.

Soyez bénis,

Anne-Gaëlle




T.021 – La beauté selon Dieu

« Que tu es belle, ma bien-aimée, que tu es belle ! » (Cantique 4:1).

L’Eternel Dieu a des yeux pour voir. Mais Il ne fait pas qu’observer, Il admire…

Mon âme, ne sais-tu pas qu’Il t’admire ?

Il recherche la Beauté. C’est Lui-même qui l’a créée. Il la cherche parmi les habitants de la terre. Mais Il ne la trouve pas : il y a des poupées de cire et des gravures de mode, mais point de beauté.

Il la cherche parmi Son peuple. Et là, Il la trouve parfois. Presque imperceptible, bien cachée, dissimulée sous des traits sobres et discrets. Mais elle est là.

Il la recherche, car elle Lui appartient :

« Écoute, jeune fille, vois et prête l’oreille ; oublie ton peuple et la maison de ton père. Et le roi désirera pour lui ta beauté. Puisqu’il est ton seigneur, prosterne-toi devant lui » (Psaumes 45:11-12).

Quand le Seigneur a trouvé l’objet de Son désir, Il ne veut guère S’en défaire.

Mon âme, ne vois-tu pas que tu es belle ?

Il t’a trouvée, Il te suit du regard. Ses yeux ne peuvent désormais quitter l’éclat qu’Il a décelée en toi, aussi petite ta lueur te semble-t-elle. Ton éclat grandira, il ne cessera pas de croître.

« Mais le sentier des justes est comme la lumière resplendissante, dont l’éclat augmente jusques à ce que le jour soit dans sa perfection » (Proverbes 4:18).

Cet éclat provient des soins si doux qu’Il t’a prodigué. C’est Lui qui a révélé toute ta beauté, au travers de Son Amour. Vois comme Il t’aime ! Estime Sa Tendresse envers toi ! La nuit, le jour, Il restaure et embellit ton âme, jusqu’à la perfection :

« Je te lavai dans l’eau, et en t’y plongeant, j’ôtai le sang de dessus toi, et je t’oignis d’huile. Je te revêtis de broderies, je te mis une chaussure de couleur d’hyacinthe ; je te ceignis de fin lin et te couvris de soie. Je te parai d’ornements ; je mis des bracelets à tes mains, et un collier à ton cou, un anneau à ton nez, des boucles à tes oreilles, une couronne magnifique sur ta tête. Ainsi tu fus parée d’or et d’argent ; ton vêtement était de fin lin, de soie, de broderies ; la fleur de farine, le miel et l’huile faisaient ta nourriture ; tu devins extrêmement belle, et tu parvins à une royale dignité. Ta renommée se répandit parmi les nations à cause de ta beauté, car elle était parfaite, grâce à la magnificence dont je t’avais ornée, dit le Seigneur, l’Éternel » (Ezéchiel 16:9-14).

L’Eternel Dieu est un Poète. Il ressent une telle passion pour Sa bien-aimée qu’Il ne peut la taire, ni l’exprimer dans un jargon médiocre. Ecoute Son langage qui est celui d’un cœur admiratif, épris de l’objet de Son amour.

« Tes yeux sont comme ceux des colombes, derrière ton voile » (Cantique 4:1).

L’Eternel Dieu créa la colombe d’une blancheur et d’une grâce inégalée parmi les oiseaux. Il la créa légère, toujours prête à s’envoler. Il la créa libre, capable de quitter son nid pour s’éloigner vers les hauteurs et revenir, avec dans son bec, un petit rameau d’olivier. Il la créa paisible, pour qu’elle soit un signe de Paix sur cette terre  déchirée. Et Il lui donna l’apparence de l’Espoir afin de rappeler aux nations la promesse d’un monde renouvelé.

 « Tes cheveux sont comme un troupeau de chèvres suspendues aux montagnes de Galaad » (Cantique 4:1).

L’Eternel Dieu créa la chèvre, avec ses pupilles rectangulaires, son regard étrange et attendrissant. Capable de voir tout autour d’elle, et capable de fuir dans les sentiers escarpés des montagnes rocheuses. Il l’a créée exploratrice curieuse et courageuse qui se perd parfois, sans se douter du danger. Il lui a donné un berger pour veiller sur elle, un berger auquel elle ne tarde pas à s’attacher. Il l’a faite créature fragile pour lui offrir la protection dont elle a besoin.

« Tes dents sont comme un troupeau de brebis tondues qui remontent du lavoir, qui sont toutes deux à deux, et dont aucune ne manque » (Cantique 4:2).

L’Eternel Dieu créa la brebis, source de bénédictions. Il créa sa laine, avec toutes ses nuances variées, et son lait à la saveur corsée. Il la créa avec l’instinct de fuir l’obscurité et de se réfugier vers la lumière. Il lui donna l’intuition de se regrouper, sous la gouverne d’un chef. Il mit dans ses pattes une odeur très forte qui appelle les brebis errantes vers le troupeau qu’elles ont perdu. Il la créa peureuse, mais docile. Il lui donna beaucoup de valeur, assez pour devenir un objet de sacrifice.

« Tes lèvres sont comme un fil d’écarlate ; ton parler est gracieux ; ta joue est comme une moitié de grenade, sous tes voiles » (Cantique 4:3).

« Ton cou est comme la tour de David, bâtie pour servir d’arsenal, à laquelle pendent mille boucliers, tous les boucliers des vaillants » (Cantique 4:4).

La beauté est gracieuse, mais elle est aussi force et vaillance. Comme bijoux, elle possède l’éclat des victoires remportées au Nom de Celui qui les a permises.

Il perçoit les couleurs, plus vives et plus éclatantes que l’œil humain ne les voit. Il distingue la finesse des rondeurs de Sa bien-aimée. Rien ne Lui échappe, Il est sous le charme. Car ce charme est divin : Sa belle est faite à Son image et elle est parée des attraits de la Plénitude. Rien ne lui manque, Dieu a pourvu à tout.

Cette beauté est voilée. Elle est cachée des regards du commun des mortels. Sa dignité est grande comme son voile. Son Seigneur est Celui qui Se réserve le droit de connaître intimement tout ce qui se dissimule au-dessous.

« Tu es toute belle, ma bien-aimée, et sans tache » (Cantique 4:7).

La blancheur immaculée de la bien-aimée, voilà ce qui attire le regard de Dieu. Cette pureté qu’Il lui a transmise fait d’elle une personne respectable. Sa beauté ne peut transparaître qu’au-travers de sa pureté, elles ne font qu’un.

La bien-aimée n’a pas toujours été sans tache. Il fut un temps où son visage et ses habits étaient souillés. Mais lavée dans l’eau, ointe d’huile, puis parfumée avec des aromates, elle a laissé la saleté derrière elle. Son futur époux n’en a plus souvenir.

« Purifie-moi de mon péché avec l’hysope, et je serai net ; lave-moi et je serai plus blanc que la neige » (Psaumes 51:9).

La belle est si reconnaissante envers son bien-aimé, qui l’a aimée le premier. Elle n’avait point conscience de Son amour, son cœur était ailleurs. Mais un jour, elle a compris au-travers de toutes Ses attentions divinement charitables, que l’Auteur devait véritablement l’aimer. Alors, elle a levé les yeux vers Lui et Lui a répondu par un regard.

« Tu m’as ravi le cœur, ma sœur, mon épouse ; tu m’as ravi le cœur par l’un de tes regards, et par l’un des colliers de ton cou » (Cantique 4:9).

Quels sont donc les regards qui touchent au plus profond le cœur de Dieu ?

Un regard, qui Lui est adressé : le regard de l’Amour. Un regard qui admire, qui vénère, qui se prosterne. Un regard d’adoration. Un regard lyrique et passionné. Un regard qui Lui doit tout. Un regard qui parle. Un regard qui ne s’endort pas. Un regard qui Le cherche. Un regard plein d’espérance, un regard rempli de foi.

« Il est impossible de lui être agréable sans la foi, car il faut que celui qui s’approche de Dieu, croie que Dieu est, et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent » (Hébreux 11:6).

Et quel est le collier autour du cou qui réjouit tant le cœur de Dieu ?

« La crainte de l’Eternel est la principale science ; mais les fous méprisent la sagesse et l’instruction. (…) Car ce seront [sagesse et instruction] des grâces enfilées ensemble autour de ta tête, et des colliers autour de ton cou » (Proverbes 1:7-9).

« Garde la sagesse et la prudence, et elles seront la vie de ton âme, et un ornement à ton cou » (Proverbes 3:21).

Voilà les véritables bijoux selon Dieu ! La Sagesse qui est le fruit de l’instruction sur la véritable connaissance de Dieu et de la sainte crainte qu’elle suscite. Non la sagesse des hommes, mais celle qui était, qui est et qui sera. Inébranlable, indestructible, éternelle. Car cette Sagesse se trouve en Dieu et nulle part ailleurs.

L’humilité précède l’instruction, puisqu’elle est la condition nécessaire pour entendre la voix du Maître. Si je pense moi-même être maître, alors je n’ai rien à apprendre : l’instruction sera pour moi comme un met superflu dont je ne peux apprécier la saveur ni la consistance, moi qui penserais à tort être déjà repu.

Je me priverais alors de ces brillants joyaux que le Maître souhaite enfiler autour de mon cou. A ses yeux, je ne serais plus belle et Il ne m’appellerait plus « Sa bien-aimée ».

« Quiconque deviendra humble, comme est ce petit enfant, celui-là est le plus grand au Royaume des cieux » (Matthieu 18:4).

« Que rien ne se fasse par un esprit de dispute, ou par vaine gloire ; mais que par humilité de cœur l’un estime l’autre plus excellent que soi-même » (Philippiens 2:3).

Etre belle pour mon Dieu… Quelle parure choisir ?

« Que votre parure ne soit point celle du dehors, l’entrelacement des cheveux, les ornements d’or ou l’ajustement des habits, mais l’homme caché dans le cœur, l’incorruptibilité d’un esprit doux et paisible, qui est d’un grand prix devant Dieu » (1 Pierre 3:3-4).

« Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de patience ; vous supportant les uns les autres, et vous pardonnant les uns aux autres » (Colossiens 3:12-13).

L’Epoux est clair sur Sa définition de la véritable beauté. Elle n’est pas dans les jolis traits d’un visage parfait. Elle n’est pas dans l’originalité des vêtements, ni dans l’élégance de la coiffure. Elle n’est pas non plus dans les ravissantes possessions matérielles. Elle n’est pas décorative.

La beauté est la brillance que l’Eternel Dieu donne à Ses vrais serviteurs et à Ses véritables servantes. A tous ceux qui Le servent sans réserve en pratiquant la justice, à cause de la sainte crainte qu’ils ont reçue de Dieu et grâce à l’amour de la Vérité qui les habite en permanence.

« Ceux qui auront été intelligents brilleront comme la splendeur de l’étendue, et ceux qui en auront amené plusieurs à la justice brilleront comme des étoiles, à toujours et à perpétuité » (Daniel 12:3).

Cette beauté est inaltérable. Rien ne lui résiste. Rien ne peut l’éroder. Ni le temps qui passe, ni les difficultés, ni la fatigue, ni la maladie, ni même la mort. Car la Bien-aimée réapparaîtra pour ses noces, encore plus belle et plus resplendissante que jamais lorsque l’Epoux reviendra. La plénitude de sa Beauté sera entièrement révélée. Il n’y aura plus de voile.

Alors, ce que je vois dans le miroir n’est pas bien important. Avec mes yeux charnels, je suis limitée, tout comme le monde. La vision de ma propre beauté en temps que bien-aimée ne m’est pas encore vraiment accessible. Il est bon qu’il en soit ainsi, car cela entretient mon humilité. Si je savais à quel point je suis belle pour mon Sauveur, je m’enorgueillirais, étant encore dans mon corps de chair.

« Maintenant nous voyons par un miroir, obscurément, mais alors nous verrons face à face ; maintenant je connais imparfaitement, mais alors je connaîtrai comme j’ai été connu » (1 Corinthiens 13:12).

« Quand ce qui est parfait viendra, alors ce qui est imparfait sera aboli » (1 Corinthiens 13:10).

Il faut simplement connaître le cœur de Dieu pour Sa Bien-aimée. Il faut se plonger dans cette tendresse qu’Il déploie comme un grand tapis de velours, afin de marcher noblement, selon le rang auquel Il nous place dans Son Amour.

La pensée de Sa grande et admirative affection envers la nouvelle créature qu’Il a créée efface l’ancienne du miroir. Elle lui permet de s’épanouir sous Son regard, sans souffrir du jugement d’autrui.

Le monde juge, il a ses propres critères de beauté. Et dans cette ère qui approche la fin de ce monde, ces critères n’ont cesse de prendre toujours plus d’importance. La séduction est devenue le pain de tous. La moquerie et la discrimination est monnaie courante dans tous les milieux, à tous les âges, et toujours sur des critères visuels.

J’ai besoin du regard de Dieu, de Son regard amoureux pour surmonter la douleur du rejet et la désagréable insignifiance avec laquelle la société humaine cherche à me tapisser pour n’être considérée par personne.

La beauté selon Dieu est invisible à tous ceux qui ne se fient qu’aux apparences. Et pour ceux qui prennent la peine de regarder au-delà, elle est déjà perceptible : elle a le pouvoir de déchirer le voile obscur, le pouvoir de gommer l’insignifiance.

« L’Éternel ne regarde point à ce que l’homme regarde ; l’homme regarde à ce qui paraît aux yeux ; mais l’Éternel regarde au cœur » (1 Samuel 16:7).

Reste à considérer combien ma présence sur terre plaît à Dieu, combien les attraits de mon être intérieur sont embellissant pour ce monde privé de vraie gloire.

Que je sois clouée au lit, incapable de bouger. Que je sois pauvre et limitée en tout. Que ma vie me paraisse bien inutile. Que j’appréhende de me regarder dans un miroir, parce que j’ai trop entendu d’injures à mon sujet. Que je sois difforme, fanée par l’âge. Que ma beauté soit pour moi un mystère. Si je suis la Bien-aimée de Dieu, alors il faut que je L’écoute :

« Que tes amours sont belles, ma sœur, mon épouse ! Combien ton amour est meilleur que le vin, et combien tes parfums sont plus suaves qu’aucun aromate ! Tes lèvres, mon épouse, distillent des rayons de miel. Le miel et le lait sont sous ta langue, et l’odeur de tes vêtements est comme l’odeur du Liban » (Cantique 4:10-11).

Là est ta raison d’être, mon âme : être Sa bien-aimée.

N’écoute pas le monde et toutes ses propagandes. Ne t’émerveille pas devant la grâce des héros et héroïnes de ce siècle. Leur beauté est creuse, leur gloire est passagère.

« La grâce est trompeuse, et la beauté s’évanouit ; mais la femme qui craint l’Éternel est celle qui sera louée » (Proverbes 31:30).

L’époux viendra chercher Sa Bien-aimée, celle qu’Il a créée et qu’Il S’est mise à part comme un amant jaloux, car fou d’amour. Sa Bien-aimée, c’est Son Eglise qui porte toute Sa Gloire dans sa parure. Il ne laissera personne la salir ni l’enlaidir. Il continuera à prendre soin d’elle jusqu’aux noces. Il connaît tous ceux et toutes celles qui lui appartiennent véritablement : on les reconnaîtra à leur splendeur, tandis que l’horrible laideur du monde ne déteindra pas sur eux dans les heures sinistres qui restent à venir.

Ainsi, chantons déjà des chants de victoire… Chantons-Lui aussi des chants d’amour. Elevons nos voix en contemplant la Magnificence de Celui qui nous a rendus magnifiques !

 « Chantez à l’Éternel un cantique nouveau ; chantez à l’Éternel, vous toute la terre ! Chantez à l’Éternel ; bénissez son nom ; annoncez de jour en jour son salut ! Racontez sa gloire parmi les nations, ses merveilles parmi tous les peuples. Car l’Éternel est grand et digne de grandes louanges ; il est redoutable par-dessus tous les dieux. Car tous les dieux des peuples sont des idoles ; mais l’Éternel a fait les cieux. La splendeur et la majesté sont devant lui ; la force et la beauté sont dans son sanctuaire » (Psaumes 96:1-7).

« Rendez à l’Éternel l’honneur dû à son nom ; prosternez-vous devant l’Éternel dans une sainte magnificence ! » (Psaumes 29:2).

Que le Seigneur ouvre nos yeux devant les réalités invisibles ! Soyez bénis…

Anne-Gaëlle