T.020 – La déception

Elle est la coupe de tous les humains. Ils se la partagent et boivent tour à tour. Le monde n’est que déception.

Quelle que soit la route, le besoin, l’expérience, elle est là à chaque tournant. Aussi implacable qu’une averse violente, lorsque l’on n’a pas pris de parapluie.

Elle est le lot de ceux qui espèrent, qui projettent toutes sortes de rêves et qui y croient de tout leur cœur.

Elle est inéluctable, même pour ceux qui ont bâti leur vie sur des sciences exactes, car même les sciences les plus exactes ne sont que néant.

Elle est toujours en gestation, prête à surgir pour ruiner les humains. Ils se retrouvent privés de tout, et même de leur raison de vivre.

La déception, c’est la découverte de l’erreur humaine. Le monde érige sa puissance et sa gloire sur toutes sortes d’erreurs. Un jour, il sera forcé de comprendre et la déception viendra s’abattre sur lui.

Désillusion, désappointement, découragement, désespoir. Voici les stades par lesquels elle nous fait passer. S’il n’y avait pas de Dieu, le désespoir se changerait en amertume, en repli sur soi, puis en mépris de la vie.

Mais avec Dieu, elle évolue en mansuétude, car celui qui est déçu par le monde se tourne vers Dieu pour s’oublier lui-même et ne plus espérer ce qui déçoit sans cesse.

Dieu fait passer l’Homme par bon nombre de déceptions, jusqu’à ce qu’il s’aperçoive que la vérité et la stabilité n’existent pas ici-bas, dans le royaume des Hommes.

Chaque désenchantement déclenche une douleur, un malaise. Et l’Homme se presse d’aller vite chercher ailleurs. Mais même ailleurs, la même déception l’attend et l’attendra toujours.

Le seul endroit de l’univers où l’Homme est à l’abri de la déception, c’est au cœur de la Vérité. Mais où la découvrir ?

La Bible est faussée, celle que l’on nous vend dans les églises et dans les séminaires. Elle n’est plus ce qu’elle était, car l’Homme, sous l’emprise d’une folie orgueilleuse, est venu pour y introduire ses aberrations et ses sarcasmes.

L’église, lieu de vie et de paix destiné au partage de la Vérité, n’est plus ce qu’elle était. Elle est devenue la personnification de la dérision. On y trouve des mensonges et des leurres. On y voit beaucoup de déguisements et de flatteries. L’adulation a remplacé la justesse. Et la justice s’est substituée à l’ambition.

La science des Hommes a recouvert le monde, comme un grand drap opaque. Elle s’est imposée partout, en abrutissant toute la terre. Et c’est sur cette terre que nous mettons des enfants au monde, des enfants dont le regard ne peut traverser l’opacité des sciences mensongères.

La Vérité est oubliée, abandonnée comme un vieux trésor enfoui dans les décombres d’un grand navire au fond de l’océan. Personne ne la connait, seulement une poignée d’hommes et de femmes inconnus. Des croyants sincères embarqués chacun sur un petit radeau, ramant de toute leur force à contre-courant. Ils ont pris la peine de plonger sous l’océan et de chercher le trésor enfoui.

Le courant est si fort. Tous les grands bateaux le suivent et naviguent les uns derrière les autres. Ils sont si imposants, ils semblent si solides. Et la puissance du courant les entraîne à toute vitesse. Mais où vont-ils ?

Ils prennent le large, ils disent connaître la voie. Les cours d’eau se jettent toujours dans la mer : « tous les chemins mènent à Rome », et « toutes les bonnes volontés mène à Dieu »… Mais leur dieu n’est pas Dieu. Leur unité est un mirage. Ils se jettent aveuglément dans la sombre étendue de leur perdition.

Tandis que les rameurs, qui bravent les flots, se dirigent tout droit vers la terre promise. Mais combien gagneront la rive ?

La déception est sournoise, elle attaque les rameurs taciturnes, aussi volontaires et sportifs eussent-ils été. Les croyants ne sont pas à l’abri de la déception. C’est souvent elle qui les fait changer de trajectoire.

Quand je subis une déception qui m’accable, je me dis que ce n’est pas Dieu qui me déçoit.

Je me déçois toujours moi-même, car je suis incapable d’être parfaite et parce que je ne suis pas supérieure à ma condition. Mais il faut que je me pardonne.

Les humains me déçoivent et je dois par avance connaître le cœur de l’Homme pour surmonter ma douleur. Il arrive qu’un proche me déçoive, alors je dois prendre du recul et me dire qu’il n’excepte pas à la description de Dieu sur la nature humaine. Je dois me dire que cette personne n’est pas Dieu, qu’elle est faite de chair comme moi, et que je ne peux prétendre n’avoir jamais déçu personne.

Je dois lui pardonner avant même d’être déçu. Spirituellement, cela s’appelle « veiller » : c’est en se préparant à l’éventuel assaut que l’on s’exerce à réagir selon le cœur de Dieu.

Et si la déception m’est infligée par mon frère ou ma sœur en Christ, je dois pardonner comme Dieu pardonne, et lui offrir ainsi une nouvelle chance : une occasion de ne plus me décevoir. Trop heureux de la saisir, il ou elle mettra tout en œuvre pour améliorer sa conduite et ainsi espacer les déceptions…

« La charité est patiente, elle est pleine de bonté ; la charité n’est point envieuse ; la charité ne se vante pas, elle ne s’enfle point d’orgueil ; elle n’est point malhonnête ; elle ne cherche point son intérêt ; elle ne s’aigrit point ; elle ne pense point à mal ; elle ne se réjouit point de l’injustice, mais elle se réjouit de la vérité ; elle supporte tout, elle croit tout, elle espère tout, elle endure tout » (1 Corinthiens 13:4-7).

Ce n’est pas Dieu qui a créé la déception. Eve et Adam y ont goûté les premiers et ils se sont retrouvés seuls et plein de honte. Ils pensaient devenir des dieux, mais ils sont devenus ce que l’humanité est aujourd’hui. Des esprits confus dans le doute et la peur, inversant convictions et incertitudes. Des cœurs troublés qui se déçoivent sans cesse les uns les autres. Condamnés à errer indéfiniment.

Mais Dieu dans Sa grande Clémence n’a pas souhaité cela. Il a gardé précieusement le trésor de Sa sublime Vérité, il est intact et ouvert à tous ceux qui s’y intéressent de près. Ceux qui ont développé en eux-mêmes, grâce à l’Esprit Saint de Dieu, un amour grandissant pour la Vérité divine. Et au final, ils ne seront pas déçus.

Chaque nouvelle vérité est comme une gifle qui vient secouer et dépoussiérer les esprits. Sur le coup, cette gifle fait mal, elle apporte avec elle une dose de déception, de scandale même : « Quoi ? Comment ai-je pu être dupée depuis si longtemps ! »… Cette secousse soulève des sujets et remet en question énormément de choses. Mais elle est bénéfique. Elle nous rapproche de Dieu, de Sa connaissance et de Sa propre vision. Et surtout, elle nous éloigne du monde et du jugement qui tombera sur lui.

Il faut surmonter la déception première. Il ne faut pas en vouloir à Dieu, mais le remercier pour le privilège de prendre conscience de toute la supercherie, celle qui nous aurait causé – en demeurant dans le mensonge – une plus grande déception par la suite.

Mais surtout, la Vérité nous exempte de la pire désillusion, celle qui sera à la fin des temps si brutale pour le monde ; celle dont nous n’avons rien à craindre, nous qui ramons vraiment à contre-courant, selon le courant de Dieu.

Trop de personnes abandonnent en cours de route. Ce qui les déçoit les arrête net. Ils en veulent à Dieu. Inconsciemment, ils cherchent un responsable, car c’est moins dur pour eux, mais ils ne se remettent pas souvent en question. Nous avons toujours notre part de responsabilité dans les déceptions.

Si j’ai cru à un mensonge toute ma vie, il y a trois éléments : il y a celui ou celle qui m’a menti – mais qui souvent, étant piégé lui-même, ne s’en rend pas compte – ensuite, il y a moi, qui ai cru au mensonge. Et il y a aussi Dieu qui m’a laissé y croire.

De ces trois choses, l’Homme en retient souvent deux : l’auteur du mensonge et « le bon Dieu », qui finalement ne s’avère pas être aussi bon que ça, puisqu’Il semble s’être « tenu à l’écart ». Et le troisième point semble avoir été complètement omis : sa propre responsabilité dans l’histoire.

Voilà la vérité : Dieu, qui est Souverain et règne au-delà du temps et de l’espace –  puisqu’Il n’y est pas soumis – n’est pas responsable du mensonge, ni du naufrage du grand navire dont j’ai parlé plus haut. Si le trésor de Vérité a été submergé sous les flots et est devenu quasiment invisible, inaccessible pour tant de naufragés, c’est par l’entremise de l’ange déchu et de sa cohorte de démons.

Dieu n’a pas créé le truchement, Il ne cherche pas à S’imiter Lui-même en créant des contrefaçons contradictoires avec Sa Parole. Il ne cherche pas à perdre les humains. Il n’est pas espiègle.

Le maître dans l’art de la ruse, c’est le diable, Son ennemi juré. Satan sait qu’il ne peut pas atteindre Dieu, alors pour l’atteindre, il s’en prend à ce qu’Il a de plus précieux : d’abord Ses enfants, prunelle de Ses yeux, puis toute Sa Création. Voilà le moyen de Satan pour atteindre le cœur de Dieu.

Mais le Seigneur de l’Univers est au-dessus du temps et de l’espace. Il connaît et prévoit tout à l’avance, dès la fondation du monde… Il poursuit Ses desseins suprêmes, selon Son calendrier et non selon celui du monde.

Il assiste à toutes les déceptions, sans en être l’Auteur. Il assiste, Il secoue ou console, selon le niveau de connaissance et de compréhension de la personne désillusionnée. Se jettera-t-elle dans une nouvelle illusion, ou se jettera-t-elle dans les bras du Père ?

Je me jette dans les bras de mon Père, car mon âme connaît bien des secousses. La terre tremble sous mes pieds. Je n’ai nulle part où aller. Je suis déçue, toujours déçue, et fatiguée. « Jusqu’à quand ? », s’écrit mon cœur meurtri et plein de rage.

Jusqu’à quand devrai-je vivre entourée de fausseté ? Jusqu’à quand ces déboires ? Combien de temps les supporterai-je ? Ma sensibilité est telle que rien ne m’endurcit. Au contraire, chaque pierre lancée sur mon cœur le rend encore plus tendre. Et le monde est si dur.

Mais voilà ce que me dit mon Seigneur :

« Que toutes les choses qui sont véritables, toutes celles qui sont honnêtes, toutes celles qui sont justes, toutes celles qui sont pures, toutes celles qui sont aimables, toutes celles qui sont de bonne réputation, et où il y a quelque vertu, et qui sont dignes de louange ; que toutes ces choses occupent vos pensées » (Philippiens 4:8).

C’est le moyen qu’Il me donne pour surmonter la déception et vaincre ma douleur, ainsi que la tentation de m’endurcir et de m’envenimer. Mais comment contrôler ses propres pensées ? Comment garder la bonne trajectoire ?

J’improvise des chants, prières réconfortantes que j’exprime en élevant la voix. Je les chante partout, en vacant aux tâches domestiques, en conduisant, en marchant, ou en louant simplement mon Dieu, tandis qu’il fait nuit et que personne ne m’écoute.

Je le fais à chaque fois que je me sens trop fragile, trop petite, quand la terre s’ouvre sous mes pieds et que je ne peux pas regarder en bas. Je le fais quand la tristesse me submerge, à cause du monde tel qu’il est, à cause de ma vie trop insignifiante pour l’instant, pour contribuer comme je le voudrais à bâtir un monde sans déception.

Et le Seigneur me donne par mes chants la force de croire à ce Royaume vertueux et incorruptible qui s’en vient. La force de compter sur Lui et de surmonter toutes mes déceptions.

« Vous entretenant par des Psaumes, des cantiques et des chansons spirituelles ; chantant et psalmodiant de votre cœur au Seigneur » (Ephésiens 5:19).

« Rendant toujours grâces pour toutes choses au Nom de notre Seigneur Jésus-Christ à notre Dieu, et Père » (Ephésiens 5:20).

Que le Seigneur garde Ses enfants de se tromper de cible et de tomber dans l’aigreur.

Que notre pardon surplombe l’opacité de ce monde restreint qui retient la Vérité captive, sans en laisser l’accès aux masses insouciantes.

N’oublions pas que nous-mêmes, avant de ramer à contre-courant, nous étions des leurs et que nous buvions la même coupe.

Que Dieu nous donne la bonne coupe à boire, celle du sang de Son Sacrifice. Par cette coupe et par Sa Parole, nous nous purifions de nos fautes, des mensonges et des impuretés.

Que notre Sauveur nous délivre dans chacune de nos déceptions et nous aide à regarder vers l’avant.

Qu’Il nous guide dans le chemin, qui mène à Son Royaume.

« Non que j’aie déjà atteint le but, ou que je sois déjà parvenu à la perfection, mais je cours avec ardeur pour saisir le prix ; c’est pour cela aussi que j’ai été saisi par Jésus-Christ. Frères, pour moi, je ne me persuade pas d’avoir saisi le prix ; mais je fais une chose : oubliant ce qui est derrière moi, et m’avançant vers ce qui est devant, je cours avec ardeur vers le but, pour le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ » (Philippiens 3:12-14).

Soyez bénis,

Anne-Gaëlle




T.019 – La prière des élus

« Notre Père qui es aux cieux ; ton nom soit sanctifié ; ton règne vienne ; ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ; donne-nous chaque jour notre pain quotidien ; pardonne-nous nos péchés ; comme aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ; et ne nous induis point en tentation ; mais délivre-nous du malin ; car à toi appartiennent le règne, la puissance, et la gloire à jamais. Amen ! » (Matthieu 6:9-13).

 

Notre Père qui es aux cieux

Toi qui habites dans un Lieu inaccessible.

Qu’aucun être humain ne peut voir.

Dont nul n’a franchi le seuil.

Trop haut pour que nous puissions l’atteindre.

Trop immaculé pour ne pas le souiller par notre nature.

Trop éloigné pour en imaginer l’immensité et l’éclat.

Toi que nous appelons « Père ».

Qui habitait si loin de nous à cause de nos fautes.

Mais qui n’a pas voulu garder cette distance.

Toi, qui T’es rapproché de nous.

Jusqu’à devenir semblable à la créature que Tu créas.

Toi, qui as quitté Ta glorieuse Habitation.

Pour emménager dans un monde obscur.

Sans frémir à l’idée des nuits froides, de la paille et du fumier.

Toi, qui T’es fait Fils et notre Frère.

Toi, qui T’es fait Epoux et qui a payé la dot.

Toi, qui es aujourd’hui dans le Lieu inaccessible.

Tout en étant avec nous par Ton Esprit.

Notre Père, qui est aux Cieux…

 

Ton nom soit sanctifié

Ce Nom glorieux, que Ton peuple n’osait pas prononcer.

Ce Nom sublime que le monde a profané.

Ce Nom qui veut tout dire, tout ce que Tu es.

Le Nom qui signifie « Celui qui est ».

Et qui le restera à jamais.

Le Dieu Très-Haut, le Tout-Puissant.

Le Maître des armées célestes.

Le Roi des rois, Seigneur des seigneurs.

Le Saint des saints.

Le Berger de Ton peuple.

Le Rocher d’Israël.

Le Père éternel.

L’Admirable, le Conseiller.

Le Prince de paix.

Le Dieu fort, devant qui rien ne résiste.

Dieu de Justice, Dieu fidèle et équitable.

Dieu Sauveur, qui porte en Son Nom le sauvetage de l’humanité.

Dieu avec nous, l’Emmanuel qui nous comble de Sa Présence.

Lumière du monde en qui se trouve la Vie.

Parole faite chair, qui subsiste siècle après siècle.

Vérité qui règne au-dessus du mensonge.

Chemin tracé par la main divine.

Puissance de résurrection, notre Victoire finale.

Dans Tout ce que Tu es et ce que Tu nous montres de Toi.

Nous voulons T’adorer.

Nous voulons acclamer Ta grandeur.

Que rien en Toi ne soit sous-estimé, que rien ne nous échappe.

Nous voulons chanter Ton Nom.

Nous voulons T’en trouver d’autres encore.

Pour Te manifester tout notre amour.

Et Te montrer combien ce Nom est sacré pour nous.

Car Il est au cœur de notre adoration.

Car Il est tout ce que notre cœur désire.

Que Ton Nom soit sanctifié…

 

Ton règne vienne

Règne visible pour Tes élus.

Règne invisible pour les habitants du monde.

Nous connaissons que Tu es Roi.

Créateur et Maître de l’univers.

Rien ne se passe sans Ton consentement.

Tu donnes des ordres à Tes anges et ils obéissent.

C’est par Ta Force souveraine que tournent autour de la terre.

Le soleil et la lune que Tu créas pour l’éclairer.

C’est Toi qui tiens les astres en gravitation.

Tu connais toutes les lois naturelles et spirituelles.

C’est Toi qui en es l’Auteur.

Monarque absolu, on essaie de Te voler Ta Couronne.

Pourtant, c’est Toi qui établis les rois et les présidents.

Ton ennemi voudrait prendre Ta place.

Mais il n’est pas capable de gouverner.

Seule Ta Domination apporte Paix et Justice.

Seule Ta Colère est justifiée.

Seule Ta Sagesse est véritable.

Tu n’as pas besoin de conseillers.

Tu as fondé Ta Dynastie, qui n’a pas de fin.

Tu as posé le Roc pour bâtir l’Edifice.

Tu as dessiné les plans de Ton Royaume.

Le Salut est implanté dans les fondations de Ton Amour.

Depuis que Tu as créé le monde.

Seigneur glorieux paré de Puissance.

Que ce Règne, qui est le Tien.

Vienne dans toute Sa plénitude.

Pour que Ta Justice soit manifestée devant tous les humains.

Pour que Ta Paix soit instaurée de manière globale.

Et que Tu mettes fin aux guerres et aux meurtres.

Pour que Tu instruises le monde sur la nécessité d’aimer.

Et que Tes élus puissent enfin régner avec Toi.

Que Ton règne vienne…

 

Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel

Perfection infiniment supérieure aux ambitions humaines.

Ta Volonté, c’est elle que nous recherchons.

Car elle est sage, elle est douce, elle est bonne.

La volonté de Ta Volonté nous submerge.

Plus nous avançons dans le noir.

Plus nous essayons des chemins.

Et la vision du labyrinthe nous désole.

Car les pensées humaines sont un labyrinthe.

Où nous nous perdons à mille lieues de Toi.

Mais Tes pensées surplombent tous les méandres de la terre.

Ta Volonté, voilà notre seule issue.

Dans nos vies tortueuses dont nous sommes peu fiers.

Dans notre monde perdu aux valeurs inversées.

Dans l’avenir incertain de notre humanité déchue.

Que Ta Volonté se manifeste.

Donne-nous Ton Esprit pour bien la comprendre.

Que cette Volonté si sublime qui est la Tienne.

S’installe dans notre cœur de manière définitive.

Et qu’elle se fasse du haut des Cieux dans notre monde.

Pour qu’elle produise enfin le fruit de Ta mûre Réflexion.

Puisque cette Volonté, Tu l’as prédite depuis des millénaires.

Que Ta Volonté soit faite…

 

Donne-nous chaque jour notre pain quotidien

Toi qui pourvois au besoin des oiseaux.

Toi qui arroses les arbres et les fleurs du désert.

Toi qui nourris la veuve et l’orphelin.

Donne-nous aussi notre subsistance.

Donne-nous pour le corps et donne-nous pour l’esprit.

Mais abreuve notre cœur par-dessus tout.

Car là est notre plus grande inanition.

Abreuve-nous de Ton Amour.

Ne nous laisse pas dépérir.

Le monde ne peut nous donner ce qui rassasie.

Ne nous laisse pas nous tromper de nourriture.

Donne-nous celle que Tu as mangée Toi-même.

Quand Tu disais « ma nourriture, c’est de faire la Volonté du Père ».

Donne-nous le Pain du Ciel, qui est la Vérité.

Et ne nous laisse pas confondre envie et besoin.

Car notre besoin primaire, c’est d’être aimé de Toi.

Et d’être sauvé de nous-mêmes.

Mais nos envies souvent nous entraînent loin de Toi.

Et ne nourrissent pas la bonne partie de nous-mêmes.

Donne-nous peu à peu, selon Ta Sagesse.

Ne nous laisse pas tomber dans la cupidité.

Ni dans l’éternelle insatisfaction.

Mais donne-nous ce que Ton Cœur désire.

Donne-nous chaque jour notre pain quotidien…

 

Pardonne-nous nos péchés

Enlève de nos épaules le fardeau que nous portons.

Ne le laisse pas nous peser trop lourd.

Au point de nous écraser et de nous anéantir.

Ne le laisse pas se changer en remord et en désespoir.

Empêche-nous de réagir comme Judas.

Qui préféra le séjour des morts à Ta miséricorde.

Ouvre nos yeux devant Ta Compassion.

Donne-nous de nous tenir devant Ton Trône de Grâce.

Ne nous laisse pas attendre le jugement final.

Laisse Ton Esprit nous montrer là où nous avons échoué.

Laisse-le générer en nos cœurs de sincères regrets.

Des regrets que nous t’apportons.

Pour ne pas qu’ils nous hantent.

Montre-nous dans nos vies où nous pouvons mieux faire.

Et offre-nous la chance d’essayer encore.

Même si nous avons atteint les « sept fois soixante-dix-sept » tentatives.

Pardonne-nous pour chacune d’elles.

Efface aussi la conséquence du mal que nous avons commis.

Car le mal produit toujours le mal.

Donne-nous de le surmonter par le bien.

Et après l’agitation de nos cœurs coupables.

Offre-nous Ta paix et Ton divin repos.

Pardonne-nous nos péchés…

 

Comme aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés

Rescapés et naufragés.

Nous avons tous souffert.

Nous connaissons la souffrance, le sang, les blessures.

Et au-delà, nous connaissons la vive douleur d’un cœur qui saigne.

Parfois, nous tentons de camoufler notre mal.

Mais Toi, Seigneur, Tu le vois.

Tu connais le nombre d’hématomes qui recouvrent nos âmes.

Et celui des commotions violentes que nous avons subies.

Là où Tu es encore en mesure d’offrir Ton Pardon.

Remplis-nous de Ta Compassion.

Envers l’auteur de notre souffrance.

Et si nous nous sommes nous-mêmes infligés les coups.

Donne-nous de nous pardonner pour cela.

Ne nous laisse pas nous endurcir.

Ne laisse pas la haine être notre pansement.

Mais verse sur nos plaies l’huile de Miséricorde.

Car celui qui est en prison, ce n’est pas toujours le coupable.

Mais surtout la victime, enfermée dans sa propre rancœur.

Donne-nous la capacité de nous libérer.

Afin de tourner la page.

Et de ne pas gâcher la belle histoire de nos vies.

Dont Toi, Dieu Souverain, es l’Auteur.

Afin de vivre une destinée de justice et de paix.

Et d’être pardonné à notre tour.

Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés…

 

Et ne nous induis point en tentation

Toi, le Chef suprême.

Qui montra à Satan l’intégrité de Job, Ton serviteur.

Et le laissa l’éprouver jusqu’à la frontière de l’insupportable.

Tu fis cela parce que Tu connaissais son cœur.

Et que Tu n’avais rien à craindre.

Il Te resta fidèle, épreuve après épreuve.

Même si la douleur l’emmenait dans des contrées lointaines.

Des contrées hostiles qu’il ne connaissait pas.

Au bord de la folie peut-être.

Mais il ne Te renia pas.

Tu connaissais son cœur, Tu estimais sa force.

Car il s’appuyait sur Ta Parole en toutes choses.

C’est ainsi que Tu le récompensas.

Pour son courage et sa foi.

Pour avoir tenu tête à l’ennemi.

Sous toutes ses formes et à chaque intrusion.

Et Tu Lui accordas le double de toutes les richesses.

Qu’il avait perdues sans T’en tenir rigueur.

Tu fis de lui un exemple à jamais.

Un héros non fictif de grande envergure.

Pour nous instruire et nous encourager.

Nous Te demandons : Ô Père.

Ne nous laisse pas subir les mêmes épreuves.

Epargne-nous de la fournaise ardente.

Des occasions de chute et des fascinations malsaines.

Ne nous laisse pas au bord de l’agonie.

Car nous ne savons si nous avons en nous-mêmes.

La force de tenir et de rester intègre.

Nous craignons de tomber malgré notre piété.

Car Tu nous as montré de quoi est fait l’Homme.

D’un peu de terre et de beaucoup d’orgueil.

Il se croit au-dessus de sa condition.

Mais Toi, qui es notre Père.

Accorde-nous toujours Ton secours.

Veille sur nos cœurs, montre-nous le chemin.

Et ne nous induis pas en tentation…

 

Mais délivre-nous du malin

Dans ces temps de la fin.

Où les hommes ne croient plus au diable.

Où les démons se promènent librement dans les rues.

En enchantant les foules, en vendant leurs chimères.

Donne-nous le discernement nécessaire.

Ouvre nos yeux pour voir dans les sphères invisibles.

Repérer les mensonges et les mauvais esprits.

Déceler tous les pièges avant de poser le pied.

Donne-nous Ta Conscience, par Ton Esprit-Saint.

Donne-nous Ta force pour combattre le mal.

Et Ton Autorité pour gagner le combat.

Mets en nous Ta Parole qui déroute l’ennemi.

Mets en nous Ton Amour qui le fait déguerpir.

Sois notre bouclier en ces temps de la fin.

Délivre-nous du malin…

 

Car à toi appartiennent le règne, la puissance, et la gloire à jamais

L’Eternité t’appartient, Maître de l’univers.

Toute la Puissance qui créa ciel et terre.

Et l’infiniment grand de toutes les galaxies.

Se trouve dans Tes Mains.

Se trouve dans Ta Bouche.

La Puissance et la Gloire pour régner à jamais.

Pour sauver notre monde et pour sauver nos âmes.

Pour nous revêtir d’un corps immaculé.

Aussi rayonnant que fut le Tien, Seigneur.

Pour nous offrir la Vie, sans nous donner la mort.

Nous épargner des flammes qui s’élèveront.

Quand Ton jugement s’abattra sur la terre.

Et pour faire descendre des Cieux où Tu habites.

La nouvelle Jérusalem, la Cité de Dieu.

Où nous partagerons ton Règne et Ta Gloire.

Et nous délecterons des délices éternels.

Pour toujours en Ta Sainte Présence.

Car à toi appartiennent le règne, la puissance et la gloire à jamais…

 

Amen 

Par ce mot, nous te disons « Que ceci s’accomplisse »

Par ce mot nous scellons la véracité des paroles.

Et d’un même cœur, d’un même esprit, nous nous y associons.

Comme un ciment indissoluble.

Ce mot fixe notre prière.

Sur le fondement de notre foi.

Nous croyons fermement en Ta fidélité.

Ainsi qu’en Tes promesses et Tes prophéties.

Alors reçois, Ô Père, notre Confiance absolue.

Amen !

 

« Le Dieu d’Israël a dit, le rocher d’Israël a parlé de moi :

Celui qui règne parmi les hommes avec justice, qui règne dans la crainte de Dieu, est pareil à la lumière du matin, lorsque le soleil se lève, en un matin sans nuages ; son éclat fait germer de la terre la verdure après la pluie.

N’en est-il pas ainsi de ma maison devant Dieu ? Car il a fait avec moi une alliance éternelle, bien ordonnée, assurée. Tout mon salut, tout ce que j’aime, ne le fera-t-il pas fleurir ?

Mais les méchants seront tous comme des épines qu’on jette au loin ; car on ne les prend pas avec la main, mais celui qui les veut manier, s’arme d’un fer ou du bois d’une lance, et on les brûle au feu sur la place même. »

(2 Samuel 23:3-7)

« Éternel, ta bonté atteint jusqu’aux cieux, ta fidélité jusqu’aux nues.

Ta justice est comme les montagnes de Dieu ; tes jugements sont un grand abîme.

Éternel, tu conserves les hommes et les bêtes. O Dieu, que ta bonté est précieuse ! Aussi les fils des hommes se retirent sous l’ombre de tes ailes. Ils sont rassasiés de l’abondance de ta maison, et tu les abreuves au fleuve de tes délices.

Car la source de la vie est auprès de toi ; c’est par ta lumière que nous voyons la lumière.

Continue ta faveur à ceux qui te connaissent, et ta justice aux hommes droits de cœur. »

(Psaumes 36:6-11)




T.018 – La fidélité

 

Emilie, c’est le nom d’un être qui m’est très cher. Je l’aime de façon inconditionnelle : il me suffit de poser mon regard sur elle pour en prendre conscience. Emilie, c’est un petit être merveilleux que Dieu a modelé de Ses doigts d’Artiste. Une créature extraordinaire qui m’apporte chaque jour bien plus que ce qu’elle est supposée m’apporter. En elle, je vois tant de choses, je l’observe et je médite sur notre Créateur…

Emilie, c’est ma petite chienne. Elle est de petite taille, elle rentre facilement dans un sac ou dans mon manteau. Elle est très belle et son joli minois n’a cesse de susciter les attendrissements des passants. A mes yeux, elle reste un bébé, car elle en a l’apparence et le caractère. Je suppose que je ne la considérerai jamais comme une adulte et que je ne la laisserai pas faire de petits. Non, il n’y a pas d’émancipation envisageable : elle restera toujours ma toute petite Emilie !

La nuit, elle dort blottie contre moi, bien au chaud sous ma couverture. Elle cherche la présence et la chaleur de son maître. Elle a toujours les yeux dirigés vers moi. Elle guette mon regard, espérant le capter. Elle guette un changement d’expression sur mon visage, cherchant à deviner mes intentions. Pour rien au monde, elle ne voudrait louper une occasion d’entreprendre une sortie avec moi. Elle me suit partout et épie le moindre de mes gestes : s’il lui donne une once d’espoir, elle se met à remuer la queue, incapable de dissimuler sa joie.

Je suis tout ce qu’elle désire, tout ce qu’elle recherche. Sa fidélité envers moi n’a pas de limite. Quand je la laisse seule à la maison, elle reste couchée sur le panier de linge, pour avoir mon odeur. Et alors, elle ne fait qu’attendre. Une fois, je l’avais laissée trois jours chez une personne proche qu’elle connaissait bien : elle avait passé son temps devant la porte d’entrée et semblait se laisser mourir.

Quand je conduis, elle a l’art de me persuader de la laisser monter sur mes genoux. Elle avance, millimètre par millimètre, et elle arrive toujours à ses fins. Elle sait qu’au volant, je dois me concentrer et qu’elle ne peut pas avoir toute mon attention. Alors, elle se fait toute petite. Parfois, je ne sens même pas ses petites pattes légères se faufiler et monter sur moi. Puis peu à peu, elle ne tient plus, le besoin est trop fort : elle gagne du terrain et de toute sa force, elle attrape ma main avec ses pattes pour les diriger vers son ventre, afin que je la câline. Elle sait comment s’y prendre !

Pour elle, le bonheur, c’est d’être avec moi et de recevoir mon amour. Et son bonheur suprême, c’est quand je la cajole pendant de longues minutes interminables. Elle aime quand j’embrasse sa petite frimousse, là où le poil est le plus soyeux. La tendresse que nous avons l’une pour l’autre est si douce et si pure que j’en remercie le Seigneur chaque jour. Car la vie sans aucune tendresse serait bien triste, et le quotidien sans ma joyeuse compagne serait assez morose.

Emilie est une chienne exceptionnelle parce qu’elle a un grand respect pour mes commandements. Elle préfère passer quinze heures sans faire ses besoins, plutôt que de faire une bêtise qui risque de me fâcher. Elle préfère souffrir plutôt que d’enfreindre la loi de son maître, et de le décevoir. Quand nous sortons dehors dans le village, elle marche à mes pieds, comme retenue par une corde invisible. Je lui dis de ne pas bouger et elle reste subitement immobile. Je lui dis d’attendre et elle attend sagement. Ah ! Si les enfants pouvaient être ainsi ! La vie d’une mère serait si facile ! Mais les enfants croient que les commandements et les interdits ne sont que des freins à l’amusement, et seulement faits pour les embêter… Emilie a beau être une petite chienne, elle sert d’exemple. Elle a une confiance totale en moi et sait que tous mes commandements sont pour son bien et sa sécurité. Et elle obéit !

Emilie a un don, entre autres : elle court extrêmement vite ! Il suffit que je lui dise « Cours ! » et elle s’élance à toute vitesse à travers champs et forêts, et je n’arrive plus à la rattraper ! Courir est sa passion, c’est l’activité qui lui procure le plus de plaisir, car Dieu l’a faite avec les particularités physiques d’une sportive de haut niveau ; le vétérinaire l’avait déjà remarqué. Quand elle court, on dirait qu’elle a des ailes : elle paraît si libre, si légère ! La regarder courir ainsi est touchant, et je remercie le Seigneur pour ses qualités et sa santé.

Oui, c’est une petite chienne extraordinaire. Elle fait preuve d’une intelligence qui me dépasse : par exemple, quand au beau milieu d’une discussion, je me mets à parler d’elle, la voilà qui se pointe ou qui me regarde en levant les oreilles. Pourtant, je fais exprès de ne pas prononcer son nom ! Même si elle semble dormir, elle s’éveille tout à coup et nous montre qu’elle sait que nous parlons d’elle. Elle nous montre sa joie, car elle aime avoir de l’attention. Elle demande beaucoup d’attention et se réjouit exagérément quand elle n’en obtient qu’une miette.

Emilie, pour moi c’est toute une allégorie. Au travers de ce petit être que Dieu m’a confié pour que nous prenions soin l’une de l’autre, je vois beaucoup de similitudes envers la relation qu’entretient le disciple avec son Maître, le Christ. A sa manière, elle sert d’exemple et montre le comportement du parfait disciple, ou presque…

Le chien est dans la culture populaire symbole de fidélité. On dit aussi qu’il est « le meilleur ami de l’homme ». Il y a en effet une très grande complicité entre un chien et son maître. Ils se connaissent très bien l’un l’autre et pourraient tous deux se reconnaître entre mille. Dans une immense foule, le chien sait pertinemment qui est son maître. Il sent son odeur de très loin. Il pourrait traverser des régions entières pour le retrouver en suivant une piste. Il reconnait sa voix, le bruit de ses pas, sa démarche particulière. Le chien connaît les habitudes de son maître. Il vit sa vie en s’ajustant sur la manière de vivre de son maître. Il recherche sa proximité avant tout, et s’efforce de lui obéir en toutes choses. Le chien, s’il est bien traité et même choyé, ne vit que dans la gratitude de ce que son maître lui offre chaque jour. Il n’a cesse de remuer la queue pour manifester sa joie et sa reconnaissance. Et il paraît que même les chiens battus retournent toujours vers leur maître…

N’est-il pas troublant de voir combien la Création de notre Dieu regorge de ces trésors allégoriques ? Puisés souvent dans le règne animal, il y a beaucoup de trésors cachés qui nous instruisent et nous font réfléchir. Je pense que ce n’est pas par hasard. Le Créateur a bel et bien réfléchi à toutes ces choses avant de les cacher pour tous ceux qui ont reçu de Lui le don d’observer Son œuvre et de méditer sur les éventuelles leçons à apprendre.

Emilie ne connaît certes pas Jésus-Christ, puisqu’elle n’a pas l’Esprit de Dieu en elle pour Le lui révéler. Mais elle me montre comment je devrais vivre en tant que disciple de mon Seigneur et Sauveur :

Pour elle, je suis son sauveur. Elle garde les yeux fixés sur moi et me cherche sans cesse du regard quand elle ne me voit plus. Je devrais faire de même avec mon Sauveur.

Elle a besoin de moi dans tous les domaines : pour la nourriture de chaque jour, pour les soins nécessaires à sa guérison quand elle est malade, pour la rassurer la nuit quand elle fait un cauchemar, pour éviter de se faire écraser sur les routes, pour avoir chaud et surtout pour recevoir l’affection sans laquelle elle mourrait. Je devrais dépendre du Christ à tous les niveaux, Lui qui a tous les pouvoirs.

A mes yeux, même si les années passent, elle reste aussi petite qu’un bébé à protéger. D’ailleurs, elle garde en elle les caractéristiques d’un chiot. Quand elle vieillira vraiment, je suppose que mon regard ne changera pas. Je devrais comprendre que, pour Dieu mon Père, je suis un enfant. Quelque soit ma sagesse, mes expériences, mon orgueil, quelque soit mon âge, je resterai pour Lui Son enfant et j’ai besoin de Sa protection. D’ailleurs, j’ai encore les traits d’un enfant : quand je fais des erreurs, quand je ne comprends pas ce que mon Père m’explique et surtout quand je n’en fais qu’à ma tête. Je devrais considérer Dieu comme mon Père et apprécier ma juste place, sans chercher à me grandir.

Elle a toujours besoin d’attention, à tel point qu’elle guette les discussions et actions des humains. Lui montrer que je m’intéresse à elle la comble parfaitement. Je devrais reconnaître en moi-même ce besoin légitime et humain. Je devrais laisser Dieu le satisfaire, puisque Lui seul est en mesure de me suivre du regard et de S’intéresser à ma vie dans les moindres détails.

Elle est fidèle jusqu’à la mort, si elle est privée de ma présence trop longtemps, elle préfère se laisser dépérir. Pour elle, la vie est inimaginable sans son maître. C’est ainsi que je devrais être engagée pour Celui qui dit de Lui-même qu’Il est fidèle. Convaincue de Sa fidélité, je devrais Lui en témoigner autant qu’Il m’en témoigne.

 Elle est loyale ; elle n’aime pas enfreindre mes commandements ; quitte à en souffrir, elle souhaite être trouvée fidèle au retour de son maître afin de s’attirer louanges et rémunération. Je devrais avoir l’obéissance pour guide. Je ne devrais pas avoir de réticence à faire la Volonté de mon Seigneur. Je devrais me réjouir du retour de mon Maître qui saura parfaitement considérer si je Lui suis restée vraiment fidèle et qui m’en remerciera en Son temps.

Elle a une confiance totale en moi et ne s’inquiète jamais de rien, parce qu’elle sait que je l’aime et que jamais je ne pourrais la négliger ou l’abandonner. Je devrais être consciente de l’Amour que mon Dieu a pour moi. Je devrais être sûre d’une seule chose parmi les milliards de connaissances acquises par l’humanité : Dieu est incapable de me laisser tomber, parce qu’Il a fait de moi Son enfant et qu’Il ne fait pas les choses à moitié, ni pour les regretter ensuite.

Elle a le don de se réjouir, elle puise sa joie dans ma simple compagnie. Il suffit que je parte cinq minutes pour qu’en revenant, elle se réjouisse comme si elle ne m’avait pas vue depuis des siècles. Elle manifeste sa joie ouvertement et ça me fait du bien. Parce que je l’aime, je n’ai pas envie de la voir abattue ou malheureuse. Sa joie est contagieuse : elle la transmet naturellement, sans même s’en rendre compte. Je devrais moi aussi me réjouir sans avoir besoin de chercher des raisons ; je devrais me réjouir de la simple présence de mon Maître auprès de moi. Je devrais cultiver cette joie si pure, de manière à l’éprouver à la moindre occasion où je décèle Sa Présence dans ma vie, aussi infime soit la bénédiction reçue de Lui. Je devrais vivre ma joie ouvertement, même si le contraste avec mon entourage maussade dérange ou effraie. Je devrais savoir que la joie du Seigneur, déversée par Son Amour, a le pouvoir de faire le bien, qu’elle peut se propager là, et vers qui le Seigneur le souhaite.

Elle a le don de courir vite. Pour elle, la grande vitesse dont elle est capable est un moyen de s’épanouir, ainsi qu’un plaisir sans pareil. Pratiquer ce pour quoi elle est conçue lui offre une sensation de liberté inégalée. Je devrais moi aussi connaître les dons que mon Créateur a mis en moi. Je devrais utiliser mes talents pour faire ce pour quoi Il m’a conçue. Je ne devrais pas espérer atteindre un certain niveau pour commencer à mettre mes dons en pratique. Je devrais compter sur le génie de Dieu qui m’a créé. Je devrais Le laisser opérer en moi cet épanouissement actif auquel j’aspire. Il sait ce qu’Il fait et pourquoi Il le fait. Je devrais chercher la liberté dans cet espace créatif que Dieu me donne, plutôt que dans le monde. Faire ce que je sais faire le mieux, puis Le laisser canaliser mon œuvre pour Lui-même, afin de Lui en donner toute la gloire : voilà une joie instantanée et véritable !

Elle est si belle. Elle est aimée inconditionnellement. Même quand il lui arrive de faire des bêtises, elle est toujours pardonnée. Elle va d’abord se cacher sous le lit pour éviter l’orage. Mais elle revient, avec des yeux qui en disent long sur son désir de réconciliation. Je devrais savoir combien Dieu m’aime, sans mesure, sans condition. Je devrais connaître ma valeur et ma beauté pour Celui qui me regarde, qui m’a créée et qui prend soin de moi. Je ne devrais pas aller me cacher quand je fais des erreurs, ou quand il m’arrive de ne plus me maîtriser. Je ne devrais pas craindre les foudres de mon Maître, mais seulement l’idée de L’avoir blessé. Je ne devrais pas avoir peur de perdre Son Amour, ni Son estime. Je devrais vite aller me réfugier auprès de Lui, par la vertu de Son Sacrifice, et Lui demander humblement pardon. Je devrais lire dans les yeux de mon Maître non de la colère, mais de la compassion. Et je devrais savoir que Lui-même lit dans mon cœur tout ce que je ne parviens pas encore à Lui dire.

Elle n’hésite pas une seconde à me demander, quand elle a besoin d’aide. Elle est petite et, en montagne ou dans la forêt, il y a souvent des obstacles qu’elle ne peut pas franchir. Elle n’attend pas : aussitôt qu’elle s’en rend compte, elle couine et reçoit le secours nécessaire. Je ne devrais pas avoir la moindre appréhension à demander le secours de mon Sauveur, ni repousser à demain le moment de la prière, si aujourd‘hui je sens dans mon cœur que j’ai un souci ou un problème à Lui confier. Je ne devrais pas craindre de Le déranger, ni d’être un fardeau pour mon Maître. Puisque c’est Lui qui m’a prise à Son école, Il est en mesure de répondre à toutes mes questions sans reproche, même si je ne semble pas progresser vite. Je devrais graver dans mon esprit entêté de quoi contrer l’affreux mensonge, comme quoi mes requêtes et mon insistance importuneraient Dieu. Voilà la phrase qu’il faudrait graver une fois pour toute : « Plus je Lui demande et plus je L’honore ». Car celui qui demande à Dieu, croit qu’Il est en mesure de répondre. Et qui demande beaucoup, place sa confiance dans une Puissance et un Amour assez grand pour oser espérer de Lui toutes les réponses.

Ainsi, la fidélité de Dieu nous pousse à réagir. Car Sa fidélité nous trouble. Elle est visible chaque jour, au-travers de tout ce qui nous arrive ainsi qu’au-travers de la protection divine dont nous bénéficions. Et elle est visible dans les petites choses, dans ce qu’Il a créé et signé de Sa main : comme ma petite chienne qui nous sert d’exemple.

« Celui qui vous a appelés, est fidèle » (1 Thessaloniciens 5:24).

« Retenons sans fléchir la profession de notre espérance ; car celui qui a fait la promesse est fidèle » (Hébreux 10:23).

« Si nous sommes infidèles, il demeure fidèle ; il ne peut se renier lui-même » (2 Timothée 2:13).

« Et son maître lui dit : Cela est bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur » (Matthieu 25:21)

« Je vis ensuite le ciel ouvert, et voici un cheval blanc, et celui qui était monté dessus, s’appelait le FIDELE et le VÉRITABLE, qui juge et qui combat avec justice » (Apocalypse 19:11).

Que le Seigneur nous offre davantage la grâce de contempler Ses œuvres, afin d’apprendre toujours plus, selon ce qu’Il souhaite nous apprendre. Peu importe l’intelligence ou la culture générale, avec Dieu, on peut apprendre quelque chose de magnifique à partir d’une simple créature, ou même d’une fleur. Quand l’Esprit de Dieu est notre Maître, Il affute notre regard et aiguise notre sens de l’observation.

Que la fidélité de notre Dieu soit notre chant et notre victoire !

Soyez bénis !

Anne-Gaëlle




T.017 – Le Bonheur véritable

A cette approche de Noël, je vois des rues illuminées. De grands sapins décorés viennent soudain narguer tous les autres arbres. Les habitants des belles villas jouent au défi d’orner leur propriété de la manière la plus spectaculaire possible. Ils se font la concurrence avec leurs dizaines de figurines géantes de toutes les couleurs et leurs guirlandes électriques, dont on ne peut de prime abord mesurer la longueur. Ça clignote et ça scintille de toute part ! Cela attire les regards de tout le monde, et surtout des enfants qui n’en peuvent plus d’attendre la date la plus magique de l’année : celle du Noël artificiel…

Les êtres humains se bousculent dans les magasins. Entraînés dans une frénésie générale, ils sont comme dans un autre monde. Chacun le sien, chacun sa liste, ses impératifs, ses invités. Les supermarchés regorgent depuis déjà plusieurs mois des mets les plus délectables et peu à peu les rayons de sont habillés de rouge, de doré et de vert. Les yeux ne savent plus où aller, ils se perdent dans l’abondance de toutes ces décorations et choses matérielles.

Des jouets en multitude, toujours plus tendance, plus sophistiqués, toujours plus… On ne sait plus lesquels choisir. Des jouets pour tous les âges, même pour les adultes, qui à l’occasion de Noël se donnent le droit de replonger en enfance… Noël, la fête des enfants, disent les uns. La fête de la famille, disent les autres. Noël, une fête féérique avec des pères-noël à chaque coin de rue, des personnages fantastiques et des contes qui font rêver les assoiffés de vivre.

Des milliards de publicités dans les boîtes aux lettres. Des peluches gigantesques qui bougent la tête pour saluer les gens qui viennent dépenser leur argent. Des décors somptueux et des stands aux innombrables besoins superflus. Voilà Noël ! Tous les royaumes du monde, toutes les richesses, réunis en un seul mot.

C’est un jour spécial avec une veillée extraordinaire, où même les plus petits ont le droit de ne pas dormir ; où l’on ne compte pas la quantité de chocolat qu’ils ingurgitent. La joie en ce jour est justifiée. Noël, c’est une fête dont les humains sont devenus les maîtres. Ça ne dure que deux jours et il faut attendre une année avant de pouvoir ressentir à nouveau la même euphorie.

En s’appropriant cette fête, le monde capitaliste s’est créé sa propre magie : tout ce que je vois, ce n’est pas le vrai sens supposé de Noël, à savoir, la réminiscence du miracle de la venue de Christ dans notre monde.

Je vois le dieu Mammon qui met une barbe blanche et se frotte les mains en riant d’admirer toute cette activité économique. Je vois un carnaval où les cœurs vides recouvrent leur désespoir avec des masques élégants arrosés de champagne. Je vois des familles qui font semblant de s’aimer – qui se supportent le temps d’un repas – parce que c’est Noël et qu’il faut trinquer ensemble. Je vois des montagnes de cadeaux de toutes les tailles et de toutes les couleurs, déposés en bas du sapin, et des enfants qui tournent autour en essayant de lire les étiquettes. Pour eux, l’attraction se trouve au pied de cet arbre et ils ne peuvent penser à rien d’autre. Et dans tous ces cadeaux, ce sont des petits dieux que je vois.

Beaucoup de personnes pensent qu’il ne faut pas dramatiser cela, que l’ampleur du spectacle artificiel que nous offre le monde à cette occasion est à prendre à la légère. La perversion totale des valeurs ne les dérange pas tellement, car ils disent croire encore à cette fête et aux justes valeurs. Mais ce n’est pas ma description qui est pathétique. C’est d’avoir enlevé à cette fête humaine l’attrait pour le divin, et d’avoir perverti cette tradition plus encore qu’elle ne l’était déjà.

Le Sauveur du monde, au lieu d’enfiler Sa combinaison de super-héros, a cru bon de Se dévêtir, de rétrécir, de S’appauvrir jusqu’à ce qu’Il prenne la forme d’un nourrisson. Batman ou Spiderman n’auraient jamais fait ça ! La logique des grands héros, c’est d’apparaître au summum de la force. Dans l’imagination collective, ce sont des êtres supérieurs. Même dans la mythologie, les dieux rivalisent en puissance et en gloire.

Mais la naissance de Jésus-Christ, c’est l’illogique folie de Dieu, qui n’est ni une science exacte, ni une légende enchanteresse, ni un sujet à débattre. C’est la voie de l’Amour dans toute son Excellence. L’Amour qui s’humilie, qui accepte de se diminuer et de s’en remettre à la Volonté supérieure. C’est la voie de l’abnégation totale, car l’Amour ne peut voir le jour, là où le « je » espère prévaloir.

Certains se ventent sûrement que l’Évangile a parcouru le tour du monde. Quelle divine fierté de voir des crèches et des sapins un peu partout ! Mais dans ces milliards de personnes : qui a compris ce que ce jour unique de la naissance de notre Messie signifie vraiment ? Faut-il se prosterner devant une sainte icône de l’enfant-Roi pour prétendre être de ceux dont le cœur et l’âme ne font plus qu’un avec la venue du Sauveur ? Suis-je chrétien parce que j’ai une petite crèche à la maison, que je dépoussière chaque année, et dans laquelle je dépose mes petits personnages sortis tout droit d’une usine à fabriquer des rêves ?

Noël artificiel, c’est le bonheur terrestre des habitants de la terre. A cette période de l’année, l’euphorie recouvre les continents comme un manteau de brouillard. Ce n’est malheureusement pas l’euphorie que provoque la réception de l’Évangile dans un cœur repentant. Non, c’est une euphorie terrestre, qui n’a rien à voir avec l’adoration du Sauveur. Le monde peut donc se vanter d’être heureux, moi je connais un plus grand bonheur.

Le Christ, je Le connais personnellement. Et Il me connaît mieux encore que je ne Le connais. Il n’est pas venu pour me sauver qu’une fois, en naissant dans ce monde pour me montrer la voie et mourir à ma place : Il l’a fait, certes, mais Il me sauve aussi chaque jour.

Il me sauve de la terreur, celle qu’éprouve le monde sans vouloir l’avouer, tandis qu’il se le cache à lui-même en avalant une multitude de placébos, alors qu’ils ne font que détourner la peur. Le Christ me sauve de la solitude, celle qui frappe les maisons comme une épidémie galopante et incontrôlable, au pouvoir meurtrissant. Il me sauve des mauvaises ambitions et de la désillusion, afin qu’en écoutant Ses conseils, je n’aie plus à souffrir toute une vie de me tromper de rêve, ni de me réveiller quand il sera trop tard.

Le monde peut se vanter d’être heureux, au milieu de tout ce qui le réjouit. Je ne me réjouis pas pour les mêmes raisons que lui. Ce qui réjouit mon cœur d’une manière ineffable, c’est que j’ai reçu le secours de Celui que l’on appelle en hébreu « Dieu sauve ». C’est qu’au-travers de tout ce qui m’arrive, c’est Sa main secourable que je touche. Ce qui me réjouit, c’est d’être en relation avec Lui. Il connaît tout ce qui est en moi, mes moindres désirs, mes questions, mes déchirures. Rien ne Lui échappe ! Et Il y répond avec une telle Intelligence que d’y penser un peu m’abasourdit complètement ! Je n’ai pas besoin de champagne, de drogue, de placébos artificiels pour me montrer le chemin du bonheur. Mon bonheur n’est pas terrestre.

La présence du Christ dans ma vie est si impressionnante ! Je n’ai pas besoin de le voir avec mes yeux. Je me suis séparée de tous mes crucifix. Avant, je dormais la nuit en serrant une croix en bois de la taille de ma main, avec la représentation du Christ en métal clouée dessus. Je l’embrassais car j’avais besoin d’embrasser mon Sauveur, je la tenais contre mon cœur. Je n’étais pas catholique, je ne faisais pas cela par tradition ou superstition. Mais tout comme un petit enfant laissé tout seul dans sa chambre, j’avais besoin de me rassurer. J’avais besoin du contact tactile avec mon Sauveur. Je lui parlais souvent, mais ça ne me suffisait pas. Des années s’étaient écoulées depuis ma conversion et je ne ressentais plus le bonheur de Sa Présence…

J’avais développé ainsi une passion pour les crucifix et les monastères. J’allais visiter plein de monastères et d’églises pour contempler les représentations du Christ. Non pas pour me prosterner devant elles, mais parce que mes yeux si charnels avaient besoin de Le voir. Un jour, j’ai acheté un grand crucifix taillé à la main par un sculpteur, d’une valeur de 155 € ! J’étais si fière, car il était magnifique et exceptionnellement réaliste : un véritable Israélite sur la croix ! Cette dépense était une vraie folie, mais cette somme n’était rien en comparaison de la langueur qu’éprouvait mon cœur et le désir ardent de rendre ma relation avec Christ plus palpable.

Puis un jour, j’ai ressenti que tout ce bonheur que j’éprouvais avec mes crucifix était comme une drogue et que Jésus Se trouvait ailleurs. Je me suis sentie comme une prostituée et je me suis débarrassée des crucifix. C’était un grand sacrifice pour moi, mais je n’ai pas reculé une seconde. Dieu agrée ce genre de sacrifice, Il aime voir Ses enfants se défaire de l’objet de leur néfaste affection, en Son Nom et pour l’amour de la Vérité.

Maintenant, je ressens à nouveau le vrai bonheur. Mon Sauveur est présent dans tout ce qui me touche, dans tout ce qui me parle, dans tout ce qui est parfait. Car les choses parfaites n’existent que lorsque Dieu en est l’Auteur, c’est Lui qui les crée et les donne.

Le « bonheur » du monde, surtout à cette période de l’année où il apparait des plus superficiels, me met mal à l’aise. Il n’est qu’une couverture. La plupart du temps, les gens se noient et nagent difficilement à la surface, la tête hors de l’eau. Quand ils semblent bien nager, cela ne se voit pas. Et pourtant, tout n’est que survie et mensonge ici-bas, quand on ne connaît pas le Christ.

Dieu est venu me chercher quand j’étais à des années-lumière de Le connaître et de croire en Lui. J’étais en train de mourir, car je n’arrivais plus à nager. Je n’avais plus de force. C’était il y a onze ans. A l’époque, moi aussi je ne connaissais que des joies éphémères et un bonheur superficiel.

Je suis une des rares personnes qui ait reçu une révélation surnaturelle de l’Omniprésence, de la Toute-puissance et de l’Omniscience de Dieu. Il m’avait offert le privilège de Le rencontrer et, malgré mon athéisme, quelque chose en moi avait reconnu le Créateur. J’ai su qu’Il était au-dessus de moi et je me suis tout de suite identifiée comme Sa créature. Son regard descendait jusqu’au plus profond de mon âme : Il me voyait en-dedans, comme en-dehors. C’était un évènement si fort, si intense, qu’en y repensant aujourd’hui, je le vois comme la préfiguration de la venue de Christ dans ma vie – que j’ai connu un an après – et surtout de la venue de Christ dans mon cœur par Son Esprit qui n’a cesse de s’éprendre de moi et qui me pousse toujours vers Lui.

En réfléchissant à ce jour mémorable qui changea ma vie à jamais, mon expérience surnaturelle me fait penser à ce que les chrétiens disent célébrer à Noël : la révélation de Dieu qui devient palpable dans ce monde. Le Créateur, Dieu Tout-Puissant est là. Jusqu’à présent, Il était discret. Il regardait, Il observait, Il attendait patiemment le moment venu. Puis une nuit, la terre L’a reçu par un miracle indescriptible. Il est arrivé, Il devint plus proche que jamais. Et depuis, Il vient chercher, Il interpelle, Il Se révèle à qui Il veut.

Les témoignages d’expériences surnaturelles ne sont généralement pas les bienvenues dans le monde incrédule. Les gens ont peur de l’inexplicable. Ils veulent tout savoir, tout comprendre, tout contrôler. Mais Dieu est Maître de la manière dont Il veut de révéler à chacun de nous ! Etant une ancienne droguée, mon témoignage de cette expérience fut naturellement mis sur le compte de l’ébriété. Et pourtant, ce jour-là, j’étais malade, complètement malade. J’avais sans doute attrapé le virus transporté par le moustique à la mode qui frappait fort à l’époque, à l’île de la Réunion. Mon compagnon, qui n’avait que faire de mon état, ne voyait pas que j’étais au bord de l’agonie. C’était un dur, un homme que rien ne peut atteindre. Il m’avait entraînée contre mon gré dans la jungle pour aller voir un de ses camarades qui habitait reclus au milieu de nulle-part, dans un champ de bananiers. Cet ami était un alcoolique analphabète, comme il y en a tant à la Réunion. Il habitait dans une vieille cabane minuscule, rongée par l’humidité. J’étais allongée sur son matelas à moitié moisi, incapable de manger, de boire ni de fumer ma précieuse drogue,  car je ne faisais que vomir et trembler.

Il a fallu que je sois dans cet état pour être sobre quelques heures, pour me dire « Alors c’était ça, ma vie ? ». Je pensais effectivement mourir dans cette cabane. Je sentais la vie s’en aller. J’étais bouillante et je grelottais, avec la sensation d’être aussi froide qu’un cadavre. Mais le Créateur de la vie en a décidé autrement. Du fond de ma cabane, au milieu de cette jungle, tandis que j’étais complètement seule – seule et sobre – Il m’a offert de percevoir concrètement Sa Toute-puissance, juste au-dessus de moi : j’ai senti Son regard, Son regard gigantesque, Son regard de Dieu !

Il était là, Il me regardait, simplement pour me dire « Je suis ton Créateur ! Ne vois-tu pas que je te regarde ? Ne vois-tu pas que je te connais ? ». Qui me connaissait ? L’homme qui soi-disant partageait ma vie, mais m’abandonnait dans la jungle quand j’étais en train de mourir ? Les personnes avec qui nous faisions la fête des nuits entières, sans avoir le moindre intérêt sincère les uns pour les autres ? Ma famille, qui était à 11 000 km, qui ignorait mon addiction et l’art, dont j’étais devenue maître, de m’autodétruire ? Non, personne ne me connaissait. Et je ne me connaissais pas non plus moi-même : ni l’ancienne pécheresse que j’étais, car je n’avais pas conscience de l’ampleur de mes péchés, et ni la nouvelle créature que j’allais devenir, celle que Dieu S’apprêtait à modeler.

Quand j’ai su qu’il y avait un Créateur et que j’étais Sa créature, ma vie a subitement pris un sens et je me suis levée tout à coup. La fièvre est tombée, je n’étais plus malade ! La sensation très forte de la Présence de mon Créateur demeurait intense, j’étais si excitée ! Plus rien n’était pareil. Tout avait changé dans ma perception. Tout avait changé, sauf moi ; mais de cela, je ne m’en rendis compte que bien plus tard. J’avais rencontré Dieu comme Créateur, mais je ne L’avais pas encore rencontré comme Rédempteur. Il fallait que je fasse du chemin avant, ou devrais-je dire, une boucle : tourner en rond, et m’apercevoir que la clef du chemin n’était pas en moi.

Depuis ce jour glorieux où j’avais réalisé qu’il y a un Dieu qui me regarde, j’avais décidé de lui dédier ma vie, comme une pièce de théâtre dont Il serait le Spectateur. Je voulais que le spectacle Lui plaise ! Je croyais pouvoir devenir meilleure. Je ne connaissais rien à la Bible, ni à la religion. Je savais seulement que, jusqu’à présent, j’avais vécu en égoïste. Je ne visais auparavant que la satisfaction de besoins et de désirs qui m’étaient propres, comme celui d’échapper à mes souffrances et de trouver le bonheur. Je le cherchais mal et c’est ainsi que j’étais tombée dans l’addiction la plus cruelle qui soit : celle de la drogue et de ses illusions. Alors, la volonté se dessina en moi de ne plus vivre pour moi-même et de trouver une mission, une cause, pour offrir ma vie au Dieu qui me regardait ; ce Dieu que je ne connaissais pas encore, mais qui me connaissait.

Je pensais que la maternité est une cause honorable et qu’être maman, c’est ne plus vivre pour soi, mais pour son enfant. Alors, je décidai de devenir mère et de donner mon enfant à Dieu, c’est-à-dire, de l’élever de manière à ce qu’elle Le serve toute Sa vie, comme je m’apprêtais moi-même à le faire. Plus tard, je lus dans la Bible le récit d’Anna, la mère du prophète Samuel, et je fus profondément émue, car j’avais fait sans le savoir à peu près la même prière…

Deux semaines après le jour mémorable où j’ai croisé le regard de Dieu, je portais en moi un enfant. Je ne m’en glorifie pas, car, à l’époque, j’ai agi par ignorance et manque de sagesse. Mais ce qui est fort, c’est que Dieu utilise les choses folles du monde pour manifester Ses desseins et ainsi confondre les sages. Je savais que j’allais avoir une fille. Je savais que je devais l’appeler d’un nom qui signifie « Sagesse », car cette vie que Dieu avait créée en moi était – malgré la folie de ma décision – la première pierre au sage édifice de la nouvelle vie à laquelle j’aspirais. Pendant ma grossesse, j’eus le privilège de voir ma fille dans un rêve, de voir son visage tel qu’il était quand je l’ai tenue dans mes bras à sa naissance.

Mais cette grossesse difficile, vécue dans la drogue et la violence, fut la boucle que j’ai évoquée tout à l’heure. N’ayant pas encore un accès direct à la Grâce de Dieu, ni à la Vérité qui affranchit, et n’ayant pas encore la connaissance de mon Sauveur, je puisais la force de supporter la dureté avec laquelle j’étais confrontée chaque jour dans la drogue. Mon compagnon ne se remettait pas en question, il ne me suivait pas dans ma quête spirituelle. J’étais malgré moi constamment environnée de cette boue puante dont j’étais si dépendante.

Dieu, miséricordieux et compatissant envers les cœurs qui souffrent, me regardait et m’écoutait prier. Pendant des mois, je le suppliai de me pardonner pour ma faiblesse et d’épargner ma fille. Je Lui rappelai ma promesse, malgré que je fusse incapable de la tenir. Et Il eut pitié de nous. Il épargna mon enfant. Malgré la quantité de drogue assimilée dans son petit corps, et malgré la violence des conflits dont elle fut témoin – car mon ventre n’était pas imperméable au bruit et aux émotions – elle vint au monde en parfaite santé, et avec un esprit très éveillé.

L’être humain est parfois obligé de passer par une multitude de souffrances pour comprendre enfin que la capacité de changer, ainsi que celle de vaincre l’addiction ou la dépression, ne se trouvent pas en lui-même. La vie que je voulais offrir à Dieu ne serait jamais une belle vie tant que je la vivrais par mes propres forces.

Quand ma fille fut âgée de deux mois, le Seigneur permit que je quitte enfin la montagne où nous vivions. C’est ce jour-là qu’Il m’offrit en un quart de seconde ce que j’avais cherché par tous les moyens pendant des mois : être délivrée de la drogue. Un taxi vint nous chercher, ma fille et moi, et, tandis que nous parcourions la longue route en lacets, je pris conscience que ce jour, j’avais consommé le terrible poison pour la toute dernière fois. Depuis, je n’ai jamais éprouvé le moindre besoin de m’empoisonner à nouveau, bien au contraire, l’odeur du cannabis me répugne.

J’étais pauvre, seule avec un nourrisson. Je n’avais nulle-part où aller. J’ai été à l’hôtel, puis en foyer, puis dans une chambre minuscule, puis dans un studio appartenant au  pasteur qui m’a accueillie. Et j’ai connu l’Amour du Christ : j’ai rencontré le Rédempteur. Il me manquait cette facette de Dieu. Il fallait que je comprenne qu’Il ne Se contente pas d’être « au-dessus », mais qu’Il est venu « au-dedans » de l’humanité, en se faisant Homme charnel, Fils d’une simple femme.

Il fallait que j’expérimente l’addiction la plus néfaste pour rechercher une canne plus solide sur laquelle m’appuyer, et pour être un jour en mesure de ne dépendre que de Lui.

Il fallait que je sois entièrement brisée pour qu’Il me relève et me reconstruise, à Son image, pour qu’Il crée en moi un être nouveau.

Il fallait que je sois anéantie au point de vouloir nous supprimer, moi et l’enfant que je portais en moi, lorsqu’à six mois de grossesse, j’avais décidé, à cause de ma terrible impuissance, de nous supprimer.

Il fallait que Dieu m’en empêche, car Il devait m’apprendre à estimer la vie.

Il fallait que je sois vidée de toute ma force pour qu’Il me donne la Sienne.

Il fallait que je fréquente ce gouffre de la mort et les personnes qui y sont enfermées pour que je sois aujourd’hui remplie de compassion et de vigilance envers les habitants de ce monde qui empire de jour en jour.

Il fallait que j’expérimente le malheur au plus haut degré pour comprendre ce qu’est le véritable Bonheur.

Le vrai Bonheur ne se trouve pas dans les artifices. Il n’est pas dans les sensations fortes, ni dans l’ivresse, ni dans les sports de haute voltige. Il n’est pas dans le bien-être. Il n’est pas dans l’autosatisfaction, ni dans l’amas de gains. Il n’est pas dans le développement de la personnalité ou des compétences, ni dans la réalisation de grands projets.

Le vrai Bonheur, c’est le Christ. C’est Le connaître, c’est le voir dans tout ce qu’Il me montre, c’est L’entendre personnellement.

Le vrai Bonheur, c’est Lui parler, c’est tout Lui dire et savoir qu’Il écoute, comme aucun autre ne peut le faire.

Le vrai Bonheur, c’est recevoir de Sa main tout ce qu’Il souhaite me donner et Le servir sans réserve.

Le vrai Bonheur, c’est par ma vie, de Lui dire Merci, Merci et simplement Merci.

 Le vrai Bonheur, c’est de L’aimer et de pouvoir toujours compter sur Son Amour.

Voilà pourquoi je brave le regard des autres en témoignant de ce que j’étais et de ce que Dieu a fait pour moi. Les pharisiens modernes hausseront les épaules, les religieux trouveront peut-être que ma foi est un scandale. Mais je m’en fiche. C’est pour mon Sauveur que j’écris et pour tous ceux qui verseront une larme sincère en considérant combien Dieu est extraordinairement bon pour moi.

Car le Dieu que j’adore est impartial, Il ne préfère personne dans toute Sa Création. Alors, s’Il m’aime autant, c’est qu’Il vous aime aussi. Il n’y a pas de ténèbres assez sombres pour qu’Il ne puisse vous y retrouver.

D’ailleurs, l’humanité ne Lui a pas semblé trop sombre pour venir la rejoindre et choisir de devenir l’un des nôtre. Au contraire, Il a considéré cette obscurité qui recouvre notre planète et Il a placé dans le ciel une étoile plus brillante que les autres. Une étoile qui annonçait de loin à toute la terre que le moment était venu : l’heure où le Dieu Créateur devenait Rédempteur, Sauveur à la portée de tous pour faire connaître au monde le véritable Bonheur.

« Or, il y avait dans la même contrée des bergers qui couchaient aux champs, et qui gardaient leurs troupeaux pendant les veilles de la nuit. Et voici un ange du Seigneur se présenta à eux, et la gloire du Seigneur resplendit autour d’eux, et ils furent saisis d’une grande peur. Alors l’ange leur dit: N’ayez point de peur; car je vous annonce une grande joie, qui sera pour tout le peuple; C’est qu’aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur, vous est né. Et ceci vous servira de signe: Vous trouverez le petit enfant emmailloté et couché dans une crèche. Et au même instant il y eut avec l’ange une multitude de l’armée céleste, louant Dieu et disant: Gloire à Dieu, dans les lieux très hauts; paix sur la terre, bonne volonté envers les hommes! Et quand les anges se furent retirés d’avec eux dans le ciel, les bergers se dirent les uns aux autres: Allons donc jusqu’à Bethlehem, et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur nous a fait connaître » (Luc 2:8-15).

« Or, le message que nous avons reçu de lui, et que nous vous annonçons, c’est que Dieu est lumière, et qu’en lui il n’y a point de ténèbres. Si nous disons que nous sommes en communion avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons, et nous n’agissons pas selon la vérité. Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous sommes en communion les uns avec les autres, et le sang de son Fils Jésus-Christ nous purifie de tout péché.

Si nous disons que nous n’avons point de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est point en nous. Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité. Si nous disons que nous n’avons point de péché, nous le faisons menteur, et sa parole n’est point en nous » (1 Jean 1:5-10).

 

Que Dieu vous manifeste Son Amour !

Anne-Gaëlle




T.016 – La société, une malade tyrannique

Le monde que nous voyons chaque jour est rempli de paradoxes. Il se contredit sans cesse dans ses objectifs ainsi que dans ses manières d’agir. Dans cette ère qui approche la fin des temps sur la terre, ce qui nous fait froncer des sourcils n’arrête pas d’augmenter en nombre, en grandeur et en absurdité.

La société veut créer des emplois, mais elle en supprime chaque jour au fur et à mesure que le règne de l’informatique et des nouvelles technologies s’établit, prospère, comme une grande usine qui avale les petits métiers d’autrefois.

La société veut accueillir les étrangers ; elle se propose d’être un refuge pour ceux qui fuient la misère et le danger, alors que c’est elle qui crée des guerres, des famines et des exilés. En vérité, elle les rejette, car elle limite ses actions en multipliant ses lois et elle n’accorde pas à tous les hommes les mêmes droits, ni la même estime.

La société veut informer, mais elle désinforme, puisqu’elle ne met en lumière qu’une partie de la vérité – ou presque – et qu’elle se base sur le profit et l’ambition des puissants de ce monde pour divulguer ses bijoux artificiels, faits de « on dit » et de « il faut croire », et surtout de tissus à scandale, car c’est bien cela qui rapporte le plus…

La société veut aider les plus faibles, mais c’est pourtant bien elle qui a créé toute leur faiblesse, lorsque l’avidité des un a fait la misère des autres. Et même si le goût du jour est de montrer l’exemple en jouant l’altruisme et l’unité, elle autorise, favorise, l’exploitation des pauvres par ceux qui font semblant de les secourir.

La société veut guérir les malades, alors que c’est elle qui leur a infligé leurs maladies. Toutes les maladies modernes qui ne cessent d’augmenter, comme l’obésité, le diabète, les maladies cardio-vasculaires, AVC et autres, les cancers – et j’en passe – font l’objet de dépenses exorbitantes : campagnes préventives, soins curatifs, recherche scientifique… Et la société continue de produire en masse les causes de ces pathologies, sans renoncer une seconde au gain économique de cette surconsommation aliénée et effrénée, même pour le bien de l’humanité.

La société veut guérir et protéger la planète, mais elle la pousse vers l’inexorable destruction, car elle ne renonce pas à faire augmenter les besoins des humains et, avec tous ces besoins superflus, la consommation d’énergie ainsi que la pollution que l’on essaie soi-disant de maîtriser.

Je vois un grand géant avec deux grosses mains : une main violente qui frappe, entaille, pervertit, détruit l’humanité ; et l’autre un peu maladroite qui la soigne, la panse et la caresse !

L’industrie agro-alimentaire veut nourrir la planète et elle l’empoisonne. Les gens meurent de cancers à force d’ingurgiter des pesticides, des hormones, des antibiotiques et autres produits chimiques de synthèse. Et pourtant, il faut que les aliments aient du goût, selon les critères modernes. Il faut qu’ils soient faciles à produire, peu coûteux, et attrayants. Il faut qu’ils soient produits et vendus en abondance. Il faut promettre le bonheur de ceux qui les consomment. Il faut que le monde soit à la merci de cette industrie alimentaire qui promet la santé tout en la détruisant !

Les enfants grandissent si vite, au point de se développer sexuellement sans que la porte de leur enfance ne se soit refermée : les hormones présentes partout, ainsi qu’une alimentation trop riche, les rendent pubères avant qu’ils n’atteignent l’âge d’aller au collège. Mais ce n’est pas grave, car pour cela aussi la société a des solutions… Elle propose à ces enfants de leur enseigner l’art d’être grand en leur montrant comment mettre un préservatif et comment détecter les signes d’une potentielle homosexualité. Elle leur offre la mode qui, dès les petites tailles, s’impose dans toute sa vulgarité et fait des enfants des adultes miniatures. Et elle les pousse inexorablement vers une adolescence prématurée et pervertie, avec toute une panoplie d’idoles, de séries télévisées, de clips vidéo et de gadgets abrutissants.

La société crée le handicap mental et social en entraînant son monde dans la spirale infernale des besoins virtuels et de l’autosatisfaction immédiate. Je vois des enfants de deux ou trois ans qui ont des téléphones tactiles dans les mains et les manipulent plus aisément qu’ils ne sauraient tenir un crayon ; je les vois jouer avec pendant que les parents discutent ou écoutent de la musique dans leurs écouteurs, plongés eux-mêmes dans leur univers égocentrique. Je vois des jeunes enfants qui possèdent dans leur chambre télévision, ordinateur, console de jeux vidéo et j’en passe. Ils regardent des films qui à l’origine, lorsqu’ils furent créés il y a vingt ou trente ans, étaient adressés à des adultes, mais aujourd’hui sont devenus des phénomènes de mode dans les cours des écoles primaires !

Je vois la violence partout, souvent derrière le masque comique du divertissement. Je la vois dans les dessins animés, les jeux vidéo, dans la musique, dans les livres et même dans les publicités. Je vois un décor macabre qui s’installe peu à peu, aussi funèbre qu’une morgue ou qu’un tombeau décrépit : des têtes de mort sur les cartables, des vampires sur les vêtements, des poupées mort-vivants, des héros monstres et zombies, des fantômes et j’en passe… Je vois des stars nues et fardées danser et chanter comme si elles étaient possédées par des démons, et j’entends leurs chansons désinvoltes dans la rue et partout, et sur les lèvres de leurs fans de plus en plus jeunes.

Et la jeunesse – monde de demain – qui ne tient plus la route. Le nombre de jeunes criminels et d’actes barbares augmente : surtout dans les cours des écoles, tout comme le harcèlement entre jeunes, catapulté à un niveau record grâce aux réseaux sociaux que personne n’est en mesure de contrôler. Le nombre de jeunes suicidés s’accroît également.

La société propose des aides pour aider les enfants en difficulté : on leur met un adulte pour les suivre en classe, un adulte sans solution qui s’assoit à côté de l’enfant et fait son travail à sa place. La société propose toute sorte de soutien et de parcours pour le bien psychologique des enfants et des jeunes, mais elle n’empêche pas la cause de ce qui les perturbe et les pervertit, bien au contraire, elle la favorise !

Il y a bien sûr l’information préventive : « fumer tue », « évitez de manger trop gras et trop sucré », « l’abus d’alcool est dangereux pour la santé », « ce film peut troubler la sensibilité des plus jeunes », « la pratique intense de ce jeu peut générer une addiction »… Est-ce cela prévenir le mal ?

Lors d’un cours de psychologie, le professeur nous avait montré un documentaire qui s’intitulait « Démence digitale » : c’était un docteur en psychiatrie qui, tout au long de son exposé, prouvait que la démence en tant que dégénération cérébrale est directement liée à l’exposition intense aux nouveaux médias. C’était très captivant, car cet homme avait le courage d’affirmer une vérité sérieuse, à la base d’un problème dont l’échelle devient planétaire. Cette vérité déplait, elle irrite tous ceux qui ne jurent que par les nouvelles technologies et qui fondent leur vie sur le profit qu’elles génèrent. Inutile de dire que cet homme s’est fait beaucoup d’ennemis !

Le cerveau d’un petit enfant n’est pas fait pour regarder la télévision, et encore moins pour jouer aux jeux vidéo, ni pour se concentrer pendant des heures sur l’écran d’un ordinateur. Beaucoup de facultés, au lieu de se développer, se perdent et l’enfant se retrouve « en retard » : avec diverses lacunes dont l’association de données dans différentes parties du cerveau, processus nécessaire dans son apprentissage à l’école. Sur le plan psychologique, les répercussions sont tout aussi importantes : le petit enfant est incapable de faire la distinction entre le rationnel et l’émotionnel ; ce qui le plonge dans une détresse pour laquelle il n’est pas préparé et qu’il n’est pas apte à surmonter, ceci créant des troubles du comportement.

Tout ceci semble bien passionnant à analyser, mais plus on a le regard critique et réaliste envers cette société contradictoire, plus on en est écœuré, révolté et absolument incapable de la comprendre et de la changer. Pour la changer, c’est son fondement qu’il faudrait modifier. C’est pourquoi j’ai plus ou moins renoncé à la voie professionnelle que j’avais choisie : j’ai bien compris que toutes les thérapies du monde n’étaient qu’une petite goutte d’eau dans un océan acide.

J’admire les personnes qui croient pouvoir changer le monde, croyant en une société meilleure dans un avenir proche. Je les admire pour leur zèle à essayer de faire bouger les choses, mais ce ne sera toujours que la peau superficielle du géant qu’ils grattent… Je les admire pour leurs efforts, mais je ne crois pas que leur zèle à tenter de calmer les symptômes de la maladie planétaire les guérira eux-mêmes. Je les admire et je les plains à la fois. La plupart ne croient pas en Dieu et essaient désespérément de faire le travail de Dieu, comme s’Il n’en était pas capable. Ils savent que la société a des problèmes et ils en imputent la cause à Dieu, s’ils entendent parler de Lui. Pour eux, si Dieu existe, Il a mis les humains dans ce gigantesque guêpier et puisqu’Il ne fait rien, c’est à eux de les en sortir.

La Bible nous révèle pourtant quelque chose de complètement différent. Je crois qu’il ne faut pas confondre la société et Dieu. La société fait du mal et fait du bien, et c’est pour cela que ça n’a pas de sens. Elle est comme un homme ivre qui rentrerait chez lui et battrait sa femme et ses enfants, puis en se réveillant le lendemain, en découvrant les coups portés, il se dépêcherait d’aller dans les magasins acheter des jouets, des robes et du parfum, croyant par cet acte réparer le mal et guérir ce qui a été blessé. La société fait deux choses à la fois : elle essaie de cacher la première et met la seconde en avant. Dieu n’est pas ainsi.

La société agit pour son propre profit, elle a un dessein bien caché au regard du grand public. Elle aiguise le couteau avec lequel elle s’apprête à poignarder et elle prépare les bandes et le coton avec lesquels elle pansera les plaies. Elle est comme un tyran sadique qui console sa victime après l’avoir battue et violée. La victime n’ayant nulle part où aller retourne auprès de son malfaiteur et, parce qu’il l’a consolé un peu et qu’il lui a fait de belles promesses, elle justifie son attachement à lui en le faisant passer pour son bienfaiteur.

Dieu n’est pas ainsi. Il n’afflige pas ceux qu’Il aime pour Son propre plaisir. Il n’en tire aucune satisfaction, aucune gloire. Il ne le fait pas de bon cœur, mais par obligation. Car Lui-même a été le premier à être affligé, et ceci à cause de l’Homme dont Il est le Créateur.

« Et l’Éternel se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre, et il en fut affligé dans son cœur » (Genèse 6:6).

L’Homme Lui a en effet donné toutes les raisons de regretter de l’avoir créé : à commencer par la désobéissance, la trahison – lorsqu’il a voulu changer de maître – et tout le mal dont il Lui a offert le spectacle désolant, depuis qu’il a voulu s’émanciper et construire des villes et des royaumes. Dieu n’a pourtant cessé de garder espoir, malgré l’état désespérant de la condition humaine depuis la chute. Il reste là, toujours présent, pour prévenir Son peuple de ne pas mal faire ainsi que pour l’assurer de Ses bonnes intentions : des intentions pures basées sur Sa nature miséricordieuse.

« Et il dit : Si tu écoutes attentivement la voix de l’Éternel ton Dieu, si tu fais ce qui est droit à ses yeux, si tu prêtes l’oreille à ses commandements et si tu gardes toutes ses ordonnances, je ne t’infligerai aucune des maladies que j’ai infligées à l’Égypte ; car je suis l’Éternel qui te guérit » (Exode 15:26).

« Il relève le pauvre de la poussière, il tire l’indigent du fumier, pour les faire asseoir avec les princes ; et il leur donne en héritage un trône de gloire ; car les colonnes de la terre sont à l’Éternel, et il a posé le monde sur elles » (1 Samuel 2:8).

Le Seigneur avait des desseins purs et merveilleux concernant le peuple qu’Il S’est créé. Il avait besoin d’une chose pour que ces desseins s’accomplissent : de l’intégrité de Ses serviteurs. Mais peut-on parler de serviteurs quand ils ont choisi de ne plus Le servir ? Le service demandé était-il exagéré, trop coûteux, pénible ?

« Il t’a déclaré, ô homme, ce qui est bon. Et qu’est-ce que l’Éternel demande de toi, sinon de faire ce qui est droit, d’aimer la miséricorde, et de marcher humblement avec ton Dieu ? » (Michée 6:8).

Est-il un Roi injuste et capricieux, qui a besoin d’une foule d’esclave pour Lui faire la pédicure ? Le service demandé était-il centré sur Lui, où n’était-ce pas plutôt Lui qui Se soucie de ceux qui ont besoin d’être secourus ?

« Si vous ne faites point de tort à l’étranger, à l’orphelin, à la veuve, et ne répandez point en ce lieu le sang innocent, et ne marchez pas après les dieux étrangers, pour votre ruine ; alors je vous ferai habiter en ce lieu, au pays que j’ai donné à vos pères, d’un siècle à l’autre siècle » (Jérémie 7:6-7).

Mais comme un petit enfant intrigué et attiré par une flamme, malgré les multiples avertissements afin de le protéger, les humains n’ont que faire des avertissements. Ils finissent par toucher la flamme. Ils finissent par l’aimer. Certes, elle brûle, mais elle est si belle à regarder ! Ils aiment tout ce qui brille ! Et Dieu doit intervenir avant que le danger ne soit insurmontable. Il doit leur faire prendre conscience de leurs mauvaises actions, de leur manque d’intelligence et surtout de leur manque de cœur. Il doit les secouer violemment, même s’Il les aime.

« Israël est une brebis égarée, que les lions ont chassée. Le roi d’Assyrie l’a dévorée le premier ; mais ce dernier, Nébucadnetsar, roi de Babylone, lui a brisé les os » (Jérémie 50:17).

« Vos réchappés se souviendront de moi, parmi les nations où ils seront captifs, parce que j’aurai brisé leur cœur adultère, qui s’est détourné de moi, ainsi que leurs yeux, qui se sont prostitués avec leurs idoles; ils se prendront même en dégoût pour tout ce qu’ils auront fait de mal, pour toutes leurs abominations » (Ezéchiel 6:9).

L’Amour de Dieu n’a d’égal que Sa colère, lorsqu’Il déplore ce que Son précieux peuple est devenu : ce peuple qu’Il avait créé, qu’Il a chéri, qu’Il S’était mis à part. Il a cherché à Se faire connaître et à Se faire aimer de lui. Mais au lieu de cela, ce peuple ingrat a préféré chercher ailleurs. L’Amour de Dieu est comparable à celui d’un époux fou d’amour : comment pourrait-il supporter de voir chaque jour sa bien-aimée se prostituer pour des gains éphémères ? La jalousie est légitime chez Dieu, car Son peuple n’a eu cesse de Lui être infidèle. En plus de cela, il Lui a manifesté ouvertement son mépris, en méprisant ce qui est sacré. Et bien souvent, il a fait preuve d’une grande hypocrisie, puisqu’il a passablement joué le jeu de la religion lorsqu’il l’a estimé nécessaire : sous la forme de sacrifices et de festivités qui ne voulaient plus rien dire.

« Qu’il n’y ait parmi vous ni homme, ni femme, ni famille, ni tribu, qui détourne aujourd’hui son cœur de l’Éternel notre Dieu, pour aller servir les dieux de ces nations ; qu’il n’y ait point parmi vous de racine qui produise du poison et de l’absinthe ; et que nul, en entendant les paroles de cette imprécation, ne se flatte en son cœur, en disant : J’aurai la paix, bien que je marche dans l’endurcissement de mon cœur ; en sorte qu’il ajoute l’ivresse à la soif. L’Éternel ne consentira point à lui pardonner ; mais alors la colère de l’Éternel et sa jalousie s’allumeront contre cet homme, et toute la malédiction écrite dans ce livre pèsera sur lui, et l’Éternel effacera son nom de dessous les cieux » (Deutéronome 29:18-21).

« Ses sacrificateurs violent ma loi et profanent mes choses saintes ; ils ne distinguent pas entre ce qui est saint et ce qui est profane ; ils ne font pas connaître la différence entre ce qui est souillé et ce qui est pur ; ils ferment les yeux sur mes sabbats, et je suis profané au milieu d’eux » (Ez 22:26).

« Dans l’ardeur de sa colère, il a brisé toute la force d’Israël ; il a retiré sa droite en présence de l’ennemi ; il a allumé dans Jacob comme un feu flamboyant, qui consume de toutes parts » (Lamentations 2:3).

Quand bien même un prophète (ou un prédicateur) arrive à émouvoir un moment son auditoire, l’avertissement n’est pas souvent assez pris au sérieux pour générer la conversion souhaitée de Dieu. Comme le dit le dicton : « loin des yeux, loi du cœur ». Aussitôt le discours terminé, chacun retourne à ses occupations et reprend son mode de vie, selon ses priorités. Avec le recul que produit le temps qui passe, il est aisé de se dire « Ce n’est pas si grave » et la conséquence du péché semble alors bien moins menaçante et effrayante… De plus, les hommes préfèrent généralement aller consulter des personnes qui offrent des paroles plus agréables à entendre, des paroles qui ne demandent aucune remise en question ! Et c’est alors que la colère de Dieu arrive à les surprendre en s’abattant sur eux au-travers de circonstances choisies par Celui devant qui l’on a fermé l’oreille…

« Le peuple du pays use de violence ; ils commettent des rapines, et font tort à l’affligé et au pauvre, et contrairement à toute justice ils oppriment l’étranger » (Ezéchiel 22:29).

« Ils ont des visions trompeuses, et prononcent des oracles menteurs en disant : ‟Ainsi a dit le Seigneur, l’Éternel”, quand l’Éternel n’a point parlé » (Ezéchiel 22:28).

« L’Éternel a fait ce qu’il avait résolu ; il a accompli la parole qu’il avait dès longtemps arrêtée ; il a détruit, il n’a point épargné. Il a réjoui l’ennemi à ton sujet, et il a relevé la force de tes adversaires » (Lamentations 2:17).

Dieu afflige ceux qu’Il aime dans Sa colère justifiée. Il en est réduit à le faire, parce que l’homme ne Lui laisse pas d’autre alternative. Dieu ne peut pas supporter éternellement l’infidélité et le blasphème, tout comme Il ne peut tolérer indéfiniment l’autodestruction de la race qu’Il S’est créée « à Son image ». Mais loin d’être sadique, Il éprouve une grande peine et guette attentivement le moindre signe de réelle repentance. Dès qu’Il la voit dans un cœur sincère – qui n’a pas d’appréhension à reconnaître ses torts et à les regretter ouvertement – Il vient caresser ce cœur qui souffre et Il Se repend même d’avoir été si dur.

« Déchirez vos cœurs, et non vos vêtements ; et revenez à l’Éternel votre Dieu ; car il est miséricordieux et compatissant, lent à la colère et abondant en grâce, et il se repent d’avoir affligé » (Joël 2:13).

« Je sais, ô Éternel, que tes jugements ne sont que justice, et que tu m’as affligé selon ta fidélité » (Psaumes 119:75).

« Cet affligé a crié, et l’Éternel l’a exaucé, et l’a délivré de toutes ses détresses » (Psaumes 34:7).

Le Dieu miséricordieux et juste, qui Se présente comme un Père et un Médecin, est Celui qui relève et qui guérit, selon Son cœur. S’Il a blessé ceux qu’Il aime, c’était parce qu’Il était obligé de les faire passer par cette douleur. La douleur est temporelle, mais la guérison qui s’en suit est intemporelle. L’âme qui a été guérie, éclairée, qui a compris ses erreurs et qui a grandi, se trouve plus proche de Dieu et donc plus proche de la vie éternelle. Le cheminement jusqu’au Royaume de Dieu est fait ainsi. Dieu relève Ses enfants quand ils ont compris qui est leur Père et quel motif L’a poussé à les réprimander ainsi, alors ils sont délivrés de leur sentiment d’injustice. Ils savent que la justice de Dieu est supérieure.

« Car l’Éternel châtie celui qu’il aime, comme un père l’enfant qu’il chérit » (Proverbes 3:12).

« C’est lui qui pardonne toutes tes iniquités ; qui guérit toutes tes infirmités » (Psaumes  103:3).

« Il sauve l’affligé par son affliction, et il l’instruit par sa douleur » (Job 36:15).

« Tu m’as châtié, et j’ai été châtié comme un veau indompté. Convertis-moi, et je serai converti ; car tu es l’Éternel, mon Dieu ! » (Jérémie 31:18).

« Il m’est bon d’avoir été affligé, afin que j’apprenne tes statuts » (Psaumes  119:71).

« Avant d’être affligé, je m’égarais : mais maintenant j’observe ta parole » (Psaumes 119:67).

Le Seigneur garde Ses desseins intacts, malgré tous les aléas et les infidélités de Son peuple. Plus encore, Il manifeste Ses desseins au grand jour et invite ceux qui ne peuvent prétendre être héritiers de Dieu. Il montre Son incommensurable Bonté en appelant les faibles, les petits, les méprisés : tous ceux que la Société exploite ou rejette. Il les appelle à partager Ses trésors avec les patriarches et ce peuple qu’Il S’était choisi, afin de ne former plus qu’un seul peuple : le peuple des élus. Il n’y a dans Son initiative aucune tentative de réparation puisqu’Il n’est ni l’auteur des péchés qui sont venu envenimer l’humanité entière, ni le responsable pour le malheur de cette humanité déchue. Il s’agit là d’une initiative d’amour inconditionnel et gratuit. Un amour qui guérit, qui relève, qui restaure, qui soulage et qui porte les élus de Dieu au-travers de toutes leurs épreuves.

« Ainsi a dit l’Éternel : Je t’ai exaucé dans le temps favorable ; je t’ai secouru au jour du salut ; je te garderai, j’établirai en toi mon alliance avec le peuple, pour relever le pays et donner en partage les héritages dévastés » (Esaïe 49:8).

« Alors une grande multitude de peuple vint à lui, ayant avec eux des boiteux, des aveugles, des muets, des estropiés, et plusieurs autres malades. Ils les mirent aux pieds de Jésus, et il les guérit » (Matthieu 15:30).

« Tes paroles ont relevé ceux qui chancelaient, et tu as raffermi les genoux qui pliaient » (Job 4:4).

Contrairement à la société qui est incurablement malade et qui court à sa perte jusqu’à sa fin, en continuant d’écraser les petits et de faire semblant de les secourir, la justice de Dieu sera bien plus efficace. Elle rétribuera sévèrement tous ceux qui auront profité des manières d’agir de la société pour s’enrichir et s’enorgueillir toujours davantage. Dieu écrasera les rebelles : ceux qui mettent leurs propres intérêts sur un piédestal, plus haut que l’Amour de Dieu et Sa Sainteté. Il leur fera connaître leurs erreurs, s’ils ne les connaissent pas déjà.

«  L’arc des puissants est brisé, et ceux qui chancelaient ont été ceints de force » (1 Samuel 2:4).

« Là sont tombés les ouvriers d’iniquité ; ils ont été renversés et n’ont pu se relever » (Psaumes 36:13).

« Comment est-il rompu, brisé, le marteau de toute la terre ! Comment Babylone est-elle un objet d’étonnement parmi les nations ! Je t’ai tendu un piège et tu as été prise, Babylone, à l’improviste. Tu as été trouvée, et saisie, parce que tu t’es attaquée à l’Éternel » (Jérémie 50:23-24).

Nous comprenons bien maintenant la grande divergence entre la société créée par les hommes et Dieu qui a créé l’Homme, mais qui n’a pas créé la société. Nous comprenons la différence entre les meurtrissures et maladies infligées par la société pour son propre profit au détriment des faibles, et les afflictions permises par Dieu au vrai profit de l’homme qui s’entête à suivre ses propres voies vouées à la destruction. Nous comprenons que la société n’offre pas de véritable guérison, ni de véritable solution ; tandis que Dieu, qui est miséricordieux et tout-puissant, a déjà tout prévu pour venir au secours de ceux qui espèrent en Lui et ne mettent plus leur confiance dans les créations humaines. Il S’adresse aujourd’hui à Son peuple et lui dit :

« Que personne ne vous séduise par de vains discours ; car c’est à cause de ces choses que la colère de Dieu vient sur les enfants rebelles. N’ayez donc point de part avec eux. Car vous étiez autrefois ténèbres, mais à présent vous êtes lumière dans le Seigneur ; marchez comme des enfants de lumière ; car le fruit de l’Esprit consiste en toute sorte de bonté, de justice et de vérité. Examinez ce qui est agréable au Seigneur. Et ne prenez aucune part aux œuvres infructueuses des ténèbres, mais bien plutôt condamnez-les. Car il est même honteux de dire ce que ces gens font en secret. Mais tout ce qui est condamné est manifesté par la lumière ; car tout ce qui est manifesté devient lumière. C’est pour cela qu’il est dit : Réveille-toi, toi qui dors, et te relève d’entre les morts, et Christ t’éclairera » (Ephésiens 5:6-14).

Ainsi donc, prenons conscience du mal qui ronge notre société – à tous les niveaux – et ne laissons personne nous induire en erreur. Soyons fidèles à la Vérité, même si le prix à payer pour cela est élevé. Rien n’est trop cher pour appartenir à Dieu et ne pas être de ceux qui périront quand le temps sera venu.

Que le Seigneur vous offre Son discernement !

Soyez bénis,

Anne-Gaëlle




T.015 – Le plus beau souvenir

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Si l’on me demandait de raconter mon plus beau souvenir, lequel choisirais-je ? Le piocherais-je dans ma plus tendre enfance, alors que je ne connaissais que la douceur d’une mère attendrie et que j’ignorais encore la cruauté et la sècheresse de ce monde ? Ou bien ouvrirais-je un tiroir dans mes mémoires de jeunesse pour en sortir quelque chose de merveilleux ?

Non, je ne le pourrais pas. Les doux souvenirs innocents sont les premiers que l’on oublie, car on grandit trop vite. Et les souvenirs de jeunesse sont généralement entachés de bêtises, de craintes, de conflits et de regrets.

Où piocher alors ? Serait-ce dans la vie adulte ? Peut-être la maternité ? Quand les conditions ne sont pas idéales – et elles le sont rarement – le premier enfant est certes source de bonheur, mais également source de remords. Un jeune parent idéaliste souhaite le meilleur pour son nouveau-né, il souhaite lui confectionner le meilleur cocon possible… Dans le pire des mondes – celui où l’on doit toujours se battre – c’est peine perdue. Adieux les grands idéaux !

J’ai beau chercher, chaque agréable souvenir est comme une médaille qui brille de loin, mais qui en s’approchant offre une apparence médiocre : elle n’est pas en or, rouillée par endroit, ébréchée, terne. La plupart des souvenirs sont ternis par certaines choses qui font partie du souvenir, ou par le contexte. On ne peut pas y songer pendant une heure en souriant jusqu’au septième ciel, car on a vite fait de se remémorer quelque chose de négatif qui vient faire de l’ombre au souvenir !

Mais heureusement, il y a des beaux souvenirs. Des souvenirs purs, hors contexte, comme des trésors isolés que l’on aurait trouvé en marchant sur le sable. La vague a effacé les pas, il ne reste plus de trace visible mais le trésor est toujours là, enfoui dans les décombres de la mémoire.

Ce sont des moments magiques, chacun fut un cadeau de Dieu. Des moments extraordinaires écrits dans les annales du Roi des rois. Des moments dans lesquels le moi et ses mille batailles et turpitudes n’existaient plus, où ce moi trop sérieux ou trop  désinvolte ne venait plus faire barrage au vrai bonheur.

Pendant que je me souviens encore, il importe de transcrire un de ces trésors sur un support plus fiable, car le temps passe et l’être humain vieillit et oublie. Cet incorruptible trésor peut servir de témoignage pour que le monde sache que Jésus-Christ existe. Ou bien pour que ceux qui le savent déjà se réjouissent et cherchent à leur tour dans leurs propres souvenirs, s’ils en ont eux aussi trouvé un sur le sable, un qui ne laisse pas de trace visible, mais qui en laisse une indélébile dans le cœur.

Je vais donc, parmi ces petits trésors, en choisir un. Peut-être un jour en conterai-je d’autres. Dans cette période de l’année où il commence à faire si froid, et où l’obscurité nous nargue déjà en fin d’après-midi, c’est de lumière dont je désire parler. C’est de lumière dont nous avons besoin…

« La lumière se lève dans les ténèbres pour l’homme droit ; il est compatissant, miséricordieux et juste » (Psaume 112:4).

C’était à Nice, il y a je crois sept ans. J’étais en vacances chez ma mère, accompagnée de mon ami de jadis que j’avais réussi à convaincre pour parcourir les 1 200 km en voiture : c’est lui qui conduisait. Ma fille était petite, elle devait avoir trois ou quatre ans. Nous habitions en Allemagne, mon ami ne parlait pas français. Ne voyant que très rarement ma mère – qui était aussi bavarde que je l’étais – ainsi que mes anciennes amitiés de jeunesse, ce pauvre ami en était réduit à rester tout le temps en retrait, ou bien avec ma fille qui pouvait parfois être très pénible… Il devait avoir sérieusement mal à la tête avec tous ces jacassements français dont il ne comprenait strictement rien ! Mais Dieu merci, il était chrétien et sans doute puisait-il la force de tenir bon dans l’excellente grâce de notre Seigneur.

Le séjour durait environ huit jours, car nous avions besoin de quatre jours pour faire l’allée-retour. Inutile de dire qu’il y avait peu de temps pour se reposer. Vers la fin du séjour, mon ami souhaitait passer une soirée seul avec moi, sans ma mère, sans ma fille, sans aucune connaissance : simplement quelques heures tous les deux. Nous étions amoureux depuis quelques mois ; mais lorsqu’on rencontre une jeune femme qui a un enfant, il s’avère difficile de passer des moments seul avec elle ! Ma fille allait donc exceptionnellement passer la soirée sans sa mère. Mon ami et moi étions dans une sorte d’euphorie, comme des adolescents lors de leur premier rendez-vous. Nous nous préparions avec l’intention d’aller dans le beau quartier de la vieille ville pour un dîner en tête-à-tête.

Juste avant de partir, je fus prise d’une forte migraine. Prise de panique à l’idée d’annuler la soirée, je m’enfermai dans la salle de bain. Je me mis à prier avec ferveur. Oignant mon front d’huile, je suppliai Jésus de me guérir de la douleur selon Sa Parole. Mon ami devait sans doute se demander ce qu’il se passait, sans parler de ma mère qui, à l’époque, n’était pas encore croyante. C’est alors que je sortis de la salle de bain, souriante et décontractée : la douleur était partie et la soirée pouvait enfin commencer !

Je me souviens du chemin ce soir-là ; tout était comme neuf, c’était si plaisant ! C’était un soir où il y avait un match de football très important, les rues étaient peuplées de gens joyeux en soif de victoire et ivres de vin ou de cocktails. Ça criait, ça dansait, ça riait, quelle ambiance ! Cela nous changeait beaucoup de notre laborieux quotidien en Allemagne où nous n’avions jamais l’occasion de vivre des soirées festives. Tout le monde semblait si heureux ! Mon ami avait les yeux pétillants d’allégresse : il pouvait enfin parler allemand avec moi, il s’apprêtait à déguster un repas délicieux et nous avions toute la soirée pour nous promener le long de la plage, main dans la main et apprécier la fraicheur d’une nuit estivale étoilée…

Tout le monde semblait heureux, sauf une personne que j’aperçus de loin. C’était une femme de la rue, une pauvre femme que l’on qualifierait vulgairement de « clocharde », car elle en avait tous les traits. Elle était vêtue de loques, son visage était très sale, ses lèvres étaient peintes d’un rouge vif mal appliqué et ses cheveux ne formaient qu’une étrange et grosse Dreadlocks encrassée au plus haut point. Elle avait à ses pieds des sachets plastiques avec tout plein de vieux journaux. Elle ne sentait pas bon, mais son odeur ne me dérangeait pas. Je fus attirée par elle comme une aiguille par un aimant.

« Si vous accomplissez la loi royale, selon l’Écriture : Tu aimeras ton prochain comme toi-même, vous faites bien ; mais si vous faites acception de personnes, vous commettez un péché, étant convaincus par la loi d’être des transgresseurs » (Jacques  2:8-9).

Mon ami, connaissant mon penchant pour les personnes de la rue, me lança un regard méfiant. Il ne voulait certes pas perdre le temps si précieux qui nous était offert comme un cadeau unique, dont il ne fallait pas perdre la moindre miette ! Ne souhaitant pas le contrarier, je me contentai de la saluer en lui souriant, puis nous parlâmes mon ami et moi en continuant d’avancer. Mais la femme, nous entendant parler allemand, s’avança vers nous en s’écriant dans cette langue ! Elle ne la maîtrisait pas, mais elle se fit une joie de nous adresser quelques phrases. Alors, voyant combien elle se réjouissait de croiser « des Allemands », et combien elle avait envie de discuter un peu, nous restâmes quelques minutes avec elle.

« Or, celui qui aurait des biens de ce monde, et qui, voyant son frère dans le besoin, lui fermerait ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui ? Mes petits enfants, n’aimons pas de paroles ni de la langue, mais en action et en vérité. Car c’est en cela que nous connaissons que nous sommes de la vérité, et que nous assurerons nos cœurs devant lui » (1 Jean 3:17-19).

Je ne sais plus exactement ce que nous nous étions dit ce soir là, sur le bord de la rue en fête. Tout était bruyant, nous étions bien joyeux et nous avions très faim, car il était déjà tard. La femme avait dû ressentir que nous étions pressés : les gens de la rue ressentent ces choses-là, car ils ne sont jamais pressés. Ils ne sont pas pressés de se lever le matin, quand il n’y a rien à faire, quand il fait froid et que la maigre couverture ou les papiers journaux ne suffisent pas à les réchauffer. Ils ne sont pas pressés de manger à midi, car généralement, à midi, ils ne mangent pas. Ils ne sont pas pressés de marcher, quand ils errent seuls dans les rues froides. Ils ne sont pas pressés d’aller se coucher, quand il n’y a ni lit, ni maison, ni lampe, ni repas chaud, ni personne pour leur tenir compagnie. Ils ne sont pas pressés d’aller dormir parce que, dormant n’importe où le ventre vide, ils ne peuvent pas vraiment fermer l’œil de la nuit.

« Exténués par la disette et la faim, ils broutent les lieux arides, depuis longtemps désolés et déserts. Ils cueillent l’herbe sauvage près des buissons, et la racine des genêts est leur nourriture. On les chasse du milieu des hommes ; on crie après eux comme après un larron » (Job 30:3-5).

Nous lui dîmes au revoir et nous continuâmes notre chemin, reprenant la discussion de quel restaurant choisir… Mais nous n’avions pas fait cent mètres que je m’arrêtai net, incapable d’aller plus loin. L’Esprit de Dieu me souffla si fort dans toute ma volonté, dans toute ma pensée, dans tout mon ressenti, Il me souffla de revenir sur mes pas pour me rendre là où je devais être : auprès de cette femme qui avait goûté un bref instant à une joie quelque peu éphémère.

« Et si un frère ou une sœur sont nus, et qu’ils manquent de la nourriture de chaque jour et que quelqu’un de vous leur dise : Allez en paix, chauffez-vous et vous rassasiez, et que vous ne leur donniez point ce qui leur est nécessaire pour le corps, à quoi cela sert-il ? Il en est de même de la foi, si elle n’a pas les œuvres, elle est morte en elle-même » (Jacques 2:15-17).

« Désolée, » dis-je à mon ami, « je ne peux pas continuer, c’est impossible ! Je ne peux pas aller au restaurant et la laisser là, toute seule qui a faim ! Regarde comme elle était contente d’être avec nous ! Comme elle était contente de parler à quelqu’un ! Si nous allons au restaurant en tête à tête, la soirée sera gâchée parce que tout le temps, je penserai à elle et je serai si triste ! »

« Toutes les choses donc que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-les-leur aussi de même ; car c’est là la loi et les prophètes » (Mat 7:12).

Mon ami acquiesça. Heureusement, il était chrétien et il avait assez de cœur pour comprendre. Je suppose que pour lui, le fait d’être à l’étranger, à des milliers de kilomètres de chez lui un soir de fête, facilita les choses. Dans l’euphorie générale, il fut plus aisé d’accepter ce que le monde qualifie de folie, comme s’il eut été un soir de carnaval. Nous retournâmes sur nos pas et j’annonçai à la femme que comme nous allions au restaurant, nous avions envie de l’inviter à se joindre à nous, ce qui serait plus sympathique que de manger tous les deux. Elle accepta aussitôt. Lui demandant quel restaurant lui plairait, elle nous parla d’un plat de moules accompagnées de frites,  dont elle aurait très envie.

« Comme un homme affamé songe qu’il mange, mais quand il s’éveille, son âme est vide ; et comme un homme altéré songe qu’il boit, mais quand il s’éveille, le voici languissant et son âme est altérée » (Esaie 29:8).

Ainsi, nous nous dirigeâmes tous les trois vers la place la plus considérée, la plus peuplée, la plus chic du vieux-Nice: le Cour Saleya. Je n’osai pas demander à la dame de laisser ses gros sacs plastiques tout sales dans un coin, alors bien sûr elle les prit avec elle, ce qui pour elle était tout à fait naturel. Nous avançâmes en discutant, dans l’ambiance joviale de la soirée, une ambiance qui ne montrait pas du doigt notre propre euphorie : une euphorie qui nous venait du Ciel, et non du match de football ! C’est par cette merveilleuse sensation d’être en parfaite adéquation avec l’Esprit de Dieu que j’oubliai rapidement la gène occasionnée par les sacs plastiques et même la faim.

« Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre » (Jean 4:34).

La dame de la rue avait les yeux brillants de plaisir. Elle déambulait au milieu de cette place avec une telle aisance, parmi des hommes et des femmes tous très élégants. Sur la Côte d’Azur, les gens aiment bien montrer leur fortune ! C’étaient des costumes impeccables, des robes de marque, des sacs à main en crocodile, des brushings parfaits, des silhouettes de poupées Barbie, des visages de cire sans aucune ride, frais et magnifiques, dont la beauté était soulignée avec du maquillage de haute qualité… Et la petite dame à la Dreadlocks pouilleuse et aux joues creuses et sales, au visage ridé et aux lèvres fardées de rouge décrépit, allait d’un présentoir à l’autre pour lire les menus. Nous marchions avec elle et trouvâmes un bon restaurant. Nous nous assîmes sur la terrasse et attendîmes la venue du serveur. Son sourire était celui d’un prisonnier qu’on libère, d’un oiseau dont on ouvre la cage.

« N’est-ce pas plutôt ici le jeûne auquel je prends plaisir, qu’on dénoue les liens de la méchanceté, qu’on délie les courroies du joug, qu’on renvoie libres les opprimés, et que tout joug soit brisé ? N’est-ce pas que tu partages ton pain avec l’affamé ; que tu fasses entrer dans ta maison les malheureux errants ; que tu revêtes ceux que tu vois nus, et ne te détournes pas de ton semblable ? » (Esaie 58:6-7).

La terrasse était bondée de monde, il n’y avait presque plus de tables de libre, car sur la place, il y avait de part et d’autre des écrans qui diffusaient le fameux match de football. Mais mon attention n’était pas sur le match. Mon attention était sur notre invitée, trop heureuse de la voir rayonner ainsi. Et l’attention des personnes assises sur la terrasse du restaurant ne tarda pas à se centrer sur nous. Je vis des visages indignés, des airs ahuris, des bouches estomaquées et des regards scandalisés. Nos voisins de tables s’en allèrent ailleurs, sans doute à l’intérieur du restaurant, malgré la foule et le bruit.

« Tu ne te détourneras point de la justice et tu n’auras point égard à l’apparence des personnes » (Deut 16:19).

Il y eut ainsi un mouvement d’exode qui ne sembla pas troubler le moins du monde notre invitée : sans doute était-elle habituée à provoquer autour d’elle ce genre d’aversion. Mais je me rendis compte que l’attention se focalisa encore plus sur mon ami et moi. Les yeux se braquèrent, nous scrutant en passant de l’un à l’autre. J’entendais les murmures, certains ne prenaient même pas la précaution de parler bas : « C’est une honte ! » disaient-ils. Ils regardaient vers nous et montraient avec emphase combien notre simple vue leur soulevait le cœur. Mais au lieu de m’énerver, comme le ferait une âme en peine, un cœur blessé privé de justice, je me mis à rire bien fort, tant je ne pouvais plus contenir ma joie ! Je me sentais si belle, honorée par la douce présence de ma charmante invitée, dont les yeux brillaient davantage de plaisir. Je la trouvais plus jolie que toutes les personnes présentes dans leurs parures superficielles. Aux yeux de Dieu, moi aussi j’étais plus jolie qu’eux !

« L’Éternel ne regarde point à ce que l’homme regarde ; l’homme regarde à ce qui paraît aux yeux ; mais l’Éternel regarde au cœur » (1 Samuel 16:7).

Le serveur arriva, ses yeux le trahirent l’espace d’une seconde, mais il se ressaisit et nous tendit les cartes en nous saluant. C’était un restaurant, et non un Fast-food : l’assiette à l’unité coûtait au minimum 15 €. Notre petite dame parcourut la carte des yeux et ne s’inquiéta pas des prix. Elle commanda une assiette moules-frites et une carafe de vin. Elle affirma avec un air très naturel venir de temps en temps ici, elle raconta qu’elle avait une villa dans les environs. Elle raconta beaucoup de choses et je l’écoutais. Je savais au fond qu’elle n’allait jamais au restaurant et qu’elle n’avait pas de villa. Mais plongée dans son récit, qui se voulait être celui de tout un chacun, je ne pouvais que l’honorer en lui offrant ma crédulité momentanée. Au travers de ses dires, c’est autre chose que j’entendais. Et elle se régalait de l’attention qui lui était offerte.

« Le Seigneur, l’Éternel m’a donné une langue exercée, pour soutenir par la parole celui qui est abattu ; il éveille, chaque matin, il éveille mon oreille pour écouter, comme écoutent les disciples » (Esaie 50:4).

Nous avons mangé et bu, nous avons ri de bon cœur. Mon ami et moi ne buvions pas d’alcool, mais à vrai dire, nous ressentions une sorte d’ivresse indescriptible. La discussion à notre table était animée, tandis que nous nous régalions des mets succulents. Mon pauvre ami ne comprenait toujours rien, car notre invitée ne parlait pas suffisamment allemand pour tenir une vraie discussion. Mais il semblait heureux. Il avait sacrifié sa seule soirée où il aurait pu échapper au charabia étranger et être en tête-à-tête avec moi ! Je ne me souciais pas de son sacrifice. Pour moi, il n’y avait pas de sacrifice. Tout était absolument parfait ! Je ressentais comme une grande lumière au travers de notre table. Il y avait une quatrième chaise et je la regardais, car la lumière que je percevais me fit comprendre que cette chaise vide n’était pas vide. Nous avions le Roi des rois à notre table. Bien sûr, cette lumière, Jésus-Christ assis à table avec nous, ce n’était pas visible avec les yeux. Mais les gens autour étaient forcés de voir que notre table était la plus joyeuse, la plus lumineuse, la plus merveilleuse de toutes ! J’eus d’ailleurs à un moment l’intuition de regarder brièvement autour de nous, et je ne vis qu’obscurité : les gens, qui auparavant avaient l’air si heureux, étaient devenus fades et tristes dans leurs costumes qui se ressemblaient tous. Leur soirée ne semblait avoir aucun attrait.

« Si tu fais part de ta subsistance à l’affamé, et que tu rassasies l’âme affligée, ta lumière se lèvera dans l’obscurité, et tes ténèbres seront comme le midi » (Esaie 58:10).

Quand le repas fut terminé et que la carafe de vin fut vide, nous quittâmes le restaurant. Notre invitée ne souhaita pas se joindre à nous pour une promenade. Elle eut de la peine à cacher son émotion et se hâta de nous dire au revoir. Peut-être voulait-elle garder le moment magique qu’elle avait passé intact, sans que rien ne le salisse ou ne le déforme ; comme si elle avait une photo qu’elle se dépêchait d’aller faire développer pour la garder précieusement. Avant de quitter la table, j’avais sorti mon appareil photo, mon ami nous avait photographiées toutes les deux. Ce geste l’avait beaucoup réjouie. Pendant une soirée, elle avait été normale, estimée à sa juste valeur et ça, c’était le cadeau de Dieu pour elle. J’avais pris soin de lui parler de ma foi, sans exagérer, sans la marteler avec des commandements ou des menaces bibliques. Je savais que la soirée en elle-même, l’indescriptible lumière à notre table parlaient d’elles-mêmes. Jésus avec nous avait accompli une fois de plus Sa Parole.

« L’Esprit du Seigneur est sur moi, c’est pourquoi il m’a oint pour annoncer l’Évangile aux pauvres ; il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé » (Luc 4:18).

Ne sommes-nous pas tous pauvres devant le Seigneur ? N’appelle-t-Il pas à Lui les indigents, les misérables, les boiteux sur le chemin tortueux de leur vie ? En cet instant où je puise dans ce beau trésor, dont je n’ai que le souvenir, je me sens matériellement aussi pauvre et misérable que cette petite dame. J’ai certes un toit sur ma tête, mais il m’est prêté. J’ai un peu d’argent, mais tout juste de quoi nous nourrir et nous vêtir, et c’est bien suffisant. Je n’ai aux yeux de l’Etat guère plus d’honneur que cette dame qui mendie, car la seule différence, c’est que c’est à l’Etat que je demande de quoi vivre quand je remplis mes formulaires. J’ai une vieille voiture qui risque à tout moment de me lâcher, et pas assez d’essence pour faire une escapade à la mer. Cette petite dame – que Dieu la bénisse – vivait simplement, en marchant, en bavardant, en s’asseyant au bord de la plage. Je repense à elle et je me dis que sa compagnie était bien agréable. Son souvenir me réchauffe, moi qui habite maintenant dans le froid et dans la solitude. Mais tout comme je le lui souhaite : l’Amour de Dieu et Sa merveilleuse promesse me procurent la joie nécessaire à la vie.

« Écoutez, mes frères bien-aimés ; Dieu n’a-t-il pas choisi les pauvres de ce monde pour qu’ils soient riches en la foi et héritiers du royaume qu’il a promis à ceux qui l’aiment ? » (Jacques 2:5).

Que ce récit ouvre vos cœurs devant celui ou celle qui a besoin de votre amour.

A ceux qui sont pauvres, soyez réconfortés et remplis de joie !

Soyez bénis !

Anne-Gaëlle

 




T.014 – La récompense

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J’ai instauré un système pédagogique avec ma fille : un tableau des tâches et des récompenses… On imagine bien qu’un enfant n’a pas envie de faire ses devoirs : un enfant, ça a juste envie de s’amuser !

Un enfant, ça demande des choses et ça ne réfléchit pas sur les conséquences de ce qu’il convoite, en l’occurrence sur la part à donner. Par exemple, les enfants aiment les animaux et c’est bien légitime. Mais un animal a besoin de soins, de temps, d’amour. Au début, c’est amusant, puis, jour après jour, ça devient vite ennuyeux ! Pour moi qui suis une adulte, ces choses ne sont pas des corvées. J’aime beaucoup m’occuper de mes animaux ! Ma fille les aime, mais en partie : quand il s’agit de nettoyer la litière, elle n’est pas assez motivée pour le faire sans sentiment de contrainte. Au stade où elle se trouve, elle a besoin d’un support : d’une récompense.

Ce tableau comporte toutes les tâches à accomplir chaque jour, et celles à accomplir une fois par semaine. Chaque soir, il y a l’inspection. L’inspecteur, c’est moi. Je l’observe, parfois je fais une croix sans qu’elle le sache, parce que je vois qu’elle obéit. Si toutes les cases d’une colonne sont cochées, elle a le droit de faire un tampon au bas de la feuille. Si elle a huit tampons, la bienheureuse a droit à une récompense. Ce n’est pas une récompense matérielle, parce que je ne veux pas que la cupidité s’installe. C’est une sortie spéciale ou une activité, pour elle un grand évènement ! Il est évident que cette sortie ne se produit pas toutes les semaines : c’est elle-même qui définit le rythme des récompenses !

Ce système a été révolutionnaire dans notre petite vie, où je me battais contre vents et marrées pour la faire obéir. Puis peu à peu, les ronchonnements ont repris le dessus. Mon système semblait subitement avoir perdu son succès… Un jour, prise de colère, j’ai carrément déchiré la feuille devant ses yeux éberlués : « C’en est fini des récompenses ! » ai-je crié. Après tout, pourquoi m’étais-je donné tant de mal à inventer tout un système, si c’était pour qu’elle n’en fasse qu’à sa tête et devienne encore plus paresseuse qu’elle ne l’était avant !

Mon système avait pourtant envisagé les failles de sa conduite – puisque ma fille n’est qu’un être humain, comme moi – j’avais fait un deuxième tableau avec des tâches facultatives à accomplir pour m’aider dans les corvées ménagères : ce qui génère des croix bonus qui peuvent éventuellement combler les trous dans le tableau, à la fin de la semaine, lors du comptage des croix. J’avais stipulé que les tampons acquis ne sont jamais perdus, qu’il n’y a donc pas de temps limite pour collectionner les huit tampons ; je ne voulais pas la mettre sous pression ! Vraiment, toutes les chances étaient de son côté, mais les choses ont tourné au vinaigre, parce qu’il fallait qu’il en soit ainsi…

Ma fille me regardait effondrée. Elle réalisait subitement que la porte des récompenses (qu’elle savait si bien apprécier) lui serait dorénavant fermée ! Elle répéta en boucle, combien elle regrettait et elle demanda pardon. J’attendis une semaine avant de reprendre une nouvelle feuille et de lui annoncer que le système pouvait reprendre, mais que l’inspecteur serait plus rigoureux dans ses observations. Cette fois, elle prit la feuille avec joie et se mit à la tâche.

Ce qui m’a vraiment insupporté, c’est la manière de réfléchir dont elle faisait preuve : quand je lui demandais de l’aide pour couper des pommes de terre ou passer l’aspirateur dans une pièce, elle réfléchissait au tableau, si elle avait besoin de croix et elle refusait de m’aider ! Quand quelque chose lui semblait vraiment pénible, elle essayait de négocier en réclamant deux croix pour une tâche ! Tout en était réduit à ce calcul écœurant de récompenses, et c’est pour cela que prise de colère, j’avais déchiré la feuille.

La récompense prenait tant d’ampleur à ses yeux, qu’elle oubliait qu’elle était une option, un superflu. Elle avait été pensée pour agrémenter sa vie faite de petits devoirs qui grandiront avec le temps, pour la rendre un peu plus autonome dans la réalisation de ses tâches et pour la motiver à faire des efforts. Mais elle a fini par croire que ses tâches étaient en option, qu’elle pouvait choisir, et que l’enjeu principal était la récompense ! Or, le choix avait déjà été fait lorsqu’elle a voulu de tout son cœur avoir un hamster, puis un chaton, puis un lapin ! Le choix a été fait quand elle s’est rendue compte combien il est agréable d’avoir de bonnes notes à l’école, et combien il est préférable de vivre dans une chambre rangée.

Ce récit, que nous apprend-il ? Voyez-vous des similitudes avec le cheminement d’un chrétien ? Ne sommes-nous pas aux yeux de Dieu des enfants, n’est-Il pas notre Inspecteur, notre Educateur ?

J’ai vu beaucoup de chrétiens qui avaient des sourires si éclatants qu’ils auraient pu tourner dans une publicité sur le dentifrice ! S’ils avaient été les héros de bandes dessinées, on leur aurait fait une petite étoile blanche dans le coin de la bouche. Ces chrétiens jouent parfaitement leur rôle, mais comme des comédiens.

Ils arrivent à l’église avec les bras grands ouverts, désirant serrer tout le monde, offrant une multitude de poignées de main. Ils s’asseyent joyeux, discutent, se taisent et prennent un air grave quand le moment est approprié. Ils applaudissent, chantent, rient selon l’humour du pasteur. Ils sortent du culte et font leur petite ronde. Ils saluent les personnes qu’ils ne connaissent pas, leur assurant en paroles leur plus vive affection. Parfois, si le jeu s’y prête, ils vont même jusqu’à leur promettre de les inviter à manger. Puis ils s’en retournent, sentant à des kilomètres l’odeur appétissante du rôti qui les attend dans leur four.

Je dépeints là un tableau quelque peu ironique et, heureusement, pas tous les chrétiens sont des comédiens. Il y a aussi ceux qui n’ont pas de « sourire dentifrice », ce sourire que je connais si bien pour l’avoir vu sur le visage de ma fille chaque fois qu’elle a quelque chose derrière la tête…

Alors, pourquoi jouent-ils cette comédie ? Pourquoi montrent-ils leur volonté de servir Dieu avec tant d’emphase ? Pourquoi publient-ils des livres ? Pourquoi récoltent-ils des fonds ? Pourquoi font-ils payer le fruit de leur service ?

« Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Matthieu 10:8).

Ces livres, disent-ils, servent à édifier, à consoler, à guérir, à nourrir, à faire avancer les hommes sur le chemin de Dieu. Le Seigneur n’a-t-il pas fait tout cela gratuitement ? Ces fonds, disent-ils, servent à nourrir les affamés en masse. Mais l’individu, ne le voient-ils pas ?

J’ai été témoin de la chaleureuse attitude d’un frère en Christ qui m’a montré, en paroles et en sourire, le soi-disant lien affectif qui l’unit avec les autres chrétiens. Un jour, me sentant bien seule et n’ayant aucune relation amicale dans les environs, je lui écrivis un très beau message, sollicitant son épouse de bien vouloir boire un thé avec moi afin de faire connaissance. Je lui prêtais une impression vertueuse et je n’imaginais personne de plus noble qu’elle pour devenir mon amie. Je ne demandais pas l’amitié de son mari, par respect pour elle. Mais je devais passer par son mari, car elle, je ne l’avais vu qu’une fois ; son mari et moi fréquentions la même réunion d’étude biblique. Ce petit message aurait touché n’importe quel cœur, il était tout à leur honneur. Mais en guise de réponse, je reçus quelque chose de si décevant que j’en pleurai toute une heure. Il disait que son épouse n’avait pas le temps pour répondre à ma demande, qu’elle était trop occupée à servir Christ. Et le plus refroidissant : il me proposa de m’envoyer un prospectus avec la liste des églises dans un périmètre raisonnable. Je n’avais pas demandé une église, mais l’attention d’une personne que je croyais pleine d’amour.

« Quiconque reçoit un de ces petits enfants à cause de mon nom, me reçoit ; et quiconque me reçoit, ce n’est pas moi qu’il reçoit, mais celui qui m’a envoyé » (Marc 9:37).

Ces chrétiens au « sourire dentifrice » n’avaient pas de temps à me consacrer, à moi petite enfant du Seigneur. Je ne demandais qu’un thé ensemble, un peu d’amitié, un simple verre d’eau pour mon cœur asséché par la solitude.

 « Et quiconque aura donné à boire seulement un verre d’eau froide à un de ces petits, parce qu’il est mon disciple, je vous dis en vérité qu’il ne perdra point sa récompense » (Matthieu 10:42).

Pourtant, ce que j’admirais dans ce couple, c’était qu’il était engagé à cent pourcents à la cause du Seigneur, engagé à Le faire connaître. Ils portaient fièrement des tee-shirts imprimés avec des slogans bibliques pour afficher leur appartenance. Ils courraient de droite à gauche en ayant mille choses à faire et j’entendais des récits sur des nouveaux convertis grâce à leur service. Ce frère tenait un atelier hebdomadaire d’enseignement biblique et dirigeait la réunion de prière. En surplombant tout cela du regard, il y avait matière à les admirer et à prendre exemple sur eux. Mais au-travers de ce que Dieu m’a si généreusement mis en lumière, je ne les admire plus.

Etaient-ils engagés à faire connaître Jésus-Christ, Fils de Dieu qui est Amour manifesté en chair ? Ou étaient-ils engagés à faire connaître leur engagement, et surtout l’ampleur de cet engagement qui, comme une bonne réputation, doit grandir toujours davantage ? Je crains que, par cette ambition démesurée, ils ne passent comme tant d’autres à côté de l’essentiel.

« Prenez garde de ne pas faire votre aumône devant les hommes, afin d’en être vus ; autrement vous n’en aurez point de récompense de votre Père qui est aux cieux » (Matthieu 6:1).

« Et quand tu prieras, ne fais pas comme les hypocrites ; car ils aiment à prier en se tenant debout dans les synagogues et aux coins des rues, afin d’être vus des hommes. Je vous dis en vérité qu’ils reçoivent leur récompense » (Matthieu 6:5).

J’ai l’impression que beaucoup de chrétiens agissent pour susciter l’admiration de leurs semblables. Peut-être se disent-ils qu’il faut être parfait, admirable dans toutes ses œuvres et porter ce joli « sourire dentifrice » pour que les gens soient attirés par leur religion.

D’ailleurs, il faut absolument que les gens soient attirés par la foi qui sauve, car à leurs yeux, tous ceux qui ne brillent pas de leur lumière sont condamnés et c’est terrible ! S’ils sont remplis de l’Amour de Dieu, ils ne peuvent pas dormir tranquille en voyant tous leurs concitoyens en perdition ! Je le sais, car j’étais comme eux : je croulais sous le poids inhumain de la condamnation de l’humanité entière. Ceci jusqu’à ce que je comprenne que Dieu est juste, parfaitement juste, et que je n’ai pas à m’inquiéter de ce qui est de Son ressors, ni porter une charge supérieure à celle qu’Il me demande de porter, si je Lui reste fidèle. La Vérité affranchit !

Puis il y a ceux qui doivent faire beaucoup parce que sinon, ils n’auront pas de récompense ; ils doivent être productifs, produire du chiffre, produire des « convertis » pour avoir un chiffre d’affaire au Ciel. Cela ressemble fort à l’esprit capitaliste de ce monde. Cela fait également penser aux autres religions qui collectent des « bons points » pour avoir au final un ticket d’entrée pour le salut…

Cela me rappelle le problème de mon système pédagogique avec ma fille… Elle cherchait parfois à accomplir plein de tâches d’un coup, parce qu’elle avait besoin de croix pour avoir sa récompense, mais quand j’avais réellement besoin d’elle, quand je souffrais de migraine et qu’un peu d’aide de sa part m’aurait soulagée, il n’y avait plus personne ! Son quotta de croix une fois atteint, plus rien ne l’intéressait !

Heureusement, ma fille est attentive au Seigneur et Il lui a fait comprendre que cette façon de penser est mauvaise. Elle s’en est repentie, c’est pourquoi j’ai accepté de continuer le système. Son naturel grincheux reprendra de temps en temps le dessus, je le sais bien. Mais ce que j’essaie de lui inculquer, c’est de faire les choses par nécessité de les faire, par amour, par devoir de conscience, et non par ruse pour obtenir ce qu’elle désire. L’esprit de l’être humain est si calculateur !

Combien de fois ai-je rencontré des chrétiens qui ont agi par devoir, comme des machines programmées sans âme, sans amour ! Quand on a affaire à une telle personne, on se sent encore plus misérable, car, au fond, on sait bien que, pour cette personne, on ne compte pas. On se sent comme une petite fourmi insignifiante dans une immense colonie : c’est elle qui nous le fait ressentir. On a l’impression d’être un numéro, comme dans un hôpital, juste un numéro : le N° 567 que Madame Parfaite a convertis, le N° 789 que Monsieur Parfait a aidé ponctuellement, le N° 1483 que Mme Parfaite a écouté raconter ses problèmes…

Cela me fait penser à un moment vraiment triste de ma vie chrétienne : j’étais anéantie par des circonstances absolument horribles, isolée comme à ce jour, mais mille fois plus seule encore, et en proie à des pensées suicidaires récurrentes. Il y avait dans l’église que je fréquentais des repas « fraternels » chez les uns et les autres : quatre pour ainsi dire, qui, échelonnés sur toute une année, permettaient soi-disant aux membres de mieux se connaître, puisqu’à l’église il n’y avait aucune vraie fraternité en dehors des petits groupes qui se fréquentaient depuis toujours. Pendant le repas – où tout le monde parlait de tout et de rien – je me suis mise soudain à prendre la parole pour dire simplement « Je n’en peux plus, j’ai envie de mourir… Je souffre tellement que j’ai envie d’en finir avec la vie ». Il y eut un grand silence, un de ceux qui se ressentent comme un glaçon dans le dos ! Puis, au bout d’une minute, chacun a repris sa conversation…

Je me rappelle que quelques semaines après ce repas, j’étais allée voir un couple chrétien qui proposait « une relation d’aide ». J’avais insisté auprès du pasteur pour obtenir de l’écoute, car, étant en froid avec ma famille et vivant complètement isolée avec ma fille, je ne savais vraiment plus vers qui d’humain me tourner pour m’écouter et me consoler. En arrivant chez ce couple âgé, dans leur belle maison bourgeoise, je fus dirigée immédiatement au bout du couloir, à côté de l’escalier dans une petite pièce avec un petit canapé. Ils me demandèrent de rester là à les attendre. Je trouvais cela étrange, je pensais que le salon ou même la cuisine était généralement plus appropriée pour recevoir quelqu’un… Ils ne revinrent pas avec un jus de fruit, ni une tasse de thé. Ils revinrent s’asseoir en face de moi pour me passer une interview de mes problèmes. Ils posèrent leurs questions habituelles et moi, je répondais. Bien sûr, les choses que je disais étaient si douloureuses que je me déversais comme une cascade. Ils restèrent stoïques, me tendant de temps à autre un mouchoir en papier. A la fin, ils m’affirmèrent que je n’avais pas besoin d’aide, qu’il suffisait que je prie. Puis, dans un dernier élan de leur fameuse bienveillance, ils me conduisirent à l’arrêt de bus qui se trouvait devant le supermarché où ils allaient faire leurs courses. Et moi, pauvre imbécile que j’étais, je n’ai cessé pendant la route de les remercier pour tout, alors qu’en vérité, ils ne m’avaient rien donné. Ni empathie, ni réconfort, ni estime, ni fraternité, ni l’honneur de m’asseoir dans leur salon, ni même une tasse de thé.

« Car encore que j’évangélise, je n’ai pas de quoi m’en glorifier ; parce que la nécessité m’en est imposée ; et malheur à moi, si je n’évangélise pas ! » (1 Corinthiens 9:16).

« Mais si je le fais de bon cœur, j’en aurai la récompense ; mais si c’est à regret, je ne fais que m’acquitter de la commission qui m’en a été donnée » (1 Corinthiens 9:17).

Quelle est donc la récompense de ceux qui partagent le véritable Amour de Christ et l’Amour de la Vérité ?

La récompense, c’est de vivre cet Amour que je prêche, de le donner sans compter.

La récompense, c’est la joie parfaite que l’on éprouve en prodiguant de l’amour.

La récompense, c’est de voir des personnes recevoir le verre d’eau que je leur tends.

La récompense, c’est de relever son prochain. C’est de consoler son frère.

La récompense, c’est le sourire de celui ou celle que j’ai regardé, que j’ai aimé, que j’ai secouru, quand Dieu m’a permis de le faire.

La récompense, c’est aussi d’échapper à l’absurdité de ce monde égocentrique par le don de soi : le temps d’un regard, d’une écoute, d’un conseil, d’un partage.

La récompense, c’est le sourire de Dieu !

« On éprouve de la joie à donner une réponse de sa bouche ; et combien est agréable une parole dite à propos ! » (Proverbe 15:23).

« Je n’ai désiré ni l’argent, ni l’or, ni les vêtements de personne. Et vous savez vous-mêmes que ces mains ont pourvu à mes besoins et à ceux des personnes qui étaient avec moi. Je vous ai montré en toutes choses, que c’est ainsi qu’en travaillant, il faut secourir les faibles, et se souvenir des paroles du Seigneur Jésus, qui a dit lui-même: Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Actes 20:33-35).

Ma récompense, c’est mon héritage en Christ : l’Amour permanent et éternel de mon Sauveur, qui a fait alliance avec moi. Ma récompense, c’est cette alliance !

« Car je suis l’Éternel, qui aime la justice, qui hais la rapine et l’iniquité ; je leur donnerai leur rétribution avec fidélité, et je traiterai avec eux une alliance éternelle » (Esaie 61:8).

« Sachant que vous recevrez du Seigneur la récompense de l’héritage, car vous servez Christ le Seigneur » (Colossiens 3:24).

Ma récompense, c’est d’avoir l’immense honneur de Lui être dévouée et d’établir ainsi ce pour quoi Il m’a appelée et gracieusement invitée.

« Quelle récompense ai-je donc ? C’est qu’en prêchant l’Évangile, j’établirai l’Évangile de Christ sans qu’il en coûte rien, et sans me prévaloir de mon droit dans l’Évangile » (1 Corinthiens 9:18).

Pour moi, aimer est déjà ma récompense parce que la capacité d’aimer ne se trouvait pas en nous, avant que Jésus nous la donne. Nous aimions en théorie, nous aimions mal, nous faisions semblant d’aimer. Mais quand l’Amour S’est fait chair, qu’Il a donné Sa vie pour que nous aimions à notre tour, par Sa résurrection et par Son Esprit-Saint, Il nous a donné la capacité d’aimer comme Il aime. Et ceci est bel et bien une récompense pour celui ou celle qui accepte d’ouvrir son cœur et de sortir de l’infernal système du mérite qui nous rend si malheureux.

Avant que Dieu ne manifeste Son Amour, nous ne méritions rien.

« Mais aimez vos ennemis, faites du bien, et prêtez sans en rien espérer, et votre récompense sera grande, et vous serez les enfants du Très-Haut, parce qu’il est bon envers les ingrats et les méchants » (Luc 6:35).

Que le Seigneur, le Rémunérateur de ceux qui Le cherchent (Hébreux 11:6), assouplisse les cœurs rigides qui s’accrochent encore à leur désir de briller ou d’être récompensés. Qu’Il leur prodigue Son Amour qui seul a le pouvoir de briser l’indifférence. Soyez richement bénis !

Anne-Gaëlle




T.013 – Les bénédictions que je prononce sur toi

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Que le flot de Son Esprit-Saint envahisse tout ton être. Ferme les yeux, et laisse-toi toucher par le Maître.

Que la rivière de Son amour coule au travers de toi, qu’elle t’abreuve et que ton âme s’en délecte, car il n’y a rien de meilleur.

Qu’Il t’accorde la félicité spirituelle, que Ses pensées envers toi se manifestent dans toute leur grandeur !

Jésus est ton Sauveur, ton Roi éternel. Qu’Il te révèle la beauté de Son visage. Qu’Il illumine tes yeux de Son unique Lumière ! Il est la Lumière du monde, la seule, la véritable.

Plonge dans l’océan de Sa tendresse. Nage dans l’apesanteur de la Vérité. Il est Lui-même la Vérité.

Tends tes mains et regarde : Il est là, presque visible ! Les yeux de ton cœur peuvent considérer la réalité de Sa présence. Ne détourne pas le regard, ne porte pas tes yeux sur les sciences humaines. Tu n’as pas besoin de preuve.

Tends les bras vers Lui ! Non pas parce qu’une voix humaine te le commande, non pas parce que c’est écrit dans les livres. Tends-les vers lui parce que c’est là ton désir, et reçois les bénédictions que mon esprit prononce pour toi. Cherche la vie. Il est Lui-même la Vie !

Oublis le monde, oublis ta vie. Entre dans les parvis du Dieu Très-Haut. Cherche, écoute. Sois tout à Lui, ne te prive pas de ce bonheur !

Contemple Sa main souveraine, Sa main qui vient te secourir. Attrape-là, saisis-là bien fort, ne la laisse pas t’échapper ! Si tu te noies, ou si tu arrives à grand peine à garder la tête hors de ta discrète noyade, ne serreras-tu pas la main de Celui qui te porte secours ?

Que l’immensité de Sa Grâce te submerge, que Sa grandeur te donne le vertige ! Ne crois pas si bien tenir sur tes jambes. Ne regarde pas non plus le précipice qui se trouve devant toi. Il y a toujours un précipice… Ne succombe pas à la peur, laisse-toi porter par Sa Grâce inconditionnelle !

Dieu n’a pas attendu que l’Homme s’améliore pour venir le sauver. Il n’a pas espéré qu’il transforme en paradis l’enfer qu’il a créé. Il sait depuis toujours que Lui seul est capable de créer un Eden, que seul Ses fruits sont véritablement comestibles.

Il est venu dans l’obscurité la plus navrante et, de ceux qui ont fait un pas vers Lui, Il n’a jugé personne. Il n’a pas donné de concours d’entrée pour Son Royaume, mais des invitations. Il a invité les boiteux, les aveugles, les lépreux, les gens de mauvaise vie…

Que la folie de Son initiative te porte au bord de l’étourdissement ! Que tes lèvres s’ouvrent pour pousser une exclamation ! Mais qui es-tu ? Et qui est-Il ?

Tu es un homme, une femme, un enfant. Un être mortel, faible et inférieur à la majorité des choses qui t’entourent. Seulement cela, et rien que cela !

Il est le Créateur de la Vie, de l’infini, de l’inexplorable ! Il est l’Immensité que rien ne peut contenir ! Il est la Gloire que toutes les galaxies dans leur splendeur multicolore n’ont cesse de refléter ! Il est venu à ta rencontre. Il S’est fait tout petit, minuscule au point de tenir dans le ventre d’une femme. Que cette sublime équation soit pour toi tout un poème, un poème qui ne finit pas ! Une louange indélébile dans le cœur qu’Il t’a donné.

Il est apparu sur la paille de Son sublime dénuement. Il a marché pieds-nus. Il ne S’est pas vêtu d’un manteau impérial, Il n’a pas brandi de sceptre. Il tenait dans Ses mains les outils d’un charpentier. Il a travaillé le bois, avant de travailler le cœur des hommes. Ce dernier matériau est beaucoup plus brut, mais Il n’a pas préféré le bois. Il a caressé les cœurs. Il a caressé ceux qu’Il croisait de Son regard.

Que ces moments historiques soient pour toi tes propres annales. Que cette période glorieuse reste bien présente à ton esprit. Ne regarde pas le calendrier, ne compte pas les années qui passent. Elles ne veulent rien dire, si ce n’est qu’Il revient bientôt.

Repense à cette femme qui était malade depuis si longtemps, malade et impure. Cette femme, qui ne suscitait l’intérêt de personne. Une femme parmi la foule, que personne ne voyait. Vois-la, qui se sent si faible, vaincue par les années et la maladie qui l’ont enlaidie. Regarde-la, elle qui est si frêle, si pâle, ridée comme un désert de dunes. Ce n’est pas d’avoir trop souri qui l’a ridée ainsi, mais c’est d’avoir trop souffert. Elle est là, bousculée par la foule, les yeux boursoufflés par les larmes. Elle avance comme elle peut. Elle concentre ses dernières forces pour toucher le Maître, et c’est Son habit que, par bonheur, ses doigts ont frôlé.

Regarde cette femme. Cette femme qui est seule à connaître son mal, trop honteuse pour en parler autour d’elle. Elle est allée voir des guérisseurs en secret, des guérisseurs qui ne l’ont pas guérie. Elle saigne. Elle se vide de l’intérieur. Elle passe ses journées à essuyer sa honte. Le sang ne part pas facilement, il faut frotter, frotter, toujours frotter ! Elle se sent faible, elle ne peut jamais reprendre ses forces. Tous ses efforts sont vains, sa nourriture ne lui est d’aucun secours. Elle vit isolée du monde, recluse dans une vie de prière et de combat. Elle n’a pas le droit de mourir. Elle doit continuer à vivre et à essuyer sa honte.

Regarde-la, vois-toi en elle. Cette femme qui ne peut avancer comme les autres, elle te ressemble. Tu es peut-être plus beau, tu es peut-être plus belle. Moins âgé ? Moins malade ? Moins seul ? Moins pauvre ? Moins limité ?

Vois comme elle se met soudain à rayonner. Quelque chose s’est passé ! Le Maître S’arrête brusquement… « Qui m’a touché ? » demande-t-Il.

Que Sa Grâce te pousse inexorablement vers le Maître, si tu as reçu et compris Son appel. Que tu te saisisses de Son vêtement ! Un jour, tu en auras un bien à toi, un vêtement blanc qui ne sera plus taché de honte et de misère. Pour l’instant, Il te prête Son habit. Il nettoie ta honte. Tu n’as plus besoin de frotter…

Il te revêt de Lumière, Il rajeunit ton visage, Il déride ton cœur. Il redonne à tes muscles la force de marcher. Il donne à ta bouche la force de s’ouvrir.

Va, et dis-le au monde : « Jésus est vivant, Il a permis que je Le touche ! Il m’a délivré de toutes mes hontes et de mes maladies ! » Si le monde rit, car il trouve que tu es encore malade, parle-lui des maladies qu’il ne connaît pas, de celles que personne n’aime aborder. L’égoïsme, la peur, l’obsession, la cupidité, le désespoir, la rancune, la jalousie, la violence… La liste est si longue !

Ne crains pas, celui ou celle qui sera interpellé par ton témoignage reviendra vers toi, quand bien même il aurait ri comme les autres. Il reviendra et avouera avoir lui aussi quelques-unes de ces maladies. Il t’écoutera parler du Maître. Et un jour, les bénédictions que je prononce sur toi, tu les prononceras sur lui. Et il les prononcera à son tour sur ses enfants, à qui il racontera l’histoire de la petite femme ridée du Grand Livre, et bien d’autres encore…

« Alors une femme, qui avait une perte de sang depuis douze ans, et qui avait dépensé tout son bien en médecins, sans avoir pu être guérie par aucun, s’approchant de Lui par-derrière, toucha le bord de Son vêtement ; et à l’instant, sa perte de sang s’arrêta. Et Jésus dit : Qui m’a touché ? Et comme tous le niaient, Pierre et ceux qui étaient avec lui, dirent : Maître, la foule t’environne et te presse ; et tu dis : Qui m’a touché ? Mais Jésus dit : Quelqu’un m’a touché ; car j’ai senti qu’une vertu est sortie de moi. Cette femme voyant que cela ne Lui avait point été caché, vint toute tremblante, et se jetant à Ses pieds, elle déclara, devant tout le peuple, pour quel sujet elle l’avait touché, et comment elle avait été guérie à l’instant. Et Jésus lui dit : Ma fille, rassure-toi, ta foi t’a guérie ; va t’en en paix » (Luc 8:43-48).

Que Dieu notre Maître vous bénisse comme Lui seul peut le faire !

Anne-Gaëlle




T.012 – Désert virtuel

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Où sont les vraies valeurs ? Où est le face à face ?

Où donc est le bonheur dans un monde de glace ?

Voyez ces marionnettes, des pions sur un échiquier !

Le progrès leur fait tourner la tête dans leur jolie cage dorée.

 

Voyez l’immense désert :

Ouvrez les yeux, regardez bien !

Ce désert qui peuple les vies éphémères

De ceux qui ne sont maîtres de rien.

 

L’écran a remplacé la vie,

Le clavier a dérobé la plume

Et dans cette étrange folie

L’Homme croit avoir décroché la lune.

 

Le génie des nouvelles technologies

Devient son seul et meilleur ami.

En un éclair, la science se partage

Mais personne ne voit le naufrage !

 

Vous croyez avoir la lumière

Avec votre humanisme superficiel,

Des religions faites de barrières,

Cloîtrés dans votre prison virtuelle.

 

Cette pathologie moderne, comment se nomme-t-elle ?

Egocentrisme est bien le terme : c’est un cancer spirituel.

Elle s’imprègne dans chaque chaumière et contamine même les chrétiens,

Son origine est Lucifer, le dieu des temps de la fin.

 

Voici donc venir l’aire nouvelle,

L’aire de l’amour irréel !

On n’y respire plus comme naguère,

Quand on allait se rendre chez son frère.

 

Quelques heures de route, quelques kilomètres

Vous empêchent de vous serrer dans les bras,

Vous privent d’une étreinte honnête :

Certes, chacun a sa vie ici-bas !

 

S’il était en mon pouvoir, je traverserais l’océan

Pour rejoindre mon frère en Christ, ne serait-ce qu’un instant

Car le véritable amour ne connait ni déclin,

Ni excuse, ni paresse : il mérite le chemin.

 

Notre Seigneur a traversé l’univers

Pour venir nous montrer l’Amour du Père ;

Pour Lui, ça n’était pas trop loin

Et Il ne l’a point repoussé à demain…

 

Croyez-vous qu’un écran remplace une personne ?

La distance est-elle ainsi rompue, en somme ?

Le contact d’une main, la chaleur d’un baiser

Ne sont-ils pas de première nécessité ?

 

L’individu devient individuel,

Se cache derrière les mœurs du siècle.

Trop seul pour résister au fiel,

Il se transforme peu à peu en aigle.

 

A l’affût de plaisir, de force et de prestige,

Il s’élève avec ses ailes artificielles.

Rapace solitaire redoutant les litiges,

Il vit reclus dans son monde virtuel.

 

Echappe-toi, brise le mur de verre

Et reviens dans les vraies valeurs,

Reviens à Dieu, fuis l’éphémère !

Vas voir ton frère, vas voir ta sœur.

 

Quitte le désert, offre l’amour

Afin que le monde enfin reconnaisse

Ce que tu es chaque jour :

Un disciple de Jésus, à qui tu dis « Maître ».

Aimer, c’est visiter, c’est prodiguer Sa tendresse,

Prendre le temps pour l’autre et ne pas disparaître.

 

Voici l’appel qui vient du cœur de Dieu

Car Il entend sans cesse du haut des Cieux

Les criantes lamentations de la solitude

Provenant du désert que l’Homme s’est bâti,

Et du fond de sa turpitude,

Croyait avoir construit un paradis.

 

Anne-Gaëlle




T.011 – Un héritage symbolique

heritage-symbolique

J’ai hérité de ma grand-mère une grande et magnifique poupée. Elle est d’un réalisme saisissant, si bien qu’on pourrait croire en passant qu’il s’agit d’une véritable petite fille. Depuis ma tendre enfance, je l’ai toujours admirée.

Je me souviens quand je prenais l’avion une fois par an pour venir passer les grandes vacances en Allemagne, chez mes grands-parents : elle était là, elle m’attendait et j’étais son sauveur. Elle me paraissait si malheureuse parce que personne à part moi ne savait qu’elle était vivante. J’avais sept ou huit ans ; je croyais vraiment qu’elle était bien plus qu’une poupée ordinaire. J’étais persuadée qu’elle était capable de penser, d’aimer, de pleurer, de comprendre tout ce que je lui disais et de souffrir mon absence. Naturellement, à part moi, personne ne la comprenait. Personne ne l’aimait comme elle avait besoin d’être aimée. Alors, elle se contentait de rester là, assise dans un coin, à attendre passivement que je lui rende visite… Quelle tristesse !

Je lui avais promis, en guise de consolation, qu’un jour nous serions réunies pour de bon. Ma grand-mère me répétait fièrement qu’à sa mort, ce serait moi qui hériterais de la poupée. Je ne souhaitais pas que ma grand-mère meure, mais j’étais tiraillée. Je voulais qu’elle continue à vivre très longtemps. Mais je voulais également que cette poupée, que je convoitais de toute mon âme, soit enfin heureuse et j’étais pourtant persuadée de son malheur. Quel dilemme pour une enfant !

Mon enfance était pour moi si pénible que le mois de juillet, passé chaque année en Allemagne accompagnée de mon frère, était un séjour au paradis. Mes grands-parents étaient riches, ils nous gâtaient et je pouvais échapper ainsi à la réalité qui, toute l’année, était faite de moqueries, de méchancetés et d’incompréhension. Je savais que cette grande maison – en laquelle je voyais un palais somptueux rempli de délices et de beauté, bordé de son jardin d’Eden – n’était à moi que pour un mois. Je savais que la gentillesse des habitants du village, qui me recevaient comme une princesse, était un cadeau inestimable avec une durée de validité limitée. Je savais qu’après les trente jours, il fallait quitter ce paradis pour retourner dans la réalité, loin de la richesse et des politesses. Alors, je profitais de chaque seconde dans mon paradis, de chaque seconde avec la magnifique poupée, sans penser au lendemain, sans penser au retour.

Aujourd’hui, cette poupée si spéciale est là près de moi, sur mon lit. Elle n’est plus magique, elle n’est plus vivante. Mais je l’aime beaucoup. Elle est tout ce qui me reste de ma grand-mère et de son merveilleux palais. Elle est l’accomplissement de ma promesse enfantine : « Un jour, tu seras à moi et tu ne seras plus jamais malheureuse ». Il m’arrive encore quelquefois de lui parler, mais en lui parlant, c’est à la petite fille d’autrefois que je parle. Je serre cette poupée dans mes bras et au travers de cette étreinte, c’est la petite fille d’autrefois que je voudrais serrer… Autrefois haïe, méprisée, rejetée : c’est peut-être moi que je souhaitais sauver quand je lui disais « Un jour, tu seras heureuse ». Ce jour-là est-il arrivé ? Ce jour-là arrivera-t-il ?

Quand j’étais enfant, je savais déjà au fond de moi que le bonheur sur terre n’existe pas, du moins le vrai bonheur sans faille, sans nuage, sans date de péremption. Je savais également que la véritable sécurité sur terre n’était pas accessible, car la séparation, la mort, les blessures étaient une réalité que, dès mon plus jeune âge, je ne pouvais ignorer. Je ne croyais pas en Dieu ; personne ne m’avait dit qu’Il existe, ni qui Il est. Mais Dieu avait mis dès ma conception dans mon cœur la conscience et le désir d’un autre monde plus beau, plus juste, dans lequel règne le vrai bonheur et la parfaite sécurité. Quand je me remémore mes jeux d’enfants – avec le recul de l’adulte que je suis devenue – je décèle l’évidence lumineuse d’un appel divin : l’appel d’appartenir à ce monde à part, de croire en ce Royaume d’amour sans corruption, cet appel qui est devenu ma raison de vivre et de me battre chaque jour.

Je vivais dans un monde imaginaire, seule échappatoire à la réalité de mon enfance, quand je n’étais pas dans le beau paradis de mes grands-parents. Je vivais parmi mes poupées et mes peluches que je voyais continuellement souffrir. Elles étaient emprisonnées dans leur misérable condition : personne ne savait qui elles étaient réellement, elles étaient paralysées dans leur corps immobile, incapable de bouger. Elles avaient besoin de moi ! Chacune avait son nom, son caractère, sa particularité et ses affinités avec ses congénères. Je passais des heures à les aider, à les comprendre, à les aimer. Puis quand je réalisais que j’étais incapable de leur procurer un bonheur continu, ni la véritable sécurité, je leur parlais de ce Royaume merveilleux, dans lequel personne n’est paralysé, personne ne meurt, personne n’est rejeté, et je leur promettais qu’un jour, nous y serions réunis ensembles. Le Seigneur, que je ne connaissais pas encore, avait bel et bien mis en moi la marque de Son appel.

Tout comme la vie a essayé de me détourner de mon héritage, le diable a tenté à maintes reprises de me détourner de mon appel.

Quand ma grand-mère est morte, je n’ai pas hérité de la poupée. Plusieurs mois avant son décès, tandis que je lui rendais visite, ma grand-mère m’annonça froidement que ma poupée – celle qui depuis mon enfance m’était promise – appartiendrait à ma belle-sœur, car, étant une poupée typée asiatique, il fallait que ma belle-sœur asiatique en hérite. Cette nouvelle fut pour moi comme une gifle en plein visage…

Mon grand-père, le seul qui me témoignait véritablement de la tendresse, était mort depuis longtemps. Le paradis allemand de mon enfance avait disparu : de cette maison qui abritait mes plus beaux souvenirs, il ne me restait que quelques photos. Ma grand-mère, qui avait ouvertement préféré mon frère, et qui souvent m’avait humiliée, était au crépuscule de sa vie. Et tout ce qui restait de mon ancien bonheur était cette poupée. Quelle injustice ! Ma belle-sœur n’avait absolument aucune affinité avec l’Allemagne, ni avec aucun de mes rares et précieux souvenirs d’enfance. Pourquoi est-ce elle qui devait soudain hériter de cet inestimable joyau ? Il me fallait donc renoncer à mon héritage. De toute façon, la mort, que ma grand-mère n’avait cesse de prévoir, me semblait si loin et je préférais ne pas y penser.

Quand j’achevai mes études, je pris la décision de quitter l’Allemagne. J’étais retourné y vivre, car l’enfant d’autrefois en moi cherchait à tout prix à s’accrocher à son bonheur de jadis et à cette partie de la terre qui ne l’avait pas fait souffrir. Mais en grandissant, on se rend compte que le malheur est partout, que le monde change en permanence et que ce que l’on cherche n’existe plus. Toutefois, ma décision de ne plus m’accrocher à mes souvenirs idéalisés pour me tourner enfin vers l’avenir m’obligeait à m’éloigner géographiquement de ma grand-mère, ce qui augmenta considérablement sa rancœur. Quelques semaines seulement s’écoulèrent depuis mon départ avant que j’apprenne la triste nouvelle de son décès prématuré : elle avait mis fin à ses jours. Le diable m’accusa, me nargua ; il me traita d’égoïste et d’assassin. Mon esprit fut abattu et troublé, et j’eus beaucoup de mal à me défaire du sentiment de culpabilité.

La poupée fut donnée à ma belle-sœur, cela se produisit alors que je fus en « exil ». Mon retour en France fut une catastrophe : ma famille me rejeta et je me retrouvai plus bas que terre, avec mon enfant. Avant de fuir, je subis une averse d’accusations. On me traita de vampire, de traître, de parasite, de SDF. Personne ne savait qui j’étais réellement, personne hormis mon Sauveur. Jésus me donna la force dans ce cauchemar de ne pas mettre fin à mes jours. Il nous mit à l’abri, ma fille et moi, lorsque la menace de nous jeter dehors me frappa, avec l’ultimatum de trouver un logement dans les 48 heures. Même quand le temps semble trop court et les circonstances impossibles à surmonter, le Seigneur, qui est Maître du temps et des circonstances, n’a pas le bras trop court pour sauver ceux qui n’ont d’autre refuge que d’espérer en Lui.

Mon chat, fidèle témoin dans toutes nos épreuves, fut abandonné dans un refuge par mon propre frère, sans même m’en avertir. Cherchant à le reprendre auprès de moi, je me rendis au refuge la veille de mon exil ; mais ils me traitèrent avec mépris, car – je l’appris plus tard – mon frère les avait appelés en secret pour les prévenir de ma venue, tout en leur racontant des calomnies pour qu’ils ne me laissent pas entrer. Le souvenir de ce jour demeura longtemps comme un poignard dans le cœur : je me revois encore pleurant devant le portail et suppliant, serrant la main de ma fille.

Je n’avais plus rien, j’étais chassée loin de ceux dont je réclamais un peu d’amour, ma propre famille qui semblait ignorer totalement mon identité. Me dépeignant comme un monstre, ils me jugeaient même indigne de garder mon chat ! Pourquoi tout cela ? Que leur avais-je fait ? Quelque chose en moi semblait les insupporter, probablement la vérité dérangeante que je ne suis plus de ce monde. Que je ne suis pas comme eux, que je ne pense pas comme eux, que je ne vis pas comme eux. Ne pas avoir de projet, attendre que Dieu me parle, me montre, m’ouvre une porte : pour eux, c’est inconcevable. Ne pas avoir les mêmes objectifs que tout un chacun dans ce monde, c’est subir son regard et se faire passer pour un fou.

Un mois plus tard, mon Sauveur me rendit justice. Par un concours de circonstances miraculeuses, Il me donna une invitation de la part du refuge à venir reprendre mon chat. Il me donna également le moyen de transport et le chauffeur pour parcourir les 500 km qu’il me fallait traverser de mon lieu d’exil. Le diable semble toujours réussir son entreprise, mais au final, il n’en est pas ainsi ! Les personnes du refuge s’excusèrent, ils me traitèrent avec beaucoup de respect. Je repartis avec mon chat, soulagée d’être à nouveau réunis, car dans la solitude de l’exil, nos animaux constituaient pour ma fille et moi notre petite cellule familiale.

Je reçus également un colis, dont mon frère en fut l’expéditeur. Ce colis contenait Michicco, la précieuse poupée. Ma belle-sœur ne la supportait pas ! Elle lui faisait peur, elle ne pouvait même pas la regarder ! Quel triomphe ! Mon héritage m’est revenu ! Satan ne peut pas voler l’héritage des enfants de Dieu.

Je la regarde, assise sur mon lit, avec son air innocent. Je lui souris, je l’aime. Elle ne me fait pas peur. Bien au contraire, quand je la contemple, mon cœur est rempli de tendresse, de la tendresse de Dieu. Elle est unique au monde, fabriquée à la main en un seul exemplaire, ceci pour me rappeler que, moi aussi, je suis unique pour mon Créateur et que la joie qu’Il éprouve en me contemplant est unique. Elle est précieuse, ceci pour me rappeler que moi aussi, à Ses yeux, je suis précieuse. Tout comme mon chat, elle m’a été restituée, ceci pour me montrer que le voleur n’a aucun pouvoir. Quand le Seigneur décide de donner quelque chose, Lui seul a le droit de décider s’Il veut la reprendre ou non !

Michicco est mon héritage sur terre : ceci préfigure mon héritage à venir. Le Royaume, dont j’avais déjà dans mon enfance l’intuition qu’il existe. Celui dans lequel rien ne peut se perdre ou se corrompre.

Je ne ressens aucune peur. La peur, telle que la ressent ma belle-sœur, m’est parfaitement étrangère, car je connais la Vérité qui affranchit de la peur. Je sais que les fantômes n’existent pas. Quand bien même cette poupée prendrait vie, elle ne pourrait me faire aucun mal, car je l’aime ; et même si – je ne sais pour quelle raison – elle ne répondrait pas à mon affection, elle devrait demander à Dieu la permission de me nuire. Mais au lieu de cela, elle reste là, paisible. Elle parfume ma chambre de l’agréable senteur de l’enfance.

Quand je pense combien les personnes qui ne connaissent pas intimement Jésus-Christ sont soumises à leurs peurs absurdes, à leurs angoisses inconscientes ou conscientes – sans toutefois craindre Celui qu’elles devraient craindre avant tout le reste – cela m’attriste beaucoup. Elles ne peuvent pas jouir de la moindre sécurité. Car la véritable sécurité est l’héritage des enfants de Dieu. Son Amour parfait ôte toutes frayeurs. Sa justice efface toutes les offenses, les miennes et également les blessures produites par les offenses d’autrui.

J’ai pardonné à ma famille. Dieu nous a réunis, mon frère et moi, à l’enterrement d’un parent qui nous était cher. Il fallait que mon frère pleure pour avoir envie de me serrer dans ses bras. Je ne lui avais pas encore pardonné jusque-là, mais Dieu ne pouvait pas me laisser ainsi, rongée par la rancune. La rancœur empêche les plaies de guérir. Le Saint-Esprit me poussa à dire à mon frère « je t’aime vraiment », chose que je ne parvins pas à faire immédiatement. Mais, devant l’Amour qui nous presse, il nous est impossible de résister longtemps. Je pris mon courage à deux mains et je prononçai cette parole qui devait sortir. Et là, le miracle s’accomplit : l’inespéré miracle, improbable et impossible, il me dit « pardon si je t’ai fait souffrir ».

Quand je regarde ma chatte, je ne ressens plus aucune douleur. Je la caresse en riant de la voir si paresseuse et si heureuse ! Le malheur a été effacé !

Quand je regarde Michicco, mon cœur ne se serre plus. Je pardonne à ma grand-mère de ne pas m’avoir aimée comme je l’aurais souhaité, quand j’étais enfant et par la suite. Je lui pardonne son geste, d’avoir voulu me priver de mon héritage, tandis que j’avais ma promesse d’enfant à accomplir. Et je lui pardonne son geste, d’avoir mis fin à ses jours.

La leçon à tirer de cette histoire, c’est de pardonner comme Dieu nous pardonne. Et si nous n’y parvenons pas, Il mettra tout en œuvre pour que nous y arrivions. Sans pardon, Dieu ne peut pas guérir nos blessures.

La leçon à tirer de cette histoire, c’est de faire confiance à notre Sauveur Jésus, quand bien même la terre entière est contre nous. Et c’est de continuer à L’aimer, car en dehors de Son Amour, il n’y a pas de vie possible.

La leçon à tirer de mon histoire, c’est de se pardonner soi-même, de se réconcilier avec l’enfant que nous étions autrefois, aussi laid et repoussant puisse-t-il avoir été dans nos souvenirs, ou dans le souvenir des autres. Car Dieu n’a jamais haï cet enfant ; bien au contraire, Il l’a chéri et continue de le chérir en prenant soin de lui chaque jour, même s’il a grandi.

« Voyez quel amour le Père nous a témoigné, que nous soyons appelés enfants de Dieu ! Le monde ne nous connaît point, parce qu’il ne l’a point connu » (1 Jean 3:1).

« Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Romains 8:31).

« Vous aurez des afflictions dans le monde ; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde » (Jean 16:33).

« Il n’y a point de crainte dans la charité, mais la parfaite charité bannit la crainte ; car la crainte renferme une punition, et celui qui craint n’est pas parfait dans la charité » (1 Jean 4:18).

« Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu’il péchera contre moi ? Sera-ce jusqu’à sept fois ? – Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois » (Matthieu 18:21-22).

« Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a fait renaître, pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour un HERITAGE incorruptible, sans tache, inaltérable, et réservé dans les cieux pour nous, qui, dans la puissance de Dieu, sommes gardés par la foi, pour le salut, qui est prêt à être manifesté dans les derniers temps » (1 Pierre 1:3-5).

Anne-Gaëlle