T.033 – Une soif inexprimable

Comme un puits sans eau, je me réveille desséchée. Une langueur profonde souffle en moi et remplit mon être d’un vide étrange. Cette langueur extrême m’assèche ; peu à peu le vide s’empare de moi. Puis vient la peur, la panique, la solitude. J’ouvre les yeux, j’essaie de crier, mais aucun son ne sort de ma bouche. Autour de moi, malgré le silence : le mal, l’incertitude. Je ne ressens que manque ; rien de beau ne percute mon âme. Les oiseaux chantent mais je ne perçois aucune mélodie. Tout semble creux, absurde. Et cette crainte tapissée au fond de mon cœur, elle m’empêche de respirer. J’ai soif, si soif ! Mon âme étouffe dans sa cage ! Ce monde est une cage.

Où est la lumière ? Où est l’oxygène ? Où est la pluie ? J’étouffe. Je crie de l’intérieur. La vie pèse trop lourd. La beauté n’atteint pas mes yeux. Je n’ai plus la force de fuir. Et où que j’aille, cette soif sera là. Elle fait partie de moi. Elle me tourmente dès le lever et rien de terrestre ne peut l’apaiser. Je suis incapable de l’exprimer telle qu’elle est. Ce n’est pas la soif d’eau, ni de nourriture. Ce n’est pas la soif de sensation, ni d’aventure. Ce n’est pas la soif d’objet, ni de fortune. Ce n’est pas la soif de projet, ni la soif d’activité. Ce n’est pas une soif de dimension humaine. C’est une soif divine. Car même au milieu de toutes ces choses, elle est là, elle persiste et elle m’empêche de jouir de la vie.

Si je suis matériellement riche, cette soif ineffable m’empêche de jouir de mes richesses. Si je suis entourée de ma famille ou de mes amis, elle m’empêche de jouir de leur compagnie. Si je suis entourée de beauté, elle m’empêche de l’apprécier à sa juste valeur. Si je suis dans l’abondance de nourriture, de mets succulents, elle m’empêche d’y trouver mon plaisir. Et si j’avais un mari, s’il me prenait dans ses bras et me prodiguait une tendresse sincère, cette soif étrange qui habite en moi formerait un rideau invisible entre nous : un rideau qui m’empêcherait de recevoir ses caresses.

Cette sensation de soif est tel un précipice abrupt qui me donne le vertige. Comme un séisme terrifiant à l’intérieur de moi, un séisme qui me prive de la moindre sécurité. Cette soif me coupe du monde, elle me coupe de la vie. Et pourtant, c’est elle qui me permet de revenir à la vie… Car la soif dont je parle, c’est la soif du Dieu vivant.

Elle me prend dès le lever, cette étrange maladie. Comme un nageur pris de crampe en pleine course : impossible de continuer à nager, impossible de continuer à vivre. Je n’arrive pas à faire semblant. Je n’arrive pas à vivre avec cette crampe !

Tel un cerf-volant, dont le fil se déroulerait sur plusieurs kilomètres, qui partirait si haut, si loin qu’on ne pourrait plus le voir. L’enfant qui tient le cerf-volant panique : « Où est mon cerf-volant ? » Cette soif intense, que je ressens si fort, ressemble à la panique de l’enfant. Le cerf-volant s’est trop éloigné. Alors, la soif grandit au fur et à mesure que le fil se déroule, inexorablement. Il faut tirer sur le fil ! Il faut ramener le cerf-volant ! Il ne s’agit pas d’un jeu, ni d’un passe-temps. C’est de spiritualité dont je parle. Elle s’envole et disparait. Et le fil, c’est ma relation avec mon Créateur.

Dans ce monde anti-spirituel, il arrive si facilement que la spiritualité s’éteigne dans la vie du croyant. Dieu a inscrit Son Nom dans le cœur de ses élus. Il a implanté en eux une soif si profonde et si insatiable que Lui seul est en mesure de la combler vraiment. Seule l’Eau divine remplit les puits que nous sommes. Mais cette soif cruelle, qu’Il a mise en nous, n’est pas là pour nous tourmenter indéfiniment, ni pour nous couper de la vie. Au contraire, elle est là pour que nous l’identifiions et que nous réagissions : c’est elle qui nous permet de tirer sur le fil pour ramener le cerf-volant. C’est elle qui nous pousse à rechercher à tout prix l’irremplaçable Présence de notre Dieu vivant.

Il ne s’agit pas de tradition, ni de devoir moral, ni de placébo pour guérir notre mauvaise conscience. Il s’agit d’un cri du plus profond de l’âme, d’un appel au seul Etre capable de combler notre soif et de guérir ses symptômes.

En ce jour, des milliers de chrétiens se rejoignent et se réunissent en assemblées pour rendre un culte à Jésus-Christ. Je ne souffre plus de ne pas me joindre physiquement à l’une d’entre elles. J’ai gravi ce matin une partie de ma montagne, ou devrais-je dire « de Sa montagne », car elles Lui appartiennent toutes. J’ai cherché un endroit sauvage au milieu de Sa création. J’ai lâché mes cheveux en guise de voile, puisque c’est celui que mon Créateur m’a donné pour couvrir ma tête en Sa Présence. Je me suis assise sur la mousse végétale douce et humide qu’Il a déposée sous mes pieds. Et j’ai contemplé ce qu’il y avait devant, autour, à terre et au-dessus de moi…

J’ai contemplé les arbres, les plantes, les pierres, le ciel et la lumière du soleil. Puis j’ai commencé à Le remercier pour tout cela, ainsi que pour chacun de Ses bienfaits me concernant. Je Lui ai dit que j’avais choisi le temple de Sa création pour Lui offrir mon culte et que, même si j’étais seule, je venais ici pour Le rencontrer et Lui rendre grâce, au même titre que ceux qui se rassemblent dans un édifice avec des croix, des bancs et des pupitres. Et la soif qui me torturait est partie.

Le chant des oiseaux s’est transformé en mélodie. Un magnifique rapace en voie d’extinction a volé par deux fois au-dessus de moi. Le soleil a brillé d’une étincelante lumière. Le vent a sifflé un air doux et paisible, comme pour me conter la douceur de Dieu. Chaque trèfle m’a soudain montré sa perfection, se dressant fièrement autour de moi et dansant dans la brise. Les pousses de bambou se sont mises à me saluer gaiement et il m’a semblé que le vent à lui seul n’en était pas l’auteur. Car c’est dans Sa création que le Dieu vivant manifeste Son Amour à ceux qui le Lui réclament, et à tous ceux qui cherchent dans la nature des marques de Sa Bonté et de Sa Présence dans ce monde.

Un homme s’est approché de moi, venant du haut de la montagne. Il m’a demandé si tout allait bien. Peut-être était-ce ma solitude ou le fait d’être assise par terre au milieu des arbres qui l’interpellait. Je le saluai et lui répondis que j’étais en prière. Il crut que j’avais des problèmes : « C’est pour évacuer… » suggéra-t-il. Alors, je rétorquai joyeusement : « C’est pour dire merci ! »

Dans les mœurs humaines, quand on se tourne vers Dieu, la prière est associée à une requête ou un appel au secours, ce qu’elle peut être en toute liberté pour tout chrétien qui a compris le lien paternel qui le relie à Dieu. Mais dans les mœurs divines, prier c’est respirer, c’est boire à la Source, c’est être libre et heureux. Car prier, c’est être un avec notre Créateur et Sauveur. C’est vouloir être auprès de Lui, même s’il n’y a rien à y gagner sur le plan terrestre. Prier, c’est Lui dire merci, sans forcément avoir quelque chose à Lui demander.

Pour être capable de Lui dire merci, il faut être en mesure de s’émerveiller devant la moindre de Ses créations, devant le moindre être vivant qu’Il a façonné. Mais cette faculté de s’émerveiller est trop souvent inexistante ou éteinte, parce que le vide dans l’être humain prend tant de place que tout tourne autour du besoin de le remplir ! Mais tout ce qui n’est pas spirituel n’est que néant, ce qui revient à remplir le vide avec du vide. Cette soif si exigeante ne se laisse pas guérir facilement… Elle est nocive pour qui ne sait pas l’identifier.

Il faut être en mesure de reconnaître sa soif intérieure : soif de Dieu pour les croyants et soif indéfinissable pour tous ceux qui ne le sont pas encore… Il faut reconnaître que rien de ce que l’homme a créé ne peut égaler ce que Dieu a créé et que rien, à part le Dieu vivant, ne peut combler cette soif. Mais pour cela, il faut, dans bien des cas, avoir touché le fond : avoir vécu assez de déceptions et avoir assez souffert pour prendre conscience de ses propres limites et de la superficialité de la civilisation humaine moderne dans toute sa mondanité.

Et pour ceux que le diable tient occupés avec milles activités et artifices, il faut qu’ils apprennent à écouter leur soif et ne pas la couvrir avec encore plus d’occupations. Il leur faut se sensibiliser à l’appel de Dieu de se dénuer du monde pour entrer dans une dimension spéciale, pour certains encore inconnue : la véritable spiritualité qui prend sa source dans la prière et dans la contemplation, dans le cadre de la simplicité et du dénuement. Dans cette dimension spéciale, Dieu dessine autour du croyant un cercle de lumière qui l’accompagne partout où il va ; une protection visible, une grâce palpable dans laquelle réside la seule véritable Sécurité et le seul véritable Bonheur.

Une seule pensée remplit ma tête : Jésus, le Roi de l’univers. Comme un parfum enivrant, je veux sentir Sa Présence, recevoir Ses dons, Le comprendre, comprendre Sa manière d’agir. Je veux tout connaître de Lui, parce qu’Il m’a créée moi, parce qu’Il m’a appelée par mon nom, un nom qu’Il m’a donné. Parce qu’Il S’est révélé à moi quand je n’étais alors qu’un être misérable et charnel, loin de me douter qu’il existe une dimension ô combien supérieure et infiniment meilleure : la vie spirituelle, la vie avec le Dieu vivant !

Si j’étudie Sa Parole, c’est dans l’optique d’apprendre de Lui et d’échapper à la folie de ce monde voué à la destruction finale. Lire Sa Parole m’abreuve de Sa Paix et de Son Amour.

« J’écouterai ce que dit Dieu, l’Eternel, car il parlera de paix à son peuple et à ses bien-aimés, afin qu’ils ne retournent plus à la folie » (Psaume 85:9).

Le Psaume 85 me parle de Sa miséricorde et d’espoir :

« La vérité germera de la terre » (Psaume 85:12).

« La justice marchera avec lui et il la mettra partout où il passera » (Psaume 85:14).

Notre Seigneur a dit : « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés » (Matthieu 5:6).

La paix est déjà disponible pour tous ceux qui la recherchent en Dieu, par le Prince de Paix, qui n’est pas le prince de ce monde et dont le royaume n’est pas de ce monde, mais qui a créé ce monde – avant qu’il ne se corrompe – et tout ce qu’il contient de beau, de merveilleux, d’authentique. Sa Paix est disponible dans la contemplation avec les yeux du cœur, par l’Esprit de Dieu, qui nous ouvre à la rencontre avec notre Créateur dans toutes Ses manifestations glorieuses.

Les montagnes sauvages, que l’homme ne peut guère transformer à sa guise, sont une marque de Sa Grandeur et de Sa Supériorité sur l’homme. La flore multicolore aux milliers de senteurs et saveurs et avec toutes ses vertus médicinales, est une marque de Sa grande Sensibilité et de Son immense Génie. La complexité du corps humain, dans ses différents systèmes et leur parfaite coordination, est une marque de Son infinie Intelligence et de Sa Sagesse. Toute la faune dans sa multitude diversifiée est une marque de Son incommensurable Liberté artistique et du caractère grandiose de Ses Initiatives. Moi-même, je suis un mystère, sans être un mystère pour Lui. La galaxie est un mystère pour l’homme, mais Dieu n’a aucune question dont Il ignore la réponse.

Tout dans Sa création et dans Son œuvre au quotidien fait l’objet de mon émerveillement et le sujet de ma contemplation. C’est ainsi et seulement ainsi, que ma vie ici-bas prend un sens et que la terrible douleur enfouie dans mes entrailles charnelles disparaît : être Son œuvre parmi Ses œuvres, adorer, non pas la créature, mais le Créateur, et voir dans tout ce que Dieu crée le reflet de Sa gloire. Préférer la création de Dieu à la création de l’homme.

Certains prétendent que l’homme a créé Dieu. Mais l’homme ne peut rien créer de parfait. Pourtant, l’homme s’élève dans ces temps si sombres au-dessus de son rang par une mystérieuse déification. Et il s’exalte de tout ce qu’il crée ; il en oublie que Dieu lui fournit les matières premières et qu’Il lui donne l’intelligence et les lois physiques nécessaires pour inventer des choses. L’homme ignore que chacune de ses inventions a d’abord été pensée par Dieu – ou par le diable – avant qu’elle ne soit pensée par l’homme. C’est Dieu qui a donné à l’homme la faculté de penser ; Il sonde chaque pensée avant qu’elle ne se manifeste oralement ou sous la forme matérielle. Que Dieu agrée ou non les créations humaines, Il reste Juge et Propriétaire de l’univers qu’Il a modelé, et rien ni personne ne pourra jamais égaler le plus grand de tous les inventeurs. Ce n’est pas Dieu qui est une invention de l’homme, mais c’est l’homme qui est une invention de Dieu !

Au lieu de se glorifier d’être Sa créature, la plupart des humains rejettent l’idée d’être créé : une idée qui les amoindrit à cause de leur orgueil. Ils préfèrent avoir pour créateur le hasard, le néant, le big-bang, ou bien ils optent pour l’incertitude des agnostiques. L’homme se veut créateur et non créature. Mais tout ce qu’il crée est à double tranchant : une médaille qui brille de face et qui, de l’autre côté, n’apporte que misère, injustice et destruction. Et l’homme prétend que tout ce qu’il crée peut remplir le vide – remplir le puits asséché que nous sommes – et ainsi apaiser la soif intérieure. Mais la création de l’homme ne rendra sa soif que plus forte, sans jamais l’étancher. Un jour, il sera forcé de s’en rendre compte.

Ce jour là, enfin je me sentirai moins seule, avec ma soif invisible et inexprimable. Ce jour-là, je ne serai plus un coquelicot au milieu d’un champ de blé. Ce jour-là, les gens ouvriront leurs yeux et salueront à leur tour les pousses de bambou qui dansent dans le vent. Ils complimenteront les trèfles qui se dressent fièrement et ils admireront la forme des cailloux. Ils s’émerveilleront devant les branches des arbres en fleurs, entortillées et longues, qui s’élèvent vers le ciel. Ils lèveront les yeux et souriront à l’oiseau, au rapace majestueux, qui tournoie dans les airs. Ils observeront tout cela et jouiront des diverses saveurs et parfums de la création, sans avoir besoin d’en créer des artificielles. Ils aimeront la création, au lieu de la détruire. Ils aimeront chaque créature et comprendront enfin que rien ni personne n’existe par hasard. Le hasard sera un mot banni du dictionnaire, car ce sont les personnes athées qui l’ont inventé ; il sera remplacé par l’expression « providence divine » et personne n’osera plus remettre en question l’existence de Dieu, ni la Genèse.

C’est dans l’optique de voir venir ce jour que j’accepte d’être un coquelicot solitaire dans un champ qui n’est pas le mien, aussi longtemps que le Seigneur attendra. Cette attente devient un fardeau dans la mesure où je laisse le fil se dérouler et le cerf-volant se perdre au loin, mais si chaque jour je prends soin de mon cerf-volant, si j’apporte ma soif à Dieu et que je Le cherche dans la prière et l’action de grâce, mon attente s’en trouve plus douce et moins éprouvante.

Je remercie Dieu pour ma douleur, car c’est cette douleur qui me pousse vers Lui. Je Le remercie pour le vide en moi, car c’est ce vide qui me pousse vers Lui. Je Le remercie pour ma soif intérieure : elle est mon hydromètre spirituel. Comme Blaise Pascal l’a si joliment formulé : il y a en chaque personne un vide : un vide qui a la forme de Dieu. N’essayons pas de le remplir avec autre chose. Allons à la Source boire l’Eau du Christ, celle qui jaillira éternellement de nos cœurs le temps venu.

A tous mes frères et sœurs en Christ, isolés ici-bas, éprouvés ou dans l’incertitude, cherchez refuge dans la contemplation et dans la prière. Nous n’avons pas besoin de temple fait de main d’homme, avec des ornements et des services religieux, si ces services religieux ne sont pas sincères, ni authentiques, s’ils sont ordonnés par des instances corrompues. Ne croyez pas que votre solitude et votre isolement vous coupent de la Grâce de Dieu ; au contraire, sachez que le véritable adorateur est capable d’adorer Dieu tout seul, sur une montagne sauvage, dans une grotte ou dans le désert, ou même dans son lit, s’il n’est plus capable de le quitter. Sachez que l’Amour du Christ est comme une puissante cascade, même si elle ne fait pas de bruit. N’ayez pas peur du silence et vous découvrirez des chants que vous ne connaissez pas.

« J’estime qu’il n’y a point de proportion entre les souffrances du temps présent et la gloire à venir, qui sera manifestée en nous. En effet, la création attend, avec un ardent désir, que les enfants de Dieu soient manifestés, car ce n’est pas volontairement que la création est assujettie à la vanité, mais c’est à cause de Celui qui l’y a assujettie, dans l’espérance qu’elle sera aussi délivrée de la servitude de la corruption, pour être dans la liberté glorieuse des enfants de Dieu. Car nous savons que jusqu’à présent, toute la création soupire, et souffre les douleurs de l’enfantement ; et non seulement elle, mais nous aussi qui avons les prémices de l’Esprit, nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps. Car nous sommes sauvés en espérance. Or l’espérance que l’on voit n’est plus espérance ; en effet, comment espèrerait-on ce que l’on voit ? Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, c’est que nous l’attendons avec patience. » (Romains 8:18-25).

« Vous n’avez point reçu un esprit de servitude, pour être encore dans la crainte ; mais vous avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions « Abba, Père ». Car l’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu. Et si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers ; héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec lui. » (Romains 8:15-17).

« Réjouissez-vous dans le Seigneur » (Philippiens 3:1).

« Soyez toujours joyeux. Priez sans cesse. Rendez grâce en toutes choses, car telle est la volonté de Dieu en Jésus-Christ à votre égard » (Thessaloniciens 5:16-18).

Que Dieu vous bénisse abondamment !

Anne-Gaëlle




T.032 – Un partenaire à toute épreuve

Je suis ici, dans cette maison pleine de couleurs, une maison chaleureuse qui me reçoit le temps de me reposer, le temps de contempler Ta Gloire et d’écrire, puisque c’est à cela que Tu m’appelles, Seigneur Yeshoua. Je voulais continuer à dormir ce matin,  mais en vain : le titre de ce texte résonne dans mon esprit, ainsi que son contenu. Et je Te dis « je pourrai écrire tout à l’heure, ou bien demain… ». Puis, j’ai considéré cette maison bien calme et colorée, cette solitude hors norme – puisque j’ai laissé ma fille pendant trois jours – et cet ordinateur que j’ai emmené avec moi, en vue de me distraire dans le train : tout s’apprête et insiste soudain pour me pousser à écrire. Alors, je Te dis « oui », de tout mon cœur, si c’est pour cela que Tu m’as fait vivre tout ce que je vais écrire.

Le partenariat avec les humains peut être très décevant. Qui peut parfaitement répondre à nos attentes ? Qui peut respecter pleinement ses engagements en tout temps ? En réalité, personne ne le peut. C’est pour cela que les partenaires se séparent tôt ou tard : rares sont ceux dont le partenariat dure toujours et résiste aux épreuves, ainsi qu’aux déceptions qui viennent le briser. Mais il existe un Partenaire par excellence, un partenariat hors du commun dont l’alliance est indestructible. C’est de Celui-là dont il faut que je témoigne…

Quelle aventure ce fut que de déménager par le train ! Je quittai mon appartement et, malgré avoir envoyé beaucoup de colis par bateau, il restait sept bagages ainsi que les trois cages avec nos animaux. J’étais seule avec ma fille, pour qui le port de charge lourde est à proscrire. Et dans toutes les difficultés qui nous attendraient, il y avait deux changements de train ; nous n’aurions que peu de temps pour aller d’un quai à l’autre avec tous nos bagages…  Je ne serais pas honnête si je déclarais avoir affronté cette épreuve de ma foi en toute quiétude. Quand on a peu d’argent et quand le voyage est gracieusement offert, la pression est grande : l’adrénaline est à son apogée à la pensée de louper un train !

Dès le départ, les choses s’annonçaient compliquées : pas de taxi, des allers-retours à pieds jusqu’à la gare, chargée comme un âne. Il fallait partir une heure et demie avant le départ du train alors qu’en voiture, il aurait fallu dix minutes ! Mais je ne me suis pas découragée, car au fond de moi, je comptais sur mon Partenaire invisible : Celui qui allait me tenir la main durant tout le voyage. Le deuxième aller jusqu’à la gare, j’ai levé le pouce et une voiture s’est arrêtée pour me prendre. Le conducteur me déposa à la gare et porta mes valises jusqu’au quai. Malgré le nombre restreint de voyageurs, des mains solidaires soulevèrent nos bagages. Puis le train partit, nous emmenant dans une étrange euphorie.  Qui l’aurait cru ? Dans ce village fermé où personne ne nous disait bonjour, où jamais personne ne nous souriait, ce jour où nous avions vraiment besoin d’aide, les gens se mirent à nous sourire et à nous aider.

Arrivées à la gare où nous devions prendre notre correspondance, les mains solidaires déposèrent nos bagages sur le quai. Je me précipitai vers un contrôleur pour lui demander, le visage rempli d’appréhension, sur quel quai était notre prochain train. Et l’angoisse s’envola lorsqu’il me dit « ici-même ». Partenariat divin ! Dieu avait déjà résolu le problème ! Il y avait tant de quais, tant de distances entre chaque quai, des escaliers, des petits ascenseurs… Mais nous n’avions qu’à rester où nous étions et nous avions même assez de temps pour avancer jusqu’au bon wagon. Pour la montée dans le train, d’autres mains solidaires attrapèrent nos valises et nos animaux, et ainsi se prolongea l’euphorie…

Durant le trajet, le premier couple à qui j’ai demandé s’il s’arrêtait à Avignon m’a proposé de l’aide : ces personnes avaient le même changement de trains que nous ! Ce couple et une tierce personne portèrent nos bagages jusqu’à l’emplacement prévu pour notre wagon, bien qu’ils s’éloignaient de leur emplacement à eux : cette disposition surnaturelle à nous aider jusqu’au bout, à l’encontre de leur propre intérêt, me surprit beaucoup ! A force d’être habituée à l’indifférence générale, un élan de gentillesse désintéressée est une surprise sans pareille. Et le plus extraordinaire fut que cette fois encore, il n’était pas nécessaire de changer de quai ! Ainsi se déroula en toute simplicité le second changement de train, celui qui m’avait empêché de dormir la veille, tant je le redoutais…

Mon appréhension ne se limitait pas au transport des valises. J’avais également une crainte vis-à-vis du contrôleur : il m’avait été impossible d’acheter des billets pour mes animaux, car le guichet était exceptionnellement fermé, lorsque je m’étais rendue avec cette initiative à la gare de la ville la plus proche, la veille du départ. Mais durant tout le voyage, pas un contrôleur ne me les demanda. Les cages entassées les unes sur les autres étaient pourtant une réelle attraction pour les voyageurs qui n’avaient cesse de les regarder et de faire des commentaires à leur propos. Mais les contrôleurs ne les remarquèrent pas.

Jusque dans les moindres détails, tout fut divinement agencé pour notre voyage. Alors que je m’inquiétais à propos de la place disponible pour notre encombrante cargaison, il y avait dans chaque train un endroit parfait pour tout déposer, non loin de notre regard, et malgré le grand flux de passagers. Une dame me proposa spontanément d’échanger nos places avec elle, car elle était tout au fond du train et cela nous permettait d’être avec nos animaux sans gêner personne. Dans le train suivant, l’espace voyageur était rempli à ras-bord ! Mais dans l’entrée, devant les toilettes, il y avait un espace suffisant pour entasser toutes nos affaires. Par une divine coïncidence, la porte des toilettes était scellée avec un écriteau « hors d’usage ».

Un partenariat à toute épreuve, un Partenaire fidèle et omniscient. Quand on Lui donne l’honneur de Le laisser occuper Sa place, de Se charger de tout, absolument tout, jusque dans les moindres détails, Il démontre Ses qualités parfaites et Son pouvoir. Il Se manifeste par tout ce qu’Il utilise. Des mains, des sourires, des regards. Il utilise la force des uns, les moyens des autres. Il incline les cœurs. Il réquisitionne ce qui appartient à l’un pour le mettre à la disposition de l’autre : à la disposition de celui qui se trouve dans le besoin et dont l’âme crie à Lui. Il ouvre les yeux des uns et ferme ceux des autres, selon la situation et le danger potentiel. Et Il organise tout selon Sa Sagesse, dont la fondation se trouve dans une seule et même pensée qui traverse toute la terre : la pensée de Son Amour bienveillant qui veut le bien de l’autre. Le bien de tous ceux qu’Il aime. Voilà le secret de Sa Sagesse.

Avant de quitter définitivement la région, mon Dieu avait résolu tous mes problèmes, ou presque… J’avais des meubles et des affaires que je n’avais pas réussi à vendre et dont il me fallait me débarrasser. Il m’offrit l’amitié d’une personne qui les prit pour les stocker chez elle. Elle me fit la promesse de les vendre lors du grand vide-grenier d’été qui doit avoir lieu dans le village, et de m’envoyer le gain. Pour chaque problème, le Seigneur semblait déjà connaître la solution ! Mais un nouveau problème se présenta à moi…

Il fallait faire renouveler la carte d’identité de ma fille avant notre départ, ce que j’avais pris soin de faire : on me donna un rendez-vous à la mairie de la ville voisine deux jours avant le déménagement afin de venir récupérer la carte. Mais ce jour-là, j’appris que la carte n’était pas prête ; on ne me donna aucun renseignement sur la cause de ce retard, ni sur le délai à attendre ! Le système informatique et judiciaire impose au demandeur de carte d’identité de revenir en personne à la mairie dans laquelle la demande a été faite. Ma colère n’y pouvait rien changer. Mais je savais au fond de moi que cet important retard dans la production de la carte avait obligatoirement une cause, je veux parler bien sûr du point de vue spirituel. Si le Tout-Puissant permettait ce retard, Lui qui d’habitude coordonne si parfaitement tous les évènements et les circonstances, alors il fallait qu’Il ait une bonne raison de me faire à nouveau traverser la France pour revenir dans cette ville…

Il se passa deux semaines avant que je reçoive la bonne nouvelle de l’arrivée de cette précieuse carte d’identité, sans laquelle il est évidemment impossible de prendre l’avion. Il n’est pas nécessaire de décrire mon inquiétude, tandis qu’il ne restait que quelques jours avant la date du grand départ pour notre déménagement en outre-mer. J’achetai donc des billets de train pour effectuer le voyage de plus de 800 km afin d’aller récupérer cette carte. Je partis seule pour un rapide aller-retour, déplorant de perdre une somme importante dans ce voyage : l’argent que je comptais utiliser pour louer une voiture et nous rendre à l’aéroport de Marseille le jour J. Heureusement, peu avant avoir quitté le village où j’habitais, j’avais fait la connaissance d’une jeune femme très sympathique qui habite dans la ville où se trouve la mairie en question, et elle m’offrit de m’héberger gratuitement pendant mon séjour. C’est dans sa maison que je me trouve en cette heure, sa maison colorée.

A peine montée dans le train, alors que je n’avais parcouru que quelques kilomètres, le train s’arrêta brusquement. Le commandant de bord annonça d’une voix tremblante un accident de personne – un suicide – et par conséquent une immobilisation prolongée du train. Une personne désespérée s’était jetée sur les rails et les pompiers devaient ramasser les morceaux du corps. Une ambiance morose s’est installée peu à peu parmi les passagers. Le message de désespoir, les images épouvantables qui s’imposent dans l’imaginaire de chacun, l’empathie pour le conducteur dans cette situation traumatisante, la compassion des uns, la colère des autres, l’angoisse des complications pour tous ceux qui ne peuvent pas poursuivre leur voyage comme prévu… Cette étrange situation amena certains passagers à se poser des questions essentielles et à parler les uns avec les autres dans un climat de solidarité.

Une dame très intelligente m’adressa la parole : un esprit scientifique,  professeur d’université. Elle me parla de manière philosophique sur la vie, le monde et l’être humain. Nous échangeâmes avec simplicité sur nos croyances respectives. Ce ne fut pas un débat, mais plutôt une discussion merveilleuse. De toute ma vie, je n’avais jamais joui d’un tel échange avec une personne de sciences qui ne partage pas la foi chrétienne : ni orgueil, ni prétention, ni animosité ne vint ternir notre dialogue. Etant écrivaine et curieuse par-dessus tout, elle me demanda un de mes écrits. Je lui fis donc lire un texte, le seul que j’avais encore dans mon ordinateur. C’était la première fois que je l’emmenais dans le train ; je n’aurais jamais imaginé son utilité dans ce sens ! Elle le lit et me posa des questions sur ma foi, puis je lui fis le récit émouvant de ma conversion. Ainsi passèrent les trois heures d’arrêt au milieu de nulle part, enfermés dans un train. Puis je lui fis don de mes coordonnées, remettant en prière son cœur au Dieu de l’infini, qui nous avait placées côte-à-côte.

Cette personne, manifestement très optimiste, ne comprenait pas que je perçoive la nature humaine avec un regard à son goût trop pessimiste. Tandis que j’essayais de lui expliquer que la perfection et la pureté véritable n’existent qu’en Dieu, elle m’exposait ses croyances dans le domaine de la psychologie, comme quoi l’humain serait en mesure de se guérir et de s’améliorer par ses propres moyens. Lui disant de quoi Jésus m’avait sauvée et quelle transformation Il a opérée en moi, j’espérais qu’elle comprendrait et qu’elle réviserait ses théories sur le potentiel humain, afin qu’un jour elle aussi fasse appel au seul vrai Sauveur de l’humanité. Mais elle parla du verre à moitié vide et du verre à moitié plein. Pour elle, je faisais partie de ceux qui ne voient que le verre à moitié vide… Pourtant, c’est dans ce vide que Dieu est venu faire Sa demeure, c’est par ce vide qu’Il manifeste Son abondance et me remplit chaque jour.

Soudain, cette dame, qui avait commencé à me tutoyer, reçut un appel téléphonique qui la bouleversa. Elle se détourna de moi et se mit à pleurer. Elle reprocha des choses graves à son mari qui restait stoïque en face d’elle. J’entendis dans ses propos tout le contraire de ce qu’elle m’avait affirmé lors de notre discussion. Je compris que Dieu faisait soudain tomber son masque d’optimiste : profondément blessée, elle constata combien sa confiance l’avait trompée, et à quel point le cœur humain n’est pas fiable. Je restai silencieuse, intriguée par ce qui se passait, sans pour autant m’en mêler. Dieu savait. J’attendis qu’elle sèche ses larmes pour lui donner le petit papier avec mes coordonnées. Un jour peut-être en fera-t-elle bon usage.

Pendant le trajet entre Nice et Paris, puisque le train avait trois heures de retard et que j’avais loupé ma correspondance, je téléphonai à la mairie qui m’attendait le jour même, afin de reporter si possible mon RDV au lendemain. C’est alors que je pris conscience de ne pas avoir l’ancienne carte d’identité, dont la remise est absolument obligatoire. Je fus prise de panique en me rappelant l’endroit où je l’avais oubliée : dans la photocopieuse de la poste, où j’étais allée la veille, à Nice. Dans cette situation subitement angoissante, je dus m’en remettre à mon Partenaire céleste, qui Lui seul a le pouvoir d’arranger les choses les plus chaotiques et de réparer les erreurs les plus grotesques ! En effet, mon erreur était stupide : je n’avais nul besoin de faire une photocopie de cette ancienne carte d’identité, je l’avais fait par pur sentimentalisme, afin d’avoir un souvenir de ma fille quand elle était un beau bébé potelé…

La carte d’identité oubliée dans la photocopieuse fut gracieusement remise au guichet, et Dieu toucha le cœur de l’agent qui accepta de la rendre à ma mère. Elle fut envoyée par Chronopost à la mairie, où la nouvelle carte m’attendait, pour qu’elle arrive le jour suivant. Une personne se désista à cette date et on m’accorda un RDV de dernière minute. La précieuse carte d’identité pouvait alors enfin m’être remise !

Arrivée à Paris, je devais changer de gare. La dame avec qui j’avais si bien conversé était parisienne, elle m’avait bien expliqué comment faire et quel bus prendre. A l’arrêt de bus, je constatai que je n’avais pas de monnaie. J’abordai une personne souriante, la première que je vis, et elle m’offrit gracieusement un ticket, ce qui me permit de monter immédiatement dans le bus et d’arriver à l’autre gare à temps pour ma correspondance.

Dans le second train, un homme âgé m’aborda. Il devait descendre au Mans et comptait faire la route restante jusqu’à chez lui en voiture, celle-ci étant restée au parking de la gare. Il me proposa gracieusement de m’emmener dans la ville où je devais me rendre, et même de me déposer devant la maison colorée de mon hôte. Il n’habitait pas dans cette commune, et je ne pouvais que remercier mon Sauveur de faire venir à moi tant de gentillesse et tant d’aide, sans jamais s’en lasser ni être en panne de ressources !

J’aurais pu finir mon voyage en train, mais je n’avais que dix minutes pour prendre ma correspondance, et je devais me rendre au guichet pour faire changer mon billet de retour, sans quoi l’échange ne serait plus possible. L’homme me témoigna une grande courtoisie : il m’accompagna au service de vente, sollicita pour moi l’intérêt de l’agent de gare et partit chercher sa voiture, en m’attendant dans le parking. La personne au guichet fut très compréhensive. Mon billet fut échangé sans frais supplémentaires, ceci grâce au retard du train qui avait été immobilisé pendant trois heures, ce qui m’avait fait louper mon rendez-vous. Ce que cet agent compatissant ne savait pas, c’est que, retard ou non, je devais décaler le rendez-vous : par ma propre faute, puisqu’il fallait attendre l’envoi en Chronopost qui arriverait le lendemain. Autrement dit, j’aurai dû de toutes manières repousser mon retour et, en temps normal, ce changement est facturé à une somme non négligeable.

J’arrivais donc dans la maison où je me trouve à cette heure. La dame me reçut avec une attitude plus qu’amicale. Elle me confia la clef de sa maison, sa nourriture qu’elle mit à ma disposition, et me confia également une partie de son cœur, lorsqu’au cours de la soirée elle me parla de son enfance, de sa jeunesse, de sa souffrance et de tout ce qu’elle avait enduré. Je compris le pourquoi de mon voyage. Dieu avait suscité une personne qui l’écoute, quelqu’un qui cherche à la comprendre. Je ne dirais pas que deux soirs suffisent à transformer une vie, ni trois heures dans un train immobile. Mais je sais que cela n’est qu’une petite fenêtre dans le temps, et que Dieu a le pouvoir de susciter d’autres fenêtres, quand Il le jugera bon, et où Il le voudra. La vie est faite ainsi : une suite de moments décisifs, qui peuvent apporter dans leur contexte une prise de conscience pour avancer, se libérer et grandir.

La majorité des personnes savent cela, mais la fenêtre est vite refermée, puis oubliée. Et ils ne savent pas que Dieu en est l’architecte. Ils se fabriquent des maisons, des édifices entiers sans savoir qu’ils ne peuvent rien contrôler et que tôt ou tard il pleuvra sur leur édifice, et qu’il y aura toute sorte de grêlons qui s’abattront dessus, jusqu’à les obliger à sortir de leur sécurité artificielle et à faire tomber leur masque.

J’ai appris que, finalement, je n’aurais plus besoin de louer une voiture pour me rendre à l’aéroport. Le père de mon amie de jeunesse – celle, qui m’avait proposé de nous conduire – vient d’acheter une fourgonnette, qui est à notre disposition pour le grand départ. Ainsi, ma colère pour l’argent qui a été dépensé dans le train devient injustifiée. Là, où quelque chose disparaît, apparaît autre chose. La difficulté laisse place à la facilité. L’injustice n’est qu’une façade obscure ; elle s’effrite et laisse paraître une justice insoupçonnée…

J’ai moi-même beaucoup appris pendant ces voyages. J’ai finalement réussi à laisser Dieu guider toutes choses. J’ai senti combien mon angoisse a diminué, pour finir par se transformer en douce quiétude. Il m’a suffit de dire au chauffeur de bus à Paris « j’ai la foi » pour sentir le moteur prendre de la vitesse, et passer à chaque fois que le feu était orange, parce qu’il fallait que je change de gare et que je n’avais que trois quarts d’heure. Il suffit d’une parole, d’un regard, d’un sourire pour véhiculer la force de Dieu, quand on a foi en Son Amour qui nous accompagne, où que nous allions.

Autrefois, je luttais comme une brave évangéliste pour enseigner aux autres la doctrine de la Rédemption. Je croyais qu’il fallait tout expliquer, comme une enseignante avec des petits enfants. Certes, le temps est court pour cela, quand on croise une personne et que l’on ne dispose que de quelques heures ou de quelques minutes. On ne connaît pas la personne, on ne sait pas ce qu’elle a traversé, ce en quoi elle croit et ce qu’elle refuse de croire. On ne voit pas ses blessures. On ne sait rien d’elle. Evangéliser de cette manière équivaut à distribuer des tracts à la sortie d’une école, tandis que les jeunes ne cherchent qu’à décompresser et que le sol se recouvre de ce que personne n’est prêt à recevoir.

J’ai compris que la réelle évangélisation dans ce monde si complexe ne peut se faire qu’en partenariat avec Dieu, et uniquement avec l’ouverture d’esprit que suscite la compréhension de Son Amour. L’expérience personnelle de ce partenariat divin, de cette alliance d’Amour extraordinaire, surtout dans les péripéties les plus éprouvantes, conduit inexorablement à véhiculer quelque chose de spécial, d’indescriptible autour de soi. Cela nous pousse à aller à la rencontre de certaines personnes pour qui le Seigneur éprouve une grande affection, et souvent elles viennent d’elle-même, poussées par une force invisible.  Des personnes qui se trouvent à un croisement de leur vie, qui ont ou auront besoin de quelque chose : d’une parole, d’un geste, d’une rencontre.

Il ne s’agit pas de leur réciter la Bible, mais de leur parler du meilleur des partenaires. Il ne s’agit pas de sauver leur âme – car cela seul Dieu peut le faire – mais d’ajouter l’ingrédient particulier qui manque à leur cheminement spirituel. Il n’y a pas de recette, pas de directive générale, seulement un Partenariat surnaturel duquel découlent chaque moment spécial, chaque situation qui puisse contribuer au développement de chacun. Un partenariat à toute épreuve.

Je souhaite à chacun de vivre ce Partenariat chaque jour toujours plus, jusqu’à son dernier souffle. Je souhaite à chacun de voir les épreuves et les défis, les changements imprévus et les nouvelles difficultés comme faisant partie de ce Partenariat. Non comme des contraintes, mais comme une alliance. Puisque c’est ainsi que notre Roi veut agir dans ce monde, laissons-nous librement guider par notre Partenaire céleste, cherchons avant tout la sécurité de Son Amour et reposons-nous toujours sur Sa Sagesse, en toutes circonstances. Cette alliance ne consiste pas à vouloir tout diriger et à vouloir tout comprendre. Cette alliance est notre force et notre liberté dans ce monde. Je vous souhaite de vivre réellement cette alliance.

Que Dieu vous bénisse. Qu’Il nous apporte l’ingrédient manquant dans notre cheminement spirituel. Qu’Il le fasse pour tous ceux qui cherchent en Lui leur refuge, dans ces temps où il se passe de plus en plus d’événements étranges et de tragédies. Et qu’Il le fasse aussi pour les autres, parce que Son Amour couvre toute la terre et que la perdition n’est pas Sa volonté.

« Je recommande donc, avant toutes choses, qu’on fasse des requêtes, des prières, des supplications et des actions de grâces pour tous les hommes ; […] afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté. Car cela est bon et agréable aux yeux de Dieu notre Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés, et qu’ils parviennent à la connaissance de la vérité » (1 Timothée 2:1-4).

« Il faut secourir les faibles, et se souvenir des paroles du Seigneur Jésus, qui a dit lui-même : Il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Actes 20:35).

« [Dieu] nous a rendus capables d’être ministres de la nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’Esprit ; car la lettre tue, mais l’Esprit vivifie » (2 Corinthiens 3:6).

« Tous les sentiers de l’Éternel ne sont que bonté et fidélité, pour ceux qui gardent son alliance et ses témoignages » (Psaume 25:10).

« Le secret de l’Éternel est pour ceux qui le craignent, et il leur fera connaître son alliance » (Psaume 25:14).

Anne-Gaëlle