La nouvelle Droite radicale

Bulletin du pasteur Chuck Baldwin
1er mai 2025
Je l’ai dit à de nombreuses reprises, et je vais encore le dire : la Droite peut être aussi dangereuse pour la liberté que la Gauche. Beaucoup de lois et de politiques inconstitutionnelles, orwelliennes, socialistes et autoritaires émanant de Washington, D.C., furent mises en place par la Droite.
La Loi sur le Contrôle des Armes de 1968, ancêtre de toutes les lois et viles politiques de contrôle des armes sous lesquelles est maintenant assujetti le peuple américain, fut soutenue par la prétendue plus grosse organisation pro-Second Amendement aux États-Unis, la National Rifle Association (NRA) [organisation américaine militant pour le droit du port d’arme]. La NRA a même contribué à concevoir cette monstruosité. La Loi de 1968 fut précédée par la Loi des Armes à Feu Nationale de 1934, que soutint aussi la NRA. De plus, la NRA a appuyé presque toutes les lois fédérales de contrôle des armes des registres depuis 1968.
Quant aux questions sur la vie, la National Right to Life [Droit national à la vie], Focus on the Family [Concentration sur la famille] et d’autres groupes « pro-vie » similaires ont invariablement été le principal obstacle au passage de projets de loi Personhood et d’amendements à travers le pays, qui définiraient légalement la vie comme débutant à la conception, incluant la Sanctity of Life Act [Loi sur le caractère sacré de la vie] du Dr Ron Paul qu’il a tenté de manière répétée de faire adopter lorsqu’il était au Congrès.
Quand le soi-disant parti « pro-vie » de D.C. contrôlait la Chambre, le Sénat et la Maison Blanche sous G.W. Bush, ce furent la Maison Blanche de Bush et les leaders GOP de la Chambre et du Sénat qui tuèrent le projet de loi du Dr Paul. Et vous pouvez parier votre dernier dollar qu’une Loi sur le Caractère Sacré de la Vie n’a AUCUNE chance d’être adoptée avec Trump à la Maison Blanche et les GOP en contrôle des deux chambres du Congrès aujourd’hui.
Quant aux guerres perpétuelles à l’étranger (la plupart au nom d’Israël), et la naissance d’une surveillance policière étatique au niveau domestique, les Éléphants [Républicains] et les Baudets [Démocrates] sont des jumeaux. Ni la Droite, ni la Gauche de D.C. n’ont vu une guerre qu’ils n’aimaient pas ou une expansion du gouvernement qui piétine le Quatrième Amendement et qu’ils ne soutiennent pas.
À cet instant même, ce sont Donald Trump et ses supporteurs conservateurs qui piétinent fiévreusement le Premier Amendement et sa protection de la liberté d’expression en Amérique – particulièrement le droit de parler ou d’écrire contre le génocide d’Israël à Gaza ou toute critique contre Israël lui-même, ou tout support pour les Palestiniens.
Mais c’est la vision gouvernementale technocratique d’Elon Musk/Peter Thiel, dominant l’administration Trump, qui pose peut-être la plus grande menace contre la Liberté et le gouvernement constitutionnel que nous avons toujours eu.
Le rapport suivant provient de Technocracy.News :
Patrick Wood fait l’introduction :
Comment quiconque du populiste mouvement MAGA peut-il épouser la destruction complète du gouvernement constitutionnel en faveur d’une monarchie autoritariste, de l’abolition des élections, de la concentration du pouvoir, de la neutralisation de la dissidence, de la transformation des citoyens en utilisateurs et en actionnaires d’une entreprise souveraine (SovCorp) et de l’établissement d’une Dictature Scientifique fondée sur la Technocratie ? Il est trop tard pour suggérer ici d’humer le café : vous allez bientôt humer la puanteur de la benne à ordure en feu qu’on appelait jadis l’Amérique.
En quoi cela est-il différent du plan de la gauche folle qui veut tout faire brûler ? Même résultat, différents moyens.
Quelle que soit la manière, il est garanti que la Technocratie surgira des cendres.
Voici le traité. Lisez-le soigneusement. L’emphase fait partie de l’original.
Curtis Yarvin, connu il y a à peine quelques années, seulement d’un créneau d’audience sous le pseudonyme de Mencius Moldbug, est maintenant considéré comme une des influences intellectuelles les plus subtiles et dangereuses de la nouvelle Droite radicale d’Amérique. Sa théorie des Sombres instructions n’est rien de moins qu’un assaut total contre les valeurs fondamentales du libéralisme moderne : la démocratie représentative, la règle de loi, les droits civiques, l’opinion publique et la séparation des pouvoirs.
Dans son univers idéologique, la démocratie n’est pas le pinacle de la civilisation, mais sa dégénérescence. Mensonge commode destiné à obscurcir la réalité du pouvoir – non élu, invisible – lequel, selon Yarvin, repose entre les mains de la Cathédrale, méta-structure composée des médias, de l’académie et des bureaucraties qui propagent les dogmes progressistes avec le zèle d’une institution religieuse.
Sa solution ? Tout mettre à terre. Démanteler les institutions démocratiques et les remplacer par un système de « néo-caméralisme » modelé sur la gouvernance corporative : un état-compagnie, dirigé par un PDG souverain, non élu, inamovible et investi d’une autorité absolue. Dans sa vision, la citoyenneté n’est pas un droit politique, mais une position contractuelle. Les citoyens deviennent des actionnaires – ou simplement des usagers. Le gouvernement devient un service à optimiser.
Cette idée de « souveraineté algorithmique » a séduit plusieurs esprits de Silicon Valley, en partant de Peter Thiel, inventeur milliardaire, fondateur de Palantir et cofondateur de PayPal – une des figures les plus influentes de l’écosystème technologique de l’Amérique. Thiel a ouvertement remis en question la compatibilité de la démocratie et de la liberté (« Je ne crois plus que la liberté et la démocratie soient compatibles, ») et il a abondamment financé des groupes de réflexion, des lancements et des candidats politiques en ligne avec la pensée néo-réactionnaire.
C’est dans ce contexte que Yarvin s’est approché graduellement de l’orbite de Donald Trump, quoique jamais à titre officiel. Ses écrits ont circulé parmi les gens proches de Steve Bannon, ancien chef de la stratégie de Trump, et d’autres intellectuels de la droite extrême américaine qui sont attirés par le mélange de Yarvin de jargon technique, de références aristocratiques et historiques (de Carlyle à De Maistre) et de critique systématique envers les démocraties occidentales.
En particulier, Yarvin a agi comme une des sources théoriques à la rhétorique « post-démocratique » qui émergea dans l’entourage de la campagne 2016 de Trump : l’idée que l’état profond est un appareil inflexible faisant obstacle à la volonté du peuple en faveur des intérêts de la Cathédrale – et pourtant incapable de produire un vrai ordre social. Ni la Cathédrale, ni la démocratie par elle-même, soutient Yarvin, ne peuvent fournir un ordre réel. Seul le peut un « homme fort ».
Cette idée résonnait dans les dernières tentatives de Trump de rendre illégitimes les élections, les médias et le système judiciaire.
Le propre langage de Yarvin – imprégné de métaphores sur la programmation et d’analogies avec les logiciels – le rend attirant dans les milieux high-tech et crypto-libertaires. Pour Yarvin, la société est un logiciel dépassé qui doit être désinstallé et remplacé par un code plus efficace. Son vocabulaire emprunte le langage de Silicon Valley tout en transmettant des idées autoritaires et ultraréactionnaires.
En-dessous de l’ironie, de l’intellectualisme et des provocations, la pensée de Yarvin est conduite par une profonde hostilité envers l’égalité politique et la participation populaire. L’idée qu’il se fait de l’ordre est arrimée à la hiérarchie, l’efficience et l’autorité incontestée. Il s’agit d’une restauration de l’aristocratie sous forme digitale, où une élite technocratique supplante le peuple souverain.
Mais Yarvin ne cherche pas seulement à préserver l’ordre établi. Il veut le renverser. Et il le fait avec les outils du 21e siècle : blogs, podcasts, bulletins de nouvelles, entrevues, memes. Son but n’est pas que théorique – il est culturel et politique – pour influencer ceux qui détiennent le pouvoir (ou devraient le détenir) afin de reprogrammer le futur.
Ces récentes années, son influence s’est étendue bien au-delà de l’extrême droite américaine. Plusieurs candidats républicains, comme J.D. Vance, ont reçu le soutien de Thiel et se sont montrés sympathiques envers les idées post-libérales de l’aile droite. L’élite tech milliardaire – souvent frustrée par le rythme lent des procédures démocratiques – tourne de plus en plus son regard vers des modèles autoritaires « efficaces » comme celui de Singapour, une des références explicites de Yarvin.
Ce qui rend sa vision particulièrement dangereuse, c’est son habileté à pénétrer dans le grand courant, déguisé en position « technique » ou en mise à jour neutre de systèmes. Mais sous l’encadrement de surface repose un projet ouvertement intolérant : abolir les élections, concentrer le pouvoir et neutraliser la dissidence.
Il se peut que Trump n’entendît pas à rire quand il a dit à une assemblée d’évangéliques, durant la dernière année de la campagne, que l’année 2024 serait la dernière fois qu’ils auraient à voter.
Les Sombres instructions de Yarvin sont une version high-tech de l’absolutisme : un ordre imposé d’en haut, qui n’est désormais plus justifié par Dieu, mais par un code. Et dans une ère de méfiance institutionnelle, de désinformation et de désillusion politique, cette contre-utopie lucide et soignée a trouvé plus d’auditeurs qu’on n’aurait pu s’y attendre.
Curtis Yarvin n’est pas qu’un penseur de créneau. Il est un symptôme d’une mutation plus profonde : l’érosion de l’imagination démocratique, remplacée par une fascination croissante pour l’efficience, le contrôle et l’autorité. Et à chaque fois qu’un magnat de la technologie parle de « réinitialiser le système », vous pouvez vaguement entendre en coulisse l’écho de la voix de Yarvin.
Yarvin et Nick Land : les deux faces des Sombres instructions
Le terme Sombres instructions ne fut pas conçu par Curtis Yarvin, mais par Nick Land, philosophe britannique théoricien de l’accélérationisme, dans un essai de 2012 qui se répandit largement dans les milieux néo-réactionnaires. Land, figure clé de l’Unité de Recherche de la Culture Cybernétique (URCC) à l’Université de Warwick dans les années 1990, abandonna l’académie pour devenir théoricien de la dissolution : de la démocratie, de l’humanisme et des structures morales occidentales elles-mêmes. Là où Yarvin est pragmatique, Land est apocalyptique ; là où Yarvin imagine un état-compagnie gouverné comme une mise en route, Land envisage l’écroulement définitif de la civilisation libérale sous le poids de sa propre vélocité.
Et pourtant, les deux convergent. Les deux voient les Instructions non pas comme une entrée vers la raison et les droits, mais comme le début d’une illusion destructrice : l’idée que la moyenne des êtres humains soit capable de s’autogouverner. Les deux rejettent l’universalisme, l’égalité et le progrès comme étant des mythes toxiques. Les deux célèbrent les élites : technocratiques pour Yarvin, cybernétiques pour Land.
Mais il reste d’importantes différences. Yarvin est un ingénieur transformé en philosophe, un pirate informatique institutionnel qui veut réécrire le code du gouvernement. Land est un penseur post-humanitaire, fasciné par l’IA, l’entropie et la dérèglementation des marchés comme étant des forces qui oblitèrent tout ordre. Pour Yarvin, le remède est une monarchie digitale ; pour Land, c’est la catastrophe libératoire. L’un veut remplacer la démocratie par l’autorité, l’autre l’accélérer jusqu’à tomber dans l’oubli.
Le paradoxe, c’est que les deux fins convergent vers une même vision du futur : un monde sans participation, sans souveraineté populaire, sans moralité partagée. Un monde où le pouvoir ne répond plus au consentement, mais à la vitesse, à l’efficacité et au contrôle. C’est le cœur ténébreux des Sombres instructions : pas une simple réaction contre le libéralisme, mais sa négation froide et calculée.
Dans la comparaison entre Yarvin et Land, nous entrevoyons une nouvelle grammaire du pouvoir post-démocratique : technocratique, autoritarisme, post-humain. Ce n’est pas un retour sur le passé, mais un bond dans le vide – rationalisé, théorisé et conçu. Et pour cette raison, encore bien plus dangereux.
J’ai écrit (ici et ici) des choses concernant cette grande menace que Donald Trump et son troupeau de technocrates, comme Musk et Thiel, posent à nos libertés et, oui, à notre système même de gouvernement constitutionnel fondé sur les lois théistes de la nature et de la compréhension universelle d’autogouvernement.
Il y a deux ouvrages exhaustifs sur le Dark MAGA que tout féru de liberté doit lire. Ils s’intitulent The Dark MAGA Gov-Corp Technate Part One et Part Two, documentés et écrits par Iain Davis.
Deux œuvres qui font école. Les ignorer est à notre propre péril.
Comme autre présentation érudite directement reliée au sujet, il y a une vidéo de la physicienne du Montana, commissaire au Services Publics, la Dre Ann Bukacek. Son discours cible tout spécifiquement l’énergie fiable et abordable – particulièrement l’électricité – et les effets de la dérèglementation. Dans son allocution, elle décrit avec finesse les dangers contre nos libertés et la réalité des coûts en hausse pour le consommateur (inflation – autre forme de taxation du gouvernement) alors que de grosses entreprises se permettent de contrôler le gouvernement (ce qu’on appelle le Capitalisme Copinage).
Lorsque les fondateurs de l’Amérique rédigèrent la Constitution des États-Unis et la Charte des Droits, ils mirent Nous, le Peuple en charge de notre gouvernement. Dans son allocution vidéo, la Dre Bukacek démontre clairement les viles ramifications délétères qui résultent du fait que les représentants du Peuple au gouvernement donnent un pouvoir non vérifié à de grandes entreprises multinationales. Même si sa présentation se concentre premièrement sur les coûts de l’énergie dans l’État du Montana, ses recherches impliquent aussi le coût des libertés de l’Amérique par l’émergence du Gov-Corp Technate (sans employer ce terme).
J’encourage les lecteurs à regarder la présentation de la Dre Bukacek ici.
De l’ID REAL aux scanners biométriques, à la monnaie digitale et à la « souveraineté algorithmique » omnipotente, omniprésente et omnisciente, dirigée par IA et contrôlée par l’entreprise, le mouvement MAGA lance une véritable Twilight Zone d’autoritarisme technocratique sur l’Amérique.
Je converge avec Patrick Wood :
Comment quiconque du populiste mouvement MAGA peut-il épouser la destruction complète du gouvernement constitutionnel en faveur d’une monarchie autoritariste, de l’abolition des élections, de la concentration du pouvoir, de la neutralisation de la dissidence, de la transformation des citoyens en utilisateurs et en actionnaires d’une entreprise souveraine (SovCorp) et de l’établissement d’une Dictature Scientifique fondée sur la Technocratie ?
Comment, en vérité ?