D.204 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 6

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

Chapitre 5

LE CONTRÔLE ― BUT DE LA MANIGANCE

Vallons du Wisconsin : 1973

À l’époque de la fête d’automne de 1973, il y avait un vent de changement dans l’air, à la fois dans l’église et dans le monde. Non seulement le manque de crédibilité ― dont Bill McDowell avait dit à Herbert Armstrong, un an auparavant, qu’il n’existait pas ― était bien là, mais il se répandait de façon alarmante. David Antion (nouveau directeur de l’Administration pastorale) instaura son nouveau programme pour le ministère et engagea huit nouveaux directeurs régionaux. Chacun de ces directeurs posséda une grande capacité de contrôle local dans ce système. Il y eut plusieurs surprises quand les nominations furent annoncées. J’étais en vol avec Bill McDowell dans le King Air quand on annonça le système, avant que l’on nomme les directeurs. Il me demanda de dresser une liste des noms de ceux qui seraient nommés, selon moi, et il fit de même. Nous ratâmes la cible passablement tous les deux.

La libéralisation et la décentralisation faisaient rapidement leur chemin. La psychologie et le libéralisme humaniste commencèrent à jouer un rôle important dans les affaires de l’église, particulièrement dans quelques domaines spécifiques. Si un directeur régional se montrait libéral dans sa théologie, ses subalternes prenaient la même direction. Les gradués du Collège Ambassadeur avaient été programmés pour répondre à leurs supérieurs, sans vraiment tenir compte de la direction prise. Or, tout cela devait se faire au nom d’Herbert Armstrong.

Mais mettons une chose au clair : rien ne se faisait jamais sans qu’Herbert Armstrong ne le sache, s’il voulait savoir ! Et s’il choisissait de faire quelque chose, rien ne l’arrêtait. L’idée que des changements majeurs aient été apportés sans qu’il en eusse connaissance et qu’il approuvât est incompatible avec la réalité. Notons aussi que Stan Rader le conseilla dans les domaines ecclésiastiques des années et des années avant que Stan ne soit même « baptisé ».

Sous ce nouveau système, le directeur régional du territoire de Chicago était George Kemnitz. Je l’avais brièvement rencontré une fois à Big Sandy, deux ans auparavant. Il était venu à la Fête comme orateur invité. Il avait donné un sermon sur la « famille ». Un orateur impressionnant.

Des rumeurs circulaient comme quoi le Département de l’Administration de l’Église, comme on l’appelait, avait l’intention de mettre la main sur le Bureau des Fêtes. Les ministres locaux étaient d’opinion que les directeurs régionaux devaient officier en tant que coordinateurs festivaliers lors des fêtes d’automne et contrôler totalement les opérations. Ils se demandaient : « Pourquoi devrions-nous travailler pour un homme pendant cinquante et une semaines durant l’année et pour un autre pendant une semaine seulement ? » Ils posaient tout haut la question à savoir pourquoi ils ne pouvaient pas utiliser la propriété immobilière de la Fête pour les fonctions régionales et sur une base régulière ? Pourquoi Big Sandy contrôlait-il tout cela, et pourquoi Big Sandy dirigeait-il la Fête ? Évidemment, ces hommes-là ne posaient pas des questions pareilles, tout logiques qu’elles soient, sans le soutien et le stimulus de leurs supérieurs.

C’est dans ce genre de climat que je me rendis aux Vallons du Wisconsin, à la fin d’août 1973, pour organiser le leadership du Département de la Fête. Ray Dick vivait alors dans la maison de Raymond Cole et il agit en tant qu’officier d’hébergement de la Fête. Lui, Bill Freeland et moi prîmes place dans le même antre à la grosse tête de chevreuil sur le mur, là où je m’étais assis en compagnie d’Herbert Armstrong l’année précédente, et nous discutâmes des plans de la Fête. (Bill Freeland était le pasteur de l’église locale.) Survint alors le sujet de l’hébergement des ministres et de celui qui serait moniteur de cet hébergement.

Nous fûmes d’accord pour utiliser à nouveau le Devil’s Head Lodge. Ray et Bill me dirent qu’on l’avait employé le mois précédent pour la réunion de tous les directeurs régionaux et Dave Antion, qui était en charge de l’administration pastorale. Doc Kessler était le secrétaire de George Kemnitz ― ils avaient tous des secrétaires, à ce moment-là ― et Doc avait pris soin de tous les aménagements. Il s’entendait aussi très bien avec le gérant. L’année précédente, il y avait eu des problèmes avec ce gérant, mais Doc dit qu’il s’arrangerait avec ça. L’officier d’hébergement nommait tous les moniteurs de motels qui, eux, s’occupaient de toutes les irrégularités chez les gens de leur motel. La seule exception était le motel où demeuraient les ministres, et le coordinateur lui-même en prenait toujours charge parce qu’on considérait qu’il s’agissait d’un point crucial de contrôle.

J’eus immédiatement le mauvais pressentiment que Ray Dick avait déjà nommé Doc à ce poste clé.

« Ray, avez-vous déjà assigné Doc comme moniteur du Devil’s Head Lodge ? » lui demandai-je.

« Eh bien, eh bien… nooon, je ne l’ai pas fait, » répondit-il. « Mais je le recommande pour le poste. »

« Bill, qu’en pensez-vous ? »

« Je suis d’accord avec Ray. Il a vraiment fait un bon travail quand les directeurs régionaux étaient ici, » répondit Bill.

« Si je le nommais là-bas, pour qui croyez-vous qu’il travaillerait ? » questionnai-je encore.

« Je ne sais pas ce que vous voulez dire, » répliqua Bill Freeman, alors que Ray Dick demeura silencieux. Je dis à Ray que le lui ferais savoir, mais qu’entre-temps, il ne devait rien répéter à Doc ou à George Remnitz.

Je retournai directement au Devil’s Head Lodge et parlai avec le gérant. Il me dit n’avoir que les meilleurs souvenirs de l’an passé jusqu’à aujourd’hui. Je lui demandai si, de toute façon, il préférait Doc Kessler et il me répondit que cela ne lui faisait rien, ni dans un cas ni dans l’autre. Exactement comme je le pensais.

Je fus plus résolu que jamais à ce que Doc Kessler ne soit pas le moniteur et qu’il n’ait aucun poste de contrôle. À la réunion des chefs de département, George Kemnitz, que j’avais mis en charge de la musique contre l’avis même de Bill McDowell, demanda si Doc Kessler pouvait suivre Keith Stoner, chef du département de l’auditorium, et en apprendre le plus possible. Je crois qu’à ce moment-là, George pensait encore qu’il pourrait obtenir un poste clé pour Doc au Devil’s Head Lodge.

J’acquiesçai à la condition qu’il n’interfère en rien, et Keith Stoner fut d’accord. Ce dernier avait agi en tant que chef de l’auditorium l’année précédente et il avait fait de l’excellent travail. C’était un ministre canadien et il n’était pas à l’emploi de l’église. Dans la vie privée, il était avocat. Il s’avéra un excellent organisateur avec un don pour le commandement.

À la soirée d’ouverture, George Kemnitz choisit un siège de l’autre côté de l’aile, en face des chefs de département. Presque immédiatement, on put voir Doc Kessler en action, se rapportant régulièrement à George. Le lendemain matin, lorsque la chose se reproduisit à nouveau et ce, de manière tout sauf discrète, je me tournai vers Keith Stoner qui, étant gérant de l’auditorium, était assis directement derrière moi pour faciliter une communication rapide, et lui demandai :

« Voyez-vous ce qui se passe ? »

« J’ai vu cela hier soir, » me répondit-il.

« Savez-vous quoi faire ? »

« Oui, je crois. »

« Je suis d’avis de le couper de toute information ; instruisez-en tous vos hommes. Car, en ce moment, il fait affaire avec quelqu’un qui se trouve complètement en dehors de la structure organisationnelle de la Fête, parce qu’il ne travaille pas pour nous, mais pour George ainsi que pour une autre raison. Est-ce ce que vous aviez en tête ? »

« Nous voyons la même chose, vous et moi, » répondit Keith. « C’est exactement ce que j’avais en tête et je vais faire comme vous dites. »

J’avais auparavant désigné un ministre canadien, de l’ouest du Canada, pour agir en tant que moniteur au Devil’s Head Lodge ― un homme sur lequel George Kemnitz n’aurait aucun contrôle. Il travailla directement pour moi, sans avoir de loyauté antérieure envers quelqu’un d’autre.

Une journée et demi passa avant que Doc Kessler s’aperçoive de ce qui arrivait ! Ce fut à une réunion des dirigeants de département, au milieu de la Fête, que George exprima son mécontentement vis-à-vis de la nomination d’Owen Murphy, ministre canadien, comme moniteur du Devil’s Head Lodge et à propos de quelques autres aspects des opérations de la Fête.

Lorsque nous eûmes terminé de voir aux affaires normales et que les autres eurent quitté le bureau, je demandai à George de rester, car je croyais que nous avions à parler. Il resta trois heures.

Je traitai des raisons pour lesquelles je n’avais pas nommé Doc en charge du motel et pourquoi on l’avait coupé de toute information, et ce sans prendre de gants blancs. Je ne pouvais permettre que se développent deux points de contrôle au centre des congrès et, par-dessus tout, avec lui contrôlant un de ces points et moi l’autre. Doc ne cachait pas du tout qu’il se rapportait régulièrement à George. Je devais donc voir à ce qu’il n’ait rien à rapporter ! C’était aussi simple que ça. Et j’expliquai pourquoi j’avais besoin d’avoir Owen Murphy. Je levai les mains devant George, car c’était imparable. Il ne pouvait rien y faire. Je lui dit connaître une couple de personnes qui pouvaient me congédier et, s’il le désirait, je lui signalerais leurs numéros. C’était son choix.

Je lui recommandai ensuite que nous travaillions ensemble, sans conflit. Je lui promis le respect attendu pour sa fonction et pour lui personnellement, et que j’accueillerais favorablement toute suggestion qu’il me proposerait. De toute manière, c’est ainsi que les choses devaient se passer. Il me promit sa collaboration et il me la donna effectivement. Nous dînâmes plusieurs fois ensemble le reste du temps, dans la salle à dîner pour être bien vus de tout le monde. Lors du dernier jour de la Fête, George m’écrivit une lettre de recommandation et d’éloges, et en écrivit une autre à Bill McDowell lui demandant que je fasse le même travail l’année suivante. Je crois qu’il était sincère et voulait faire de son mieux dans une situation difficile.

Je lui avais parlé en détail du manque de finesse de la part de Doc, mais aussi que j’étais désolé d’avoir eu à traiter Doc comme je l’avais fait. Je ne pensais pas avoir le choix.

Cette après-midi-là, mon épouse me fit savoir que Doc et sa femme souffraient terriblement de la situation, ayant versé beaucoup de larmes. Je leur parlai gentiment à tous les deux, demandant à Doc de faire route avec moi le lendemain de la Fête pour terminer les petites choses qui restaient ― ce que doivent faire les coordinateurs. Il accepta.

Il m’expliqua qu’il était chiropraticien au Texas et avait abandonné la pratique à cause des enseignements d’Herbert Armstrong allant à l’encontre de cette branche des arts médicaux. Ça n’allait pas très bien depuis. Et, croyait-il, son travail pour George Kemnitz était sa dernière chance ; il ne voulait pas la rater. Il voulait servir George et rendre son travail fructueux, espérant qu’un peu de ce succès déteindrait sur lui.

Je lui expliquai alors en détail comment j’avais procédé et pourquoi j’avais agi ainsi. Je lui demandai s’il voyait pourquoi cela avait été nécessaire et il répondit que oui. Je pense que nous nous séparâmes en bons termes.

J’ai entendu dire de sources fiables que Doc avait été impliqué dans une conspiration visant à renverser le bureau chef de l’église à Pasadena. Cette fois-là, ça a marché pendant un certain temps. (Il possède maintenant un poste clé sous Stan Rader.) Mais les fruits de ce genre de conspiration ne sont jamais bons ; ils sont assez amers. Doc ne sera pas heureux dans cette entreprise, peu importe le succès qu’il y trouvera. C’est un gros homme très émotif. Son gabarit peut, à lui seul, intimider beaucoup de gens. Voilà peut-être une des raisons pour lesquelles il en est rendu là.

Rien d’inhabituel n’arriva lors du retour d’Herbert Armstrong aux Vallons du Wisconsin, en 1973. Il dit aux ministres assemblés lors du dîner au Devil’s Head Lodge qu’ils étaient les « défenseurs de la foi » devant Dieu. Je crois que c’était bien envoyé.

Il donna encore le même sermon pour la énième fois. Et Floyd Lochner put le faire sortir pour prendre de l’exercice pendant leur séjour.

Quand le capitaine Black fit décoller le G-II de Baraboo, cette année-là, il maintint l’avion sur la piste comme s’il allait la dépasser, puis il fit soulever l’appareil comme s’il s’agissait d’un avion de combat. Quelque chose devait l’avoir frustré. Le rugissement des puissants moteurs fit trembler le sol.

Il y eut à nouveau cette espèce de soulagement du coordinateur festivalier comme à chaque fois qu’il sait qu’Herbert Armstrong est venu et reparti, et qu’il est encore en un seul morceau. La survie !

En 1973, Garner Ted Armstrong possédait le statut de célébrité. Chose étonnante, ses tracas de 1971 et 1972 ne semblèrent pas diminuer sa popularité chez les membres de l’église ; au contraire, ils l’augmentèrent.

Le taux d’assistance était invariablement à son plus élevé quand il prenait la parole. Il en fut toujours ainsi depuis ma première année en tant que coordonnateur (1972) jusqu’à sa dernière apparition dans l’Église Universelle (1977). Lorsqu’on se promenait dans l’assistance pendant qu’il parlait, l’auditoire portait à l’évidence beaucoup plus d’attention au sermon de Ted que lorsque son père prenait la parole ― ça se voyait dans le regard.

Selon plusieurs personnes, cela était dû au fait que son père avait l’habitude de livrer le même sermon, avec un débit plus lent, ce qui faisait que bon nombre de gens s’assoupissaient. Ted parle plus rapidement et possède une meilleure formation que son père. Dans tous les cas, l’assistance était inévitablement meilleure avec Ted.

Cela posait donc un problème de sécurité plus grand quand Ted venait. Nos préposés à la sécurité devaient le protéger à l’extérieur du bâtiment et quand il y mettait les pieds. Il y avait toujours des gens qui essayaient de se glisser entre les maillons afin de le toucher ou de se faire voir avec lui. Beaucoup l’auraient assailli si nous les avions laissés faire.

Je donnais toujours des instructions aux gens de la sécurité extérieure et d’autres aux placiers à l’intérieur. On devait leur donner des directives fermes, car il y avait chaque année de nouvelles recrues qui n’arrivaient pas à croire que ce qu’on leur disait allait arriver.

La sécurité extérieure devait contrôler les aires d’approche et surveiller étroitement les zones d’entrée. Autre complication : Ted n’aimait pas voir la sécurité en action. Il semblait apprécier l’idée d’une certaine liberté et d’un contrôle plus effacé, ce qui était l’idéal. Mais d’un autre côté, il n’aimait pas non plus se sentir assiégé. Je donnais toujours comme directive aux hommes de la sécurité extérieure d’avoir la situation bien en main et, quand ils voyaient venir sa voiture, de s’effacer tout en surveillant soigneusement. Je leur dis que, si seulement quelques personnes se ruaient sur lui, de ne pas intervenir. Toutefois, s’ils étaient plus nombreux, ils devaient faire le nécessaire. Je m’arrangeais toujours pour que le chef de département soit sur place.

À l’intérieur, tous les placiers dans ces lieux du bâtiment étaient appelés à recevoir des instructions. Ils devaient commencer par faire asseoir toutes les gens des alentours. Dix minutes avant le début de la réunion, ils ne devaient plus permettre à quiconque de circuler dans la zone d’entrée et ses environs. Des hommes étaient placés pour garder les sièges réservés, car il y aurait des gens qui s’y glisseraient et s’en empareraient à la toute dernière minute. (C’est quand même arrivé une fois.)

J’attendais debout à la porte. Lorsque Ted et son groupe arrivèrent, les placiers s’effacèrent et il sembla alors que les gens se disciplinaient naturellement. Sauf qu’il y eut souvent des individus résolus à toucher à la célébrité. Habituellement, il composait bien avec ces gens-là et ces derniers faisaient la preuve que nous n’étions pas une « police d’état ».

Quand l’assemblée prenait fin, le même procédé s’exécutait à l’inverse, sauf que Ted quittait rapidement. Ces jours-là, nos préposés à la sécurité extérieure gardaient son avion et le maintenaient en ordre dans la zone de l’aéroport. Il y avait à nouveau la foule. Cela arrivait particulièrement à Big Sandy où la piste d’atterrissage est située sur les terrains du collège. Nous n’eûmes jamais à contrôler les foules de cette manière pour HWA. Il n’attirait pas la même affluence. Cela a d’ailleurs toujours été une énigme pour moi, d’autant plus lorsque Ted fut excommunié et marqué par son père. Les mêmes personnes qui l’avaient idolâtré ― littéralement, je crois ― se mirent alors à le haïr violemment. Pourquoi ? Ces deux extrêmes m’apparaissent étranges.

Quand je servis en tant que coordinateur à Big Sandy, en 1974 et 1975, nous eûmes à prendre des mesures considérables afin de protéger son jet et son groupe contre les gens qui se massaient dans la zone et qui voulaient au moins toucher son avion.

Je m’imagine encore voir Harold Rhodes, en charge de la sécurité en 1975, en bordure du hangar, disant à la foule de sa voix puissante : « Restez en arrière, restez en arrière. Faites place. »

En tout cas, c’est une bonne leçon en ce qui a trait à la précarité de la popularité. C’est une denrée très périssable. Je suis sûr que Ted sera d’accord avec ça. Mais c’était tout de même le climat de l’époque et Herbert Armstrong en était responsable.

Pendant ce périple aux Vallons, en 1973, nous regardâmes les nouvelles à la télévision et fûmes témoins du célèbre « massacre du samedi soir ». Même si notre besoin d’une unité nationale et d’avoir un objectif commun monta d’un cran à cause des événements du Moyen-Orient, nous fûmes entraînés dans la profonde corruption sévissant à Washington. De la même façon, lorsque nous eûmes le plus grand besoin d’avoir de l’unité et du dévouement dans l’église avec un objectif commun, Herbert Armstrong fut mêlé à des activités qui ne pouvaient qu’attirer une rétribution divine ― mais pas en bénédictions. Le parallèle est remarquable ― même frappant. Il porte la responsabilité ultime sur le plan humain. Or, il n’a pas appris à mettre ses devoirs au-dessus de ses propres désirs personnels.

Pourquoi un Bureau des Fêtes séparé ?

Au début de l’été 1979, un ministre haut placé dans la sphère ministérielle me demanda pourquoi il y avait toujours eu une séparation entre le Bureau des Fêtes et la structure ministérielle. Bien que c’était une question très pertinente, je fus surpris que quelqu’un possédant sa fonction et son expérience me la posa. Mais cela met en évidence la tendance qu’ont la plupart des gens à accepter des procédures établies de longue date sans se questionner ― jusqu’à ce qu’il y ait des problèmes. Et même alors, la majorité ne se pose pas de question. Je pense que c’est pour cela qu’Herbert Armstrong appelait si souvent ses disciples « les idiotes de brebis » ! Il semble trouver les membres de l’église ignorants et bêtes.

Mais retournons à la question. En effet, pourquoi y a-t-il toujours eu une séparation entre les opérations festivalières et le champ ministériel ? Au fil des ans, les échelons les plus élevés de la hiérarchie ministérielle ont très souvent jeté un regard de convoitise sur le Département festivalier. Il y a pourtant toujours un budget déficitaire dans ce département et des salaires cherchant à être rehaussés. La Fête même est l’occasion d’exercer un grand pouvoir ― plus grand qu’à n’importe quel autre moment. Or, en même temps, les plus hauts gradés du ministère s’y voient réduits à ne faire que des sermons ou à ne rien faire du tout. Toutes les fonctions administratives furent enlevées au Département du Collège Ambassadeur durant la Fête depuis les six dernières années ou plus.

Là où l’organigramme montre habituellement « l’évangéliste en charge », son produit de remplacement ne montre rien de tel. Il affiche le coordonnateur en charge. Et celui-ci répond au directeur du Département festivalier. Sherwin McMichael succéda à Bill McDowell. Même si l’horaire des sermons de la Fête ― d’une grande importance aux yeux de certaines gens ― est coordonné en collaboration avec le directeur de l’Administration pastorale, ce dernier ne le contrôle pas du tout. Il ne fait qu’y « participer ». Pourquoi cela ?

Je l’expliquai à mon ami de la manière suivante :

Beaucoup de choses ne nous ont pas été dites. Nous devons donc additionner deux plus deux. Depuis que Roderick Meredith a été expulsé du Département du Collège Ambassadeur, en 1972, il s’est installé une grande peur de ce poste ; et le ministère en général fait également peur à HWA, GTA et Stan Rader. Cela a surgi du temps de David Antion et c’est demeuré depuis lors. Voilà pourquoi cet office subit tellement de changements. Lorsque je parlai à Rod Meredith, temporairement réinstallé en janvier 1979, je lui dis : « Je suis venu dans ce bureau trois fois l’an dernier et j’ai eu affaire à trois hommes différents assis dans le fauteuil où vous êtes. Combien de temps y serez-vous ? »

Il répliqua, ou ce fut plutôt Raymond McNair qui répondit pour lui : « Nous serons ici aussi longtemps que Dieu le voudra. Nous pensons que ce sera pour un bon bout de temps. »

Les événements prouvèrent le contraire. Et c’est d’ailleurs ce que je pensais.

Le Bureau de l’Administration pastorale, ou tout autre nom qu’il porte, est suspect. Il a été systématiquement réduit à un centre de contrôle, à une base de pouvoir. Cet office a été occupé par des hommes qui ne comprenaient pas les règles du jeu ; en fait, ils ne savaient pas que c’est un jeu. Je suis convaincu que deux personnes seulement le savaient. Je crois qu’il s’agit d’Herbert Armstrong et de Stanley Rader. Ils connaissaient et jouaient le jeu. Ils en créaient eux-mêmes les règles. Les autres jouaient selon leurs règles. Et en plus, les règles changeaient ― au nom de Christ !

Si le Département festivalier avait été incorporé au Département du Collège Ambassadeur, ou l’Administration pastorale, comme on le nomma plus tard, il y aurait eu une plus grande concentration de pouvoirs. On ne pouvait permettre cela. Mais la question était, et demeure : qui manipulait qui ?

Quand Ted Armstrong revint de sa retraite, Herbert Armstrong écrivit peu après aux membres en des termes on ne peut plus flamboyants et positifs qu’il déléguait le contrôle à son fils Garner Ted en qui il se complaisait ― pas de « si » ni de « mais ». Prenant comme exemple les remises en trône les plus positives de la Bible, il ajouta la puissante formule habituelle « Au nom de Jésus » pour apposer le sceau divin à sa déclaration. Mais ce que nous allions tous découvrir plus tard, c’est qu’il n’abandonna jamais le contrôle ! Stan Rader était toujours là, aux rênes des finances ! Le reste d’entre nous marchions dans l’illusion. Nous ne savions tout simplement pas ce que nous ignorions ! Ted Armstrong n’eut jamais  de contrôle sur l’argent. Oh, il lui fut permis d’en dépenser librement un certain montant. Mais il ne contrôla jamais le reste. Stan possédait ce contrôle.

Il ne pouvait y avoir de mariage entre le Département du Collège Ambassadeur et le Bureau festivalier sans l’approbation de Stan. Et cette approbation ne vint jamais. Lui et Herbert Armstrong semblaient vouloir « diviser pour mieux régner », ou équilibrer les pouvoirs !

Lorsque je parlai à Rod Meredith, en janvier 1979, je lui signifiai qu’il était temps d’amener le Bureau sous l’Administration pastorale/Département du Collège Ambassadeur. Il était parfaitement d’accord et y procéda. Mais cela ne dura qu’un court laps de temps. HWA annonça lui-même le retour à l’ancienne formule. Même à quatre-vingt-dix ans, il ne voulait pas d’une concentration de pouvoirs dans les mains du ministère. Il voulait le contrôle total. L’âge n’avait pas diminué son goût du pouvoir, ni accru sa foi en Dieu.

Donc, expliquai-je à mon ami, il s’agissait de diviser pour mieux régner. Ce n’était pas une question d’efficacité, ni de religion, ni non plus de logique, mais simplement une affaire d’argent et de pouvoir, ainsi qu’un manque de confiance en Christ et Son Saint-Esprit.