D.215 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 17

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Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

Chapitre 16

RODERICK MEREDITH ― PAS FIABLE

 

Rod Meredith et Raymond McNair me parlèrent pour la dernière fois le 29 mai de la fatidique année 1979. Rod avait insisté pour que j’aille au collège à Pasadena un an ou peut-être deux. Lui et Raymond m’avaient promis, en janvier, d’être mes amis et que l’on ne me traiterait pas mal à Pasadena. Toutefois, lorsque l’année scolaire eut pris fin, ou juste après cela, il n’était plus en fonction. C’est exactement ce dont je l’avais averti.

Rod avait parti l’histoire que j’étais relevé de mon pastorat à Tulsa pour question de santé. Il avait son homme en place à Tulsa pour répandre cette rumeur alors que nous savions tous que c’était faux. Je fus relevé parce que je ne supportais pas la corruption au sein de l’église et les mensonges d’Herbert Armstrong. Et je ne soutenais certainement pas les manifestations qu’organisait l’église sous la direction de Stan Rader. Je n’aurais pu supporter tant d’hypocrisie. Mais Rod croyait que ce genre de conduite allait bientôt prendre fin et que les choses allaient s’améliorer. Je l’espérais grandement et j’éprouvais encore bien des sentiments pour l’église que j’avais soutenue si longtemps. Je ne voulais pas la quitter ou en être chassé. J’y avais beaucoup d’amis et de relations. Je ne savais pas encore toute la profondeur de l’apostasie d’Herbert Armstrong. Il me restait à la trouver. Par conséquent, je suggérai à Rod de m’envoyer à une église relativement petite, au Texas, et je pensai qu’il était d’accord. Il me dit qu’il en parlerait à Herbert Armstrong et qu’il m’en donnerait des nouvelles bientôt.

Je lui montrai la liste des huit pasteurs que l’église de Tulsa avait eus en presque vingt ans de son histoire. Des huit, tous sauf deux furent enlevés de leur ministère. Des deux, un était presque parti et avait quitté depuis. Et Rod y a toujours là son « outil » local prêt à saccager les gens de l’église. Comment peut-il expliquer ce genre de conduite ? En tout cas, à cet instant-là, il fut touché. Il promit de faire quelque chose, peut-être ce que je lui avais demandé.

Plus tard, au moment où il aurait dû appeler (mais il ne le fit pas), je lui téléphonai pour m’apercevoir qu’il n’avait rien fait de ce qu’il m’avait promis. Quelques jours plus tard, je découvris qu’il avait planifié de me placer à Denver en tant qu’associé. Je refusai carrément. Le temps passa et je décidai d’aller à Tucson pour parler à Herbert Armstrong. Je ne regretterai jamais de l’avoir fait, car le véritable état des choses s’y trouvait dans toute son évidence. Je pus dès lors partir la conscience entièrement nette.

Ceux qui maniaient le couperet ont depuis été licenciés. En tout cas, la plupart. Les autres ne perdent rien pour attendre. Leur temps viendra. C’est dans la nature de ce jeu-là.

Lorsque j’entendis parler de l’excommunication de Rod, peu après la Fête de 1979, je n’en fus nullement surpris. Herbert Armstrong prétendit qu’il s’agissait de « vacances ». Rod devait aller à Hawaï pendant six mois, car il avait travaillé trop fort pendant tellement longtemps qu’il avait besoin de recharger ses batteries, physiquement et spirituellement. Mais il ne devait pas contacter ou communiquer d’aucune façon avec quelque membre de l’église que ce soit ou assister aux assemblées pendant six mois. Il avait été excommunié, c’est-à-dire qu’il lui était interdit de communiquer. Il ne pouvait fraterniser non plus. C’est la même chose. Il avait été excommunié, mais pas encore marqué ! On avait érigé un écran de fumée pour cacher quelque chose ― écran érigé par Herbert Armstrong lui-même. Il devait maintenant mentir plus fréquemment pour couvrir ses opérations clandestines. Ça devenait à chaque fois plus facile. La première chose que l’on sût ensuite, c’est que Dennis Luker, fait évangéliste en janvier, fut envoyé paître une petite église en quelque part. Burk McNair, lui aussi fait évangéliste en janvier, connut le même sort. Les héros de janvier étaient devenus les vilains de l’automne ! Ils avaient licencié les autres ; maintenant, c’était leur tour. Une si courte période de gloire ! On récolte ce que l’on sème ! Ceux qui les utilisent comme des pantins doivent pouffer de rire quand ils examinent avec quelle facilité ces gens-là ont été manipulés.

Je clos ce chapitre sur Rod par la dernière lettre que je lui ai écrite, datée du 19 septembre 1979 :

Le 19 septembre 1979

« Roderick C. Meredith

Collège Ambassadeur

300 O., Green Street

Pasadena, Californie  91123

« Cher Rod,

« Plusieurs semaines se sont passées depuis votre dernière lettre. Je crois que ça a été une de vos dernières actions officielles en tant que Directeur de l’Administration Pastorale avant d’avoir été “shanghaïé” une autre fois ! Je pense que vous et Wayne Cole êtes les deux seuls qui, à ce poste, avez été “shanghaïés” deux fois.

« Rod, pour que tous le constatent, je voulais revoir ce qui est arrivé ces derniers mois, particulièrement les événements vus selon ma perspective stratégique. Il y a eu beaucoup de tourments parmi les ministres de l’église, partout au pays et, j’en suis sûr, partout dans le monde, alors que ça bouillait. Évidemment, ils sont encore tourmentés et le seront tant que le péché ne sera pas lavé au sommet.

« Durant les dix ans que j’ai été à l’emploi de l’Église Universelle, la plupart des ministres et des employés que j’ai connus ont parlé en mal de vous. Je me rappelle avec netteté la jubilation absolue et sans borne exprimée en toute liberté par bon nombre d’hommes respectés dans l’église lorsque vous avez été “shanghaïé” pour la première fois. Je pourrais commencer à donner des noms, ce qui vous choquerait, j’en suis certain. Je fus un des seuls à prendre pour vous dans la mesure du possible. Votre poste en tant que surintendant des ministres, comme on appelait ça alors, je crois, était considéré comme un cauchemar. Pendant que vous officiiez durant les années de croissance, la majorité des gens que je connais ne vous en donnaient que peu de crédit. Presque tout le monde de ma connaissance, que ce soit de vos anciens amis, ou encore des adversaires actuels, se souvient des choses indélicates et terribles que vous avez faites. Sans exception, du moins chez ceux que je connais, tous vous supposent une soif sans borne de pouvoir et vous mettent sur la liste de ceux qui sont prêts à payer n’importe quel prix pour gagner ce pouvoir. Pendant bon nombre des dernières années, j’ai cru que vous possédiez des principes que vous ne vouliez pas violer. Beaucoup d’hommes d’expérience dans l’église m’ont convaincu de mon erreur. Les événements ont démontré que j’avais tort et qu’ils avaient raison.

« On a beaucoup cité M. Armstrong ayant dit de vous que vous étiez “si juste que vous en deveniez injuste”. On vous a également cité pour avoir dit de vous-même que vous vouliez faire le travail d’un “Phinées” dans l’église. Vous vouliez être celui qui transperce d’une lance le ventre du chef des fornicateurs de l’église et de sa petite amie. Vous aviez envie d’être le bras vengeur de l’église et le faire avec grand zèle.

« Eh bien, Rod, il semble que votre tâche ― assignée par vous-même ― soit loin d’être complétée. Vous ne devriez pas laisser les obstacles vous ralentir. Il reste trop à faire.

« L’ange de la mort ne doit pas se reposer. Ce n’est pas le temps de prendre des vacances. Vous devez rapidement saisir l’épée et foncer. Il reste si peu de temps.

« Pendant l’infinie agonie des événements de la dernière année, quand régnait tant de confusion, Rod, je m’agitais et je me retournais dans mon lit, une nuit après l’autre, comme beaucoup qui, face à Dieu, portent la responsabilité de nombreuses gens, et je croyais que la seule solution que je voyais à l’horizon de notre institution, c’était l’exercice de votre grand pouvoir. J’ai dit à bien des gens que c’était la seule solution que je pouvais voir à l’époque. Il y avait bien des raisons d’y croire lors de ces terribles mois. Une de ces raisons, et pas la moindre, c’était le grand espoir que le message à livrer à l’Israël de notre époque serait prêché avec puissance, si vous aviez votre mot à dire, parce que je pensais que vous croyiez réellement à ce message, et j’espérais que vous y croiriez davantage que vous aviez soif de pouvoir personnel. Je pensais aussi que vous vous soucieriez profondément de la Mission d’Élie de ramener le cœur des pères vers leurs enfants et le cœur des enfants vers leurs pères. M. Armstrong et Stan Rader ne le faisaient absolument pas et ne semblaient pas enclins à l’accomplir.

« Je pensais que ces choses étaient une priorité dans votre esprit. Peu m’importait que les autres me disent que la priorité de votre esprit, c’était de retrouver le pouvoir personnel pour l’appliquer à vos propres fins.

« Voilà où j’en étais quand, en novembre de 1978, je pris le temps de me rendre à votre bureau, quoique seulement brièvement. Vous m’aviez déjà dit au téléphone que vous n’étiez pas pour ce non-sens qu’est la doctrine pétrine. Je sais que l’instructeur de longue date des épîtres de Paul, l’honnête étudiant de la Bible que vous êtes, instruit de la vérité pendant tant d’années, ne pouvait qu’être offensé par la mouvance de la doctrine pétrine en provenance de Tucson.

« Je vous ai dit que vous auriez dû faire les efforts nécessaires pour mieux connaître Stan Rader, car la vie est ainsi faite qu’il sera présent tant que vivra M. Armstrong.

« Puis, quand les événements prirent une tournure inattendue, et très dangereuse, vous avez plongé d’un air décidé et à un moment très critique. Lorsque je vous ai parlé ensuite au téléphone, vous avez semblé déconcerté que je ne jubile pas. Mais je savais, en autant que faire se peut, que vous aviez fait le saut au détriment de l’église. On vous utilisait, et de manière fort temporaire. Comme vous le savez, je vous en ai toujours averti.

« Pendant la crise de 1979, il n’était pas question “des conservateurs vs les libéraux”. Durant plusieurs mois, cette question n’était que de la poudre aux yeux. Les gens bien informés en étaient fort au courant. Bien des gens pensaient que vous en saviez plus aussi, et vous auriez dû, sauf que votre soif de pouvoir vous aveuglait. Qu’il aurait donc été préférable de laisser les événements suivre leur cours normal pour être ensuite en position de faire vraiment du bien. Maintenant, le frère est tourné contre le frère et le ministre contre le ministre, et pour quel résultat ? Vous êtes en train de devenir un homme sans honneur et sans respect, alors qu’il aurait pu en être tout autrement. Et parce que vous avez été sans miséricorde, la promesse du véritable Chef de l’Église, c’est que vous n’en bénéficierez pas vous-même. Ceux qui vivent par l’épée meurent par l’épée. Qu’allez-vous faire, maintenant ?

« Au début de juillet de cette année, j’ai lu un long mémo écrit par Robert Kuhn vous étant adressé, datant d’une couple d’années. Robert vous prenait sérieusement à partie à cause de votre lourde conspiration contre le “Gouvernement de Dieu”. Car, si nous avons eu le témoignage du “gouvernement de Dieu” lors des premiers mois de cette année, alors que vous étiez au “pouvoir”, Rod, qu’est-ce qui nous dit qu’auparavant, ce n’était pas le gouvernement de Dieu ? Qui peut dire quand il commence et quand il se termine ?

« Votre grossière conspiration était connue dans tout le ministère de l’église, principalement parce que vous n’y alliez pas avec le dos de la cuillère dans votre entreprise. Évidemment, ça se faisait au nom du conservatisme. Et il y avait sûrement des raisons aux changements devenus plus évidents qu’avant. Mais ce qui est également apparu, c’est l’ampleur de l’offense de ceux au nom de qui vous prétendiez opérer.

« Maintenant, Rod, vous devez vivre avec vous-même ― avec plus de connaissance que vous n’en avez jamais eue. Dans votre office de Phinées, en matière de jugement, vous avez ordre de ne pas faire acception de personne. L’Ange de la Mort pourrait ne pas retenir sa main avant que la mission ne soit complétée ! »

Sincèrement,

(Signature)

David Robinson

(Le lecteur comprendra que le terme Ange de la Mort est employé de manière ironique. L’on voudra bien lire ce qui se rapporte à Phinées dans Nombre 25.)

[Fin de la lettre]

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