D.207 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 9

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

Chapitre 8

GARNER TED ÉVINCÉ

Autour des Fêtes de l’année 1977, des rapports nous parvinrent indiquant qu’Herbert Armstrong ne serait plus un élément durable dans les affaires de l’église (je devrais dire la majorité des rapports). Le Dr Parrish, du campus de Big Sandy, me dit que, selon sa compréhension de ce qui était arrivé, c’est-à-dire, une défaillance cardiaque congestive, il devrait y avoir rétablissement complet avec encore quelques bonnes années à venir. (Le Dr Parrish s’y connaissait mieux que certains amateurs.)

Les Pocono : 1977

Lorsque Ted arriva aux Pocono en G-II avec le capitaine Black, ce dernier avait complètement changé de personnalité. Il était habillé de façon juvénile, portant des vêtements sports et un collier, apparemment pour montrer qu’il était « in ». Et, bien entendu, Stan n’était pas de la tournée. Non plus que les frères Dean (les stewards du G-II au service de Stan et d’HWA).

Ted dit que son père était très faible quand il passa le voir à Tucson. Il rapporta que son père l’avait supplié d’une voix faible de « ne pas lui enlever l’église pendant qu’il était malade. Il ne devait pas commander de réunion ministérielle à aucun des sites ou élaborer le travail de préparation servant à le sortir. »

Ted dit avoir promis et il ne fit donc rien de ce qu’il aurait pu facilement exécuter. Il est sûr qu’il n’en fit rien aux Pocono. Il arriva environ vingt minutes avant l’assemblée, et je l’amenai, lui et Shirley, dans mon bureau du bâtiment d’administration festivalière où attendaient des rafraîchissements. Pendant qu’il était là, de nombreux ministres vinrent lui parler ou y être vus. Ils s’en firent un point d’honneur, comme ils l’avaient fait l’année précédente. C’était une bonne affaire, s’ils la jugeaient politique.

Pendant que nous roulions en voiture, Ted discuta des enregistrements de Lochner et combien son père était prêt à payer pour les faire supprimer. Il pensait que son père n’avait qu’à les laisser rendre publics et en assumer les conséquences, car tout allait finir par sortir, de toute manière. Il y avait de toute évidence de grandes différences entre son père et lui. Et cela avait fortement rapport avec Stan Rader et ses conseils à l’endroit d’HWA. (Le sentiment était très fort.)

Mais alors, le ressentiment exprimé par son père à l’endroit de Ted, l’an passé, était aussi très fort ― voire profond. Il y avait des désaccords apparemment irréconciliables. Par conséquent, ce fut donc un choc lorsque Herbert Armstrong apparut, très faible, au mois de janvier suivant, à Pasadena, lors de la conférence annuelle. Il rassembla toute son énergie et monta sur la scène embrasser Ted à sa manière coutumière et il annonça son soutien officiel et son amour pour son fils. Il y eut ovation debout, comme d’habitude. Tout ça était devenu si banal que, pour les gens bien informés, cela n’avait plus aucune signification.

Lorsqu’en 1976, au Holiday Inn près du site de Fête des Pocono, Herbert Armstrong eut tant de choses méchantes à dire contre son fils Ted que je crus réellement qu’il ne voulait que faire sortir le trop plein de vapeur. Il avait déjà parlé ainsi auparavant. Il courait un dicton disant que quiconque se trouvait coincé entre les Armstrong serait broyé. C’était une position dangereuse dans l’église.

En mars 1978, environ une douzaine de pasteurs de l’église s’assirent dans l’âtre du département athlétique de Big Sandy, au Texas. Le collège était fermé depuis un an, à peu près, mais les équipements étaient utilisés pour un tournoi de l’église. Un des pasteurs de l’église déclara d’une voix forte, pour que tout le monde l’entende : « Je ne permettrai jamais à quoi que ce soit de se mettre en travers de moi et Herbert W. et Garner Ted Armstrong ! » Je ne peux pas dire si cette déclaration était destinée à la protection politique de cet homme, ou si c’était réellement ce qu’il pensait. À tout événement, pendant bon nombre d’années dans l’histoire de l’église, c’était la manière de rester en santé.

Maintes et maintes fois, encore et toujours, Herbert Armstrong déclara publiquement que lui-même et Ted se situaient à un palier qu’aucun homme n’avait jamais atteint. Dans une lettre co-ouvrière du 30 juillet 1973, après les grands troubles des deux années précédentes, Herbert Armstrong écrivit :

« Or, voici également une ANNONCE sur la façon dont Dieu nous accorde un SENTIMENT DE SÉCURITÉ face à l’avenir de l’œuvre !

« Il y a environ deux semaines, je me trouvais au Mexique pour consacrer nos nouveaux bureaux de Mexico, tout en conseillant nos gens là-bas.

« Je lisais, dans 1 Chroniques 28, ce que le roi David disait à son fils Salomon lorsqu’il lui légua le trône du gouvernement d’Israël. Je vis un parallèle entre eux d’un côté et Garner Ted et moi de l’autre côté.

« Après avoir prié, je fus inspiré d’écrire à Ted à ce sujet. Bien que les circonstances précises soient différentes, je lui écrivis ma paraphrase des paroles du roi David à son fils. Je voudrais partager avec vous, dans ce qui suit, cette paraphrase et certaines portions de ma lettre très personnelle (comparez avec 1 Chron. 28:4-5, 8-10).

« L’Éternel Dieu d’Israël m’a choisi, devant tous les peuples de la terre, pour être Son serviteur qui fasse apparaître l’ère de Philadelphie de Son Église ; et pour prêcher et publier l’évangile du Christ vivant ― l’évangile du Royaume de Dieu ― par tout le monde en témoignage à toutes les nations, en tant que signe unique donné par Jésus-Christ (dans Matthieu 24) que la fin des temps et que le retour de Christ en PUISSANCE et en GLOIRE sont TRÈS PROCHES.

« Et de mes deux fils, Dieu a fait en sorte que toi, Garner Ted, tu naisses. Tu fus le seul de nos quatre enfants que ta mère et moi n’avions pas vraiment planifié. Tu n’eus pas le pouvoir de la parole avant l’âge de deux ans. Mais lorsque je t’oignis pour que tu sois guéri de la pneumonie, Dieu me mit dans l’esprit de demander aussi qu’il te soit donné miraculeusement la voix que Dieu allait plus tard utiliser pour proclamer Son évangile à des MILLIONS de personnes dans le monde entier.

« Par conséquent, en temps et lieu, Dieu t’a choisi, toi, Garner Ted, pour cette mission de très grande importance ; pour que ta voix, en plus de la mienne, puisse proclamer Son message extraordinaire avec une puissance amplifiée.

« Or donc, devant toute l’Église Universelle de Dieu et en audience devant Dieu, garde et recherche tous les commandements de l’Éternel, ton Dieu, afin d’entrer dans le Royaume de Dieu et d’hériter de la vie éternelle.

« Et toi, Garner Ted, mon fils, saches CONNAÎTRE le Dieu de ton père, et sers-le d’un cœur pur et d’un esprit bien disposé, car l’Éternel connaît les cœurs et comprend toutes les pensées. Garde toutes tes pensées et maintiens-les tournées vers les choses de Dieu.

« Si tu le recherches, Il Se laissera trouver, mais si tu l’oublies, Il te rejetteras pour toujours.

« Prends garde, maintenant, car l’Éternel t’a choisi. Et je t’ai donné plus de latitude et d’autorité que jamais, ayant toute confiance que tu continueras à te rapporter à Dieu et à t’en rapprocher dans la prière et que tu Le serviras fidèlement en exécutant les politiques qu’Il établit par moi pour Son Œuvre, Son Église et Son Collège. (Fin de la paraphrase.)

« Bien sûr, tu ne seras pas roi d’Israël comme le fut Salomon. Mais peut-être que ce pour quoi Dieu t’a choisi et t’a préparé à faire s’avérera encore plus important à Ses yeux. Dieu m’a déjà accordé onze ans de plus qu’au roi David. Et, bien que j’espère qu’Il me donne encore quelques années de surveillance active sur Son Église et Ses nombreuses opérations mondiales, s’Il écourtait ces années, Il t’a choisi pour me succéder, comme Il a choisi Salomon pour succéder à David. Non seulement le Christ vivant, CHEF de l’Église et de l’Œuvre de Dieu, me l’a-t-Il révélé, mais les fruits qu’Il a portés en toi dans son Œuvre le confirment adéquatement. Tu es maintenant deux ans plus âgé que je l’étais quand Dieu a débuté l’Œuvre par moi par les ondes et par The PLAIN TRUTH. Tu avais alors presque quatre ans. Et tu ne sais quel soulagement béni Dieu m’a accordé par cette assurance. Si Dieu permettait qu’arrive cette éventualité, tu aurais besoin de la guidance, de la direction, de l’intervention et de la puissance de Dieu comme jamais. L’Église entière, en tant que frères étroitement unis en Christ, devrait rechercher Dieu et s’en REMETTRE à Lui et au CHEF vivant de l’Église, Jésus-Christ, comme jamais, soutenant solidement l’élu de Dieu » [pp. 3-4].

Bien que cette déclaration officielle ait été la plus longue et la plus vibrante faite publiquement par Herbert Armstrong à ce propos, elle ne fut qu’une parmi tant d’autres. Régulièrement, lors des conférences ministérielles, il disait la même chose en des termes différents. Ted était son successeur, Ted était son officier exécutif, Ted était en charge. Il ajoutait habituellement que Ted était sous ses ordres. Et, toujours, il disait tout cela au nom de Dieu et de Christ. En la matière, le nom divin figurait toujours bien en évidence. Si quelqu’un remettait cela en question, c’est Dieu qu’il remettait en question. Et, évidemment, personne ne voulait agir ainsi.

Depuis que Garner Ted a été évincé par son père et Stan Rader, ces derniers ont fait publier des déclarations répétées à l’effet que l’œuvre est en déclin depuis dix ans. Ils ont diffusé des diagrammes et des graphiques avec l’intention de mettre tout le blâme sur Ted Armstrong et se laver eux-mêmes de toute responsabilité. Il est intéressant de constater que ces accusations remontent à si loin. Comment Herbert Armstrong explique-t-il la contradiction flagrante entre ce qu’il écrivit en 1973 (cité plus haut) et ce qu’il rédigea en 1978 ? La contradiction est trop évidente pour la prendre à la légère.

Voici ce qu’il écrivit dans une lettre co-ouvrière, le 25 septembre 1978 :

« Voilà vraiment DE BONNES NOUVELLES ! Pour la première fois depuis les huit à dix dernières années, L’ŒUVRE DE DIEU EST SOLIDEMENT UNIE DERRIÈRE JÉSUS-CHRIST, CHEF VIVANT DE L’ÉGLISE DE DIEU ― QUI N’EST PLUS DIVISÉE ― et qui, avec la BÉNÉDICTION DE CHRIST, va à nouveau rapidement DE L’AVANT ! »

Trois mois plus tard, Pasadena sombra dans le chaos ! Herbert Armstrong n’était bon ni dans les prophéties, ni dans ses évaluations de la situation à Pasadena. Ou alors, il savait et mentait.

En vérité, sa décision d’évincer son fils Ted fut prise dès le début de 1975, au moins. S’il n’avait pas été aussi obsédé par le sexe durant ces années-là, il l’aurait probablement fait plus tôt. Mais la pulsion sexuelle semble avoir été la plus forte des deux. En rétrospective, et d’après ce qu’il a écrit depuis, HWA avait toutes les intentions de tenter l’affaire, mais avec des réserves quant à son succès. En 1976, aux Pocono, quand il m’exprima qu’il croyait avoir besoin d’un contrat pour maintenir son train de vie, il m’expliqua également qu’il pensait que l’église finirait par être dirigée par un comité ! Il ne pouvait pas croire à cela en même temps qu’à tout ce qu’il avait écrit concernant sa relation avec Christ et que Celui-ci avait choisi Ted pour son successeur !

La timide réception qu’il reçut dans les sites, en 1975 (du moins, à Big Sandy), doit avoir mis le feu à son intense orgueil. Il arriva à Scranton, en Pennsylvanie, en 1976, sur le sentier de la guerre contre son fils. Apparemment, il avait déjà décidé de sa ligne de conduite.

Sherwin McMichael me demanda de préparer un bon rapport écrit indiquant le manque total de capacité d’HWA, à l’automne, et il me souligna que d’autres coordinateurs de fête étaient en train de faire la même chose. Pour la première fois, Herbert Armstrong avait parlé contre son fils d’un site à l’autre. Ted ne cachait nullement qu’il s’opposait au choix d’épouse de son père et à l’encouragement de celui-ci à l’endroit de son compagnon de voyage, Floyd Lochner, âgé de 60 ans, de marier une adolescente. Tout d’abord, Herbert Armstrong, ayant alors 83 ans, parlait d’épouser une femme divorcée de 46 ans sa cadette, femme qui, en outre, n’était pas approuvée par tous. Dans les milieux ministériels, elle n’avait pas « bonne réputation ».

Répondant en privé à ces accusations, Herbert Armstrong reconnut que sa famille était d’humble origine. Ce fut bien la première fois que je l’entendis dire ce genre de chose. Sa future épouse était une Amérindienne de l’Oklahoma, et Herbert Armstrong avait aussi dénoncé le mariage interracial.

Il avait fait savoir que les femmes plus âgées ne valaient pas la peine d’être mariées et qu’il méritait une jeune femme. Ce fut une véritable lutte féroce.

Il est quasi certain qu’il espérait se servir de la Fête des Tabernacles de 1976 pour écarter Ted et établir son « autre fils », Stan Rader, comme successeur. Nous n’avions aucune raison de croire que Stan eut désapprouvé.

Lors de son mariage, au milieu de 1977, il capta toute l’attention médiatique de l’église et insista pour faire un battage publicitaire incroyable. L’attaque cardiaque qui suivit vint différer l’exécution de ses plans.

Après sa guérison partielle, il se rendit à la conférence ministérielle de 1978, bien déterminé à réaliser ses plans. Après une orageuse réunion du conseil d’administration, dont il rendit compte plus tard, il monta sur scène et étreignit pour la dernière fois son fils en public. Il avait encore une fois reculé.

L’assistant de Stan Rader, Henry Cornwall, avait déjà lancé l’offensive contre Ted, et Ron Dart émit son « Dossier médiatique », publication éphémère sans doute suscitée dans ce but bien spécifique. Ron Dart ne survécut que peu de temps à la conférence et fut bientôt remplacé par Wayne Cole.

Des mois avant ça, Herbert Armstrong avait profité de ce que Ted se trouvait en dehors pour expédier et reclasser immédiatement et sommairement Ron Dart et Les McCullough en dehors du pays. C’est drôle que Les était déjà hors du pays, en voyage de coordination. Ron déménagea à Washington avant d’être rappelé. Ted avait eu vent de l’affaire et avait appelé son père pour faire stopper le coup.

HWA a fait énormément de tentatives avortées pour s’emparer du pouvoir par la conspiration au lieu de faire face au problème de coordination, à la conférence ministérielle ou autre. Herbert Armstrong conspirait continuellement, car c’était dans sa nature. Il a probablement agi de la même façon avec l’Église de Dieu en Oregon. Ce qu’en ont rapporté des survivants de cette église va exactement dans ce sens. Il travaille de manière clandestine.

De nombreuses personnes proches d’HWA, y compris des membres de sa propre famille, disent que c’est un fervent étudiant de Mein Kampf. Il admire beaucoup les méthodes de contrôle de Hitler, spécialement sa façon de frapper aux petites heures du matin, lorsque la résistance des hommes était à son plus bas. D’où ses consignes d’appeler les ministres à ces heures-là et d’organiser des manifestations de protestation tard le soir.

On appela donc les ministres tard dans la soirée pour annoncer le congédiement de Ted. Beaucoup de pasteurs de l’église comprirent la signification de cette action. En novembre 1978, Stan Rader me dit qu’il avait évincé Ron Dart du poste de directeur de l’Administration à Pasadena. Il lui fallait « un homme de paille », et Ron Dart ne s’était pas prêté de bon cœur à cette opération ; il voulait donc avoir quelqu’un d’autre remplissant ce but précis. Il désirait démontrer son pouvoir au ministère. Il me dit aussi qu’ils avaient besoin de quelqu’un d’autre comme rédacteur en chef du Worldwide News afin de pouvoir publier tout ce qu’ils voulaient, car ils « prenaient le contrôle », d’où le congédiement de John Robinson à ce poste. Dexter Faulkner, le nouveau rédacteur en chef, était prêt à suivre tous les ordres.

Une fois Ted parti, son père allait rayer son nom d’un océan à l’autre et dans le monde entier. Il l’avait assommé, mais il voulait l’écraser entièrement ― l’anéantir. Dans le processus, HWA permit aux ministres de ventiler sans retenue leurs émotions contre son fils. Beaucoup le firent. De ceux qui avaient antérieurement tant et tant rendu hommage à Ted et agi avec obséquiosité à son égard se retournaient maintenant contre lui et l’attaquaient. D’autres s’abstinrent quand ils réalisèrent ce qui se passait vraiment, et c’est tout en leur honneur.

Herbert Armstrong a agi en hypocrite, en charlatan, en faux prophète, en menteur, en personne qui prouve qu’on ne peut absolument pas lui faire confiance.

Grâce à l’évincement de son fils, Herbert Armstrong entreprit un programme « d’autodéification ». Stan Rader rapporta l’admiration d’HWA envers les méthodes d’Anouar el-Sadate qui, en Égypte, affichait sa photo dans toutes les pages de tous les journaux de son pays et ce, tous les jours. Tous les journaux lui rendaient louanges. HWA pensa que c’était la bonne façon, pour lui, d’être traité par toutes les publications de l’église. On devait le surexposer dans toutes les publications. Et il fit en sorte que le ministère se fasse un point d’honneur d’utiliser son nom le plus souvent possible. En 1978, des rapports en provenance des sites de Fête où Sherwin McMichael prenait la parole montraient qu’il était le champion à cette course. Selon ces rapports, à Seattle, il employa le nom d’HWA 38 fois dans un sermon, alors qu’il n’utilisa le nom de Christ que 8 fois et le nom de Dieu 4 fois. HWA l’appela « son plus loyal ministre ! » Plutôt que d’en craindre les implications, il aimait ce qui se passait.

Ted était parti, mais on ne l’oubliait pas. Un an plus tard, en mai 1979, HWA fit paraître un court article dans un encart en première page du Worldwide News, expliquant pourquoi il poursuivait son fils en justice à propos de « 15 à 20 boîtes de carton ». De plus, on poursuivait Ted pour « 551 millions $ ! » La littérature de l’église abondait des abus portés contre le fruit de ses entrailles de manière telle qu’elle sous-entendait la haine la plus violente. Rien d’autre ne peut expliquer la presse de l’église des deux dernières années.

Cette haine et cette jalousie devaient se bâtir depuis des années pour s’être développées à un tel niveau. Et pendant tout ce temps, HWA mentait à l’église concernant sa bonne relation avec Ted. Ce fut un des plus gros canulars de tous les temps. Pas étonnant qu’HWA parle des membres de l’église comme « d’idiots de moutons ». Il n’a aucun respect pour ceux qu’il peut si facilement manipuler. Fait intéressant, peu avant de démembrer les coordinateurs, il les encensait en grand, comme il l’avait fait avec Ted. Quelle hypocrisie !

Or, on aurait pu croire que tout irait bien dans l’Église Universelle après le départ de Ted. Mais il y avait encore du « shangaïage » à faire. Tout n’allait pas si bien et, à cause de la conduite du leadership, il n’y aurait plus de paix. C’était une question de cause à effet. Et la cause était bien plus profonde que Ted Armstrong et « l’intellectualisme ».

En juin de 1978, j’écrivis la lettre qui suit à Ted Herlofson, du Service ministériel de Pasadena :

6 juin 1978

M. Ted Herlofson

Service ministériel

Pasadena, CA

Cher Ted,

Je suis sûr que vous vous demandez tous là-bas quelle est vraiment l’atmosphère de l’église en ce moment ― quelle est la réaction des gens face aux événements. Je ne crois pas que l’on puisse répondre précisément à cette question ; je suis certain que toute évaluation ne peut être qu’approximative. Je résumerais l’atmosphère régnant ici, à Tulsa, comme de la patience vigilante. Mais cela peut changer rapidement et déferler dans une direction ou l’autre.

La lettre d’HWA a provoqué beaucoup de consternation et de détresse chez tous les membres. On a soulevé des questions qui avaient longtemps été sous-entendues et en latence, questions auxquelles la plupart, sinon tous les membres, se sentaient incapables de faire face ou de manipuler, même en esprit. Ils sont abasourdis, se demandant pourquoi cette « affaire de famille » ne peut être réglée en privé, particulièrement entre deux hommes si remplis du Saint-Esprit ― si proches de Dieu. Ils trouvent embarrassant que pareille affaire soit débattue en public. Ça provoque beaucoup de tristesse et ça s’accumule. La dernière série d’événements s’ajoute à l’inventaire des blessures, ce qui a pour effet une baisse d’intérêt envers le bureau chef, le collège, etc. et une concentration sur les intérêts locaux. Cela s’apparente de façon remarquable à ce qui arrive dans l’ensemble des nations où la confiance à l’endroit des dirigeants diminue. Mais nos gens se demandent pourquoi cela leur arrive.

Presque toute l’église croit au gouvernement de haut en bas, du moins en principe, et certainement en ce qui concerne HWA. Pour eux, il représente la figure paternelle, car ils réagissent à ses enseignements depuis tant d’années. Bien que cette image ait subi des dommages lors de son mariage, ils furent débités à la colonne des « affaires humaines » et se sont estompés avec le temps. Il semble y avoir un sentiment de sécurité quand ils savent que M. Armstrong est là et porte intérêt, particulièrement quand cet intérêt va dans le sens des mêmes bonnes vieilles directions. Toutefois, il y a aussi un scepticisme très réel vis-à-vis de sa capacité actuelle à porter l’œuvre à bout de bras tout seul. C’est une des principales causes d’inquiétude.

Il y avait, et peut-être y a-t-il encore, beaucoup de fierté à voir Garner Ted au premier rang de l’église. Quand il était à la télévision, la plupart ressentaient un relent de fierté et parlaient à leurs parents et amis du lien qu’ils entretenaient avec cet effort. Même chez ceux qui avaient entendu les rumeurs sur son inconduite, il y avait espoir que croisse sa maturité à mesure que les cheveux lui grisonnaient et que s’approfondissaient les rides. Il y avait espoir que croissent sa maturité et sa stabilité. Et, bien entendu, les jeunes gens s’identifiaient à lui davantage. Or, jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons jamais eu de problème de polarisation. Il semble toutefois qu’il se forme une ligne de démarcation parmi les membres. À ce stade précoce chez les membres de l’église, on dirait qu’on a tendance à s’identifier comme libéraux ou conservateurs, et chacun fait de l’un ou de l’autre des Armstrong son champion. Même si les choses devaient se compliquer plus tard, on dirait que c’est la tendance, actuellement.

Plusieurs éléments font en sorte que les membres envoient leurs dîmes au bureau chef. D’abord, ils sont convaincus que c’est nécessaire au point de vue légal ― un commandement de Dieu. Ensuite, c’est devenu une habitude pour la majorité des membres, spécialement les plus anciens.

Mais aucune de ces raisons ne provient du cœur. Les gens de l’église regardent autour d’eux, dans le monde, et voient les conditions misérables allant en empirant, et ils croient sincèrement que l’évangile que nous avons prêché est la réponse aux problèmes du monde. Ils croient avec ferveur au retour du Christ et veulent que ce message soit prêché au monde. Ils ne pensent pas qu’il ait déjà été prêché à notre nation et ils croient que nous devrions le faire ici d’abord. On a de la réticence à croire que le travail peut être effectué par la radio qui, dans l’esprit de la plupart, est un mode de diffusion plus que dépassé. Ils voient des ministères télévisés d’hommes remportant un grand succès alors qu’ils ne possèdent pas une parcelle du message que nous diffusons, et les membres n’entendent rien de comparable à la radio. Si l’on ne génère pas une dynamique significative et bien réussie dans cette direction, les dîmes qui viennent du cœur vont devenir des gestes légalistes ou de vieilles habitudes.

La perte de Garner Ted, d’un Garner Ted enthousiaste et dur à l’ouvrage, s’avère des plus difficiles à supporter dans l’esprit de bon nombre des gens bien informés.

Quoi que la tendance soit de revenir au localisme, cela ne vient pas du fond du cœur. Les gens ont plutôt à cœur de s’élever dans une grande œuvre à la fin des temps, qui vienne indéniablement de Dieu et qui Le serve ainsi que l’homme, et dans laquelle ces gens aient chacun une part vitale à jouer. Ils ne veulent pas que les dirigeants perdent la foi !

C’est mon évaluation de l’affaire.

Sincèrement,

David Robinson

[Réponse de Ted Herlofson]

16 juin 1978

À : Dave Robinson

De : Ted Herlofson

Sujet : Examen des dernières tendances dans votre région

Salut Dave !

Je veux vous remercier pour avoir envoyé votre examen des dernières tendances dans la région de l’église à Tulsa, en Oklahoma. Nous avons utilisé cette information dans nos discussions avec les coordinateurs régionaux lors des réunions de coordination régionale ayant débuté le 13 juin.

À la lumière des événements récents, nous apprécions être tenus au courant par les pasteurs des sentiments des membres de l’Église.

Mes meilleurs souvenirs,

(signé)

Ted

[Lettre officielle de HWA à GTA, lors de son évincement, le 26 juin 1978.]

 (Entête de la Worldwide Church of God)

26 juin 1978

Garner Ted Armstrong

312, Waverly Drive

Pasadena, Californie  91105

Cher Ted,

Ai-je besoin de te dire que c’est le cœur lourd et avec le plus profond regret que je me sens forcé par toi de t’envoyer cette lettre.

Malgré ton désaccord continuel avec la façon que Jésus-Christ vivant a de construire et de conduire l’Œuvre de Dieu par le moyen de Son apôtre élu, j’ai toujours fait de mon mieux pour maintenir et protéger ton nom.

Mais tu ne me permets plus de te couvrir. Tu as 1) désobéi à ma directive en allant à Orr, au Minnesota, 2) contacté des membres qu’il t’était défendu de contacter, 3) contacté les autorités des Postes des Etats-Unis dans la tentative sans scrupule et contraire à l’éthique d’intercepter le courrier de la corporation et ainsi détourner illégalement des fonds corporatifs pour possession personnelle et privée, et 4) finalement, apporté au Los Angeles Times (et peut-être à d’autres médias) des accusations fausses et tordues contre ton père, l’apôtre de Dieu.

Tu as déshonoré ton père humain et le Christ vivant, chef de l’Église de Dieu.

Tu as causé des divisions et des offenses dans l’Église de Dieu et tu me forces maintenant, à contre coeur, et selon Romains 16:17, à TE MARQUER devant l’Église et à t’informer que tu es excommunié sur-le-champ de l’Église et démis de toute autorité et de l’emploi de l’Église Universelle de Dieu et de ses opérations affiliées.

Avec mes plus profonds regrets,

Au nom de Jésus,

(signature de Herbert W. Armstrong)

HWA : vak

cc :        C. Wayne Cole

              Stanley R. Rader

              Raymond L. Wright

              Raymond McNair




D.202 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 4

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

Chapitre 3

ETOUFFEMENT DE L’AFFAIRE

 

Est-il jamais acceptable pour un chrétien de mentir ? Dieu attend-Il de nous que nous dissimulions des secrets ou que nous mentions pour maintenir les choses ensemble dans l’Église ? Est-ce que Dieu a érigé Son Église sur un fondement de tromperie ? La préserve-t-Il sur ce genre de fondation ? Est-ce que mentir de temps à autre s’avère un « devoir supérieur » ? L’Église tomberait-elle en morceaux si les ministres insistaient sur la vérité, même quand ça fait mal ? Un responsable peut-il mentir par omission ? Jusqu’à quel point l’affaire est-elle sérieuse ? Un ministre peut-il juger quand il devrait mentir et quand il devrait dire la vérité ? En tant que chrétien, a-t-il le choix ?

Voilà de dures questions. Elles sont spécialement difficiles pour les ministres de l’agitée Église Universelle de Dieu qui s’est vue coincée dans une crise de conscience par la conduite de ses dirigeants lors de la dernière décennie. Cette crise de conscience remonte même à plus loin pour quelques-uns, mais, pour la plupart d’entre nous, la période ne s’étend que sur huit à dix ans.

La crise commença en 1971, quand sortirent des lettres d’HWA concernant les problèmes de Garner Ted. Ces lettres s’avérèrent trompeuses et, dans certains cas, complètement fausses. Elles furent conçues de manière à nier les problèmes que Ted avait avec les femmes. Un nombre significatif de ministres savaient qu’il avait ces problèmes et qu’ils étaient sérieux. Alors qu’HWA avait posé le couvert sur le sujet et ce, au plus haut niveau, des bribes s’échappèrent pourtant. Parfois, ces histoires nous parvenaient des femmes elles-mêmes, particulièrement quand certaines d’entre elles s’aperçurent qu’elles n’étaient pas « la seule » à avoir « dévoyé Ted par ses charmes personnels irrésistibles », comme il leur avait pourtant laissé croire. Lorsque ces femmes, dont beaucoup étaient mariées à des ministres, commencèrent à comparer leurs notes collégiales, l’histoire sordide se mit à circuler. Quand on l’entendit, la plupart n’arrivèrent pas à y croire. Voilà un homme reconnu à la radio et de plus en plus à la télévision comme un grand champion de la moralité et qui avertissait le monde des désastreuses conséquences qu’il y avait à briser les lois de Dieu. Il avait prêché le « message d’Ézéchiel » plus fort et plus longtemps que n’importe qui au pays et ce à des millions d’auditeurs. Comment cet homme eût-il pu s’engager dans des relations sexuelles avec littéralement des douzaines, sinon des centaines de femmes ?

La majorité de ceux qui entendirent ces histoires étaient d’accord avec HWA. Satan répandait ces fausses rumeurs contre Ted dans l’espoir de détruire l’église. Par après, HWA écrivit que Ted était dans les « liens de Satan », mais la formulation des paroles était écrite de telle façon qu’il sembla aux membres que le péché de Ted était de ne pas apprécier son père. Et cela était censément provoqué par un surplus de travail ; Ted avait donc besoin de se reposer au Colorado. (Une déclaration similaire a récemment été faite à propos de Rod Meredith.)

Lorsque Ted revint, après avoir été excommunié, il fut rapidement établi chef exécutif de toute l’organisation par assignation solennelle de son père, dans une lettre provenant du Mexique et adressée aux membres. (Sous l’insistance de l’épouse de Ted, HWA donna aussi à Ted un nouveau jet pour remplacer l’ancien qui avait été « contaminé » par ses activités adultérines.) Ted fut formellement nommé successeur d’HWA. C’en était trop pour les ministres dont l’épouse avait partagé le lit avec Ted durant leur époque collégiale. Le nombre des ministres « désaffectés » s’accrut.

Au lieu de sympathiser avec ces ministres et de « nettoyer l’église », HWA maintint la ligne dure. Il n’écouta pas les sages conseils. (En juillet 1979, il me demanda si, d’après moi, les nombreux ministres et les membres qui avaient quitté en 1974 l’avaient fait à cause des adultères de Ted. Je lui répondis que oui. Mais il est intéressant de noter qu’à cette époque-là, HWA le nia.)

Lorsque la tempête se leva, en janvier 1974, HWA et Stan Rader étaient à Manille. Quand HWA en entendit parler, il revint immédiatement pour réprimer la « rébellion ». Aux Pocono, en 1976, il se vanta de sa fameuse lettre trompeuse aux membres, disant qu’il était resté debout toute la nuit pour l’écrire. (Stan déclara plus tard que c’était lui qui l’avait rédigée !)

Ted commanda une réunion ministérielle à Big Sandy pour tous les ministres de la région environnante de laquelle Walter Sharp était le directeur. Dans cette réunion, il suspendit (lire expulsa) quatre hommes. Il s’agissait de Walter Sharp, Dale Haynes, Bob McKibben et Jim Morrison. Ils étaient préoccupés par les « qualifications » de Ted en tant que ministre. Dave Antion avait dressé une déclaration formelle des « qualifications d’un ministre » en se fondant sur les Écritures, à la demande d’HWA. Le document ne fut jamais utilisé, pour des raisons évidentes. HWA savait qu’il ne pouvait lui-même rencontrer ces qualifications !

S’asseoir à cette réunion, présidée par Ted lui-même et ayant duré des heures, s’avéra une véritable expérience. J’y assistai en ressentant des émotions partagées. Ted nia avoir jamais eu de relations complètes avec une femme autre que sa propre épouse. Il avoua s’être épris d’une « sotte jeune fille » et avoir perdu tout jugement. Mais il n’alla jamais « jusqu’au bout » avec elle. McKibben lui parla spécifiquement d’une fille en la nommant, mais Ted nia avoir même entendu son nom. Il le fit de manière très convaincante. (Ted a toujours voulu être un acteur et, cette journée-là, il donna toute une performance.) En fin de compte, il mentit formellement, d’une manière énorme et convaincue. Il suivait les traces de son père. Stan Rader allait me déclarer plus tard, en conversant avec moi, qu’il avait dit à Ted comment diriger exactement cette réunion, ainsi que quoi faire et quoi dire. (Je le crois.)

Peu après, les histoires commencèrent à circuler à plus grande échelle. Il ne s’agissait plus que de savoir combien. Combien de femmes et d’étudiantes du collège Ted avait-il eues ? Personne ne le savait vraiment, ni même Ted, sans doute.

Rod Meredith rapporte, en citant Ted, qu’il y en aurait eu plus de 200 ! Ce nombre est peut-être une hyperbole. D’autres listes, compilées par des ministres conseillers, contiennent de 30 à plus de 40 noms ! Ted à lui-même dit que Rod exagérait ses activités. Il souligna aussi que Rod enviait son style de vie (à Ted). (Je n’en sais rien. Rod avait ses propres problèmes.)

La question demeure : l’église tire-t-elle profit de ses mensonges officiels ? Récemment, un ministre de l’Église Universelle suggéra sérieusement que le Saint-Esprit ait pu avoir guidé la réunion de Big Sandy, ce jour-là, et que l’église a pu profiter des démentis officiels et magistraux de Ted. Cette route, choisie par son père et Stan Rader, désamorça la bombe temporairement ! Mais c’est le modus operandi, il convient de le noter ! C’est la méthode employée par Stan et HWA jusqu’à aujourd’hui !

Dans l’été de 1978, peu après qu’HWA eût expulsé son fils Ted, il dit aux coordinateurs de la région que, dès son jeune âge, tout ce que Ted avait en tête, c’était « le vin, les femmes et le chant ! » Voilà tout un aveu, considérant le dernier quart de siècle de l’histoire de l’église. Ted avait joué à la seconde tête d’affiche de l’église et avait été soutenu dans les hautes sphères ecclésiastiques par un père qui connaissait les faiblesses de son fils pour les femmes !

Rod Meredith révéla qu’il avait entendu parler pour la première fois des adultères de Ted en 1965 et qu’il l’avait dit à son père. Il raconta que le père de Ted continua à « pardonner » à son fils sa conduite volage en allant même jusqu’à le charger de gloire et de récompenses additionnelles. Ce n’est que lorsque Ted perdit la tête avec une « sotte jeune fille » qu’HWA ne fut plus en mesure de le couvrir auprès des hommes de la haute direction de l’église, dont certains sont aujourd’hui jetés dehors.

Fait intéressant, quand survint l’expulsion de Ted quelques années plus tard, elle fut exécutée pour une autre raison. Ted essayait de mettre de l’ordre dans les terribles excès budgétaires du groupe de son père. Celui-ci et Stan Rader sentirent leur position menacée et réagirent de façon désespérée. Il résulta une guerre au sein de l’église.

Retournons à la réunion de janvier 1974. Je revins à la maison, fatigué et confus. J’étais d’abord sûr que Ted était coupable, mais je pensai ensuite qu’il avait pu être accusé injustement. J’appelai mon beau-frère, Tony Hammer, qui était à ce moment-là le pasteur des églises d’Oakland et de San Francisco, pour lui demander s’il avait des preuves d’adultère concernant Ted. Il ne le dit pas spécifiquement. Il avait entendu les histoires, comme moi, mais ne pouvait pas les confirmer positivement.

Ce ne fut que des mois plus tard que j’ai su que Ted avait menti, et de manière énorme. Entre-temps, le tapage sembla se calmer, mais nous savions tous que ce calme n’était que temporaire. Avant la fin de l’année, j’entendis raconter les détails choquants (incluant beaucoup de noms) des péchés de Ted. On en parlait même dans le Penthouse, le National Inquirer, et beaucoup de journaux comme le Los Angeles Times. Plus tard, l’histoire fut reprise par l’Ambassador Review et développée par l’Ambassador Report.

Stan Rader me confia par après que Henry Cornwall avait constitué un dossier très volumineux sur Ted. Il déclara que c’était très incriminant. J’en suis sûr. Mais tant que des péchés sont suspendus au-dessus de la tête des gens, il ne peut y avoir de bon environnement spirituel dans l’église et on ne peut y mettre de l’ordre. Pour que cela puisse se produire, il faut ôter la pomme pourrie du dessus du baril. La pomme pourrie, c’est HWA lui-même. Comme on arrivait directement au Président [des Etats-Unis] en remontant la piste du cambriolage du Watergate, de même la piste de la corruption au sein de l’église mène directement au Pasteur Général ! C’est là que se situe le véritable problème !

Dans un Ambassador Report de 1977, Margaret Zola cite Albert Portune dans l’article Garner Ted Armstrong, fils de la légende, où elle décrit comment HWA chercha une justification au problème de GTA :

« Mais laissez-moi répondre à cela et vous dire ce que M. Armstrong a légiféré […] Ted est au-dessus des Écritures. Ce sont ses paroles [à HWA]. J’y étais, je l’ai vécu. Ted fut appelé de manière divine. Il [HWA] le prouve par le fait que Ted ne pouvait pas parler à deux ans et qu’il lui a été donné une voix […] que Ted a reçu ces dons et tous les autres facteurs […] par conséquent, Ted est au-dessus des Écritures. Nous ne pouvons pas juger Ted comme nous jugeons un autre ministre. Nous ne pouvons juger Ted selon Timothée et Tite. L’on ne peut juger Ted que selon son appel divin. Ensuite, il [HWA] fit confusément référence à de vagues Écritures dans Osée… » (Réunion de Kansas City, 22 septembre 1974, bande #3, côté 1.)

Malheureusement, de telles excuses n’éliminent pas les torts causés au Collège Ambassadeur par la conduite de GTA. Jusqu’aux environs de 1970, le Collège Ambassadeur possédait des règlements très stricts guidant la conduite des étudiants. Durant la période de sévérité spéciale, l’administration, sous les directives d’HWA, défendait à un couple de sortir ensemble plus d’une fois par semestre. Il était absolument interdit de se tenir par la main ou de s’embrasser, à moins que l’on soit fiancés et que le mariage ait lieu dans les jours suivants. La mise en application de ces règles eut pour conséquences que l’on suspendit parfois des étudiants, même indéfiniment. Cela tenait le doyen du bureau des étudiants fort occupé.

De nombreux supporteurs du collège appréciaient beaucoup les règles strictes de moralité et croyaient profondément que l’Ambassador était le « collège de Dieu ». Ted Armstrong faisait partie intégrante de l’administration collégiale sous son père qui, lui, était en charge de tout. À ce titre, Ted soutint le code de conduite du collège de toute sa considérable éloquence.

Cependant, quand le bruit courut que sa langue était bien le seul membre de son corps à appuyer le code, celui-ci fut condamné ! Lorsque de jeunes hommes, dans toute leur vigueur physique, qui s’étaient battus contre eux-mêmes et s’étaient astreints à agir selon l’enseignement d’Armstrong, découvrirent que leur héros numéro un, Ted Armstrong, n’hésitait pas à profiter des faveurs des étudiantes mêmes qu’on leur avait enseigné à ne pas convoiter, le manque de crédibilité, déjà croissant, atteint son point de rupture absolu. On ne pouvait que se rappeler qu’il avait une épouse à la maison. Pourquoi avait-il besoin de plus de femmes ?

L’image de Garner Ted se ternit très vite dans l’église. Humpty Dumpty s’assit sur le mur… etc. L’ancienne image ne fut jamais restaurée. Peut-être, à la rigueur, pouvait-on construire une meilleure réputation érigée sur un fondement plus solide, mais l’ancienne image s’envola.

De jeunes hommes, dont beaucoup se marièrent et s’établirent dans l’église comme pasteurs, avaient admiré une fausse image. Leur prise de conscience qu’ils avaient été « arnaqués » au cours de leurs années d’études au collège, et par GTA et par son père, laissa des cicatrices qui dureraient toujours. Les dommages infligés à l’église s’inscrirent de manière indélébile dans l’histoire.

Lorsqu’on donna comme explication officielle à d’anciens étudiants que les grands hommes, même les grands hommes de Dieu, possédaient des pulsions sexuelles remarquablement fortes, ou des « besoins » qui devaient être satisfaits, beaucoup en furent outrés. Ils se souvinrent de plusieurs choses.

1.      On leur avait enseigné l’exemple de Jésus qui n’avait jamais péché. On leur avait dit qu’HWA était comme Dieu le Père et que Ted était comme Jésus.

2.      Ted possédait déjà une très belle épouse. N’était-ce pas suffisant ?

3.      On leur avait enseigné de mépriser l’hypocrisie, comme l’avait démontré Jésus dans la Bible. Or, ils voyaient une hypocrisie énorme en action.

4.      Bon nombre remarquèrent que même un chat de gouttière a de fortes pulsions sexuelles. Il ne s’en suit pas nécessairement que les grands hommes doivent être comme des chats de gouttières. Ni que les étudiants en histoire soient d’accord avec cette déclaration. C’était une bien pauvre excuse pour un ministre.

5.      Dernière chose, mais pas la moindre, bien peu de jeunes hommes étaient prêts à croire que Ted, ou n’importe qui d’autre, possédait des pulsions sexuelles plus fortes que les leurs. Ils en étaient fort persuadés. Qui aurait pu leur donner tort ?

À l’époque, peu de gens étaient au courant de l’affaire. Ted était bien le fils de son père !