D.215 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 17

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

Chapitre 16

RODERICK MEREDITH ― PAS FIABLE

 

Rod Meredith et Raymond McNair me parlèrent pour la dernière fois le 29 mai de la fatidique année 1979. Rod avait insisté pour que j’aille au collège à Pasadena un an ou peut-être deux. Lui et Raymond m’avaient promis, en janvier, d’être mes amis et que l’on ne me traiterait pas mal à Pasadena. Toutefois, lorsque l’année scolaire eut pris fin, ou juste après cela, il n’était plus en fonction. C’est exactement ce dont je l’avais averti.

Rod avait parti l’histoire que j’étais relevé de mon pastorat à Tulsa pour question de santé. Il avait son homme en place à Tulsa pour répandre cette rumeur alors que nous savions tous que c’était faux. Je fus relevé parce que je ne supportais pas la corruption au sein de l’église et les mensonges d’Herbert Armstrong. Et je ne soutenais certainement pas les manifestations qu’organisait l’église sous la direction de Stan Rader. Je n’aurais pu supporter tant d’hypocrisie. Mais Rod croyait que ce genre de conduite allait bientôt prendre fin et que les choses allaient s’améliorer. Je l’espérais grandement et j’éprouvais encore bien des sentiments pour l’église que j’avais soutenue si longtemps. Je ne voulais pas la quitter ou en être chassé. J’y avais beaucoup d’amis et de relations. Je ne savais pas encore toute la profondeur de l’apostasie d’Herbert Armstrong. Il me restait à la trouver. Par conséquent, je suggérai à Rod de m’envoyer à une église relativement petite, au Texas, et je pensai qu’il était d’accord. Il me dit qu’il en parlerait à Herbert Armstrong et qu’il m’en donnerait des nouvelles bientôt.

Je lui montrai la liste des huit pasteurs que l’église de Tulsa avait eus en presque vingt ans de son histoire. Des huit, tous sauf deux furent enlevés de leur ministère. Des deux, un était presque parti et avait quitté depuis. Et Rod y a toujours là son « outil » local prêt à saccager les gens de l’église. Comment peut-il expliquer ce genre de conduite ? En tout cas, à cet instant-là, il fut touché. Il promit de faire quelque chose, peut-être ce que je lui avais demandé.

Plus tard, au moment où il aurait dû appeler (mais il ne le fit pas), je lui téléphonai pour m’apercevoir qu’il n’avait rien fait de ce qu’il m’avait promis. Quelques jours plus tard, je découvris qu’il avait planifié de me placer à Denver en tant qu’associé. Je refusai carrément. Le temps passa et je décidai d’aller à Tucson pour parler à Herbert Armstrong. Je ne regretterai jamais de l’avoir fait, car le véritable état des choses s’y trouvait dans toute son évidence. Je pus dès lors partir la conscience entièrement nette.

Ceux qui maniaient le couperet ont depuis été licenciés. En tout cas, la plupart. Les autres ne perdent rien pour attendre. Leur temps viendra. C’est dans la nature de ce jeu-là.

Lorsque j’entendis parler de l’excommunication de Rod, peu après la Fête de 1979, je n’en fus nullement surpris. Herbert Armstrong prétendit qu’il s’agissait de « vacances ». Rod devait aller à Hawaï pendant six mois, car il avait travaillé trop fort pendant tellement longtemps qu’il avait besoin de recharger ses batteries, physiquement et spirituellement. Mais il ne devait pas contacter ou communiquer d’aucune façon avec quelque membre de l’église que ce soit ou assister aux assemblées pendant six mois. Il avait été excommunié, c’est-à-dire qu’il lui était interdit de communiquer. Il ne pouvait fraterniser non plus. C’est la même chose. Il avait été excommunié, mais pas encore marqué ! On avait érigé un écran de fumée pour cacher quelque chose ― écran érigé par Herbert Armstrong lui-même. Il devait maintenant mentir plus fréquemment pour couvrir ses opérations clandestines. Ça devenait à chaque fois plus facile. La première chose que l’on sût ensuite, c’est que Dennis Luker, fait évangéliste en janvier, fut envoyé paître une petite église en quelque part. Burk McNair, lui aussi fait évangéliste en janvier, connut le même sort. Les héros de janvier étaient devenus les vilains de l’automne ! Ils avaient licencié les autres ; maintenant, c’était leur tour. Une si courte période de gloire ! On récolte ce que l’on sème ! Ceux qui les utilisent comme des pantins doivent pouffer de rire quand ils examinent avec quelle facilité ces gens-là ont été manipulés.

Je clos ce chapitre sur Rod par la dernière lettre que je lui ai écrite, datée du 19 septembre 1979 :

Le 19 septembre 1979

« Roderick C. Meredith

Collège Ambassadeur

300 O., Green Street

Pasadena, Californie  91123

« Cher Rod,

« Plusieurs semaines se sont passées depuis votre dernière lettre. Je crois que ça a été une de vos dernières actions officielles en tant que Directeur de l’Administration Pastorale avant d’avoir été “shanghaïé” une autre fois ! Je pense que vous et Wayne Cole êtes les deux seuls qui, à ce poste, avez été “shanghaïés” deux fois.

« Rod, pour que tous le constatent, je voulais revoir ce qui est arrivé ces derniers mois, particulièrement les événements vus selon ma perspective stratégique. Il y a eu beaucoup de tourments parmi les ministres de l’église, partout au pays et, j’en suis sûr, partout dans le monde, alors que ça bouillait. Évidemment, ils sont encore tourmentés et le seront tant que le péché ne sera pas lavé au sommet.

« Durant les dix ans que j’ai été à l’emploi de l’Église Universelle, la plupart des ministres et des employés que j’ai connus ont parlé en mal de vous. Je me rappelle avec netteté la jubilation absolue et sans borne exprimée en toute liberté par bon nombre d’hommes respectés dans l’église lorsque vous avez été “shanghaïé” pour la première fois. Je pourrais commencer à donner des noms, ce qui vous choquerait, j’en suis certain. Je fus un des seuls à prendre pour vous dans la mesure du possible. Votre poste en tant que surintendant des ministres, comme on appelait ça alors, je crois, était considéré comme un cauchemar. Pendant que vous officiiez durant les années de croissance, la majorité des gens que je connais ne vous en donnaient que peu de crédit. Presque tout le monde de ma connaissance, que ce soit de vos anciens amis, ou encore des adversaires actuels, se souvient des choses indélicates et terribles que vous avez faites. Sans exception, du moins chez ceux que je connais, tous vous supposent une soif sans borne de pouvoir et vous mettent sur la liste de ceux qui sont prêts à payer n’importe quel prix pour gagner ce pouvoir. Pendant bon nombre des dernières années, j’ai cru que vous possédiez des principes que vous ne vouliez pas violer. Beaucoup d’hommes d’expérience dans l’église m’ont convaincu de mon erreur. Les événements ont démontré que j’avais tort et qu’ils avaient raison.

« On a beaucoup cité M. Armstrong ayant dit de vous que vous étiez “si juste que vous en deveniez injuste”. On vous a également cité pour avoir dit de vous-même que vous vouliez faire le travail d’un “Phinées” dans l’église. Vous vouliez être celui qui transperce d’une lance le ventre du chef des fornicateurs de l’église et de sa petite amie. Vous aviez envie d’être le bras vengeur de l’église et le faire avec grand zèle.

« Eh bien, Rod, il semble que votre tâche ― assignée par vous-même ― soit loin d’être complétée. Vous ne devriez pas laisser les obstacles vous ralentir. Il reste trop à faire.

« L’ange de la mort ne doit pas se reposer. Ce n’est pas le temps de prendre des vacances. Vous devez rapidement saisir l’épée et foncer. Il reste si peu de temps.

« Pendant l’infinie agonie des événements de la dernière année, quand régnait tant de confusion, Rod, je m’agitais et je me retournais dans mon lit, une nuit après l’autre, comme beaucoup qui, face à Dieu, portent la responsabilité de nombreuses gens, et je croyais que la seule solution que je voyais à l’horizon de notre institution, c’était l’exercice de votre grand pouvoir. J’ai dit à bien des gens que c’était la seule solution que je pouvais voir à l’époque. Il y avait bien des raisons d’y croire lors de ces terribles mois. Une de ces raisons, et pas la moindre, c’était le grand espoir que le message à livrer à l’Israël de notre époque serait prêché avec puissance, si vous aviez votre mot à dire, parce que je pensais que vous croyiez réellement à ce message, et j’espérais que vous y croiriez davantage que vous aviez soif de pouvoir personnel. Je pensais aussi que vous vous soucieriez profondément de la Mission d’Élie de ramener le cœur des pères vers leurs enfants et le cœur des enfants vers leurs pères. M. Armstrong et Stan Rader ne le faisaient absolument pas et ne semblaient pas enclins à l’accomplir.

« Je pensais que ces choses étaient une priorité dans votre esprit. Peu m’importait que les autres me disent que la priorité de votre esprit, c’était de retrouver le pouvoir personnel pour l’appliquer à vos propres fins.

« Voilà où j’en étais quand, en novembre de 1978, je pris le temps de me rendre à votre bureau, quoique seulement brièvement. Vous m’aviez déjà dit au téléphone que vous n’étiez pas pour ce non-sens qu’est la doctrine pétrine. Je sais que l’instructeur de longue date des épîtres de Paul, l’honnête étudiant de la Bible que vous êtes, instruit de la vérité pendant tant d’années, ne pouvait qu’être offensé par la mouvance de la doctrine pétrine en provenance de Tucson.

« Je vous ai dit que vous auriez dû faire les efforts nécessaires pour mieux connaître Stan Rader, car la vie est ainsi faite qu’il sera présent tant que vivra M. Armstrong.

« Puis, quand les événements prirent une tournure inattendue, et très dangereuse, vous avez plongé d’un air décidé et à un moment très critique. Lorsque je vous ai parlé ensuite au téléphone, vous avez semblé déconcerté que je ne jubile pas. Mais je savais, en autant que faire se peut, que vous aviez fait le saut au détriment de l’église. On vous utilisait, et de manière fort temporaire. Comme vous le savez, je vous en ai toujours averti.

« Pendant la crise de 1979, il n’était pas question “des conservateurs vs les libéraux”. Durant plusieurs mois, cette question n’était que de la poudre aux yeux. Les gens bien informés en étaient fort au courant. Bien des gens pensaient que vous en saviez plus aussi, et vous auriez dû, sauf que votre soif de pouvoir vous aveuglait. Qu’il aurait donc été préférable de laisser les événements suivre leur cours normal pour être ensuite en position de faire vraiment du bien. Maintenant, le frère est tourné contre le frère et le ministre contre le ministre, et pour quel résultat ? Vous êtes en train de devenir un homme sans honneur et sans respect, alors qu’il aurait pu en être tout autrement. Et parce que vous avez été sans miséricorde, la promesse du véritable Chef de l’Église, c’est que vous n’en bénéficierez pas vous-même. Ceux qui vivent par l’épée meurent par l’épée. Qu’allez-vous faire, maintenant ?

« Au début de juillet de cette année, j’ai lu un long mémo écrit par Robert Kuhn vous étant adressé, datant d’une couple d’années. Robert vous prenait sérieusement à partie à cause de votre lourde conspiration contre le “Gouvernement de Dieu”. Car, si nous avons eu le témoignage du “gouvernement de Dieu” lors des premiers mois de cette année, alors que vous étiez au “pouvoir”, Rod, qu’est-ce qui nous dit qu’auparavant, ce n’était pas le gouvernement de Dieu ? Qui peut dire quand il commence et quand il se termine ?

« Votre grossière conspiration était connue dans tout le ministère de l’église, principalement parce que vous n’y alliez pas avec le dos de la cuillère dans votre entreprise. Évidemment, ça se faisait au nom du conservatisme. Et il y avait sûrement des raisons aux changements devenus plus évidents qu’avant. Mais ce qui est également apparu, c’est l’ampleur de l’offense de ceux au nom de qui vous prétendiez opérer.

« Maintenant, Rod, vous devez vivre avec vous-même ― avec plus de connaissance que vous n’en avez jamais eue. Dans votre office de Phinées, en matière de jugement, vous avez ordre de ne pas faire acception de personne. L’Ange de la Mort pourrait ne pas retenir sa main avant que la mission ne soit complétée ! »

Sincèrement,

(Signature)

David Robinson

(Le lecteur comprendra que le terme Ange de la Mort est employé de manière ironique. L’on voudra bien lire ce qui se rapporte à Phinées dans Nombre 25.)

[Fin de la lettre]




D.214 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 16

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

 

Chapitre 15

POIGNARDÉ DANS LE DOS

 

Environ une semaine après être revenu de la conférence de Tucson, en janvier 1979, je reçus l’appel d’un ami, tard dans la soirée. En substance, un membre de l’église de la Louisiane, déclarant avoir pris contact avec le bureau de Stan Rader à Pasadena, avait appelé ici, à Tulsa, une famille qu’il avait connue auparavant en Louisiane pour essayer de découvrir tout ce qu’il pouvait à mon sujet. Je connaissais un peu cet homme, mais je n’avais pas idée qu’il puisse ainsi être utilisé par le bureau de Rader. J’avais perçu chez lui un homme sans éducation, sans envergure, ni réputation dans l’église, mais ambitieux. J’allais découvrir rapidement que c’est le genre de personne qu’employaient ceux qui contrôlaient de facto à Pasadena.

Il y a deux heures de décalage entre Pasadena et ici, à Tulsa ; donc, j’appelai immédiatement Rod Meredith chez lui. Je lui parlai de l’appel en lui mentionnant le nom de l’homme de la Louisiane. Il m’avoua ne rien savoir à cet égard. Je pensais alors, et je le pense toujours, qu’il ne savait pas grand-chose des activités du groupe de Rader. Mais je lui dis que je me rendrais là-bas pour lui parler. Il accepta tout de suite. Il m’apparut amical au téléphone. En fait, je ne voyais aucune raison pour qu’il ne le soit pas. Nous avions toujours été sincères l’un envers l’autre et je ne voyais pas la nécessité de changer cette approche.

Donc, à la toute fin de janvier, je m’envolai pour Pasadena. Lorsque j’arrivai au Hall d’Administration, la secrétaire de Rod me dit qu’il ne pourrait me voir que le jour suivant ― à 10h00. Dans l’intervalle, je visitai plusieurs de mes amis sur le campus, dans l’après-midi et dans la soirée, soupant chez des amis de très longue date. Le lendemain matin, je me rendis aux services ministériels où Ted Herlofson me montra un certain nombre de graphiques très intéressants qu’il avait compilés. En plus d’être un bon historien, Ted était aussi un statisticien passionné. Ses graphiques indiquaient un désastre imminent pour l’église.

La secrétaire de Rod m’appela pour me dire que celui-ci était prêt à me recevoir. J’arrivais à l’ascenseur quand les portes s’ouvrirent sur Sherwin McMichael qui en sortit. Il sembla plutôt surpris ― même troublé. Il me demanda si je pouvais m’avancer juste un peu, histoire d’avoir un entretien en privé. Je regardai autour et ne vis personne dans les alentours. Il se déplaça pour que j’avance un peu plus vers un ameublement servant à faire la conversation, dans le coin nord-ouest du lobby.

« Bon, qu’y a-t-il ? » lui demandai-je.

Il voulait m’expliquer que la rumeur était partie dans sa famille que mon fils John et moi-même avions été excommuniés. Il me dit que tout cela était une terrible erreur. Je lui répondis que, si j’avais été excommunié, je pense que je le saurais. Il me dit être désolé et que cela n’aurait pas dû arriver, mais il était sûr que je comprenais ce que sont les rumeurs.

Je ne fus jamais aussi en colère de toute ma vie. Je le fixai droit dans les yeux et lui lançai : « Sherwin, les rumeurs courent partout sur tout le monde. Je suis sûr qu’il y en a plein à ton sujet. Et je suis certain qu’il y en aura encore ». Sur ce, je le quittai et je ne lui ai pas reparlé depuis. (Le lendemain du Jour du Souvenir, je me rendis à son bureau pour lui parler, mais il n’était pas là. C’est probablement mieux ainsi.) Je n’avais pas entendu parler de ces rumeurs avant qu’il me les annonce à ce moment-là. Mais depuis lors, j’en ai entendu d’autres. Et j’en connaissais les raisons. Elles n’étaient pas honorables.

Quand Rod ouvrit la porte de son bureau, je remarquai que Raymond McNair était là aussi. J’en étais content. John avait eu un long entretien avec eux deux dans la semaine précédente et il avait trouvé que Raymond était plus compatissant et plus raisonnable que Rod. Dennis Pyle me rendit plus tard le même témoignage. Je devais constater la même chose en deux occasions. Raymond fait très bonne impression, seul à seul ― beaucoup, beaucoup plus que lorsqu’il est en groupe.

Je débutai la conversation en mentionnant que j’étais venu trois fois dans ce bureau, lors des trois derniers mois, et que j’avais parlé à trois hommes différents ayant occupé le poste. « Rod, » demandai-je, « combien de temps croyez-vous vous asseoir ici ? » Raymond McNair répondit en disant : « Nous croyons que c’est Dieu qui nous a installés ici et que seul Dieu peut nous y enlever. »

« C’est à peu près la philosophie que vous devez avoir, » répliquai-je. Je leur dis ensuite que, même si j’avais été mécontent des événements ayant eu lieu pendant l’office de Rod, j’étais véritablement heureux qu’il y soit et je lui souhaitais le meilleur. C’est vraiment le sentiment que j’avais, à l’époque. J’en savais un bout sur ce qui s’était passé et je désapprouvais absolument la conduite des deux hommes lors du fameux, ou de l’infâme, vendredi. En me basant sur de nombreux rapports, Raymond me faisait penser au John Brown de Harper’s Ferry, tel que décrit dans les bouquins scolaires du Sud d’il y a un demi siècle. Mais Rod avait été trop avide de pouvoir. Néanmoins, Dieu l’utilisait peut-être maintenant dans un travail spécial, et Rod pouvait en ressortir comme le leader ecclésiastique que nous attendions tous. Je ne pensais pas que ce fut vraiment possible. Je réagis donc en me fondant là-dessus. Je leur dis que je les aiderais de toutes les façons possibles. Je leur demandai s’ils savaient contre quoi ils se dressaient. Leur réponse circonspecte indiquait, soit la prudence, soit le manque d’information. À mesure que la journée s’écoula, je pus voir qu’il y avait un peu des deux. Je leur fis savoir que j’avais passé plusieurs heures à converser avec Stan Rader, une couple de mois auparavant et que je voulais qu’ils sachent à quoi ils avaient affaires. Stan ne serait pas leur ami.

Rod et Raymond sortirent tous deux des tablettes de papier jaune format légal et commencèrent à prendre des notes. Je leur demandai ce qu’ils voulaient en faire et ils me répondirent qu’ils reverraient plus tard la réunion afin de mieux savoir comment procéder pour protéger leur poste. Je n’étais pas complètement rassuré, mais je décidai que cela ne faisait pas grande différence. Après tout, Dieu enregistrait tout, de toute façon. Je savais que j’allais assez bien me rappeler de ce qui s’était dit ce jour-là ― du moins, en substance. Raymond s’assit en face de l’énorme bureau de Rod et à ma gauche.

Il ne me regarda pas souvent ; la plupart du temps, il regardait Rod ou le sol. Je dois rapporter que, durant les 6 ½ heures de conversation, Raymond, quoi qu’il démontrait plus d’empathie que Rod, donna l’impression d’être lent à comprendre et à percevoir. Rod était passablement plus rapide à comprendre, mais tout de même beaucoup plus lent que, disons, Stan Rader. On doit épeler les mots pour Rod, mais pas pour Stan. Après avoir décortiqué les choses pour Rod, je dus ensuite les expliquer davantage pour le bénéfice de Raymond. Ce fut ainsi pendant toute la conversation. Je faisais vraiment face à deux niveaux différents de compréhension. Dans l’avion, j’avais pris quelques notes de la conversation que j’avais eue avec Stan Rader dans le but de décrire à Rod ce qu’il devait savoir. Il me dit que je n’avais pas à m’en faire au sujet d’une prise de pouvoir de l’église de la part de Stan Rader, car lui-même, Raymond, Leon Walker et quelques autres qu’il me nomma étaient maintenant sur le Comité de Directeurs. Stan ne pouvait d’aucune façon prendre le pouvoir de l’église. Mon regard sceptique transmit mon désarroi. Les événements subséquents démontrèrent la médiocrité de Rod et son inexpérience.

La vérité toute simple, c’est que ni Rod, ni Raymond ne comprenaient les forces contre lesquelles ils luttaient, et ils ne comprenaient pas suffisamment la loi corporative pour prendre des décisions intelligentes. Ils n’avaient pas non plus de budget ou la faculté d’engager un bon avocat corporatif, et ils n’avaient donc pas de base de pouvoir dans l’église pour assurer leur continuité à leur poste.

La route qu’ils empruntèrent dès le début les condamnait à un échec assuré. Si, dès le commencement, ils avaient prêché avec puissance la loyauté envers Dieu, envers la Bible, envers l’église et envers la vérité, ils auraient obtenu le support nécessaire. S’ils avaient enseigné la compassion et la miséricorde, et s’ils avaient pratiqué ces vertus, les résultats auraient été fort différents. Si Rod avait refusé de réagir aux messages de Rader commandant l’excommunication de confrères ministres lors du sabbat suivant l’échauffourée de Pasadena, il aurait acquis de la force. Une fois qu’il eût accepté la note des mains de Stan et permit à ce dernier de s’emparer du podium lors du premier sabbat, il se compromit de même que le ministère.

Stan savait ce qu’il faisait. Rod, lui, était dans le brouillard. Et voilà maintenant qu’il disait avoir été plus fin que Stan. Quelle naïveté !

Je suis assuré que Rod n’a jamais assisté de toute sa vie à la réunion d’un comité vraiment solide. Comment aurait-il pu ? Herbert Armstrong, dans ses conversations avec Wayne Cole enregistrées sur ruban, appelait fièrement le comité des directeurs de l’église son « comité d’idiots ».

De la manière que se passèrent les choses, Rod établit un nouveau record de temps occupé au poste de directeur de l’Administration pastorale. Il avait ridiculisé Wayne Cole, son prédécesseur, citant le peu de mois qu’il avait occupé le poste, mais Rod mordit la poussière en moins de temps encore ! En vérité, Rod s’arrangea très bien pour pouvoir durer les huit ou neuf mois qu’il fut en poste, car son utilité avait déjà pris fin avant la Pâque.

Il semble, d’après ce que Rod et Raymond dirent à l’époque, que Dieu ne les ait pas mis en poste ; cela revenait à une couple d’hommes. Et ce sont ces mêmes hommes qui les déplacèrent. Ils ne jouaient pas le jeu avec assez de talent. C’est de ça que je les avais avertis.

Je confiai à Rod que Herbert Armstrong avait dit de lui : « Rod Meredith est si juste qu’il en devient injuste ». C’est Stan qui me l’a dit. Et, d’après plusieurs rapports, il traitait Raymond McNair de « bouffon ». Et voilà qu’il les avait utilisés pour une courte période de temps seulement, à sa convenance. Rod croyait que c’était Dieu qui l’utilisait. Je demandai à Rod, comme à Raymond, si le Message d’avertissement avait touché tout notre pays, ou s’il restait encore beaucoup à faire. Je l’appelle le « Message d’Ézéchiel » parce qu’une grande partie se trouve dans le livre de ce prophète. Ceux qui pleurent et qui soupirent à cause de toutes les abominations qui se commettent dans notre pays sont loués, alors que ceux qui emploient le nom de la religion pour se faire leur propre chemin et qui corrompent le pays y sont déclarés dignes de mort. Je pense que le terme est bien choisi en cette circonstance. Tous deux pensaient qu’il reste beaucoup à faire pour remplir notre mission envers le pays et les autres nations que l’église appelle l’Israël moderne. Si ces pays sont réellement les descendants modernes de l’ancien Israël, alors il y a encore énormément à faire pour une église active et nette ― c’est-à-dire, si l’enseignement de l’église est exact.[1]

Nous étions d’accord sur le sujet. Le seul point de désaccord que j’ai pu détecter était à savoir envers qui nous nous disions loyaux. À cette époque, je croyais qu’en fin de compte, HWA voudrait faire les choses correctement et continuer l’œuvre consistant à avertir le monde occidental et ensuite les autres nations. Je ne connaissais tout simplement pas l’étendue de son enchevêtrement avec le monde. Cette connaissance n’allait me venir que plus tard. Des renseignements additionnels me feraient aussi comprendre ce qui s’était passé pendant des années à Pasadena et pourquoi l’église avait été stoppée dans son élan, il y a quelques années. Stan avait frappé au sommet. Rod le savait peut-être à l’époque. Certains disent aujourd’hui qu’il le savait. Je ne sais pas. Il n’a pas donné d’indice qu’il le savait, mais je devais apprendre, plus tard au printemps, qu’il était très habile à cacher de l’information et à la ménager afin qu’elle vienne à servir ses propres intérêts. On vit, on apprend. Cette journée-là, nous discutâmes beaucoup du personnel ministériel, donnant notre opinion en long et en large. Je fus surpris de constater qu’il s’était forgé une haute opinion de certains hommes que je pensais ineptes à servir l’église, et je découvris qu’il avait piètre opinion d’autres personnes que je croyais essentielles. Nous fûmes néanmoins d’accord sur quelques points.

Il n’a pas réagi devant les choses que je savais être formelles concernant plusieurs personnes qui sont encore dans les environs, mais qui se sont compromises au sein du ministère à maintes et maintes reprises. Rod me dit qu’il respectait mes opinions, et je le crois. Elles se fondaient sur beaucoup d’informations.

J’avais pris quelques documents dans ma mallette. Je l’ouvris et commençai à lui tendre des choses à lire dont certaines portions étaient soulignées. Il me dit que John était arrivé la semaine précédente avec une mallette pleine de documents à lui montrer. Rod avait ridiculisé cette approche, ayant le sentiment que tout cela n’avait pas d’importance. Tout ce qui lui importait, c’était de supporter « l’apôtre ». Rien d’autre ne comptait. En tout cas, c’est le propos qu’il tenait à ce moment-là. Stan Rader, c’était autre chose. Il y avait un problème en ce qui le regardait. Qu’importe les contradictions qu’ait pu écrire Herbert Armstrong, on ne gagnait rien à en tenir compte.

J’élaborai ensuite en détail sur mon impression de Stan, ses habiletés, ses faiblesses, ses opinions et ses plans selon ce que je pouvais en discerner. Je pensais qu’il n’y avait pas moyen de séparer les destins de Stan Rader et d’Herbert Armstrong à ce moment-là. Seuls la mort ou l’État de la Californie pouvaient le faire. Il sembla que les choses s’étaient agencées de manière à les joindre comme des frères siamois. Il y avait des raisons, bien rapportées au moulin à rumeurs, qui expliquaient cet état de fait. Les enregistrements de Lochner en étaient une.

Puis, je parlai à Rod et à Raymond de la conduite d’HWA aux Pocono, en 1976, quand HWA m’avait confié ses habitudes de masturbation et montré sa tenue de livre sur son auto-érotisme. Rod me demanda si ça m’en avait bouché un coin. J’admis que cela m’avait passablement secoué, en particulier à cause des enseignements d’HWA à ce propos. Je pensais également qu’il était tout à fait inhabituel qu’un homme enregistre régulièrement une telle conduite.

Rod m’avoua que cela ne le bouleversa pas du tout, lui. Pourtant, Rod avait enseigné ce sujet plus que n’importe quel autre ministre dans toute l’église. En outre, il enseigna pendant des années au collège les cours traitant des Épîtres de Paul. Ces cours comprenaient les enseignements sur le premier chapitre de l’épître aux Romains qui, selon l’église, interdit cette pratique. Je demandai à Rod si c’était bien le cas. Eh bien, oui, acquiesça-t-il, c’était bien le cas. Raymond parla ensuite de la solitude de M. Armstrong et tout ce qu’il souffrait depuis la mort de son épouse. Lui, Raymond, déclara alors avoir souffert quand sa propre épouse le quitta et partit avec la plus grande part de son argent. Elle lui avait tellement coûté, dit-il, qu’il pouvait comprendre que la solitude affectât HWA.

Je leur rappelai à tous deux que HWA pratiquait la masturbation alors que Mme Armstrong était toujours vivante. Que dites-vous de ça ? Rod dit qu’il savait que Loma Armstrong passait pour être froide de nature. Et qu’il ne dirait rien de la conduite d’HWA. Je lui répliquai que Tony Hammer avait menacé un jeune homme d’excommunication, au sud du Texas, il y a quelques années, à cause de l’enseignement de l’église sur la masturbation, et voilà que l’homme qui occupait le sommet la pratiquait depuis toujours. Dieu faisait-Il acception de personne ? Il répondit que, si Tony l’avait appelé, à l’époque, il lui aurait dit de ne pas se montrer si dur envers le jeune homme. (Ceux qui se rappelleront les enseignements de Rod à ce moment-là, trouveront cela difficile à avaler.)

Ensuite, je leur parlai de la nudité de M. Armstrong le lendemain matin et ils exprimèrent tous deux leur incrédulité. Je pus le voir dans leurs yeux. Je leur dis : « Soit que je le raconte tel que c’est arrivé, ou soit que cette histoire est totalement fausse. Maintenant, regardez-moi droit dans les yeux et voyez si je vous dis la vérité. » Rod dit me croire. Il me connaissait plus que Raymond. Mais Raymond résista et parla de la modestie de M. Armstrong et du fait qu’il était prudent. Je lui répétai que soit que c’était vrai, soit que c’était faux. Il me regarda, puis dit me croire. Rod parla ensuite de certains grands hommes qui aimaient se promener nus ― comme Winston Churchill. Il pouvait imaginer que M. Armstrong, aussi un grand homme, était sans doute comme ça aussi. En fait, il s’enthousiasma à l’idée et sembla l’apprécier.

C’était l’heure du dîner et Rod voulut aller là où l’on trouverait de l’intimité. Nous trouvâmes un endroit à l’est du campus. J’ai oublié le nom de la place, mais c’était bruyant. Rod voulut que nous nous référions à l’homme dont nous parlions en le nommant par un chiffre pendant le dîner. Puis, il décida qu’il y avait tellement de bruit que personne ne nous entendrait de toute façon. Je lui dis que, pour ma part, cela ne faisait pas de différence. Nous pouvions utiliser son nom ou un chiffre. Ce fut un dîner fort aimable et il appert qu’en général nous étions d’accord. Ensuite, nous retournâmes au bureau où Rod s’assit à nouveau derrière son énorme pupitre. Nous couvrîmes un certain nombre de choses et, aux alentours du milieu de l’après-midi, je ramenai la discussion sur ce pourquoi j’étais là. Rod changea complètement de comportement. Il prit une attitude autoritaire et se laissa aller en arrière dans son gros fauteuil. Il m’informa que je devais venir au collège à Pasadena immédiatement. Je le questionnai sur le pastorat à Tulsa. Il me dit que j’en étais relevé. Je lui demandai depuis quand. Il me répondit depuis tout de suite. Pourquoi ? lui rétorquai-je. À cause de ceci et de cela, me dit-il. Il me parla vraiment par détours. Finalement, il m’avoua que c’était HWA qui l’avait ordonné. J’avais deux options : soit de venir au collège Ambassadeur immédiatement, ou je serais complètement expulsé du ministère. Je m’assis un moment en regardant par la fenêtre. Le bureau de Rod, qui le fut peu de temps, est situé au coin nord-ouest du Hall d’Administration. Je jetai un coup d’œil par delà le Boulevard Colorado et la Banque Wells Fargo, sur les collines au loin. La journée était claire. Rod se mit à rire en disant : « Dave, vous êtes perdu dans vos rêveries. » « Rod, » répliquai-je, « je suis perdu dans bien plus que ça. » Raymond parla de déménager tout de suite. Il me dit que je pouvais mettre mes meubles en entreposage et prendre un appartement meublé ici même. Il mentionna quelques autres personnes ayant fait la même chose.

Rod commença à me dire qu’on me ferait honneur lorsque j’arriverais. Je ne serais pas déshonoré. Ils prendraient personnellement soin de moi et je pouvais compter sur leur amitié.

Je leur dis que j’avais près de 57 ans et que déménager maintenant était hors de question. De même, je ne pouvais prendre sur moi de demander pareille chose à mon épouse. Rod voulut savoir si je voulais rester un soir de plus avant de prendre une décision. Demain matin, les choses deviendraient plus claires. Je lui dis qu’il faudrait pas mal plus qu’une autre nuit.

Il commença à m’expliquer qu’une formation collégiale supplémentaire m’aiderait dans l’église. Je pourrais en sortir dans une couple d’années, peut-être, pour obtenir un autre pastorat. Je n’avais pas fait autant de collège que la plupart des hommes dans le domaine. Cela leur permettrait de me respecter plus que jamais. Il mentionna que Ray Wooten en était un autre qui avait besoin de faire davantage de collège. (On avait déjà fait de Ray un coordonnateur régional, mais cela n’avait pas encore été annoncé. J’allais en entendre parler plus tard. Cela illustre la méthode de Rod, car Ray a moins de collège que moi.)

Je demandai à Raymond, qui était alors vice-chancelier du collège, quels cours me seraient offerts. Il se questionna et ne put me répondre. Il ne savait même pas ce qui se passait dans sa propre école. Pourtant, voilà un homme qui rabaissait avec emphase les universités de notre pays et qui avait fortement critiqué le collège l’automne précédent, à Big Sandy, devant six mille personnes. Il se croyait qualifié pour administrer un collège et, pourtant, il ne savait pas ce qui se passait dans son propre petit établissement.

On peut dire que, si j’avais quelque intention d’aller au Collège Ambassadeur, ma confiance n’était pas renforcée par sa performance. Je leur dis que je n’avais vraiment pas de temps à perdre dans la vie. J’avais le sentiment que je ne devais rien gaspiller et je leur posai la question à savoir s’ils croyaient que je n’y perdrais pas mon temps.

Les événements qui suivirent ont prouvé que mes inquiétudes étaient bien fondées. Que vaudrait maintenant l’amitié de Rod Meredith à Pasadena ? De même que celle de Raymond ? Si ce n’était des autres problèmes, j’aurais encore préféré celle de Stan Rader. Au moins, il joue au bridge. Et il peut parler intelligemment. Je ne suis pas sûr qu’il ne soit pas plus fiable. Mais on apprend, à la longue.

Puis, Rod mit de la pression pour obtenir une réponse immédiatement. Mais Raymond vint à mon aide. Dans les moments cruciaux, il montre beaucoup plus de compassion que Rod. Je déclarai que je devais y penser quelques jours. Raymond poussa Rod à accepter. Vint ensuite la question de savoir ce qu’il fallait faire pour le prochain sabbat, à Tulsa. Il me demanda si je voulais donner un dernier sermon. Je répondis que oui. Je lui demandai s’il avait un sermon enregistré à faire jouer. Je le ferais jouer et j’annoncerais ensuite que c’étaient mes derniers moments à Tulsa. Il me donna un enregistrement à faire passer ― un des siens.

Il était maintenant cinq heures et je voulais me rendre au bureau du personnel pour voir quel genre d’arrangements financiers on pouvait me faire au cas où je quitterais l’emploi de l’église. Rod ne le savait pas. Il était perdu, dans ce domaine, de toute façon. Je lui dis que je voulais aller vérifier avant que Ted Gould quitte pour la journée.

Le bureau du personnel était au troisième étage et Raymond me reconduisit à l’ascenseur ; il s’arrêta à la balustrade qui surplombait le lobby. Nous y bavardâmes quelques temps. Il continua à m’encourager à venir au collège. Au moins, il semblait intéressé à mon bien-être. J’allais découvrir plus tard que ça le préoccupait beaucoup plus que Rod ne l’eût jamais fait. Pendant que nous parlions, je vis Sherwin McMichael marcher dans le lobby. Il leva la tête en passant devant nous. Ce fut la dernière fois que je le vis.

Je me rendis parler à Ted Gould. Il se préparait à quitter le bureau, car il était passé cinq heures depuis longtemps. Ted fut aussi coopératif qu’un homme sans pouvoir peut l’être. Il m’expliqua quelle était la politique et ce qui arriverait. La politique du personnel était celle d’une corporation qui, à cause de ses relations religieuses, pouvait faire à peu près ce qu’elle voulait. Et, par conséquent, elle choisit d’être parfaitement égoïste. La corporation ne portait aucun intérêt pour ceux qui l’avaient servie pendant des décennies. Ce fait sautait immédiatement aux yeux, au grand embarras de Ted Gould.

Il était également limpide qu’un seul homme, c’est-à-dire, Stan Rader, était complètement aux commandes de ce domaine. S’il ne l’était pas en théorie, il l’était de fait. On ne se préoccupait pas le moins du monde de ce qui arrivait aux gens qui avaient tellement donné dans le passé. Je trouvai rapidement ce que je voulais savoir.

Je me rendis chez un vieil ami pour souper et, ensuite, je pris la direction de l’Aéroport International de Los Angeles. J’y appelai ma femme Margaret pour lui donner des nouvelles. Elle téléphona alors à ses amies dans l’église et les anciens de Tulsa nous accueillirent à souper le vendredi soir. Voilà comment débuta pour nous le mois de février 1979.

Plus tard, Rod Meredith dit à quelques personnes qu’il était désolé de m’avoir fait ce coup-là, mais il avait dit à des gens qu’il allait le faire et il ne voulait pas leur paraître faible. Voilà pour la réputation de courage de Rod !

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[1] N. du T. : La doctrine de l’anglo-israélisme prônant que les pays anglo-saxons sont les descendants modernes de l’ancien Israël (plus spécifiquement les Dix Tribus Perdues) est effectivement une fausse doctrine créée au 19e siècle en Angleterre par une société secrète et reprise ensuite par Herbert Armstrong.




D.213 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 15

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

 

Chapitre 14

CONSPIRATION ET CHAOS

 

Après avoir reçu la lettre de Stan en décembre 1978, teintée de critique amère et non fondée au sujet de mon fils John, j’eus le sentiment que mon ministère dans l’église touchait à sa fin. John avait l’impression que Stan lui avait « déclaré la guerre » et j’étais enclin à le croire. Je commençai à penser sérieusement à d’autres façons de m’acquitter de l’ordre scriptural commandant de pourvoir aux besoins de ma famille ― ce qui n’était pas une mince tâche à mon âge et après avoir travaillé dix ans comme employé de l’église ! Je commençai par demander aux hommes de rang supérieur pour qui j’avais travaillé durant ces dix dernières années de m’écrire des lettres de recommandation afin de me préparer pour ce qui m’apparaissait inévitable. (Je dois avouer que ce processus se poursuit chez d’autres personnes de l’église aujourd’hui.) Je me rendais à Big Sandy une fois par mois, à cette époque, car ma mère se trouvait en résidence au Manoir Oak à Gladwater, ayant fêté ses 91 ans. Elle n’allait pas très bien. (Elle est décédée en mars.)

C’est lors d’une de ces visites, le mercredi 3 janvier 1979, que je me rendis pour la première fois au bureau de Ted Armstrong, à Tyler, pour aller chercher une lettre de recommandation de Ron Dart. (Il fut mon supérieur pendant quelques années, jusqu’en 1978.) À l’évidence, les choses atteignaient un point critique dans l’église et, comme bien d’autres ministres, j’avais le sentiment que le temps viendrait où nous ne recevrions plus de chèque de paie de Pasadena. J’avais 56 ans et peu de réserves financières. Je crus prudent d’obtenir des lettres de recommandation et, puisque j’avais travaillé pour Ron Dart à Big Sandy, je désirais avoir une lettre de lui. Quand je passai le pas de la porte, tout le monde m’accueillit très chaleureusement et je me rendis au bureau de Ron pour prendre ma lettre. Là, nous discutâmes de la nouvelle doctrine pétrine (de l’Église Universelle de Dieu) qui remplissait les publications de la WCG à ce moment-là. Bien sûr, personne que je connaissais (sauf HWA) n’y croyait. Ce sujet m’intéressait tout particulièrement, car je pensais que tout l’avenir de l’église reposait sur ce point précis, comme nous le savons maintenant.

Je trouve indignant que l’on dise que ça ne fait pas vraiment de différence, comme le pensent certains ministres. Cela fait une grande différence. Si le contrôle total est entre les mains d’un unique homme qui seul représente Dieu, alors notre salut dépend de cet homme. Pourtant, l’Église du Nouveau Testament croyait qu’il n’y a pas d’autre nom sous les cieux que celui de Jésus-Christ par lequel nous puissions être sauvés (Actes 4:10-12). Je crois qu’ajouter le nom d’un homme à celui de Christ est absolument contraire aux Écritures. Tout comme, à l’époque, je ne connaissais pas non plus de ministre qui disait croire à la doctrine pétrine. Ce n’est pas ce qu’on nous avait enseigné ! Voilà que maintenant, tout était changé. Pourquoi ? Pourquoi changer cet enseignement important, juste à ce moment-là ?

Tout en discutant de cela pendant une pause, Ron Dart me demanda si je voulais visiter les bureaux. Au cours de cette visite, nous arrivâmes au bureau de Ted. Celui-ci avait une pile de documents qu’il me montra. Parmi eux, il y avait un petit dossier publié par l’Église de Dieu (du Septième Jour) codifiant ses doctrines de base. Quand j’en eus lu un petit bout, je m’exclamai : « Si Herman Hoeh (historien de la WCG) avait découvert un tel énoncé de croyances écrit par un groupe dans quelque librairie poussiéreuse reliée au Moyen-Âge, il aurait immédiatement proclamé publiquement qu’il s’agissait de l’Église de Dieu ! »

Évidemment, Herbert Armstrong l’appelle encore « l’Église de Sardes », ce qui est fort intéressant. Apparemment, il croit toujours qu’elle est l’Église de Dieu. Or, il prêche que quiconque veut être sauvé doit passer par lui. Très intéressant.

On en était à l’heure du dîner et Ted voulait savoir si j’aimerais manger avec eux. J’acceptai. Si j’étais chassé de l’église sous les circonstances qui y existaient, j’avais le sentiment que cela n’aurait aucune valeur. Et je n’étais pas le seul à le croire. De nombreux ministres étaient du même avis.

Ma propre expérience de toute première main m’avait convaincu qu’HWA n’était plus l’ombre de lui-même, mais que, encore là, il était fermement déterminé à regagner le pouvoir. J’étais sûr que cette doctrine n’était à ses yeux qu’un outil pour arriver à ses fins. Il se trouvait au centre d’une lutte personnelle où il était prêt à sacrifier n’importe quoi et tout le monde. Les événements subséquents ont abondamment démontré qu’il ne s’agissait pas d’une lutte entre les conservateurs et les libéraux, d’aucune façon. Si tel avait été le cas, l’issue en aurait été bien différente. Déjà, au moment d’écrire ceci, (octobre 1979), presque personne ne pense à cette bataille dans ces termes-là.

Alors que nous dînions, un messager arriva du bureau avec des nouvelles de l’intervention du Procureur général de la Californie aux Bureaux chefs de la WCG à Pasadena. Nous retournâmes rapidement au bureau où les nouvelles affluaient à toute vitesse. Ces nouvelles ― que Dieu puisse intervenir par l’intermédiaire de l’État de la Californie pour s’occuper des problèmes sérieux de l’église ― étaient on ne peut plus excitants et vraiment bienvenus.

Je n’avais jamais entendu parler d’un procès pareil auparavant, mais j’avais perçu des rumeurs de recours collectifs. Ces rumeurs couraient ici et là depuis quelques temps et s’étaient formées parmi un groupe de payeurs de dîmes intentant un recours collectif contre l’organisation pour la forcer à rendre compte des dépenses de millions de dollars donnés en dîmes. Je n’avais rien entendu de concret et ces nouvelles leur donnaient donc forme et substance. On y remettait en question la gérance de nombreux millions de dollars qui avaient été arrachés à des milliers de personnes pendant des années. Un grand nombre de gens proches des bureaux d’affaires savaient depuis des années que, tôt ou tard, un compte-rendu financier était inévitable. Ils savaient aussi que, lorsque cela arriverait, beaucoup de gens seraient concernés.

De nos jours, de temps à autre dans nos principaux journaux, on parle de la corruption réelle et monstrueuse qui existe au Bureau général de comptabilité de Washington. On cite des cas avec noms à l’appui, des dates et des montants. Il semble que rien n’est fait contre ça. Et personne n’est poursuivi après que les articles soient apparus dans les journaux.

Il y a plusieurs membres du Congrès à Washington qui continuent de rédiger des lois pour que le reste d’entre nous y obéissent, alors même qu’ils sont, soit sous accusation, soit déclarés effectivement coupables, comme le congressiste Diggs, du Michigan. Le représentant Flood, de Pennsylvanie, même sous accusation de fraude et de corruption, continue à exercer son pouvoir à la Chambre des Représentants. Le sénateur Talmadge, de Georgie, a récemment été « dénoncé » pour inconduite financière « répréhensible » dans sa fonction. Mais il demeure en poste. Il présente même sa terrible image au Sénat comme une « victoire ». Voilà l’époque où nous vivons !

Mais on espère et on s’attend à mieux d’hommes qui prêchent au nom de Dieu et qui professent croire à la loi de Dieu. Or, une fois que s’installe la corruption, elle s’étend comme un cancer. Le corps ne peut expulser de lui-même cette infection. Elle grandit. Des ministres étaient pleins d’espoir à ce moment crucial. Peut-être Dieu répondait-Il aux prières de Son peuple et le libérait-Il des entraves de la corruption ?

Ted Armstrong fut contacté par des gens qui ne l’avaient pas fait depuis son expulsion. Il y en avait beaucoup pour penser que son père l’appellerait en cette heure de crise, qu’il y aurait un grand ménage chez les changeurs financiers et que la religion vraie prendrait le dessus. Ils croyaient qu’HWA accueillerait peut-être favorablement cette action, car elle le soulagerait d’une tâche qu’il semblait incapable d’exécuter. J’encourageai Ted à rejoindre son père, si c’était possible, espérant que la terrible division au sein de l’église serait comblée grâce à une toute nouvelle vision du devoir et de la mission de l’église ― ou plutôt une « reconsécration » de l’ancienne. Pendant une couple de jours, je continuai à croire que cet événement était tout juste possible, même si HWA avait signé des documents promettant de ne jamais rien faire de pareil.

Je quittai Tyler et revint à Big Sandy où je demeurais. L’excitation était intense, et l’espoir de réconciliation et de mission grandit. Nous étions en constante communication avec des hommes sur les lieux de la scène, personnes que nous savions être des hommes d’honneur et d’intégrité, et dont nous étions convaincus de la précision des rapports.

Je revins à Tulsa le mardi soir. Certains des ministres des régions du nord et de l’est du Texas s’envolèrent pour être sur le lieu des événements. Ils étaient donc sur place quand survinrent les incidents du vendredi, le Vendredi Noir, qui furent amplement rapportés. Une conspiration réussit à renverser l’autorité légitime et à s’emparer du pouvoir de l’église. Elle fut ourdie, planifiée comme un coup d’état contre une petite monarchie médiévale. Quiconque avait pris possession du roi gagnait. Les dirigeants du coup d’état s’emparèrent des points de contrôle et résistèrent jusqu’à leur victoire. Il y eu violence physique.

La tournure vraiment ironique de toute l’affaire fut l’utilisation planifiée des « conservateurs ». Il est fort probable qu’aucun autre homme dans toute l’église que Rod Meredith n’ait pu sauver la faction financière ― l’élément hors du ministère. La plupart des gens connaissaient déjà sa brûlante ambition de reprendre le contrôle du ministère. Pendant les douze ans qu’il fut au pouvoir, il se qualifiait lui-même de « numéro trois ». Il se plaçait officiellement juste derrière Garner Ted, par nécessité, car il n’y avait à ce moment-là pas moyen de se proclamer numéro deux. Mais il faisait savoir qu’il aurait dû être le numéro deux. Je ne connais personne dans l’histoire de l’Église Universelle de Dieu qui ait été plus conscient de la structure hiérarchique que Rod Meredith, sauf Dennis Luker. Le rang leur semblait à tous les deux une véritable obsession. Donc, quand le coup d’état fut planifié dans le but de prendre le pouvoir à Pasadena, ce jeudi 4 janvier, le seul moyen de le réaliser était d’employer temporairement l’ambition de Rod Meredith et, en même temps, d’introduire les conservateurs sans pouvoir depuis des années.

La véritable colonne vertébrale et la force fondamentale de l’église a toujours été son élément conservateur qui savait ce à quoi il croyait et pourquoi il le croyait. Mais cet élément avait été mis de côté, d’abord par l’échec de la prophétie d’HWA, en 1972, puis par la disparition graduelle subséquente d’HWA vers des contrées lointaines en pays étrangers. Les rapports des voyages distants des Armstrong étaient toujours dérangeants. Les histoires les plus extravagantes nous parvenaient souvent des membres de sa propre équipe de voyage. D’après ces récits, il se passait bien plus de choses que le simple « prêche de l’Invitation ».

À l’époque du décès de son épouse Loma, HWA était en compagnie d’un bon nombre de gens non convertis. Au fil des ans, particulièrement après l’acquisition du Gulfstream II, cette tendance à s’acoquiner avec les gens non convertis s’accentua à tel point que, selon ses propres déclarations, il passait plus de 300 jours par année de cette façon. Ceux qui aiment les statistiques ont fait la moyenne des jours s’intercalant entre les petits discours outremer d’HWA. Ils furent surpris de la faible quantité de ces discours prononcés outremer. Il y avait bien plus de banquets que de discours, d’après les membres de son groupe.

Pendant ce temps, HWA répéta à plusieurs reprises que son fils Ted était le chef exécutif disposant de tous les pouvoirs, ainsi que son successeur. Il écrivit à l’église, il y a six ans, en 1973, qu’il remettait les pouvoirs à Ted comme David remit les pouvoirs à Salomon avant de mourir. Herbert Armstrong se tenait sur la frange, du moins, aux yeux de ceux qui prenaient au pied de la lettre la littérature provenant de Pasadena. Durant la Fête à Big Sandy, en 1975, il ne reçut que peu d’attention de la part des ministres. On le laissait seul, comme s’il n’avait plus de pouvoir. C’est pendant cette période ― plusieurs années ― que le sexe devint le seul sujet sur lequel on pouvait le faire parler. On ne peut maintenir, ni exercer, beaucoup de pouvoir moral quand c’est tout ce qu’on a en tête.

Satan, très rusé dans ce domaine, utilise le sexe pour s’emparer de nombreux hommes. Même passé les quatre-vingt ans, Herbert Armstrong n’est pas immunisé.

Revenons aux événements de janvier 1979. Tout d’abord, il est connu que Wayne Cole, Herman Hoeh, Dave Antion et Ray Wright s’envolèrent pour Tucson afin d’obtenir l’approbation d’HWA sur une série d’actions qui, si on l’avait exécutée, aurait pu amener la paix et la délivrance de l’église. Ce fut l’opinion de bon nombre de gens informés à l’époque et ça l’est encore. On avait idée que Ray Wright était en position de convaincre HWA de la condition sérieuse du bureau des affaires qu’il avait dirigé pendant un certain temps. Mais cette solution fut renversée par une opération clandestine mise en lumière le vendredi matin.

Les coordonnateurs régionaux étaient en ville, à ce moment-là, se préparant pour la conférence ministérielle programmée la semaine suivante. Si un groupe d’hommes eut dû être consulté ou utilisé durant pareille crise, c’était bien eux. Il s’agissait d’hommes mûrs ordonnés depuis de nombreuses années. Ils avaient de l’expérience dans le ministère. Si Dieu travaille avec ce genre d’hommes, ils auraient dû être consultés. Si Dieu ne le fait pas, alors l’ordination n’a plus de signification. Que ce groupe d’hommes n’ait pas été consulté à ce moment-là eut été proprement impensable. Or, en vérité, ils ne le furent pas ! Ce sont les gens non ordonnés qui prédominèrent ― ceux qui avaient de fortes relations avec le bureau des affaires et le département juridique. L’endroit qui fut « protégé » fut celui-là même que les hommes ordonnés auraient voulu voir ouvert ― le bureau des affaires. Ses registres et ses procédures étaient au cœur du problème.

À l’époque, bien des gens au sein du ministère auraient volontiers laissé aller la propriété en Californie, si besoin était, afin que l’église soit conservée intacte ― afin de faire l’œuvre qu’on nous avait montré à faire. Une propriété physique en Californie n’était pas si importante. En fait, bon nombre considéraient que cette propriété causait des ennuis majeurs.

Ce que je ne sais pas, ce sont les détails de la conversation qui dut se tenir entre Rod Meredith et Tucson. Je n’ai jamais vu de rapports là-dessus. On ne peut que l’imaginer. Mais ceux qui connaissent les partis peuvent très bien en écrire le scénario ― un scénario remplit de fine psychologie. Reste que, le lendemain, Rod, Raymond et compagnie offrirent tout un spectacle. Il demeure également que la période de Rod au pouvoir dura moins de huit mois et, encore une fois, il fut « shanghaïé »[1] ! On n’ a qu’à se fermer les yeux pour avoir la vision de Rod sur l’estrade à la convention ministérielle de Tucson, à la fin de janvier. Il doit encore se demander ce qui s’est passé. Ce qui est triste, c’est qu’il y avait un grand nombre d’hommes, là, à la réunion de Tucson, qui savaient que Rod ne tiendrait pas longtemps. Si jamais homme fut utilisé dans le pire sens du terme, c’est bien lui ! Et, selon toute apparence, il ne le savait pas. Il ne semblait tout simplement pas comprendre contre quelles forces il s’érigeait ― pas le moindrement.

Pendant la soirée du cinq, très tard dans la nuit, Dennis Pyle m’appela, me demandant si je voulais bien envoyer un télégramme à Wayne Cole indiquant mon soutien à l’idée d’un receveur temporaire. Selon les annonces antérieures faites par HWA et Wayne Cole, c’est ce dont nous avions besoin pendant la crise.

J’acceptai et j’appelai plusieurs de mes amis dans le ministère en leur suggérant qu’ils fassent de même. Nous voulions que les problèmes de Pasadena soient corrigés et nous pensions honnêtement que c’était la façon d’agir.

Nous n’étions pas au courant de la conspiration secrète qui était à l’œuvre à cet instant précis. Les conspirateurs allaient bientôt destituer les hommes les plus capables de redresser l’église et ils accuseraient ceux-ci de conspiration. Faisant saillie parmi les vainqueurs, il y avait Rod Meredith qui avait prêté son nom et sa réputation, ainsi que ceux de ses supporters, à quelque chose qu’il ne comprenait pas. Car la vraie conspiration se faisait contre le ministère même.

Peut-être Rod eut-il un soupçon de son mauvais calcul quand, le 6 janvier, il prit la parole devant la congrégation des bureaux chefs. Stan Rader l’interrompit et lui fit lire une annonce qui contredisait ce qu’il venait tout juste de dire. La déclaration annonçait l’excommunication des vaincus ― ses collègues ordonnés avec qui il avait travaillé de si nombreuses années. Ironiquement, lui aussi serait déposé dans la même année et il paraîtrait idiot.

Qu’aurait fait Rod s’il avait pu prévoir le reste de l’an 1979, lorsqu’il reçut le message secret lui offrant le pouvoir ? Se serait-il toujours vendu pour un instant de gloire ? Nous ne le saurons jamais.

Quand on accusa publiquement Wayne Cole d’avoir « congédié » HWA, la cabale se montra la figure. Rien de les arrêta. Quelques jours plus tard, j’appelai Rod chez lui, en lui indiquant que je n’étais pas particulièrement heureux de la direction que prenaient les choses, et il sembla étonné. Je lui dis qu’il avait choisi la mauvaise voie au mauvais moment. Il me répondit qu’il pensait que j’en aurais été content.

Sous d’autres circonstances, je l’aurais été. Quand des rapports de première main parvinrent de Pasadena par téléphone, parlant de bousculades et de tiraillements à l’entrée de l’auditorium (appelé la Maison de Dieu par HWA), où des frères se mesuraient à d’autres frères, ministres ordonnés dans l’église des deux côtés, je fus convaincu qu’une restructuration était inévitable et imminente.

Pour un grand nombre d’entre nous, c’est certainement ce que nous désirions et nous croyions que c’est ce que Dieu était en train de faire.

De puissantes forces spirituelles étaient à l’œuvre sur les terrains de Pasadena, ce jour-là, ce qui apparaissait évident pour la plupart. Mais les administrateurs légitimes manquaient de résolution. De plus, ils avaient négligé de mettre le « roi » (l’apôtre) sous bonne garde ― erreur que ne fit pas le camp opposé. Les administrateurs légitimes n’étaient pas les meilleurs joueurs d’échec. Encore une fois, on se demande quel chemin ils auraient pris s’ils avaient su que leur excommunication serait annoncée le jour suivant, pendant les assemblées du sabbat. Auraient-ils alors joué plus fort et, qui sait, remporté ? Ce fut très serré dans l’auditorium, ce vendredi-là. Les observateurs disent que ç’aurait pu prendre un bord ou l’autre. Et la majorité des ministres se seraient rangés du côté de ceux qui détenaient le pouvoir, comme on l’a abondamment démontré.

Rod Meredith tint une réunion des coordonnateurs régionaux dans l’après-midi. On rapporte qu’il était très nerveux. Mais ces hommes avaient été éduqués au Collège Ambassadeur et leur longue formation les rendait incapables de se regrouper contre la cabale révolutionnaire. Quelques-uns l’auraient peut-être fait, mais le groupe dans son entier n’était pas assez fort. Cependant, ce groupe d’hommes demeurait le meilleur espoir de leadership de l’église, à ce moment-là. La sécularisation des affaires et des départements juridiques ne pouvait fournir un leadership ecclésiastique convenable.

Lors de la réunion de vendredi après-midi, on posa un certain nombre de questions pertinentes, mais sans réponse. Selon plusieurs personnes y ayant assisté, les nerfs étaient à fleur de peau, mais aucune solution ne fut apportée.

Parmi les questions ayant été posées à la réunion des coordonnateurs régionaux, il y eut celles interrogeant le statut de membre de Virginia Kineston et Mary Ellen Dahldren. Virginia était la secrétaire de Stan et Mary Ellen son assistante, ou du moins, c’est l’impression que j’en eus après avoir passé un moment dans les bureaux externes où elles travaillaient. Je crois qu’officiellement, Mary est la secrétaire d’HWA. (Elle est aussi sa belle-fille.) Peut-être cet arrangement est-il plus symbolique que ce qu’on veut bien admettre.

En tous les cas, ces deux femmes siégeaient au centre nerveux de toute l’opération, au quatrième étage du Hall d’Administration. C’est de ce même endroit qu’HWA déclara par écrit, au printemps de 1979, que provenaient tous les problèmes de l’œuvre. Il y a deux centres de pouvoir au quatrième étage. L’un est le secteur de Stan, qu’HWA mentionna dans sa conversation téléphonique avec Wayne Cole avant qu’il n’excommunie ce dernier. Dans cette conversation, enregistrée sur bande pour la postérité, il dit que Stan avait occupé de manière inconvenante l’ancien bureau de Ted Armstrong à cause du prestige qui y était rattaché. Il entendait demander à Stan de déménager plutôt dans le bureau d’Ellis LaRavia. Les observateurs consciencieux ont noté qu’aucun déménagement de la sorte n’a jamais eu lieu et que ce fait n’est qu’une preuve de plus de l’ascendant de Stan sur « l’apôtre ». Les « rangs » du ministère devaient s’appliquer dans certains secteurs, mais pas dans celui-ci. Dans cette zone d’influence et de pouvoir, Virginia est au second rang derrière Stan.

L’autre centre d’influence du quatrième étage, beaucoup moins puissant, celui-là, c’est le bureau du directeur de l’Administration pastorale. Directement ou indirectement, ce bureau est sujet à l’autre, peu importe qui en est l’occupant et ce qu’il peut dire. Ce ne devrait pas être ainsi et ce n’est pas ce que le ministère voudrait.

Cela donne un très grand pouvoir à Virginia Kineston dans les divers domaines de l’église et son statut prend une dimension importante, ce qui est fort grave. Lorsque cette question a été soulevée par le ministère, ce ne fut pas une petite affaire. Un des avocats présents répondit qu’elle était un membre non actif. Beaucoup crurent qu’elle avait été excommuniée, qu’elle était un ex-membre. Et, bien sûr, son statut fit l’objet de considérables inquiétudes. Bien que personne ne doutât de son professionnalisme quant au service rendu à son patron, Stan Rader, les conversations allèrent bon train chez les ministres en ville à ce moment-là à propos de ses qualifications théologiques dans l’occupation d’un siège aussi névralgique. Qui pouvait contredire leur inquiétude, surtout après que parurent dans le Star-News de Pasadena ses commentaires concernant sa loyauté qui allait à son patron et non à l’église ? Les gens du ministère ne s’en trouvaient pas rassurés.

Évidemment, ils avaient le sentiment qu’un poste aussi stratégique aurait dû être occupé par une personne loyale envers l’église et les principes enseignés par celle-ci depuis longtemps. Bien sûr, Rod Meredith voulut immédiatement que son bureau exerce le pouvoir principal et semblait croire que sa mission comportait un pareil pouvoir.

Presqu’aussitôt, le bureau de Stan commença à donner des signes de manque de conformité aux décisions de Rod. La lutte prit de plus grandes proportions en dedans de deux mois et, dès mars, il resta à savoir si Rod allait tenir jusqu’à la Pâque de 1979 ! La cabale qui avait pris le pouvoir en janvier était réticente à renvoyer Rod trop vite ; pour sauver la face, ils souhaitaient que le temps passe. Ce qu’on aurait dû faire semblait évident, mais si ça arrivait trop rapidement, cela allait soulever des questions. Avec le temps, Rod passerait pour l’avoir fait lui-même. On pouvait faire en sorte que Rod ait l’air de ce que ses ennemis déclaraient déjà de lui, c’est-à-dire que Rod était un individu sans compassion, ne se souciant pas le moins du monde des autres sauf de lui-même. Au moment où il fut licencié, la majorité du personnel ordonné était on ne peut plus prêt à son départ. Donc, les détenteurs de pouvoir illégitime apparurent brièvement comme des bienfaiteurs pour avoir débarrassé le ministère de ce fléau. (Nous savons que le diable peut se donner l’air d’un ange de lumière.)

Dès le départ, Rod commença par indiquer qu’il avait plein pouvoir sous M. Armstrong. Il reprit exactement là où il avait laissé sept ans plus tôt, avant qu’il ne soit « shanghaïé ».

Comme le fit remarquer un ministre particulièrement fin observateur : « Rod n’a rien oublié et n’a que peu appris. » Il essaya de retourner dans le temps, chose que personne n’a jamais réussi à faire. Pendant que nous dînions au Velvet Turtle, en juin 1977, Rod avait signalé que nous devrions désirer retourner dans le bon vieux temps de son administration. J’avais réagi ainsi : « Rod, Humpty Dumpty s’assit sur le mur. Humpty Dumpty fit une chute fracassante. Tous les chevaux du roi et tous les hommes du roi ne purent remettre Humpty Dumpty en un seul morceau. » Je voulais dire que l’on ne peut renverser le temps. Quiconque croyant pouvoir le faire est en dehors de la réalité. Il est maintenant clair que Rod ne renversa pas le temps. Des semaines plus tard, à Tucson, il assura l’assemblée des ministres qu’il avait vraiment changé. Il proclama avoir beaucoup appris durant la période de temps où il fut « shanghaïé ». Mais les événements révélèrent qu’il avait fort peu appris.

À l’inverse, Dennis Luker proclama avec sa force habituelle qu’il n’avait pas changé du tout, lui. C’est ce que la plupart d’entre nous craignions. Nous ne pensions pas que Dennis puisse changer parce qu’il savait qu’il n’en avait pas besoin. Après tout, pourquoi vouloir altérer la « perfection » ?

L’équipe que Rod rassembla tout de suite après son étrange nomination avait pour objet de plaire aux conservateurs, immédiatement ! Et voilà la vieille garde prête à restaurer les choses dans leur ancien état. Je parlai à Rod au téléphone en mars, juste quelques semaines après la conférence. Je lui confiai que les rumeurs couraient qu’il serait remplacé par Ellis LaRavia. Il me répondit qu’il était au courant de ces histoires-là, mais que c’était impossible, car Ellis n’était qu’un ancien prédicateur. Je lui suggérai de ne pas trop compter que ce fait soit très dissuasif.

Congrès ministériel de Tucson ― 1979

Le congrès ministériel annuel fut originalement planifié pour le début de janvier à Pasadena. Il fut immédiatement remis quand l’État de la Californie intervint pour enquêter sur les affaires financières de l’église. Peu de temps après, le nouveau directeur de l’Administration pastorale, Rod Meredith, annonça que le congrès se tiendrait à Tucson à une date donnée ultérieurement. Un autre délai fut ensuite annoncé, mais finalement la date du 22 janvier 1979 fut fixée.

Ce congrès était de la plus haute importance pour Herbert Armstrong et Stanley Rader à cause de l’émoi et de l’agitation régnant dans les rangs du ministère et des membres. Il était principalement question du leadership ininterrompu des deux hommes qui possédaient le contrôle des finances et, par conséquent, du mécanisme corporatif. À ce moment-là, le contrôle des presses de l’église et du microphone au congrès de Tucson était crucial, comme l’était le contrôle de l’équipement physique à Pasadena. Le contrôle du ministère constituait le vrai test, toutefois, et c’était le but du congrès de Tucson.

Il n’y avait pas d’opposition organisée face à ce qui se passait, cependant, l’opposition désorganisée était, elle, massive. Jamais auparavant n’y avait-il eu pareil conflit entre ce que percevaient la majorité des ministres comme leur obligation envers Dieu et ce qu’on exigeait d’eux comme obligation envers un homme. Beaucoup se formèrent l’opinion que, sans le soutien actif et énergique de Rod Meredith et ses « conservateurs », le résultat de la conférence aurait été fort différent. Évidemment, personne n’eut la chance de poser de questions pertinentes durant les réunions. Le « congrès » était complètement arrangé. Mais, à une occasion, Stan quitta la ville pour diriger les opérations à Pasadena où ça devenait critique, et Rod Meredith eut l’air d’être devenu le numéro deux de la réunion. Tout ceux que je savais avoir des penchants conservateurs nourrissaient quelque espoir que les troubles passeraient et que Stan Rader et son sécularisme finiraient pas s’effacer. Cet espoir était entretenu par les signaux vagues mais prometteurs de Rod Meredith envoyés en direction de ses vieilles relations. La plupart avaient le sentiment qu’il entretenait en son sein la certitude d’un tel événement. Mais ce qui importe, c’est que le soutien considérable de Rod (à l’époque) était assuré par les efforts d’HWA et Stan Rader. Afin de solidifier le support de cette aile puissante du ministère, promesse fut faite d’ordonner deux hommes au rang d’évangéliste. (Dans l’Église Universelle de Dieu, c’est le rang le plus élevé en dessous de celui d’apôtre.) Et parce que le rang avait encore un sens aux yeux de ces hommes qui y avaient été exposés durant des décennies, ont considéra ces ordinations comme significatives.

Rod Meredith, Raymond McNair, Dennis Luker, Burk McNair et Sherwin McMichael étaient les principaux ressortissants de la brigade, directement sous Stan Rader et Herbert Armstrong. (Il est intéressant de noter que, un an après la rédaction de ce que vous lisez, tous ont été rétrogradés, d’une manière ou d’une autre. Pour un, Rod Meredith a été dépouillé de toute responsabilité et excommunié pendant six mois et envoyé en exil sur l’Ile d’Oahu, à Hawaï. Les héros de janvier devinrent les vilains en dedans de douze mois. Leur temps d’utilité était expiré. Tous ces hommes, à l’exception de Raymond McNair, ont reçu l’ordre de s’éloigner des « bureaux chefs ».)

Mais ce que beaucoup de ministres n’arrivèrent pas à percevoir comme inévitable les empêcha de faire grand bruit lors de la réunion. Ils croyaient que leur victoire était enfin arrivée et ils en profitèrent. HWA devait rire sous cape quand il leur permit cette liberté.

Lors du premier après-midi, à l’ouverture de la session, on nous parla des manifestations ayant lieu à Pasadena. C’était la première fois que nous en entendions parler. Herbert Armstrong annonça aux ministres que « les manifestations étaient tout à fait spontanées et qu’aucun ministre n’était le moindrement impliqué ». Il nous informa que de grosses manifestations avaient lieu à ce moment même. Les gens avaient tout simplement décidé en très grand nombre et de leur propre initiative de s’assembler pour défier l’État de la Californie. Nous étions assommés et nos sentiments s’élevaient fortement contre pareilles tactiques. Stan Rader donna son petit discours de ralliement et partit pour la Californie.

Bien sûr, nous sûmes bientôt après que les manifestations de Pasadena n’avaient rien de spontané. Tout de suite, des ministres téléphonèrent à des gens de la région de Pasadena et, sans surprise pour personne, ils découvrirent qu’on avait ordonné aux membres de s’assembler au nom d’Herbert Armstrong !

Le lendemain matin, HWA exprima son désappointement que les officiers de la police n’aient pas arrêté les femmes et les enfants pour les traîner en prison. Il afficha vraiment le désir que ce soit arrivé, dit-il, « devant les caméras de télévision ». Il voulait réellement utiliser ses disciples de cette façon, pendant qu’il était en sécurité dans un autre État ! Ça ressemblait aux confrontations de désobéissance civile planifiée devenues monnaie courante dans les années 1960. Comme l’a dit un ministre du Canada, également avocat : « Ils tentent d’amener le débat judiciaire dans les journaux et emploient les émotions pour dissimuler une méchanceté quelconque. »

Cependant, une fois Stan parti, le changement qui s’opéra chez HWA fut notable. Bon nombre de gens passèrent des commentaires sur cette modification de comportement. Le changement était indubitable.

À mesure que progressaient les réunions, il apparut évident que la conférence n’était qu’un gros ralliement d’encouragement. L’ennemi, c’était la Californie, et le capitaine de l’équipe, c’était HWA. Ce qui n’était pas si clair, toutefois, c’est le fait que Stan était l’entraîneur. Rod Meredith beuglait son encouragement total envers « l’apôtre de Dieu » et réitérait sans cesse sa « loyauté ». Au fil des jours, cet exemple fut suivi par d’autres orateurs.

La réunion se poursuivit et beaucoup de ministres furent profondément troublés. C’est au dernier jour qu’HWA entreprit son œuvre la plus efficace. Il dit avoir prié longtemps et avec ardeur la veille et parla de son inquiétude vis-à-vis sa vie éternelle. Il y eut juste assez d’émotion et de conviction pour en vaincre un grand nombre. Je suis sûr que tous furent touchés. Mais nous aurions vraiment dû être davantage sur nos gardes. HWA était passé maître dans l’emploi de la psychologie religieuse. Les événements prouvèrent sa duplicité.

Une autre chose qu’il fit à la conférence : nier avoir jamais commis l’adultère. Il nia avec force. Ce n’est que plus tard que je me rappelai une situation similaire, à Big Sandy, en 1974, lorsque Ted eut fait la même chose. Stan Rader m’avait dit qu’il avait entraîné Ted à savoir comment diriger le meeting.

Alors que la réunion tirait à sa fin, beaucoup se trouvèrent mécontents. Ils eurent l’impression de faire des compromis et ne savaient comment en sortir. Ils se sentaient trahis. Stan Rader était l’objet de leur colère. Ils voulurent blâmer Stan pour tout ça.

J’eus le sentiment, même là, que celui qui portait la responsabilité première n’était pas Stan Rader, mais HWA. Stan était certes coupable, mais il ne détenait pas le pouvoir principal. Il s’agissait probablement d’un opportuniste de première classe, comme l’étiqueta son ancien employeur, Milt Scott. Mais ce n’était pas lui qui prenait la responsabilité première devant Dieu.

Un groupe de ministres, inconnus de moi, résuma ce que je pensais être le consensus du ministère à la fin de la réunion en faisant circuler une lettre anonyme. J’aurais seulement aimé en donner le crédit à qui de droit, mais ils souhaitaient alors, et je suis sûr que c’est encore le cas, pouvoir demeurer anonymes. Je crois que cette lettre résume la pensée de plus de 70 % des pasteurs de l’église qui assistèrent à cette conférence. Je reprends dans les pages suivantes la lettre telle qu’elle parut :

« La lettre ci-incluse fut rédigée par un groupe de ministres et de membres inquiets de l’Église Universelle de Dieu et qui souhaitent, pour diverses raisons, demeurer anonymes. Cette lettre n’a pas encore été imprimée et n’a pas une grande circulation. Nous espérons que beaucoup de gens donneront de leur temps et de leurs efforts pour l’imprimer et la faire circuler le plus possible pour que d’autres frères puissent comprendre la vérité sur ce qui se passe. Un grand nombre de pasteurs peuvent avoir de multiples copies pour les rendre disponibles à leur congrégation.

« Nous apprécierons grandement tout ce que vous pourrez faire dans cet effort. »

(Lettre incluse)

26 janvier 1979

« Chers frères de l’Église de Dieu,

« Il y a beaucoup de confusion au sujet de l’action du Procureur général contre l’Église Universelle de Dieu et l’assignation du juge Steven S. Weisman comme administrateur provisoire. Quels sont les faits ? Qu’est-ce qu’un règlement judiciaire ? Quelle autorité a-t-il ? Qu’est-ce que cela va faire à l’église ? Quel en est le but ?

« Voici les faits selon les ordres de cour et selon l’administrateur provisoire.

« En tant que membre de l’église et contributeur financier de l’église, vous avez droit à une explication. À cause d’un recours judiciaire intenté par quelques membres et ex-membres de l’Église déclarant que les fonds donnés à l’Église ne furent pas dépensés de manière appropriée pour la mission de l’Église et que certains individus ont profité excessivement des procédures de l’Église, l’affaire a été portée à l’attention du bureau du Procureur général de l’État de la Californie.

« En Californie, il y a une loi qui prévoit que le Procureur général a le droit et le devoir de protéger le public en réglementant toute corporation à but non lucratif afin de s’assurer que l’argent qu’elle reçoit est utilisé dans le but qu’elle déclare selon ses propres chartes et arrêtés.

« Le Bureau du Procureur général a trouvé qu’il y avait assez de preuves de mauvaises répartitions des fonds pour justifier de porter à la Cour qu’un administrateur provisoire soit assigné jusqu’à ce que l’affaire soit amenée en justice. La Cour approuva et émit l’ordre que l’administrateur provisoire soit immédiatement nommé. La décision de la Cour a subséquemment été maintenue par sept juges ! ― trois juges de la Cour supérieure ainsi que trois des cours d’appel d’état dans de nombreux appels et motions.

« Maintenant, qu’est-ce qu’un administrateur provisoire ? Qu’est-ce qu’il fait ?

« L’administrateur provisoire s’est vu donner autorité par la Cour le rendant ainsi responsable des biens physiques de la corporation ― les bâtiments, les terrains, l’argent, les comptes, etc. L’autorité n’est PAS religieuse. Il ne doit pas non plus interférer dans le libre exercice de la religion, tel que garanti par le 7e amendement de la Constitution des Etats-Unis. Il s’agit plutôt de s’assurer que les fonds et les biens de la corporation de soient pas utilisés à l’encontre des buts établis contenus dans la constitution et les arrêtés de l’Église. De plus, l’administration provisoire doit être un parti neutre entre l’état et l’église pour garantir que tous les registres et les documents de l’église demeurent intacts et que les vérificateurs de l’état puissent avoir accès aux documents et aux comptes afin de déterminer s’il y a vraiment des preuves de malversations des fonds. Dans les faits, le dessein global de l’administration provisoire est de PROTÉGER l’Église et d’assurer sa continuité à exercer ses buts déclarés.

« C’est la Cour qui assigne l’administrateur provisoire. Dans ce cas-ci, elle a nommé un juge de la Cour suprême à la retraite, hautement respecté, Steven S. Weisman. Quand il a accepté son assignation, le juge Weisman est venu sous l’ordre de la Cour pour remplir ses devoirs en tant qu’administrateur provisoire. S’il ne les remplit pas, il peut-être retenu pour mépris de cour ! Pourtant, la Cour lui a donné ordre d’utiliser toutes les précautions pour ne pas interférer dans le libre exercice de la religion de l’Église. Conséquemment, le juge Weisman a déclaré, dans une réunion tenue le 4 janvier 1979 avec l’assemblée des directeurs de départements de l’Église et du Collège, que tous les salaires et les dépenses d’opérations normales seraient payées. Il ne questionnerait pas les recettes allouées aux choses comme le PLAIN TRUTH, ou le paiement du temps de télévision ou de radio, ou pour l’impression de brochures, des publications de l’église, etc. Mais il questionnerait les salaires excessivement élevés, les bonus et les autres bénéfices financiers accordés aux individus, etc., jusqu’à ce qu’ils soient examinés et qu’une décision soit rendue par la Cour à savoir si cet argent a été dépensé en accord avec les desseins de l’Église. En d’autres termes, le juge Weisman protégerait les biens et les argents de l’Église.

« Cependant, le juge Weisman, administrateur provisoire, n’a pas été en mesure d’exécuter ses devoirs plus d’une journée depuis le début de tout ceci. Une désinformation a fait peur à l’Église locale de Pasadena qui s’est enflammée. Beaucoup ont cru à tort que le juge avait “jeté M. Armstrong dehors” et s’était emparé de son autorité. Ce n’est JAMAIS arrivé ! Or, voici ce qui s’est passé !

« M. Armstrong a été honoré comme chef humain de l’Église. Aucune interférence n’a été faite d’aucune façon contre la direction spirituelle et pastorale de l’Église de M. Armstrong. Toutefois, M. Armstrong et M. Stanley Rader n’avaient plus l’autorité complète et absolue des biens et ne pouvaient plus dépenser l’argent de n’importe quelle manière qu’ils le désiraient sans l’approbation de l’administrateur provisoire ― particulièrement en ce qui regarde les affaires personnelles !

« Dans cette même réunion du 4 janvier, en réponse à la question posée par un ministre, le juge Weisman soutien le droit de M. Armstrong de nommer M. C. Wayne Cole, alors Directeur de l’Administration Pastorale, en tant qu’Officier exécutif en Chef Suppléant sous M. Armstrong pour la durée de la crise. D’aucune façon le juge Weisman ou M. Cole, de près ou de loin, dirent avoir ou eurent l’intention d’usurper l’autorité spirituelle de M. Armstrong. Que l’on ait pu en venir à croire par la suite la tragique déformation que le juge Weisman ou M. Cole aient “remplacé M. Armstrong”, c’est parodier la vérité, comme tous ceux qui assistèrent à la réunion peuvent en attester !

Le 18 janvier 1979, le juge Weisman envoya une lettre à M. Armstrong lui expliquant les devoirs d’un administrateur provisoire et demandant que M. Armstrong le rencontre ― offrant même d’aller voir M. Armstrong à sa résidence de Tucson ― pour qu’il puissent collaborer ensemble dans leurs fonctions respectives. Le but en était d’activer une opération tout en douceur et que les choses continuent de manière à ce que l’église n’en soit heurtée d’aucune façon, mais qu’elle soit aidée, en fait, par les procédures de vérification de l’état.

« L’Église Universelle de Dieu est une corporation de la Californie. Comme telle, l’état a la responsabilité, non seulement de voir à ce qu’elle soit respectueuse des lois, mais aussi de voir à sa survie et à sa santé continue. Une des tâches d’un administrateur provisoire est de venir en aide à une corporation qui peut être en difficulté financière en s’assurant qu’elle colle aux plans ou à la formule déclarée dans les arrêtés qui lui ont amené tant de succès à ses débuts.

« Le juge Weisman a promis à M. Armstrong et aux membres de l’Église sa pleine coopération en n’intervenant pas au niveau de la liberté religieuse de l’Église. Pour montrer sa bonne foi, il a volontairement demandé que son bureau soit situé dans le grand bâtiment de l’imprimerie, trois blocs à l’est du campus principal. Les membres de l’Église (quelques centaines sur les 5 000 environ qui vivent dans le sud de la Californie) furent amenés à croire que le séjour de l’administrateur provisoire dans le Hall d’Administration “désacraliserait”, en quelque sorte, le bâtiment. Quoi que le juge Weisman ait eu l’autorité de s’installer partout, il se montra conciliant envers l’Église et aménagea dans l’imprimerie.

« L’administrateur provisoire continuera, au niveau de ses responsabilités, à protéger les biens de l’Église tant que des décisions finales ne seront pas prises par la Cour. À ce titre, il apprécierait la compréhension et la collaboration de tous les membres de l’Église.

« Cette lettre a été rédigée par un certain nombre de ministres de l’Église et, sur la base de nombreuses communications directes avec le Bureau du Procureur général, nous savons qu’elle représente le point de vue d’un grand nombre de pasteurs et d’anciens locaux de par le monde.

« Ces deux dernières semaines, nous avons eu la mort dans l’âme de voir l’Église de Dieu si divisée, si blessée, si désillusionnée et si confuse. Mais pire encore, nous avons été terriblement attristés de voir le peuple de Dieu utilisé et incité à agir à l’encontre de la Sainte Parole de Dieu et des claires instructions des Écritures.

« Qu’est-ce que l’Église a à cacher ?

« Jésus a dit qu’Il était la “lumière” envoyée de Dieu au monde. Il a dit à Ses disciples qu’ils devaient être la “lumière du monde” et Il leur a commandé : “Ainsi, que votre lumière luise devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et qu’ils glorifient votre Père qui est aux cieux” (Matthieu 5:16).

« Jésus a dit “que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises” (Jean 3:19). Lisez encore les paroles de Jésus ! “Car quiconque s’adonne à des choses mauvaises, hait la lumière, et ne vient point à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient censurées. Mais celui qui s’adonne à la vérité, vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, parce qu’elles sont faites selon Dieu” (vs 20-21).

« Il s’agit du principe que ceux qui n’ont rien à cacher ― et qui exécutent leurs œuvres sous la direction et l’approbation de Dieu ― verront leurs œuvres venir en lumière. Ils n’ont cure d’être EXPOSÉS parce qu’ils n’ont rien à cacher ! Mais ceux qui veulent demeurer dans les ténèbres ― cachent, dissimulent, gardent secret ― font ainsi parce que leurs œuvres sont mauvaises.

« L’apôtre Pierre parla avec force de la responsabilité du chrétien envers les autorités civiles : “Soyez donc soumis à tout établissement humain, pour l’amour de Dieu : soit au Roi, comme à celui qui est par-dessus les autres ; soit aux Gouverneurs, comme à ceux qui sont envoyés de sa part, pour punir les méchants et pour honorer les gens de bien” (1 Pierre 2:13-14).

« L’apôtre Paul, lui aussi sous l’inspiration divine, dit ces mots à Tite : “Avertis-les d’être soumis aux Principautés et aux Puissances, d’obéir aux Gouverneurs, d’être prêts à faire toute sorte de bonnes actions” (Tite 3:1).

« Partout à la télévision, nous avons été les malheureux témoins du spectacle tragique du principal représentant de l’administrateur provisoire (et, par conséquent, de la loi constituée du pays) citant Romains 13 à quelques membres de l’Église à qui l’ont avait ordonné de lui résister. On avait dit à ces membres qu’être “sujet” ne voulait pas toujours dire obéir à l’autorité établie. Un des bureaucrates de l’Église proclama publiquement, sur toutes les chaînes télévisées, que l’état devrait “défoncer les portes” s’il voulait entrer. Et, non seulement a-t-on fortement barricadé les portes avec des poutres, mais ― incroyable ! ― on a aussi placé des femmes et des enfants directement derrière ces portes !

« Mais Tite dit : “OBÉISSEZ AUX GOUVERNEURS”, alors qu’on a cité à certains membres de l’Église l’Écriture : “il faut plutôt obéir à Dieu qu’aux hommes” pour justifier la désobéissance civile et le mépris envers l’action de la Cour, ce qui a occasionné un “œil au beurre noir” à l’Église Universelle de Dieu dans tout le sud de la Californie, dans tout le pays et dans le monde entier.

« Mais que signifie “il faut plutôt obéir à Dieu qu’aux hommes” ? Quelle loi de Dieu a-t-on brisée ? Où se situe le conflit ? Des membres ont été interpellés, encouragés et contraints, au moyen d’appels téléphoniques pendant toute la soirée pour qu’ils se rendent au Hall d’Administration afin d’assister à des “assemblées spéciales de l’église” le lundi matin, 22 janvier 1979. Ils s’y rendirent dans le seul but d’empêcher l’administrateur provisoire assigné par l’état d’entrer dans la bâtisse et y exécuter ses devoirs officiels. Admettant franchement le subterfuge, un ministre annonça ouvertement que la réunion devait être une “assemblée ecclésiastique” puisque “c’est notre seule défense” ! Qu’il est embarrassant pour l’Église de Dieu de se cacher derrière la question fausse de “l’Église et l’État”, alors que l’État ne cherche qu’à aider l’Église à renforcer ses finances !

« Comprenez bien ceci : il ne s’agissait pas d’une fête ou d’un sabbat. Aucune injonction biblique, de quelque sorte que ce soit, n’exige des frères qu’ils agissent ainsi. DIEU N’A PAS DONNÉ CETTE ORDRE AUX FRÈRES PAR SA PAROLE ! Mais certains ont dit : “Nous devons combattre pour l’Église de Dieu. Nous devons nous battre pour ces terrains, pour ces bâtiments et pour nos droits !”

« L’homme qui, au nom de l’Église, a repoussé avec force l’officier de l’administrateur provisoire, lui a dit : “Vous êtes notre ennemi et nous ne vous laisserons pas passer cette porte.” L’officier a demandé : “Prierez-vous pour moi, comme la Bible dit que vous devez prier pour vos ennemis ?” Et l’homme, un diacre dans l’Église, a répondu : “Je vais prier pour vous ! Je vais prier pour que Dieu vous prenne !”

« Jésus a dit : “…mon Règne n’est pas de ce monde ; si mon Règne était de ce monde, mes gens combattraient afin que je ne fusse point livré aux Juifs ; mais maintenant, mon Règne n’est point d’ici-bas” (Jean 18:36).

« Jésus n’a même pas voulu que Ses disciples combattent pour Lui afin d’empêcher qu’Il tombe aux mains de ceux qui voulaient Le tuer ! Mais aujourd’hui, des membres de l’Église de Dieu, qui se considèrent disciples de Christ, semblent croire qu’il est parfaitement justifié de mettre en danger même leurs propres petits enfants et d’employer la force physique pour résister aux autorités établies afin de “sauver les bâtiments” de l’Église. Mais, en réalité, ils n’ont pas sauvé les bâtiments de l’Église. Car l’administrateur provisoire n’a, de toute façon, fait de tort ni aux bâtiments, ni aux terrains ! Il était là pour protéger les bâtiments ; et pour sauver les biens de l’Église, pour que toutes les ressources, physiques et financières, puissent être vouées à la mission de l’Église et non au profit personnel de quelques-uns !

« Voici ce que dit la Parole de Dieu au sujet des autorités civiles, dans plusieurs versions :

[Dans l’anglais original, les auteurs citent Romains 13:1-5 tirés des versions New International, The Modern Language Bible et Moffat. Nous vous présenterons la version française de David Martin, suivie de celle d’Ostervald, puis de celle de Louis Segond.]

« “Que toute personne soit soumise aux Puissances supérieures : car il n’y a point de Puissance qui ne vienne de Dieu, et les Puissances qui subsistent, sont ordonnées de Dieu. 2C’est pourquoi celui qui résiste à la Puissance, résiste à l’ordonnance de Dieu ; et ceux qui y résistent, feront venir la condamnation sur eux-mêmes. 3Car les Princes ne sont point à craindre pour de bonnes actions, mais pour de mauvaises. Or veux-tu ne point craindre la Puissance ? fais bien, et tu en recevras de la louange. 4Car le Prince est le serviteur de Dieu pour ton bien ; mais si tu fais le mal, crains ; parce qu’il ne porte point vainement l’épée, car il est le serviteur de Dieu, ordonné pour faire justice en punissant celui qui fait le mal. 5C’est pourquoi il faut être soumis, non seulement à cause de la punition, mais aussi à cause de la conscience” (Version Martin).

« “Que toute personne soit soumise aux puissances supérieures ; car il n’y a point de puissance qui ne vienne de Dieu ; et les puissances qui subsistent, ont été établies de Dieu. 2C’est pourquoi, celui qui s’oppose à la puissance, s’oppose à l’ordre que Dieu a établi ; or ceux qui s’y opposent, attireront la condamnation sur eux-mêmes. 3Car ceux qui gouvernent ne sont pas à craindre lorsqu’on fait de bonnes actions ; mais seulement lorsqu’on en fait de mauvaises. Veux-tu donc ne point craindre les puissances ? Fais le bien, et tu en seras loué. 4Car le prince est le ministre de Dieu pour ton bien ; mais, si tu fais le mal, crains, car il ne porte point l’épée en vain ; parce qu’il est ministre de Dieu, pour faire justice en punissant celui qui fait le mal. 5C’est pourquoi il est nécessaire d’être soumis, non seulement à cause de la punition, mais aussi à cause de la conscience” (Version d’Ostervald).

« “Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. 2C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur eux-mêmes. 3Ce n’est pas pour une bonne action, c’est pour une mauvaise, que les magistrats sont à redouter. Veux-tu ne pas craindre l’autorité ? Fais-le bien, et tu auras son approbation. 4Le magistrat est serviteur de Dieu pour ton bien. Mais si tu fais le mal, crains ; car ce n’est pas en vain qu’il porte l’épée, étant serviteur de Dieu pour exercer la vengeance et punir celui qui fait le mal. 5Il est donc nécessaire d’être soumis, non seulement par crainte de la punition, mais encore par motif de conscience” (Version Louis Segond).

« Notez le ton et la force des écrits inspirés de Paul. Il est absolument certain que, quand nous faisons le bien dans notre conduite civile ou sociale, nous n’avons pas à avoir peur que les pouvoirs civils établis nous fassent du tort. La Bible nous dit, au contraire : “fais bien, et tu en recevras de la louange” (v. 3).

« Le même mot est utilisé dans Romains 13 où on l’a traduit par « soumettre » ou « être sujet à », comme dans Éphésiens 5:22 où on dit aux femmes d’être « soumises à leurs maris » ! Les membres de l’église ― hommes et femmes ― peuvent-ils avoir le sentiment qu’une épouse ait le droit de résister à son mari comme ils l’ont fait contre les autorités de l’état ?? Ironiquement, plusieurs des hommes qui se montrèrent les plus rebelles envers l’état sont parmi ceux qui insistent le plus pour que leurs épouses leur obéissent !!

« La citation d’Actes 5:29, “il faut plutôt obéir à Dieu qu’aux hommes” venait de la réponse de Pierre après que le souverain sacrificateur ait dit aux apôtres : “ne vous avons-nous pas défendu expressément de n’enseigner point en ce Nom ? et cependant voici, vous avez rempli Jérusalem de votre doctrine, et vous voulez faire venir sur nous le sang de cet homme” (v. 28).

« Notez les points suivants : premièrement, c’est l’autorité religieuse qui défendit aux apôtres d’enseigner, pas l’autorité civile. Mais quelle était l’interdiction ? LISEZ-LA VOUS-MÊMES DANS VOTRE BIBLE ! Il leur était défendu D’ENSEIGNER AU NOM DE JÉSUS ! Mais ils avaient le COMMANDEMENT direct de la part de Jésus-Christ LUI-MÊME d’enseigner en Son Nom ! Voyez Matthieu 28:19-20 ; Marc 16:15 ; Luc 24:47 ; Actes 1:8.

« On n’a jamais dit à l’Église Universelle de Dieu qu’elle ne pouvait pas prêcher la Parole de Dieu ou l’Évangile de Jésus-Christ, ou le salut, ou le repentir, ou n’importe quelle autre de ses doctrines ou de ses enseignements !! En fait, c’est le contraire ! On a dit à l’Église qu’elle devait remplir ses buts établis tels qu’exprimés dans notre constitution et nos arrêtés ― lesquels sont de prêcher et d’enseigner l’évangile et le message de Jésus-Christ, le Royaume de Dieu ! Ce à quoi s’est objecté l’état, c’est que l’argent soit dépensé à AUTRE CHOSE qu’aux buts de l’Église !

« Il y eut une autre distorsion choquante. On a prétendu qu’il vous fallait envoyer vos dîmes à M. Armstrong, à Tucson, sinon vous les enverriez à un administrateur provisoire à Pasadena. Frères, LES DEUX CONCEPTS SONT FAUX ! Les dîmes et les offrandes vont à Dieu ― pour Son Œuvre ― et doivent aller à SA MAISON ! Et cette maison, c’est l’Église ! Voir 1 Timothée 3:15 ; Éphésiens 2:19 ; Galates 6:10. L’Église se compose de tous ceux qui forment le peuple de Dieu ― tous les membres du corps spirituel de Christ dont Lui-même, Jésus, est le Chef vivant !

« Frères, beaucoup d’entre nous dans le ministère avons de graves inquiétudes face aux conseils et à l’influence qui entourent M. Armstrong en ce moment. On formule des paroles comme si elles provenaient de l’esprit même de M. Armstrong, alors qu’elles sont clairement en contradiction avec les enseignements qu’il a lui-même donnés pendant plus de quarante ans ! Nous avons tous entendu et grandement apprécié la proclamation de M. Armstrong déclarée à de nombreuses reprises au fil des ans : “NE ME CROYEZ PAS : CROYEZ LA BIBLE !” Et : “Ne prenez pas ma parole. Cherchez. Lisez la dans votre Bible. Prouvez si ces choses sont vraies.”

« Vous avez sans doute noté, à la dernière page du Worldwide News, où on a imprimé l’affidavit de M. Armstrong, que celui-ci dit : “Herbert W. Armstrong, ayant dûment juré, dépose et déclare sous serment…” Bon, ce n’est peut-être pas un gros point, mais M. Armstrong a enseigné pendant de nombreuses années que Jésus a dit de ne pas jurer du tout (Matthieu 5:34). Et l’apôtre Jacques a dit plus loin : Or, sur toutes choses, mes frères, ne jurez ni par le Ciel, ni par la terre, ni par quelque autre serment ; mais que votre oui soit Oui, et votre non, Non : afin que vous ne tombiez point dans la condamnation” (Jacques 5:12).

« Nous savons que M. Armstrong n’avait pas écrit ces mots “ayant dûment juré… sous serment”. De plus, le style d’écriture n’est pas celui de M. Armstrong ! Qu’arrive-t-il à l’Église de Dieu ?

« Frères, à cause de la violation d’Écritures nettes et de l’incitation à une conduite non chrétienne envers trop de nos frères ― amenés à croire qu’ils servent Christ ― nous, ministres, avons le sentiment qu’il y a quelque chose qui cloche carrément.

« Ce que nous voudrions voir, c’est la réputation financière de l’Église redressée et éclaircie. Nous voudrions que l’on rende compte en détail de chaque dollar reçu. Nous voudrions voir un compte-rendu complet remis aux nombreux membres du Corps de Christ de l’argent dépensé. Nous voudrions voir le grand livre comptable ouvert ― les registres de comptes. Il ne devrait rien y avoir que nous craignions de laisser voir aux frères et aux autres ministres ! Nous voudrions voir l’Église déclarer annuellement tous les salaires des employés plus tous les bénéfices et les bonus !!

« Si nous sommes tous frères et sœurs en Christ, pourquoi le bureau des finances ne permettrait-il pas au peuple de Dieu de savoir ce qui se passe et où l’argent de Dieu est dépensé ? Rappelez-vous que, lorsque l’argent arrive ici, c’est pour l’Œuvre de Dieu. Les dîmes sont peut-être à Dieu, mais beaucoup d’argent provient des offrandes individuelles ! Souvenez-vous que toutes choses sont à Dieu ! Mais cela nous inclut tous ― frères comme ministres ! Pour vous montrer quelle importance a le peuple de Dieu, Sa Parole dit :

« “Que personne donc ne se glorifie dans les hommes ; car toutes choses sont à vous ; soit Paul, soit Apollos, soit Céphas, soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit les choses présentes, soit les choses à venir, toutes choses sont à vous, et vous à Christ et Christ à Dieu (1 Corinthiens 3:21-23).

« Frères, si cela est vrai, est-ce trop demander que le peuple de Dieu soit informé en détail des finances de l’Œuvre de Dieu pour laquelle il se sacrifie tellement et pour laquelle il prie avec tant de ferveur ?? Est-ce trop demander que chaque membre de cette Église reçoive, lors de son baptême ou avant le baptême, une copie de la constitution et des arrêtés de cette Église pour laquelle chacun s’engage à vie ? Est-ce trop demander que tout l’argent donné à Dieu soit utilisé pour cette Œuvre ? En vérité, c’est exactement ce que veulent l’état et l’administrateur provisoire, c’est tout. Pourquoi, alors, sont-ils contrecarrés par une foule agitée psychologiquement par des faussetés et de fausses représentations ?

« Si vous voulez que les livres de compte, les comptes-rendus et les procédures financières, la déclaration complète des salaires et des bénéfices, ainsi que des copies des arrêtés et de la constitution soient disponibles, S’IL VOUS PLAÎT, faites-le savoir aux Bureaux chefs de l’Église et au MINISTÈRE ! Dites-le à votre ministre local !

« Ou écrivez à : Worldwide Church of God, Pasadena, Californie 91123.

« Mais si l’Église de Dieu n’est pas restaurée comme étant l’organisation la plus honnête, la plus ouverte et la plus droite d’Amérique ― et bientôt ! ― nous craignons que beaucoup de frères se détournent et que l’Œuvre du Dieu vivant doive être faite par d’autres instruments.

« Nous savons que votre cœur est dans cette Église. Si l’Église de Dieu a jamais eu besoin de votre engagement, c’est bien MAINTENANT ! Et, connaissant votre dévouement, nous savons que vous voulez que l’Église de Dieu ― comme le Ministère de Dieu ― soit “sans reproche”.

« Nous disons donc, “qu’avons-nous à cacher ? Laissons venir les vérificateurs de l’état pour inspecter nos livres. Après tout, ‘un honnête homme n’a rien à craindre’, ni une organisation honnête”.

« Si, comme organisme, nous sommes coupables de quelque infraction de la loi que ce soit, alors, faisons, en tant qu’organisation, ce que chacun de nous ferions comme individu. Reconnaissons notre tort ― repentons-nous ― demandons pardon à Dieu ― et FAISONS LE BIEN ! Mais, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, CESSONS TOUTE DISSIMULATION ET ARRÊTONS D’AGIR COMME DES CRIMINELS EN RÉSISTANT À L’AUTORITÉ ÉTABLIE !!

« D’un autre côté, si nous sommes sans tache et droits, une enquête publique ne fera que le confirmer ! Alors, gardons les portes ouvertes pour que le monde entier puisse savoir que nous n’avons rien à cacher, que nous n’avons pas honte de quoi que ce soit ― moralement, doctrinalement et financièrement !

« En tant que corps et organisation, mettons réellement les paroles de Jésus en pratique : “Ainsi, que votre lumière luise devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre Père qui est aux cieux” (Matthieu 5:16).

(Fin de la lettre)

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[1] Shanghaïé : Ce terme est expliqué au Chapitre 17.




D.212 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 14

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

 

Chapitre 13

CONVERSATIONS ET CONFRONTATIONS AVEC STANLEY RADER

 

À mesure que s’écoulait l’année 1978, difficile et vraiment incroyable, et que l’on approchait de la Fête, je décidai de passer quelques temps avec Stan Rader. Je voulais le connaître le mieux possible, puisqu’il apparaissait évident qu’il détenait un pouvoir d’un niveau jusque là inconnu dans l’église.

Après que M. Armstrong eût écrit aux membres, en juin, ordonnant ouvertement et avec emphase à Stan de vendre le Quest, un grand nombre de membres attendirent de voir ce qui allait se passer. Ils décidèrent d’en faire un test. Si le Quest était vendu, on saurait qui était en charge. Peu après, lorsque commencèrent à provenir de Tucson et de Pasadena les signes indiquant qu’il n’y aurait pas de vente ou de cession de ce magazine séculier et incroyablement profane subventionné par l’église, les gens doués de raison furent convaincus du pouvoir de Stan.

Big Sandy : octobre 1978

Quand, en fin de compte, on annonça l’horaire du G-II, on planifia que le groupe Armstrong/Rader allait rester quelques trois jours à Big Sandy. Vu mon poste de coordonnateur de la Fête, je fus en position de passer du temps avec Stan, s’il coopérait. En conséquence, quand les journaux publièrent des reportages et des photos de Pasadena en surnommant Stan « d’Héritier apparent » d’HWA, ou de « Prince couronné », et lorsque les journalistes locaux appelèrent pour demander des entrevues avec Stan, je contactai le site de la Fête à St-Petersburg pour discuter de la chose avec Stan. De toute manière, il s’agissait d’une tâche officielle. Je fis une couple d’appels avant de le contacter et, à la deuxième conversation avec lui, Stan me demanda d’arranger une conférence de presse à 9h30 dans la Maison des Invités sur le campus de Big Sandy. Je crois que c’était un mardi.

Le lundi après-midi, 16 octobre, lorsque le G-II arriva à l’aéroport de Gregg County, un bon nombre des ministres les plus âgés étaient là pour rencontrer HWA, comme le voulait la coutume. Souvent, les ministres que M. Armstrong connaissait personnellement n’étaient pas sûr de devoir faire cet effort ou non, parce que les dispositions et le climat des politiques de l’église changeaient. M. Armstrong ne reconnaissait pas de figure la majorité des gens du ministère, en 1978, et il ne savait pas leur nom, à moins que l’un d’entre eux ait été récemment le centre d’intérêt. Mais à cause des événements étant survenus plus tôt dans l’année, la politique voulait que ceux qu’il connaissait fassent l’effort de se montrer en bonne place. Aussi, comme l’exigeait ma tâche, je demandai aux personnes concernées de se présenter, ce qu’elles firent. Il y a environ trente minutes de trajet à faire et, par un chemin détourné, on évite le gros du trafic. Il peut s’avérer très agréable de rouler à travers les forêts de l’est du Texas, le long des chemins retirés.

Nous utilisâmes la voiture de fonction, une Buick Electra 1976 chargée de toutes les options et d’une radio émettrice pour HWA. Nous louâmes des Ford pour les autres, y compris les Rader.

J’allai à la rencontre de M. Armstrong quand il descendit de l’avion. Il ne fut pas très chaleureux, mais bavarda un peu avec les ministres et leurs épouses attroupés sur la passerelle.

Mel embarqua les bagages dans la Buick et Ramona Armstrong monta rapidement à l’arrière de la voiture, apparemment réticente à se mêler aux autres. Je lui parlai brièvement au travers de la fenêtre ouverte de la voiture, en me présentant, puisque c’était la première fois que je la rencontrais.

Pendant ce temps, Stan était laissé à l’écart. Son épouse, Niki, leur jeune fille et leur beau-fils étaient du voyage. Je leur offris de les conduire à Big Sandy et Stan sembla en être content.

Mon but était de mieux connaître Stan. On parlait contre lui partout. La fumée montait autour de lui depuis des années, d’énormes volutes de fumée. Je ne connais pas un seul ministre qui ait dit du bien de lui en privé. Quoi que plusieurs parlaient de lui en bien en public, comme le voulait la politique, ils changeaient de cap au sein de leurs pairs. Or, il n’y eut jamais de figure plus controversée dans l’église que Stan Rader, même pas GTA, je pense. Mais, en cette époque de la Fête de 1978, il m’était apparu très clairement qu’HWA ne pouvait ou ne voulait pas se séparer de Stan. Son propre fils pouvait partir, un grand nombre de ministres et de membres pouvaient trouver difficile de concilier les événements au christianisme, mais Stan resterait. Donc, si je voulais pouvoir fonctionner, je devais savoir pourquoi.

Je me suis aperçu qu’une des meilleures manières de jauger un homme cultivé, c’est de trouver qui sont ses héros et où il se positionne face à certaines questions. La majorité des gens sont prêts à discuter de ces choses avec quiconque sait bien amener le sujet.

Or, tout le monde le sait, Stan est fort brillant et très cultivé. Il est aussi très sûr de lui dans une conversation où la discussion tourne autour de ses centres d’intérêt. Histoire, philosophie, politique, affaires, tout l’intéresse. Il semble avoir une bonne mémoire et mentionne qu’il est adepte de la chronique ; il conserve des registres écrits sur les domaines où il est impliqué.

Les événements en Iran devenaient critiques à l’époque, rendant soucieux la plupart des Américains renseignés en ce qui concerne les répercussions de la révolution sur notre propre économie et notre position sur cette partie du monde, comme sur l’économie mondiale. Je fus surpris de découvrir que, non seulement Stan pensait-il que la révolution était inévitable à cause de l’étendue de la corruption du gouvernement du Shah, mais il la croyait même désirable. Il ne projeta pas de scénario rassurant et je fus incapable de conclure pourquoi il avait ce sentiment, à moins qu’il y ait eu association émotive dans son esprit entre le Tsar russe d’il y a quelques soixante ans et le Shah d’Iran de 1978.

Je lui demandai s’il avait lu le livre Nicolas et Alexandra et il répondit que oui. J’avais lu ce livre environ un an auparavant et j’ai vu le film une couple de fois. Lire le livre fut bien plus instructif, car il entrait dans les détails des événements et leurs antécédents dans la Russie de jadis. Je fus sûr qu’il y avait des sentiments d’attachement émotif (je comprenais sans être d’accord). Il me mentionna ensuite que la Révolution russe avait fait avancer la Russie de 50 ans. Le régime du Tsar avait freiné l’industrialisation et le progrès dans d’autres domaines.

Je déclarai que Nicolas et Alexandra avait fait valoir le contraire de manière convaincante. En Angleterre, lors de la Deuxième Guerre Mondiale, j’avais lu un livre écrit par un Américain à Moscou pendant la Première Guerre Mondiale et qui avait vécu la Révolution dans toute sa fureur. Il avait rapporté que l’industrialisation avait évolué à un taux remarquable sous le Tsar, tel que mentionné dans le livre Nicolas et Alexandra. En me fondant sur toute information qui m’était disponible, j’ai longtemps eu le sentiment que la Révolution communiste fit beaucoup reculer la Russie et le reste du monde et ce n’est que la menace communiste en provenance de l’Est qui permit à Hitler d’atteindre le succès en Allemagne et, par conséquent, d’exécuter ce qu’on appelle communément aujourd’hui « l’holocauste ». (Dans son best-seller intitulé Le monde de nos pères, Irving Howe donne les détails de l’émotivité ressentie contre le Tsar russe et le communisme durant cette longue période de l’histoire couvrant presque un siècle.)

Stan répliqua que ses informations à lui disaient que la Révolution russe avait été une bonne chose pour la Russie.[1]

Nous parlâmes ensuite de l’Allemagne. Je dis qu’à la lumière de ce que nous savons aujourd’hui à propos de notre identité biblique, c’est-à-dire que les Etats-Unis et l’Angleterre sont l’Israël moderne[2], et en regardant rétrospectivement l’histoire de notre siècle, le monde se serait porté tellement mieux si l’Allemagne avait accepté de jouer le second rôle européen derrière la Grande-Bretagne et suivre volontairement le leadership britannique dans sa politique étrangère. La prospérité de l’Allemagne était assurée et son prestige était fort élevé dans le domaine des sciences, de la médecine et de la musique, et ses produits industriels perçaient rapidement le commerce mondial. D’un point de vue historique, je tenais l’Allemagne largement responsable de la Première Guerre Mondiale. Elle avait créé un climat de guerre en Europe et ce n’était pas très sage.

Stan soutint la position de l’Allemagne dans cette guerre. Plus tard, je ne fus pas surpris de voir que Stan Rader avait une vision continentale européenne sur les choses, en opposition au point de vue anglo-américain que HWA avait toujours projeté dans ces domaines.

Durant ce temps, nous avions atteint le campus et la Maison des Invités sur le Lac Loma. Mme Rader s’aperçut qu’il n’y avait pas de sa céréale sèche favorite dans la cuisine, de même que plusieurs autres items qu’elle désirait. Même si l’heure était avancée, je m’offris à me rendre en ville pour voir si je pouvais trouver ce qu’elle voulait. Chez Cox, on n’avait pas cette céréale en stock, mais j’en trouvai dans l’épicerie du cinéma plein air à l’ouest de Big Sandy. À mon retour, Stan et moi nous sommes assis dans le salon pour prendre un verre. Il me demanda d’assister à la conférence de presse, le matin suivant, pour voir comment il manipulait les journalistes.

Les reporters s’assemblèrent dans mon bureau du Bâtiment d’Administration de la Fête. J’avais pris soin de mes responsabilités du matin afin de pouvoir me rendre à la Maison des Invités avec les journalistes à 9h30. Les assemblées ont lieu quotidiennement durant les huit jours du festival d’automne et le coordinateur a la responsabilité de voir à ce que tout fonctionne rondement. Mais je voulais voir comment Stan opérait dans ce genre de situation. Nous nous rendîmes à sa maison sur le lac, j’introduisis les reporters et la conférence commença. Les journalistes furent amicaux et, quand on posa des questions ardues, ils se montrèrent modérés.

Évidemment, l’affaire Garner Ted surgit. Il avait établi son bureau chef à Tyler plus tôt dans l’année et possédait un bon réservoir de soutien parmi les médias locaux. Une des journalistes, je crois qu’il s’agissait d’une jeune femme du Tyler Telegraph, s’enquit de l’église de GTA, l’Église Internationale de Dieu. Stan répliqua que ce n’était pas une église. Ce n’était qu’une corporation. Lui-même et deux personnes pouvaient se rendre à Austin afin de s’incorporer et se déclarer une église. C’était évidemment jouer sur les mots, ce n’était pas une preuve. Mais tant qu’on n’y réfléchissait pas sérieusement, on ne pouvait pas savoir comment décrire ou définir une église. Et Stan n’a jamais défini ce qu’était une église. Cependant, les reporters, sans doute pas très ferrés question théologie ou loi, ne posèrent pas les bonnes questions en la matière.

J’eus le sentiment, à ce moment-là, que Stan comptait sur un relatif manque de raffinement et ne faisait que jouer avec son auditoire. La question à savoir ce qui constitue une église est, et a toujours été, une question pendante. Ce qui constitue l’Église a fait l’objet de chauds débats au fil des siècles. Cela a dû intéresser beaucoup Herbert Armstrong dans les années 1930 et 1940, et ça l’intéresse sans doute encore aujourd’hui. Mais, lors de cette rencontre, Stan la chassa du revers de la main comme une mouche importune.

Ils posèrent des questions à propos du campus de Big Sandy, sujet de grande inquiétude pour toute la population locale qui avait économiquement bénéficié pendant des années de l’opération du collège et du festival annuel. Serait-il vendu ? À quoi devait-on s’attendre ? Ou, insista un reporter, était-il déjà vendu ? Stan répondit par la négative, mais le campus était à vendre. Il justifia le prix de vente annoncé de 10 millions $ et plus. Une rumeur locale circulait largement que la propriété valait beaucoup plus que ça. Plusieurs de ceux qui étaient là le pensaient aussi. J’étais d’accord avec Stan quant à la valeur marchande de la propriété.

La valeur marchande n’est que celle à laquelle on peut vendre, c’est tout. Cette propriété était unique, mais il y avait des problèmes architecturaux et de regroupement ainsi que des difficultés d’amélioration et de distance à cause de sa situation géographique. De plus, certains bâtiments furent érigés de manière temporaire et, conséquemment, étaient faits de matériaux peu solides. Il est très difficile d’évaluer précisément ce genre de propriété. La valeur historique était sensiblement plus basse, mais l’exercice comptable en la matière peut s’avérer fautif.

Je pense que Stan manoeuvra le sujet au mieux de ce qu’il pouvait. Sa méthode est de parler longuement. Dans le processus, il s’étend sur de nombreuses choses, tout cela visant à présenter ce qu’il voulait que vous pensiez et, par un long monologue, le rendre plausible. J’ai remarqué, après avoir lu les comptes-rendus de réunions avec ses employés, que c’est son style habituel.

Ils voulaient bien sûr savoir s’il serait le leader de l’église lorsque Herbert Armstrong mourrait ou deviendrait handicapé. Il répliqua très discrètement que pareille chose était impossible, car il n’était même pas ministre. Mais il ne se plaignit pas du tout des articles parus dans les journaux locaux récents le nommant comme « héritier présomptif ». La veille, il avait jeté un coup d’œil sur les coupures de presse sur lesquelles apparaissaient des photos de lui et avait remarqué que les articles étaient « biens ». Il dit qu’HWA avait dû se charger de Ted à cause de sa choquante indiscrétion et de son total manque d’égard filial à l’endroit de son père.

Quand la conférence de presse fut terminée et que les reporters furent repartis, Stan eut à évacuer une grande tension nerveuse et il voulut prendre une marche. Je lui dis que je devais retourner à mon bureau, car il y avait des tâches qui m’attendaient, et il me demanda de faire le chemin avec moi. C’est quand même une bonne marche ― un demi kilomètre ― et nous bavardâmes en marchant. Stan m’expliqua sa relation avec HWA, laquelle relation peu de gens comprenaient. Nous prîmes la direction de la partie est du centre de congrès et entendîmes Burk McNair parler, car il donnait le sermon du matin. Dehors, il y avait les mêmes personnes qu’à l’habitude ― des mères avec des bébés en pleurs, des gens qui ne peuvent demeurer assis longtemps à cause de certaines incapacités physiques et des vieillards ayant des problèmes de circulation sanguine et qui doivent bouger. On doit ajouter à ce groupe les hommes assignés comme placiers et patrouilleurs. Ces gens nous virent déambuler, Stan et moi, alors que Stan parlait fort, ventilant sa tension nerveuse après la conférence de presse. Il expliquait sur un ton bruyant qu’il devait parfois crier après HWA, répétant que bien peu comprennent vraiment leur relation. Je ne pus m’empêcher de me demander ce que pouvaient penser ceux qui l’entendaient, mais je chassai vite cette pensée qui m’apparut d’une importance passagère. Je crois que je me rappellerai toujours de l’aspect d’opéra comique de cet événement. Ç’aurait pu être drôle, n’eut été du grand sérieux des sujets traités dans la discussion.

Lorsque nous arrivâmes au Bâtiment de l’Administration de la Fête, au sud du centre de congrès, nous nous rendîmes directement à mon bureau. Pour la période de la Fête, j’employai ce qui avait été le bureau de Bill McDowell quand il était directeur festivalier et qui était normalement utilisé par Jack McKinney du bureau festivalier. Jack était dans une autre assignation et je préférais avoir celui-ci quand j’étais coordonnateur festivalier à Big Sandy.

Fait assez ironique, et très démonstratif des opérations internes de l’église, Jack avait écrit des rapports sur Stan Rader et Osumu Gotoh pendant qu’il était encore à Pasadena, enfin… selon Sherwin McMichael. Et voilà que Stan et moi étions à bavarder intensément dans le bureau où travaillait Jack à longueur d’année, moi sachant ce que Jack avait fait quelques années auparavant, lorsque Sherwin s’attendait à ce que Ted sorte victorieux ! Mais ce n’est qu’un aparté.

Je baissai le volume du haut-parleur (le système de son était amené dans les bureaux avec un contrôle du volume sur le mur), car Stan n’était pas le moindrement intéressé au sermon de Burke. Stan et moi continuâmes à discuter de la relation unique qu’il entretenait avec HWA. J’abordai ensuite la question des contrats. Je dis à Stan que j’avais beaucoup de difficulté à concilier l’affaire des contrats accordés à lui-même et à HWA ― contrats impliquant des chiffres élevés.

Il me dit qu’il était coutumier, dans les affaires à l’américaine, que les trois têtes dirigeantes d’une corporation aient des contrats ― des contrats passablement élevés.

Je m’écriai d’un air consterné : « Mais c’est une église ! » Ce fait devait assurément peser lourd dans la balance. On nous a dit de croire en la foi, d’avoir confiance en Dieu en la matière.

Il me répliqua que son niveau salarial avait été discuté et négocié avant qu’il ne devienne membre. Bien que j’aie compris que son dernier contrat avait été négocié après son baptême, je ne mentionnai pas ce fait. Il me dit qu’eux trois, Herbert Armstrong, Garner Ted et lui-même, avaient des contrats ― les trois têtes dirigeantes. Il tenta encore de m’expliquer les contrats d’une manière plausible.

Je lui dis qu’il rationalisait. Il me répondit que non. Je répétai ma première déclaration. Il me dit qu’il rationalisait peut-être la partie de Garner Ted. Je le niai, il rationalisait tout. Rendu à ce point, nous laissâmes tomber la question et continuâmes sur autre chose. J’allais encore soulever de nouveau la question le mois suivant à Pasadena.

Il est très facile de parler à Stan quand il veut bien mettre son ego de côté et l’on rapporte qu’il peut aisément s’ajuster au niveau de la personne avec laquelle il converse. Je crois que cette affirmation est vraie en général. Sa conversation peut s’avérer très intéressante pour une personne qui possède des intérêts communs. Si je comprends bien, il parle couramment français, mais je ne sais pas quant aux autres langues.

Bientôt, juste après que se terminent les assemblées, Niki Rader entra dans le bureau, car elle voulait que Stan aille avec elle en quelque part, mais il ne voulait pas y aller. Ils ont parfois de ces prises de bec. Mais cette fois-là, je devais me rendre ailleurs et Stan avait des choses à faire. Il m’invita à la maison pour passer la soirée, mais j’avais encore des tâches, comprenant une réunion ministérielle avec HWA dans l’après-midi. Il y avait également Wayne Cole, alors directeur de l’Administration à Pasadena (je crois que c’était le titre à ce moment-là ; ça changeait de temps à autre), qui arrivait et j’avais l’intention de le rencontrer à Tyler.

Bill Bradford (pasteur de l’église de Shreveport) avait demandé s’il pouvait aller prendre Wayne, mais j’avais décidé d’y aller moi-même, car, le connaissant depuis longtemps, je voulais parler un peu avec lui et je pensai que ce serait la meilleure opportunité.

Bill m’expliqua qu’ils étaient de bons amis ; je m’arrangeai donc pour qu’il aille le reconduire à Tyler quand le moment serait venu qu’il se rende à un autre site de Fête. (Il est malheureux de voir ce que quelques courts mois peuvent faire entre des amis de longue date et ce, au nom de la religion !)

HWA parla longtemps lors de la réunion ministérielle de l’après-midi. Pendant cette réunion, il admonesta son fils et nous resservit la même histoire que nous avions déjà entendue à de nombreuses reprises. Il était intéressant de remarquer ceux qui s’étaient installés en avant et en face et qui signifiaient vigoureusement leur approbation de la tête à peu près à chaque paragraphe. Ces mêmes ministres et leurs épouses faisaient exactement la même chose devant Ted à peine quelques mois auparavant.

L’avion de Wayne arriva à l’heure et la conversation s’étendit sur tout le trajet d’environ une heure et demi. Pas que ce fut tellement révélateur, car Wayne marchait encore sur la corde raide, une barre stabilisatrice dans les mains, ne sachant vraiment pas qu’il serait renversé avant trois mois. Personne ne savait, à l’époque, ce que nous réservait le début de janvier 1979. Mais ce que Wayne me dit d’intéressant, c’est qu’HWA lui avait offert un contrat quand il était descendu du Canada pour remplacer Ron Dart ― offre qu’il refusa immédiatement. Il ressentait comme anormal de signer un contrat pour son travail dans le ministère. Je pense qu’il avait raison.

Ce soir-là, je me rendis à la demeure d’HWA pour voir s’il avait besoin que je fasse quelque chose pour lui et aussi parce que Buck Hammer m’avait fait requête de lui demander l’ensemble de chambre à coucher de la maison. Cette demeure avait été construite par Roy et Pearl Hammer. Roy Hammer était décédé dans ce lit en 1962 et Buck tenait à le conserver, car, à l’époque, les mobiliers de maison étaient transportés à Pasadena. Donc, quand j’entrai, je trouvai HWA assis dans son fauteuil du salon, se préparant à regarder un des matches de la Série mondiale à la télévision. Quand il me vit, il me demanda si je voulais lui parler. Il me dit qu’il accepterait, mais qu’il voulait vraiment regarder le match. Je lui dis que je ne voulais interférer en rien ; je ne lui formulai que la requête de Buck à laquelle il acquiesça.

Stan m’avait demandé de garder les ministres loin d’HWA pendant qu’il était là. Bien que je sache que c’était une des choses pour lesquelles on critiquait Stan, je savais aussi que c’était également le vœu d’HWA et j’ai donc fait circuler l’information qu’ils ne pourraient lui rendre visite ; je pense que très peu le firent sinon aucun. Le lendemain matin, je me rendis chez Stan manger un déjeuner d’œufs brouillés et céréales préparées pas Niki.

Pendant le repas, la fille nouvellement mariée des Rader se joignit à la conversation. Je parlai de l’égalité telle que défendue par les sociologues modernes et expliquai le mal que faisait ce concept à notre société. Même si les gens trouvent que cela sonne bien à l’oreille, ils ne comprennent tout simplement pas les conséquences d’un pareil enseignement, soulignai-je. Elle amena quelques exceptions, comme on devait s’y attendre d’une jeune personne fraîchement sortie du collège aujourd’hui.

Stan expliqua gentiment, mais fermement, que tout le concept était faux. L’égalité n’était ni possible, ni désirable. Quoi qu’il semblât de tout son être en faveur de la révolution, il savait également que les slogans de la révolution étaient intenables, comme le savaient aussi les leaders de la révolution de 1917 en Russie et les leaders de la révolution de 1978 en Iran. Je me rappelle avoir été surpris de constater que sa fille n’ait pas été instruite de la chose.

HWA devait prendre la parole le mercredi matin. Après les hymnes et la prière d’ouverture, Randy Dick, le directeur musical, le présenta et il parla un peu. Ensuite, il introduisit Stan, comme d’habitude. Ce dernier fit son petit laïus d’usage, sauf que, cette fois, il se montra plus autoritaire et gonfla HWA plus que de coutume. Je marchais dans la salle pendant son speech, notant beaucoup de réactions négatives. Mais, à la fin, fusèrent les applaudissements épars et polis. M. Armstrong avait quelque peu encensé Stan. Bien sûr, lorsque HWA était entré dans la salle, on l’avait accueilli par une ovation debout, comme c’était devenu la tradition depuis quelques années.

Les applaudissements à son égard avaient débuté quelques dix ans auparavant et il ne les repoussa pas comme il l’avait toujours fait avant. Il enseigna pendant des années, jusqu’à il n’y a pas si longtemps, que les applaudissements étaient inacceptables dans les assemblées de l’église et ce, pour quelque raison que ce soit. Puis, les applaudissements à l’occasion de musiques spéciales furent légèrement encouragés, et tout partit de là. Maintenant, les ovations sont entrées dans la tradition. On s’y attend ― à chaque fois. La liste est longue des ministres ayant dénoncé les applaudissements, particulièrement suivant les sermons. Mais, la plupart du temps, ils en parlaient en privé seulement. On peut tirer ses propres conclusions quant aux mérites des applaudissements dans les assemblées de l’église, mais cette coutume s’y glissa au moment où de nombreux problèmes commencèrent à sourdre en son sein. Ce n’est pas que les applaudissements dans l’église y amenèrent ces troubles, mais cela pourrait bien expliquer un changement opéré dans l’esprit d’HWA à l’époque ― changement indiquant un état d’esprit des plus égocentriques. Au sein de la relation existant entre le divin et lui-même, il en rétrécissait à chaque fois un peu plus le gouffre dans l’esprit des gens et peut-être le sien aussi. C’est en 1976, je crois, qu’un des anciens que je connaissais depuis des années décida de quitter l’église. Il m’expliqua que cette affaire fut le facteur décisif pour lui. Il avait le sentiment qu’HWA enlevait à Dieu l’admiration des gens et se l’appropriait au détriment de l’église. Je me sentais moi-même tendu à ce sujet, mais il me semblait que les autres bénéfices pesaient plus lourd que la faute. Or, il n’y a pas de doute que le symptôme annonçait une maladie sérieuse.

Cette question me rappelle l’explication récente des « cajoleries ». On dit que tout le monde a besoin de se faire « cajoler », mais certains plus que d’autres. Les « cajoleries » revêtent toutes sortes de formes, mais essentiellement, ce genre-là de « cajoleries », c’est l’assentiment, l’indication d’une acceptation et l’approbation. La louange est nécessaire à tout le monde. Des recherches scientifiques démontrent que certaines personnes peuvent fonctionner en se faisant louanger une fois par année, quand elles émergent de leur renfermement. C’est toujours nécessaire, mais on n’en a pas si souvent besoin. À l’autre extrême, il y a l’artiste qui a besoin de ses dix milles cajoleries quotidiennes pour survivre. Ces caresses, ces louanges, viennent sous forme d’applaudissements sans lesquels beaucoup d’artistes ne peuvent vivre. Vous saurez tirer vos propres conclusions à savoir s’il y eut transition d’un état d’esprit à l’autre dans le cas d’HWA.

En tant que coordonnateur, je m’assois habituellement toujours dans le même siège situé stratégiquement et protégé par l’équipe de placiers. Ainsi, je puis être localisé en tout temps, car il arrive fréquemment qu’un problème requière l’attention du coordonnateur. S’il s’assoit toujours à la même place et qu’on le sache, tous ceux qui en ont besoin peuvent le rejoindre. L’accès facile contribue à son efficacité et au fonctionnement harmonieux d’une réunion de plusieurs milliers de gens, De plus, puisqu’il est responsable de toutes les annonces et qu’il a le contrôle global, il lui faut être à proximité du directeur de chants et des orateurs. En général, je m’assoyais dans la deuxième ou troisième rangée à l’intérieur de la section choisie par les orateurs et habituellement par les ministres.

Parfois, il fallait que le coordinateur réponde à des appels téléphoniques, ce qui survenait même pendant les assemblées. Ça n’arrivait pas souvent, mais j’en eus un durant le sermon d’HWA.

Un message me fut livré et je sortis par la porte ouest, juste au nord de l’estrade. Quand je me trouvai dehors, Niki était là, semblant un peu perdue. Elle arriva en courant, disant qu’il lui fallait se rendre à la toilette des dames, dans l’autre bâtiment, et elle me demanda si je pouvais faire le chemin avec elle. Je lui répondis que j’en serais heureux et que, de toute façon, j’avais à m’y rendre pour prendre un appel.

Eh bien, elle me saisit par le bras et s’y pendit tout le long du chemin menant au Bâtiment de l’Administration de la Fête, dans le lobby et dans le hall. Évidemment, je me sentais un peu drôle, mais je ne lui fis pas remarquer qu’il aurait été mieux de ne pas présenter pareille image. Je l’accompagnai simplement avec un sentiment étrange, que je décrirais comme un mélange d’amusement et de consternation. Mais Niki pouvait être fort plaisante et contribuait parfois à égayer les choses.

Je me réjouissais de mon contact avec Stan pour plusieurs raisons. Une de ces raisons était que nous avions du plaisir à converser et que, je crois, nous en étions tous les deux stimulés. Je suis sûr que Stan avait du temps devant lui à cause de l’arrêt à Big Sandy plus long qu’à l’habitude. Et Big Sandy n’est pas un endroit réputé pour avoir beaucoup d’attractions intéressantes. J’avais le sentiment que nos entretiens n’étaient pas encore complets et lui mentionnai que j’avais l’intention de me rendre à Pasadena le mois suivant (une idée qui venait de surgir en moi). Je lui demandai s’il avait du temps à consacrer à nos entretiens. Il me répliqua que je devrais alors appeler pour m’assurer qu’il était en ville et que, advenant le cas, il prendrait le temps de bavarder. Il me donna son numéro de téléphone à la maison et voulut que j’appelle si jamais quelque chose d’important survenait. Il mentionna de plus que je devais appeler si quoi que ce soit se développait de la part des médias.

Le groupe du G-II partit peu après le sermon d’HWA. Tout le groupe sortit de la salle pendant le chant de fermeture, comme d’habitude, et HWA jeta un regard très désapprobateur sur sa nouvelle épouse en voyant par derrière l’embonpoint qu’elle avait acquis. Ce fut un incident notable pour ceux qui étaient assis aux alentours et qui se rappelaient la belle silhouette et le port altier de Mme Loma Armstrong, même quand elle avait plus de soixante-dix ans.

Je conduisis la famille Rader à l’aéroport et nous poursuivîmes notre intéressante conversation sur plusieurs sujets. Quand nous arrivâmes là où était posé le G-II, Stan me demanda de monter à bord, car M. Armstrong n’était pas encore arrivé. Stan fit apporter de la bière froide et des sandwichs par les stewards pendant que nous parlions des affaires de l’église. Stan énuméra des informations se rapportant à HWA, à la haute politique, aux dirigeants de l’administration extérieure au ministère et certaines de ceux dans le ministère. Il ne semblait pas comprendre le ministère comme tel, et n’offrit aucun indice démontrant qu’il comprenait réellement la doctrine de l’église. Mais il saisissait très bien les affaires séculières.

Avant la fin de la semaine, les nouvelles locales furent remplies de l’annonce de vente du campus à deux des trois différents groupes ecclésiastiques. Les journaux, enfin, certains d’entre eux, se montraient assez spécifiques quant à la vente et au transfert imminent de la possession des propriétés. Le campus fut plein de gens bouleversés demandant toutes sortes de questions. M. Armstrong leur avait dit, quelques années auparavant, que cette propriété était transférée à Dieu par acte notarié. Beaucoup de gens croyaient vraiment que Dieu possédait la propriété de manière légale (bien sûr, tout Lui appartient, de toute façon), et ils étaient perplexes à la pensée qu’on pouvait maintenant la vendre. Bon nombre avaient contribué aux fonds de construction tant et plus, il y a bien des années, et ils étaient grandement affligés par les reportages. Beaucoup de gens dirent que, peu importe ce qu’en disaient les journaux, la propriété ne serait jamais vendue.

Les reportages m’arrivèrent sous diverses formes, d’abord par le système directeur, ensuite par des notes laissées au Bureau de la Fête, et enfin par des gens venus me le dire en personne. Dans les circonstances, je crus nécessaire de faire une annonce officielle. Par conséquent, ce soir-là, Dan Ward et moi allâmes à mon bureau et j’appelai Stan à la maison.

Souvenez-vous qu’HWA m’avait mentionné, pendant son séjour, qu’il pensait que la propriété était déjà vendue. Il me dit qu’elle coûtait vraiment trop cher à maintenir ― 750 000 $ par année ― et qu’on devait la laisser aller. Je savais qu’il n’était pas au courant des détails des négociations ― du moins, c’est ce qu’indiquaient ses commentaires.

Stan se présenta rapidement au téléphone et je le mis au courant de l’état des choses à Big Sandy. Il m’ordonna d’appeler tous les journaux et de les menacer de poursuites judiciaires immédiates s’ils ne se rétractaient pas. Eh bien, les journaux s’étaient montrés pendant des années très amicaux dans notre région et j’étais certain qu’ils imprimaient leurs histoires de bonne foi et assurément selon la bonne tradition journalistique. Donc, évidemment, je n’appelai aucun journal pour les menacer de poursuites.

J’avais parlé avec Stan de ce que le magazine Quest était un handicap pour l’église et que les membres s’en méfiaient. Il avait mis tous les problèmes concernant le magazine ― problèmes que Sherwin McMichael aimait à qualifier « d’art du démon » ― sur le dos de Robert Kuhn et de Ted Armstrong. Il ne prit aucun blâme pour ces articles incroyables et tout le reste.

Ainsi, dans la conversation téléphonique de ce soir-là, laquelle, si je me rappelle bien, eu lieu un samedi soir, Stan loua le magazine Quest en me disant que j’aimerais la nouvelle approche qu’il revêtirait dès lors. Je lui dis que c’est par des choses comme le Quest que commencerait l’aliénation de l’église, car toute personne réfléchie trouverait difficile de concilier ce que présentait le magazine et ce que nous enseignions en tant qu’église. (Ce que je ne savais pas, c’est la rapidité avec laquelle l’église pouvait changer sa doctrine pour quelle s’adapte à la littérature du Quest.) Il se créerait un problème de crédibilité qui mènerait à l’aliénation, un peu comme ce qui est arrivé au gouvernement fédéral lors du Watergate. Nous conversâmes encore un peu au téléphone avant de nous entendre pour reprendre notre entretien le mois suivant. Stan insista pour que je l’appelle s’il y avait un problème quelconque au sujet des articles de journaux ou n’importe quoi d’autre.

Le lendemain matin, nous fîmes une annonce à l’effet qu’aucune vente n’avait été finalisée, mais que les négociations continuaient. L’annonce disait que les déclarations des journaux et de la télévision étaient pour le moins prématurées. Cela sembla calmer beaucoup de gens qui se réfugiaient alors dans la prière (enfin, c’est ce que nous rapportèrent un certain nombre de gens) en espérant que Dieu ne permettrait pas que soit vendue la propriété.

Pasadena : novembre 1978

J’appelai Stan Rader au téléphone. Il me dit qu’il serait libre à partir du 6 novembre, un lundi, si j’allais le visiter. Je m’envolai le dimanche précédent et des amis de longue date vinrent me chercher à l’Aéroport International de Los Angeles vers minuit. Je leur fis savoir que j’allais avoir quelques entretiens avec Stan Rader, ce à quoi ils répliquèrent du tac au tac que Stan chargeait 150 $ de l’heure, selon l’estimation du coût de son contrat avec l’église et les avantages. Je pense qu’ils ont dû sous-estimer le coût. Ils n’avaient rien à dire de bon à propos de Stan. Ce genre d’attitude générale face à Stan prévalait dans l’église. Toutefois, ils étaient prêts à reconnaître son pouvoir et son étroite relation avec HWA. Ils étaient simplement incapables de s’expliquer ce pouvoir durable de Stan. Ils étaient sûr qu’il y avait anguille sous roche. Il faisait bon de revoir de vieux amis et de savoir comment ils allaient. Ils avaient acquis assez d’immobiliers, il y a quelques années, pour faire de l’argent lors du boum économique en Californie et se portaient bien financièrement.

Le lendemain matin, 6 novembre 1978, je me rendis au Département de Transport. Là, je fus présenté à John Kineston, époux de Virginia Kineston, secrétaire exécutive de Stan. John était un genre de coordonnateur entre Stan et le transport ; il était également relié, d’une manière ou d’une autre, à la sécurité rattachée au quatrième étage du Hall d’Administration. Il m’offrit de me conduire en voiture à l’immeuble à bureaux et j’acceptai. Il me dit avoir connu mon fils, John, au collège, quelques années auparavant. Je ne sais pas où furent John et Virginia toutes ces années. Stan s’arrangea pour que j’aie du transport pendant mon séjour et John Kineston m’apporta les clés d’une voiture au bureau.

Lorsque je montai au bureau de Stan (l’ancien bureau de Garner Ted), Virginia Kineston et Mary Ellen Dahldren, nouvelle belle-sœur d’HWA, étaient dans les bureaux extérieurs. La dernière fois que j’y étais allé, la belle-fille d’HWA, Lois Chapman, et Anita Dennis étaient assises dans ces chaises-là. De ce que j’ai compris, elles sont maintenant toutes deux ex-membres de l’église.

Je me présentai à Virginia, car je ne l’avais jamais rencontrée avant, en autant que je puisse me le rappeler. Elle me conduisit directement au bureau de Stan.

Stan fit apporter du café et nous nous sommes assis à la petite table près du bureau. Il ne s’assit pas une seule fois derrière son bureau pendant la majeure partie des deux jours où je fus là. Ce qui contrastait fortement avec Rod Meredith qui aime à s’asseoir derrière son bureau de manière officielle. Nous reprîmes notre conversation là où nous l’avions laissée quand il quitta Big Sandy le mois précédent.

Je lui mentionnai que je n’étais jamais venu dans ce bureau auparavant. J’étais allé dans les bureaux extérieurs, mais pas dans celui-ci. Stan semblait fier de ce bureau. C’est plutôt joli, avec une excellente vue (quand le smog le permet) sur le Mont Wilson au nord-est. Le bureau est spacieux et bien aménagé.

Stan fit retenir tous ses appels et Virginia n’eut pas à nous interrompre souvent. Je dis à Stan que j’avais été dérangé par le « dosser médiatique » de Henry Cornwall, l’année précédente, et j’avais le sentiment qu’un non membre n’avait pas d’affaire à utiliser l’argent de l’église et le prestige de Stan pour attaquer Ron Dart, alors directeur de l’Administration Pastorale. Et je trouvais très remarquable qu’une telle attaque soit postée à tous les ministres de l’église. J’appelais cela de la subversion, et que c’était difficile à justifier. Mais Stan semblait très fier de cette opération. Il me dit que Ron Dart était un homme de paille, attendant qu’on l’emploie. Si Ron Dart n’avait pas été disponible à cet effet, il aurait créé un autre homme de paille ! De toute évidence, s’il pouvait frapper Dart, cela exposait Ted et il pouvait dès lors travailler sur lui ― la vraie cible visée. J’insistai sur le fait d’utiliser Cornwall de cette façon. Stan balaya cavalièrement l’objection du revers de la main. Sans importance.

Stan passa ensuite quelques temps à réprimander la conduite de Ted sur une période de plusieurs années. Lui et Herbert Armstrong parlaient d’une dizaine d’années à ce moment-là. C’est le nombre d’années que Ted avait censément détruit « l’œuvre ». J’étais d’accord à savoir que Ted avait un problème évident, mais j’insistai sur le fait que Ted avait été blâmé pour certains problèmes dont il n’était pas responsable. Je dis à Stan que Ted n’était pas ce qu’on appelle un « intellectuel », terme qu’utilisait leur littérature à l’époque. Stan approuva. Je lui demandai alors pourquoi Ted était accusé « d’intellectualisme et de sécularisation ».

Stan me confia qu’il savait que Robert Kuhn était le dirigeant intellectuel. C’est lui qui avait fait dériver l’église dans cette direction. Robert était vraiment un intellectuel. Il pensait que Brian Knowles, actuel rédacteur en chef des publications de l’église n’était pas coupable de ce péché et que c’était un bon homme. Je fus surpris de lire plus tard dans le Forum, véhicule de Stan pour faire passer ses idées aux membres, que Robert Kuhn était « 110 % loyal à Herbert Armstrong ». (J’avais plus de respect que ça pour les talents en maths de Stan avant lecture de cette déclaration.)

Je dis à Stan qu’il n’y avait aucun moyen de réécrire l’histoire de l’église des vingt-cinq dernières années. Ce qui était restait. Impossible de changer le passé. Alors pourquoi prétendions-nous que les choses soient arrivées autrement qu’en réalité ? Tentions-nous de repeindre le passé à grands coups de pinceaux ? Réécrivions-nous l’histoire dans le but d’effacer le nom de GTA partout où il se trouvait ? C’était fort malhonnête.

Quand arriva l’heure du dîner, Stan suggéra que nous allions prendre une bouchée. En sortant de l’édifice, nous sommes tombés sur Steve Martin, assistant de Wayne Cole, le directeur de l’Administration Pastorale, et Stan l’invita à se joindre à nous. Henry Cornwall, l’homme de Stan, nous accompagna aussi. Stan nous conduisit à un très charmant restaurant situé près du Rose Bowl, au sommet d’une colline. Après le dîner, nous discutâmes d’un certain nombre de pasteurs de l’église et de leurs antécédents, etc. Henry eut peu à dire pendant le dîner. Steve fut très loquace, comme d’habitude. Il jouissait d’une remarquable fonction, juste à côté du bureau du directeur de l’Administration pastorale grâce à certains changements de personnel. Plus tard dans la journée, lorsque je le rencontrai dans le hall, il me demanda si j’avais parlé de lui en mal de quelque façon que ce soit devant Stan. Je l’assurai que non, et que je n’avais même pas parlé en mal de Wayne. Steve poussa un soupir de soulagement. Il se sentait très anxieux, et avec raison, je crois.

Lorsque nous retournâmes à l’édifice à bureaux, après le dîner, Wayne Cole était là. Il accourut et m’accueillit chaleureusement. Je lui fis savoir que, s’il n’était pas trop occupé, j’aimerais passer le voir. Il me suggéra de venir le voir immédiatement. Je m’excusai auprès de Stan en l’assurant que je serais de retour sous peu. (Après tout, Wayne était mon supérieur ministériel, à l’époque.)

Wayne et moi entrâmes dans son bureau où nous nous assoyâmes à une table circulaire près de son bureau. Wayne me demanda tout de go pourquoi je passais du temps avec Stan. Je lui répondis que je voulais être au courant, car j’étais alors certain que seule la mort pouvait maintenant séparer Stan Rader d’Herbert Armstrong et, de ce fait, si je devais demeurer dans l’œuvre, je voulais savoir à quoi m’attendre.

Il comprenait cela, me dit-il. Je lui demandai alors si Stan Rader était converti. Sa réaction immédiate fut : « Non, il ne l’est pas. Je connais Stan depuis de nombreuses années. Il venait souvent en Australie et j’entretenais des relations étroites avec lui. » (Wayne avait été directeur de l’église en Australie pendant une décennie.) « Je l’ai toujours trouvé intelligent et cordial, mais certainement pas converti. Il ne ressemble pas aux autres gens de l’église. Il possède des intérêts commerciaux. »

Je demandai ensuite à Wayne s’il croyait à la doctrine pétrine (la primatie de l’apôtre Pierre et l’idée que ses successeurs héritent de la primatie sur le monde chrétien, comme le croyaient les catholiques). Il me dit qu’il n’était pas question qu’il croie à cela. Je lui demandai pourquoi Herbert Armstrong la prêchait avec tant de force à ce moment-là. On nous avait toujours mis en garde contre cette doctrine dans l’église, et je ne trouvais pas le moindre soutien biblique à ce qu’on enseignait maintenant. Mieux que ça, je ne connaissais aucun ministre dans toute l’église qui enseignât cette doctrine-là comme étant vraie. Il me répondit que ça ne pouvait continuer ainsi et qu’il fallait faire quelque chose. Il m’avoua vivre une période « de bassesse » dans sa vie à ce moment-là, et qu’il se sentait plutôt déprimé. De la façon dont allaient les choses, il ne pouvait être fier de ses accomplissements.

Je m’attardai un peu sur les hommes qui avaient occupé ce bureau auparavant et sur les événements tragiques ayant jailli dans l’église ces dernières années. Puis, je m’excusai auprès de Wayne et retournai continuer mon entretien avec Stan. J’avais le sentiment que je ne devais pas repartir sans avoir vu Wayne Cole, car c’était le chef des ministres… enfin, de façon nominale.

Stan est fin causeur quand il s’y met. Il emprunte le point de vue européen continental plutôt que la vision anglo-américaine, tant sur le plan culturel qu’historique. (Il avait mentionné qu’il trouvait la culture française des plus agréables.) J’ai toujours préconisé le côté anglo-américain, comme la plupart des Américains. Tout notre héritage a été orienté dans cette direction. Bien que j’aie connu beaucoup de gens adoptant le point de vue européen, ce que je concevais, d’ailleurs, je trouvais cependant difficile de comprendre comment Stan pouvais se montrer si ouvert alors que nous enseignions si fortement l’héritage anglo-américain dans l’église.

Lorsqu’il me mentionna le nombre de jours dans l’année où le groupe du G-II se trouve hors du pays, je lui fis remarquer que l’on risque de perdre contact avec ce qui se passe ici, au point d’en venir à éprouver du dédain envers ce qui est américain. Stan approuva volontiers. Je lui dis que le roi Salomon était devenu trop cosmopolite pour son bien et celui de son pays ― et même de sa religion. Ce qui finit par lui coûter sa relation avec son Dieu. L’internationalisme a ses dangers inhérents. À l’époque, Stan sembla comprendre et être d’accord.

Je discutai avec lui du manque de perspicacité de Raymond McNair et que cela me troublait de penser qu’il était relié au nouveau « comité de loyauté ». Je pense qu’un juge doit être perspicace et avoir un bon jugement. Je ne pense pas que Raymond possédait ces qualités. On le connaissait partout dans le ministère sous le nom de « Buffie », car nous étions tous au courant de cette rumeur disant qu’Herbert Armstrong, quand il parlait de Raymond, s’y référait comme d’un « bouffon ». Stan me dit que je ne devais pas m’en faire, car il ne m’aurait pas jugé. Il continua en me disant que M. Armstrong pensait que Rod Meredith était « si juste qu’il en devenait injuste ». (Dans moins de deux mois, Stan utiliserait Rod Meredith d’une manière extraordinaire. Je suis sûr qu’à ce moment-là aucun de nous deux n’avait le moindre soupçon de ce qui allait arriver.)

Je parlai encore du magazine Quest à Stan. Quel dessein servait-il ? Il était très dispendieux et Herbert Armstrong avait donné sa parole à toute église, plus tôt dans l’année, qu’il se débarrasserait du magazine. Pourquoi en avions-nous besoin ?

Stan entra dans une longue explication démontrant pourquoi l’église s’accrochait à une telle publication ainsi qu’aux maisons d’édition, comme Everest House. Tout cela venait de Ted Armstrong et de Robert Kuhn. C’est eux qui étaient à blâmer pour la nature très profane d’une grande partie de cet ouvrage. Il promit que les dirigeants entreprendraient de « nettoyer » le magazine Quest.

De plus, il entendait voir à ce que Everest House devienne plus compatible avec les enseignements de l’église lors des futurs contrats d’édition de livres.

« Pourquoi aurions-nous besoin, soit du Quest, soit de l’Everest House ? » Je voulais savoir. Il parla un certain temps pour ne rien dire, n’offrant aucune explication claire. Il mentionna qu’il s’agissait d’obligations que nous avions contractées. Il pensait que l’église pourrait se départir de certaines de ces entreprises aussitôt que ce serait possible. Cependant, ils désiraient conserver le AICF et continuer à tenir des concerts dans l’auditorium. Il croyait que l’obligation financière du Quest prendrait fin au printemps de l’année suivante. Mais j’avais déjà entendu cela avant.

Je reparlai à Stan du message d’Ézéchiel et que notre pays avait le plus grand besoin d’entendre ce message. Il me semblait qu’il n’y avait rien de mieux à faire et je m’inquiétais que nous dépensâmes trop de nos énergies à lutter les uns contre les autres plutôt que de faire ce que nous avons dit pendant des années que l’on devait faire.

Nous le faisions bien mieux dans les années soixante, lorsque le programme radiophonique dénonçait le péché de notre nation en le claironnant chaque jour, l’avertissant avec force par l’intermédiaire du programme radio The World Tomorrow. N’était-ce pas le travail que nous avions à faire ?

Je n’eus jamais de claire indication que Stan savait de quoi je parlais en mentionnant le « message d’Ézéchiel ».

J’abordai alors le sujet de l’homosexualité ainsi que de l’importance qu’il y avait, au point de vue biblique, à marquer ce grand mal pour ce qu’il était. J’expliquai de quelle manière Ésaïe appelait prophétiquement notre nation actuelle, « Sodome », à cause de l’homosexualité qui faisait boule de neige. Je lui dis que je constatais que ce problème devenait endémique qu’on devait le dénoncer avec puissance au nom de Dieu. C’était un point crucial du message d’Ézéchiel. J’étais affligé de voir Anita Bryant en position de dénoncer ce genre de pratique mauvaise alors que la plupart des ministres américains devenaient de plus en plus silencieux. Pourquoi ? N’avions-nous pas une responsabilité dans ce domaine ?

Stan me dit qu’il connaissait personnellement Anita Bryant et qu’il n’était pas très impressionné par son travail. Je lui dis que c’était une fille de Tulsa. Il me dit l’avoir rencontrée, je pense, à Oklahoma City quelques années auparavant.

Il me dit que l’église commencerait peut-être un programme dénonçant l’homosexualité. Il me parla d’assembler une équipe de télévision utilisant un script, et peut-être quelques professionnels pour faire le programme. Il pensait que nous ne devrions plus utiliser uniquement une seule personnalité télé pour présenter le message de notre église. J’étais parfaitement d’accord, lui dis-je. Après tout, les stations de télévision prenaient l’antenne pendant dix-huit heures et plus chaque jour, et il y avait assez de professionnels et d’exécutants pour garder l’intérêt des gens et remplir tout le temps horaire. Pourquoi n’avions-nous pas pu réunir assez d’hommes pour faire notre propre travail ? Y avait-il si peu de talents dans l’église pour que nous ne fassions rien ?

Il revint sur le cas de Ted. Je lui dis que je croyais que le père de Ted portait la responsabilité et il n’avait aucun moyen de s’en départir. Pourquoi n’avait-il pas éclairci les choses il y a des années ? Pourquoi couvrit-il toute la corruption de 1971 à 1974 ?

Au moment où je parlais avec Stan, je ne me rendais pas compte jusqu’à quel point Herbert Armstrong avait lui-même commis de graves péchés. Il n’était vraisemblablement pas en position de nettoyer les péchés de qui que ce soit sans d’abord voir aux siens propres.

Stan exprima sa volonté de « fléchir la loi un bout de temps pour le bien de l’église ». Il dit ensuite que ceux qui possédaient des postes de responsabilité avaient un plus grand devoir de mentir, en citant l’exemple du président Eisenhower en rapport avec l’affaire de l’espion du U-2. Il me dit que si Eisenhower avait menti, les Russes auraient pu sauver la face et auraient mis fin à la Guerre froide. Le fait qu’Eisenhower ne fut pas disposé à mentir au sujet de Gary Powers coûta très cher au monde entier.

À la lumière des événements récents de Pasadena, on peut se demander jusqu’à quel point Stan se sentit obligé de mettre en pratique ce qu’il prêchait un an plus tôt. Et, considérant qu’il déclarait être le meilleur élève d’HWA, on doit aussi se poser des questions sur l’enseignant.

Je revins sur la question du Quest. Je lui dis que, durant le congrès ministériel du mois de janvier précédent, Robert Kuhn avait déclaré que la publication valait bien tout ce qu’elle coûtait parce qu’elle fournissait le puissant effet de levier dont avait besoin l’église dans les milieux de New York. Les administrateurs de l’église pouvaient utiliser ce levier pour que les choses soient cachées dans les médias ― les choses susceptibles d’être nuisibles si elles étaient publiées.

La première fois que j’ai lu quelque chose concernant le Quest, ce fut dans un magazine de New York, en 1976. George Evans, un ancien de l’église, m’apporta l’article aux monts Pocono. L’article annonçait la nouvelle publication et son éditeur qui disait qu’il serait entièrement libre de tout contrôle de la part de l’Église Universelle de Dieu. Le fait était à noter, étant donné la politique éditoriale de l’église recouvrant ses autres publications, lesquelles étaient sous un contrôle très serré.

J’interrogeai Stan en ce qui regarde l’Everest House, la nouvelle compagnie de publication financée par l’église. Pourquoi cette firme, appendice de l’église, publiait-elle autant de matériel ? Qu’en était-il des titres annoncés pour l’année suivante ? On y trouvait beaucoup de livres adoptant et cautionnant l’immoralité. Pourquoi ?

Eh bien, Stan croyait que j’apprécierais Lew Gillenson, l’homme choisi pour être à la tête d’Everest House. C’était un homme très bien. Et la maison d’édition était consacrée à la poursuite de l’excellence. Nous aurions besoin de publier beaucoup de livres pendant les années à venir. Les sélections étaient malheureuses, mais c’était la faute de Robert Kuhn et de Ted Armstrong, m’expliqua Stan.

Un de ces livres traitait de l’occultisme (Dark Dimensions ― « Dimensions obscures »). Un autre s’intitulait Strange Seed ― « Semence étrange », genre de livre qu’on ne s’attend pas à voir provenir d’une maison d’édition appartenant à une église. Un autre, Living Jewish ― « Vie de Juif », fit hausser les sourcils, particulièrement parce que publié par un éditeur financé par une église chrétienne. Ensuite, il y avait un éloge rendu à Elvis Presley, pas très en continuité avec la politique éditoriale de l’église établie de longue date. Un autre livre conseillait les couples non mariés sur la gérance de leurs finances. Il y en avait encore un autre recommandant le mysticisme oriental ! La plupart de ces livres préconisaient un style de vie condamné par l’Église Universelle de Dieu. Mais Stan ne fit pas l’effort de justifier les titres. Il ne fit que rejeter le blâme.

Je le pressai de questions au sujet des premiers articles du Quest, particulièrement sur celui parlant d’un homme ayant eu un enfant d’une truie. C’était l’article le plus obscène et le plus odieux que j’ai jamais lu. Le triste spectacle était entièrement répréhensible. Robert ne pouvait avoir permis cela, spécialement parce que son chef était Herbert Armstrong qui possédait une perception presque divine !

J’interrogeai ensuite Stan à propos de la construction de bâtiments d’églises locales. Comme exemple, je mentionnai l’église de Tulsa (Oklahoma) où quatre cent personnes s’assemblaient dans une salle d’école louée après quasiment vingt ans d’existence en tant que congrégation. Un minuscule pourcentage des revenus provenant de la région y retournait, moins de 15 % ! N’était-il pas souhaitable d’avoir des bâtiments pour les églises locales ? lui demandai-je. N’était-ce pas une meilleure façon de dépenser un peu des énormes revenus alimentant l’église ? Je lui rappelai qu’il avait dit, dans le show télévisé de Tom Snyder à la NBC, que l’église était riche, mais je m’aperçus que la valeur nette totale de la congrégation de Tulsa de la WCG n’atteignait pas 1 000 $. Comment cette contradiction pouvait-elle s’expliquer ?

Il me répondit qu’il avait toujours été en faveur de la construction d’établissements pour les églises locales, qu’il pensait encore qu’on en avait besoin et que cela était possible. Il poursuivit en disant qu’il avait soutenu à maintes reprises l’idée de construire des buildings locaux, mais que cela ne s’était pas concrétisé. Il pensait que Ted avait bloqué le programme quelques années plus tôt. Je répliquai que j’avais toujours cru que Ted était pour le programme de construction de bâtiments locaux. Mais Stan m’assura qu’il ne l’était pas.

Nous discutâmes de l’Église catholique. Il étudiait beaucoup l’histoire de cette église, mais pas sa théologie, je crois, seulement son histoire. Il cherchait ce qui avait fait durer l’Église catholique et ce qui en avait constitué la force. L’unité émanant du leadership du pape l’impressionnait.

L’intérêt de Stan pour l’Église catholique revêtait beaucoup de signification, spécialement en regard de l’influence qu’il exerçait auprès d’HWA. À ce sujet, Floyd Lochner, ami intime de longue date, compagnon de voyage et confident d’Herbert Armstrong, dit qu’il ne peut y avoir de doute quant au fait que Stan mettait littéralement les mots dans la bouche d’Herbert. HWA donnait l’impression d’avoir eu une idée, mais ce n’était pas le cas. En réalité, Stan lui avait soufflé quoi dire.

Ted avait mentionné à plusieurs reprises qu’il était surprenant de voir son père si influençable par son entourage, particulièrement par ceux qui se plaçaient justement en position de l’influencer.

Depuis ce temps, on a cité bien des fois Stan exprimant que l’Église catholique et l’Église Universelle avaient beaucoup de choses en commun. Déclaration plutôt remarquable de la part d’un membre de l’Église Universelle de Dieu, laquelle enseigne que l’Église catholique est la « Grande Prostituée ». Pourquoi Stan voulait-il copier la structure de la « Grande Prostituée » ?

Je demandai à Stan si les salaires des pasteurs seraient augmentés, considérant le haut taux d’inflation. Leurs rémunérations étaient réellement à la traîne à cause de la hausse du coût de la vie. La réaction de Stan fut de dire qu’ils étaient trop nombreux ! Juste accorder une indexation au coût de la vie accaparerait trop d’argent ! Il a pourtant dit de nombreuses fois à la presse que l’église était riche. Ce n’est qu’une des anomalies mises sur le tapis.

Stan promit de travailler sur tous les problèmes et de faire de son mieux pour que tout fonctionne. Il allait faire quelque chose pour arranger la situation de la télévision et voir à ce qu’un programme efficace soit produit. Il avait certaines choses en tête. Et il commencerait à faire quelque chose au sujet des bâtiments d’églises locales.

Nous parlâmes de mon fils John à savoir pourquoi on lui avait enlevé son travail au Wolrdwide News. John avait fondé et construit ce journal sous le patronage de Ted Armstrong et on avait partout considéré qu’il avait réussi à ce poste. Mais il fut sommairement remercié en juin 1978, selon les directives d’HWA et Stan. Je demandai pourquoi à celui-ci.

Stan me répondit qu’il savait que John n’avait pas révisé les articles d’HWA, comme l’avait dit certaines personnes. Il savait que la mise au point avait été faite par Ted et Robert Kuhn. Mais lui et Herbert Armstrong avaient pensé qu’il avait révisé les articles de Ted en janvier de 1978, au moment où HWA entendait reprendre le contrôle total et mettre Ted dehors. John n’avait pas démontré la volonté de travailler pour eux.

Je lui dis que John avait entendu parler, d’aussi loin qu’en Afrique du Sud, qu’il serait congédié et ce, bien avant qu’il le soit effectivement. Était-ce la façon d’agir dans l’église ? Était-ce la bonne manière de gérer le personnel dans l’église ?

Stan répliqua qu’il en était ainsi, et que ça le serait probablement toujours. Il me confia qu’il envisageait qu’Herman Hoeh, éditeur exécutif du Plain Truth, finisse par être en charge des publications.

Ce soir-là, je me rendis chez les Rader pour jouer au bridge. Les Rader sont de bons joueurs. La belle-mère de Stan jouait aussi. Elle joue très fort et adore gagner.

Plus tard, je me rendis parler à Rod Meredith un court moment. Je lui demandai s’il croyait en la doctrine pétrine. Il me répondit que non. Je lui demandai aussi s’il croyait que le message d’Ézéchiel devait être diffusé de manière plus forte. Il me dit que oui. Je lui posai la question à savoir si ce message avait déjà été prêché de façon satisfaisante. Il me répondit que non.

Le lendemain matin, j’étais dans le bureau de Stan peu après huit heures. Nos tasses de café remplies, Stan commença à me parler des avions, en débutant par le premier, lorsque HWA décida qu’il voulait un avion. Stan poursuivit en monopolisant presque toute la conversation. Il semblait croire que c’était très important. Le tout commença lors d’un déjeuner où il était en compagnie d’HWA et de Jim Simpson, chauffeur d’HWA depuis quelques années. Il me dit que Herbert Armstrong donna pour mission à Jim Simpson de lui procurer un avion. Or, Jim Simpson ne connaissait pratiquement rien aux avions. Stan démontrait le modus operandi d’HWA. Il était comme un bébé en forêt. C’était le point qu’amenait Stan.

Il décrivit la première promenade d’HWA en avion nolisé, au-dessus du Texas, et dans lequel Stan était présent ; il empoignait le siège à deux mains tellement il avait peur. Stan se pencha et répéta par deux fois : « Je connais mon homme. Je connais mon homme. »

« Stan, je sais que vous le connaissez, » répliquai-je. « Vous n’avez pas à m’en convaincre. »

Puis, il entra dans une série d’explications de tous les arrangements financiers tels qu’il les concevait. Ce fut toute une histoire. J’eux le sentiment que, si HWA était un bébé perdu en forêt en ce qui a trait aux avions et aux finances, on devait alors se demander dans combien d’autres domaines il était déficient. N’était-ce pas une excellente opportunité pour quelqu’un comme Stan de s’attacher à lui pour en tirer profit ?

Je n’essayai pas de parler théologie avec Stan, sauf de manière toute superficielle. J’eus la nette impression qu’il convoitait fortement l’ordination. Je n’étais pas sûr de savoir pourquoi, si ce n’est qu’il pensait cela nécessaire afin d’hériter des pleins pouvoirs sur l’église, dans lequel cas il avait besoin de l’ordination. Je ne sais pas s’il avait une autre raison. Il y avait peut-être aussi des raisons émotives. Qui sait ?

Je pensais que les chances étaient que Stan mettrait de l’ordre dans certaines affaires qui fonctionnaient mal pour que l’église puisse poursuivre sa mission historique, plusieurs problèmes du passé en moins. Peut-être HWA allait-il maintenant demeurer chez lui et se montrer sage. Je croyais qu’il y avait des chances pour que Dieu prenne les choses en main et qu’Il souderait ensemble ce qui devait être soudé, et que Stan aurait peut-être lui-même sa place dans le plan. En d’autres mots, je ne considérais pas nos conversations comme entièrement négatives. Qui sait ce qui se serait passé si les batailles juridiques n’avaient pas débuté quelques deux mois plus tard ? Stan aurait pu être orienté par des hommes ordonnés vers le chemin de la véritable vie chrétienne. Mais nous ne le saurons jamais.

Je quittai son bureau pour aller parler avec Leon Walker, depuis longtemps membre de la Faculté de théologie des Collèges Ambassadeurs, à Bricket Wood, en Angleterre, et à Big Sandy, au Texas. Leon enseignait maintenant au collège de Pasadena. Il ne croyait pas non plus à la doctrine pétrine. Il s’en gardait bien.

Quelques semaines plus tard arriva la tragédie de Jonestown, en Amérique du Sud. La vision de tous ces cadavres en décomposition étendus là, sous le soleil tropical, va rester dans la mémoire des Américains pendant un bon bout de temps. On y voyait les témoins muets de l’erreur d’un leader religieux autoritaire qui déclarait être le seul à détenir les réponses, se posant lui-même comme « l’autorité ». On ne l’avertira plus d’avoir développé le « complexe de Dieu ». Il avait perdu contact avec la réalité. L’affaire la plus triste dans tout ça, c’est qu’il en a entraîné d’autres avec lui. Ce fut son monument ― tous ces corps dont les possesseurs ont trop bu de « Kool-Aid ». Ceux qui ne se mettent pas à réfléchir par eux –mêmes sont condamnés à l’exploitation. Le fait que le « Temple du Peuple » ait pris racines dans l’État de la Californie, là où s’épanouissent de nombreuses religions étranges, a incité le gouvernement étatique à l’action. Bien des gens souhaitèrent que le gouvernement de la Californie réussisse s’il faisait son travail comme il faut.

Pendant ce temps, aucun mécanisme ne fut mis en branle pour purger l’Église de Dieu. (Il n’y en a jamais eu.) Dieu laisse la responsabilité aux individus de suivre Ses lois. Quand elles sont violées, les pénalités sont lourdes.

Herbert Armstrong n’écouta aucune réprimande, aucune correction. Il n’écouta personne, si ce n’est Stan Rader. Et Stan semblait n’avoir que peu d’intérêt à corriger les choses que les hommes ordonnés voulaient voir changer.

J’inclus dans ce chapitre un échange de lettres entre Stan Rader et moi-même autour de décembre. Je crois qu’elles sont fort explicites. Cet échange arriva peu après nos conversations et peu avant les événements capitaux de janvier 1979.

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(Entête de la Worldwide Church of God)

28 novembre 1978

Stanley R. Rader

Worldwide Church of God

300, West Green Street

Pasadena, Calif. 91123

Cher Monsieur Rader,

J’ai appris de part et d’autre que vous preniez un rôle quotidien actif dans la gérance de l’Œuvre en jetant un regard approfondi sur diverses pratiques et en essayant de faire avancer l’organisation. J’applaudis, plus que vous ne pensez, à tout effort visant à mettre de l’ordre dans ce qui est devenu une bureaucratie hypertrophiée. L’Œuvre est remplie de bonnes et décentes gens, dévoués et talentueux qui n’attendent que d’être émancipés et qu’on leur permette de contribuer.

Toutefois, je sais que Rome ne s’est pas faite en un jour et que nous ne pouvons espérer corriger tous les maux en quelques jours ou quelques mois. Je réalise aussi qu’il ne vous est sans doute pas possible d’être au courant de ce qui se passe dans tous les secteurs de l’organisation ; cependant, je demande à ce que vous révisiez une politique que vous ne connaissez peut-être pas.

Selon un mémoire du 17 novembre, les ministres seront logés par les membres de l’église locale durant la période du congrès ; l’on s’attend à ce qu’ils prennent la plupart de leurs repas dans la faculté étudiante et, si c’est absolument nécessaire, quatre personnes devront partager une même voiture louée. Je suis conscient que cette pratique prévaut depuis quelques années et précède votre administration. Ma répugnance envers cette coutume date de quelques années, donc, comprenez bien que cela n’est dirigé contre personne en particulier.

Combien en coûterait-il de loger les ministres et leurs épouses dans des hôtels ? Au fil des ans, j’ai eu maintes occasions d’entendre des plaintes justifiées. Je pourrais ajouter que des ministres, coincés chez des membres bien intentionnés qui n’étaient pas équipés pour recevoir des invités, étaient continuellement forcés de quémander du transport.

Je sais qu’il n’est pas dans les manières de M. Armstrong d’être pingre et mesquin avec ses employés. Il a plutôt pour tradition d’envoyer ses principaux serviteurs en première classe. Même les étudiants du Collège Ambassadeur ont navigué sur l’Atlantique en première classe et ont été accueillis en Rolls Royce. Et ce alors que l’Œuvre était encore petite et désargentée. À la télévision nationale, vous avez parlé de la richesse de l’église. Est-il inapproprié de suggérer que les ministres du Dieu Vivant méritent au moins le Holiday Inn ?

Affirmer que non et qu’ils ne méritent que d’être casés chez un membre local pourrait être interprété comme donnant l’impression qu’ils ne sont pas dignes de leur embauche, qu’ils ne sont que des employés de seconde ordre, qu’il est permis de museler le bœuf qui piétine le grain, que les anciens qui font un bon travail ne sont pas dignes d’une double rémunération.

La dépense additionnelle dont nous parlons, 50 000 $, est une bagatelle à l’heure actuelle. Il est important que des ministres qui oeuvrent dans des congrégations locales qui génèrent 100 000 $, 200 000 $ ou 300 000 $ par année, et qui maintiennent le statu quo en regard des 15 % à 20 % qui reviennent en région, se voient accorder autant de dignité que le permet la politique corporative pour les employés du domaine tertiaire de la presse, du collège ou des départements de la construction. Si nous regardons les choses d’un point de vue strictement d’affaires, prenez en considération la valeur économique d’un pasteur capable, pendant de longues heures de conseils personnels, d’encourager un membre au revenu modeste de rester un payeur de dîmes de l’Église. Sans doute un homme dans cette position mérite-t-il une chambre d’hôtel pendant les quelques jours du congrès annuel de son église.

Évidemment, l’allocation alimentaire (25 $ par personne pour quatre jours) est absurde. Je sais qu’un homme comme vous, ayant beaucoup voyagé et avec une certaine expérience culinaire, ne condamnera pas quelqu’un pour ne pas se sentir très excité à l’idée de prendre tous ses repas avec les élèves dans la cafétéria étudiante.

Je ne connais aucun ministre qui s’attende à voyager au congrès en première classe dans un avion gros-porteur, être accueilli en limousine à l’aéroport de Los Angeles, séjourner dans un hôtel luxueux tout neuf, être conduit partout par un chauffeur, boire du Dom Pérignon au dîner et manger chaque soir au La Scala. Toutefois, des arrangements hôteliers honnêtes, des allocations alimentaires raisonnables et une voiture sous-compacte louée ne me semblent pas du tout prétentieux pour une église riche désirant offrir un minimum de reconnaissance envers son ministère qui essuie des moments tempétueux.

Je ne réclame pas ces choses pour moi, car je n’ai nullement l’intention de demeurer chez un membre ni manger tous mes repas dans le centre étudiant. Je compte absorber tous les coûts personnellement, si nécessaire. Mais je me doute qu’après réflexion, vous serez d’accord pour dire que, si l’on tient à entretenir une mentalité de pacotille, que ce soit dans d’autres domaines de l’Œuvre que celle-là.

Merci de m’avoir invité à passer mes commentaires. S’il vous plaît, veuillez les accepter dans l’esprit par lequel ils sont offerts.

Sincèrement,

John Robinson

 

cc. : Dean Blackwell

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(Entête de la Worldwide Church of God)

13 novembre 1978

David R. Robinson

5006, Hudson Sud

Tulsa, OK  74135

Cher Dave,

Vous trouverez ci-incluse la copie d’une lettre que j’ai reçue de John.

Après lecture, je crois que vous pourrez assurément voir que la véritable attitude de John y transpire.

Comme je vous l’ai dit auparavant, il avait été transféré en raison de ce qu’il rédigeait continuellement les écrits de M. Herbert Armstrong.

De même, en lisant cette lettre de John, on se rend compte qu’il n’est pas un très bon reporter. La raison pour laquelle je dis cela, c’est qu’un bon reporter aurait fait des recherches et aurait trouvé que je n’avais rien à voir avec les arrangements en vue du congrès ministériel.

J’ai seulement pensé que vous aimeriez lire cette lettre pour voir ce qu’il ressent face à la manière dont les choses se font à Pasadena.

Dans l’espérance de vous voir à la prochaine conférence en janvier.

A votre bon souvenir,

Stan Rader

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(Entête de la Worldwide Church of God)

20 décembre 1978

Stanley Rader

Ambassador College

Pasadena, Californie  91123

Cher Stan,

Premièrement, j’aimerais vous exprimer toute ma reconnaissance pour tout le temps que vous avez passé en ma compagnie, ici au Texas et ensuite là-bas à Pasadena. Je sais que vous êtes fort occupé et je considère à mon avantage votre générosité, car avoir passé du temps avec vous m’a beaucoup aidé à avoir un aperçu des rouages de l’église et des domaines y étant reliés. Je me suis senti confortable dans nos discussions et je crois que nous étions plutôt sincères quoique, bien sûr, il y ait eu quelques points de divergences. Mais il en est toujours ainsi, la variété étant nécessaire à l’enrichissement des espèces !

Je suis revenu en Oklahoma avec des sentiments considérablement meilleurs concernant certains événements récents ayant causé des soucis à de nombreuses personnes ― événements largement publicisés. Il m’a semblé que nous avions beaucoup de points philosophiques en commun ― certainement assez pour entamer des actions concertées.

J’ai trouvé votre maîtrise de sujets tels que l’histoire, le gouvernement, la philosophie, l’histoire de l’église et autres domaines connexes assez remarquable, et j’ai pu juger que votre mémoire est excellente. Nous ne sommes pas beaucoup entrés dans la théologie, et je fus donc incapable d’en arriver à me faire une opinion ferme. Mais j’en suis venu à croire que vous avez un excellent esprit d’organisation et je puis voir aisément pourquoi l’on doit rechercher votre avis.

L’on voit évidemment pourquoi M. Armstrong trouve vos conseils de si grande valeur, peut-être même des plus nécessaires. Sans doute que l’un des services, et non pas des moindres, que vous rendez à M. Armstrong, est l’art de la conversation intelligente. C’est un art que l’on ne rencontre plus très souvent de nos jours.

Cependant, lorsque m’arriva votre lettre, l’autre jour, ce fut un choc. Bien qu’elle n’était pas une critique directe envers moi, le contenu et le ton l’étaient de façon notable à l’endroit de mon fils aîné. J’ai laissé passer quelques jours, puis j’ai lu sa lettre très soigneusement, non pas une, mais plusieurs fois, et toujours avec la même conclusion.

John m’avait appelé et m’avait lu sa lettre avant de vous l’envoyer. Même si j’avais écrit une lettre sur le même sujet et que je n’aurais probablement pas inclus le paragraphe référant aux avantages contractuels, ceux-ci avaient certainement rapport au sujet. Je suggérai d’abord de raturer cette partie, puis de l’atténuer en un assentiment modéré, considérant que cela aurait un important impact sur la direction que prendrait la lutte.

J’ai vérifié les tarifs aériens et j’ai découvert qu’en partant le samedi soir et en revenant le jeudi soir, je pouvais sauver environ 66 $. Margaret n’avait pas l’intention de venir, donc, je conçus un plan pour conserver les économies faites sur les billets et les transférer à la facture d’hôtel.

À mon âge, je trouve des plus difficiles de demeurer avec des étrangers dans un espace restreint. À la lumière de nos autres pratiques, je crois cette méthode irréaliste. Grâce à l’expérience accumulée dans plusieurs autres domaines de l’œuvre (expérience que John possède aussi), il m’a semblé ardu de concilier cette procédure avec celles des autres facettes.

J’appelai Ted Herlofson en lui demandant, dans les circonstances, de permettre que les économies faites sur les billets soient appliquées à la facture d’hôtel. Je fus troublé par sa réaction ferme et négative. Je crois fortement, Stan, que si cela était arrivé à M. Armstrong ou à vous-même, que tous les deux vous en auriez aussi été troublés !

Ce que j’ai réellement eu comme impression, concernant la lettre de John, c’est qu’elle n’avait certainement rien de personnel, mais qu’elle vous ouvrait plutôt une opportunité remarquable. Ici, en ces temps de transition où vous vous impliquez vous-même très fortement, vous aviez l’occasion unique de corriger un problème de longue date et archaïque et dont on vous aurait octroyé tout le crédit de la solution ― une commodité à valeur incalculable pour les mois à venir.

De mes propres oreilles, et à de nombreuses reprises au cours des années qu’il a passées à travailler pour le Worldwide News, j’ai entendu John prendre ardemment pour vous, Stan, et ce dans des domaines où il fallait passablement de courage pour le faire. Vous mentionnez dans votre lettre que vous m’aviez « dit auparavant qu’il avait été transféré en raison de ce qu’il révisait continuellement les écrits de M. Herbert Armstrong ». Ce que vous m’aviez dit, c’est que vous et M. Armstrong saviez que John ne révisait pas le travail de M. Armstrong, mais que c’étaient Ted et Robert Kuhn qui le faisaient. J’ai dit que John ne l’avait jamais fait. Ce sur quoi nous avons eu une vive et courte discussion, c’est que John n’avait pas révisé le Personal (éditorial) de Ted dans le numéro sorti au moment de la conférence de l’année dernière. Vous aviez le sentiment qu’il aurait dû le faire ― lui, qu’il ne devait pas.

Stan, vous m’aviez promis, au moment où j’ai quitté votre bureau, au début du mois passé, que vous appelleriez John au téléphone et que vous parleriez de tout cela. Et, Stan, vous n’avez pas appelé.

Quant à la pauvre qualité du reportage de John, je ne fais que suggérer que vous me lisiez votre lettre et que je vous lise celle de John, ensemble. Vous l’avez sûrement dictée par téléphone sans prendre la peine de la réviser. John ne sous-entend nulle part que vous ayez quoi que ce soit à voir avec les arrangements pour le congrès, mais il suggère que votre influence positive pourrait corriger le problème ― un compliment à votre égard, à ce qu’il me semble.

Stan, nous sommes encore tous hypersensibles à l’heure actuelle et nous devons pratiquer les vertus chrétiennes beaucoup plus que nous le faisons. Nous avons besoin de miséricorde, de patience, de tolérance et de gentillesse. Rappelez-vous ce que vous avez dit dans votre courte allocution à la conférence de l’an dernier. Je crois que ces conseils sont encore bons. L’administration au sein d’une organisation chrétienne réclame une telle gentillesse. Je sais que vous en êtes capable.

Sincèrement,

Dave

P.S. : J’espère vous voir en janvier et vous parler de votre livre au sujet du roi Léopold.

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[1] N. du T. : Il est normal que Stanley Rader, 33e degré franc-maçon juif, ait raisonné de cette manière étant donné la facture juive de la Révolution bolchevique. On n’a qu’à lire Les Protocoles des Sages de Sion pour savoir les raisons de cette révolution.

[2] N. du T. : Il fut prouvé par la suite que cette doctrine de l’Anglo-israélisme était fausse et ne reposait sur aucune prophétie biblique. Il s’agit d’une théorie créée au sein des sociétés secrètes de Grande-Bretagne, principalement promulguée par la Round Table de Cecil Rhodes, riche diamantaire financé par la Maison Rothschild. Herbert Armstrong n’a fait que copier ce qu’il avait lu dans un livre édité en 1902, Judah’s Sceptre and Joseph’s Birthright (Le sceptre de Juda et le droit d’aînesse de Joseph) écrit par J. H. Allen.




D.211 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 13

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

 

Chapitre 12

LA FILIÈRE JUIVE ET L’ESSOR DE STAN RADER

 

Les théologiens, particulièrement ceux qui favorisent le judaïsme, inclinent à qualifier la religion occidentale de judéo-chrétienne. Cela est historiquement et scripturairement exact, d’après moi.[1] Mais la brèche créée entre les Juifs et les chrétiens arriva très tôt et subsiste encore très largement de nos jours.

Les historiens connaissent bien la friction existant depuis des siècles entre les deux groupes ― friction concentrée en Europe. L’Inquisition s’occupa d’abord des Juifs, exigeant en Espagne qu’ils se convertissent au catholicisme ou quittent le pays. Au fil des siècles, les Juifs eurent à tenir ferme ou être absorbés. Ils ont choisi de tenir ferme. Peu leur importait que Jésus soit Juif ; ou que l’Église primitive du Nouveau Testament ait d’abord été entièrement composée de Juifs et que ce n’est que plus tard que les Gentils convertis entrèrent dans l’Église. Lorsque cela arriva, certains Juifs combattirent avec force la nouvelle religion. Le livre des Actes est rempli de ces luttes.

Edward Gibbon, dans son Déclin et Chute, constate que les Juifs se dressèrent contre le reste de l’humanité. Grâce à leurs synagogues et au cercle familial, ils purent demeurer séparés pendant deux millénaires.

Mais quand les chrétiens lisent attentivement la Bible, ils sont frappés de voir l’étroite association que leur religion établit avec l’ancien Israël. En vérité, l’apôtre Paul explique que le fondement du christianisme est basé sur les apôtres et les prophètes, Jésus-Christ étant la pierre angulaire. La brèche survint quand les Juifs refusèrent de se convertir au christianisme ― refus qui persiste aujourd’hui.

L’Église Universelle de Dieu se sent près des Juifs. Il y a deux raisons à cela. Premièrement, Herbert Armstrong a souvent sous-entendu qu’il possédait du sang juif de par ses ancêtres. Quand il se mit à voyager plus fréquemment et qu’il entra en contact avec des leaders juifs dans de nombreuses parties du monde, y compris dans ce qu’on appelle aujourd’hui Israël, il fut en mesure de passer pour un Juif. Il se glorifiait de sa « juiverie », de même que son fils Ted, quoique avec moins d’amplitude. Ni l’un ni l’autre n’ont cependant été capable de présenter la moindre preuve généalogique démontrant leur antécédent juif, en autant que je sache.

Il existait néanmoins une forte affinité et HWA était ravi quand un de ses ministres parlait de lui comme d’un Juif. Son soutien à Israël était inébranlable, même s’il avait déjà dit auparavant et à plusieurs reprises que les Juifs de notre époque n’ont aucun droit de se nommer Israël, mais qu’ils étaient, en réalité, la Maison de Juda. Alors qu’il enseignait jadis aux Américains d’être objecteurs de conscience, il se glorifiait sans aucune gêne des victoires militaires juives au Moyen-Orient. Cette réjouissance publique atteint un sommet lors de la guerre juive/arabe de 1967. Les contradictions philosophiques et théologiques étaient flagrantes.

Il n’est pas clair à savoir jusqu’à quel point ce partenariat fut fondé sur une affinité avec ceux qu’il considérait comme des parents et jusqu’à quel point c’était basé sur les prophéties bibliques et ses espoirs d’une conclusion rapide de ce monde ainsi que l’arrivée subséquente du monde à venir. La deuxième raison pour laquelle l’Église Universelle de Dieu ressentait de l’attrait pour les Juifs dérive des Écritures elles-mêmes. Le fait que Jésus ait appartenu à cette tribu, comme la plupart des apôtres et des disciples, comptait beaucoup. De plus, l’église observait le sabbat du septième jour et les fêtes annuelles, comme les Juifs religieux.

Les membres de l’Église Universelle de Dieu voyaient les Juifs comme des frères israélites ― en fait, des frères de sang. Cette vision des choses ne fut cependant jamais partagée par les Juifs eux-mêmes. Quand les membres les questionnaient en privé à ce propos, les Juifs réagissaient souvent avec un intérêt poli. Mais reconnaître les Britanniques et les Américains en tant que camarades israélites était hors de question. Cette réaction ne réfréna jamais les membres de l’église dans leur profond élan respectueux envers les Juifs ― respect nourri et encouragé par leur leader.

À un moment donné de l’histoire de l’église, il y a une dizaine d’années de cela, les membres de l’église fouillaient activement leur généalogie pour trouver du sang juif. Plus ils habitaient près du Collège Ambassadeur, plus ils désiraient avoir de ce sang « précieux » chez leurs ancêtres. Certains allèrent si loin qu’ils déclarèrent des naissances illégitimes dans leurs antécédents afin d’y « détecter » cette lignée ancestrale ― l’exact opposé de l’approche prise par de nombreuses gens de l’Allemagne d’Hitler !

C’est dans cette atmosphère que Stan Rader commença à exercer de plus en plus d’influence. Pendant la période précédente, son influence se faisait principalement sentir en arrière-scène. Les membres le voyaient et l’entendaient une fois par année, lors de la Fête des Tabernacles, alors qu’il précédait HWA sur l’estrade. Durant son entretien (on ne pouvait qualifier autrement son discours), il flattait HWA sans relâche et à l’excès. On ne rendait pas autant hommage à un homme dans une dictature totale. Il fallait une race d’homme bien spéciale pour écouter tant d’éloges sans sourciller. Mais HWA semblait s’en délecter.

Le point de vue d’HWA sur Robert Kuhn et ses antécédents juifs était de la même eau. Il « découvrit » Robert alors que celui-ci était encore étudiant au Collège. Robert détenait un doctorat avant d’arriver à l’Ambassadeur. Or, pendant qu’il y était, HWA vit que Robert avait fait des recherches sur le cerveau humain et avait passé du temps à expliquer la différence entre le cerveau animal et l’esprit humain. HWA parla en termes élogieux de Robert, l’appelant un « brillant jeune homme juif ». Robert fut baptisé et reconnu partout comme membre.

Mais, fait vraiment étonnant, on rapporta que Robert était aussi membre estimé de la synagogue locale ! Comment cela se pouvait-il ? Pouvait-on être baptiste ou catholique tout en étant aussi membre de l’Église Universelle de Dieu ? Ç’eût été impossible, d’un côté comme de l’autre. Et, en plus, la religion juive rejette la divinité de Christ. Pas de « si » ni de « mais ».

Bien que Stan Rader ne déclarait pas être membre de l’église, on ne se questionnait pas sur ses associations. Cependant, une fois baptisé par HWA, les questions commencèrent à fuser ― bien des questions. Son baptême était-il valide ? Ou alors, son affiliation était-elle le pire des pragmatismes ? Comment pouvait-il servir les deux groupes religieux ?

Stan, c’était connu, utilisait ses relations ethniques partout où il voyageait. Certains des ministres les mieux informés pensent que Stan est un sioniste pratiquant et dévoué et qu’il n’utilise l’église qu’à ses propres fins. Mais, comme de bien entendu, ce sont des questions sans réponses. La religion intime de quelqu’un est du domaine privé. Mais quand il parvient à la direction de l’église, c’est une tout autre histoire.

À partir des années qui suivirent le décès de Loma Armstrong, Stan accompagna constamment HWA. Cet arrangement profita de façon merveilleuse à Stan. De quelque nature fussent-ils, ses services coûtèrent fort cher à l’église.

Lors des jours ayant précédé l’imposition du règlement judiciaire, Herbert Armstrong parla à Wayne Cole de la possibilité d’enlever Stan de son poste de pouvoir. C’était peut-être une ruse, mais dans ce cas, c’était une tactiques des plus malséantes de la part d’un chrétien. On ne peut que spéculer à savoir si Herbert Armstrong voulait vraiment se débarrasser de Stan. Au programme 60 Minutes, on l’entendit dire de Stan que 50, 60 ou 70 millions $ peuvent s’avérer fort attrayants. Sa voix caractéristique scandait que Stan était un problème majeur dans l’église. Il sollicita l’aide de Wayne pour décrocher Stan du contrôle des finances de l’église. Donc, quand le couperet tomba, le 3 janvier 1979, tout sembla prometteur à ceux qui espéraient un grand nettoyage. Il y eut une vague d’espérance.

Mais Herbert Armstrong fit volte-face après avoir pris d’abord conseil d’un homme, juste un seul homme, pour ce que nous en savons. Et cet homme, c’était… Stan Rader. Que se dirent-ils ? Quel genre de pression fit changer d’idée Herbert Armstrong pour qu’il destitue plutôt Wayne Cole ? Pourquoi ne parla-t-il pas aux coordonnateurs régionaux ou à son Comité de Directeurs ? Dans sa conversation avec Wayne, il qualifia ses Directeurs de « comité d’idiots ». Mais le pouvoir légal était entre les mains du comité et le pouvoir ecclésiastique aurait dû être dans les mains des ministres ― pas dans les mains de Stan Rader. Devant ce qui se passait en janvier, il y aurait dû y avoir discussions et conseils. Pourquoi ne pas appliquer les principes d’Actes quinze ?

L’histoire d’amour de l’Église Universelle de Dieu avec les Juifs commença à se refroidir de façon notable dans les années 1970. D’abord, la réputation de Stan Rader se mit à se détériorer dans l’église, particulièrement au sein du ministère. On le blâma de plus en plus de la tournure que prenaient les choses, à partir du AICF, dont on se plaignait beaucoup, jusqu’au magazine new-yorkais Quest, décrié par tout le ministère resté fidèle à la Bible et qui avait feuilleté cette publication humaniste. Dans l’esprit des personnes bien renseignées, Stan était étroitement relié à cette opération. Robert Kuhn s’impliquait également beaucoup. Comme on le disait : « Herbert a son Juif ― Stan ― et Ted a le sien ― Robert ». À l’époque, l’on était nombreux à croire que Robert Kuhn travaillait pour Ted et se trouvait, en quelque sorte, en guerre contre Stan.

Dans tous les cas, beaucoup de gens avaient la perception que l’église se dirigeait dans une direction qu’elle avait si longtemps dénoncée. Elle allait en direction du libéralisme humaniste et elle y est maintenant bien engagée. Le Quest en était une grosse preuve. Comme autres preuves, il y avait la liste des livres publiés par Everest House, édition filiale du AICF. (Certains livres, chez Everest House, portaient des titres « chrétiens » comme : Dimensions des ténèbres ― une célébration de l’occulte ; Semence étrange ― nouvelle contemporaine d’une terreur indicible ; Comment fabriquer vos propres couteaux ; La vie d’un Juif ; La marche du zen.) Il y avait bien d’autres preuves encore, comme les voies libérales d’Herbert Armstrong. Son battage autour des techniques sexuelles de Masters and Johnson était en soi un écart majeur eu égard à ses enseignements originaux.

Dans la communauté de Big Sandy, Don Ward, doyen de faculté au Collège Ambassadeur, avait l’impression d’avoir percé le secret de Stan et Robert. Il était sûr qu’ils travaillaient ensemble. Ils jouaient « sur les deux côtés de la rue » et, peu importe le résultat, ils en sortiraient gagnants. Il pensait avoir affaire à un mode opératoire juif. Don possédait la plus grosse bibliothèque que j’aie jamais vue sur la question juive. De La majorité dépossédée, par Wilmot Robertson, au livre du sénateur Bilbo, Faites votre choix, il les avait tous. Ces écrivains décrivaient les méthodes juives visant à s’emparer du contrôle des postes clés. D’après le Dr Ward, il s’agissait d’un cas classique, directement sorti du texte.

Lorsque Stan Rader fut cité dans le forum du Worldwide News comme ayant dit que Robert Kuhn était loyal à 110 % à Herbert Armstrong, bien après que ce dernier l’eût avili publiquement, plusieurs personnes commencèrent à se demander si Don Ward n’avait pas raison, après tout.[2] Don avait projeté un scénario dans lequel Stan se gagnait le contrôle total de l’église et le reliait ensuite ouvertement au sionisme. Il était certain que Stan était sioniste et qu’il s’était bien intégré dans leur milieu. Don voit les sionistes comme la Bête de l’Apocalypse au lieu des dix nations d’Europe, comme l’enseigne HWA.[3]

Dans tous les cas, il y a un processus d’éloignement dans l’église à cause de la libéralisation doctrinale dont seraient responsables Stan et Robert Kuhn, selon un bon nombre de gens. Évidemment, HWA marche à plein dans tous les plans de Stan. Néanmoins, si Judas Iscariote était le « porteur de la bourse » au temps de Christ, Stan Rader est aujourd’hui le « trésorier » de l’Église Universelle de Dieu. C’est un poste dont il est fort jaloux. Lorsque Rod Meredith annonça le congédiement de Stan de ce bureau, en janvier 1979, ce dernier en fut très offusqué. Ce ne fut pas long avant que l’on constate où était le pouvoir. Il n’était pas du côté de Rod Meredith !

Je ne me rappelle pas la première fois où j’ai entendu le nom de Stan Rader. Jadis, dans les années soixante, quand les ministres du Sud du Texas se rendaient à la conférence ministérielle annuelle qui avait habituellement lieu en janvier, ils revenaient avec des histoires de sauteries données par Milt Scott, exécutif publicitaire choisi par HWA pour assurer le temps d’antenne radio de la production The World Tomorrow. C’était à une époque où la totalité du ministère de ce qu’on appelait alors la Radio Church of God était encore bien modeste. Dès la fin des années cinquante, Al Manteufel avait pris l’habitude de rapporter des histoires sur les titres de gloire du Sud de la Californie et de Milt Scott. Or, c’est définitivement de Milt Scott que nous entendîmes parler pendant quelques années, pas de Stan Rader.

Mais une chose est sûre : Stan Rader se montra la figure de façon graduelle. Finalement, fut un temps où le nom de Milt Scott ne fut même plus mentionné. On donna aux membres la nette impression que c’était un escroc qui avait « piégé » HWA, homme de Dieu trop confiant. Bien que, dans les régions locales, nous avions entièrement confiance en HWA, nous constatâmes que les « enfants de ce siècle sont plus sages que les enfants de la lumière ». Cela semble expliquer cette malheureuse tournure des événements.

Stan Rader vint doucement à se faire remarquer des membres. Lors de la Fête, à chaque année, Stan Rader faisait un « rapport financier » général et ennuyant. Mais bientôt, il n’y en eut plus, et il semble que le travail de Stan consista ensuite à présenter, de manière persistante, consistante et redondante, avec son style sec, les vertus et les grandeurs d’HWA telles que perçues au travers du regard impartial d’un non membre. L’idée était que, si Stan, non membre, percevait la grandeur d’HWA et nous la dépeignait, nous apprécierions encore plus cette grandeur.

Il était bien connu dans l’église qu’Herbert Armstrong avait grande soif de louanges, même si on « beurrait épais », et les gens ayant médité là-dessus n’y virent qu’une faiblesse que l’on devait accepter avec gratitude pour les autres qualités beaucoup plus facilement identifiables à l’enseignement biblique. Et, bien que plusieurs ministres de haut rang trouvaient moyen de le louanger devant l’église, personne n’arriva, ne serait-ce qu’à approcher, Stan en la matière. Il pouvait en mettre et en remettre tellement en trente minutes que bien des membres s’en trouvaient franchement gênés pour lui. Mais voilà bien un domaine où je n’ai jamais entendu HWA se plaindre.

En de nombreuses occasions, HWA a qualifié la manière de discourir de Stan de « style professoral ». Il se plaignait aux autres de la sécheresse de Stan, mais il finissait habituellement en disant que Stan « n’avait qu’à se lever pour parler ». Bien sûr, personne d’autre dans l’église « n’avait qu’à se lever pour parler ».

Récemment, quand Stan mentionna le nombre d’années qu’il avait roulé sa bosse dans l’église, j’en fus surpris. Je n’avais pas réalisé que ça faisait si longtemps. Pendant un certain nombre d’années, il s’était montré discret. Je crois maintenant qu’il a commencé à se faire remarquer peu après le décès de Mme Loma Armstrong, en 1967.

Albert J. Portune pris la suite en tant que gérant des affaires, comme on appelait ce poste qui fut plus tard désigné Vice-présidence en charge des affaires financières et du planning. Au dire de tous, M. Portune était fort compétent ― voire intelligent. C’était à coup sûr un prédicateur puissant et motivant. Il était passé maître dans l’utilisation des émotions pour transporter un auditoire. Sa diction, ses structures de phrase, ses choix de mots et son élocution étaient superbes.

En ce temps, le bureau des affaires semblait sans grand intérêt aux yeux des membres de l’église à qui l’on enseignait le peu d’importance relative de l’argent et des choses physiques. On avait pour idée que l’argent était un mal nécessaire, mais qui n’avait certes pas beaucoup d’intérêt. Quoi que l’argent passait pour une bénédiction dans les mains des membres, il ne provenait de Dieu que si on l’utilisait dans l’intérêt de l’église et de manière généreuse. En temps et lieu, tout l’argent périrait, et ce qui n’aurait pas été employé pour le bien de l’église serait sans valeur. Et on citait les Écritures appropriées.

C’est dans cette veine que furent produits les premiers rapports financiers annuels et c’est dans cet esprit que les membres considéraient le bureau des affaires comme un mal nécessaire.

Ce fut une déception pour bien des membres lorsqu’on annonça qu’Albert Portune était nommé à la tête du Bureau des affaires. Pour ceux qui, comme nous, envoyaient de l’argent sans rien recevoir en retour, cette nomination ne pouvait qu’être une rétrogradation. Il était maintenant impliqué dans les affaires de Mammon et moins qu’avant dans les affaires spirituelles. Nous ne réalisions tout simplement pas jusqu’à quel point l’argent était important dans l’église et pour HWA. Je ne pense pas que l’argent en soi était important, mais certainement les choses qu’il pouvait procurer. Et ces choses prirent de plus en plus d’importance dans l’église au fur et à mesure que les revenus augmentèrent, particulièrement lors de la période de croissante prospérité des années 1960.

Du point de vue des membres, l’ordre des postes de pouvoir se détaillait comme suit, à partir d’en haut : HWA, numéro uno ; GTA, héritier présumé, comme le disait Rod Meredith, était le numéro deux ; ensuite Rod Meredith, le numéro trois avec des aspirations à devenir le numéro deux. Dans le ministère et, par conséquent, aux yeux de l’église à l’époque, il est sûr que Rod était très puissant et numéro deux dans bien des domaines. Mais il n’eut jamais le contrôle de l’argent duquel il n’entendait rien, d’ailleurs.

L’argent n’était pas le seul domaine auquel Rod Meredith ne comprenait rien, comme vous le diront nombre d’hommes ayant travaillé pour lui dans le ministère. Il était particulièrement insensible à leurs besoins et utilisait son office pour favoriser son propre pouvoir. Mais ça, c’est une autre histoire.

Le fait est que, pour les membres ― et cela semble vrai en grande partie, même dans les mécanismes internes de Pasadena ― Rader devint lentement un puissant facteur. La mort de Mme Loma Armstrong fut des plus significatives dans l’histoire de l’église. Sur son lit de mort, une de ses dernières requêtes, selon de nombreux témoins, fut de voir les échelons élevés du leadership de l’église se réconcilier et travailler ensemble. À l’époque, on ne perçut pas le sens de ce vœu. Nous ne réalisions pas jusqu’à quel point ce leadership serait fragmenté dans les quelques années à venir.

Dans son bureau et en présence de Raymond McNair, Rod Meredith me dit que, dès 1965, il avait des preuves que Ted avait séduit des filles du collège et que cela se reproduisit dès lors régulièrement jusqu’à ce que cela devienne généralement connu et qu’un point culminent fut atteint lors des événements très publicisés de 1971 et 1972.

Je lui demandai s’il était allé voir M. Armstrong à ce propos et il me répondit que oui. « Qu’a dit son père ? » m’enquis-je. Rod dit que son père a toujours pardonné à Ted quand celui-ci démontrait du repentir en répandant des larmes et en quémandant le pardon. Raymond expliqua que Ted était un repentant professionnel. Il affirma que personne ne pouvait se repentir comme Ted. Évidemment, nous devons réaliser que nous sommes en présence de la crème de la crème du ministère duquel on avait dit aux membres qu’elle possédait la perception même de Dieu en tant que don de Sa part, et qu’une grande erreur à ce niveau élevé soulevait de graves questions. Une chose est certaine, ce savoir interne, gardé très secrèt, contribua énormément au pouvoir de Rod Meredith.

Bien qu’Herbert Armstrong ait émergé du milieu de l’Amérique, il n’avait pas « l’allure américaine », ni dans les premières années, ni dans la vie par la suite. Ses photos montrent un jeune homme qu’on aurait pu croire sorti d’un pays de l’est de la Méditerranée. Avant les années où le melting-pot s’est mis réellement à « bouillir », il y avait un genre d’apparence extérieure que les Américains qualifiaient « d’étrangère », et pour cause. C’est à cette époque que se manifesta l’immigration massive de Juifs d’Europe de l’Est. Des milliers de Juifs passèrent l’Île d’Ellis, ayant préalablement quitté l’empire du tzar russe, et vinrent faire… ils ne savaient trop quoi. Puisque leur culture était complètement différente, qu’ils parlaient une langue étrangère et que leur religion niait le Christ, on ne les considérait généralement pas comme des Américains.

Herbert Armstrong a toujours été un personnage fort complexe. Une des nombreuses facettes de sa vie est son apparente « judaïté ». Qu’il y ait le moindre sang chez ses ancêtres, ce n’est que pure théorie. En de nombreuses occasions, il a semblé le penser. Il mentionnait dans ses sermons que la tribu de Lévi était la plus importante dans l’ancien Israël et qu’il ne serait pas surpris de découvrir qu’il était vraiment de lignée lévite. Ceux qui méditaient là-dessus ne manquaient pas de se demander comment ç’aurait pu être le cas étant donné ce qu’on savait de sa famille.

Je me rappelle avoir rencontré sa mère et lui avoir parlé un certain nombre de fois, à Belknap Springs, en Oregon, au début des années 1950. Elle me rappelait les Américains de sa génération dont les racines se trouvaient dans le Midwest et qui avaient grandi juste après la Guerre civile. De ce que je me souviens, elle possédait une très bonne diction et le genre d’éducation de son époque. Elle avait des problèmes à harmoniser les noms et les verbes, chose commune chez les Américains du Midwest de jadis. Je ne me souviens de rien qui ait pu indiquer qu’elle fut de souche juive.

Mais depuis que je l’ai rencontré pour la première fois, à l’automne de 1950, HWA a une forte attirance pour les Juifs. Ma première explication, que j’ai d’ailleurs longtemps conservée en regard de ce sentiment, c’était son grand attachement envers l’Ancien Testament. Cependant, vu son enseignement disant que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne soient l’Israël moderne et que leurs racines se trouvent dans la Bible, cette forte attraction pour les Juifs m’apparaît comme un problème. Sa très grande préférence pour la nation d’Israël et son désir apparent de se voir identifié à elle ― même si elle dénonce d’une seule voix ses doctrines ainsi que le Christ enseigné dans l’église qu’HWA gouverne ― sont remarquables, c’est le moins qu’on puisse dire.

Mais c’est une réalité du caractère d’HWA et ça explique en grande partie la relation de Stan Rader avec « l’apôtre ». Si une vertu spéciale se trouvait à résider dans le sang et qu’elle se transmette d’une génération à l’autre au travers des gênes, alors HWA voulait être relié à cette vertu.[4] Bien que cette attitude, ou son apparence, soit assez difficile à réconcilier avec le christianisme et passablement ardu à expliquer, le fait qu’elle existe devient un facteur puissant.

S’il y a un aspect plutôt curieux des sentiments pro-juifs de l’Église, c’est de voir que de nombreux membres de l’église ― gens par ailleurs voués à la paix, absolument contre la guerre et totalement contre le fait que les Etats-Unis emploient leur puissance militaire de quelque façon que ce soit ― ces membres, donc, furent de tout cœur avec les Juifs quand ceux-ci allèrent en guerre, en 1967. Apparemment, ces personnes ne décelaient pas l’incohérence de leur position contradictoire.

Ils croyaient aux vertus chrétiennes disant de tendre l’autre joue, d’aimer ses ennemis et de prier pour eux, sauf à cette occasion-là. Nous ne devons pas gagner au Vietnam, mais les Juifs doivent gagner au Moyen-Orient. Il était correct que les Arabes se fassent massacrer par milliers sous des bombes made in USA, mais nous ne devons pas adopter cette politique dans notre propre pays, peu importe les conséquences.

Voilà le climat pro-juif qui régnait dans l’église à cette période. Donc, la table était mise, que ce soit pour Stan R. Rader ou quelqu’un d’autre. On n’a pas à se poser de question quant aux antécédents juifs de Stan, tant pour les bons que pour les mauvais aspects que cela entraîne. Comme Stan l’a dit à Mike Wallace, lors de l’enregistrement de l’émission 60 Minutes de la CBS, il lui a fallu vingt ans à côtoyer continuellement HWA pour en arriver à se « convertir ». On nous a dit que Stan fut baptisé par HWA dans le bain d’un hôtel de Hong Kong pendant l’été de 1975. Si vingt ans se sont écoulés avant que Stan soit converti, cela veut dire qu’il côtoie HWA depuis 1955.

Voici ce que raconte Ted Armstrong à cet effet : Stan travaillait pour l’agence de publicité de Milt Scott, à Hollywood. Milt tenait la comptabilité de la Radio Church of God et réservait le temps d’antenne des stations de radio. Stan demanda à ce qu’on lui confiât la comptabilité et, partant, développa la relation qui devait lui être si profitable ― profitabilité qu’il ne nia jamais.

Au fil du temps, au fur et à mesure que l’église crût en richesse, Stan s’écarta complètement de Milt et revendiqua toute la comptabilité de l’église pour lui-même. Si c’est vrai, on peut y voir un problème d’éthique, mais encore là, peut-être l’éthique n’était pas du tout un problème. (Un article paru dans le numéro d’août 1979 de The American Lawyer intitulé Le diable et Stanley Rader, par Henry Goldman, confirme cette histoire.) En tous cas, le fait demeure que Milt Scott avait la comptabilité et que, le jour suivant, il ne l’avait plus. Mais Stan l’avait ! Et personne n’a jamais pu rendre la pareille à Stan. Il a fait de cette comptabilité l’œuvre de sa vie et ce, avant qu’il « n’achète » la religion. Il trouva que cette entreprise méritait qu’on la poursuive. Il s’y accrocha et n’eut pas l’intention de lâcher prise.

Quant à HWA, il avait découvert un homme qui ne trouverait pas étrange qu’il parle de sabbats hebdomadaires et annuels, ou d’Israël, ou d’autres éléments de l’Ancien Testament. HWA a dû se sentir confortable dans ce genre d’arrangement ― assez confortable pour investir énormément sur l’éducation et l’avenir de Stan. Celui-ci pouvait réaliser pour HWA des choses que personne de l’église ne pouvait faire, parce que Stan était en mesure d’ignorer certains enseignements chrétiens. (HWA pouvait également ignorer ses propres enseignements d’une manière dont peu de membres se rendaient compte.)

Pour ceux qui sont arrivés à l’église après que les mouvements des droits civils eurent atteint le succès durant les années soixante et au début des années soixante-dix, il leur est difficile de réaliser comment se passaient les choses auparavant. Il faut avoir vécu le changement d’atmosphère survenu dans le prestigieux bureau juridique du WASP pour juger de ce qu’avait dû traverser HWA quand autre chose que la ligne directrice religieuse entra en jeu dans les affaires légales.

Le fait qu’il ait préféré voyager au nom du collège plutôt qu’au nom de l’église, et qu’il ait voulu se séparer de l’église dans l’esprit des gens était motivé, n’en doutons pas, autant par son vif désir d’être accepté que par le dessein claironné haut et fort de mieux promouvoir les intérêts de l’église.

Le programme radiophonique d’HWA s’appelait The World Tomorrow (Le monde à venir) et il fut écouté pendant de nombreuses années par des millions de personnes qui ne se rendaient pas compte qu’il y avait une église derrière. La majorité de ceux qui le savaient n’avaient aucune idée du nom de l’église et soupçonnaient encore moins que ce prêcheur radiophonique croyait au sabbat du septième jour.

HWA préférait qu’on le considère comme un « homme d’affaires », ou sinon, un président de collège. Bien qu’il ait lui-même décroché au niveau secondaire, il occupe depuis de nombreuses années le poste de président ou de chancelier ― ça a changé ― d’un, ou de deux, ou même pendant un temps de ses trois collèges. Il a essayé d’éviter de se faire connaître comme « religieux » autant que faire se peut. Beaucoup de ceux qui lui sont proches dans l’église ont remarqué, au fil des ans, une forte tendance à privilégier ses relations avec les gens se trouvant en dehors de l’église. Cela s’avéra d’autant plus après le décès de son épouse et quand il commença à voyager.

Puisque Stan continua à étudier la loi à l’Université du Sud de la Californie avec l’aide de son nouveau patron, Herbert Armstrong, il put donc bâtir et solidifier sa relation. Pour sa part, HWA devait se sentir très à l’aise d’avoir un conseiller juridique qui puisse le diriger au travers du labyrinthe légal que son regard sans expérience ne pouvait pénétrer. Mais une chose est certaine, et il pouvait le voir clairement, il aurait besoin d’une firme juridique des plus sympathisantes ― d’autant plus que l’église croissait. Et il crut que c’était la chose à faire.

De bien des manières, la Californie du Sud était semblable à ce qu’avait été la Côte Est quelques années auparavant, avec ses country clubs et ses cabinets d’avocats appliquant la ségrégation concernant les Juifs. Les cabinets d’avocats, tout particulièrement, étaient soit l’un ou soit l’autre. Il sembla donc tout naturel à HWA d’avoir la perception qu’il aurait avantage à être servi par des Juifs n’ayant aucun intérêt à soutenir le statu quo quant à la religion ou quant à la loi.

Une des facettes d’HWA était religieuse. C’était la facette de son succès, peut-être le seul succès qu’il ait jamais réellement eu. Il est possible que, durant cette période, il crut à la cédule prophétique prédisant que l’église allait s’envoler vers un endroit de sécurité (Petra, en Jordanie) en janvier 1972. Ses principaux évangélistes crurent aussi à cette date, pendant toute la durée des années 1960, ou alors, c’étaient de fameux hypocrites. Gerald Waterhouse l’enseignait officiellement et avec force dans le monde entier ; d’autres aussi, y compris HWA, même jusqu’au printemps de 1970. Comme il l’expliquait encore à cette date tardive, il était sûr à 95 % d’avoir raison à ce sujet.

Je passai l’année scolaire de 1969-1970 à Pasadena et j’étais présent pour entendre HWA émettre officiellement son opinion à ce propos, lors d’une étude biblique du vendredi soir au sujet de la prophétie. Il passa au travers de Daniel 7 et 11 et Apocalypse 13 et 17, en terminant avec les 2 520 ans qui aboutissaient à l’an 1972.

Rod Meredith avait pris la parole devant l’église de Corpus Christi où, dans un sermon donné à l’automne, il livra l’avertissement de ne pas régler notre vie sur cette date. Je comprends qu’il ait parlé ainsi durant sa tournée festivalière de 1970. Charles Crain, chauffeur d’HWA lors de sa tournée de cette année-là, parlait en riant d’une confrontation entre Rod et HWA. (Je crois que c’était à Jekyll Island.) Apparemment, HWA ordonna à Rod d’arrêter de parler sur ce point ou bien alors d’enligner son message sur la date officielle de 1972.

Vu sous cet angle, je n’ai aucune raison de croire qu’il agissait de manière hypocrite à ce propos, mais je suppose qu’il avait vraiment pour opinion que 1972 serait le point culminent des prophéties et produirait la « captivité de l’Israël moderne » à la fin des 2 520 ans ayant débuté avec la chute de Babylone, en 539 av. J.-C. Les trois ans et demi ainsi que les sept ans de Nébuchadnetsar entraient en jeu, mais la formule telle qu’appliquée voulait que les Etats-Unis, l’Angleterre et les autres démocraties anglo-saxonnes tombent sous l’épée du Saint Empire romain ressuscité et dominé par l’Église catholique, comme le décrivent les symboles d’Apocalypse 17.

Comme on l’a reconnu dans l’église depuis lors, le syndrome de 1972 fut sans aucun doute un facteur majeur des problèmes ayant surgi ensuite. Bien que beaucoup de causes étaient sous-jacentes, l’échec de la prophétie de 1972 prouva la faiblesse d’HWA dans ce domaine. De la même manière que la dissimulation des problèmes de Garner Ted, l’échec de la prophétie de 1972 affaiblit l’église. Pendant ce temps, le prestige et le pouvoir de Stanley Rader s’accrurent, le mettant en position de récolter de riches dividendes.

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[1] N. du T. : M. Robinson manquait peut-être d’informations au sujet du judaïsme moderne et de son livre sacré, le Talmud babylonien, qui sont contre toute forme de christianisme. Nous vous encourageons à lire notre document intitulé L’histoire occulte des faux Hébreux : les Khazars, de Benjamin Freedman. Vous y verrez que le judaïsme moderne n’a rien à voir avec le christianisme, ni même avec l’Ancien Testament. Le judaïsme moderne, n’est rien d’autre que le pharisaïsme orthodoxe du temps de Jésus qu’Il appela « tradition des hommes ».

[2] N. du T. : Il s’est avéré par la suite que Stan Rader était un franc-maçon illuminatus au 33e degré. Considérant l’infiltration juive illuminati au sein des églises chrétiennes, cela en révèle beaucoup sur la direction prise par l’Église Universelle et tous ses rejetons…

[3] N. du T. : Des informations accumulées et de plus en plus nombreuses m’ont amené à croire la même chose. Je vous conseille de lire l’article de Moisson des Élus intitulé L’authenticité des Protocoles des Sages de Sion.

[4] N. du T. : Il existe effectivement dans le Talmud juif une théorie (mentionnée comme « vérité ») voulant que la race juive possède la vertu divine, une étincelle de Dieu habitant chacun des membres de la race juive. Les rabbins en déduisent une supériorité des Juifs sur les Gentils et qui font d’eux les maîtres du monde. HWA était-il au courant de cette théorie malsaine ? Peut-être Rader lui en avait-il parlé…




D.210 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 12

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

 

Chapitre 11

HWA EMBARRASSÉ PAR CHRIST

 

Dans The Bulletin du 3 juin 1975, pp. 293-294, Herbert Armstrong explique un dilemme embarrassant auquel il se confronte :

« Quelque chose est devenu un handicap sérieux et me cause, à moi et à l’équipe de tournée, un embarras, et pas des moindres. Il nous faut dire si nous représentons l’Ambassador College ou la Worldwide Church of God.

« On me considère Ambassadeur pour la PAIX MONDIALE. Mais si je représente une ÉGLISE, ils ont immédiatement le mot “RELIGION !” en tête et cela provoque des préjudices et de la compétition religieuse. Si je tente d’éviter de me poser en croisé religieux en représentant l’Ambassador College, ils me demandent : “Où est ce collège ? Combien d’étudiants avez-vous ?” Un collège, même avec deux campus, mais n’ayant qu’une inscription de 500 à 700 élèves, semble relativement petit comparé aux universités partout dans le monde et leurs 5 000 à 68 000 étudiants.

« Christ a dit que nous devons être “prudents comme les serpents et simples comme les colombes”. Il y a quelques semaines, j’ai autorisé la formation et l’incorporation d’une nouvelle FONDATION, nommée La Fondation Culturelle Internationale Ambassadeur. Elle est à but non lucratif et destinée à servir l’humanité dans le monde entier.

« Les fondations, telles que la Fondation Ford, la Fondation Rockefeller, etc., sont regardées avec grand respect. Je mentionne encore le Collège Ambassadeur, mais j’explique maintenant que nous avons formé cette nouvelle Fondation pour parrainer notre programme éducationnel mondial pour tous les peuples, à tous les niveaux. En temps et lieu, nous pourrons, dans cette nouvelle dimension de l’Œuvre, laisser tomber toute mention du Collège Ambassadeur, sauf en tant qu’institution associée. En outre, pour fins d’accréditation, il est nécessaire que cette phase de l’Œuvre soit détachée du Collège Ambassadeur, comme elle le sera légalement.

« Déjà, nous trouvons que cette nouvelle fondation ajoute un grand prestige, de la crédibilité et l’approbation. Il s’agit de quelque chose que PERSONNE NE PEUT CRITIQUER ! Elle n’a aucune connotation RELIGIEUSE ! »

Trois ans plus tard, HWA criait après ceux qui l’avaient amené à être séculier et intellectuel ! Qu’y aurait-il eu de plus séculier et de plus intellectuel que de créer une fondation similaire à la Fondation Ford ? Il est à noter que le créateur de cette fondation, Henry Ford II, s’est séparé d’elle il y a quelques années, proclamant qu’elle avait complètement perdu sa vocation première, et il ne voulait plus avoir affaire avec elle. Et je pense que la Fondation Rockefeller est bien connue des Américains pour son libéralisme humanitaire. Mais Herbert Armstrong a soif de s’associer avec ce type d’institutions alors qu’il abhorre tout lien avec son église et son collège ! Pas étonnant qu’il qualifie les membres de l’église « d’idiots de moutons ». Quoi de plus révélateur ?

Aussi, pendant qu’il s’internationalise en recherchant le soutien de « tous les peuples, à tous les niveaux et partout » et qu’il cherche activement à s’associer avec les « grands et les moins grands de ce monde », il a le culot d’écrire ce qui suit à ses « idiotes de brebis » :

« EST-CE QUE LE PEUPLE DE DIEU DEVRAIT PRENDRE UNE PART ACTIVE DANS LES MOUVEMENTS COMMUNAUTAIRES LOCAUX ? »

Dans son Rapport pastoral du 28 août 1978, il répond « Non ». Pendant qu’il se paie du bon temps avec les « célébrités », et ce, de toutes les façons possibles, il veut que les « idiots de moutons » se « sacrifient jusqu’à ce que ça fasse mal » pour favoriser son œuvre, et juste son œuvre. Il n’a jamais été dans la politique d’HWA d’aider les communautés locales via les églises locales.

Alors que Jimmy Carter discute de christianisme avec les dirigeants chinois (Carter n’est même pas ministre), Herbert Armstrong, qui professe être un ministre chrétien, ne mentionna même pas le nom de Christ dans son voyage en Chine de peur d’offenser ses hôtes. Herbert Armstrong ne semble avoir aucune crainte d’offenser Christ, par contre. Mais souvenez-vous qu’il a honte de la religion. Il préférera ne pas mentionner le seul « nom qui a été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés » ! Jésus a dit : « Quiconque donc me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est aux cieux. Mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est aux cieux » (Matthieu 10:32-33).

Herbert Armstrong a un désir exceptionnellement puissant de marcher parmi les grands de ce monde. En mai 1978, il écrivit à ses co-ouvriers que lui et la reine Élizabeth d’Angleterre allaient co-animer une première importante lors d’une projection cinématographique caritative à Londres. À Buckingham Palace, le personnel de la reine répliqua qu’on n’y avait jamais entendu parler d’un Herbert Armstrong. L’affaire était embarrassante pour tous. Il s’était vanté de quelque chose qui n’existait pas. Mais c’est sa façon de penser. Il veut désespérément se mêler aux milieux importants « de ce monde ». On serait bien en peine d’expliquer, en tout premier lieu, pourquoi un leader religieux, enseignant les choses qu’Herbert Armstrong a enseignées, irait parrainer une projection cinématographique.

Herbert Armstrong n’eut pas honte de se faite photographier avec son ami, le président Jomo Kenyatta, du Kenya, impliqué dans le massacre de Britanniques et dans le cannibalisme durant la révolte d’il y a quelques années. Il a aimé la photo au point de la mettre en couverture de certaines de ses publications. Il se ferait photographier avec le diable lui-même si cela pouvait contribuer à faire avancer sa position sociale. Mais quand il revient à la maison, il doit maintenir ses brebis au pas, parce qu’elles constituent la base de son pouvoir, jusqu’à ce qu’il puisse faire autrement. Elles amènent l’argent.

Les membres de l’église qui travaillaient dans le dispendieux nouvel auditorium à Pasadena se mirent à parler franchement quand des concerts de tous les genres commencèrent à amener des artistes et des équipes de soutien venus directement d’Hollywood. Ces équipes n’avaient rien de « chrétiens nés-de-nouveau ». Elles dirigent la coupe de l’industrie du spectacle. Aux yeux des personnes religieuses, ce n’est pas une bonne chose. Ici même, dans ce qu’Herbert Armstrong a lui-même appelé « la Maison de Dieu » quand il sollicitait des fonds aux membres, il y avait des techniciens et d’autres gens qui prenaient le nom de Dieu en vain de manière automatique, et d’autres qui s’exprimaient en « langage homosexuel » parmi nos gens. À au moins une occasion, on sortit précipitamment les membres de l’auditorium après une réunion sabbatique alors qu’on était encore dans le sabbat, afin d’apprêter la salle en vue de la représentation de la soirée. Pourquoi ? Eh bien, HWA était fort occupé à se débarrasser du stigmate que constituait la représentation d’une église et d’un collège, tout ça dans le but qu’on parle de lui en bien dans le jet set de New York et de Beverly Hills.

HWA se sécularise avec le Quest

Si les concerts et les spectacles ne faisaient pas l’affaire, alors le magazine Quest le ferait ! Le premier numéro, ou un des premiers, publia un important article dans lequel un homme fut impliqué dans une expérience génétique et un enfant né d’une truie ! HWA ne condamna jamais l’article. Celui-ci était si offensant que les gens avaient un mouvement de recul en le lisant. D’autres articles étaient dans la même veine. C’était incroyable. Beaucoup de documents étaient repoussants et certains prenaient le nom de Dieu en vain. Il n’y était d’aucune façon question de religion.

Lorsque Herbert Armstrong reprit totalement le contrôle de l’Église Universelle, en juin 1978, une de ses premières promesses fut de se débarrasser bientôt du Quest. Il écrivit qu’il en avait donné l’ordre à Stan Rader. Nombre de gens y virent un test. Ils n’eurent pas longtemps à attendre. Presque immédiatement, le 18 juillet 1978, il rédigea dans le Rapport pastoral un compte-rendu rayonnant sur les accomplissements du Quest. Il parla de son impact vis-à-vis les « gens de haut rang de la communauté ». C’est ce qu’avait dit Robert Kuhn en janvier. Mais l’impact ne vint pas de « l’excellence » du magazine, comme l’avait dit HWA.

Il énonça que des millions de dollars avaient été investis, et d’autres le seraient encore, dans cette tentative très séculière et « intellectuelle ». Il ne pouvait plus blâmer ceux qu’il avait congédiés. C’était son projet dès le tout début. Et il avait entreprit ce projet parce qu’il voulait désespérément l’approbation du monde !

L’Ambassador International Cultural Foundation (AICF), selon son propre aveu, était destiné à faire de lui ce qu’il n’était pas ! C’est tout un aveu pour quelqu’un qui professe être le représentant de Dieu. Il a toujours condamné les libéraux humanistes, les communistes, les socialistes, les éléments démocratiques, et le voilà au milieu de tout ça !

Ce ne fut une surprise pour personne quand il joignit les Moonies à sa cause, en 1979. Il devint le champion de « toutes les églises ». il sollicita leur support dans sa cause judiciaire en Californie. Mieux valait avoir leur soutien que d’avoir à affronter seul l’État de la Californie. Où était Dieu dans tout ça ? La surprise, c’est que les membres de l’église tolérèrent toujours sa dilution de la doctrine !

Le Quest, comme d’autres projets reliés, se développa à partir du AICF que Stan Rader contrôlait.

« Pourquoi le magazine Quest ? » se demandaient constamment les gens plus réfléchis de l’Église Universelle de Dieu, pendant les deux premières années d’existence du magazine. À la fin de cette période, ils furent tellement bombardés sur d’autres points que le Quest se perdit dans la poussière de la tempête. Mais la question demeure tout aussi pertinente et importante aujourd’hui que lorsque le premier numéro fut déposé dans leur boîte aux lettres. Ceux qui prirent le temps de lire tous les articles de ce premier numéro de Quest/77 (l’édition de mars/avril) sentirent leur foi dans le leadership de l’église mise à rude épreuve.

Les entorses à l’enseignement de l’église étaient si radicales que c’en était incroyable ! Sous la couverture glacée arborant une belle illustration du Mt Everest enneigé, s’étalait une littérature avant-gardiste tellement gauchiste qu’elle aurait été inacceptable dans la plupart des publications « intellectuelles » de New York.

Il y avait une critique (favorable) du livre Laughing Last : Alger Hiss, par son fils Tony, qui jetait le doute à savoir si la justice américaine devait se préoccuper des espions russes. (Seule l’avant-garde d’extrême gauche adoptait ouvertement cette position.)

Puis, il y avait une œuvre de fiction intitulée De rerum natura, par Coraghesson Boyle, parlant d’un homme ayant eu un enfant d’une truie ! Cette histoire commençait en page 74 et elle était illustrée !

Pas étonnant que Sherwin McMichael, directeur des Opérations festivalières, se soit plaint amèrement auprès de ses camarades ministres concernant « l’art démoniaque » de ce numéro et ceux qui suivirent ! Si Bill McDowell avait été capable de voir au-delà de la façade d’HWA et savoir ce que celui-ci pensait vraiment, ou se projeter quelques années dans le futur et voir une copie du magazine Quest, il ne se serait jamais préoccupé d’un nom comme celui du Devil’s Head Lodge au Wisconsin ! Le premier numéro du Quest/77 fut précédé d’une « édition préparatoire » du Human Potential de mars/avril 1976. Il s’agissait du premier titre choisi pour le magazine. Mais des administrateurs de l’église signalèrent qu’il y avait déjà une publication qui portait ce nom.

Cette pré-édition était remplie d’illustrations et de littérature sur les gens du Tiers-monde et saupoudrée de judaïté humaniste. Ce mélange et cette saveur a été fort bien préservée dans les numéros suivants, même sous un autre nom et un changement de personnel. La perspective libérale humaniste est indéniable. La ligne éditoriale dans son ensemble exclut la moindre allusion que Dieu puisse exister. La seule exception que j’ai pu découvrir, c’est l’usage profanatoire du nom de Dieu, comme dans The Green Bay Monster (Le monstre de Green Bay) apparaissant dans le numéro de mars/avril 1977.

En cela, on n’y verra pas une grande exception en cette époque de déchéance, sauf que cette publication est un magazine de l’Église Universelle de Dieu ! Cette église admet publiquement qu’elle injecte des millions et des millions de dollars dans ce périodique. Et tout cela s’est fait dans le même laps de temps où HWA écrivait sans cesse aux membres pour exiger de plus en plus d’argent.

Pourquoi ? Comment se fait-il que de « l’argent des dîmes de Dieu » soit canalisé vers un projet qui n’admet même pas l’existence de Dieu ? Un des récits du premier numéro (qui est supposé donner le ton aux parutions subséquentes) parle d’un « inventeur » qui se dit capable de photographier le « Dieu mort » ! Cet écrivain détaille de manière fort réaliste la monstruosité du cadavre repoussant de Dieu ! Cet article donne substance à des rumeurs circulant à l’effet que le personnel du périodique « ne laissera aucun chrétien leur dicter quoi mettre dans leur magazine ». HWA aurait écrit aux membres qu’il était pour rédiger l’article principal de chaque numéro. (Non seulement n’a-t-il pas écrit l’article principal du premier numéro, mais il n’a jamais eu d’article dans aucune publication.) À la fin de 1978, il a annoncé aux membres que son nom était en tête de la case éditoriale. Ce n’est pas le cas et ne l’a jamais été. Vérifiez vous-mêmes.

Voilà une anomalie qui exige une explication. Or, quand les membres suggèrent timidement qu’ils aimeraient mieux comprendre, ils se font dire carrément que ce n’est pas de leurs affaires ! On leur dit que Christ dirige Son « apôtre » dans les moindres détails. Est-ce que d’humbles membres de l’église vont se mettre à « questionner Christ » ? Ne croient-ils pas que Christ sait ce qu’Il fait ? Où est leur foi ? S’en suit un silence de mort.

Mais la question demeure ! Elle ne s’envole pas. Pourquoi le Quest ? Pourquoi de 7 à 10 millions de dollars ont-ils été engloutis dans des illustrations et de la littérature tellement en dehors de la doctrine de l’église ? Il doit y avoir une réponse. Et cette réponse doit être sensée.

En juin de 1975, HWA a écrit au ministère pour expliquer le besoin de la Fondation Culturelle Internationale Ambassadeur et annoncer sa formation et son financement. Il y déclarait être gêné de devoir dire à l’étranger qu’il était relié à une église ou même un petit collège comme l’Ambassador College. Il voulait de bonnes et solides institutions de soutien qui lui fourniraient une meilleure image. Il demandait que son image ne sous-entende jamais qu’une église était derrière, sous quelque forme que ce soit. Il n’y avait pas de doute que le Quest ne le désappointerait pas à cet égard.

Une fois que le Quest commença à être publié, HWA ne tarit plus d’éloges envers son « excellence », son succès et du bénéfice qu’il lui rapportait en lui « ouvrant les portes ». Le 22 novembre 1978, il écrivit aux co-ouvriers : « Quest/78 est maintenant reconnu comme le magazine de la PLUS HAUTE QUALITÉ aux Etats-Unis. » Il ne dit pas qui ni combien de gens reconnaissaient son magazine. Il ne critiqua pas ce qui y était publié, qu’importe son contenu impie comparé à ses propres enseignements à l’église. Il écrivit plutôt que le magazine n’avait jamais été destiné aux membres. (Peu après cette lettre, il demanda aux membres de s’abonner parce que trop peu de gens reconnaissaient la « haute qualité » du magazine et qu’on avait besoin de plus d’abonnés payants.)

Encore une fois : quelle était la fonction véritable du Quest ? Quelles portes devait-il ouvrir ? Pourquoi ? Une chose est parfaitement claire : le magazine n’était pas destiné à publier l’évangile de Christ.

Une fois que l’on eut communiqué aux membres la formation de la fondation (AICF), ceux-ci crurent en grande partie qu’HWA allait opérer la « volonté de Dieu » à l’endroit des personnages haut placés et sans méfiance. Beaucoup de ces leaders se retrouveraient soudainement convertis en se demandant ce qui s’était passé. Dieu prend des chemins merveilleux pour opérer des merveilles, pensait-on. Leur « apôtre » allait battre ces gens-là à leur propre jeu ! Évidemment, cela ne devait jamais arriver, et ce n’était d’ailleurs pas ce qui avait été planifié. Les personnes informées et éduquées savent voir au travers de l’image savamment cultivée d’HWA, même au sein d’une société autoritaire et étroitement réglementée.

En janvier 1978, les plaintes des membres de l’église s’étaient accumulées suffisamment pour que soient nécessaires quelques explications pouvant justifier le Quest.

Parmi les personnes qui occupaient des postes de second ordre au niveau hiérarchique, il y en a peu qui notèrent de manière intéressée que deux hommes de l’église, et deux seulement, étaient impliqués de façon significative dans le Quest, c’est-à-dire, Stan R. Rader et Robert L. Kuhn. La signification de ce fait n’échappa pas aux observateurs minutieux. Les surveillants hiérarchiques dans l’église avaient le sentiment qu’en 1977, Robert Kuhn travaillait pour Ted Armstrong. Ted lui-même semblait le croire. Toutefois, à des postes subalternes, il y en avait d’autres qui avaient conscience que Robert Kuhn travaillait pour Stan Rader, spécialement en ce qui regardait la haute politique. C’est avec cette toile de fond que l’on doit comprendre certaines remarques faites par Robert Kuhn à un groupe de ministres durant la conférence de cette année-là. À l’un de ces groupes, il expliqua la fonction et la valeur du magazine new-yorkais. Voici à peu près ce qu’il dit :

L’église a eu ses problèmes, comme ceux survenus au début de la décennie. L’église ne pouvait plus se permettre de mauvaise publicité ; nous devions donc avoir les médias de notre bord. Les gens (très peu nombreux) qui ajustent le tir dans les médias nationaux se concentrent à New York. Si nous les contactions et qu’ils nous trouvaient amicaux, ils étaient en mesure de faire beaucoup pour nous. C’est ainsi que ça fonctionne (et ici, Robert Kuhn baissa la voix encore plus bas, comme si, même dans la plus stricte des confidences, il y avait des choses qu’il n’aurait pas dû nous dire.)

Un reporter ou un journaliste énergique déterrerait alors une histoire réellement juteuse sur l’église et l’écrirait. Il l’apporterait à son rédacteur qui penserait que c’est très bon. Mais, à cause de nos contacts acquis par le Quest et de nos arrangements antérieurs, une note arriverait d’un bureau situé au sommet disant que ce genre d’article est « dépassé » ou « qu’il ne vaut pas la peine d’être publié », ou alors qu’il y a eu un « changement dans la politique éditoriale », ou toute autre raison fournie pour que l’article ne soit pas publié. Il serait mort dans l’œuf. L’église en tirerait bénéfice. Robert Kuhn expliqua que ce pouvoir constituait la valeur intrinsèque du Quest et, à cause de cette fonction, ça valait les millions dépensés pour lui.

Je me demande si, en janvier 1978, Robert Kuhn savait jusqu’à quel point on aurait besoin de ces contacts l’année suivante, pas pour couvrir les problèmes de Ted, mais pour ralentir les mauvais articles écrits au sujet d’HWA et de Stan Rader ?

Peut-être Robert avait-il raison. Pourquoi l’église aurait-elle dépensé tant de millions dans ce genre de publication séculière ? Pourquoi faire ça au lieu de construire des bâtiments locaux pour l’église, par exemple ? Sept millions de dollars en argent comptant, ç’aurait été assez pour construire un nombre respectable de bâtiments locaux du type le moins dispendieux pour l’église, et ce, dès le début de 1976. La valeur accrue de ces bâtiments serait aujourd’hui considérable.

Qu’est-ce donc que l’on devait tellement cacher pour qu’HWA soit prêt à aller si loin ? Et est-ce que ce genre de dissimulation est la bonne façon chrétienne d’agir ? Le christianisme ne requiert-il pas la confession, la contrition et le repentir, suivis de la miséricorde et du pardon ? Qu’est-ce que l’église a enseigné ? Les dirigeants de l’église ont-ils été pris dans une spirale de dilution des doctrines fondamentales de l’église à cause de ses actions ? On dit que les actions parlent plus fort que les mots. Mais les pièces commençaient alors à tomber en place. Le portrait complet du casse-tête devenait plus clair.

Voici un autre événement en rapport avec tout ceci. Pendant les troubles de janvier 1979, lorsque HWA exigea de grosses sommes d’argent des membres et quand les finances furent si serrées que des chèques de paye des employés rebondirent, le Quest poursuivit, comme d’habitude. Il parraina même un sweepstake.

En juin 1978, lorsque HWA écrivit aux membres pour leur dire qu’il avait donné instruction à Stan Rader de se débarrasser immédiatement du Quest, les observateurs chevronnés attendirent pour voir ce qui allait se passer. Ils n’eurent pas à attendre très longtemps. Stan réagit dès le mois suivant.

C’est le 3 janvier 1978 que le ministère fut informé pour la première fois du rapport d’HWA sur ce qu’il surnommait son « comité de directeurs prête-nom ». Imprimé dans le Rapport Pastoral du 18 juillet 1978 et accompagné de longs commentaires de Stan Rader, ce compte-rendu se voulait une réaction face à la promesse du mois précédent d’HWA de se départir du Quest. Stan dit aux ministres qu’il avait eu un long entretien avec HWA à ce sujet et que ce dernier était en parfait accord avec lui. La voie fut préparée psychologiquement par le ministère pour que les membres acceptent la continuité de l’association de l’église et du Quest. C’était un chef-d’œuvre de conditionnement mental.

On en profita aussi en même temps pour renvoyer tous les membres de l’église du personnel du magazine. Il n’y aurait donc plus de fuite d’information vers les fonctionnaires de l’église sur des questions qui n’étaient censément pas de leurs affaires !

Mais revenons-en au rapport d’HWA. Il contenait des renseignements qui devinrent de plus en plus intéressants à mesure que les événements se déroulèrent. Dans ce compte-rendu, il déclare avoir donné la responsabilité première de l’opération à Stan Rader, et non à Robert Kuhn ! Il mentionne l’importance d’exercer un impact sur « les personnes du plus haut niveau de la communauté ». Robert Kuhn avait souligné cet impact sur les gens les plus haut placé dans la communauté de la presse de New York. Beaucoup de gens eurent l’impression qu’HWA et Robert parlaient des mêmes personnes !

HWA admet qu’il y a eu des articles et des illustrations dans le Quest ayant semblé en conflit avec les enseignements fondamentaux de l’église et leurs valeurs sous-jacentes. En d’autres termes, les membres ne devaient pas faire confiance à leur perception visuelle ou au sens direct des Écritures ; ils devaient plutôt se fier à un homme : HWA !

Dans le dernier paragraphe, il poursuit en disant qu’on devait être en parfait accord et que tous devaient être « d’un seul esprit » à ce propos. On ne devait permettre aucune opposition contre le Quest.

Voici les commentaires d’HWA du 3 janvier 1978, faits lors d’une réunion du Comité des Directeurs concernant le AICF et le magazine Quest, et tirés du Rapport Pastoral du 18 juillet 1978 :

« J’ai approuvé la Fondation et le QUEST/77. Je sais que Stan Rader et Robert Kuhn ont été précis en prédisant les résultats de leurs efforts créatifs. J’ai personnellement constaté ce que la Fondation et le QUEST/77 ont fait pour moi et l’œuvre lors de mes efforts outremer ces trois dernières années. Je n’ai pas lu chacun des numéros du QUEST/77, mais j’ai donné mon plein accord et mon autorité à Stan Rader pour accomplir le meilleur [en dehors des professionnels] et faire un succès du QUEST/77.

« Je sais que le QUEST/77 [et maintenant le QUEST/78] a été fort bien reçu là où on le destinait, particulièrement dans certains milieux que nous ne pourrions probablement pas atteindre par nos autres moyens. Cela nous a donné plus de prestige et nous a aidé à contourner les attaques de nos ennemis à cause de son impact chez les personnes de haut rang dans la communauté.

« Mais je suis conscient de certains problèmes causés par le QUEST/77. Bon nombre de ces difficultés proviennent de ce que plusieurs membres et même certains ministres ne réalisent pas que le QUEST/77 n’était pas sensé être un véhicule pour toucher tous les gens, même directement quelqu’un, grâce aux idiomes et au message bibliques. En plus, il s’est créé de l’inquiétude dans l’église quand sont apparus des articles et des illustrations qui ont semblé en conflit avec nos valeurs fondamentales sous-jacentes et ayant semblé en contradiction avec nos enseignements de base.

« Nous devons combattre et éliminer cette confusion et être d’un seul esprit concernant l’efficacité du QUEST/77 comme moyen de porter l’évangile au monde. De plus, je suis conscient que le QUEST/77 peut avoir exercé sur notre budget un impact plus grand que ce que j’avais anticipé et peut-être plus grand que ce qu’avaient prévu nos financiers. En conséquence, on peut restreindre le QUEST/77 ou même l’abandonner s’il coûte trop cher ou s’il nous empêche d’accomplir notre œuvre dans d’autre domaines reliés plus directement à notre grande mission. Le coût des opérations du QUEST/77 doit être réduit pour l’œuvre ou on peut le vendre, ou même l’abandonner si sa publication régulière est pour diminuer notre habilité à accomplir notre mission. »

Cette note envoyée au ministère préparait le terrain pour ce qui devait suivre quatre mois plus tard, dans une lettre co-ouvrière datée du 22 novembre 1978. Cette lettre expédiée à ses contributeurs, ceux de l’église comme ceux d’en dehors, fut un chef-d’œuvre de tous les temps, qu’elle soit venue d’HWA ou de Stan. Peut-être les deux ont-ils travaillé longtemps sur elle. En tout cas, il s’agissait d’une œuvre de maître vendeur. [Nous vous en faisons ci-après la traduction.]

« 22 novembre 1978

« Chers frères et co-ouvriers en Jésus-Christ,

« Je dois faire appel à votre aide quant aux affaires reliées à notre prédication de la GRANDE MISSION VERS LE MONDE ENTIER en préparation au retour de Christ dans son RÈGNE.

« À la fin de juin dernier, au moment où je souffrais d’un traumatisme personnel, ayant la tâche très pénible d’excommunier mon propre fils de l’Église de Dieu, j’eus le sentiment que nous devions nous débarrasser du Quest/78 et je crois vous avoir écrit que j’avais donné instruction à M. Rader de nous en défaire. Je pense que je fus probablement influencé à ce moment-là par le fait que mon fils était violemment contre et, étant donné son animosité personnelle, contre tout ce qui impliquait M. Rader.

« Toutefois, aussitôt que j’examinai le problème qui se poserait advenant le cas où l’on s’en débarrasserait, c’est-à-dire, le laisser mourir, cela nous coûterait approximativement de 1 à 1½ million $ pour nous acquitter des engagements actuels. De plus, cela nous couvrirait de ridicule aux yeux de l’industrie de la presse et nous occasionnerait une publicité désobligeante dans les médias ― les journaux et les magazines de nouvelles.

« J’ai décidé qu’il était préférable d’attendre quelques mois, laisser passer le mot dans l’industrie que le Quest/78 pourrait être à vendre. Cela nous a amené quelques offres provenant de deux ou trois réseaux majeurs de la télévision et de la radio. Ces réseaux veulent pénétrer d’autres champs d’affaires à part la télévision et la radio. Par exemple, il y a peu de gens qui soient au courant que la CBS a acheté, il y a quelques temps, l’usine de piano Steinway de New York. Les trois réseaux entrent maintenant dans le domaine des magazines. Deux nous ont approchés dans le but de faire du Quest/78 leur magazine phare de qualité.

« Quest/78 est RECONNU aujourd’hui comme étant le magazine de LA PLUS HAUTE QUALITÉ aux Etats-Unis. Cela ajouterait un prestige considérable à l’un ou l’autre de ces réseaux.

« De la même façon, il commence à ajouter un prestige considérable à l’Église Universelle de Dieu.

« Déjà, son important prestige nous permet d’acheter du temps d’antenne à la télévision et à la radio. Couplé aux dépliants illustrés décrivant l’Auditorium Ambassadeur et ses spectacles de concerts artistiques, ainsi que la Fédération Culturelle Internationale Ambassadeur, il en résulte que l’on nous a ouvert un site de Fête où l’on n’avait jamais permis auparavant à un autre conclave ecclésiastique d’avoir lieu. Il permet également à l’œuvre de sauver de grosses sommes d’argent dû au fait qu’à cause de ce prestige, plusieurs organisations nous donnent accès gratuitement aux sites de Fête.

« Le Quest n’a jamais été prévu comme publication religieuse ou évangélique. Or, même si Dieu nous a appelés à SORTIR du monde et de ne pas en faire PARTIE, NOUS DEVONS VIVRE DANS LE MONDE, et nous devons aller VERS le monde avec le message de l’évangile de Christ. Pour porter l’Œuvre de Dieu, nous devons traiter avec le monde, bien que nous ne soyons pas du monde. J’en suis maintenant venu à réaliser que le Quest nous donne une bonne image et nous favorise aux yeux de ceux avec qui nous avons à traiter dans L’ŒUVRE DE DIEU.

« Donc, je dois vous informer que le portrait a changé en ce qui a trait au Quest.

« La semaine dernière, j’ai envoyé M. Rader à New York pour examiner minutieusement la situation ― combien nous avons investi dans le magazine ― quand serons-nous « dans le noir » et quand ferons-nous des profits ― combien devrons-nous investir en plus pour que le magazine devienne financièrement indépendant et rapporte.

« J’ai maintenant tous les faits et les chiffres, en plus des estimations ultra conservatrices pour les mois et les années à venir.

« Un problème m’est apparu pour lequel je dois prendre une décision MAINTENANT. Quest fut d’abord un bimestriel ― six numéros par année. Nous n’avons pas terminé notre deuxième année, mais cette année, il a été étendu à sept par an ― avec un numéro de décembre offert comme bonus sans coût d’abonnement additionnel. La question se pose maintenant à savoir si nous devrions en faire un magazine MENSUEL. Plusieurs magazines mensuels sautent deux mois durant l’été et ne publient que DIX numéros par an.

« Les gens de la publicité ont constaté ce que j’aurais pu leur dire qu’ils trouveraient : une grande difficulté à vendre de l’espace publicitaire. Or, vous savez probablement qu’aucun magazine ou journal ne peut exister en ne se fiant qu’aux revenus d’abonnement. C’est la PUBLICITÉ qui paie les factures et qui les maintient en affaires.

« Vous savez, pour la plupart, que je possède une expérience de vingt ans dans le domaine de la publicité dans les magazines et les journaux. Ce que j’y ai appris est toujours vrai aujourd’hui. J’ai commencé à Chicago comme représentant d’un journal bancaire dont la circulation s’étendait sur sept états. J’ai effectué des enquêtes d’envergure qui amenèrent des manufacturiers de tracteurs à faire de la publicité dans les journaux bancaires. Mais pas uniquement avec ce magazine de seulement cinq états. Je me suis aperçu que les acheteurs d’espace publicitaire des agences de publicité et les gérants publicitaires des corporations manufacturières achètent par contrats annuels et en vue d’une circulation nationale. Je constatai qu’en ajoutant huit autres journaux bancaires, ce qui me donnait une couverture NATIONALE, je pouvais vendre une pleine page, et même deux pleines pages pour tous les neuf journaux, alors que je ne pouvais vendre le plus petit espace pour UN seul magazine ne couvrant que cinq états. Ayant appris comment se vend la publicité dans les magazines, je comprends parfaitement la difficulté que le personnel de vente de publicité du Quest peut rencontrer, ne serait-ce que pour vendre UN SEUL espace ! Dans le domaine de la publicité des magazines, les agences et les gérants de publicité achètent À L’ANNÉE OU RIEN ! Je crois que le personnel de vente de publicité du Quest a fait un travail exceptionnel en vendant autant que faire se peut pour un magazine ne sortant que sept fois par année.

« Or, je crois que beaucoup d’entre vous savez que j’ai toujours dit qu’une décision sage nécessite que l’on possède TOUS les faits avant de prendre cette décision.

« Je vais vous donner les faits et les chiffres réels. Nous sommes engagés à publier le Quest/79 au moins jusqu’à la fin de l’année fiscale, soit le 30 juin de l’année prochaine. Jusqu’au 8 novembre de cette année (1978), nous avons déjà investi 5,6 millions $. Le déficit maximum de la marge brute d’autofinancement que nous aurons à effacer pendant l’année 1978 est de 1 410 000 $. Nous sommes déjà, et en définitive, engagés pour la moitié, de toute façon ― jusqu’au 30 juin. Pour passer au travers de 1980, nous devrons subvenir à un montant de 903 000 $. Nous projetons que 1981 nous coûtera 95 000 $ et 1982 devrait produire pour l’Œuvre un profit de 334 000 $.

« J’ai bien d’autres chiffres détaillés relatifs à l’analyse des coûts éditoriaux, des coûts du département de la publicité, des coûts de production, etc.

« Cela se résume ainsi : nous sommes déjà engagés pour la moitié du déficit de 1979, 705 000 $, ce qui fait un total d’investissement, depuis les débuts, de 6 305 000 $. Et nous prévoyons encore débourser 1 703 000 $ additionnels pour les années 1979 à 1981. Nos projections démontrent que 1982 produira un profit de 334 000 $ à l’Œuvre. Et il est bien entendu que chaque année future verra augmenter le profit.

« Considérons un autre facteur. L’industrie des magazines est à son apogée, en ce moment. De nombreux nouveaux magazines ont vu le jour, ces deux dernières années, et les magazines établis sont remplis de publicité.

« Sans doute le PLUS IMPORTANT DE TOUT, c’est que le Quest m’accorde, ainsi qu’à l’Œuvre, un BIEN PLUS GRAND PRESTIGE et davantage de CRÉDIBILITÉ aux yeux des leaders gouvernementaux, dans l’effort que nous déployons à ouvrir leur porte pour livrer le message de l’ÉVANGILE de Christ à leur peuple. C’est notre MISSION !

« Il m’incombe donc, maintenant, de prendre les décisions suivantes :

« 1) Si nous nous débarrassons du Quest immédiatement en le sortant du marché, je vous ai démontré ci-haut que nous aurions quand même à rencontrer nos lourdes obligations actuelles, soit 705 000 $ additionnels ; nous perdrions beaucoup de prestige et risquerions d’être la risée de la presse publique. Étant donné les deux acheteurs potentiels qui nous ont approchés afin que nous leur VENDIONS le magazine, vous pouvez pleinement constater que je dois décider que nous ne quittions pas maintenant.

« 2) Puisque nous ne nous en départirons pas tout simplement en le fermant et que nous attendrons, à tout événement, jusqu’à ce que nous ayons des offres fermes de nos acheteurs potentiels, je dois donc décider MAINTENANT de maintenir le nombre de numéros annuels au chiffre peu commode de sept, ou y aller pour DIX, ce qui sera vu dans l’industrie médiatique comme une publication s’étendant sur toute l’année. J’ai décidé. Nous y allons maintenant pour DIX, et nous accorderons aux abonnés qui souscrivent MAINTENANT une année complète d’abonnement pour le même prix que nous chargeons actuellement pour sept numéros. Si nous vendons le magazine à l’un des réseaux, le Quest deviendra un achat bien plus désirable à leur yeux qu’avec les sept numéros présents. Donc, même si nous le vendons, nous DEVONS y aller pour dix numéros.

« Jusqu’à date, je n’ai pas décidé que nous ne vendrions PAS. J’attends de voir ce qui va se développer dans les deux ou trois prochains mois. Toutefois, il y a des raisons de croire que ce qui se développe nous indique fortement qu’il serait mieux pour l’Œuvre de garder le magazine. Nombre de ministres de haut rang nous poussent à le garder. Encore une fois, j’ai besoin de temps pour prier à cet effet, afin de voir les choses selon la perspective de DIEU. Je prendrai alors la décision selon ce que me dictera Dieu et en considérant TOUS les faits.

« Je voudrais ajouter un commentaire. J’ai toujours prêché que la VOIE DE DIEU est la voie de l’EXCELLENCE. Dieu dit : “ Tout ce que ta main trouve à faire, fais-le selon ton pouvoir ” (Eccl. 9:10). Tout ce que Dieu a créé et fabriqué est “ TRÈS BON ”. J’ai tenté le plus consciencieusement possible, sous Christ, de bâtir l’Église de Dieu, l’Œuvre et le Collège de cette manière.

« Le Quest est maintenant reconnu comme le magazine situé au SOMMET de la QUALITÉ dans notre pays. Il est voué à la “ recherche de l’EXCELLENCE ”. J’espère que vous me pardonnerez de dire que je demeure juste assez humain pour ressentir une certaine fierté (pas de la vanité) du fait que, si mon nom apparaît dans le titre d’un magazine national séculier en tant que Fondateur et Président, il apparaît dans le magazine reconnu au sommet de la QUALITÉ, “ à la recherche de l’EXCELLENCE ”.

« Cela m’amène encore au fait que, même si Dieu nous a appelés à sortir du monde, nous devons rester DANS le monde et nous avons pour mission d’aller VERS lui avec l’Évangile de Christ.

« Et, bien que je veuille vous encourager à mettre LA BIBLE en priorité sur la liste de vos lectures, ensuite La Pure Vérité, le Good News et le Worldwide News (maintenant restauré), vous lisez pourtant, dans le domaine séculier, vos journaux et d’autres magazines, peut-être ― et vous regardez probablement des émissions de nouvelles et d’autres programmes télévisés, même si vous êtes, ou devriez être, prudents en sélectionnant les programmes télé qui sont bons et appropriés au peuple de Dieu.

« Abonnez-vous. Le Quest/79 n’est PAS un magazine religieux ou d’évangélisation et ce n’est pas son intention. Mais il a UNE INFLUENCE INSPIRANTE sur ce monde. Il n’apportera pas le salut spirituel, mais il va influencer ses lecteurs vers les VRAIES VALEURS, vers des standards plus élevés.

« Ci-inclus, vous trouverez un bon de commande ― dix numéros pour le prix demandé jusqu’ici pour sept ― et, tant que la quantité le permettra, une brochure illustrée. (Si votre brochure n’est pas incluse avec cette lettre, vous en recevrez une dans un prochain envoi.) Il est canalisé vers la potentialité HUMAINE du caractère, la qualité et l’excellence sur le plan humain, comme la Pure Vérité le fait sur le plan SPIRITUEL.

« Lisez ces brochures. Montrez-les à vos amis non membres, à vos voisins et à votre parenté. Abonnez-en quelques-uns. Vous constaterez qu’ils vous respecteront davantage pour cela. Pourquoi ne pas montrer la brochure (nous vous en fournirons des copies additionnelles sur demande) à votre médecin, à votre dentiste, à ceux qui possèdent des salles d’attente ayant des magazines disposés à la lecture de leurs clients et patients ?

« Frères, avec l’Église de Dieu et les prières du peuple de Dieu pour le soutenir, nous pouvons certainement nous attendre à ce que son avenir nous soit beaucoup moins coûteux et bien plus profitable. Je vous demande donc de prier là-dessus comme je le fais et que je prie pour VOUS !

Avec amour, au nom de Jésus,

(signature d’Herbert W. Armstrong)

Dans le premier paragraphe, il demande de l’aide. Puis, il poursuit en produisant un homme de paille, son propre fils Ted, et il l’assomme dans le second paragraphe. Il se « rappelle » vaguement avoir écrit aux membres qu’il promettait de se débarrasser du Quest. Mais tout était de la faute de Ted. Ensuite, il explique qu’il serait trop onéreux pour l’église de se défaire du magazine. L’église ne pouvait tout simplement pas se passer d’un atout aussi précieux ! Pourquoi ? Deux des trois réseaux majeurs de la télévision avaient très envie du magazine. Et ça n’en finit plus. Il touche toutes les cordes et justifie l’opération entière aux yeux de ses « idiots de moutons ».

Il étale même les nombreux millions de dollars que l’opération coûte à son église qui vit de sérieux problèmes financiers. Il déclare de nouvelles et lourdes dépenses en raison de l’accroissement du nombre de numéros par année.

Il annonce qu’il a déjà pris une décision majeure en insistant, non seulement pour que les membres s’abonnent au magazine, mais qu’ils vendent également des abonnements auprès de leurs amis, de leurs parents et de leurs voisins !

Tout cela fut fait au moment même où HWA critiquait l’intellectualisme et le sécularisme des « libéraux » qui, suppose-t-on, fomentent une conspiration pour s’emparer de l’église ! Quiconque a lu le Quest s’aperçoit immédiatement qu’il n’y a pas de magazine plus « intellectuel » et séculier ! Les gens intelligents ne peuvent que secouer lentement la tête de perplexité face à ce qui se déroule devant leurs yeux. Ils doivent se demander quelle est cette main secourable « invisible » qui vient en aide à Stan Rader…




D.209 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 11

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

 

Chapitre 10

LE PETIT « GRAND HOMME »

 

Herbert Armstrong est un personnage très complexe. Il a beaucoup tenu à « l’arbre de la connaissance du bien et du mal ». Stan m’a dit, en 1978 : « Dave, je connais mon homme ». Et il le connaît. Il l’étudie depuis plus de vingt ans. Quels que soient ses motifs, il a suivi son sujet de manière énergique et de très près.

Proche compagnon de voyage d’HWA pendant des années, le Dr Lochner attribue un bon nombre des faiblesses de sa personnalité et de son ambition démesurée à sa petite stature. La théorie du Dr Lochner soutient qu’Herbert s’est vu fréquemment rejeté dans sa jeunesse à cause de son apparence et de son petit gabarit. En revanche, cela le motiva à « rendre la pareille » à la société. Le rejet essuyé pendant ses années de jeunesse aurait également provoqué sa paranoïa de longue date et son instabilité émotive dans certains secteurs de sa vie. Il fut souvent repoussé des femmes durant les premières années de sa vie. Ça a laissé des marques.

Il arrive souvent que les hommes courts, particulièrement ceux qui sont parfaitement conscients de leur manque de stature, compensent par tous les moyens qui leurs sont offerts. Herbert Armstrong découvrit qu’il pouvait être un « grand homme » derrière un lutrin. Pour la première fois de sa vie, il ressentit le pouvoir dans son sens réel. Et il réalisa que, dans l’esprit de ses disciples, ce pouvoir était un transfert d’autorité de Dieu sur lui-même. Il dut donc s’appliquer à s’identifier étroitement à Dieu dans l’esprit de ses auditeurs. Nous en reparlerons plus loin.

Le rejet subi à l’égard des femmes rencontrées dans sa jeunesse et même de sa propre épouse dans le lit conjugal (selon sa version) intensifia ses sentiments de persécution et d’inadaptation, et stimula son besoin de se prouver à lui-même. Il voulait que les gens croient qu’il était un « tigre ». Il devait prouver qu’il était aussi bon que les autres hommes, sinon meilleur, même dans la sexualité. N’avait-il pas démontré sa supériorité derrière le lutrin ? Était-il meilleur que Ted, même derrière le lutrin ? L’orgueil, le doute envers lui-même, la frustration, l’envie, l’amour/haine semblèrent s’intensifier avec l’âge. Encore une fois, le vieil adage s’avérait : « Une fois homme, deux fois garçon. »

Par exemple, il voulait que le monde entier sache qu’il pouvait avoir des relations sexuelles même à un âge avancé et, donc, il fit paraître un article à cet effet dans le Worldwide News immédiatement après son mariage. Il parla longuement et explicitement de sexe aux collégiens seniors ― sans les ménager. Il était « l’autorité ». Il avait étudié Masters and Johnson et était donc devenu fort « avancé » dans ce domaine. Bien qu’il ait écrit antérieurement Ce que Dieu dit de la nouvelle moralité, ses nouveaux enseignements entraient passablement en conflit avec sa publication. Il s’affichait encore comme celui qui possédait le seul point de vue sur le sexe, mais il oubliait d’expliquer comment et pourquoi Dieu avait si radicalement changé d’idée ! Sa vision du sexe, enseignée avec vigueur, affecta le lit conjugal de milliers de personnes. Il enseigna toujours « au nom de Jésus ». Toutes ses lettres sont signées de cette façon. Son association avec le divin n’a jamais cessé.

Il déclara avoir « l’esprit de Dieu plus que quiconque sur terre ».

Même les personnes bien au fait de son flagrant dédain pour les Dix Commandements sont encore quelque peu effrayées par l’autorité divine d’Herbert Armstrong ! Les oreilles qui, pendant des années, ont entendu déclamer cette autorité ont beaucoup de misère à se débarrasser de sa forte résonance.

Devant un auditoire, il peut s’afficher comme le plus aimable et bienveillant des hommes ― irradiant l’image même du bon grand-père. Il peut donner l’impression de n’avoir que de l’amour dans le cœur et accrocher le sourire le plus charmant. Il peut louanger et glorifier un homme plus que tout autre, puis se retourner et détruire l’homme qu’il vient de louer avec tant de somptuosité. Il peut vanter fortement un homme devant un auditoire pour ensuite le lacérer de façon inimaginable en privé et presque immédiatement après. Comme me l’a dit un jour Sherwin McMichael : « Les pas de M. Armstrong sont littéralement jonchés de dépouilles d’hommes qui l’ont fidèlement servi ».

Bien que le corps d’Herbert Armstrong soit court et que ses épaules se voûtent d’une manière qui manque de masculinité, sa voix, elle, est puissante. Il a dit parfois qu’il avait hérité de la voix de son père. Ç’a été une des meilleures voix d’orateurs du vingtième siècle en Amérique. On n’a qu’à comparer ses enregistrements d’il y a vingt-cinq ans avec ceux de Franklin Roosevelt et Winston Churchill et l’on constate que la qualité de sa voix est indéniable. Si ce n’est meilleure. Elle possède une remarquable qualité de commandement. En contrepartie, il n’y a pas le caractère divin allant avec la voix.

À l’époque des années de formation d’Herbert Armstrong, on implantait dans l’esprit de nombreux Américains de devenir riches, préalablement en étant industriel, d’être respecté, de vivre très bien dans une belle maison, de soutenir les arts, de voyager en grand et de s’associer à la royauté. Si on avait une fille, elle devait épouser un comte, un lord ou même un duc, si possible. Quand les individus de l’époque suivaient ces pratiques et revenaient à la maison, ils avaient tendance à toiser les gens de haut en les considérant inférieurs.

Car, en fin de compte, n’avaient-ils pas habité les plus grands hôtels outremer et n’avaient-ils pas été présentés dans les cours royales ? Que ces gens de la « royauté » n’aient été que des prétendants et que plusieurs d’entre eux aient porté des titres invalides n’avait que peu d’importance. Peu importait également que bon nombre parmi eux étaient libertins. Tout était dans l’image, l’illusion. Voilà ce qui importait. Les Américains de cette époque étaient prêts à dépenser une fortune dans ce genre de projets. C’était le nec plus ultra de l’existence. Et Herbert Armstrong fut toute sa vie très conscient de son image. C’était plus important que la substance.

Il semble que, dans sa vieillesse, Herbert Armstrong ait réalisé cette illusion : vivre les rêves d’un autre âge et faire ce qu’il rêvait de faire dans sa jeunesse à Chicago. Sa promiscuité avec les « grands et les moins grands » de l’époque doit lui avoir inspiré des fantaisies qu’il a tenté de réaliser le plus tôt possible ― même octogénaire et aux frais de l’église.

Maintenant, il peut visiter « les rois, les empereurs, les présidents, les gouverneurs, les juges et les dirigeants », réparant ainsi les carences du passé. S’il y a une chose que méprise Herbert Armstrong, c’est bien la pauvreté et tout ce qui va avec. Il se vante depuis longtemps qu’il ne regarde jamais le prix d’un steak quand il va dans un restaurant. Ce n’est pas digne de lui. Ses factures de restaurant sont astronomiques, spécialement en considération de l’état financier de l’église. Il vit « délicieusement ».

Son fils me parlait parfois des habitudes d’achat de complets de son père. Il me disait que son père préférait de loin payer un complet deux fois le prix dans une boutique fréquentée par les gens très riches que d’acquérir le même habit à la moitié du prix dans un magasin où il ne serait pas vu des richards. C’était toujours une question d’image. Voilà qui est important à se rappeler. L’on ne peut comprendre HWA sans d’abord saisir l’importance de son image. Il aime énormément se promener dans une limousine Cadillac noire ou bleu foncé avec chauffeur. Il s’assoit habituellement sur le siège arrière, comme un potentat. Il se tire à quatre épingles et les gens ont beaucoup de mal à imaginer qu’il s’agit d’un prêcheur. Ils penseront plutôt qu’il s’agit d’un producteur de cinéma, un riche visiteur étranger, un industriel, ou autre, mais jamais un prédicateur ou une personne impliquée dans le domaine de la religion.

On ne pourrait pas l’imaginer monté sur une mule, ou marchant des milles et des milles dans la poussière de la Judée, endurant de grandes souffrances, déambulant parmi le peuple, évitant les célébrités, ou se donnant pour les autres, par exemple.

Beaucoup de ceux qui le connaissent depuis longtemps, incluant les membres de sa famille, rapportent qu’il a toujours parlé d’une conspiration montée contre lui. Pour lui, tout le monde, y compris sa famille, se liguent contre lui. Son complexe de la persécution fut toujours très fort.

Lorsqu’on examine objectivement le bilan, il a tout l’air d’avoir été lui-même le plus grand des conspirateurs. Certains membres de sa famille signalent ses étranges habitudes de lecture. D’après ces relations, il aurait lu très attentivement, jusqu’à étudier sur une longue période de temps, le livre d’Adolf Hitler, Mein Kampf. Il fut particulièrement impressionné par les méthodes d’Hitler qui se déplaçait rapidement dans les petites heures de la nuit, entre minuit et le lever du jour, lorsqu’il voulait frapper un grand coup. (Hitler croyait que la résistance des hommes était plus faible durant ces heures-là.) Les événements de ces dernières années ont amplement démontré l’efficacité de l’application de ces méthodes. Bien entendu, ce n’était pas la façon d’agir de Christ !

Il n’y a pas le moindre doute qu’HWA utilise de main de maître l’intimidation. Il n’y a aucun doute non plus qu’il ne supporte personne autour de lui qu’il ne peut dominer ou intimider, sauf Stan Rader. Mais ça, c’est toute une histoire en elle-même. Il rend littéralement craintifs les gens qui travaillent pour lui. Comme s’il voulait les « posséder » ! Quand tant de mal est exécuté au nom de Dieu, on doit se poser des questions : Dieu veut-Il vraiment que les gens honorent et obéissent à ce genre d’hommes ? Cet homme est-il réellement « le seul apôtre du vingtième siècle » ?

Herbert Armstrong explique que « au nom de » signifie « par l’autorité de », et lorsqu’il parle « au nom de Christ », il veut dire « par l’autorité de Christ ». Il veut dire que Christ le dirige. Mais il y a un problème majeur à cela. Il fait trop de déclarations conflictuelles. Voyez plutôt : sortez toutes les lettres, les articles et les proclamations qu’il a écrites lors des vingt-cinq dernières années et essayez de les concilier. C’est un véritable exercice de frustration. La confusion, dont Dieu n’est pas l’auteur (1 Cor. 14:33), s’y trouve en abondance. Pourtant, toutes ses lettres furent signées « au nom de Jésus ».

Tous les grands escrocs sont des maîtres du rationalisme. Ils peuvent fournir d’excellentes raisons qui semblent tout à fait plausibles pour que vous fassiez ce qu’ils veulent. L’habileté d’Herbert Armstrong en ce domaine est insurpassable.

Aucune de ses lettres ne fut tant un chef-d’œuvre du genre que celle qu’il écrivit aux membres de l’église le 22 novembre 1978 dans le but d’expliquer pourquoi l’église devait conserver le Quest/78. (Il avait promis de se débarrasser de cette propriété discutable quelques temps auparavant.)

Il était très fier de la lettre qu’il avait écrite aux membres en 1974 pendant un vol d’urgence en provenance de Manille pour redresser l’agitation régnant alors dans l’église, provoquée par les histoires concernant Ted. Il me confia qu’il avait passé toute la nuit à écrire cette lettre. Fait intéressant à noter, quand j’en parlai à Stan, celui-ci me dit que ce n’était pas vrai, car il [Stan] avait écrit la lettre lui-même !

Le Dr Lochner, qui doit bien être au courant, dit que Stan « mit littéralement les mots dans la bouche d’Herbert Armstrong ». Il lui signala quoi écrire, presque mot à mot !

Écrivant dans l’Ambassador Report de 1977 un article intitulé Le fils prodigue, Al Carrozzo raconte ceci à propos du vrai caractère et des vrais motifs d’HWA :

« Le 22 mai 1973, à 13h00, Ted me quitta en ne me laissant aucun doute quant aux motifs, aux intentions et au modus operandi véritables de son père ! Lors d’une réunion privée de trois heures dans son bureau, Ted me dit qu’il était spécifiquement en désaccord avec son père sur un bon nombre de questions, y compris sur la doctrine. Il m’expliqua que son père voulait désespérément être accepté du monde, et c’était la raison pour laquelle il voyageait continuellement autour du globe, cherchant la faveur et l’écoute des dirigeants mondiaux.

« Ted admit qu’il avait vu son père complètement soûl à une douzaine d’occasions. Il a déclaré que son père lui avait dit qu’il (Herbert) ferait n’importe quoi pour maintenir « l’Œuvre » à flot ― y compris mentir, voler et corrompre. Je fus sous le choc, bien sûr, mais, par la suite, je vis personnellement Herbert « bourré » à quelques occasions et je le surpris nombre de fois à mentir. Je commençai à noter ces mensonges dans ses lettres aux membres et aux co-ouvriers, et ils se sont poursuivis jusqu’à aujourd’hui.

« L’année 1973 en fut une de réalisation pour moi. J’appris les ébats sexuels durables et poussés de Ted ; la dissimulation totale d’Herbert ; la corruption aux niveaux les plus élevés de l’Église Universelle ; les explosions de plaisirs d’Herbert autour du monde sous couvert de prêcher le véritable évangile ; le gaspillage de vastes sommes d’argent en trésors artistiques extravagants ; l’exploitation de gens crédules et pressurisés ; les erreurs doctrinales flagrantes ; la répression d’êtres humains ― mentalement, émotionnellement, physiquement et spirituellement. Oui, 1973 m’a démontré que la malhonnêteté était une manière de vivre pour Ted et son père, et cette façon de vivre n’a pas changé depuis lors. » [p. 47.]




D.208 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 10

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

 

Chapitre 9

HWA ADOPTE L’HÉRÉSIE DE LA PRIMATIE DE PIERRE

 

Pendant de nombreuses années, les ministres de l’Église de Dieu ont été formés dans ce qu’on appelle « les Écritures difficiles ». Chacun devait apprendre comment expliquer certaines Écritures que les autres églises employaient pour soutenir leurs doctrines ― doctrines différentes de celles de l’Église Universelle de Dieu. On devait utiliser la cohérence et la logique, y ajoutant les faits historiques et les autres Écritures pour supporter les doctrines de l’église. Les Écritures employées pour étayer le culte du dimanche, l’immortalité de l’âme, la montée au ciel, etc., étaient qualifiées « d’Écritures difficiles ». Les ministres entraînés avaient pour responsabilité de comprendre et de pouvoir expliquer la « pure vérité ».

L’église enseignait que Satan est le dieu de ce monde et qu’il possède ses propres églises. On disait que toutes les églises du monde étaient à lui, sauf l’Église Universelle de Dieu. Satan connaît très bien les Écritures et il les a tordues pour se frayer un chemin, nous disait-on ; donc, nous devons être formés pour redresser la Parole de Dieu et présenter la vérité.

On nous enseignait que l’Église catholique était l’instrument principal de Satan et que le pape était le chef de ses disciples sur la terre. Par conséquent, on portait une attention particulière à Matthieu 16:18. C’est l’Écriture de fond qu’utilise l’Église catholique pour soutenir sa position d’autorité. La voici telle que tirée de la version David Martin :

« Et je te dis aussi que tu es Pierre, et sur cette pierre j’édifierai mon Église ; et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle. Et je te donnerai les clés du Royaume des cieux ; et tout ce que tu auras lié sur la terre, sera lié dans les cieux ; et tout ce que tu auras délié sur la terre, sera délié dans les cieux. »

Or, si le pape de Rome est vraiment le successeur de Pierre, comme le déclare cette église, et si cette Écriture donne tout pouvoir à Pierre, comme le disent plusieurs, alors l’Église soulève un bon point quand elle catalogue toutes les autres églises parmi les imposteurs illégitimes.

Tout pouvoir chrétien de lier ou de délier doit être investi à Rome. Aucun mariage chrétien, aucune fonction ecclésiastique, aucune prière, aucun gouvernement ne sont donc légitimes en dehors de l’Église catholique. Et il ne peut y avoir de contact avec Dieu en dehors de cette église.

Vu sous cet angle, voilà une des Écritures les plus vitales de la Bible. Elle est essentielle. Pourtant, il y a un paquet de gens qui ne réalisent tout simplement pas son poids théologique.

Voici ce qu’on apprend aux ministres de l’Église Universelle de Dieu depuis des décennies :

1.      Tu es petros ― Pierre ― ce qui signifie « un morceau de roc » [caillou], pas la roche elle-même. Christ donna à Simon le nom de Pierre (Marc 3:16). Il y avait une signification à cela. Il était la petite pierre, Christ étant la pierre maîtresse. Le mot grec petros est du genre masculin.

2.      Le mot petra signifie « masse de roc » [rocher] et il est du genre féminin. Petros et petra ne pouvaient se référer à la même personne. Le roc qui devait servir de fondation à l’Église n’était pas Pierre, en effet, mais Christ disant qu’Il serait Lui-même la Petra, la pierre maîtresse. Pierre ne fut qu’un morceau de cette matière ― solide et endurante.

3.      Éphésiens 2:20 soutient cet enseignement : « Étant édifiés sur le fondement des Apôtres, et des prophètes, et Jésus-Christ lui-même étant la maîtresse pierre du coin. » La pierre maîtresse était Christ, et les apôtres (tous) étaient des pierres édifiées sur ce fondement, avec les prophètes de l’Ancien Testament.

4.      Juste un peu plus tard, dans Matthieu 18:18, Jésus inclut les autres apôtres dans la mission visant à lier et à délier : « En vérité je vous dis, que tout ce que vous aurez lié sur la terre, sera lié dans le ciel ; et que tout ce que vous aurez délié sur la terre, sera délié dans le ciel. » Il S’assura que l’on comprenne bien que la mission incluait tous les autres apôtres. Lisez le contexte.

5.      HWA utilisait toujours ce qu’il appelait l’argument décisif d’Actes 15. Il se donnait sans cesse beaucoup de mal pour démontrer que le frère de Christ, Jacques, qui n’était pas un des douze apôtres originaux, mais qui était venu plus tard et, à cause de sa relation familiale, avança rapidement vers la conversion, Jacques, donc, fut le choix de Christ pour présider sur les leaders de l’Église à Jérusalem. HWA disait avec insistance que Jacques était le chef des apôtres à l’époque d’Actes 15, autour de l’an 59.

Bien que Christ eu choisi Pierre pour donner un sermon lors de la première Pentecôte du Nouveau Testament, Il ne voulait pas dire que Pierre ait eu prééminence administrative sur les autres. Et beaucoup de preuves furent amenées ces années-là.

En outre, Pierre fut envoyé vers les « brebis perdues de la maison d’Israël ». Sa première épître fut rédigée à Babylone. Paul écrivit quatorze livres de la Bible, alors que Pierre n’en écrivit que deux. Et rappelez-vous que Paul résista à Pierre en face, publiquement, comme le déclare le second chapitre de Galates. Il n’aurait jamais fait cela si Pierre avait été son supérieur administratif. Et de nombreuses autres preuves bibliques furent employées pour démontrer la primatie administrative de Jacques, pas de Pierre.

L’enseignement de l’Église Universelle sur ce sujet est demeuré le même pendant des décennies. Il ne fut pas donné le moindre pouvoir à Pierre de contrôler l’entrée du Royaume de Dieu. Je n’ai jamais entendu un seul défenseur de la position catholique romaine durant des décennies dans l’église ― jusqu’à ce qu’HWA commence à l’enseigner au début de 1978.

Ce changement doctrinal très important, voire crucial, surprit énormément un grand nombre d’entre nous qui nous rappelions fort bien de l’ancien enseignement. Cette « dilution de doctrine », ou cette lutte contre les Écritures, en inquiéta plus d’un. On protesta, sans résultat. Les anciens qui avaient si longtemps enseigné l’ancienne façon furent soudainement coincés. D’un côté, l’apôtre Paul leur commandait de « retenir le modèle des saines instructions qu’ils avaient entendues de lui » et, de l’autre côté, on leur ordonnait de croire ce que cet « apôtre » exigeait d’eux. Il insistait maintenant pour qu’ils acceptent la vieille conception catholique romaine de Matthieu 16:18 ! Ce revirement faisait en sorte qu’il devenait dès lors le nouveau Pierre et, en tant que tel, qu’il avait l’unique pouvoir d’accorder ou de défendre l’entrée du Royaume de Dieu ! Il n’y avait d’accès à Christ que par lui ! C’était la même doctrine qu’enseignait Rome depuis des siècles. Évidemment, cette doctrine est en désaccord avec la Bible qui dit clairement : « Car il y a un seul Dieu, et un seul Médiateur entre Dieu et les hommes, savoir Jésus-Christ homme » (1 Timothée 2:5).

D’après son enseignement, HWA devint le nouveau Papa, le médiateur entre Dieu et l’homme, le Père de l’Église avec tous les pouvoirs du pontife romain, et davantage ! Sa personne fut enseignée avec force. Il était « le grand » HWA.

Christ a condamné le règne strict, étroit, sévère, abusif et destructeur opéré sur le peuple au nom de la religion et de Dieu. Ceux qui s’approprient Son nom pour installer leur gouverne répressive sur un grand nombre de gens, que ç’ait été durant le Moyen-Âge ou que ce soit à notre époque, tombent sous une condamnation spéciale.

L’Inquisition espagnole a vécu l’infamie pendant des siècles en Europe occidentale. Cette institution fut le modèle type de la persécution satanique. Selon de nombreux historiens, on utilisa la torture physique pour extorquer des « preuves ». Il n’y avait pas de cour d’appel. Même les historiens catholiques rougissent face aux excès de ce bras de l’apôtre de Rome. Les catholiques eux-mêmes ont dissous ce terrible département de leur église.[1]

Lord Acton avait raison quand il a dit : « Le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument ». Les êtres humains ne sont pas entraînés à manier un tel pouvoir sur les autres. L’histoire enseigne indubitablement cette leçon. Même le vingtième siècle enseigne cette leçon, encore et toujours. Les excès d’Hitler, la tyrannie de Staline, la conduite des communistes en Chine, Idi Amin d’Ouganda et, plus récemment, la tragédie de Jim Jones (People’s Temple)… tout cela est un cri d’alarme soutenant la déclaration de Lord Acton.

Peu après avoir expulsé son fils Ted, HWA commença rapidement à proclamer la doctrine hérétique de la primatie de Pierre. Puis, il dit aux membres de l’église que c’était de lui qu’ils avaient appris tout ce qu’ils savaient. Lui seul établissait la doctrine et il était le « seul apôtre du vingtième siècle ». Il était un père pour eux. Un pas de plus et il se serait proclamé le « Saint Père ».

Cette doctrine sert d’assise à Gerald Waterhouse quand il déclare que « l’obéissance est plus importante que la doctrine ». Il avance que, si vous obéissez toujours au leader, le reste importe peu. Dieu vous accordera la vie éternelle et tous les désirs de votre cœur. Qu’en est-il donc de la déclaration immortelle de Pierre : « …il faut plutôt obéir à Dieu qu’aux hommes » (Actes 5:29) ?

Mais si vous croyez à la proclamation de Waterhouse, la loi de Dieu, la rectitude, la vérité et la fidélité au reste de la Bible n’ont plus qu’une importance relative. On laisse loin derrière sur la piste les principes de la vie chrétienne ! Les gens doivent s’en remettre aux princes, ou plutôt à un prince de l’église, et tout ira bien. On peut se demander si ce ne fut pas là l’approche adoptée par Lucifer lorsqu’il trama sa rébellion. Il a dû dire à ses anges qu’il n’y avait aucun moyen de le contourner et, de toute façon, son nom n’était-il pas Lucifer ? Cela ne voulait-il pas dire « porteur de lumière » ? Tout ce qu’ils savaient, ils le tenaient de lui. Le chemin qu’a choisi d’emprunter HWA n’est pas du tout étroit et imprécis. Il est large et très fréquenté. Il n’est certainement pas le premier à prendre ce sentier.

Lorsque les premiers articles commencèrent à sortir dans les publications de l’église parlant des enseignements d’HWA sur la doctrine de la primatie de Pierre, les lignes téléphoniques furent surchargées partout aux Etats-Unis. Les ministres se demandaient l’un l’autre ce qu’ils en pensaient. Et presque sans exception, la réaction fut négative.

Pas un seul de ceux à qui je parlai ne pensait qu’Herbert Armstrong avait raison dans ce qu’il enseignait maintenant. J’appelai Rod Meredith au téléphone en lui demandant son avis. Je lui rappelai que, pendant plusieurs années, il avait donné les cours sur les épîtres de Paul et il avait traité le sujet. « Rod, » demandai-je, « en tant qu’enseignant du Nouveau Testament, croyez-vous un instant que Pierre possédait le genre de pouvoir que lui donne M. Armstrong ? » Sa réponse fut courte et rapide : « Non. Bien sûr que non. » Il n’y avait rien d’autre à ajouter. Ce fut la même chose avec de nombreux autres ministres dirigeants ayant porté de grandes responsabilités administratives dans tout le pays. Et ce le fut assurément avec beaucoup de coordinateurs régionaux et de pasteurs seniors.

Il y eut une exception : Stan Rader. J’avais découvert qu’il étudiait avidement l’Église catholique, son histoire et ses doctrines. Stan m’avait tellement parlé de ça, en novembre 1978, que je lui avais demandé s’il étudiait sérieusement cette institution. Il l’avait aisément admis.

Il me confia également qu’HWA avait pensé que ses photos et ses citations (à HWA) devaient paraître dans chaque page de chacune des publications de l’église. Il raconta leur expérience en Égypte quelques années auparavant, lorsque la photo de Sadate se trouvait dans chaque page de tous les journaux d’Égypte. Stan croyait que c’est ce qui avait sauvé le poste de Sadate dans son pays.

Il y avait bien sûr en ceci un problème scripturaire. Israël s’était fait dire de ne pas imiter l’Égypte. Et si Israël s’appuyait sur l’Égypte, il en serait transpercé. L’Égypte ne fut jamais une source de puissance pour Israël.

Or, voilà que le « seul apôtre du vingtième siècle » décidait de suivre l’exemple de l’Égypte. Il voulait que sa photo et ses écrits apparaissent sur toutes les pages de chaque publication de l’église pour consolider son pouvoir afin de le rendre absolu. Il ne voulait aucune opposition lorsqu’il donnerait le signal de l’apostasie. Il allait employer la tyrannie, comme on a fait si souvent dans le passé.

Jéroboam prit ce chemin quand il nomma prêtres des gens de la plus basse extraction et qu’il changea le Dieu d’Israël pour des veaux d’or. Il pensait que l’unité et la séparation de son royaume justifiaient que son peuple change de religion. Cela semblait juste à ses yeux, comme il semble juste aux yeux d’Herbert Armstrong d’oublier le Dieu qui lui a tant donné et d’utiliser les mêmes tactiques qu’il a condamnées pendant tellement d’années.

Ses péchés personnels l’ont apparemment conduit si loin dans le mauvais chemin qu’il a dépassé le point de non retour. C’en est rendu au point où il aurait à avouer une conduite épouvantable ― des péchés horribles ― publiquement et avec puissance avant de revenir sur le droit chemin. Dieu a dit que le chemin du salut est difficile et que le sentier est étroit. Herbert Armstrong a perdu son chemin et les gens le savent. Il a sauté la rampe.

Apprendre les voies des païens ne l’aidera en rien à se libérer de ses difficultés. Utiliser toutes les ruses et l’hypocrisie de Babylone et de l’Égypte et rechercher le soutien de l’église qu’il a si longtemps appelée « la Grande Prostituée » ne le sortiront pas de son problème.

Se draper du premier et du cinquième amendement ne le protégera pas non plus. Il n’est pas au-dessus de cela, alors que, dans un même souffle, il condamne les gouvernements de notre pays de qui il cherche la protection. Son raisonnement est incohérent et il n’est pas prêt à garantir aux autres le premier amendement dont il se réclame.

Pour quelqu’un qui a condamné si longtemps tout le concept de la primatie de Pierre ainsi que l’église qui enseignait cette doctrine, adopter maintenant ouvertement cette même doctrine et se l’appliquer à lui-même est proprement incroyable !

La déclaration d’Herbert Armstrong comporte un problème. Qui fut son prédécesseur ? Quelle ligne de succession peut-il établir ? Où est sa liste ? Il a enseigné l’imposition des mains pour l’ordination des ministres. Il a enseigné qu’il y a toujours eu en tout temps un homme sur terre ayant reçu mission de Dieu de faire Son œuvre. Il a enseigné qu’il y a toujours eu une Église de Dieu sur terre, car Christ a dit que Son Église ne serait jamais détruite. Il doit répondre à un paquet de questions sans réponses suite à sa nouvelle déclaration.

Il me semble que la première fois que j’ai entendu dire qu’Herbert Armstrong était un apôtre, c’était au milieu des années soixante. Plusieurs ministres commencèrent à sous-entendre qu’il était un apôtre. Voici à peu près leur raisonnement :

S’il y a un certain nombre d’évangélistes dans l’église et si, comme le dit Herbert Armstrong, les postes décrits dans Éphésiens, au chapitre quatre, sont aussi des rangs, on doit donc en conclure qu’il est un apôtre. Il doit être d’un rang supérieur aux évangélistes. Si la structure hiérarchique (ou structure pyramidale) fut vraiment le seul système utilisé par Dieu, et si les ordinations au rang d’évangélistes exécutées par Herbert Armstrong sont valides, la logique suggère alors qu’Herbert Armstrong est un apôtre, à condition qu’il s’agisse de la seule véritable église de Christ.

Mais, pendant longtemps, voire des années, il n’assuma pas le titre. Il commença à dire, de temps à autre publiquement, « Vous dites que je suis un apôtre. Je n’ai pas dit cela. » C’est ce qu’il affirmait après avoir dit auparavant qu’il n’était pas un apôtre, même s’il avait été ordonné à ce rang par les « gens de l’Oregon », comme c’était leur coutume.

Il devait avoir de fortes réserves à déclarer pareille chose. Peut-être savait-il mieux que quiconque que ce genre de prétention est dangereuse. Dans tous les cas, il y eut une évolution remarquablement rapide du titre, ou du rang. De nier qu’il en soit un à dire que les autres affirmaient qu’il était apôtre, jusqu’à déclarer ensuite lui-même de temps en temps qu’il l’était, puis, en 1976, établir qu’il était le seul apôtre de l’église, et dire finalement, en 1978, qu’il était le seul apôtre du vingtième siècle et écrire continuellement qu’il était « l’Apôtre de Dieu », tout ça prit moins de quinze courtes années !

L’aspect le plus notable de cette évolution est dans doute que, durant cette même période de temps, sa vie personnelle avait chuté très bas. Comme si, sa foi dérapant, il ressentait le besoin d’énoncer des déclarations des plus fracassantes afin de maintenir les gens dans sa poigne et renforcer son pouvoir. À mesure qu’il vieillissait, il lui apparaissait plus important de tourner les gens vers lui-même que vers le Christ.

Une sorte de solipsisme, ou de narcissisme s’empara de lui comme jamais. Il ressentit la nécessité de contrôler, de dominer, de gouverner ! Bien qu’il devait sûrement savoir que ce qu’il faisait était mal, il sembla obsédé par le fait que les gens lui obéissent. Il serait vain de chercher un parallèle avec Christ ou les apôtres dans tout le Nouveau Testament.

Ayant pourtant enseigné le libre arbitre moral, il se mit à déraper vers le désir de commander, de forcer, de dominer, de contrôler, de dicter et de menacer sans retenue. Décharger sa terrible haine devint une manière de vivre pour Herbert Armstrong. Ses proches compagnons l’entendirent se répandre en injures contre ceux qui ne se sentaient plus capables de se soumettre à sa personne.

Le 21 décembre 1978, j’écrivis la lettre qui suit à Wayne Cole, directeur de l’Administration Universelle Pastorale, et je lui demandai des éclaircissements concernant les enseignements de l’église sur la doctrine de la primatie de Pierre :

Le 21 décembre 1978

M. Wayne C. Cole

Église Universelle de Dieu

Pasadena, Californie  91123

Cher Wayne,

Merci d’avoir pris le temps de converser brièvement avec moi pendant que j’étais là-bas, le mois dernier. Il y a nombre de choses que j’aurais aimé dire, mais le temps nous manquait à ce moment-là. Il semble parfois que le temps s’accélère. Une illusion, sans doute.

Dans un récent Pastor’s Report, vous avez mentionné que nous devrions envoyer les sujets que nous croyons devoir être pris en considération lors de la conférence, ou, du moins, à la réunion précédant la conférence des Coordonnateurs régionaux. Vous avez fort probablement reçu des lettres d’un peu partout et en voici une autre à ajouter sur la pile. Je sais que ce que je vais écrire ici sont des choses ayant été discutées à plusieurs reprises par le passé, mais ce peut être encore important.

1. Le nouvel enseignement (pas si nouveau que ça) sur la doctrine de la primatie de Pierre est déstabilisante pour un grand nombre d’entre nous qui avons étudié un autre enseignement pendant longtemps. Il est difficile, après avoir reçu un autre endoctrinement pendant plusieurs décennies, de nous rebrancher si soudainement sur un point tellement majeur. Les implications vont très loin. L’expédient actuel me semble une raison bien insuffisante pour effectuer une dérogation aussi capitale à l’enseignement précédent. Nous pourrions tous nous lever et protester, preuves bibliques à l’appui. Il s’agit d’une question importante de la religion occidentale depuis deux millénaires, et l’histoire fait la chronique de tout le mal qu’a pu engendrer une pareille concentration de pouvoir à Rome. Cette approche soulève la question de la Succession Apostolique. Les catholiques ont la leur gravée dans la pierre et sur les murs de Saint-Pierre de Rome. Où est la nôtre ? Qui a été l’apôtre de l’ère de Sardes ? Ou des autres ères ? Paul a-t-il réellement répondu à Pierre ? Où est la preuve ?

2. Il y a des gens qui enseignent dans l’église qu’elle va bientôt s’envoler à Petra, en suggérant même des dates. Est-ce donc un enseignement officiel de l’église ? Sinon, on devrait faire officiellement l’annonce que l’église n’endure pas ce genre d’enseignement semant la discorde. Si c’est un enseignement officiel de l’église, alors une annonce publique et convaincante devrait être faite avec les explications appropriées. M. Armstrong a dit que le poste de prophète est maintenant inoccupé. Mais ne faudrait-il pas la puissance d’un prophète pour annoncer un tel plan pour l’église ? Je pense que nous aurions besoin, lors de la conférence, d’une déclaration officielle que nous pourrions ramener avec nous.

3. Il me semble qu’une déclaration officielle doit aussi être faite en regard des deuxième et troisième dîmes. Je sais que nous le disons depuis des années, mais les gens posent encore des questions. Les choses doivent être clarifiées.

4. Indication sur le dynamisme de l’œuvre. Notre évangélisme est-il fort, et où s’effectue-t-il ?

5. J’aimerais voir un programme de constructions lancé pour le bâtiment d’églises locales. L’inflation a rendu un tel programme très dispendieux. Ç’aurait été plus facile il y a quelques années, mais vaut mieux tard que jamais. En tout cas, cela indiquerait aux églises locales que l’on s’intéresse à leur bien-être. Il me semble que la construction de bâtiments locaux servirait à aider suffisamment les congrégations locales à s’autofinancer en quelques années. Il est plus facile d’ériger une congrégation locale quand on a un endroit régulier où s’assembler, etc.

6. Il serait temps de considérer incorporer le Département de Fêtes aux Services Pastoraux. Avec la vente de Big Sandy et la politique actuelle de réduction, ne serait-ce pas une économie substantielle d’argent et de main-d’œuvre que de voir les deux départements fonctionner ensemble ? M. Armstrong ne pouvant plus voyager pour se rendre à tous les sites, il serait plus facile d’administrer un nombre plus grand de sites plus petits.

Plusieurs questions me viennent à l’esprit, Wayne. Il m’apparaît très important que certaines soient prises en considération.

Sincèrement,

David Robinson

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[1] Malheureusement, l’information de M. Robinson est erronée, car l’Inquisition n’a jamais été abolie ; elle a simplement changé de nom. [N. du T.]




D.207 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 9

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

Chapitre 8

GARNER TED ÉVINCÉ

Autour des Fêtes de l’année 1977, des rapports nous parvinrent indiquant qu’Herbert Armstrong ne serait plus un élément durable dans les affaires de l’église (je devrais dire la majorité des rapports). Le Dr Parrish, du campus de Big Sandy, me dit que, selon sa compréhension de ce qui était arrivé, c’est-à-dire, une défaillance cardiaque congestive, il devrait y avoir rétablissement complet avec encore quelques bonnes années à venir. (Le Dr Parrish s’y connaissait mieux que certains amateurs.)

Les Pocono : 1977

Lorsque Ted arriva aux Pocono en G-II avec le capitaine Black, ce dernier avait complètement changé de personnalité. Il était habillé de façon juvénile, portant des vêtements sports et un collier, apparemment pour montrer qu’il était « in ». Et, bien entendu, Stan n’était pas de la tournée. Non plus que les frères Dean (les stewards du G-II au service de Stan et d’HWA).

Ted dit que son père était très faible quand il passa le voir à Tucson. Il rapporta que son père l’avait supplié d’une voix faible de « ne pas lui enlever l’église pendant qu’il était malade. Il ne devait pas commander de réunion ministérielle à aucun des sites ou élaborer le travail de préparation servant à le sortir. »

Ted dit avoir promis et il ne fit donc rien de ce qu’il aurait pu facilement exécuter. Il est sûr qu’il n’en fit rien aux Pocono. Il arriva environ vingt minutes avant l’assemblée, et je l’amenai, lui et Shirley, dans mon bureau du bâtiment d’administration festivalière où attendaient des rafraîchissements. Pendant qu’il était là, de nombreux ministres vinrent lui parler ou y être vus. Ils s’en firent un point d’honneur, comme ils l’avaient fait l’année précédente. C’était une bonne affaire, s’ils la jugeaient politique.

Pendant que nous roulions en voiture, Ted discuta des enregistrements de Lochner et combien son père était prêt à payer pour les faire supprimer. Il pensait que son père n’avait qu’à les laisser rendre publics et en assumer les conséquences, car tout allait finir par sortir, de toute manière. Il y avait de toute évidence de grandes différences entre son père et lui. Et cela avait fortement rapport avec Stan Rader et ses conseils à l’endroit d’HWA. (Le sentiment était très fort.)

Mais alors, le ressentiment exprimé par son père à l’endroit de Ted, l’an passé, était aussi très fort ― voire profond. Il y avait des désaccords apparemment irréconciliables. Par conséquent, ce fut donc un choc lorsque Herbert Armstrong apparut, très faible, au mois de janvier suivant, à Pasadena, lors de la conférence annuelle. Il rassembla toute son énergie et monta sur la scène embrasser Ted à sa manière coutumière et il annonça son soutien officiel et son amour pour son fils. Il y eut ovation debout, comme d’habitude. Tout ça était devenu si banal que, pour les gens bien informés, cela n’avait plus aucune signification.

Lorsqu’en 1976, au Holiday Inn près du site de Fête des Pocono, Herbert Armstrong eut tant de choses méchantes à dire contre son fils Ted que je crus réellement qu’il ne voulait que faire sortir le trop plein de vapeur. Il avait déjà parlé ainsi auparavant. Il courait un dicton disant que quiconque se trouvait coincé entre les Armstrong serait broyé. C’était une position dangereuse dans l’église.

En mars 1978, environ une douzaine de pasteurs de l’église s’assirent dans l’âtre du département athlétique de Big Sandy, au Texas. Le collège était fermé depuis un an, à peu près, mais les équipements étaient utilisés pour un tournoi de l’église. Un des pasteurs de l’église déclara d’une voix forte, pour que tout le monde l’entende : « Je ne permettrai jamais à quoi que ce soit de se mettre en travers de moi et Herbert W. et Garner Ted Armstrong ! » Je ne peux pas dire si cette déclaration était destinée à la protection politique de cet homme, ou si c’était réellement ce qu’il pensait. À tout événement, pendant bon nombre d’années dans l’histoire de l’église, c’était la manière de rester en santé.

Maintes et maintes fois, encore et toujours, Herbert Armstrong déclara publiquement que lui-même et Ted se situaient à un palier qu’aucun homme n’avait jamais atteint. Dans une lettre co-ouvrière du 30 juillet 1973, après les grands troubles des deux années précédentes, Herbert Armstrong écrivit :

« Or, voici également une ANNONCE sur la façon dont Dieu nous accorde un SENTIMENT DE SÉCURITÉ face à l’avenir de l’œuvre !

« Il y a environ deux semaines, je me trouvais au Mexique pour consacrer nos nouveaux bureaux de Mexico, tout en conseillant nos gens là-bas.

« Je lisais, dans 1 Chroniques 28, ce que le roi David disait à son fils Salomon lorsqu’il lui légua le trône du gouvernement d’Israël. Je vis un parallèle entre eux d’un côté et Garner Ted et moi de l’autre côté.

« Après avoir prié, je fus inspiré d’écrire à Ted à ce sujet. Bien que les circonstances précises soient différentes, je lui écrivis ma paraphrase des paroles du roi David à son fils. Je voudrais partager avec vous, dans ce qui suit, cette paraphrase et certaines portions de ma lettre très personnelle (comparez avec 1 Chron. 28:4-5, 8-10).

« L’Éternel Dieu d’Israël m’a choisi, devant tous les peuples de la terre, pour être Son serviteur qui fasse apparaître l’ère de Philadelphie de Son Église ; et pour prêcher et publier l’évangile du Christ vivant ― l’évangile du Royaume de Dieu ― par tout le monde en témoignage à toutes les nations, en tant que signe unique donné par Jésus-Christ (dans Matthieu 24) que la fin des temps et que le retour de Christ en PUISSANCE et en GLOIRE sont TRÈS PROCHES.

« Et de mes deux fils, Dieu a fait en sorte que toi, Garner Ted, tu naisses. Tu fus le seul de nos quatre enfants que ta mère et moi n’avions pas vraiment planifié. Tu n’eus pas le pouvoir de la parole avant l’âge de deux ans. Mais lorsque je t’oignis pour que tu sois guéri de la pneumonie, Dieu me mit dans l’esprit de demander aussi qu’il te soit donné miraculeusement la voix que Dieu allait plus tard utiliser pour proclamer Son évangile à des MILLIONS de personnes dans le monde entier.

« Par conséquent, en temps et lieu, Dieu t’a choisi, toi, Garner Ted, pour cette mission de très grande importance ; pour que ta voix, en plus de la mienne, puisse proclamer Son message extraordinaire avec une puissance amplifiée.

« Or donc, devant toute l’Église Universelle de Dieu et en audience devant Dieu, garde et recherche tous les commandements de l’Éternel, ton Dieu, afin d’entrer dans le Royaume de Dieu et d’hériter de la vie éternelle.

« Et toi, Garner Ted, mon fils, saches CONNAÎTRE le Dieu de ton père, et sers-le d’un cœur pur et d’un esprit bien disposé, car l’Éternel connaît les cœurs et comprend toutes les pensées. Garde toutes tes pensées et maintiens-les tournées vers les choses de Dieu.

« Si tu le recherches, Il Se laissera trouver, mais si tu l’oublies, Il te rejetteras pour toujours.

« Prends garde, maintenant, car l’Éternel t’a choisi. Et je t’ai donné plus de latitude et d’autorité que jamais, ayant toute confiance que tu continueras à te rapporter à Dieu et à t’en rapprocher dans la prière et que tu Le serviras fidèlement en exécutant les politiques qu’Il établit par moi pour Son Œuvre, Son Église et Son Collège. (Fin de la paraphrase.)

« Bien sûr, tu ne seras pas roi d’Israël comme le fut Salomon. Mais peut-être que ce pour quoi Dieu t’a choisi et t’a préparé à faire s’avérera encore plus important à Ses yeux. Dieu m’a déjà accordé onze ans de plus qu’au roi David. Et, bien que j’espère qu’Il me donne encore quelques années de surveillance active sur Son Église et Ses nombreuses opérations mondiales, s’Il écourtait ces années, Il t’a choisi pour me succéder, comme Il a choisi Salomon pour succéder à David. Non seulement le Christ vivant, CHEF de l’Église et de l’Œuvre de Dieu, me l’a-t-Il révélé, mais les fruits qu’Il a portés en toi dans son Œuvre le confirment adéquatement. Tu es maintenant deux ans plus âgé que je l’étais quand Dieu a débuté l’Œuvre par moi par les ondes et par The PLAIN TRUTH. Tu avais alors presque quatre ans. Et tu ne sais quel soulagement béni Dieu m’a accordé par cette assurance. Si Dieu permettait qu’arrive cette éventualité, tu aurais besoin de la guidance, de la direction, de l’intervention et de la puissance de Dieu comme jamais. L’Église entière, en tant que frères étroitement unis en Christ, devrait rechercher Dieu et s’en REMETTRE à Lui et au CHEF vivant de l’Église, Jésus-Christ, comme jamais, soutenant solidement l’élu de Dieu » [pp. 3-4].

Bien que cette déclaration officielle ait été la plus longue et la plus vibrante faite publiquement par Herbert Armstrong à ce propos, elle ne fut qu’une parmi tant d’autres. Régulièrement, lors des conférences ministérielles, il disait la même chose en des termes différents. Ted était son successeur, Ted était son officier exécutif, Ted était en charge. Il ajoutait habituellement que Ted était sous ses ordres. Et, toujours, il disait tout cela au nom de Dieu et de Christ. En la matière, le nom divin figurait toujours bien en évidence. Si quelqu’un remettait cela en question, c’est Dieu qu’il remettait en question. Et, évidemment, personne ne voulait agir ainsi.

Depuis que Garner Ted a été évincé par son père et Stan Rader, ces derniers ont fait publier des déclarations répétées à l’effet que l’œuvre est en déclin depuis dix ans. Ils ont diffusé des diagrammes et des graphiques avec l’intention de mettre tout le blâme sur Ted Armstrong et se laver eux-mêmes de toute responsabilité. Il est intéressant de constater que ces accusations remontent à si loin. Comment Herbert Armstrong explique-t-il la contradiction flagrante entre ce qu’il écrivit en 1973 (cité plus haut) et ce qu’il rédigea en 1978 ? La contradiction est trop évidente pour la prendre à la légère.

Voici ce qu’il écrivit dans une lettre co-ouvrière, le 25 septembre 1978 :

« Voilà vraiment DE BONNES NOUVELLES ! Pour la première fois depuis les huit à dix dernières années, L’ŒUVRE DE DIEU EST SOLIDEMENT UNIE DERRIÈRE JÉSUS-CHRIST, CHEF VIVANT DE L’ÉGLISE DE DIEU ― QUI N’EST PLUS DIVISÉE ― et qui, avec la BÉNÉDICTION DE CHRIST, va à nouveau rapidement DE L’AVANT ! »

Trois mois plus tard, Pasadena sombra dans le chaos ! Herbert Armstrong n’était bon ni dans les prophéties, ni dans ses évaluations de la situation à Pasadena. Ou alors, il savait et mentait.

En vérité, sa décision d’évincer son fils Ted fut prise dès le début de 1975, au moins. S’il n’avait pas été aussi obsédé par le sexe durant ces années-là, il l’aurait probablement fait plus tôt. Mais la pulsion sexuelle semble avoir été la plus forte des deux. En rétrospective, et d’après ce qu’il a écrit depuis, HWA avait toutes les intentions de tenter l’affaire, mais avec des réserves quant à son succès. En 1976, aux Pocono, quand il m’exprima qu’il croyait avoir besoin d’un contrat pour maintenir son train de vie, il m’expliqua également qu’il pensait que l’église finirait par être dirigée par un comité ! Il ne pouvait pas croire à cela en même temps qu’à tout ce qu’il avait écrit concernant sa relation avec Christ et que Celui-ci avait choisi Ted pour son successeur !

La timide réception qu’il reçut dans les sites, en 1975 (du moins, à Big Sandy), doit avoir mis le feu à son intense orgueil. Il arriva à Scranton, en Pennsylvanie, en 1976, sur le sentier de la guerre contre son fils. Apparemment, il avait déjà décidé de sa ligne de conduite.

Sherwin McMichael me demanda de préparer un bon rapport écrit indiquant le manque total de capacité d’HWA, à l’automne, et il me souligna que d’autres coordinateurs de fête étaient en train de faire la même chose. Pour la première fois, Herbert Armstrong avait parlé contre son fils d’un site à l’autre. Ted ne cachait nullement qu’il s’opposait au choix d’épouse de son père et à l’encouragement de celui-ci à l’endroit de son compagnon de voyage, Floyd Lochner, âgé de 60 ans, de marier une adolescente. Tout d’abord, Herbert Armstrong, ayant alors 83 ans, parlait d’épouser une femme divorcée de 46 ans sa cadette, femme qui, en outre, n’était pas approuvée par tous. Dans les milieux ministériels, elle n’avait pas « bonne réputation ».

Répondant en privé à ces accusations, Herbert Armstrong reconnut que sa famille était d’humble origine. Ce fut bien la première fois que je l’entendis dire ce genre de chose. Sa future épouse était une Amérindienne de l’Oklahoma, et Herbert Armstrong avait aussi dénoncé le mariage interracial.

Il avait fait savoir que les femmes plus âgées ne valaient pas la peine d’être mariées et qu’il méritait une jeune femme. Ce fut une véritable lutte féroce.

Il est quasi certain qu’il espérait se servir de la Fête des Tabernacles de 1976 pour écarter Ted et établir son « autre fils », Stan Rader, comme successeur. Nous n’avions aucune raison de croire que Stan eut désapprouvé.

Lors de son mariage, au milieu de 1977, il capta toute l’attention médiatique de l’église et insista pour faire un battage publicitaire incroyable. L’attaque cardiaque qui suivit vint différer l’exécution de ses plans.

Après sa guérison partielle, il se rendit à la conférence ministérielle de 1978, bien déterminé à réaliser ses plans. Après une orageuse réunion du conseil d’administration, dont il rendit compte plus tard, il monta sur scène et étreignit pour la dernière fois son fils en public. Il avait encore une fois reculé.

L’assistant de Stan Rader, Henry Cornwall, avait déjà lancé l’offensive contre Ted, et Ron Dart émit son « Dossier médiatique », publication éphémère sans doute suscitée dans ce but bien spécifique. Ron Dart ne survécut que peu de temps à la conférence et fut bientôt remplacé par Wayne Cole.

Des mois avant ça, Herbert Armstrong avait profité de ce que Ted se trouvait en dehors pour expédier et reclasser immédiatement et sommairement Ron Dart et Les McCullough en dehors du pays. C’est drôle que Les était déjà hors du pays, en voyage de coordination. Ron déménagea à Washington avant d’être rappelé. Ted avait eu vent de l’affaire et avait appelé son père pour faire stopper le coup.

HWA a fait énormément de tentatives avortées pour s’emparer du pouvoir par la conspiration au lieu de faire face au problème de coordination, à la conférence ministérielle ou autre. Herbert Armstrong conspirait continuellement, car c’était dans sa nature. Il a probablement agi de la même façon avec l’Église de Dieu en Oregon. Ce qu’en ont rapporté des survivants de cette église va exactement dans ce sens. Il travaille de manière clandestine.

De nombreuses personnes proches d’HWA, y compris des membres de sa propre famille, disent que c’est un fervent étudiant de Mein Kampf. Il admire beaucoup les méthodes de contrôle de Hitler, spécialement sa façon de frapper aux petites heures du matin, lorsque la résistance des hommes était à son plus bas. D’où ses consignes d’appeler les ministres à ces heures-là et d’organiser des manifestations de protestation tard le soir.

On appela donc les ministres tard dans la soirée pour annoncer le congédiement de Ted. Beaucoup de pasteurs de l’église comprirent la signification de cette action. En novembre 1978, Stan Rader me dit qu’il avait évincé Ron Dart du poste de directeur de l’Administration à Pasadena. Il lui fallait « un homme de paille », et Ron Dart ne s’était pas prêté de bon cœur à cette opération ; il voulait donc avoir quelqu’un d’autre remplissant ce but précis. Il désirait démontrer son pouvoir au ministère. Il me dit aussi qu’ils avaient besoin de quelqu’un d’autre comme rédacteur en chef du Worldwide News afin de pouvoir publier tout ce qu’ils voulaient, car ils « prenaient le contrôle », d’où le congédiement de John Robinson à ce poste. Dexter Faulkner, le nouveau rédacteur en chef, était prêt à suivre tous les ordres.

Une fois Ted parti, son père allait rayer son nom d’un océan à l’autre et dans le monde entier. Il l’avait assommé, mais il voulait l’écraser entièrement ― l’anéantir. Dans le processus, HWA permit aux ministres de ventiler sans retenue leurs émotions contre son fils. Beaucoup le firent. De ceux qui avaient antérieurement tant et tant rendu hommage à Ted et agi avec obséquiosité à son égard se retournaient maintenant contre lui et l’attaquaient. D’autres s’abstinrent quand ils réalisèrent ce qui se passait vraiment, et c’est tout en leur honneur.

Herbert Armstrong a agi en hypocrite, en charlatan, en faux prophète, en menteur, en personne qui prouve qu’on ne peut absolument pas lui faire confiance.

Grâce à l’évincement de son fils, Herbert Armstrong entreprit un programme « d’autodéification ». Stan Rader rapporta l’admiration d’HWA envers les méthodes d’Anouar el-Sadate qui, en Égypte, affichait sa photo dans toutes les pages de tous les journaux de son pays et ce, tous les jours. Tous les journaux lui rendaient louanges. HWA pensa que c’était la bonne façon, pour lui, d’être traité par toutes les publications de l’église. On devait le surexposer dans toutes les publications. Et il fit en sorte que le ministère se fasse un point d’honneur d’utiliser son nom le plus souvent possible. En 1978, des rapports en provenance des sites de Fête où Sherwin McMichael prenait la parole montraient qu’il était le champion à cette course. Selon ces rapports, à Seattle, il employa le nom d’HWA 38 fois dans un sermon, alors qu’il n’utilisa le nom de Christ que 8 fois et le nom de Dieu 4 fois. HWA l’appela « son plus loyal ministre ! » Plutôt que d’en craindre les implications, il aimait ce qui se passait.

Ted était parti, mais on ne l’oubliait pas. Un an plus tard, en mai 1979, HWA fit paraître un court article dans un encart en première page du Worldwide News, expliquant pourquoi il poursuivait son fils en justice à propos de « 15 à 20 boîtes de carton ». De plus, on poursuivait Ted pour « 551 millions $ ! » La littérature de l’église abondait des abus portés contre le fruit de ses entrailles de manière telle qu’elle sous-entendait la haine la plus violente. Rien d’autre ne peut expliquer la presse de l’église des deux dernières années.

Cette haine et cette jalousie devaient se bâtir depuis des années pour s’être développées à un tel niveau. Et pendant tout ce temps, HWA mentait à l’église concernant sa bonne relation avec Ted. Ce fut un des plus gros canulars de tous les temps. Pas étonnant qu’HWA parle des membres de l’église comme « d’idiots de moutons ». Il n’a aucun respect pour ceux qu’il peut si facilement manipuler. Fait intéressant, peu avant de démembrer les coordinateurs, il les encensait en grand, comme il l’avait fait avec Ted. Quelle hypocrisie !

Or, on aurait pu croire que tout irait bien dans l’Église Universelle après le départ de Ted. Mais il y avait encore du « shangaïage » à faire. Tout n’allait pas si bien et, à cause de la conduite du leadership, il n’y aurait plus de paix. C’était une question de cause à effet. Et la cause était bien plus profonde que Ted Armstrong et « l’intellectualisme ».

En juin de 1978, j’écrivis la lettre qui suit à Ted Herlofson, du Service ministériel de Pasadena :

6 juin 1978

M. Ted Herlofson

Service ministériel

Pasadena, CA

Cher Ted,

Je suis sûr que vous vous demandez tous là-bas quelle est vraiment l’atmosphère de l’église en ce moment ― quelle est la réaction des gens face aux événements. Je ne crois pas que l’on puisse répondre précisément à cette question ; je suis certain que toute évaluation ne peut être qu’approximative. Je résumerais l’atmosphère régnant ici, à Tulsa, comme de la patience vigilante. Mais cela peut changer rapidement et déferler dans une direction ou l’autre.

La lettre d’HWA a provoqué beaucoup de consternation et de détresse chez tous les membres. On a soulevé des questions qui avaient longtemps été sous-entendues et en latence, questions auxquelles la plupart, sinon tous les membres, se sentaient incapables de faire face ou de manipuler, même en esprit. Ils sont abasourdis, se demandant pourquoi cette « affaire de famille » ne peut être réglée en privé, particulièrement entre deux hommes si remplis du Saint-Esprit ― si proches de Dieu. Ils trouvent embarrassant que pareille affaire soit débattue en public. Ça provoque beaucoup de tristesse et ça s’accumule. La dernière série d’événements s’ajoute à l’inventaire des blessures, ce qui a pour effet une baisse d’intérêt envers le bureau chef, le collège, etc. et une concentration sur les intérêts locaux. Cela s’apparente de façon remarquable à ce qui arrive dans l’ensemble des nations où la confiance à l’endroit des dirigeants diminue. Mais nos gens se demandent pourquoi cela leur arrive.

Presque toute l’église croit au gouvernement de haut en bas, du moins en principe, et certainement en ce qui concerne HWA. Pour eux, il représente la figure paternelle, car ils réagissent à ses enseignements depuis tant d’années. Bien que cette image ait subi des dommages lors de son mariage, ils furent débités à la colonne des « affaires humaines » et se sont estompés avec le temps. Il semble y avoir un sentiment de sécurité quand ils savent que M. Armstrong est là et porte intérêt, particulièrement quand cet intérêt va dans le sens des mêmes bonnes vieilles directions. Toutefois, il y a aussi un scepticisme très réel vis-à-vis de sa capacité actuelle à porter l’œuvre à bout de bras tout seul. C’est une des principales causes d’inquiétude.

Il y avait, et peut-être y a-t-il encore, beaucoup de fierté à voir Garner Ted au premier rang de l’église. Quand il était à la télévision, la plupart ressentaient un relent de fierté et parlaient à leurs parents et amis du lien qu’ils entretenaient avec cet effort. Même chez ceux qui avaient entendu les rumeurs sur son inconduite, il y avait espoir que croisse sa maturité à mesure que les cheveux lui grisonnaient et que s’approfondissaient les rides. Il y avait espoir que croissent sa maturité et sa stabilité. Et, bien entendu, les jeunes gens s’identifiaient à lui davantage. Or, jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons jamais eu de problème de polarisation. Il semble toutefois qu’il se forme une ligne de démarcation parmi les membres. À ce stade précoce chez les membres de l’église, on dirait qu’on a tendance à s’identifier comme libéraux ou conservateurs, et chacun fait de l’un ou de l’autre des Armstrong son champion. Même si les choses devaient se compliquer plus tard, on dirait que c’est la tendance, actuellement.

Plusieurs éléments font en sorte que les membres envoient leurs dîmes au bureau chef. D’abord, ils sont convaincus que c’est nécessaire au point de vue légal ― un commandement de Dieu. Ensuite, c’est devenu une habitude pour la majorité des membres, spécialement les plus anciens.

Mais aucune de ces raisons ne provient du cœur. Les gens de l’église regardent autour d’eux, dans le monde, et voient les conditions misérables allant en empirant, et ils croient sincèrement que l’évangile que nous avons prêché est la réponse aux problèmes du monde. Ils croient avec ferveur au retour du Christ et veulent que ce message soit prêché au monde. Ils ne pensent pas qu’il ait déjà été prêché à notre nation et ils croient que nous devrions le faire ici d’abord. On a de la réticence à croire que le travail peut être effectué par la radio qui, dans l’esprit de la plupart, est un mode de diffusion plus que dépassé. Ils voient des ministères télévisés d’hommes remportant un grand succès alors qu’ils ne possèdent pas une parcelle du message que nous diffusons, et les membres n’entendent rien de comparable à la radio. Si l’on ne génère pas une dynamique significative et bien réussie dans cette direction, les dîmes qui viennent du cœur vont devenir des gestes légalistes ou de vieilles habitudes.

La perte de Garner Ted, d’un Garner Ted enthousiaste et dur à l’ouvrage, s’avère des plus difficiles à supporter dans l’esprit de bon nombre des gens bien informés.

Quoi que la tendance soit de revenir au localisme, cela ne vient pas du fond du cœur. Les gens ont plutôt à cœur de s’élever dans une grande œuvre à la fin des temps, qui vienne indéniablement de Dieu et qui Le serve ainsi que l’homme, et dans laquelle ces gens aient chacun une part vitale à jouer. Ils ne veulent pas que les dirigeants perdent la foi !

C’est mon évaluation de l’affaire.

Sincèrement,

David Robinson

[Réponse de Ted Herlofson]

16 juin 1978

À : Dave Robinson

De : Ted Herlofson

Sujet : Examen des dernières tendances dans votre région

Salut Dave !

Je veux vous remercier pour avoir envoyé votre examen des dernières tendances dans la région de l’église à Tulsa, en Oklahoma. Nous avons utilisé cette information dans nos discussions avec les coordinateurs régionaux lors des réunions de coordination régionale ayant débuté le 13 juin.

À la lumière des événements récents, nous apprécions être tenus au courant par les pasteurs des sentiments des membres de l’Église.

Mes meilleurs souvenirs,

(signé)

Ted

[Lettre officielle de HWA à GTA, lors de son évincement, le 26 juin 1978.]

 (Entête de la Worldwide Church of God)

26 juin 1978

Garner Ted Armstrong

312, Waverly Drive

Pasadena, Californie  91105

Cher Ted,

Ai-je besoin de te dire que c’est le cœur lourd et avec le plus profond regret que je me sens forcé par toi de t’envoyer cette lettre.

Malgré ton désaccord continuel avec la façon que Jésus-Christ vivant a de construire et de conduire l’Œuvre de Dieu par le moyen de Son apôtre élu, j’ai toujours fait de mon mieux pour maintenir et protéger ton nom.

Mais tu ne me permets plus de te couvrir. Tu as 1) désobéi à ma directive en allant à Orr, au Minnesota, 2) contacté des membres qu’il t’était défendu de contacter, 3) contacté les autorités des Postes des Etats-Unis dans la tentative sans scrupule et contraire à l’éthique d’intercepter le courrier de la corporation et ainsi détourner illégalement des fonds corporatifs pour possession personnelle et privée, et 4) finalement, apporté au Los Angeles Times (et peut-être à d’autres médias) des accusations fausses et tordues contre ton père, l’apôtre de Dieu.

Tu as déshonoré ton père humain et le Christ vivant, chef de l’Église de Dieu.

Tu as causé des divisions et des offenses dans l’Église de Dieu et tu me forces maintenant, à contre coeur, et selon Romains 16:17, à TE MARQUER devant l’Église et à t’informer que tu es excommunié sur-le-champ de l’Église et démis de toute autorité et de l’emploi de l’Église Universelle de Dieu et de ses opérations affiliées.

Avec mes plus profonds regrets,

Au nom de Jésus,

(signature de Herbert W. Armstrong)

HWA : vak

cc :        C. Wayne Cole

              Stanley R. Rader

              Raymond L. Wright

              Raymond McNair




D.206 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 8

 

Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu

Par DAVID ROBINSON

Chapitre 7

LE MARIAGE ET LA MALADIE D’HWA

 

L’Église entière avait considéré Loma Armstrong avec le plus grand respect et une grande affection. Elle s’était conduite avec dignité et avec amour envers les membres à tous les niveaux. Elle était pleine de gentillesse et possédait les manières d’une dame de la noblesse. Elle était également facilement approchable. Ses yeux reflétaient une chaleur réelle et un intérêt certain envers tous ses interlocuteurs. Elle se tenait droite, habillée à la fois modestement et avec bon goût. C’était une vraie grande dame.

Son honorabilité était évidente et on lui faisait confiance. Toute l’église fut profondément attristée par sa mort, en 1967. Elle signifiait tant pour tellement de gens. L’Église essuya alors une perte bien plus grande qu’elle ne le croyait. Son caractère fut de loin plus élevé que celui de son mari et l’église était à une décennie de le découvrir.

Du fait qu’Herbert Armstrong soit facilement et étonnamment influençable, et parce que l’influence de Loma s’exerçait dans le sens de la vie chrétienne, lorsque cette influence cessa, elle fut remplacée par une autre, différente. À de nombreuses occasions, son fils et de hauts dirigeants de l’église rapportèrent qu’Herbert Armstrong avait lui-même dit que cette influence provenait d’un esprit malin.

À Tucson, le 4 juillet 1979, il me confia que Stan Rader ne s’impliquait qu’au niveau de la comptabilité et des affaires juridiques, et rien d’autre ! Pourtant, en l’espace de trois mois, il ordonna Stan évangéliste, i.e., au second rang le plus élevé de l’Église Universelle de Dieu ! Et c’est un poste ecclésiastique, donc, rien à voir avec les domaines qu’il me mentionna à Tucson !

C’est de cette influence dont il se plaignit à Wayne Cole quand celui-ci était encore directeur du ministère de l’église. On a largement distribué les enregistrements de ces conversations téléphoniques. Des extraits en furent même joués à l’émission de la CBS, 60 Minutes.

Beaucoup de gens croient que l’influence de Stan a commencé à s’exercer quand celle de Loma cessa à son décès. Il y a bien des raisons de le croire.

Herbert Armstrong est « tombé en amour » un certain nombre de fois dans la dernière décennie. Il dit avoir été en « amour » avec Amy lorsqu’elle avait 25 ans. Il le déclara à un groupe à Big Sandy, en 1974. Une fois la passade terminée, il dit avoir cru qu’il s’agissait d’un engouement passager.

Mais avant cela, il y avait eu la jeune Philippine qu’il avait ramenée de son pays, selon des rapports courants. Toutefois, il ne l’amena jamais avec lui à l’église ! Il la gardait apparemment sous voile.

Beaucoup de gens pensent que Ramona Martin, celle qu’il épousa, travaillait pour Stan. On entend encore des récits là-dessus. En tout cas, ce mariage prit du temps à se concrétiser. Bien des histoires circulent quant à cette relation et ce qui arrivait en voyage. Comme Herbert Armstrong aime tant à le dire lui-même : « Il n’y a pas de fumée sans feu. » Partant de ce principe, il devait certainement y avoir un feu énorme ! Ces histoires-là flottent encore dans l’air et s’accompagnent de détails crus et choquants. Le mariage en suspens d’Herbert Armstrong a énormément flétri sa réputation. Quand on mixa la différence d’âge aux rumeurs, sa véritable réputation ne put survivre parmi ceux qui savaient. Si plusieurs le soutenaient encore en théorie, ce soutien n’était fondé, dans l’ensemble, que sur des considérations d’ordre salarial. Le solide respect d’antan s’était évaporé. Comme Humpty Dumpty, on ne pouvait plus recoller les morceaux ensemble.

L’on corrompit la littérature de l’église afin de rapporter le mariage dans les termes les plus élogieux. Les noces de mai à décembre furent dépeintes comme une romance de livre de conte, alors qu’en réalité, il s’agissait d’une parodie. Même si Ted se laissa fléchir à la dernière minute et officia au mariage, ce dernier eu tout de même des accents grotesques. Ted fit le récit de son père lui relatant, le jour suivant, avec d’incroyables détails, ses relations sexuelles orales avec sa nouvelle épouse. Ted dit à ses interlocuteurs qu’il se sentait tellement mal à l’aise, horrifié, dégoûté, qu’il aurait voulu se cacher.

Herbert Armstrong enseignait depuis de nombreuses années que la relation sexuelle orale est tout à fait mauvaise. Mais, lors de ses voyages dans le monde, il a changé d’idées  sur tant de choses qu’il est maintenant prêt à diluer la doctrine. Que le sexe oral soit un mal devant Dieu était évidemment une doctrine de l’église. Le vif intérêt d’HWA pour les informations sexuelles de Masters and Johnson a semblé véritable, mais il y a de sérieux doutes à avoir quant à ce que ses noces aient été sa toute première occasion de pratiquer les techniques de ses maîtres !

Cependant, ce qui était à craindre arriva. Une attaque cardiaque massive le frappa. Cela ne surprit presque personne. Les jeunes épouses et les vieillards de 85 ans sont rarement compatibles. C’était inévitable.

Ted signala la grave maladie de son père à l’époque de la Fête de 1977. Il lui rendit visite avant d’entreprendre la tournée festivalière. Il dit que son père lui avait bredouillé à voix basse de « ne pas lui enlever l’église » cette année-là. Ted ne devait pas tenir de réunion ministérielle afin de ne pas le miner.

Il est absolument évident que, si Ted en avait eu l’intention, c’était l’occasion rêvée. Il ne le fit pas. Il aurait été facile de commander une réunion des directeurs et de faire passer la motion juridique nécessaire. Alors, c’en aurait été fait. Mais il ne le fit pas, en réponse à la requête de son père sur son lit de malade.

Lorsque Herbert Armstrong passa à l’étape suivante, contre son propre fils et en faveur de son « autre fils, Stan », tout son être était prêt à en finir avec Ted. Cette action me fait penser à la conduite de Constantin ayant tué son fils Crispus peu avant de mourir lui-même. Beaucoup de vieux dirigeants détenant un grand pouvoir firent quelque chose de semblable avant d’aller dans la tombe. Parmi eux, il y eut Hérode le Grand, de triste mémoire biblique.

Comme l’a écrit lord Acton : « Le pouvoir corrompt, et le pouvoir absolu corrompt absolument. »