D.203 – L’INEXTRICABLE TOILE D’HERBERT W. ARMSTRONG – Partie 5
Regard interne sur l’Église Universelle de Dieu
Par DAVID ROBINSON
Chapitre 4
HYPOCRISIE RELIGIEUSE
― UN VICE PARTICULIER
Jésus-Christ réserva Ses critiques les plus sévères aux dirigeants de Son époque qui enseignaient une chose, mais en faisaient une autre. Les hypocrites tombèrent sous Sa cinglante condamnation. À la femme accusée d’adultère, Il dit : « Va et ne pèche plus ! » Quand ses accusateurs furent confrontés à leurs propres fautes, ils s’en allèrent honteusement.
Mais aux leaders religieux, Il demanda : « Serpents, race de vipères ! comment éviterez-vous le supplice de la géhenne ? »
Ce sont là des paroles fortes. Et provenant du Fils même de Dieu. Comment ceux qui enseignent cela en Son nom peuvent-ils le nier ? Et là où ils sont coupables, comment peuvent-ils ne pas s’humilier devant pareilles accusations ? Comment… à moins de ne plus croire en Dieu du tout ? …à moins que ces personnes aient totalement perdu la foi ?
« Car ils lient ensemble des fardeaux pesants et insupportables, et les mettent sur les épaules des hommes ; mais ils ne veulent pas les remuer de leur doigt. Et ils font toutes leurs œuvres pour être regardés des hommes ; car ils portent de larges phylactères, et de longues franges à leurs vêtements. Et ils aiment les premières places dans les festins, et les premiers sièges dans les Synagogues ; Et les salutations aux marchés ; et d’être appelés des hommes, Notre maître ! Notre maître ! » (Matthieu 23:4-7). (Et si on parlait des habituelles ovations debout, des applaudissements, de l’adulation frisant le culte, du siège réservé au plus grand dirigeant, de l’obéissance instantanée, de l’insistance à obtenir des louanges publiques régulières de ses serviteurs, etc. ?)
Ensuite : « Car quiconque s’élèvera sera abaissé ; et quiconque s’abaissera sera élevé » (v. 12).
Ceux qui craignent Dieu devraient prendre Ses instructions au sérieux. Ces gens-là ne devraient pas permettre à leur solipsisme[1] de prendre le meilleur d’eux-mêmes. Christ avait dit, juste avant : « Mais que celui qui est le plus grand entre vous, soit votre serviteur. » Que dites-vous de celle-là ?
« Mais malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, qui fermez le Royaume des cieux aux hommes ; car vous-mêmes n’y entrez point, ni ne souffrez que ceux qui veulent y entrer, y entrent » (v. 13).
Les leaders de l’époque trouvaient plus important d’insister sur leur gouvernement, qu’ils appelaient le Gouvernement de Dieu, que de découvrir et d’accomplir la volonté réelle de leur Créateur ! Ils persistaient à dire qu’il n’y avait pas d’autres sentiers vers le Royaume que de passer par eux !
Autre chose. L’argent était d’une grande importance à leurs yeux. Continuons avec les Paroles de Jésus-Christ, le Chef des apôtres :
« Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ! car vous dévorez les maisons des veuves, même sous le prétexte de faire de longues prières, c’est pourquoi vous en recevrez une plus grande condamnation » (v. 14).
Puis : « Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ! car vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte, et après qu’il l’est devenu, vous le rendez fils de la géhenne, deux fois plus que vous » (v. 15).
Christ semble avoir eu pour opinion que de tels hypocrites ne devraient pas essayer de dire aux gens comment vivre s’ils ne peuvent eux-mêmes agir adéquatement. Il était vraisemblablement d’accord avec Paul à savoir que l’on doit commencer par se juger soi-même. Les ministres qui parcourent le monde pour dire aux gens comment vivre en paix alors qu’ils ne le savent pas eux-mêmes ne sont que des hypocrites. Christ indique qu’Il n’approuve pas l’hypocrisie ! Ses disciples non plus !
J’ai agi en tant que coordonnateur festivalier à Big Sandy lors de la Fête des Tabernacles de l’Église Universelle de Dieu, en octobre 1978. Juste avant le début de l’assemblée, je reçus une boîte du bureau de Ralph Helge (avocat de l’église). Cette boîte contenait une annonce devant être lue au moins deux fois durant la période des huit jours. Il y avait des brochures à distribuer par le kiosque d’information. On y donnait des instructions à savoir comment léguer votre maison à l’église. L’idée d’abandonner votre propriété à Herbert Armstrong était fermement encouragée. Et, bien sûr, comme on pouvait s’y attendre, de nombreuses veuves vinrent chercher leurs instructions. (Nous avons été témoins d’un cas, ici, à Tulsa, où une veuve mourante, qui avait légué toutes ses propriétés à Herbert Armstrong, pensait faire la volonté de Dieu.)
La majorité des gens croient laisser leurs propriétés à l’église pour l’avancement de l’œuvre de Dieu. Mais depuis qu’Herbert Armstrong a ordonné à tous ses adeptes de lui envoyer leur argent directement à Tucson, ce qui arrive devient assez clair.
On n’a pas à se poser de question quant à l’importance qu’on attache à l’argent dans l’Église Universelle aujourd’hui ― plus que jamais. L’argent et le pouvoir, voilà ce qui compte.
Christ continue à donner Son opinion dans Matthieu 23, au cas où cela vous intéresse ! À Ses yeux, on ne met pas l’emphase sur l’argent et, à la suite de plusieurs versets où Il démystifie l’argent, Il liste ce qui importe dans la loi : le jugement, la miséricorde et la fidélité. Ce n’est pas qu’Il ignore l’argent, mais où met-Il l’emphase ? Quels domaines pèsent le plus lourd ?
Parfois, la marge est fort mince entre ce qui est bien et ce qui est mal. Ceux qui persistent à donner prime importance à l’argent s’exposent à une grande condamnation.
« Conducteurs aveugles, vous coulez le moucheron, et vous engloutissez le chameau. Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, car vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat ; mais le dedans est plein de rapines et d’intempérance. »
Voilà la voie des hypocrites. Ils exigent des autres ce qu’ils ne veulent pas faire eux-mêmes. Ils veulent la reconnaissance, l’argent et le pouvoir. Ils ne servent pas le peuple et ne sont pas le moindrement intéressés au bien-être de ceux qui disent avoir profession d’enseigner. Ce sont des extorqueurs et, qui plus est, des extorqueurs de la pire espèce. Ils utilisent le nom de Dieu pour arracher de l’argent aux gens. Ils brisent chacun des Dix Commandements qu’ils prétendent enseigner. Jésus en dit ceci : « MAIS ILS M’HONORENT EN VAIN, enseignant des doctrines qui ne sont que des commandements d’hommes » (Matthieu 15:9).
Je ne peux que me rappeler avec tristesse qu’au début des années 1960, l’église dénonçait avec une grande autorité le vaccin contre la variole. Or, à l’époque, nous vivions dans la ville d’Alice, au sud du Texas, et nous avions deux enfants fréquentant l’école élémentaire. L’un était en troisième année et l’autre en cinquième. Ils n’avaient pas été vaccinés contre la variole.
Nous avions pu éviter cette pratique jusque là. Mais la direction de l’école et le superviseur avaient décidé de sévir. Et c’est ce qu’ils firent. Ils nous avisèrent que nos enfants devaient être vaccinés à une certaine date ou ils seraient expulsés.
Nous consultâmes le pasteur local de Corpus Christi qui, à ce moment-là, était Bill McDowell. Il nous encouragea à demeurer sur notre position et à refuser cette pratique. Il nous expliqua que le vaccin contre la variole dérivait du « pus de singe ».
Après consultation auprès de ses supérieurs, il pensait que nous devrions accepter toute punition qu’imposerait l’école sans capituler devant elle. Son supérieur était Roderick C. Meredith.
Nous passâmes au travers de toute cette période embarrassante. Ce qu’il y eut de vraiment triste, toutefois, c’est qu’un peu plus tard, je devais découvrir qu’Herbert Armstrong et d’autres dirigeants de l’église, qui voyageaient beaucoup à travers le monde, n’éprouvaient pas réellement de difficultés, eux. Les gouvernements exigeant la vaccination des voyageurs, les tentatives des dirigeants dans le but d’éviter de prendre ces doses tournèrent court et furent tout simplement abandonnées. Ils se plièrent aux pressions. Ce qu’ils avaient exigé des petits enfants et des membres en général, ils s’en détournaient. Beaucoup en conclure parmi eux que la vaccination était sans doute une bonne chose, en fin de compte.
Réalisons donc que l’on nous enseignait que, si nous ne suivions pas les instructions de l’église, nous étions en grand danger de perdre notre salut. Dieu allait nous maudire et nous échouerions notre vie présente et celle à venir. La connaissance nous était dispensée par l’église et, si nous ne tenions pas compte de cette connaissance, nous allions être condamnés éternellement.
Cela ne vous rappelle-t-il pas les lourds fardeaux posés sur les épaules des autres par ceux qui ne les portent pas eux-mêmes ?
« Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ; car vous êtes semblables aux sépulcres blanchis, qui paraissent beaux par dehors, mais qui au-dedans sont pleins d’ossements de morts, et de toute sorte d’ordure. Ainsi, vous paraissez justes par dehors aux hommes, mais au-dedans vous êtes pleins d’hypocrisie et d’iniquité » (Matthieu 23:27-28).
Lorsque je commençai à découvrir toute l’étendue de l’hypocrisie d’Herbert Armstrong, cela me causa tout un choc. Ou, devrais-je dire, quand je le réalisai pleinement, ce fut un dur coup. Parce que, tout d’abord, je fus enclin à rejeter les signes d’avertissement, ou même, pendant un certain temps, la possibilité qu’ils existassent. Mais les signaux, et leur possibilité, s’accumulèrent à tel point qu’un esprit honnête ne peut plus éviter d’en affronter la réalité.
HWA s’était dressé à plusieurs reprises lors des réunions ministérielles et avait dit aux ministres qu’il avait donné à Ted Armstrong tous les pouvoirs exécutifs de l’église, ce qu’il avait aussi écrit à toute l’église ; il affirma être content de Garner Ted, même lorsque d’autres n’en étaient pas aussi contents ; il a dit tellement de choses qu’il nia officiellement par après. J’appelle cela mentir. Et je sais que, dans les deux derniers chapitres de la Bible, Christ dit qu’aucun menteur n’entrera dans le Royaume de Dieu. Je sais que Dieu n’approuve pas le mensonge.
Puis, durant le congrès à Tucson, plus tôt cette année-là, il dit qu’il n’était préalablement pas au courant des manifestations à Pasadena. Il assura qu’elles étaient spontanées. Il affirma qu’aucun ministre n’était par avance au courant de ces choses. Les preuves ultérieures démontrant le contraire sont écrasantes.
Elles sont légion, les preuves de comptes-rendus inexacts d’HWA à propos des événements de ses premières années tels que racontés dans son autobiographie. Nombre de ces preuves proviennent de ses anciens associés dans ce qu’il appelait « l’Église de Sardes », et elles sont encore plus nombreuses en provenance des membres de sa propre famille qui sont bien placés pour en savoir long.
Le 4 juillet 1979, il me confia qu’il avait été associé aux « gens de l’Oregon » jusqu’en 1945, ce qui est fort différent de ce qu’il a écrit dans son autobiographie. On ne peut que se demander si tous les documents reproduits, dont les signatures sont indubitables, ne furent pas portés à son attention de telle sorte qu’il ne peut pas les réfuter et qu’il doit maintenant s’incliner devant l’inéluctable. En tout cas, on ne peut plus prendre sa parole au pied de la lettre.
Lors de conversations avec Stan Rader, en novembre 1978, tenues dans son bureau de Pasadena, il me dit que, parfois, mentir était convenable et devenait même un devoir supérieur. Il utilisa l’exemple du U-2 pendant l’administration Eisenhower. Stan me dit que le Président aurait dû considérer que son devoir supérieur était de mentir et de nier totalement que Gary Powers, le pilote du U-2, était Américain ou qu’il volait pour le compte du gouvernement américain. Cela aurait permis au dirigeant russe, Khrouchtchev, de sauver la face et de s’entendre avec les Américains, ce qui aurait mis fin à la guerre froide !
Rappelons-nous que Stan est maintenant ordonné ministre à un rang élevé de l’ÉUD.
Stan Rader déclare être le meilleur étudiant d’Herbert Armstrong, étudiant sur plus de vingt ans. C’est peut-être là que réside le problème. Il a été trop bon disciple !
C’est pourtant bien Christ qui a dit : « Et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » Et c’est le penseur allemand, Goethe, qui a écrit : « Personne n’est plus désespérément esclave que celui qui croit faussement être libre. »
La vérité est ce dont sont faites les bonnes décisions et ceux qui retiennent la vérité privent l’humanité de l’ingrédient des bonnes décisions, contribuant ainsi à l’esclavage des êtres humains. Christ croit en la vérité et hait le mensonge. Il ne mentit jamais Lui-même et Il hait d’une manière toute spéciale la perversité des hommes qui mentent.
Herbert Armstrong avait pris l’habitude de raconter l’histoire du petit garçon qui s’était aperçu que le père noël n’existe pas vraiment. Il fut tellement blessé de se rendre compte que ses parents lui avaient menti à propos du père noël qu’il dit : « Je vais aussi examiner cette histoire à propos de Jésus-Christ ! » Il avait peut-être un bon point !
Herbert Armstrong et Roderick C. Meredith partagèrent l’estrade lors de la réunion ministérielle de Tucson, en janvier 1979. Cette session visait à consolider le soutien donné au « gouvernement de Dieu », censé être, pour Rod, sa propre administration, et pour Herbert Armstrong, sa propre survie.
De sa voix de stentor, Herbert Armstrong donna sa parole qu’il n’avait jamais commis d’adultère. Et il assura l’assemblée que, si sa femme Loma pouvait remonter de sa tombe, elle nierait fermement, elle aussi, toutes ces accusations. Puis, il se tourna vers Rod Meredith et lui demanda s’il avait jamais commis l’adultère. Rod répondit par la négative. C’était une démonstration efficace de l’art de la mise en scène. Cette très ferme déclaration, donnée d’une voix très forte, rassurait ceux dans l’assemblée qui affichaient de fortes réserves quant au leadership de l’église.
Était-ce d’un devoir supérieur dont s’acquittait Herbert Armstrong ? Mentait-il en affirmant cela ? Depuis lors, des rapports, beaucoup de rapports, étaient parvenus des membres de la propre famille d’Herbert Armstrong démontrant que celui-ci était gravement dans l’erreur quand il se rapporta aux ministres de façon formelle et officielle ! Selon ces rapports, qui circulent maintenant librement, il a eu une relation adultère s’étendant sur une longue période et d’un genre qui entraîne traditionnellement la peine de mort dans de nombreux états américains !
L’hypocrisie est un péché grave et, quand on la pratique dans la religion, elle s’attire la plus grande des condamnations par Christ Lui-même ! Ce péché ne peut se pratiquer sans que le pécheur ne finisse dans l’étang de feu ! Il s’agit d’une doctrine religieuse fondamentale. On ne peut en atténuer l’importance !
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[1] Solipsisme : Doctrine idéaliste, affirmant que rien n’existe en dehors de la pensée individuelle et que seul existe le sujet. Conception selon laquelle le moi, avec ses sensations et ses sentiments, constitue la seule réalité existante. [Petit Larousse illustré, 1988, et dictionnaire encyclopédique Larousse, 1994.]