D.218 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 20

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Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

 

Chapitre 19

FACE À FACE AVEC

HERBERT ARMSTRONG

 

À la fin de mai, je déclarai à Rod Meredith et à Raymond McNair qu’il était probablement temps pour moi de parler personnellement à HWA. Même s’ils ne semblèrent pas très enthousiasmés par ce projet, ils ne l’ont pas découragé non plus. Puisque Rod avait échoué à se rendre jusqu’au bout, j’eus le sentiment, après nos discussions, que je devais faire l’effort de parler à Herbert Armstrong à Tucson. La plupart de ceux avec qui j’en parlai pensèrent qu’il s’agissait d’une bonne idée. Toutefois, ils reconnurent tous le risque qu’il y avait à en appeler à un homme nourri d’informations tendancieuses. On comparait cela à jeter les dés à Las Vegas. Qui sait ce qu’ils donneront ? Au cas où les choses deviendraient critiques, j’ai toujours voulu être capable de dire que j’avais fait l’effort ― que j’étais allé jusqu’au bout. Je résolus donc de m’y rendre, si j’obtenais un rendez-vous.

J’étais alors en visite à Big Sandy et, à partir de là, je décidai de prendre la route. Lundi le 2 juillet, je roulai jusqu’à Arlington et passai la soirée avec mon fils John. La pénurie de gazoline était à son plus haut niveau, occasionnant de longues files d’attente partout. Étant donné que l’approvisionnement en gazoline était incertain, je décidai de prendre l’avion à mes frais. J’appelai à la résidence d’HWA le mardi. Rona Martin, la cuisinière noire, répondit au téléphone. Elle me fit savoir qu’HWA était en conférence et me suggéra de rappeler dans deux heures, ce qui nous amenait à 16h00, heure de Tucson. C’est ce que je fis. HWA me parla quelques minutes et il était d’avis que je m’envole le lendemain, mercredi le 4 juillet. Il pensa d’abord qu’il serait occupé à regarder une émission spéciale à la télé, mais il décida ensuite que nous allions de l’avant et que nous parlions. Je lui dis que si le jeudi faisait plus son affaire, je n’y voyais pas d’inconvénient. Mais il répéta que le lendemain serait le mieux. Il voulut savoir quand j’arriverais afin de m’envoyer Mel me prendre à l’aéroport. Je lui dis que je n’avais pas encore fait de réservation, mais je croyais y être en milieu d’après-midi.

Je partis de Dallas/Ft. Worth le lendemain matin par un vol américain qui atterrit à Tucson à 10h50. C’était considérablement plus tôt que ce que j’avais indiqué la veille au téléphone. Les vols de départ et d’arrivée à Tucson sont tels qu’on ne peut se montrer sélectif et l’on doit prendre ce qui est disponible. J’étais prêt à attendre à l’aéroport jusqu’à l’après-midi s’il le fallait. À l’arrivée, j’appelai à la demeure Armstrong et Rona Martin me mit en contact avec Ramona Armstrong, l’épouse d’HWA. Elle fut tout sauf amicale au téléphone. Parler à cette femme, c’était comme s’adresser à un iceberg. Avec un ton sinistre, elle m’avisa que son mari ne serait pas en mesure de me recevoir avant deux heures et demie. Je lui dis que j’attendrais à l’aéroport.

J’achetai un livre de poche pour m’occuper pendant la longue attente. Il y a toujours une certaine valeur de divertissement à passer du temps dans un aéroport achalandé. Les gens qui vont et viennent sont intéressants à observer. En usant de son imagination, on peut deviner les antécédents, les destinations, les relations et les liens d’affaires des gens rencontrés dans une halte. À Tucson, on peut découvrir ceux qui pourraient bien avoir des liens avec un gang criminel. Il y en avait de passage cette journée-là qui auraient très bien pu jouer ce genre de rôle dans un film d’Hollywood.

Peu après 13h00, je fus appelé par un message du kiosque d’information. Je devais rencontrer Mel à la section Hugues Air ouest, au niveau supérieur, à 13h50.

Mel fut à l’heure exacte. Arrivé dans la limousine Cadillac bleu foncé 1977 d’HWA, il en surgit en vrai pro, fit le tour et ouvrit la porte arrière pour que j’y pénètre.

Je lui dis : « Mel, vous savez que je suis moi-même un ancien employé du département des transports et, si ça ne vous fait rien, je préférerais m’installer à l’avant où il nous sera plus facile de converser. » Il me dit que le choix m’appartenait. Nous eûmes une excellente conversation sur la route. Le siège avant de cette limousine est très étroit afin de donner plus d’espace à l’arrière. Autrement, c’est très bien. Pendant les trente minutes de route, Mel me parla des intérêts de la Maffia dans la ville et que, parfois, les gens lui jettent un coup d’œil dans la grosse voiture comme s’il était un chauffeur de la maffia. Il dit qu’il y avait un certain nombre de limousines Cadillac blanches en ville, mais très peu de foncées.

Mel me dit qu’il était en train de lire de la littérature politique de droite qui lui avait été donnée par quelques membres de l’église qui avaient ces tendances. Il venait de terminer Personne n’ose l’appeler conspiration et il était très inquiet de la loyauté d’Henry Kissinger. Il était sûr que Kissinger était agent double.

Nous roulâmes pendant des milles au travers de maisons d’adobe à toit plat. L’influence mexicaine est très évidente dans l’architecture locale. Mel me dit que la population de Tucson était maintenant d’environ un demi million de gens et qu’elle croissait rapidement. Il m’expliqua l’infiltration d’eau de la région, les systèmes d’eau pour les cités de l’Arizona et les plans d’avenir en ce qui a trait à l’eau. Bien sûr, l’eau est un sujet crucial en Arizona. Mel semblait très renseigné sur la question.

Nous arrivâmes à la résidence d’HWA qui possède une courte entrée circulaire juste en face de la porte avant. La maison a un toit plat et est à adobe, comme les maisons du secteur. Elle ne semblait pas prétentieuse. En tout cas, pas de l’extérieur.

Mel sonna à la porte et Henry Cornwall ouvrit. Je ne l’avais pas vu depuis novembre de l’année précédente et je fus un peu surpris de lui voir une courte barbe sur tout le visage. Je ne pus m’empêcher de me demander s’il utilisait quelque chose pour la foncer, car Henry est assez âgé pour avoir passablement de gris dans la barbe.

En marchant dans le salon, j’entraperçus le médecin d’HWA, Patterson, alors qu’il sortait de la chambre. Patterson est un personnage très effacé dans le foyer Armstrong. On peut se poser des questions sur l’incongruité d’avoir un médecin en permanence quand on est le seul « apôtre du vingtième siècle » et que l’on enseigne la guérison divine pour les autres et que la médecine est un grand mal. En tout cas, Patterson fila.

Henry m’invita à m’asseoir et nous débutâmes une conversation intéressante pendant les quinze minutes ou à peu près précédant l’arrivée d’HWA. (J’avais entendu HWA au téléphone, pendant que nous approchions de la porte avant. Sa voix porte loin, comme vous le savez, et elle provenait de la fenêtre de sa chambre.)

La porte d’entrée donne directement sur le salon qui est à deux niveaux. Il y avait un grand piano à la droite, au niveau inférieur. Puis, juste en face de la chambre à partir de l’entrée principale, on voyait une très grande fenêtre panoramique donnant sur le jardin. Dans le salon, on pouvait remarquer un divan faisant face au piano et des fauteuils à chaque bout du divan. Henry s’assit dans le fauteuil faisant dos à la fenêtre panoramique et je m’assis dans l’autre. Nous bavardâmes de Houston, de Tulsa et de leur positionnement respectif dans les affaires pétrolières. Henry semblait en savoir plus sur Houston que sur Tulsa. Nous parlâmes de généralités à propos des affaires bancaires et pétrolières.

Pour ceux qui peuvent ne pas savoir qui est Henry Cornwall, je devrais peut-être décrire un peu ses antécédents. J’ai pour information qu’il n’est pas membre de l’église et qu’il ne l’a jamais été. C’est un comptable agréé et il fut étroitement associé à Stan Rader pendant de nombreuses années. Il a été l’éditeur du Media File, une éphémère publication sortie dans les deniers mois de 1977. On cita plus tard Stan Rader dans le Forum du Worldwide News qui avait dit qu’il n’avait fallu que peu de temps à Henry Corwall pour assommer Ron Dart au moyen du Media File. Rappelez-vous que Ron Dart était le Directeur de l’Administration Pastorale de l’église et qu’Henry n’était même pas membre. Henry fut impliqué dans diverses activités budgétaires au sein de corporations reliées à l’église, occupant en fait, une grande partie du temps, une position interne que n’appréciait aucun membre de l’église. Il fut toujours très près de l’argent et, si je comprends bien, avait eu à sa garde le très secret registre du personnel cadre. La première fois que j’ai vu Henry, c’est quand il vint à Big Sandy pour travailler sur les budgets départementaux, il y a cinq ans.

Stan a raconté à plus d’une fois qu’Henry Cornwall avait tué des Allemands de ses propres mains, en France, durant la Dernière Guerre. Je n’en sais rien. Il n’a vraiment pas l’air si féroce. Néanmoins, il a un léger accent et des ancêtres en France.

J’avais entendu parler depuis quelques temps qu’Henry était toujours avec HWA dans tous ses interviews. Les comptes-rendus disaient qu’il était là pour représenter Stan avec qui il est très proche. C’était une procédure à remarquer, considérant la nature des conversations, la relation de ceux qui sont dans l’église et même le ministère, et étant donné particulièrement qu’Henry ne prétendait même pas être membre. Je pus voir qu’il voulait rester là pour l’entretien, comme l’indiquaient les rapports.

Ces pensées me traversaient l’esprit pendant que nous attendions HWA qui arriva ensuite dans le salon. Je me levai et je grimpai au niveau le plus élevé du salon, près de la porte. Nous bavardâmes en nous donnant une poignée de mains. Il s’assit sur le divan pendant que je m’assis dans la même chaise, dos à la porte d’entrée. Henry s’assit aussi dans le même fauteuil qu’il occupait plus tôt, faisant dos à la baie vitrée. Le divan sur lequel HWA était assis se trouvait à ma gauche et à la droite d’Henry.

Après à peine quelques paroles préliminaires, HWA me dit qu’il avait une liste de 17 accusations formulées contre moi et qu’il voulait me la lire. Mais avant de commencer, il me lança : « Je vous mets en dehors de l’église. » Puis, il ajouta : « M. Meredith le sait et il approuve. »

Je rétorquai : « Bien, M. Armstrong. Qui a fait la liste ? Ne pensez-vous pas que ceux qui ont monté cette liste devraient être ici aussi ? J’ai droit, M. Armstrong, à ce qu’ils soient présents ici. »

Il me répondit que ce papier venait tout juste d’arriver par fax de Pasadena. Il parla ensuite de notre époque merveilleuse où pareille technologie est possible. Ce papier ― ayant deux feuilles ― était écrit à la main et avait été envoyé par câble comme une illustration. Lorsqu’il dit qu’il venait d’arriver de Pasadena, et après qu’il eut mentionné le nom de Rod Meredith, j’assumai que Rod avait préparé le papier. J’en vins plus tard à penser que ce n’était pas le cas ― qu’un autre homme était peut-être responsable.

Je lui dis que j’avais hâte d’entendre les accusations, mais j’insistai pour faire face à mon accusateur, ou connaître au moins son nom. Il hésita et je crus qu’il allait me dire qui avait écrit le papier. À ce moment-là, je commençai à soupçonner qu’il ne s’agissait pas de Rod, mais je n’étais pas sûr. Il me dit que je pourrais avoir la chance de faire face à la personne qui avait écrit cela. Je répondis que rien ne pourrait me faire plus plaisir.

J’ajoutai que je lui ferais savoir si les accusations portées contre moi étaient vraies ou fausses à mesure qu’il les lirait. Il commença :

1. J’avais dit que M. Armstrong possédait un enfant illégitime. Je dus nier cette accusation, car je n’avais rien dit de pareil. J’avais entendu cette accusation faite par d’autres ― plus d’une personne ― et j’avais lu ce que Al Carrozzo avait écrit dans l’Ambassador Report.[1] De plus, le frère de Raymond et Burke McNair, Marion, avait écrit un livre, Armstrongism : Religion or Ripoff ? (L’armstrongisme : religion ou escroquerie ?). Il mentionne l’illégitimité dans son livre. Il n’y a pas de fumée sans feu. Je ne sais tout simplement pas. À la lumière d’autres choses que je sais, je ne pourrais dire que ce n’est pas le cas. Je comprends que GTA ne pense pas que son père ait eu de petits poulains sauvages en dehors du pâturage, du moins, à cette période, mais il n’en est pas sûr.

2. J’avais dit que M. Armstrong avait commis l’adultère. Là aussi, je n’avais pas vraiment dit cela. Encore une fois, je l’avais entendu dire par beaucoup de gens de son entourage immédiat. Et j’avais dit que je l’avais entendu dire. Ses proches avaient cité M. Armstrong pour l’avoir dit lui-même ou, en tout cas, s’en vanter. Et des membres de sa famille immédiate avaient dit que c’était bien le cas, ou que ça l’était pendant qu’il était marié à sa première femme ― une relation du genre le plus terrible qu’on puisse imaginer. Or, comme il aime à dire lui-même : « Il n’y a pas de fumée sans feu. »

3. J’avais dit que M. Armstrong avait commis la fornication. Je le compris comme étant une relation impropre avec une femme après que son épouse Loma soit décédée. Je ne fus témoin d’aucune conduite du genre et je n’ai pas dit qu’il l’avait fait. J’en ai entendu de toutes les sortes par les autres à ce propos ― des proches de la famille ayant déclaré que l’on se référait couramment au G-II comme du « Bordel Volant ». Je sais de la bouche même de M. Armstrong que le sexe tient la première place dans son esprit et qu’il a été un grand élève de la littérature et des techniques de Masters & Johnson. Je sais de première main qu’il est grandement préoccupé par sa virilité et qu’il n’a jamais fait de secret de son inquiétude, car il a parlé avec une candeur dégoûtante a des groupes de gradués de Pasadena et de Big Sandy, dans les récentes années, et au grand embarras de bien du monde. Vu cette attitude mentale et cette inquiétude, je n’arrive pas à voir ce qui pourrait le freiner, si ce n’est l’impuissance. Après tout, n’est-ce pas Christ Lui-même qui disait : « Mais moi je vous dis, que quiconque regarde une femme pour la convoiter, il a déjà commis dans son cœur un adultère avec elle » (Matthieu 5:28). Lorsque le sujet de conversation de quelqu’un est continuellement centré sur ce point, j’ai de la difficulté à croire que ses pensées soient pures ― même s’il fait commerce de la religion. Mais je n’ai pas fait la déclaration qu’il avait commis la fornication, c’est-à-dire, pas après que sa femme soit morte. Il m’a raconté personnellement l’avoir fait avant son mariage, peu importe ce qu’il a écrit dans son autobiographie.

4. J’ai dit que M. Armstrong était sénile. J’ai admis avoir dit cela. Il voulut savoir si je pensais vraiment qu’il était sénile. Il me dit qu’il ne pouvait plus voir aussi bien qu’avant et qu’il ne pouvait pas courir le 100 mètres, mais autrement, il était comme auparavant. Je lui dis que j’avais mentionné qu’il était sénile. Il voulut savoir si j’étais à la conférence de Tucson et je répondis que oui. « Pensiez-vous alors que j’étais sénile ? » « Non, » répliquai-je. « Eh bien, pensez-vous que je le sois maintenant ? » demanda-t-il. « Non, » répondis-je encore. Mais la sénilité est difficile à définir. Cela vient sous différentes formes et coloris. Je lui dis alors, et je le répète aujourd’hui, que la sénilité était à peu près le seul moyen pour M. Armstrong d’échapper à la responsabilité de toutes les divisions, les chagrins et l’angoisse que ses actions ont causés à l’église et les crises de conscience que le ministère a eues à affronter. Il n’est pas aisé de regarder un homme dans les yeux ― une vieille prima donna égocentrique ― et lui dire qu’il est sénile. La sémantique prend alors tout son sens. Le fait est qu’il n’est plus ce qu’il était. L’alternative à la sénilité est bien pire.

M. Armstrong revint ensuite sur le sujet des geishas au Japon. Apparemment, quelqu’un a dit que je l’accusais d’avoir commis des actes sexuels avec une geisha. Je n’avais jamais entendu parler de ça auparavant. Beaucoup de ces accusations étaient des choses que j’avais entendu dire par d’autres ― des gens qui sont encore à l’emploi d’Herbert Armstrong ― et non pas des choses que j’avais avancées moi-même, mais celle-là était différente. Je ne l’avais même jamais entendue. Il poursuivit en me donnant un cours sur les geishas. Eh bien, je n’ai jamais été au Japon et je n’ai pas d’expérience dans ce domaine. Mais il semble que le sujet lui soit particulièrement familier. Il voulut savoir si j’étais au courant que les geishas ne fournissent pas de faveurs sexuelles. Je tentai de répliquer que j’avais entendu dire que c’était le cas, mais il était tellement pris par son sujet que j’eus l’impression très nette qu’il n’écouta pas ma réponse. Toutefois, je soupçonne, sans en avoir l’expérience, que les geishas ne sont pas si différentes des autres filles. Et que fait-on de l’avertissement de Paul à savoir qu’il faut « éviter toute apparence de mal » ?

5. J’avais dit que Stan Rader et Henry Cornwall étaient des partenaires homosexuels. Il souligna qu’Henry était juste là, comme si cela devait me faire peur au point de fuir Pima County à toutes jambes. Bon, évidemment que je savais qu’Henry était là et celui-ci, pour une raison ou une autre, ne sembla pas si perturbé que ça. Or, je n’avais pas dit une chose pareille parce que je ne savais tout simplement pas. Mais Sherwin McMichael me l’avait dit et répété plusieurs fois à Big Sandy. D’autres me l’avaient dit aussi et j’avais entendu quelques personnes de la famille proche de M. Armstrong déclarer que lui-même, pendant quelques années, avait dit en privé que c’était bien le cas. Depuis le 4 juillet, je l’ai entendu raconter avec force détails. Je sais que, dans des conversations avec Stan Rader, j’avais commenté mon admiration pour Anita Bryant s’opposant à l’homosexualité et j’avais demandé que l’Église de Dieu pousse fort en ce sens, mais, comme vous pouvez le constater, ça n’a pas été fait jusqu’à date. Bien que Stan ait dit qu’il connaissait Anita personnellement, il méprisait sa position contre l’homosexualité, si modérée soit-elle. Il semble penser que ce genre de conduite aberrante ne soit pas si mauvais.

Pendant qu’il lisait les accusations, HWA répéta un certain nombre de fois : « Ils ont dit que vous nieriez cela. » Or, je ne suis pas vraiment sûr de qui ils sont, mais j’en ai une bonne idée. Et si j’ai raison, ce sont ceux-là mêmes qui proférèrent ces choses.

6. J’avais dit que je haïssais Stan Rader et que c’était lui qui menait l’Œuvre. Et il me pointa du doigt à cet instant-là. C’est le seul moment dont je me rappelle où il éleva la voix contre moi. J’avais résolu d’avance que je ne me laisserais pas intimider par ses tactiques habituelles, mais il se calma rapidement.

Je répliquai que je ne haïssais pas Stan, mais que je lui portais une grande admiration dans bien des domaines. Et je mentionnai certains de ces domaines. Je n’avais pas parlé, comme l’avait fait Sherwin McMichael, de recruter un groupe de ministres pour lui tirer brusquement ses lunettes noires et chasser le démon qui l’habitait. Je n’ai pas dit qu’il était possédé d’un démon, comme l’avait dit M. Armstrong lui-même à un groupe d’évangélistes de l’église, tel que cité par quelques-uns d’entre eux.

Mais j’ai dit, et je dis encore, qu’on a qu’à lire le Forum du Worldwide News pour constater que Stan fait des déclarations qui indiquent assurément qu’il détient un très puissant contrôle de nombreux secteurs de l’église. De plus, l’on n’a qu’à écouter l’enregistrement passé en partie dans l’émission 60 Minutes pour entendre M. Armstrong exprimer de sa voix unique les mêmes sentiments.

À ce moment précis, M. Armstrong insista sur le fait qu’il était le seul apôtre et que Dieu l’avait ressuscité des morts. Il me demanda si je le croyais. Je lui répondis que j’avais toujours su qu’il était le patron. Il dit : « Vraiment ? »

Je pense aujourd’hui, plus que jamais, que Dieu tient M. Armstrong totalement responsable des problèmes de l’église, résultat d’une mauvaise administration durant toutes ces années. Quand il répète avec emphase qu’il est totalement en charge, alors les problèmes et les erreurs lui appartiennent tous. Stan n’a pas la responsabilité première.

Je dis à M. Armstrong que je ne voulais pas suivre l’exemple de Stan dans un certain nombre de domaines ― comme les manifestations. Il sembla avoir de la difficulté à entendre. À ce moment-là, Henry lui répéta donc : « Les manifestations, M. Armstrong. » « Eh bien, si vous ne les endossez pas, vous ne m’endossez pas, parce que c’est moi qui en ai donné l’ordre, » ronchonna HWA.

J’expliquai que nous avions toujours dénoncé ce genre de tactiques et que je n’arrivais pas à voir pourquoi nous devions suivre Stan en cette matière. Il dit que Stan n’était pas en charge de l’œuvre.

Je me tournai alors vers M. Armstrong et lui demandai : « Alors, M. Armstrong, pourquoi M. Cornwall est-il assis ici ? Nous sommes en train d’avoir une discussion très importante, du moins, pour moi, et il est question d’affaires très sérieuses concernant l’église, et Henry Cornwall est assis ici. Pourquoi ? » Il fit une pause assez longue, puis regarda par la fenêtre panoramique, et, finalement, commença à parler. Ses quelques premières phrases n’avaient vraiment pas de sens, car elles étaient hors propos. Il continuait à regarder par la fenêtre pendant que je le surveillais intensément. Henry était assis tranquillement, regardant droit devant lui. M. Armstrong dit qu’Henry était là pour compter l’argent qui arrivait à Tucson. « Le gros de l’argent arrive ici, maintenant, » dit-il. Vous admettrez comme moi que ce n’était pas du tout une explication.

Je continuai en disant que je ne pouvais considérer Stan comme un leader ecclésiastique. M. Armstrong répondit que Stan n’avait pas l’intention de diriger l’église, car il n’avait pas les aptitudes pour la conduire quinze minutes. Je répliquai que Stan ne devait pas savoir cela parce que, à Big Sandy, durant la Fête de l’automne précédent, il avait vraiment apprécié les articles de journaux le qualifiant de « successeur potentiel » et de « prince héritier ».

M. Armstrong parla de manière catégorique, disant que Stan n’opérait que dans deux secteurs de l’église seulement ― la comptabilité et le département juridique ― et qu’il n’avait rien à voir dans les autres phases de l’œuvre. Je m’assis, considérant pareille déclaration comme une véritable insulte à l’intelligence. Même les capacités d’observation les moins renseignées auraient pu contredire ce genre d’affirmation. Dans ma discussion avec Stan, l’année précédente, il n’y eut jamais aucune indication qu’il ait été si limité. En fait, c’est exactement le contraire. Pendant que j’étais assis dans son salon, dans ces circonstances, et que j’observais la conduite de cet homme qui se proclamait le seul apôtre de Dieu, j’ai su de manière positive qu’en quelque part, Dieu avait enlevé quelque chose de crucial. M. Armstrong avait déraillé de la réalité, en quelque sorte.

7. J’avais dit avoir en ma possession des photographies de M. Armstrong nu et ayant d’aberrantes relations sexuelles avec de jeunes garçons. Bien que l’on devienne presque « à l’épreuve des chocs » dans l’environnement au sein duquel nous avons baigné ces dernières années dans l’église, c’était quand même l’accusation la plus énorme de toutes. Je n’avais rien dit de semblable. J’ai entendu dire que ce genre de photos existait et ce, tout récemment à Pasadena par des hommes qui sont toujours dans l’église. Je ne sais pas comment j’aurais pu entrer en possession de pareilles photos et c’est ce que je dis, et à M. Armstrong et à Henry. Tous les deux exigèrent fortement pour savoir qui m’avait dit cela. Je ne leur dis pas. Henry insista et me pressa. Ce n’était pas une histoire nouvelle et elle tournait toujours autour de Sam Gotoh. Sherwin l’a racontée pendant des années, mais je ne lui ai pas entendu dire depuis que Ted a été éjecté. Plus tard, alors que je m’en allais, Henry fit encore pression sur moi à propos des photos pendant que nous étions sur le pas extérieur de la porte d’entrée. Fait très intéressant, ni Henry, ni M. Armstrong nièrent que les photos existassent ; d’ailleurs, ils ne nièrent aucune des autres accusations non plus (sauf l’accusation de sénilité !)

Je ne pris pas de notes et, au meilleur de ma mémoire, c’est dans cet ordre que furent lues les accusations pesant contre moi. C’est à ce moment-là que M. Armstrong cessa de lire, sans aller plus loin. Je lui demandai par deux fois de continuer pour que je puisse prendre connaissance de toutes les accusations formulées contre moi. À nouveau, je lui dis que j’allais lui signaler lesquelles étaient vraies. Mais il stoppa abruptement après qu’il eut jeté un coup d’œil sur la feuille qu’il tenait dans ses mains. Il me rappela qu’il allait me jeter en dehors de l’église pour faire arrêter les rumeurs. Il me dit que je le détruisais. Je lui répliquai que ce n’était pas le cas, mais que je m’intéressais à la vérité. Il ne semblait se soucier que de lui-même et on aurait dit qu’il n’avait aucun remord pour ses proches péchés qui avaient coûté si cher à l’église, et maintenant, qui me coûtaient cher à moi aussi. Il rétorqua alors : « Il n’y a pas de fumée sans feu ! »

Plus tard, un de mes plus grands regrets fut de ne pas lui avoir demandé, à ce moment-là, si cette déclaration s’appliquait à lui-même et à Stan. Ces deux-là ont certainement laissé beaucoup de fumée dans leur sillage. Et, comme l’a déclaré de manière si descriptive Sherwin McMichael, une couple d’années plus tôt, quand il croyait encore que Ted allait hériter de tout : « Les traces de M. Armstrong sont jonchées des débris d’épaves humaines tout le long de son chemin. Il est tout simplement effrayant de constater combien d’hommes il a ruinés. » Puis, Sherwin raconta ses expériences en Angleterre et commença à nommer tous les hommes ayant souffert dans les mains d’HWA à cause de ses défaillances de caractère.

Rendu à ce point de l’entretien, M. Armstrong se mit à citer 1 Jean, chapitre 1, démontrant comment fonctionnait la fraternité, Écriture avec laquelle je suis également familier. Il alla plus loin dans 1 Jean : « Celui qui dit qu’il n’a pas de péché est un menteur et la vérité n’est pas en lui. » Je lui dis que je ne saurais être plus d’accord. Il n’élabora pas plus loin. Je ne puis que me demander s’il voulait parler de lui-même et que je le jugeais durement par mon attitude pharisaïque. Si c’était le cas, il avait vraiment tort. Toutefois, moi comme tous les chrétiens, nous nous attendons à un certain standard minimum de la part d’un ministre, et que le chef humain de l’église tente de manière honnête de garder la loi de Dieu qu’il prêche !

Il dit ensuite qu’il avait coopéré avec les gens de « Sardes » jusqu’en 1945. Tout un aveu, vu ce que déclarent son autobiographie et bon nombre d’autres de ses écrits et discours ― mais cet aveu ne fait que démontrer une des multiples entorses à la vérité de son autobiographie. Celle-ci est un mélange de fiction et de faits, non seulement au sujet du sexe, mais aussi sur ses relations avec les autres dans l’église avec qui il travaillait. Il dit que les gens de l’Oregon avaient bon cœur, mais qu’ils étaient peu éduqués. Ils voulurent l’avoir à leur tête parce que son éducation était tellement supérieure à la leur. Il dit ensuite, en y mettant de l’emphase, qu’aucun membre de Sardes ne le suivit ! Je connais personnellement plusieurs familles qui désapprouvent complètement cette déclaration. Mais la vérité est la première victime dans une guerre.

Il dit que, comme son éducation était supérieure à celle des gens de l’Oregon, ainsi en était-il de l’éducation de Stan vis-à-vis de la sienne, et il possédait des talents qu’il avait besoin d’utiliser. Il avait donc bâti une relation avec Stan. Il cita alors les paroles de Christ (Luc 16:8) : « Et le maître loua l’économe infidèle de ce qu’il avait agi prudemment. Ainsi les enfants de ce siècle sont plus prudents en leur génération que les enfants de lumière. » Il me semble qu’il y a un problème dans l’application de cette Écriture envers Stan Rader, particulièrement après son ordination.

Puis, il poursuivit en disant qu’il planifiait son voyage en Chine pour l’été, mais qu’il voulait vérifier à nouveau afin de s’assurer qu’il pouvait faire sortir le G-II de Chine une fois entré dans le pays. Il dit qu’il y avait des centaines de millions de personnes dans le monde, comme en Chine, qui avaient besoin d’entendre ce qu’il était le seul à pouvoir leur donner. « Tout est ici, dans ma tête, » lança-t-il en se tapotant le crâne de l’index de la main droite. « C’est la chose la plus importante sur terre en ce moment. » Il me fixait intensément en disant cela.

Beaucoup de gens de l’église sont en désaccord avec son évaluation des priorités, car ils ont le sentiment que notre pays a encore un très grand besoin d’enseignement chrétien. Ils n’ont pas l’impression qu’HWA fera une grande œuvre en Chine communiste. Cependant, bon nombre reconnaissent l’injonction biblique de tourner le cœur des pères vers leurs enfants et le cœur des enfants vers leurs pères, sinon toute vie humaine sera détruite. Et je crois qu’avant qu’HWA ne prenne part à l’œuvre de l’époque actuelle, il doit se réconcilier avec sa propre famille, ce qu’il n’a pas fait ! Les paroles ont peu de valeur. Il faut des actions, pas des mots !

M. Armstrong dit alors qu’il venait, le matin même, d’écouter l’émission 700 Club à la télévision et qu’il avait à nouveau été impressionné de voir comme la religion du monde est superficielle. C’était à l’apôtre du vingtième siècle de faire le travail. Les gens de notre église étaient appelés pour raison première de le soutenir, souligna-t-il. Le salut en résulterait, mais à la condition que les gens le supportent. J’ai entendu cela pendant des années et je n’ai jamais réellement cru qu’il avait raison sur ce point. J’ai toujours eu le sentiment qu’il était aussi éloigné sur cette question qu’il l’était en prophétie, ce qui n’est pas peu dire.

Il dit être la tête de l’église ― le chef physique ― et il dit qu’il n’enlèverait pas Christ de la tête spirituelle. (Dans les derniers mois, il a souvent mentionné Christ comme s’Il n’avait pas de pouvoir réel, sauf celui que lui, Herbert Armstrong, Lui donnait.)

Il parla une couple de fois de Belknap (un site de Fête d’il y a trente ans), ayant beaucoup de difficulté à se rappeler du nom, et qu’il m’y avait rencontré pour la première fois. Je me rappelle que ce n’était pas là que nous nous sommes rencontrés il y a trente ans, mais à Pasadena.

Puis, il affirma encore que je le détruisais par les choses que je disais. Je répliquai à nouveau que le problème, c’est qu’il remettait trop de pouvoir entre les mains d’hommes comme Stan qui n’étaient pas ministres. Chose qu’il nia encore.

Je lui dis ensuite que la dernière fois où je lui avais parlé en privé, et assez longuement, c’était aux Pocono, en 1976. Il me dit qu’il n’y était pas allé cette année-là, car une grosse bordée de neige était tombé sur le bâtiment. Je rétorquai qu’il y avait été cette année-là et que j’avais conversé un long moment avec lui. Il me répondit qu’il ne se rappelait pas de ça. (C’était étonnant, car il s’était souvenu de notre conversation à plusieurs occasions, selon quelques personnes près de la situation.) J’avais l’intention de discuter avec lui de l’affaire du petit carnet noir, mais il n’avait apparemment aucun dessein de s’engager dans ce genre de débat. (Le « petit carnet noir » porte un nom de code parmi les ministres. C’est le « Flog Log » [que l’on pourrait traduire approximativement comme « journal de bord de flagellation » ― Tr.].

Je lui dis alors que c’était l’année où Sherwin McMichael voulut que j’écrive un rapport sur lui, en mentionnant, entre autres choses, son bafouillage, chose que Sherwin affirmait qu’il avait fait dans les autres sites de Fête. Sherwin invoqua particulièrement les Ozarks, où HWA avait semblé sous l’influence de l’alcool ou pris d’une attaque.

M. Armstrong ne sembla pas comprendre et Henry le lui répéta à voix forte. « Bafouiller, M. Armstrong ! » Je dis ensuite que j’avais assuré Sherwin McMichael qu’il n’avait pas bafouillé aux Pocono. HWA lança qu’il n’arrivait pas à croire que Sherwin ait dit cela, car c’était probablement son ministre le plus loyal.

Je lui dis que j’en avais entendu bien davantage contre lui, le G-II, Stan, Gotoh, etc., de la part de Sherwin que de n’importe quelle autre source. (Évidemment, cela se passait quand Ted était encore héritier présomptif et avant qu’il devienne clair que son père fut prêt à sacrifier son fils plutôt que de faire le ménage de la corruption entourant le bureau des affaires et ses voyages à l’étranger.)

Je dis à M. Armstrong que je m’étais assis pendant des heures dans le bureau de Sherwin et que j’avais entendu toutes les histoires, y compris une exposition avec commentaires de l’art démoniaque se trouvant dans le dispendieux magazine Quest financé par l’église. J’avais écouté de nombreux ministres de rang élevé dans l’église dire que des choses mauvaises entouraient « l’apôtre » et voici qu’on m’accusait, qu’on me mettait la tête sur le billot, pendant que nombre d’entre eux clamaient leur « loyauté ». Je trouvai cette série de circonstances des plus incongrues. J’essayais d’affronter ces énormes irrégularités de mon mieux. Il avait lui-même récemment déclaré par écrit que tous les problèmes de l’église provenaient d’hommes ambitieux du quatrième étage du Hall d’Administration. Je le lui rappelai. Il demeura silencieux. Je suppose que cette série de déclarations de sa part avait atteint son but et que cette approche devait maintenant être abandonnée. Ce concept ne lui venait certainement pas en aide pendant qu’il me parlait.

Il me raconta alors l’histoire d’un membre de l’église d’Oregon, un membre de « Sardes », qui l’avait amené chez lui, il y a longtemps. Pendant qu’HWA y était, cet homme tua un agneau pour le repas. Il avait maintenu l’agneau entre ses bras, l’avait caressé, cajolé, puis il l’assomma d’une roche sur la tête. Il lui trancha ensuite la gorge et elle saigna à mort. Il avait tué l’agneau sans douleur. Je m’assis une minute, percevant que ce récit avait un rapport quelconque avec moi. Je lui demandai alors si l’agneau avait eu bon goût.

Je confiai à HWA que je m’étais rendu au bureau de Rod Meredith le lendemain du Jour du Souvenir. À ce moment-là, Rod m’avait demandé si je pensais que le groupe de Ted pouvait être « une église de Dieu ». M. Armstrong m’interrompit abruptement pour me demander ce que j’avais répondu.

Je lui dis que j’avais questionné Rod pour savoir ce que lui en pensait. Rod avait répondu qu’il ne le savait pas. Il croyait que c’était possible. Il ne pensait pas que Dieu emploie un « fornicateur » pour ériger une église, mais Il pouvait utiliser le nom de Ted et son remarquable charisme pour ensuite le laisser périr dans un accident d’avion. Ce serait un façon de réunir toutes les personnes tièdes ensemble.

M. Armstrong m’interrompit pour me dire que Rod n’avait pas le droit de porter ces accusations contre Ted. Il aurait à lui parler là-dessus. Il me demanda ensuite si je savais pourquoi il avait expulsé Ted de l’église. Je demeurai simplement assis à signifier mon intérêt. Il répéta la question, exigeant une réponse. J’étais à peu près sûr de connaître la raison, celle-ci étant que Ted tentait de corriger certains abus quasi incroyables des ressources de l’église. Je pense encore que Ted arrivait à maturité et haïssait vraiment les pratiques terribles du groupe de son père. Donc, ne voulant pas m’embarquer dans ça, je répliquai : « À cause de l’insubordination de Ted envers vous. »

« Oh, non, » rétorqua-t-il. « Pas ça. Et ce ne fut pas non plus à cause des problèmes de 1974. C’était parce que Ted ne croyait en rien de ce que son père faisait. Voilà la raison pour laquelle je l’ai excommunié. »

Il me demanda si je savais qu’un grand nombre de ministres qui quittèrent l’église en 1974 le firent quand ils apprirent la conduite de Ted. Je lui répondis que je savais cela. Je ne poursuivis pas en disant, comme j’aurais dû le faire, que les dommages causés à l’église furent bien plus grands lorsqu’on apprit sa propre inconduite flagrante.

Puis, je ramenai la conversation sur Rod Meredith. J’avais questionné Rod, et Raymond McNair qui était présent ce jour-là, à propos de Laodicée. « Si, comme nous le disons, nous sommes Philadelphie, et que, encore comme nous le disons, le temps se fait très court, alors est Laodicée ? » Raymond et Rod eurent alors une discussion entre eux à savoir si Ted servirait de catalyseur à cette église tiède et serait plus tard enlevé de la scène pour que prenne forme la dernière ère de l’église.

Je demandai alors : « Si c’est l’église de Laodicée qui se forme, ne serait-ce pas une église de Dieu ? » Tous deux dirent que oui. Puis, je demandai : « Ce regroupement, s’il y a de bonnes chances qu’il soit de Dieu, devrait-il être attaqué par un autre regroupement de l’église de Dieu ? »

Ils répondirent : « Non, mais nous ne sommes pas sûr que M. Armstrong pense ainsi. »

Revenons à Tucson. Je dis ensuite à M. Armstrong que mon épouse et moi avions tous deux été profondément affligés lorsqu’il eût réinstallé Ted si rapidement en 1972, vu toutes les accusations portées contre lui à l’époque. Pourquoi avait-il fait cela, sachant l’angoisse que cela occasionnerait à l’église ? Ted avait profondément blessé beaucoup de gens. Il ne me donna pas de réponse.

Il me demanda où était notre fils John, à ce moment-là. Je répondis : « À Forth Worth. » Il sembla surpris, disant qu’il avait perdu contact avec lui après qu’il eût quitté Pasadena à cause du congédiement de Ted. Je lui dis qu’il n’avait pas quitté Pasadena à cause du congédiement de Ted, mais à cause de son propre congédiement. Je lui dis qu’il avait déjà été démis de ses fonctions par téléphone et qu’on lui avait refusé un face à face avec les hommes à qui lui, HWA, avait donné des pouvoirs et qui avaient tous les deux été remplacés depuis lors. Il me dit qu’il avait toujours apprécié le travail fait par John dans le Worldwide News et qu’il avait été désolé de le voir partir. Cette déclaration n’était pas conforme avec d’autres prononcées avant à ce propos. J’avais en ma possession une lettre de Stan Rader qui contredisait la déclaration d’HWA sur ce point. Mais, bon, les contradictions flagrantes étaient devenues monnaie courante.

Je demandai à HWA si l’église fonctionnait sous le « gouvernement de Dieu » lorsqu’il mit Ted au poste de vice-président exécutif. Tant de choses en dépendaient. Il ne me donna jamais aucune réponse directe, mais dit que Ted avait usurpé un pouvoir qu’il ne lui avait jamais accordé à ce poste. Bien sûr, nous avons lu et entendu bien des choses à ce propos. Mais la vraie réponse demeure à venir. Si Ted a usurpé le pouvoir pendant si longtemps, comment savons-nous si Rod Meredith n’a pas usurpé de pouvoir lui-même ? Et si Dieu permet qu’une chose pareille arrive au bureau chef de Son église, que savons-nous si M. Armstrong n’est pas en train d’usurper du pouvoir et son poste en ce moment même ?

Je lui dis que Rod Meredith avait conspiré pendant des années pour prendre le pouvoir. Il avait essayé de me recruter en juin 1977, pendant un dîner au restaurant Velvet Turtle, à Pasadena. On parlait dans toute l’église de ses efforts de recrutement. J’avais lu un très long mémo lui ayant été écrit par Robert Kuhn, énumérant ces accusations en détails. Elles sont largement connues. Qu’en est-il ? Pendant toutes ces années, M. Armstrong avait donné son support à Ted, encore et toujours, du moins publiquement. Comment savoir qui a le soutien d’HWA si sa parole est sans valeur ? Son approbation envers Ted fut souvent démontrée, par écrit comme en parole et ce, à toutes les occasions officielles.

Je lui parlai des projections que Sherwin faisait à propos des événements, une couple d’années auparavant. Il croyait que Stan serait élu sénateur de la Californie et ensuite président des Etats-Unis, et qu’il deviendrait alors le grand ennemi de l’Église de Dieu, à cause du nettoyage nécessaire de l’église qui mettrait Stan sur la glace. Sa nature vengeresse ferait alors des dommages.

Henry éclata de rire, disant que c’était la première fois qu’il entendait cette histoire-là. Il en avait entendu beaucoup, mais pas celle-là.

Toutefois, HWA ne sembla pas aussi amusé. Il s’interposa fortement à quelques reprises dans la conversation en mettant l’emphase sur son apostolat. Il y avait quelque chose d’étrange en cela. S’il avait ce genre de pouvoir, pourquoi n’était-ce pas démontré ? Il est certainement le patron de la corporation, ou alors lui et Stan le sont. Qu’il ait à déclarer son rang à tout moment m’apparaissait peu sage et très triste. S’il croit réellement détenir ce titre, il me semble qu’il n’a pas besoin de se rassurer si fréquemment par écrit et en parole. Le pouvoir corporatif, c’est une chose, mais l’apostolat, c’en est une autre.

Je lui dis que je le reconnaissais comme patron. Puis, je lui parlai de la fois où Rod m’avait congédié à Tulsa en tant que pasteur, en janvier ; j’opposai de la résistance jusqu’à ce que Rod me dise qu’il (HWA) l’avait ordonné. Celui-ci nia la chose, affirmant qu’il ne se rappelait pas de ça.

Revenant sur Ted, il me demanda si je comprenais le pardon. Est-ce que je comprenais que Ted avait été pardonné pour sa conduite d’il y a quelques années ? Je répondis que je comprenais et que j’étais parfaitement d’accord. Il souligna que Ted avait rejeté tout ce que lui, son père, croyait et il détruisait l’église ! Je ne fus pas d’accord avec cette déclaration-là. Je lui rétorquai que je pensais que Ted tenait encore une très grande part dans sa vie. Il répliqua que ce n’était pas le cas, car Ted s’effaçait en arrière-plan de sa vie. Je lui signifiai qu’on n’aurait pas pu dire ça à en juger la littérature de critiques sévères envers Ted provenant du bureau chef de l’Église Universelle.

Il me dit ensuite que j’avais rejeté toutes les accusations qu’il m’avait lues, exactement comme « ils » l’avaient prédit. Je lui répondis que je ne les avais pas toutes rejetées, mais que j’avais admis avoir dit qu’il était sénile. Je devais rejeter les autres, mais je lui demandai encore de terminer de lire le reste des accusations. Je lui dirais alors lesquelles étaient vraies.

Il me dit qu’il irait au fond des choses dans cette affaire et qu’il pourrait même se rendre à Tulsa en amenant Rod avec lui. Je lui dis penser que c’était bien la chose à faire et lui demandai s’il voulait bien s’adresser lui-même aux hommes à qui j’étais supposé avoir parlé. Le ferait-il personnellement ? Il pensait qu’il pourrait le faire et me dit qu’il ne croyait pas venir un sabbat. Je répondis que j’aurais souhaité qu’il soit venu bien longtemps auparavant et que j’avais essayé de faire venir Rod et certaines autres personnes en pouvoir dans l’église, mais en vain. Je lui demandai s’il parlerait aux membres du leadership de l’église pour trouver exactement ce qui s’était passé.

Il me répondit qu’il se montrerait équitable dans son jugement envers moi. Je lui dis qu’il trouverait tout ce que je lui avais déjà exposé et que j’étais profondément affligé de son virage à 180 % effectué en janvier. Il était question de sa position face à l’état qui était diamétralement contraire à ce qu’il avait toujours enseigné. Ce virage avait coulé l’église dans un moule des plus nocifs.

Je lui demandai pourquoi les problèmes provenaient toujours du ministère. Il répondit alors que ça ne venait pas seulement du ministère, mais aussi des employés. N’était-ce pas parce qu’ils avaient l’attitude de prendre au lieu de donner ? Les gens commencèrent à causer des troubles quand ils reçurent des salaires.

Je lui dis que les deux tiers des trente ans où je l’ai servi, je n’ai pas eu de salaire. Évidemment, je fus grandement attristé par une observation aussi superficielle de sa part. Mon salaire n’a jamais été très élevé, mais au contraire toujours médiocre. Avancer que je convoitais un tel salaire, cela m’apparaissait difficile à concilier avec la réalité.

Venant d’HWA, parler de l’attitude de « prendre » des autres était, et c’est encore, une vraie parodie. Qui a plus l’attitude de « prendre » que lui ? C’est pourtant vrai, n’est-ce pas lui qui a toujours dit : « On est souvent coupable de ce dont on accuse les autres ! » ? Mais je me tus sur ces choses à cet instant-là, comme je ne lui ai pas dit non plus que tous ceux qui ont été proches de lui sont aujourd’hui partis. Il avait perdu l’intimité de tous les membres de sa propre famille immédiate ― à la fois ceux proches par les liens du sang et ceux qui furent proches parmi les ministres tout au long des ans. Pourquoi ?

Le ministère a été jeté dans un « double pétrin », comme l’a exprimé Ron Dart qui a lui-même passé au travers d’une « crise de conscience ». Est-il possible qu’HWA ne puisse comprendre la pression que subit le ministère qui se voit forcé de choisir entre sa compréhension du devoir imposé par Christ et celui exigé par « l’apôtre » ?

Il commença à me signifier que c’était l’heure de conclure. Je lui dis que je savais qu’il était fatigué et qu’il me fallait partir. Il nia être fatigué, mais il me dit avoir un paquet de choses à écrire. (Je ne sais plus combien de livres il a écrit cette année-là.)

Nous nous sommes levés et il m’ouvrit la porte. Il me dit que je n’aurais pas à attendre longtemps sa décision finale. Puis, juste au moment où je passais le pas de la porte, et qu’Henry était à quelque distance, il me confia que la pire chose qu’on ait pu dire, ce fut à propos de Loma. Je ne saisis pas réellement ce qu’il voulut dire. Et ce qui me vint à l’esprit, ce fut la description crue de Ted concernant ce que son père avait dit le soir où sa mère est décédée, avant même que son corps ne soit refroidi. Donc, je répliquai : « Vous voulez sans doute parler de ce que Ted a dit. » Il dit alors qu’il avait cru que Ted avait aimé sa mère. Je ne sais donc pas exactement ce qu’il entendait par là.

Henry sortit dehors pour appeler la voiture et je lui signalai que je voulais lui parler. Je lui dis qu’il n’y avait rien de personnel contre lui dans le salon, ce qui était vrai. Après quelque hésitation, il sembla apprécier. J’ajoutai qu’il n’y avait rien de personnel contre Stan non plus, mais celui-ci faisait des choses que je ne pouvais, en toute bonne conscience, laisser faire sans bouger et rien dire, et je ne pouvais donc indiquer mon approbation vis-à-vis ces choses.

Il me confia avoir entendu Stan déclarer beaucoup de bonnes choses à mon égard, particulièrement après ma visite à Pasadena, en novembre, et qu’il ne l’avait pas entendu dire quoi que ce soit contre moi depuis. C’est ce qu’il me dit, pour ce que ça vaut.

Je poursuivis en disant qu’HWA avait indiqué ne plus se rappeler de ce qui était arrivé aux Pocono en 1976, mais qu’il s’y était pourtant déchargé sur moi de beaucoup de choses ; j’avais raconté cela à Sherwin qui, à son tour, s’en était confié à Robert Kuhn. À l’époque, il sembla dans l’intérêt de Garner Ted et dans l’intérêt de ceux qui espéraient s’élever devant lui que l’information proliférât. Maintenant, HWA déclarait qu’il ne pouvait plus du tout se rappeler de l’incident.

Henry me complimenta sur la façon dont je m’étais comporté durant les conversations et dans des circonstances très difficiles. Je ne sais pas jusqu’à quel point ce compliment a de la valeur, mais je l’appréciai à ce moment-là. Henry se rendit aussi le compliment, se disant un homme intelligent, ce qui est vrai, j’en suis sûr.

Je lui mentionnai que Rod était en train de détruire complètement la cause des conservateurs dans l’église par ses méthodes et que, de plus, il était le pire des conspirateurs de toute l’église.

Henry me suggéra d’écrire une lettre à HWA afin de lui expliquer tout cela. Il pensait que cela ferait des merveilles et résoudrait peut-être mêmes mes présents problèmes. Bien sûr, je ne le fis jamais. J’étais sûr de ne pas vouloir revenir sur mes principes et je savais que je devais vivre par ce qu’on m’avait enseigné. Je ne pouvais nier la vérité, comme je ne pouvais me nier à moi-même le triste état des choses aux échelons les plus élevés.

La voiture était arrivée. Mel était debout, tenant la portière ouverte. Je dis donc à Henry qu’il valait mieux que je parte.

Mel et moi bavardâmes sur le chemin du retour vers l’aéroport. Il commença à deviser sur les anciens jours de cette partie de l’Arizona. Il avait pas mal bouquiné au sujet des expériences vécues par l’homme blanc la première fois qu’il est venu en Arizona. Il me dit que les blancs avaient eu de la difficulté à survivre, car l’eau se faisait rare. Il parla des méthodes de survie indiennes comparées à celles de l’homme blanc. Les Indiens avaient souvent survécu grâce aux fèves de mesquìte pendant de longues périodes de temps, me dit-il. Je me demandai, durant cette discussion, ce qu’il en serait de ma propre survie. Retourner au monde des affaires, à mon âge, cela comportait des problèmes. Cette discussion revêtait donc un intérêt spécial.

Il me laissa à l’aéroport juste avant 17h00. Ma conversation avec M. Armstrong avait duré exactement une heure. En route vers Tulsa, je réfléchis à ma réunion avec HWA. J’imaginais voir HWA assis sur le divan, des pellicules sur l’épaule droite et sur le revers, parlant de sa mort et de sa résurrection. Il disait que les docteurs et les infirmières ne l’appelèrent pas ainsi, mais lui, oui. Il avait été ressuscité.

L’affaire aurait impressionné bien plus de gens si on ne lui avait pas administré la respiration artificielle, si sa « mort » avait été plus longue et si, par exemple, son corps s’était refroidi, ou si quatre jours s’étaient écoulés avant qu’il ne revienne à lui, comme dans le cas de Lazare. Christ attendit que le corps empeste avant de ressusciter Lazare des morts. Là, il y aurait eu de quoi jaser. Ce dont parle HWA, c’est d’une pratique médicale assez largement acceptée. Et rappelez-vous qu’il y a un médecin qui l’assiste en permanence.

J’étais maintenant sous l’injonction d’HWA de ne contacter personne de l’église et je ne pouvais assister aux assemblées jusqu’à ce qu’il « éclaircisse l’affaire ».

Le 14 juillet, un sabbat, HWA se présenta à Tulsa et parla à l’église. Bien que je n’étais pas à l’assemblée, j’en reçus immédiatement un rapport détaillé. Il livra un sermon trébuchant et incohérent. Un grand nombre de gens s’y ennuyèrent. À un certain moment donné, il ne put se rappeler du nom de Satan ou Lucifer pendant un long instant embarrassant ― un étonnant trou de mémoire pour un vétéran prêcheur qui se réclame de tout le pouvoir d’une jeunesse. Mais une chose qu’il a bien dite, c’est : « Lorsque vous écoutez des instructions provenant du bureau chef ― de Pasadena ― vous ne devez poser aucune question. C’est la manière de faire. Marchez-y ! »

Pour ceux qui ont reçu pendant des décennies l’instruction de vérifier toutes choses dans la Bible, c’est une déclaration fracassante. Beaucoup de gens réfléchis destinent leur loyauté à un niveau supérieur et trouvent ainsi difficile d’accorder leur liberté à un homme lorsqu’il y a conflit évident. Mais à Tulsa, il défendit aux gens de le contourner pour aller vers la Bible ! Quand on l’aida à descendre l’estrade, quelqu’un l’entendit faire la remarque qu’il avait donné le pire sermon de toute sa vie. Aucun doute qu’il lui manquait confiance et conviction, car il savait pertinemment qu’il avait violé bon nombre de principes qu’il avait enseignés pendant si longtemps. Il y eu un grave problème de redondance dans ses paroles, ce jour-là.

Ramona, sa sœur Mary Ellen, Joe Tkach, Henry Cornwall et le médecin d’HWA (Patterson) vinrent tous avec lui à Tulsa. Il arriva de l’aéroport dans une limousine Cadillac avec chauffeur et équipée de bouteilles d’oxygène. Croiriez-vous qu’il y avait un petit groupe de femmes présentes qui s’attendaient à ce qu’il les amène à Petra ? Je suis sûr qu’il serait horrifié de considérer sérieusement ce genre de chose.

Mais peut-être perd-on le sens réel de ce qui est arrivé. Nous avons ici le seul défenseur mondial de la philosophie du « prendre et du donner » ― celui qui délivre si efficacement ce message tellement nécessaire aux leaders des grandes nations de ce monde ― venu à Tulsa dans son Grumman Gulfstream II, le nec plus ultra des jets de luxe, arrivé de l’aéroport en limousine Cadillac pour s’adresser à quelques centaines de membres d’une de ses église qui date de vingt ans. Cette église, qui a une valeur nette de moins de un millier de dollars, se réuni dans une SALLE D’ÉCOLE LOUÉE !! Seulement le coût de l’essence du voyage du G-II à Tulsa s’élève à plusieurs fois la valeur nette des biens de la congrégation de Tulsa. Ces gens de l’église donnent, donnent et donnent. M. Armstrong prend, prend et prend ! Stan Rader, Henry Cornwall et les autres qui composent ce petit groupe prennent, prennent et prennent ! Les événements de ce jour-là démontrèrent carrément la philosophie du « donner et prendre » telle que pratiquée par « le seul apôtre du vingtième siècle ». Évidemment, tout est question de savoir qui donne et qui prend.

Il n’est pas du tout surprenant qu’HWA, censément venu en ville pour vérifier jusqu’à quel point j’avais contaminé les hommes en charge de l’église, n’ait parlé à aucun de ces hommes ! On l’aida à monter dans sa limousine, après qu’il eut pris la parole, et on le vit remonter sa fenêtre et verrouiller les portières de la voiture quand quelques membres de l’église s’approchèrent pour lui parler. (Il dut attendre dans l’automobile pendant que les femmes de son groupe étaient dans le bâtiment à visiter les membres.) Comme d’habitude, HWA ne voulait aucun contact avec les membres de l’église ― du moins, aucun contact personnel. C’est un trait de caractère qu’HWA démontre invariablement. Il ne montre aucun intérêt envers les autres. Ses intérêts ne sont portés que vers lui-même. Ted est une extension de son père. En ma présence, il ne s’est jamais informé du bien-être de sa famille, de ses amis ou de quiconque, sauf si la personne le touche directement.

La plupart des gens s’informent de votre santé, de celle des membres de votre famille et veulent savoir comment vous allez. Pas HWA. C’est comme si vous n’existiez pas en tant que personne. Je crois sincèrement que, s’il avait à parler à un condamné la veille de son exécution, le sujet de conversation serait HWA, comme il est magnifique et ce qu’on doit effectuer pour faire avancer sa position. J’ai connu quelques vieilles personnes égocentriques, mais jamais comme le porte-parole du principe de « donner et prendre ». Il ne se soucie tout simplement pas du tout des autres. Dans son esprit, ce sont des propriétés. La valeur de cette propriété est basée sur une échelle mobile de sa valeur courante à le promouvoir.

À ce stade, il n’affiche aucune des caractéristiques dont on s’attend normalement d’un ministre chrétien ― la compassion, la miséricorde, de l’intérêt envers les autres et de l’empathie. Aucun désir de servir ou d’aider. La Pasteur général de l’Église Universelle de Dieu ne s’intéresse pas au pasteur tel que défini dans le Nouveau Testament.

Après ma réunion avec lui à Tucson, HWA ne m’appela plus jamais et ne communiqua plus avec moi. En réponse à un télégramme où je lui demandais des renseignements, il m’envoya un télégramme d’excommunication. Mais il était juste un peu en retard. Rod Meredith avait déjà tiré la première salve. Je dois présumer que celui de M. Armstrong ne fut pas valide parce que, si je comprends bien la chose, après que Rod l’eut fait, il devenait impossible à quiconque de m’excommunier à nouveau ― c’est-à-dire, sans d’abord être réinséré. Si ce dernier cas est arrivé, je n’en ai pas été informé. Oh, fort bien. Trente ans de dur soutien à l’église et voilà que j’étais dans le trouble pour avoir maintenu les principes mêmes qu’on m’avait enseignés pendant si longtemps.

Je crains que la plus grande victime des ennuis actuels de l’église ne soit la vérité elle-même. Il semble qu’elle n’intéresse plus grand monde, encore moins celui qui, si longtemps, a parlé de « la pure vérité ». Qu’il est triste de voir un homme fort aboutir à rien dans sa vieillesse. La détérioration de l’esprit et du caractère dans ce qui doit être les dernières années de sa vie est une chose pénible à voir. Mais combien plus triste encore quand cet homme persiste à exercer un grand pouvoir au détriment de beaucoup de gens.

Salomon, à la fin de sa vie, quitta son Dieu et se tourna vers les dieux païens des nations des alentours. Il suivit ses épouses étrangères qui détournèrent son cœur de Dieu. Il n’était plus confortable en compagnie des gens de son peuple, mais il rechercha les étrangers et leurs religions étranges. Il semble y avoir un parallèle avec notre époque.

HWA en est rendu au point où il tourne les ministres les uns contre les autres, les membres les uns contre les autres et il a démoli sa propre famille. Il semble s’employer à détruire l’organisation qu’il a trimé si dur à mettre sur pied pendant tant d’années. Il a suscité dans l’église un climat de cannibalisme et certaines personnes s’ingénient à détruire totalement les autres ― même des amis de longue date ― si ce procédé est susceptible de contribuer à rallonger leur propre survie. Peu importe ce que cela occasionne aux autres, c’est chacun pour soi. Des ministres sont prêts à expulser d’anciens amis sans un clignement de l’œil. Et l’exemple provient du « sommet ».

Les hommes mêmes qui sont prêts à trancher sur commande la gorge d’anciens amis ― souvent des gens qui ont plus de principes qu’eux ― sont regardés avec mépris par leurs supérieurs. Chez ses proches associés, on cite souvent HWA ayant parlé avec mépris de beaucoup de ces hommes. Mais, pour l’instant, il les utilise.

Ils ont de la difficulté à dormir la nuit. Ils ne peuvent que se demander quand arrivera leur tour. Ils espèrent contre toute attente, mais ils savent que ça s’en vient. Ce n’est qu’une question de temps. Au plus profond d’eux-mêmes, ils savent pertinemment que « L’ON RÉCOLTE CE QUE L’ON SÈME ». C’est une loi que rien ne peut altérer. Ils ont sciemment vendu leur Dieu et se sont engagés dans le moment présent. Et c’est ce qu’ils reçoivent comme récompense ― le moment présent !

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[1] N. du T. : L’Ambassador Report était un périodique conçu par plusieurs anciens étudiants du Collège Ambassadeur qui s’étaient alarmés de ce qui se passait en coulisse au collège et au sein de l’Église Universelle. Paraissant en moyenne quatre fois par année, cette infolettre divulguait de nombreuses malversations des dirigeants de l’Église Universelle après des enquêtes poussées et de longues investigations. Elle a permis à de nombreux membres de s’arracher de cette secte ravageuse qui empoisonnait la vie des membres sans qu’ils s’en rendent compte. L’Ambassador Report a paru de 1973 à 1999.

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