D.212 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 14

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Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

 

Chapitre 13

CONVERSATIONS ET CONFRONTATIONS AVEC STANLEY RADER

 

À mesure que s’écoulait l’année 1978, difficile et vraiment incroyable, et que l’on approchait de la Fête, je décidai de passer quelques temps avec Stan Rader. Je voulais le connaître le mieux possible, puisqu’il apparaissait évident qu’il détenait un pouvoir d’un niveau jusque là inconnu dans l’église.

Après que M. Armstrong eût écrit aux membres, en juin, ordonnant ouvertement et avec emphase à Stan de vendre le Quest, un grand nombre de membres attendirent de voir ce qui allait se passer. Ils décidèrent d’en faire un test. Si le Quest était vendu, on saurait qui était en charge. Peu après, lorsque commencèrent à provenir de Tucson et de Pasadena les signes indiquant qu’il n’y aurait pas de vente ou de cession de ce magazine séculier et incroyablement profane subventionné par l’église, les gens doués de raison furent convaincus du pouvoir de Stan.

Big Sandy : octobre 1978

Quand, en fin de compte, on annonça l’horaire du G-II, on planifia que le groupe Armstrong/Rader allait rester quelques trois jours à Big Sandy. Vu mon poste de coordonnateur de la Fête, je fus en position de passer du temps avec Stan, s’il coopérait. En conséquence, quand les journaux publièrent des reportages et des photos de Pasadena en surnommant Stan « d’Héritier apparent » d’HWA, ou de « Prince couronné », et lorsque les journalistes locaux appelèrent pour demander des entrevues avec Stan, je contactai le site de la Fête à St-Petersburg pour discuter de la chose avec Stan. De toute manière, il s’agissait d’une tâche officielle. Je fis une couple d’appels avant de le contacter et, à la deuxième conversation avec lui, Stan me demanda d’arranger une conférence de presse à 9h30 dans la Maison des Invités sur le campus de Big Sandy. Je crois que c’était un mardi.

Le lundi après-midi, 16 octobre, lorsque le G-II arriva à l’aéroport de Gregg County, un bon nombre des ministres les plus âgés étaient là pour rencontrer HWA, comme le voulait la coutume. Souvent, les ministres que M. Armstrong connaissait personnellement n’étaient pas sûr de devoir faire cet effort ou non, parce que les dispositions et le climat des politiques de l’église changeaient. M. Armstrong ne reconnaissait pas de figure la majorité des gens du ministère, en 1978, et il ne savait pas leur nom, à moins que l’un d’entre eux ait été récemment le centre d’intérêt. Mais à cause des événements étant survenus plus tôt dans l’année, la politique voulait que ceux qu’il connaissait fassent l’effort de se montrer en bonne place. Aussi, comme l’exigeait ma tâche, je demandai aux personnes concernées de se présenter, ce qu’elles firent. Il y a environ trente minutes de trajet à faire et, par un chemin détourné, on évite le gros du trafic. Il peut s’avérer très agréable de rouler à travers les forêts de l’est du Texas, le long des chemins retirés.

Nous utilisâmes la voiture de fonction, une Buick Electra 1976 chargée de toutes les options et d’une radio émettrice pour HWA. Nous louâmes des Ford pour les autres, y compris les Rader.

J’allai à la rencontre de M. Armstrong quand il descendit de l’avion. Il ne fut pas très chaleureux, mais bavarda un peu avec les ministres et leurs épouses attroupés sur la passerelle.

Mel embarqua les bagages dans la Buick et Ramona Armstrong monta rapidement à l’arrière de la voiture, apparemment réticente à se mêler aux autres. Je lui parlai brièvement au travers de la fenêtre ouverte de la voiture, en me présentant, puisque c’était la première fois que je la rencontrais.

Pendant ce temps, Stan était laissé à l’écart. Son épouse, Niki, leur jeune fille et leur beau-fils étaient du voyage. Je leur offris de les conduire à Big Sandy et Stan sembla en être content.

Mon but était de mieux connaître Stan. On parlait contre lui partout. La fumée montait autour de lui depuis des années, d’énormes volutes de fumée. Je ne connais pas un seul ministre qui ait dit du bien de lui en privé. Quoi que plusieurs parlaient de lui en bien en public, comme le voulait la politique, ils changeaient de cap au sein de leurs pairs. Or, il n’y eut jamais de figure plus controversée dans l’église que Stan Rader, même pas GTA, je pense. Mais, en cette époque de la Fête de 1978, il m’était apparu très clairement qu’HWA ne pouvait ou ne voulait pas se séparer de Stan. Son propre fils pouvait partir, un grand nombre de ministres et de membres pouvaient trouver difficile de concilier les événements au christianisme, mais Stan resterait. Donc, si je voulais pouvoir fonctionner, je devais savoir pourquoi.

Je me suis aperçu qu’une des meilleures manières de jauger un homme cultivé, c’est de trouver qui sont ses héros et où il se positionne face à certaines questions. La majorité des gens sont prêts à discuter de ces choses avec quiconque sait bien amener le sujet.

Or, tout le monde le sait, Stan est fort brillant et très cultivé. Il est aussi très sûr de lui dans une conversation où la discussion tourne autour de ses centres d’intérêt. Histoire, philosophie, politique, affaires, tout l’intéresse. Il semble avoir une bonne mémoire et mentionne qu’il est adepte de la chronique ; il conserve des registres écrits sur les domaines où il est impliqué.

Les événements en Iran devenaient critiques à l’époque, rendant soucieux la plupart des Américains renseignés en ce qui concerne les répercussions de la révolution sur notre propre économie et notre position sur cette partie du monde, comme sur l’économie mondiale. Je fus surpris de découvrir que, non seulement Stan pensait-il que la révolution était inévitable à cause de l’étendue de la corruption du gouvernement du Shah, mais il la croyait même désirable. Il ne projeta pas de scénario rassurant et je fus incapable de conclure pourquoi il avait ce sentiment, à moins qu’il y ait eu association émotive dans son esprit entre le Tsar russe d’il y a quelques soixante ans et le Shah d’Iran de 1978.

Je lui demandai s’il avait lu le livre Nicolas et Alexandra et il répondit que oui. J’avais lu ce livre environ un an auparavant et j’ai vu le film une couple de fois. Lire le livre fut bien plus instructif, car il entrait dans les détails des événements et leurs antécédents dans la Russie de jadis. Je fus sûr qu’il y avait des sentiments d’attachement émotif (je comprenais sans être d’accord). Il me mentionna ensuite que la Révolution russe avait fait avancer la Russie de 50 ans. Le régime du Tsar avait freiné l’industrialisation et le progrès dans d’autres domaines.

Je déclarai que Nicolas et Alexandra avait fait valoir le contraire de manière convaincante. En Angleterre, lors de la Deuxième Guerre Mondiale, j’avais lu un livre écrit par un Américain à Moscou pendant la Première Guerre Mondiale et qui avait vécu la Révolution dans toute sa fureur. Il avait rapporté que l’industrialisation avait évolué à un taux remarquable sous le Tsar, tel que mentionné dans le livre Nicolas et Alexandra. En me fondant sur toute information qui m’était disponible, j’ai longtemps eu le sentiment que la Révolution communiste fit beaucoup reculer la Russie et le reste du monde et ce n’est que la menace communiste en provenance de l’Est qui permit à Hitler d’atteindre le succès en Allemagne et, par conséquent, d’exécuter ce qu’on appelle communément aujourd’hui « l’holocauste ». (Dans son best-seller intitulé Le monde de nos pères, Irving Howe donne les détails de l’émotivité ressentie contre le Tsar russe et le communisme durant cette longue période de l’histoire couvrant presque un siècle.)

Stan répliqua que ses informations à lui disaient que la Révolution russe avait été une bonne chose pour la Russie.[1]

Nous parlâmes ensuite de l’Allemagne. Je dis qu’à la lumière de ce que nous savons aujourd’hui à propos de notre identité biblique, c’est-à-dire que les Etats-Unis et l’Angleterre sont l’Israël moderne[2], et en regardant rétrospectivement l’histoire de notre siècle, le monde se serait porté tellement mieux si l’Allemagne avait accepté de jouer le second rôle européen derrière la Grande-Bretagne et suivre volontairement le leadership britannique dans sa politique étrangère. La prospérité de l’Allemagne était assurée et son prestige était fort élevé dans le domaine des sciences, de la médecine et de la musique, et ses produits industriels perçaient rapidement le commerce mondial. D’un point de vue historique, je tenais l’Allemagne largement responsable de la Première Guerre Mondiale. Elle avait créé un climat de guerre en Europe et ce n’était pas très sage.

Stan soutint la position de l’Allemagne dans cette guerre. Plus tard, je ne fus pas surpris de voir que Stan Rader avait une vision continentale européenne sur les choses, en opposition au point de vue anglo-américain que HWA avait toujours projeté dans ces domaines.

Durant ce temps, nous avions atteint le campus et la Maison des Invités sur le Lac Loma. Mme Rader s’aperçut qu’il n’y avait pas de sa céréale sèche favorite dans la cuisine, de même que plusieurs autres items qu’elle désirait. Même si l’heure était avancée, je m’offris à me rendre en ville pour voir si je pouvais trouver ce qu’elle voulait. Chez Cox, on n’avait pas cette céréale en stock, mais j’en trouvai dans l’épicerie du cinéma plein air à l’ouest de Big Sandy. À mon retour, Stan et moi nous sommes assis dans le salon pour prendre un verre. Il me demanda d’assister à la conférence de presse, le matin suivant, pour voir comment il manipulait les journalistes.

Les reporters s’assemblèrent dans mon bureau du Bâtiment d’Administration de la Fête. J’avais pris soin de mes responsabilités du matin afin de pouvoir me rendre à la Maison des Invités avec les journalistes à 9h30. Les assemblées ont lieu quotidiennement durant les huit jours du festival d’automne et le coordinateur a la responsabilité de voir à ce que tout fonctionne rondement. Mais je voulais voir comment Stan opérait dans ce genre de situation. Nous nous rendîmes à sa maison sur le lac, j’introduisis les reporters et la conférence commença. Les journalistes furent amicaux et, quand on posa des questions ardues, ils se montrèrent modérés.

Évidemment, l’affaire Garner Ted surgit. Il avait établi son bureau chef à Tyler plus tôt dans l’année et possédait un bon réservoir de soutien parmi les médias locaux. Une des journalistes, je crois qu’il s’agissait d’une jeune femme du Tyler Telegraph, s’enquit de l’église de GTA, l’Église Internationale de Dieu. Stan répliqua que ce n’était pas une église. Ce n’était qu’une corporation. Lui-même et deux personnes pouvaient se rendre à Austin afin de s’incorporer et se déclarer une église. C’était évidemment jouer sur les mots, ce n’était pas une preuve. Mais tant qu’on n’y réfléchissait pas sérieusement, on ne pouvait pas savoir comment décrire ou définir une église. Et Stan n’a jamais défini ce qu’était une église. Cependant, les reporters, sans doute pas très ferrés question théologie ou loi, ne posèrent pas les bonnes questions en la matière.

J’eus le sentiment, à ce moment-là, que Stan comptait sur un relatif manque de raffinement et ne faisait que jouer avec son auditoire. La question à savoir ce qui constitue une église est, et a toujours été, une question pendante. Ce qui constitue l’Église a fait l’objet de chauds débats au fil des siècles. Cela a dû intéresser beaucoup Herbert Armstrong dans les années 1930 et 1940, et ça l’intéresse sans doute encore aujourd’hui. Mais, lors de cette rencontre, Stan la chassa du revers de la main comme une mouche importune.

Ils posèrent des questions à propos du campus de Big Sandy, sujet de grande inquiétude pour toute la population locale qui avait économiquement bénéficié pendant des années de l’opération du collège et du festival annuel. Serait-il vendu ? À quoi devait-on s’attendre ? Ou, insista un reporter, était-il déjà vendu ? Stan répondit par la négative, mais le campus était à vendre. Il justifia le prix de vente annoncé de 10 millions $ et plus. Une rumeur locale circulait largement que la propriété valait beaucoup plus que ça. Plusieurs de ceux qui étaient là le pensaient aussi. J’étais d’accord avec Stan quant à la valeur marchande de la propriété.

La valeur marchande n’est que celle à laquelle on peut vendre, c’est tout. Cette propriété était unique, mais il y avait des problèmes architecturaux et de regroupement ainsi que des difficultés d’amélioration et de distance à cause de sa situation géographique. De plus, certains bâtiments furent érigés de manière temporaire et, conséquemment, étaient faits de matériaux peu solides. Il est très difficile d’évaluer précisément ce genre de propriété. La valeur historique était sensiblement plus basse, mais l’exercice comptable en la matière peut s’avérer fautif.

Je pense que Stan manoeuvra le sujet au mieux de ce qu’il pouvait. Sa méthode est de parler longuement. Dans le processus, il s’étend sur de nombreuses choses, tout cela visant à présenter ce qu’il voulait que vous pensiez et, par un long monologue, le rendre plausible. J’ai remarqué, après avoir lu les comptes-rendus de réunions avec ses employés, que c’est son style habituel.

Ils voulaient bien sûr savoir s’il serait le leader de l’église lorsque Herbert Armstrong mourrait ou deviendrait handicapé. Il répliqua très discrètement que pareille chose était impossible, car il n’était même pas ministre. Mais il ne se plaignit pas du tout des articles parus dans les journaux locaux récents le nommant comme « héritier présomptif ». La veille, il avait jeté un coup d’œil sur les coupures de presse sur lesquelles apparaissaient des photos de lui et avait remarqué que les articles étaient « biens ». Il dit qu’HWA avait dû se charger de Ted à cause de sa choquante indiscrétion et de son total manque d’égard filial à l’endroit de son père.

Quand la conférence de presse fut terminée et que les reporters furent repartis, Stan eut à évacuer une grande tension nerveuse et il voulut prendre une marche. Je lui dis que je devais retourner à mon bureau, car il y avait des tâches qui m’attendaient, et il me demanda de faire le chemin avec moi. C’est quand même une bonne marche ― un demi kilomètre ― et nous bavardâmes en marchant. Stan m’expliqua sa relation avec HWA, laquelle relation peu de gens comprenaient. Nous prîmes la direction de la partie est du centre de congrès et entendîmes Burk McNair parler, car il donnait le sermon du matin. Dehors, il y avait les mêmes personnes qu’à l’habitude ― des mères avec des bébés en pleurs, des gens qui ne peuvent demeurer assis longtemps à cause de certaines incapacités physiques et des vieillards ayant des problèmes de circulation sanguine et qui doivent bouger. On doit ajouter à ce groupe les hommes assignés comme placiers et patrouilleurs. Ces gens nous virent déambuler, Stan et moi, alors que Stan parlait fort, ventilant sa tension nerveuse après la conférence de presse. Il expliquait sur un ton bruyant qu’il devait parfois crier après HWA, répétant que bien peu comprennent vraiment leur relation. Je ne pus m’empêcher de me demander ce que pouvaient penser ceux qui l’entendaient, mais je chassai vite cette pensée qui m’apparut d’une importance passagère. Je crois que je me rappellerai toujours de l’aspect d’opéra comique de cet événement. Ç’aurait pu être drôle, n’eut été du grand sérieux des sujets traités dans la discussion.

Lorsque nous arrivâmes au Bâtiment de l’Administration de la Fête, au sud du centre de congrès, nous nous rendîmes directement à mon bureau. Pour la période de la Fête, j’employai ce qui avait été le bureau de Bill McDowell quand il était directeur festivalier et qui était normalement utilisé par Jack McKinney du bureau festivalier. Jack était dans une autre assignation et je préférais avoir celui-ci quand j’étais coordonnateur festivalier à Big Sandy.

Fait assez ironique, et très démonstratif des opérations internes de l’église, Jack avait écrit des rapports sur Stan Rader et Osumu Gotoh pendant qu’il était encore à Pasadena, enfin… selon Sherwin McMichael. Et voilà que Stan et moi étions à bavarder intensément dans le bureau où travaillait Jack à longueur d’année, moi sachant ce que Jack avait fait quelques années auparavant, lorsque Sherwin s’attendait à ce que Ted sorte victorieux ! Mais ce n’est qu’un aparté.

Je baissai le volume du haut-parleur (le système de son était amené dans les bureaux avec un contrôle du volume sur le mur), car Stan n’était pas le moindrement intéressé au sermon de Burke. Stan et moi continuâmes à discuter de la relation unique qu’il entretenait avec HWA. J’abordai ensuite la question des contrats. Je dis à Stan que j’avais beaucoup de difficulté à concilier l’affaire des contrats accordés à lui-même et à HWA ― contrats impliquant des chiffres élevés.

Il me dit qu’il était coutumier, dans les affaires à l’américaine, que les trois têtes dirigeantes d’une corporation aient des contrats ― des contrats passablement élevés.

Je m’écriai d’un air consterné : « Mais c’est une église ! » Ce fait devait assurément peser lourd dans la balance. On nous a dit de croire en la foi, d’avoir confiance en Dieu en la matière.

Il me répliqua que son niveau salarial avait été discuté et négocié avant qu’il ne devienne membre. Bien que j’aie compris que son dernier contrat avait été négocié après son baptême, je ne mentionnai pas ce fait. Il me dit qu’eux trois, Herbert Armstrong, Garner Ted et lui-même, avaient des contrats ― les trois têtes dirigeantes. Il tenta encore de m’expliquer les contrats d’une manière plausible.

Je lui dis qu’il rationalisait. Il me répondit que non. Je répétai ma première déclaration. Il me dit qu’il rationalisait peut-être la partie de Garner Ted. Je le niai, il rationalisait tout. Rendu à ce point, nous laissâmes tomber la question et continuâmes sur autre chose. J’allais encore soulever de nouveau la question le mois suivant à Pasadena.

Il est très facile de parler à Stan quand il veut bien mettre son ego de côté et l’on rapporte qu’il peut aisément s’ajuster au niveau de la personne avec laquelle il converse. Je crois que cette affirmation est vraie en général. Sa conversation peut s’avérer très intéressante pour une personne qui possède des intérêts communs. Si je comprends bien, il parle couramment français, mais je ne sais pas quant aux autres langues.

Bientôt, juste après que se terminent les assemblées, Niki Rader entra dans le bureau, car elle voulait que Stan aille avec elle en quelque part, mais il ne voulait pas y aller. Ils ont parfois de ces prises de bec. Mais cette fois-là, je devais me rendre ailleurs et Stan avait des choses à faire. Il m’invita à la maison pour passer la soirée, mais j’avais encore des tâches, comprenant une réunion ministérielle avec HWA dans l’après-midi. Il y avait également Wayne Cole, alors directeur de l’Administration à Pasadena (je crois que c’était le titre à ce moment-là ; ça changeait de temps à autre), qui arrivait et j’avais l’intention de le rencontrer à Tyler.

Bill Bradford (pasteur de l’église de Shreveport) avait demandé s’il pouvait aller prendre Wayne, mais j’avais décidé d’y aller moi-même, car, le connaissant depuis longtemps, je voulais parler un peu avec lui et je pensai que ce serait la meilleure opportunité.

Bill m’expliqua qu’ils étaient de bons amis ; je m’arrangeai donc pour qu’il aille le reconduire à Tyler quand le moment serait venu qu’il se rende à un autre site de Fête. (Il est malheureux de voir ce que quelques courts mois peuvent faire entre des amis de longue date et ce, au nom de la religion !)

HWA parla longtemps lors de la réunion ministérielle de l’après-midi. Pendant cette réunion, il admonesta son fils et nous resservit la même histoire que nous avions déjà entendue à de nombreuses reprises. Il était intéressant de remarquer ceux qui s’étaient installés en avant et en face et qui signifiaient vigoureusement leur approbation de la tête à peu près à chaque paragraphe. Ces mêmes ministres et leurs épouses faisaient exactement la même chose devant Ted à peine quelques mois auparavant.

L’avion de Wayne arriva à l’heure et la conversation s’étendit sur tout le trajet d’environ une heure et demi. Pas que ce fut tellement révélateur, car Wayne marchait encore sur la corde raide, une barre stabilisatrice dans les mains, ne sachant vraiment pas qu’il serait renversé avant trois mois. Personne ne savait, à l’époque, ce que nous réservait le début de janvier 1979. Mais ce que Wayne me dit d’intéressant, c’est qu’HWA lui avait offert un contrat quand il était descendu du Canada pour remplacer Ron Dart ― offre qu’il refusa immédiatement. Il ressentait comme anormal de signer un contrat pour son travail dans le ministère. Je pense qu’il avait raison.

Ce soir-là, je me rendis à la demeure d’HWA pour voir s’il avait besoin que je fasse quelque chose pour lui et aussi parce que Buck Hammer m’avait fait requête de lui demander l’ensemble de chambre à coucher de la maison. Cette demeure avait été construite par Roy et Pearl Hammer. Roy Hammer était décédé dans ce lit en 1962 et Buck tenait à le conserver, car, à l’époque, les mobiliers de maison étaient transportés à Pasadena. Donc, quand j’entrai, je trouvai HWA assis dans son fauteuil du salon, se préparant à regarder un des matches de la Série mondiale à la télévision. Quand il me vit, il me demanda si je voulais lui parler. Il me dit qu’il accepterait, mais qu’il voulait vraiment regarder le match. Je lui dis que je ne voulais interférer en rien ; je ne lui formulai que la requête de Buck à laquelle il acquiesça.

Stan m’avait demandé de garder les ministres loin d’HWA pendant qu’il était là. Bien que je sache que c’était une des choses pour lesquelles on critiquait Stan, je savais aussi que c’était également le vœu d’HWA et j’ai donc fait circuler l’information qu’ils ne pourraient lui rendre visite ; je pense que très peu le firent sinon aucun. Le lendemain matin, je me rendis chez Stan manger un déjeuner d’œufs brouillés et céréales préparées pas Niki.

Pendant le repas, la fille nouvellement mariée des Rader se joignit à la conversation. Je parlai de l’égalité telle que défendue par les sociologues modernes et expliquai le mal que faisait ce concept à notre société. Même si les gens trouvent que cela sonne bien à l’oreille, ils ne comprennent tout simplement pas les conséquences d’un pareil enseignement, soulignai-je. Elle amena quelques exceptions, comme on devait s’y attendre d’une jeune personne fraîchement sortie du collège aujourd’hui.

Stan expliqua gentiment, mais fermement, que tout le concept était faux. L’égalité n’était ni possible, ni désirable. Quoi qu’il semblât de tout son être en faveur de la révolution, il savait également que les slogans de la révolution étaient intenables, comme le savaient aussi les leaders de la révolution de 1917 en Russie et les leaders de la révolution de 1978 en Iran. Je me rappelle avoir été surpris de constater que sa fille n’ait pas été instruite de la chose.

HWA devait prendre la parole le mercredi matin. Après les hymnes et la prière d’ouverture, Randy Dick, le directeur musical, le présenta et il parla un peu. Ensuite, il introduisit Stan, comme d’habitude. Ce dernier fit son petit laïus d’usage, sauf que, cette fois, il se montra plus autoritaire et gonfla HWA plus que de coutume. Je marchais dans la salle pendant son speech, notant beaucoup de réactions négatives. Mais, à la fin, fusèrent les applaudissements épars et polis. M. Armstrong avait quelque peu encensé Stan. Bien sûr, lorsque HWA était entré dans la salle, on l’avait accueilli par une ovation debout, comme c’était devenu la tradition depuis quelques années.

Les applaudissements à son égard avaient débuté quelques dix ans auparavant et il ne les repoussa pas comme il l’avait toujours fait avant. Il enseigna pendant des années, jusqu’à il n’y a pas si longtemps, que les applaudissements étaient inacceptables dans les assemblées de l’église et ce, pour quelque raison que ce soit. Puis, les applaudissements à l’occasion de musiques spéciales furent légèrement encouragés, et tout partit de là. Maintenant, les ovations sont entrées dans la tradition. On s’y attend ― à chaque fois. La liste est longue des ministres ayant dénoncé les applaudissements, particulièrement suivant les sermons. Mais, la plupart du temps, ils en parlaient en privé seulement. On peut tirer ses propres conclusions quant aux mérites des applaudissements dans les assemblées de l’église, mais cette coutume s’y glissa au moment où de nombreux problèmes commencèrent à sourdre en son sein. Ce n’est pas que les applaudissements dans l’église y amenèrent ces troubles, mais cela pourrait bien expliquer un changement opéré dans l’esprit d’HWA à l’époque ― changement indiquant un état d’esprit des plus égocentriques. Au sein de la relation existant entre le divin et lui-même, il en rétrécissait à chaque fois un peu plus le gouffre dans l’esprit des gens et peut-être le sien aussi. C’est en 1976, je crois, qu’un des anciens que je connaissais depuis des années décida de quitter l’église. Il m’expliqua que cette affaire fut le facteur décisif pour lui. Il avait le sentiment qu’HWA enlevait à Dieu l’admiration des gens et se l’appropriait au détriment de l’église. Je me sentais moi-même tendu à ce sujet, mais il me semblait que les autres bénéfices pesaient plus lourd que la faute. Or, il n’y a pas de doute que le symptôme annonçait une maladie sérieuse.

Cette question me rappelle l’explication récente des « cajoleries ». On dit que tout le monde a besoin de se faire « cajoler », mais certains plus que d’autres. Les « cajoleries » revêtent toutes sortes de formes, mais essentiellement, ce genre-là de « cajoleries », c’est l’assentiment, l’indication d’une acceptation et l’approbation. La louange est nécessaire à tout le monde. Des recherches scientifiques démontrent que certaines personnes peuvent fonctionner en se faisant louanger une fois par année, quand elles émergent de leur renfermement. C’est toujours nécessaire, mais on n’en a pas si souvent besoin. À l’autre extrême, il y a l’artiste qui a besoin de ses dix milles cajoleries quotidiennes pour survivre. Ces caresses, ces louanges, viennent sous forme d’applaudissements sans lesquels beaucoup d’artistes ne peuvent vivre. Vous saurez tirer vos propres conclusions à savoir s’il y eut transition d’un état d’esprit à l’autre dans le cas d’HWA.

En tant que coordonnateur, je m’assois habituellement toujours dans le même siège situé stratégiquement et protégé par l’équipe de placiers. Ainsi, je puis être localisé en tout temps, car il arrive fréquemment qu’un problème requière l’attention du coordonnateur. S’il s’assoit toujours à la même place et qu’on le sache, tous ceux qui en ont besoin peuvent le rejoindre. L’accès facile contribue à son efficacité et au fonctionnement harmonieux d’une réunion de plusieurs milliers de gens, De plus, puisqu’il est responsable de toutes les annonces et qu’il a le contrôle global, il lui faut être à proximité du directeur de chants et des orateurs. En général, je m’assoyais dans la deuxième ou troisième rangée à l’intérieur de la section choisie par les orateurs et habituellement par les ministres.

Parfois, il fallait que le coordinateur réponde à des appels téléphoniques, ce qui survenait même pendant les assemblées. Ça n’arrivait pas souvent, mais j’en eus un durant le sermon d’HWA.

Un message me fut livré et je sortis par la porte ouest, juste au nord de l’estrade. Quand je me trouvai dehors, Niki était là, semblant un peu perdue. Elle arriva en courant, disant qu’il lui fallait se rendre à la toilette des dames, dans l’autre bâtiment, et elle me demanda si je pouvais faire le chemin avec elle. Je lui répondis que j’en serais heureux et que, de toute façon, j’avais à m’y rendre pour prendre un appel.

Eh bien, elle me saisit par le bras et s’y pendit tout le long du chemin menant au Bâtiment de l’Administration de la Fête, dans le lobby et dans le hall. Évidemment, je me sentais un peu drôle, mais je ne lui fis pas remarquer qu’il aurait été mieux de ne pas présenter pareille image. Je l’accompagnai simplement avec un sentiment étrange, que je décrirais comme un mélange d’amusement et de consternation. Mais Niki pouvait être fort plaisante et contribuait parfois à égayer les choses.

Je me réjouissais de mon contact avec Stan pour plusieurs raisons. Une de ces raisons était que nous avions du plaisir à converser et que, je crois, nous en étions tous les deux stimulés. Je suis sûr que Stan avait du temps devant lui à cause de l’arrêt à Big Sandy plus long qu’à l’habitude. Et Big Sandy n’est pas un endroit réputé pour avoir beaucoup d’attractions intéressantes. J’avais le sentiment que nos entretiens n’étaient pas encore complets et lui mentionnai que j’avais l’intention de me rendre à Pasadena le mois suivant (une idée qui venait de surgir en moi). Je lui demandai s’il avait du temps à consacrer à nos entretiens. Il me répliqua que je devrais alors appeler pour m’assurer qu’il était en ville et que, advenant le cas, il prendrait le temps de bavarder. Il me donna son numéro de téléphone à la maison et voulut que j’appelle si jamais quelque chose d’important survenait. Il mentionna de plus que je devais appeler si quoi que ce soit se développait de la part des médias.

Le groupe du G-II partit peu après le sermon d’HWA. Tout le groupe sortit de la salle pendant le chant de fermeture, comme d’habitude, et HWA jeta un regard très désapprobateur sur sa nouvelle épouse en voyant par derrière l’embonpoint qu’elle avait acquis. Ce fut un incident notable pour ceux qui étaient assis aux alentours et qui se rappelaient la belle silhouette et le port altier de Mme Loma Armstrong, même quand elle avait plus de soixante-dix ans.

Je conduisis la famille Rader à l’aéroport et nous poursuivîmes notre intéressante conversation sur plusieurs sujets. Quand nous arrivâmes là où était posé le G-II, Stan me demanda de monter à bord, car M. Armstrong n’était pas encore arrivé. Stan fit apporter de la bière froide et des sandwichs par les stewards pendant que nous parlions des affaires de l’église. Stan énuméra des informations se rapportant à HWA, à la haute politique, aux dirigeants de l’administration extérieure au ministère et certaines de ceux dans le ministère. Il ne semblait pas comprendre le ministère comme tel, et n’offrit aucun indice démontrant qu’il comprenait réellement la doctrine de l’église. Mais il saisissait très bien les affaires séculières.

Avant la fin de la semaine, les nouvelles locales furent remplies de l’annonce de vente du campus à deux des trois différents groupes ecclésiastiques. Les journaux, enfin, certains d’entre eux, se montraient assez spécifiques quant à la vente et au transfert imminent de la possession des propriétés. Le campus fut plein de gens bouleversés demandant toutes sortes de questions. M. Armstrong leur avait dit, quelques années auparavant, que cette propriété était transférée à Dieu par acte notarié. Beaucoup de gens croyaient vraiment que Dieu possédait la propriété de manière légale (bien sûr, tout Lui appartient, de toute façon), et ils étaient perplexes à la pensée qu’on pouvait maintenant la vendre. Bon nombre avaient contribué aux fonds de construction tant et plus, il y a bien des années, et ils étaient grandement affligés par les reportages. Beaucoup de gens dirent que, peu importe ce qu’en disaient les journaux, la propriété ne serait jamais vendue.

Les reportages m’arrivèrent sous diverses formes, d’abord par le système directeur, ensuite par des notes laissées au Bureau de la Fête, et enfin par des gens venus me le dire en personne. Dans les circonstances, je crus nécessaire de faire une annonce officielle. Par conséquent, ce soir-là, Dan Ward et moi allâmes à mon bureau et j’appelai Stan à la maison.

Souvenez-vous qu’HWA m’avait mentionné, pendant son séjour, qu’il pensait que la propriété était déjà vendue. Il me dit qu’elle coûtait vraiment trop cher à maintenir ― 750 000 $ par année ― et qu’on devait la laisser aller. Je savais qu’il n’était pas au courant des détails des négociations ― du moins, c’est ce qu’indiquaient ses commentaires.

Stan se présenta rapidement au téléphone et je le mis au courant de l’état des choses à Big Sandy. Il m’ordonna d’appeler tous les journaux et de les menacer de poursuites judiciaires immédiates s’ils ne se rétractaient pas. Eh bien, les journaux s’étaient montrés pendant des années très amicaux dans notre région et j’étais certain qu’ils imprimaient leurs histoires de bonne foi et assurément selon la bonne tradition journalistique. Donc, évidemment, je n’appelai aucun journal pour les menacer de poursuites.

J’avais parlé avec Stan de ce que le magazine Quest était un handicap pour l’église et que les membres s’en méfiaient. Il avait mis tous les problèmes concernant le magazine ― problèmes que Sherwin McMichael aimait à qualifier « d’art du démon » ― sur le dos de Robert Kuhn et de Ted Armstrong. Il ne prit aucun blâme pour ces articles incroyables et tout le reste.

Ainsi, dans la conversation téléphonique de ce soir-là, laquelle, si je me rappelle bien, eu lieu un samedi soir, Stan loua le magazine Quest en me disant que j’aimerais la nouvelle approche qu’il revêtirait dès lors. Je lui dis que c’est par des choses comme le Quest que commencerait l’aliénation de l’église, car toute personne réfléchie trouverait difficile de concilier ce que présentait le magazine et ce que nous enseignions en tant qu’église. (Ce que je ne savais pas, c’est la rapidité avec laquelle l’église pouvait changer sa doctrine pour quelle s’adapte à la littérature du Quest.) Il se créerait un problème de crédibilité qui mènerait à l’aliénation, un peu comme ce qui est arrivé au gouvernement fédéral lors du Watergate. Nous conversâmes encore un peu au téléphone avant de nous entendre pour reprendre notre entretien le mois suivant. Stan insista pour que je l’appelle s’il y avait un problème quelconque au sujet des articles de journaux ou n’importe quoi d’autre.

Le lendemain matin, nous fîmes une annonce à l’effet qu’aucune vente n’avait été finalisée, mais que les négociations continuaient. L’annonce disait que les déclarations des journaux et de la télévision étaient pour le moins prématurées. Cela sembla calmer beaucoup de gens qui se réfugiaient alors dans la prière (enfin, c’est ce que nous rapportèrent un certain nombre de gens) en espérant que Dieu ne permettrait pas que soit vendue la propriété.

Pasadena : novembre 1978

J’appelai Stan Rader au téléphone. Il me dit qu’il serait libre à partir du 6 novembre, un lundi, si j’allais le visiter. Je m’envolai le dimanche précédent et des amis de longue date vinrent me chercher à l’Aéroport International de Los Angeles vers minuit. Je leur fis savoir que j’allais avoir quelques entretiens avec Stan Rader, ce à quoi ils répliquèrent du tac au tac que Stan chargeait 150 $ de l’heure, selon l’estimation du coût de son contrat avec l’église et les avantages. Je pense qu’ils ont dû sous-estimer le coût. Ils n’avaient rien à dire de bon à propos de Stan. Ce genre d’attitude générale face à Stan prévalait dans l’église. Toutefois, ils étaient prêts à reconnaître son pouvoir et son étroite relation avec HWA. Ils étaient simplement incapables de s’expliquer ce pouvoir durable de Stan. Ils étaient sûr qu’il y avait anguille sous roche. Il faisait bon de revoir de vieux amis et de savoir comment ils allaient. Ils avaient acquis assez d’immobiliers, il y a quelques années, pour faire de l’argent lors du boum économique en Californie et se portaient bien financièrement.

Le lendemain matin, 6 novembre 1978, je me rendis au Département de Transport. Là, je fus présenté à John Kineston, époux de Virginia Kineston, secrétaire exécutive de Stan. John était un genre de coordonnateur entre Stan et le transport ; il était également relié, d’une manière ou d’une autre, à la sécurité rattachée au quatrième étage du Hall d’Administration. Il m’offrit de me conduire en voiture à l’immeuble à bureaux et j’acceptai. Il me dit avoir connu mon fils, John, au collège, quelques années auparavant. Je ne sais pas où furent John et Virginia toutes ces années. Stan s’arrangea pour que j’aie du transport pendant mon séjour et John Kineston m’apporta les clés d’une voiture au bureau.

Lorsque je montai au bureau de Stan (l’ancien bureau de Garner Ted), Virginia Kineston et Mary Ellen Dahldren, nouvelle belle-sœur d’HWA, étaient dans les bureaux extérieurs. La dernière fois que j’y étais allé, la belle-fille d’HWA, Lois Chapman, et Anita Dennis étaient assises dans ces chaises-là. De ce que j’ai compris, elles sont maintenant toutes deux ex-membres de l’église.

Je me présentai à Virginia, car je ne l’avais jamais rencontrée avant, en autant que je puisse me le rappeler. Elle me conduisit directement au bureau de Stan.

Stan fit apporter du café et nous nous sommes assis à la petite table près du bureau. Il ne s’assit pas une seule fois derrière son bureau pendant la majeure partie des deux jours où je fus là. Ce qui contrastait fortement avec Rod Meredith qui aime à s’asseoir derrière son bureau de manière officielle. Nous reprîmes notre conversation là où nous l’avions laissée quand il quitta Big Sandy le mois précédent.

Je lui mentionnai que je n’étais jamais venu dans ce bureau auparavant. J’étais allé dans les bureaux extérieurs, mais pas dans celui-ci. Stan semblait fier de ce bureau. C’est plutôt joli, avec une excellente vue (quand le smog le permet) sur le Mont Wilson au nord-est. Le bureau est spacieux et bien aménagé.

Stan fit retenir tous ses appels et Virginia n’eut pas à nous interrompre souvent. Je dis à Stan que j’avais été dérangé par le « dosser médiatique » de Henry Cornwall, l’année précédente, et j’avais le sentiment qu’un non membre n’avait pas d’affaire à utiliser l’argent de l’église et le prestige de Stan pour attaquer Ron Dart, alors directeur de l’Administration Pastorale. Et je trouvais très remarquable qu’une telle attaque soit postée à tous les ministres de l’église. J’appelais cela de la subversion, et que c’était difficile à justifier. Mais Stan semblait très fier de cette opération. Il me dit que Ron Dart était un homme de paille, attendant qu’on l’emploie. Si Ron Dart n’avait pas été disponible à cet effet, il aurait créé un autre homme de paille ! De toute évidence, s’il pouvait frapper Dart, cela exposait Ted et il pouvait dès lors travailler sur lui ― la vraie cible visée. J’insistai sur le fait d’utiliser Cornwall de cette façon. Stan balaya cavalièrement l’objection du revers de la main. Sans importance.

Stan passa ensuite quelques temps à réprimander la conduite de Ted sur une période de plusieurs années. Lui et Herbert Armstrong parlaient d’une dizaine d’années à ce moment-là. C’est le nombre d’années que Ted avait censément détruit « l’œuvre ». J’étais d’accord à savoir que Ted avait un problème évident, mais j’insistai sur le fait que Ted avait été blâmé pour certains problèmes dont il n’était pas responsable. Je dis à Stan que Ted n’était pas ce qu’on appelle un « intellectuel », terme qu’utilisait leur littérature à l’époque. Stan approuva. Je lui demandai alors pourquoi Ted était accusé « d’intellectualisme et de sécularisation ».

Stan me confia qu’il savait que Robert Kuhn était le dirigeant intellectuel. C’est lui qui avait fait dériver l’église dans cette direction. Robert était vraiment un intellectuel. Il pensait que Brian Knowles, actuel rédacteur en chef des publications de l’église n’était pas coupable de ce péché et que c’était un bon homme. Je fus surpris de lire plus tard dans le Forum, véhicule de Stan pour faire passer ses idées aux membres, que Robert Kuhn était « 110 % loyal à Herbert Armstrong ». (J’avais plus de respect que ça pour les talents en maths de Stan avant lecture de cette déclaration.)

Je dis à Stan qu’il n’y avait aucun moyen de réécrire l’histoire de l’église des vingt-cinq dernières années. Ce qui était restait. Impossible de changer le passé. Alors pourquoi prétendions-nous que les choses soient arrivées autrement qu’en réalité ? Tentions-nous de repeindre le passé à grands coups de pinceaux ? Réécrivions-nous l’histoire dans le but d’effacer le nom de GTA partout où il se trouvait ? C’était fort malhonnête.

Quand arriva l’heure du dîner, Stan suggéra que nous allions prendre une bouchée. En sortant de l’édifice, nous sommes tombés sur Steve Martin, assistant de Wayne Cole, le directeur de l’Administration Pastorale, et Stan l’invita à se joindre à nous. Henry Cornwall, l’homme de Stan, nous accompagna aussi. Stan nous conduisit à un très charmant restaurant situé près du Rose Bowl, au sommet d’une colline. Après le dîner, nous discutâmes d’un certain nombre de pasteurs de l’église et de leurs antécédents, etc. Henry eut peu à dire pendant le dîner. Steve fut très loquace, comme d’habitude. Il jouissait d’une remarquable fonction, juste à côté du bureau du directeur de l’Administration pastorale grâce à certains changements de personnel. Plus tard dans la journée, lorsque je le rencontrai dans le hall, il me demanda si j’avais parlé de lui en mal de quelque façon que ce soit devant Stan. Je l’assurai que non, et que je n’avais même pas parlé en mal de Wayne. Steve poussa un soupir de soulagement. Il se sentait très anxieux, et avec raison, je crois.

Lorsque nous retournâmes à l’édifice à bureaux, après le dîner, Wayne Cole était là. Il accourut et m’accueillit chaleureusement. Je lui fis savoir que, s’il n’était pas trop occupé, j’aimerais passer le voir. Il me suggéra de venir le voir immédiatement. Je m’excusai auprès de Stan en l’assurant que je serais de retour sous peu. (Après tout, Wayne était mon supérieur ministériel, à l’époque.)

Wayne et moi entrâmes dans son bureau où nous nous assoyâmes à une table circulaire près de son bureau. Wayne me demanda tout de go pourquoi je passais du temps avec Stan. Je lui répondis que je voulais être au courant, car j’étais alors certain que seule la mort pouvait maintenant séparer Stan Rader d’Herbert Armstrong et, de ce fait, si je devais demeurer dans l’œuvre, je voulais savoir à quoi m’attendre.

Il comprenait cela, me dit-il. Je lui demandai alors si Stan Rader était converti. Sa réaction immédiate fut : « Non, il ne l’est pas. Je connais Stan depuis de nombreuses années. Il venait souvent en Australie et j’entretenais des relations étroites avec lui. » (Wayne avait été directeur de l’église en Australie pendant une décennie.) « Je l’ai toujours trouvé intelligent et cordial, mais certainement pas converti. Il ne ressemble pas aux autres gens de l’église. Il possède des intérêts commerciaux. »

Je demandai ensuite à Wayne s’il croyait à la doctrine pétrine (la primatie de l’apôtre Pierre et l’idée que ses successeurs héritent de la primatie sur le monde chrétien, comme le croyaient les catholiques). Il me dit qu’il n’était pas question qu’il croie à cela. Je lui demandai pourquoi Herbert Armstrong la prêchait avec tant de force à ce moment-là. On nous avait toujours mis en garde contre cette doctrine dans l’église, et je ne trouvais pas le moindre soutien biblique à ce qu’on enseignait maintenant. Mieux que ça, je ne connaissais aucun ministre dans toute l’église qui enseignât cette doctrine-là comme étant vraie. Il me répondit que ça ne pouvait continuer ainsi et qu’il fallait faire quelque chose. Il m’avoua vivre une période « de bassesse » dans sa vie à ce moment-là, et qu’il se sentait plutôt déprimé. De la façon dont allaient les choses, il ne pouvait être fier de ses accomplissements.

Je m’attardai un peu sur les hommes qui avaient occupé ce bureau auparavant et sur les événements tragiques ayant jailli dans l’église ces dernières années. Puis, je m’excusai auprès de Wayne et retournai continuer mon entretien avec Stan. J’avais le sentiment que je ne devais pas repartir sans avoir vu Wayne Cole, car c’était le chef des ministres… enfin, de façon nominale.

Stan est fin causeur quand il s’y met. Il emprunte le point de vue européen continental plutôt que la vision anglo-américaine, tant sur le plan culturel qu’historique. (Il avait mentionné qu’il trouvait la culture française des plus agréables.) J’ai toujours préconisé le côté anglo-américain, comme la plupart des Américains. Tout notre héritage a été orienté dans cette direction. Bien que j’aie connu beaucoup de gens adoptant le point de vue européen, ce que je concevais, d’ailleurs, je trouvais cependant difficile de comprendre comment Stan pouvais se montrer si ouvert alors que nous enseignions si fortement l’héritage anglo-américain dans l’église.

Lorsqu’il me mentionna le nombre de jours dans l’année où le groupe du G-II se trouve hors du pays, je lui fis remarquer que l’on risque de perdre contact avec ce qui se passe ici, au point d’en venir à éprouver du dédain envers ce qui est américain. Stan approuva volontiers. Je lui dis que le roi Salomon était devenu trop cosmopolite pour son bien et celui de son pays ― et même de sa religion. Ce qui finit par lui coûter sa relation avec son Dieu. L’internationalisme a ses dangers inhérents. À l’époque, Stan sembla comprendre et être d’accord.

Je discutai avec lui du manque de perspicacité de Raymond McNair et que cela me troublait de penser qu’il était relié au nouveau « comité de loyauté ». Je pense qu’un juge doit être perspicace et avoir un bon jugement. Je ne pense pas que Raymond possédait ces qualités. On le connaissait partout dans le ministère sous le nom de « Buffie », car nous étions tous au courant de cette rumeur disant qu’Herbert Armstrong, quand il parlait de Raymond, s’y référait comme d’un « bouffon ». Stan me dit que je ne devais pas m’en faire, car il ne m’aurait pas jugé. Il continua en me disant que M. Armstrong pensait que Rod Meredith était « si juste qu’il en devenait injuste ». (Dans moins de deux mois, Stan utiliserait Rod Meredith d’une manière extraordinaire. Je suis sûr qu’à ce moment-là aucun de nous deux n’avait le moindre soupçon de ce qui allait arriver.)

Je parlai encore du magazine Quest à Stan. Quel dessein servait-il ? Il était très dispendieux et Herbert Armstrong avait donné sa parole à toute église, plus tôt dans l’année, qu’il se débarrasserait du magazine. Pourquoi en avions-nous besoin ?

Stan entra dans une longue explication démontrant pourquoi l’église s’accrochait à une telle publication ainsi qu’aux maisons d’édition, comme Everest House. Tout cela venait de Ted Armstrong et de Robert Kuhn. C’est eux qui étaient à blâmer pour la nature très profane d’une grande partie de cet ouvrage. Il promit que les dirigeants entreprendraient de « nettoyer » le magazine Quest.

De plus, il entendait voir à ce que Everest House devienne plus compatible avec les enseignements de l’église lors des futurs contrats d’édition de livres.

« Pourquoi aurions-nous besoin, soit du Quest, soit de l’Everest House ? » Je voulais savoir. Il parla un certain temps pour ne rien dire, n’offrant aucune explication claire. Il mentionna qu’il s’agissait d’obligations que nous avions contractées. Il pensait que l’église pourrait se départir de certaines de ces entreprises aussitôt que ce serait possible. Cependant, ils désiraient conserver le AICF et continuer à tenir des concerts dans l’auditorium. Il croyait que l’obligation financière du Quest prendrait fin au printemps de l’année suivante. Mais j’avais déjà entendu cela avant.

Je reparlai à Stan du message d’Ézéchiel et que notre pays avait le plus grand besoin d’entendre ce message. Il me semblait qu’il n’y avait rien de mieux à faire et je m’inquiétais que nous dépensâmes trop de nos énergies à lutter les uns contre les autres plutôt que de faire ce que nous avons dit pendant des années que l’on devait faire.

Nous le faisions bien mieux dans les années soixante, lorsque le programme radiophonique dénonçait le péché de notre nation en le claironnant chaque jour, l’avertissant avec force par l’intermédiaire du programme radio The World Tomorrow. N’était-ce pas le travail que nous avions à faire ?

Je n’eus jamais de claire indication que Stan savait de quoi je parlais en mentionnant le « message d’Ézéchiel ».

J’abordai alors le sujet de l’homosexualité ainsi que de l’importance qu’il y avait, au point de vue biblique, à marquer ce grand mal pour ce qu’il était. J’expliquai de quelle manière Ésaïe appelait prophétiquement notre nation actuelle, « Sodome », à cause de l’homosexualité qui faisait boule de neige. Je lui dis que je constatais que ce problème devenait endémique qu’on devait le dénoncer avec puissance au nom de Dieu. C’était un point crucial du message d’Ézéchiel. J’étais affligé de voir Anita Bryant en position de dénoncer ce genre de pratique mauvaise alors que la plupart des ministres américains devenaient de plus en plus silencieux. Pourquoi ? N’avions-nous pas une responsabilité dans ce domaine ?

Stan me dit qu’il connaissait personnellement Anita Bryant et qu’il n’était pas très impressionné par son travail. Je lui dis que c’était une fille de Tulsa. Il me dit l’avoir rencontrée, je pense, à Oklahoma City quelques années auparavant.

Il me dit que l’église commencerait peut-être un programme dénonçant l’homosexualité. Il me parla d’assembler une équipe de télévision utilisant un script, et peut-être quelques professionnels pour faire le programme. Il pensait que nous ne devrions plus utiliser uniquement une seule personnalité télé pour présenter le message de notre église. J’étais parfaitement d’accord, lui dis-je. Après tout, les stations de télévision prenaient l’antenne pendant dix-huit heures et plus chaque jour, et il y avait assez de professionnels et d’exécutants pour garder l’intérêt des gens et remplir tout le temps horaire. Pourquoi n’avions-nous pas pu réunir assez d’hommes pour faire notre propre travail ? Y avait-il si peu de talents dans l’église pour que nous ne fassions rien ?

Il revint sur le cas de Ted. Je lui dis que je croyais que le père de Ted portait la responsabilité et il n’avait aucun moyen de s’en départir. Pourquoi n’avait-il pas éclairci les choses il y a des années ? Pourquoi couvrit-il toute la corruption de 1971 à 1974 ?

Au moment où je parlais avec Stan, je ne me rendais pas compte jusqu’à quel point Herbert Armstrong avait lui-même commis de graves péchés. Il n’était vraisemblablement pas en position de nettoyer les péchés de qui que ce soit sans d’abord voir aux siens propres.

Stan exprima sa volonté de « fléchir la loi un bout de temps pour le bien de l’église ». Il dit ensuite que ceux qui possédaient des postes de responsabilité avaient un plus grand devoir de mentir, en citant l’exemple du président Eisenhower en rapport avec l’affaire de l’espion du U-2. Il me dit que si Eisenhower avait menti, les Russes auraient pu sauver la face et auraient mis fin à la Guerre froide. Le fait qu’Eisenhower ne fut pas disposé à mentir au sujet de Gary Powers coûta très cher au monde entier.

À la lumière des événements récents de Pasadena, on peut se demander jusqu’à quel point Stan se sentit obligé de mettre en pratique ce qu’il prêchait un an plus tôt. Et, considérant qu’il déclarait être le meilleur élève d’HWA, on doit aussi se poser des questions sur l’enseignant.

Je revins sur la question du Quest. Je lui dis que, durant le congrès ministériel du mois de janvier précédent, Robert Kuhn avait déclaré que la publication valait bien tout ce qu’elle coûtait parce qu’elle fournissait le puissant effet de levier dont avait besoin l’église dans les milieux de New York. Les administrateurs de l’église pouvaient utiliser ce levier pour que les choses soient cachées dans les médias ― les choses susceptibles d’être nuisibles si elles étaient publiées.

La première fois que j’ai lu quelque chose concernant le Quest, ce fut dans un magazine de New York, en 1976. George Evans, un ancien de l’église, m’apporta l’article aux monts Pocono. L’article annonçait la nouvelle publication et son éditeur qui disait qu’il serait entièrement libre de tout contrôle de la part de l’Église Universelle de Dieu. Le fait était à noter, étant donné la politique éditoriale de l’église recouvrant ses autres publications, lesquelles étaient sous un contrôle très serré.

J’interrogeai Stan en ce qui regarde l’Everest House, la nouvelle compagnie de publication financée par l’église. Pourquoi cette firme, appendice de l’église, publiait-elle autant de matériel ? Qu’en était-il des titres annoncés pour l’année suivante ? On y trouvait beaucoup de livres adoptant et cautionnant l’immoralité. Pourquoi ?

Eh bien, Stan croyait que j’apprécierais Lew Gillenson, l’homme choisi pour être à la tête d’Everest House. C’était un homme très bien. Et la maison d’édition était consacrée à la poursuite de l’excellence. Nous aurions besoin de publier beaucoup de livres pendant les années à venir. Les sélections étaient malheureuses, mais c’était la faute de Robert Kuhn et de Ted Armstrong, m’expliqua Stan.

Un de ces livres traitait de l’occultisme (Dark Dimensions ― « Dimensions obscures »). Un autre s’intitulait Strange Seed ― « Semence étrange », genre de livre qu’on ne s’attend pas à voir provenir d’une maison d’édition appartenant à une église. Un autre, Living Jewish ― « Vie de Juif », fit hausser les sourcils, particulièrement parce que publié par un éditeur financé par une église chrétienne. Ensuite, il y avait un éloge rendu à Elvis Presley, pas très en continuité avec la politique éditoriale de l’église établie de longue date. Un autre livre conseillait les couples non mariés sur la gérance de leurs finances. Il y en avait encore un autre recommandant le mysticisme oriental ! La plupart de ces livres préconisaient un style de vie condamné par l’Église Universelle de Dieu. Mais Stan ne fit pas l’effort de justifier les titres. Il ne fit que rejeter le blâme.

Je le pressai de questions au sujet des premiers articles du Quest, particulièrement sur celui parlant d’un homme ayant eu un enfant d’une truie. C’était l’article le plus obscène et le plus odieux que j’ai jamais lu. Le triste spectacle était entièrement répréhensible. Robert ne pouvait avoir permis cela, spécialement parce que son chef était Herbert Armstrong qui possédait une perception presque divine !

J’interrogeai ensuite Stan à propos de la construction de bâtiments d’églises locales. Comme exemple, je mentionnai l’église de Tulsa (Oklahoma) où quatre cent personnes s’assemblaient dans une salle d’école louée après quasiment vingt ans d’existence en tant que congrégation. Un minuscule pourcentage des revenus provenant de la région y retournait, moins de 15 % ! N’était-il pas souhaitable d’avoir des bâtiments pour les églises locales ? lui demandai-je. N’était-ce pas une meilleure façon de dépenser un peu des énormes revenus alimentant l’église ? Je lui rappelai qu’il avait dit, dans le show télévisé de Tom Snyder à la NBC, que l’église était riche, mais je m’aperçus que la valeur nette totale de la congrégation de Tulsa de la WCG n’atteignait pas 1 000 $. Comment cette contradiction pouvait-elle s’expliquer ?

Il me répondit qu’il avait toujours été en faveur de la construction d’établissements pour les églises locales, qu’il pensait encore qu’on en avait besoin et que cela était possible. Il poursuivit en disant qu’il avait soutenu à maintes reprises l’idée de construire des buildings locaux, mais que cela ne s’était pas concrétisé. Il pensait que Ted avait bloqué le programme quelques années plus tôt. Je répliquai que j’avais toujours cru que Ted était pour le programme de construction de bâtiments locaux. Mais Stan m’assura qu’il ne l’était pas.

Nous discutâmes de l’Église catholique. Il étudiait beaucoup l’histoire de cette église, mais pas sa théologie, je crois, seulement son histoire. Il cherchait ce qui avait fait durer l’Église catholique et ce qui en avait constitué la force. L’unité émanant du leadership du pape l’impressionnait.

L’intérêt de Stan pour l’Église catholique revêtait beaucoup de signification, spécialement en regard de l’influence qu’il exerçait auprès d’HWA. À ce sujet, Floyd Lochner, ami intime de longue date, compagnon de voyage et confident d’Herbert Armstrong, dit qu’il ne peut y avoir de doute quant au fait que Stan mettait littéralement les mots dans la bouche d’Herbert. HWA donnait l’impression d’avoir eu une idée, mais ce n’était pas le cas. En réalité, Stan lui avait soufflé quoi dire.

Ted avait mentionné à plusieurs reprises qu’il était surprenant de voir son père si influençable par son entourage, particulièrement par ceux qui se plaçaient justement en position de l’influencer.

Depuis ce temps, on a cité bien des fois Stan exprimant que l’Église catholique et l’Église Universelle avaient beaucoup de choses en commun. Déclaration plutôt remarquable de la part d’un membre de l’Église Universelle de Dieu, laquelle enseigne que l’Église catholique est la « Grande Prostituée ». Pourquoi Stan voulait-il copier la structure de la « Grande Prostituée » ?

Je demandai à Stan si les salaires des pasteurs seraient augmentés, considérant le haut taux d’inflation. Leurs rémunérations étaient réellement à la traîne à cause de la hausse du coût de la vie. La réaction de Stan fut de dire qu’ils étaient trop nombreux ! Juste accorder une indexation au coût de la vie accaparerait trop d’argent ! Il a pourtant dit de nombreuses fois à la presse que l’église était riche. Ce n’est qu’une des anomalies mises sur le tapis.

Stan promit de travailler sur tous les problèmes et de faire de son mieux pour que tout fonctionne. Il allait faire quelque chose pour arranger la situation de la télévision et voir à ce qu’un programme efficace soit produit. Il avait certaines choses en tête. Et il commencerait à faire quelque chose au sujet des bâtiments d’églises locales.

Nous parlâmes de mon fils John à savoir pourquoi on lui avait enlevé son travail au Wolrdwide News. John avait fondé et construit ce journal sous le patronage de Ted Armstrong et on avait partout considéré qu’il avait réussi à ce poste. Mais il fut sommairement remercié en juin 1978, selon les directives d’HWA et Stan. Je demandai pourquoi à celui-ci.

Stan me répondit qu’il savait que John n’avait pas révisé les articles d’HWA, comme l’avait dit certaines personnes. Il savait que la mise au point avait été faite par Ted et Robert Kuhn. Mais lui et Herbert Armstrong avaient pensé qu’il avait révisé les articles de Ted en janvier de 1978, au moment où HWA entendait reprendre le contrôle total et mettre Ted dehors. John n’avait pas démontré la volonté de travailler pour eux.

Je lui dis que John avait entendu parler, d’aussi loin qu’en Afrique du Sud, qu’il serait congédié et ce, bien avant qu’il le soit effectivement. Était-ce la façon d’agir dans l’église ? Était-ce la bonne manière de gérer le personnel dans l’église ?

Stan répliqua qu’il en était ainsi, et que ça le serait probablement toujours. Il me confia qu’il envisageait qu’Herman Hoeh, éditeur exécutif du Plain Truth, finisse par être en charge des publications.

Ce soir-là, je me rendis chez les Rader pour jouer au bridge. Les Rader sont de bons joueurs. La belle-mère de Stan jouait aussi. Elle joue très fort et adore gagner.

Plus tard, je me rendis parler à Rod Meredith un court moment. Je lui demandai s’il croyait en la doctrine pétrine. Il me répondit que non. Je lui demandai aussi s’il croyait que le message d’Ézéchiel devait être diffusé de manière plus forte. Il me dit que oui. Je lui posai la question à savoir si ce message avait déjà été prêché de façon satisfaisante. Il me répondit que non.

Le lendemain matin, j’étais dans le bureau de Stan peu après huit heures. Nos tasses de café remplies, Stan commença à me parler des avions, en débutant par le premier, lorsque HWA décida qu’il voulait un avion. Stan poursuivit en monopolisant presque toute la conversation. Il semblait croire que c’était très important. Le tout commença lors d’un déjeuner où il était en compagnie d’HWA et de Jim Simpson, chauffeur d’HWA depuis quelques années. Il me dit que Herbert Armstrong donna pour mission à Jim Simpson de lui procurer un avion. Or, Jim Simpson ne connaissait pratiquement rien aux avions. Stan démontrait le modus operandi d’HWA. Il était comme un bébé en forêt. C’était le point qu’amenait Stan.

Il décrivit la première promenade d’HWA en avion nolisé, au-dessus du Texas, et dans lequel Stan était présent ; il empoignait le siège à deux mains tellement il avait peur. Stan se pencha et répéta par deux fois : « Je connais mon homme. Je connais mon homme. »

« Stan, je sais que vous le connaissez, » répliquai-je. « Vous n’avez pas à m’en convaincre. »

Puis, il entra dans une série d’explications de tous les arrangements financiers tels qu’il les concevait. Ce fut toute une histoire. J’eux le sentiment que, si HWA était un bébé perdu en forêt en ce qui a trait aux avions et aux finances, on devait alors se demander dans combien d’autres domaines il était déficient. N’était-ce pas une excellente opportunité pour quelqu’un comme Stan de s’attacher à lui pour en tirer profit ?

Je n’essayai pas de parler théologie avec Stan, sauf de manière toute superficielle. J’eus la nette impression qu’il convoitait fortement l’ordination. Je n’étais pas sûr de savoir pourquoi, si ce n’est qu’il pensait cela nécessaire afin d’hériter des pleins pouvoirs sur l’église, dans lequel cas il avait besoin de l’ordination. Je ne sais pas s’il avait une autre raison. Il y avait peut-être aussi des raisons émotives. Qui sait ?

Je pensais que les chances étaient que Stan mettrait de l’ordre dans certaines affaires qui fonctionnaient mal pour que l’église puisse poursuivre sa mission historique, plusieurs problèmes du passé en moins. Peut-être HWA allait-il maintenant demeurer chez lui et se montrer sage. Je croyais qu’il y avait des chances pour que Dieu prenne les choses en main et qu’Il souderait ensemble ce qui devait être soudé, et que Stan aurait peut-être lui-même sa place dans le plan. En d’autres mots, je ne considérais pas nos conversations comme entièrement négatives. Qui sait ce qui se serait passé si les batailles juridiques n’avaient pas débuté quelques deux mois plus tard ? Stan aurait pu être orienté par des hommes ordonnés vers le chemin de la véritable vie chrétienne. Mais nous ne le saurons jamais.

Je quittai son bureau pour aller parler avec Leon Walker, depuis longtemps membre de la Faculté de théologie des Collèges Ambassadeurs, à Bricket Wood, en Angleterre, et à Big Sandy, au Texas. Leon enseignait maintenant au collège de Pasadena. Il ne croyait pas non plus à la doctrine pétrine. Il s’en gardait bien.

Quelques semaines plus tard arriva la tragédie de Jonestown, en Amérique du Sud. La vision de tous ces cadavres en décomposition étendus là, sous le soleil tropical, va rester dans la mémoire des Américains pendant un bon bout de temps. On y voyait les témoins muets de l’erreur d’un leader religieux autoritaire qui déclarait être le seul à détenir les réponses, se posant lui-même comme « l’autorité ». On ne l’avertira plus d’avoir développé le « complexe de Dieu ». Il avait perdu contact avec la réalité. L’affaire la plus triste dans tout ça, c’est qu’il en a entraîné d’autres avec lui. Ce fut son monument ― tous ces corps dont les possesseurs ont trop bu de « Kool-Aid ». Ceux qui ne se mettent pas à réfléchir par eux –mêmes sont condamnés à l’exploitation. Le fait que le « Temple du Peuple » ait pris racines dans l’État de la Californie, là où s’épanouissent de nombreuses religions étranges, a incité le gouvernement étatique à l’action. Bien des gens souhaitèrent que le gouvernement de la Californie réussisse s’il faisait son travail comme il faut.

Pendant ce temps, aucun mécanisme ne fut mis en branle pour purger l’Église de Dieu. (Il n’y en a jamais eu.) Dieu laisse la responsabilité aux individus de suivre Ses lois. Quand elles sont violées, les pénalités sont lourdes.

Herbert Armstrong n’écouta aucune réprimande, aucune correction. Il n’écouta personne, si ce n’est Stan Rader. Et Stan semblait n’avoir que peu d’intérêt à corriger les choses que les hommes ordonnés voulaient voir changer.

J’inclus dans ce chapitre un échange de lettres entre Stan Rader et moi-même autour de décembre. Je crois qu’elles sont fort explicites. Cet échange arriva peu après nos conversations et peu avant les événements capitaux de janvier 1979.

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(Entête de la Worldwide Church of God)

28 novembre 1978

Stanley R. Rader

Worldwide Church of God

300, West Green Street

Pasadena, Calif. 91123

Cher Monsieur Rader,

J’ai appris de part et d’autre que vous preniez un rôle quotidien actif dans la gérance de l’Œuvre en jetant un regard approfondi sur diverses pratiques et en essayant de faire avancer l’organisation. J’applaudis, plus que vous ne pensez, à tout effort visant à mettre de l’ordre dans ce qui est devenu une bureaucratie hypertrophiée. L’Œuvre est remplie de bonnes et décentes gens, dévoués et talentueux qui n’attendent que d’être émancipés et qu’on leur permette de contribuer.

Toutefois, je sais que Rome ne s’est pas faite en un jour et que nous ne pouvons espérer corriger tous les maux en quelques jours ou quelques mois. Je réalise aussi qu’il ne vous est sans doute pas possible d’être au courant de ce qui se passe dans tous les secteurs de l’organisation ; cependant, je demande à ce que vous révisiez une politique que vous ne connaissez peut-être pas.

Selon un mémoire du 17 novembre, les ministres seront logés par les membres de l’église locale durant la période du congrès ; l’on s’attend à ce qu’ils prennent la plupart de leurs repas dans la faculté étudiante et, si c’est absolument nécessaire, quatre personnes devront partager une même voiture louée. Je suis conscient que cette pratique prévaut depuis quelques années et précède votre administration. Ma répugnance envers cette coutume date de quelques années, donc, comprenez bien que cela n’est dirigé contre personne en particulier.

Combien en coûterait-il de loger les ministres et leurs épouses dans des hôtels ? Au fil des ans, j’ai eu maintes occasions d’entendre des plaintes justifiées. Je pourrais ajouter que des ministres, coincés chez des membres bien intentionnés qui n’étaient pas équipés pour recevoir des invités, étaient continuellement forcés de quémander du transport.

Je sais qu’il n’est pas dans les manières de M. Armstrong d’être pingre et mesquin avec ses employés. Il a plutôt pour tradition d’envoyer ses principaux serviteurs en première classe. Même les étudiants du Collège Ambassadeur ont navigué sur l’Atlantique en première classe et ont été accueillis en Rolls Royce. Et ce alors que l’Œuvre était encore petite et désargentée. À la télévision nationale, vous avez parlé de la richesse de l’église. Est-il inapproprié de suggérer que les ministres du Dieu Vivant méritent au moins le Holiday Inn ?

Affirmer que non et qu’ils ne méritent que d’être casés chez un membre local pourrait être interprété comme donnant l’impression qu’ils ne sont pas dignes de leur embauche, qu’ils ne sont que des employés de seconde ordre, qu’il est permis de museler le bœuf qui piétine le grain, que les anciens qui font un bon travail ne sont pas dignes d’une double rémunération.

La dépense additionnelle dont nous parlons, 50 000 $, est une bagatelle à l’heure actuelle. Il est important que des ministres qui oeuvrent dans des congrégations locales qui génèrent 100 000 $, 200 000 $ ou 300 000 $ par année, et qui maintiennent le statu quo en regard des 15 % à 20 % qui reviennent en région, se voient accorder autant de dignité que le permet la politique corporative pour les employés du domaine tertiaire de la presse, du collège ou des départements de la construction. Si nous regardons les choses d’un point de vue strictement d’affaires, prenez en considération la valeur économique d’un pasteur capable, pendant de longues heures de conseils personnels, d’encourager un membre au revenu modeste de rester un payeur de dîmes de l’Église. Sans doute un homme dans cette position mérite-t-il une chambre d’hôtel pendant les quelques jours du congrès annuel de son église.

Évidemment, l’allocation alimentaire (25 $ par personne pour quatre jours) est absurde. Je sais qu’un homme comme vous, ayant beaucoup voyagé et avec une certaine expérience culinaire, ne condamnera pas quelqu’un pour ne pas se sentir très excité à l’idée de prendre tous ses repas avec les élèves dans la cafétéria étudiante.

Je ne connais aucun ministre qui s’attende à voyager au congrès en première classe dans un avion gros-porteur, être accueilli en limousine à l’aéroport de Los Angeles, séjourner dans un hôtel luxueux tout neuf, être conduit partout par un chauffeur, boire du Dom Pérignon au dîner et manger chaque soir au La Scala. Toutefois, des arrangements hôteliers honnêtes, des allocations alimentaires raisonnables et une voiture sous-compacte louée ne me semblent pas du tout prétentieux pour une église riche désirant offrir un minimum de reconnaissance envers son ministère qui essuie des moments tempétueux.

Je ne réclame pas ces choses pour moi, car je n’ai nullement l’intention de demeurer chez un membre ni manger tous mes repas dans le centre étudiant. Je compte absorber tous les coûts personnellement, si nécessaire. Mais je me doute qu’après réflexion, vous serez d’accord pour dire que, si l’on tient à entretenir une mentalité de pacotille, que ce soit dans d’autres domaines de l’Œuvre que celle-là.

Merci de m’avoir invité à passer mes commentaires. S’il vous plaît, veuillez les accepter dans l’esprit par lequel ils sont offerts.

Sincèrement,

John Robinson

 

cc. : Dean Blackwell

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(Entête de la Worldwide Church of God)

13 novembre 1978

David R. Robinson

5006, Hudson Sud

Tulsa, OK  74135

Cher Dave,

Vous trouverez ci-incluse la copie d’une lettre que j’ai reçue de John.

Après lecture, je crois que vous pourrez assurément voir que la véritable attitude de John y transpire.

Comme je vous l’ai dit auparavant, il avait été transféré en raison de ce qu’il rédigeait continuellement les écrits de M. Herbert Armstrong.

De même, en lisant cette lettre de John, on se rend compte qu’il n’est pas un très bon reporter. La raison pour laquelle je dis cela, c’est qu’un bon reporter aurait fait des recherches et aurait trouvé que je n’avais rien à voir avec les arrangements en vue du congrès ministériel.

J’ai seulement pensé que vous aimeriez lire cette lettre pour voir ce qu’il ressent face à la manière dont les choses se font à Pasadena.

Dans l’espérance de vous voir à la prochaine conférence en janvier.

A votre bon souvenir,

Stan Rader

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(Entête de la Worldwide Church of God)

20 décembre 1978

Stanley Rader

Ambassador College

Pasadena, Californie  91123

Cher Stan,

Premièrement, j’aimerais vous exprimer toute ma reconnaissance pour tout le temps que vous avez passé en ma compagnie, ici au Texas et ensuite là-bas à Pasadena. Je sais que vous êtes fort occupé et je considère à mon avantage votre générosité, car avoir passé du temps avec vous m’a beaucoup aidé à avoir un aperçu des rouages de l’église et des domaines y étant reliés. Je me suis senti confortable dans nos discussions et je crois que nous étions plutôt sincères quoique, bien sûr, il y ait eu quelques points de divergences. Mais il en est toujours ainsi, la variété étant nécessaire à l’enrichissement des espèces !

Je suis revenu en Oklahoma avec des sentiments considérablement meilleurs concernant certains événements récents ayant causé des soucis à de nombreuses personnes ― événements largement publicisés. Il m’a semblé que nous avions beaucoup de points philosophiques en commun ― certainement assez pour entamer des actions concertées.

J’ai trouvé votre maîtrise de sujets tels que l’histoire, le gouvernement, la philosophie, l’histoire de l’église et autres domaines connexes assez remarquable, et j’ai pu juger que votre mémoire est excellente. Nous ne sommes pas beaucoup entrés dans la théologie, et je fus donc incapable d’en arriver à me faire une opinion ferme. Mais j’en suis venu à croire que vous avez un excellent esprit d’organisation et je puis voir aisément pourquoi l’on doit rechercher votre avis.

L’on voit évidemment pourquoi M. Armstrong trouve vos conseils de si grande valeur, peut-être même des plus nécessaires. Sans doute que l’un des services, et non pas des moindres, que vous rendez à M. Armstrong, est l’art de la conversation intelligente. C’est un art que l’on ne rencontre plus très souvent de nos jours.

Cependant, lorsque m’arriva votre lettre, l’autre jour, ce fut un choc. Bien qu’elle n’était pas une critique directe envers moi, le contenu et le ton l’étaient de façon notable à l’endroit de mon fils aîné. J’ai laissé passer quelques jours, puis j’ai lu sa lettre très soigneusement, non pas une, mais plusieurs fois, et toujours avec la même conclusion.

John m’avait appelé et m’avait lu sa lettre avant de vous l’envoyer. Même si j’avais écrit une lettre sur le même sujet et que je n’aurais probablement pas inclus le paragraphe référant aux avantages contractuels, ceux-ci avaient certainement rapport au sujet. Je suggérai d’abord de raturer cette partie, puis de l’atténuer en un assentiment modéré, considérant que cela aurait un important impact sur la direction que prendrait la lutte.

J’ai vérifié les tarifs aériens et j’ai découvert qu’en partant le samedi soir et en revenant le jeudi soir, je pouvais sauver environ 66 $. Margaret n’avait pas l’intention de venir, donc, je conçus un plan pour conserver les économies faites sur les billets et les transférer à la facture d’hôtel.

À mon âge, je trouve des plus difficiles de demeurer avec des étrangers dans un espace restreint. À la lumière de nos autres pratiques, je crois cette méthode irréaliste. Grâce à l’expérience accumulée dans plusieurs autres domaines de l’œuvre (expérience que John possède aussi), il m’a semblé ardu de concilier cette procédure avec celles des autres facettes.

J’appelai Ted Herlofson en lui demandant, dans les circonstances, de permettre que les économies faites sur les billets soient appliquées à la facture d’hôtel. Je fus troublé par sa réaction ferme et négative. Je crois fortement, Stan, que si cela était arrivé à M. Armstrong ou à vous-même, que tous les deux vous en auriez aussi été troublés !

Ce que j’ai réellement eu comme impression, concernant la lettre de John, c’est qu’elle n’avait certainement rien de personnel, mais qu’elle vous ouvrait plutôt une opportunité remarquable. Ici, en ces temps de transition où vous vous impliquez vous-même très fortement, vous aviez l’occasion unique de corriger un problème de longue date et archaïque et dont on vous aurait octroyé tout le crédit de la solution ― une commodité à valeur incalculable pour les mois à venir.

De mes propres oreilles, et à de nombreuses reprises au cours des années qu’il a passées à travailler pour le Worldwide News, j’ai entendu John prendre ardemment pour vous, Stan, et ce dans des domaines où il fallait passablement de courage pour le faire. Vous mentionnez dans votre lettre que vous m’aviez « dit auparavant qu’il avait été transféré en raison de ce qu’il révisait continuellement les écrits de M. Herbert Armstrong ». Ce que vous m’aviez dit, c’est que vous et M. Armstrong saviez que John ne révisait pas le travail de M. Armstrong, mais que c’étaient Ted et Robert Kuhn qui le faisaient. J’ai dit que John ne l’avait jamais fait. Ce sur quoi nous avons eu une vive et courte discussion, c’est que John n’avait pas révisé le Personal (éditorial) de Ted dans le numéro sorti au moment de la conférence de l’année dernière. Vous aviez le sentiment qu’il aurait dû le faire ― lui, qu’il ne devait pas.

Stan, vous m’aviez promis, au moment où j’ai quitté votre bureau, au début du mois passé, que vous appelleriez John au téléphone et que vous parleriez de tout cela. Et, Stan, vous n’avez pas appelé.

Quant à la pauvre qualité du reportage de John, je ne fais que suggérer que vous me lisiez votre lettre et que je vous lise celle de John, ensemble. Vous l’avez sûrement dictée par téléphone sans prendre la peine de la réviser. John ne sous-entend nulle part que vous ayez quoi que ce soit à voir avec les arrangements pour le congrès, mais il suggère que votre influence positive pourrait corriger le problème ― un compliment à votre égard, à ce qu’il me semble.

Stan, nous sommes encore tous hypersensibles à l’heure actuelle et nous devons pratiquer les vertus chrétiennes beaucoup plus que nous le faisons. Nous avons besoin de miséricorde, de patience, de tolérance et de gentillesse. Rappelez-vous ce que vous avez dit dans votre courte allocution à la conférence de l’an dernier. Je crois que ces conseils sont encore bons. L’administration au sein d’une organisation chrétienne réclame une telle gentillesse. Je sais que vous en êtes capable.

Sincèrement,

Dave

P.S. : J’espère vous voir en janvier et vous parler de votre livre au sujet du roi Léopold.

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[1] N. du T. : Il est normal que Stanley Rader, 33e degré franc-maçon juif, ait raisonné de cette manière étant donné la facture juive de la Révolution bolchevique. On n’a qu’à lire Les Protocoles des Sages de Sion pour savoir les raisons de cette révolution.

[2] N. du T. : Il fut prouvé par la suite que cette doctrine de l’Anglo-israélisme était fausse et ne reposait sur aucune prophétie biblique. Il s’agit d’une théorie créée au sein des sociétés secrètes de Grande-Bretagne, principalement promulguée par la Round Table de Cecil Rhodes, riche diamantaire financé par la Maison Rothschild. Herbert Armstrong n’a fait que copier ce qu’il avait lu dans un livre édité en 1902, Judah’s Sceptre and Joseph’s Birthright (Le sceptre de Juda et le droit d’aînesse de Joseph) écrit par J. H. Allen.

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