D.077 – Dévoilement des faussetés pré-tribulationistes – Partie 7
Par Larry Simmons
Tiré de l’article Unmasking Pre-Trib Fallacies
Traduction de Roch Richer
CHAPITRE SEPT
Le cas de l’imminence
Jusqu’à présent, nous avons examiné un certain nombre d’arguments sur l’enlèvement pré-tribulationsite. Le plus important a été la déclaration de deux futurs Avènements de notre Seigneur. Pourquoi ? Parce que si l’on ne peut fournir la preuve de deux futurs Avènements, tous les autres arguments pré-tribs sont dénués de sens. Même d’une manière détournée, Walvoord est d’accord avec cette affirmation. Vous vous rappellerez qu’au chapitre 2, nous avons présenté une douzaine de « contrastes » qui ne pouvaient hypothétiquement s’harmoniser en dehors du concept de deux futurs Avènements. Sentant peut-être que la plupart n’étaient pas trop convaincants, LaHaye semble avoir placé tous ses espoirs dans un seul contraste : celui qui implique une proposition connue sous le nom d’imminence. C’est au moyen de cette doctrine qu’il espère, à l’usure, établir deux futurs Avènements du Seigneur. (Pas étonnant qu’il qualifie l’imminence de cœur du pré-tribulationisme.)
Si ce vœu se réalise, l’étape suivante s’avérera beaucoup moins difficile, c’est-à-dire, arguer qu’un des Avènements doit survenir avant les tribulations. Cependant, si deux Avènements futurs ne peuvent pas être établis, l’enlèvement pré-tribulationsite aura grosso modo la même espérance de vie qu’un Big Mac dans le Air Force One. En outre, à en croire la citation suivante, il n’y a aucun risque à dire que Walvoord reconnaît que l’imminence est le dernier espoir de l’enlèvement pré-trib ; il écrit en effet : « À toute fin pratique, l’abandon du retour pré-tribulationiste de Christ équivaut à devoir abandonner l’espérance de Son retour imminent. »[1] Avec ceci en tête, nous aborderons donc l’argument majeur suivant en faveur du pré-tribualtionisme.
Raison #7 d’être pré-tribulationiste
« Seule la position pré-tribulationiste préserve la puissance motivationelle de l’enseignement de l’imminence que l’on retrouve dans le Nouveau Testament et qui s’avéra un si grand défi pour l’Église primitive. »[2]
Ici, LaHaye présente deux arguments séparés en faveur d’un enlèvement pré-trib. Premièrement, il proclame que l’imminence est enseignée dans le Nouveau Testament. Si cela est vrai, il s’en suit qu’un enlèvement à tout moment (et censément prép-trib) devient une possibilité probable. Deuxièmement, il est sous-entendu que sans l’anticipation résultant d’un enlèvement imminent, l’Église serait « charnelle et morte spirituellement. »[3]
La cause du Nouveau Testament en faveur de l’imminence
Tous sont d’accord pour dire qu’il y a un grand nombre d’événements prophétisés qui précéderont la Glorieuse Manifestation du Seigneur à la fin des temps (l’apparition de l’Antichrist, la manifestation des deux témoins, les signes célestes, etc.). Mais les pré-tribbeurs croient aussi que Jésus pourrait revenir pour Son Église à tout moment (à l’enlèvement), sans tenir compte de ces événements prophétisés. C’est ce qu’on appelles l’imminence. Bien que ce terme suppose que l’enlèvement soit pour bientôt, ou tout prochainement, il a une signification tout à fait différente pour les pré-tribulationsites. En terme simple, il s’agit de la croyance que, contrairement au Second Avènement, il n’y aurait aucun événement prophétisé précurseur devant survenir avant l’enlèvement.
1. Passages enseignant l’imminence. Selon LaHaye, un certain nombre de passages enseignent un retour imminent du Seigneur. Y sont inclus : Jean 14:1-3 ; Actes 1:11 ; 1 Corinthiens 15:51-52 ; Philippiens 3:20 et Colossiens 3:4. Si nous examinons ces passages, nous verrons les indices nous démontrant comment les pré-tribbeurs manipulent les Écritures. Prenez, par exemple, Philippiens 3:20 : « Mais pour nous, notre bourgeoisie est dans les Cieux, d’où aussi nous attendons le Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ. » Quoiqu’il y ait une claire référence à Son Avènement, nous n’y voyons aucune indication à propos de signes célestes précédant ou non Sa venue. Pourtant, LaHaye persiste à dire que le passage enseigne un retour imminent ! Regardons un autre passage, cette fois dans Jean 14:1-3 : « Que votre coeur ne soit point alarmé ; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. 2Il y a plusieurs demeures dans la Maison de mon Père ; s’il était autrement, je vous l’eusse dit ; je vais vous préparer le lieu. 3Et quand je m’en serai allé, et que je vous aurai préparé le lieu, je retournerai, et je vous prendrai avec moi ; afin que là où je suis, vous y soyez aussi. » Encore ici, il y a une référence nette à Son Avènement. Mais où, demandons-nous, est l’expression montrant que ce retour est dénué de signes précurseurs ? Autrement dit, qu’est-ce qui pourrait, dans ces passages, nous amener à croire que le Seigneur devrait revenir avant les signes prophétisés de Son Second Avènement ? Bien sûr, la réponse est qu’il n’y a absolument rien qui puisse suggérer une pareille conclusion.
Ça soulève une question évidente. Comment se fait-il que des passages demeurant silencieux sur la question des signes soient pris en considération pour enseigner l’imminence ? Croyez-le ou non, les pré-tribulationistes viennent à la conclusion que le retour du Seigneur est imminent du seul fait que ces passages ne contiennent rien qui exclut l’imminence ! (En utilisant la même « logique », vous pourriez prouver que vos voisins sont des Martiens ― c’est-à-dire, à la condition qu’ils n’aient jamais indiqué qu’ils ne sont pas des Martiens.) Peut-être aurez-vous peine à croire que des leaders chrétiens, par ailleurs respectés, aient recours à ce genre de procédé argumentaire. Si c’est le cas, nous vous invitons à prendre soigneusement note des commentaires de Walvoord concernant le passage de Jean 14:1-3 : « La perspective d’être enlevés au ciel à l’Avènement du Christ n’est pas déterminée par la description de signes ou événements quelconques préalables. Ici, comme dans d’autres passages traitant de l’Avènement imminent du Christ pour l’Église, l’espérance est présentée comme un espoir imminent. »[4]
Mentionnons que LaHaye déclare qu’il y a encore d’autres passages enseignant que nous devons espérer le Seigneur à tout moment. Ce sont :
« Veuillez donc, car vous ne savez pas à quelle heure votre Seigneur viendra » (Matthieu 24:42).
« Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure où le Fils de l’homme viendra » (Matthieu 25:13).
« C’est pourquoi vous aussi tenez-vous prêts ; car le Fils de l’homme viendra à l’heure que vous ne pensez pas » (Matthieu 24:44).
Bien que ces versets disent que le Seigneur peut venir à tout moment, ils ne sous-entendent pas que le Seigneur ait enseigné l’imminence. En fait, Walvoord nie carrément que ce soit des passages sur l’imminence. Pourquoi ? Parce qu’ils sont tous reliés à des séries de signes qui arrivent durant les tribulations. Et, à ce moment-là, tous les signes prophétisés auront été accomplis. En conséquence, et par définition, on peut difficilement les employer dans le but de suggérer un avènement qui doit survenir avant les signes prophétisés.
2. Passages qui « contribuent » au concept de l’imminence. À la décharge de Walvoord, il se montre généralement plus mesuré dans ses déclarations en ce qui regarde ce qu’enseigne la Bible que LaHaye. Par exemple, il ne déclare jamais qu’il y a des passages du Nouveau Testament qui enseignent l’imminence. Il propose plutôt des passages qui, selon ses propres mots, « contribuent au concept d’imminence ».[5] Parmi eux, il y a Jean 14:1-3, 1 Thessaloniciens 4 et 5 et 1 Jean 3:1-3. Nous allons examiner les arguments associés à chacun de ces passages.
Jean 14:1-3
Nous avons déjà vu comment ce passage est employé pour promouvoir l’imminence : en évoquant son silence. Mais ce n’est pas la seule tactique qu’utilisent les pré-tribbeurs. LaHaye y va de sa propre initiative pour attribuer l’imminence à ce passage. Il écrit : « La promesse que notre Seigneur puisse apparaître à tout moment pour amener Son Église à la maison de Son Père fut livrée par notre Seigneur Lui-même (voir Jean 14:1-3). »[6] Plus loin, il ajoute : « Depuis que notre Seigneur a promis aux premiers chrétiens qu’Il retournerait à la maison de Son Père pour leur préparer une place en disant : “Je reviendrai et vous prendrai avec moi, afin qu’où je serai, vous y soyez aussi,” les croyants se sont attendus à être transformés (enlevés) plutôt que de voir la mort. »[7]
Maintenant, étudions ces commentaires pour voir s’ils sont justifiés. Environ vingt-cinq ans après que le Seigneur eut prononcé les paroles enregistrées dans Jean 14, l’apôtre Paul a écrit une lettre à l’Église de Corinthe. Dans cette lettre, et sous l’inspiration du Saint-Esprit, Paul révéla le mystère de l’enlèvement de l’Église. « Voici, je vous dis un mystère : nous ne dormirons pas tous, mais nous serons tous transmués ; 52En un moment, et en un clin d’oeil, à la dernière trompette, car la trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous serons transmués » (1 Corinthiens 15:51-52). Un mystère, d’après le Dictionnaire Vine d’Interprétation des Paroles du Nouveau Testament, est une vérité antérieurement retenue par Dieu, mais maintenant connu par révélation divine. Ainsi, à en croire Paul, ce mystère ― le fait que certains croyants ne mourront pas ― n’avait jamais été révélé auparavant ! Cela signifie que Jésus n’avait certainement pas promis un enlèvement à tout moment (imminence) vingt-cinq ans plus tôt, dans le passage de Jean 14. Par le fait même, et parce que ce mystère n’avait pas encore été révélé, les disciples auraient pu difficilement anticiper l’enlèvement au lieu de la mort, comme le proclame pourtant LaHaye.
1 Thessaloniciens 4 et 5
La deuxième section des Écritures que Walvoord présente en faveur de l’imminence, c’est 1 Thessaloniciens, les chapitres 4 et 5. Toutefois, il ne se réfère qu’à un seul verset. « C’est pourquoi consolez-vous les uns les autres par ces paroles » (4:18). Walvoord ne dit pas de quelle manière ce passage contribue au concept de l’imminence. Il prétend simplement que l’enlèvement a été enseigné comme étant une espérance imminente. Or, LaHaye n’est pas aussi réticent. À partir de cette phrase, il développe un argument appelé du « réconfort » en faveur de l’imminence. Selon ses propres dires : « L’aspect espérance et réconfort de l’Enlèvement exige que nous échappions aux tribulations en étant enlevés de ce monde avant que ne débute la colère de Dieu. »[8]
Il est clair que l’on extrapole beaucoup de choses à partir de la simple exhortation à se « consoler les uns les autres par ces paroles ». Examinons-en ensemble la validité. Tout d’abord, pourquoi cette Église avait-elle tout particulièrement besoin d’être réconfortée ? D’après l’écrivain pré-trib bien connu, Charles Ryrie : « La question spécifique qui les troublait était : est-ce que la mort du croyant survenant avant que ne vienne le Seigneur faisait en sorte qu’il perdait tout espoir de prendre part au glorieux règne de Christ ? La réponse de Paul est l’affirmation rassurante que les morts seront ressuscités et feront partie du Royaume. »[9] Jusqu’ici, ça va. Mais comment LaHaye fait-il pour que, non seulement l’enlèvement s’étende à la résurrection de ceux qui sont morts en Christ, mais que cela exige aussi que l’Église soit enlevée avant les tribulations ? Voici son raisonnement : Dieu a révélé l’enlèvement dans le but de réconforter l’Église de Thessalonique ; cela voudrait donc dire que l’enlèvement est une doctrine de réconfort ; évidemment, ce ne serait pas un réconfort que de passer au travers des tribulations ; il s’en suit donc que l’Église sera enlevée avant les tribulations.
Ça, mes chers amis, c’est une des plus stupéfiantes applications de faussetés par division que vous verrez jamais ! (Le fait que l’enlèvement soit présenté une fois comme une consolation ne signifie pas qu’il s’agisse à chaque fois d’une doctrine de réconfort.) Pour illustrer l’erreur de ce raisonnement, nous pourrions tout aussi bien conclure que la nature de réconfort de l’enlèvement exigeait qu’il arrive avant un 30 avril, parce que l’idée de payer l’impôt sur le revenu n’est pas réconfortant pour les membres de l’Église.
1 Jean 3:1-3
Le troisième passage supposé contribuer à l’imminence est 1 Jean 3:1-3. « Voyez quelle charité le Père a eue pour nous, que nous soyons appelés les enfants de Dieu ; mais le monde ne nous connaît point, parce qu’il ne l’a point connu. 2Mes bien-aimés, nous sommes maintenant les enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’est pas encore manifesté ; or nous savons que lorsque le fils de Dieu sera apparu, nous lui serons semblables ; car nous le verrons tel qu’il est. 3Et quiconque a cette espérance en lui, se purifie, comme lui aussi est pur. »
Vous me direz : « Comment ce passage contribue-t-il à l’imminence ? » De toute évidence, ces versets ne présentent aucune preuve que l’Avènement du Seigneur surviendra sans qu’il y ait de signes précurseurs. Néanmoins, Walvoord suggère que la présence du mot espérance équivaut à un argument en faveur de l’imminence. « L’espérance de voir Christ tel qu’Il est et de devenir comme Lui est une espérance purificatrice. »[10] Pas besoin de vous dire que Walvoord n’essaie même pas d’étayer cette nouvelle déclaration a moyen des Écritures. Cependant, il présente une analogie avec une maîtresse de maison. « Les maîtresses de maison entreprennent des préparatifs spéciaux lorsque des invités sont attendus incessamment, alors que la tendance serait plutôt à l’insouciance si l’arrivée des visiteurs était encore fort éloignée. » À partir de cette observation, il conclut : « L’enseignement de l’Avènement du Seigneur est toujours présenté comme un événement imminent qui devrait occuper en grande partie les pensées et la vie des chrétiens. »[11] Il est incroyable que ce soit ce genre de « preuve » qui conduise Walvoord à sous-entendre que 1 Jean 3:1-3 contribue au concept de l’imminence ! Pour bien saisir la sottise de cette logique, nous n’aurons besoin que de visualiser l’argument formel :
Proposition majeure : Les croyants devraient se soucier de l’Avénement du Seigneur pour Son Église (l’enlèvement).
Proposition mineure : Si un événement est imminent, les croyants s’en soucient davantage.
Conclusion : L’Avènement du Seigneur pour Son Église est toujours présenté comme événement imminent.
Croyez-le ou non, mais les trois passages cités plus haut ainsi que leurs arguments correspondants représentent le plus fort des arguments « bibliques » en faveur de cette doctrine. Pas étonnant que Walvoord éprouve tant de difficultés à dire que ces passages enseignent vraiment l’imminence.
La nécessité de l’imminence
Dans la Raison #7, LaHaye suggère aussi que l’Église deviendrait « charnelle et spirituellement morte » si ce n’était de son sentiment d’anticipation couplé à l’imminence de l’enlèvement. En d’autres termes, il raisonne que le retour du Seigneur est imminent pour la simple raison que, d’après son opinion, l’imminence est nécessaire au bien-être de l’Église.
1. Comme il l’a mentionné dans son analogie avec une maîtresse de maison, Walvoord sous-entend que l’imminence aide à parfaire la purification. « Et quiconque a cette espérance en lui, se purifie lui-même, comme lui est pure » (1 Jean 3:3). Il poursuit plus loin son raisonnement en disant que : « l’espérance n’est réaliste qu’en fonction de l’imminence ». Encore là, LaHaye va plus loin que l’érudit Walvoord. Non content de la proposition que l’imminence soit une aide à la purification, LaHaye affirme qu’elle est indispensable ! Voici sa description d’une vie sans l’imminence : « Au sens spirituel, je n’irais peut-être pas jusqu’à dire que je dormirais profondément, mais je m’offrirais certainement quelques défaillances, quelques petits sommes. » Il continue ainsi : « Notre Seigneur et Ses apôtres enseignèrent l’imminence aux premiers chrétiens et à nous afin de contrer les tentatives du système du monde et de Satan lui-même. »[12]
Avant d’accepter la proposition de LaHaye, posons-nous la question évidente : est-ce vrai ? Est-ce que l’imminence serait, en fait, la cheville ouvrière sur laquelle repose la sainteté ? (Vous admettrez que ce serait toute une réalisation pour une doctrine qui n’est même jamais mentionnée dans les Écritures.) En révisant le compte-rendu biblique, nous nous apercevons que la sainteté résulte d’un bon nombre de facteurs. Par exemple, dans 2 Corinthiens 6:18, on nous recommande d’être saints à cause de notre relation avec le Père. « Et je vous serai pour père, et vous me serez pour fils et pour filles, dit le Seigneur Tout-puissant. 7:1Or donc mes bien-aimés, puisque nous avons de telles promesses, nettoyons-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit perfectionnant la sanctification en la crainte de Dieu. » Et dans 1 Pierre 2:1-3, nous apprenons que « Si toutefois vous avez goûté combien le Seigneur est bon, » nous devons donc renoncer à « toute malice, et de toute fraude, de dissimulations, d’envies et de toutes médisances. » Ce que nous ne voyons pas, cependant, c’est une quelconque indication que la sanctification provienne de la croyance en l’imminence.
Quelle est alors la véritable impulsion nous poussant à purifier nos âmes ? Est-ce la possibilité que nous soyons enlevés aujourd’hui, comme le suggère LaHaye ? Ou est-ce la certitude que nous Le verrons un jour ? Nous pensons que c’est cette dernière affirmation. Parce que le Messie a été ressuscité des morts, nous savons que nous nous présenterons devant Lui un jour. C’est à cause de cette vérité que nous purifions nos âmes, et non pas à cause de la croyance en une imminence de l’événement. Mais, à dire vrai, que l’imminence aide à la sanctification n’a, en réalité, aucun rapport. Car, même si la sanctification s’accroissait de façon exponentielle à cause de la croyance, cela ne ferait pas pour autant en sorte que la Bible enseignât l’imminence.
2. Comme argument final en faveur de l’imminence, LaHaye déclare qu’elle a été le facteur déterminant derrière toutes les périodes productives de l’histoire de l’Église. « Il est malheureux d’avoir à souligner contre l’Église qu’en vingt siècles d’histoire, elle n’a mis l’accent sur l’imminence que pendant cinq siècles. Mais ceux-ci ont été les plus consacrés, l’Église y ayant gagné des âmes, développé l’esprit missionnaire en des jours spirituellement productifs. »[13] C’est une déclaration téméraire et radicale. Avant de l’accepter d’après les apparences, nous devons nous poser certaines questions. Par exemple, quel a été le fondement pour déterminer la productivité de l’Église ? Qui a décidé que l’imminence fut le facteur prédominant de ces cinq siècles de productivité ? D’autres points auraient-ils pu contribuer aussi, comme la persécution, les changements dans le gouvernement de l’Église, la Réforme, ou même le mouvement souverain de Dieu ? Bref, ça ressemble drôlement à une technique d’argumentation qu’on appelle généralisation sommaire. Or, même si cette généralisation avait quelque mérite, elle ne prouverait toujours pas que la Bible enseigne l’imminence.
La cause du Nouveau Testament contre l’imminence
Dès maintenant, il devrait nous apparaître clairement que les Écritures ne parlent JAMAIS d’un enlèvement en tant qu’événement imminent et dépourvu de signes précurseurs, à moins, bien entendu, d’employer la fausseté d’un argument basé sur le silence. Mais les problèmes de l’imminence ne s’arrêtent pas là. Ce qui la menace davantage, c’est le fait que de nombreuses Écritures semblent contredire la « doctrine ». Ces textes problématiques impliquent, soit une vaste période de temps, soit certains événements prophétisés qui doivent apparaître avant le retour du Seigneur. Voici six de ces textes :
1. La promesse du Seigneur faite à Pierre que celui-ci mourrait à un âge avancé : « En vérité, en vérité je te dis, quand tu étais plus jeune tu te ceignais, et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras vieux, tu étendras tes mains, et un autre te ceindra, et te mènera où tu ne voudras pas. 19Or il dit cela pour marquer de quelle mort il devait glorifier Dieu ; et quand il eut dit ces choses, il lui dit : suis-moi » (Jean 21:18-19). Nous voyons ici un problème énorme pour l’imminence. Si l’enlèvement avait été présenté comme imminent, tel que le soutiennent les pré-tribbeurs, cela veut dire qu’il aurait pu survenir n’importe quand à partir du jour de la Pentecôte jusqu’à nos jours. Or, le Seigneur Lui-même a prophétisé que Pierre mourrait vieux. Cette prophétie contredit carrément la doctrine pré-trib de l’imminence en deux points vitaux :
― Que l’enlèvement puisse arriver à tout moment. Un certain nombre d’années devaient s’écouler avant que Pierre devienne vieux et meure. Cela veut dire qu’au moins durant ces années intermédiaires, l’enlèvement n’aurait pu avoir lieu.
― Que l’enlèvement n’ait aucun signe avant-coureur. En se fondant sur la prophétie du Seigneur, il était impossible à l’enlèvement d’arriver avant au moins un événement futur : la mort de Pierre ! Ce qui veut évidemment dire que le Seigneur n’enseigna pas l’imminence.
Il est à mentionner que Walvoord n’essaie pas de contester les dommages que cette prophétie fait à l’imminence. Il tente seulement d’en émousser les effets en suggérant que l’Église primitive n’était probablement pas au courant de la prophétie. Il écrit : « La prophétie, telle qu’enregistrée dans Jean 21, ne fut probablement répandue dans l’Église que bien après sa mort, de toute manière, et ne constitue donc pas un obstacle à la croyance de l’imminence du retour du Seigneur pour la grande majorité des chrétiens. »[14] Maintenant, à savoir comment il est parvenu à cette conclusion, Walvoord ne souffle mot. Sans preuve concrète que l’Église était ignorante de la prophétie, nous devons présumer que Walvoord arrive à sa conclusion de manière identique à ce qu’il fait avec ses autres affirmations : par pétition de principe (en assumant d’avance que ce qu’il tente de prouver est vrai).
Proposition majeure (présumée) : L’Église croyait en l’imminence.
Proposition mineure : La prophétie du Seigneur disant que Pierre mourrait vieillard entre en conflit avec l’imminence.
Conclusion : L’Église primitive ne devait pas connaître la prophétie.
Puisque la proposition majeure ne peut pas être prouvée, il appert que le fondement de la réfutation de Walvoord ― i.e., la déclaration de l’ignorance de l’Église primitive ― provient encore une fois d’une logique fallacieuse. Qui plus est, l’hypothèse entière s’effondre face au gros bon sens. Les hommes ayant apporté la majorité de l’enseignement à l’Église, ce sont les apôtres eux-mêmes. Étant présents lorsque Jésus-Christ prononça Ses paroles à l’endroit de Pierre, il n’était pas possible qu’ils en fussent ignorants. Et il n’y a tout simplement aucune raison de penser qu’ils conspirèrent pour maintenir cachée à l’Église cette information particulière.
2. Les Paraboles qui sous-entendent un long intervalle de temps avant le retour du Seigneur. (Voir Matthieu 25:14-30, la parabole des talents ; Luc 19:11-27, la parabole des mines.) Ces passages soutiennent le contraire d’un enlèvement à tout moment.
3. Des passages variés qui impliquent que le programme de la présente époque s’étendrait sur une vaste période. Ces textes sous-entendent une longue durée de temps avant le retour du Seigneur. Encore ici, ce qui cause problème, c’est qu’un long délai est incompatible avec l’enseignement d’un enlèvement à tout moment. Voici les textes :
- La parabole du semeur et des terrains, le grain semé dans la bonne terre donnera en retour trente, soixante, cent fois son fruit. Cela sous-entend que ça n’arrivera pas du jour au lendemain.
- Le Royaume comparé à un grain de sénevé. Bien que minuscule au départ, il grandira, ce qui implique le passage du temps.
Le Royaume comparé au levain. Quoique tout d’abord insignifiant, avec le temps, il s’infiltre partout.
Le bon grain et l’ivraie, ainsi que le filet. Il faudra du temps à la croissance du bon grain et du bon poisson. - Matthieu 28:19-20 : la Grande Mission. C’est la commande de faire des disciples de toutes les nations. Notons que cela n’a pas été pleinement accompli après un laps de temps de près de 20 siècles.
4. Les vastes plans missionnaires de Paul, et la connaissance qu’il avait de sa mort prochaine. Comme dans la prophétie concernant Pierre, nous voyons la nécessité d’un passage du temps et un événement futur prophétisé ― la mort de Paul ― avant que l’enlèvement puisse arriver.
5. La prophétie de la destruction de Jérusalem, précédant le retour du Seigneur. (Voir Luc 21:20-24.)
6. Les signes spécifiques de l’Avènement du Seigneur donnés dans le Discours du Mont des Oliviers (Voir Matthieu 24:1 à 25:30.)
La réaction pré-trib face aux textes problématiques
Considérant ce qui est en jeu ― la viabilité de l’enlèvement pré-tribulationsite ― les pré-tribbeurs trouvent fort peu à rétorquer contre ces textes problématiques. Walvoord dit simplement que « la plupart des difficultés soulevées par les post-tribulationistes se dissipent après examen. » Pourtant, ses maigres commentaires sur ces textes sont bien loin de constituer un examen. Sur la question du Seigneur prophétisant la mort de Pierre, Walvoord observe : « Pierre était dans la fleur de l’âge au moment de la prophétie de Jean 21:18-19. » En ce qui regarde les paraboles impliquant une longue période de temps avant le retour du Seigneur, il n’avait que ceci à dire : « La longue période illustrée par les paraboles pourrait certainement cadrer dans la doctrine de l’imminence. Une longue période, pour un voyage, peut n’occuper que quelques années, selon ce que pouvaient déterminer les chrétiens du premier siècle. »[15] ce qui est évident pour tous, c’est que ces pauvres observations ne font rien pour « dissiper » les difficultés créées par ces textes problématiques. En réalité, que Pierre ait été dans la fleur de l’âge n’a pas grand rapport ; que le Seigneur n’ait été parti que pour quelques années est aussi sans rapport. Ce qui compte, c’est que les Écritures démontrent que, pour un certain temps du moins, un enlèvement imminent relevait de l’impossibilité la plus complète.
Le meilleur indice de la force de ces textes à problèmes réside sans aucun doute dans le fait que Walvoord a choisi de ne pas les confronter directement. À la place, il tente de les rendre diffus en nous réaffirmant que « la plupart des obstacles surgissant au premier siècle devant un Avènement à tout moment du Seigneur n’existent plus. »[16] Puis, il sort de son sac deux défenses indirectes (et très créatives) en faveur de l’imminence.
Le hareng saur
Dans la première de ses défenses, Walvoord tente de faire dévier notre attention de ces textes problématiques en introduisant une question par la latérale. On connaît cette tactique sous l’appellation de hareng saur. Ici, Walvoord installe une nouvelle (et tout à fait dangereuse) ligne de pensée. D’une façon incroyable, il suggère que la cause de l’imminence devrait tourner autour de ce que les croyants du premier siècle pensaient de la doctrine ! Il écrit : « La question est de savoir si les chrétiens du premier siècle croyaient et enseignaient le retour imminent de Christ en ce sens qu’Il pouvait survenir à tout moment. »[17] Que Walvoord s’essaie à ce genre particulier d’argument est pour ainsi dire inexplicable. Nous disons cela parce que, antérieurement dans le même livre, il vient à la conclusion qu’il est impossible de dire ce que les premiers chrétiens croyaient de l’imminence ! Concernant les premiers écrits des chrétiens à ce sujet, Walvoord déclare : « Il arrivait fréquemment que les écrivains mêmes qui semblaient sous-entendre l’imminence détaillaient plus tard des événements devant précéder l’Enlèvement et le Second Avènement du Christ. Au mieux, la situation est confuse. »[18] Mais malgré cette observation, Walvoord choisit d’ignorer les implications de la prophétie du Seigneur à l’endroit de Pierre (à propos de laquelle il n’y a aucune confusion), et il suppose plutôt que les chrétiens du premier siècle croyaient et enseignaient la doctrine de l’imminence ― conclusion de laquelle il a déjà admis qu’elle de peut être certaine !
Il est clair que cet « hareng saur » doit être ignoré. Il est grotesque de prétendre que ce que les premiers chrétiens pensaient et enseignaient à propos de l’imminence devait être le facteur déterminant. Tout ce qui compte, c’est ce que disent les Écritures. Et sur ce point, les textes problématiques vont fortement à l’encontre de cette doctrine.
Voici l’imminence-légère
La seconde manœuvre utilisée par Walvoord est plus ingénieuse. Bien que ce dernier admette qu’il y a des textes qui soulèvent des difficultés contre la doctrine de l’imminence, il déclare : « La plupart des obstacles surgissant au premier siècle devant un Avènement à tout moment du Seigneur n’existent plus. Une longue période s’est écoulée ; Pierre et Paul sont retournés au Seigneur ; seuls les signes spécifiques de Matthieu 24 à 25 restent à accomplir. »[19]
Cet argument est une véritable coquille vide théologique. Sans préavis, Walvoord retire le concept de l’imminence qu’il avait, jusqu’ici, laborieusement défendu. Puis il le remplace subrepticement par une nouvelle proposition. Maintenant, il cherche à établir qu’à un certain moment indéterminé, le retour du Seigneur devint (ou peut-être deviendra) imminent ! Grâce à une simple petite analyse, il apparaît que les deux propositions sont aussi différentes que le jour et la nuit. Dans le but de dissimuler ce flagrant manque de considération, cependant, la nouvelle version est encore appelée « imminence ». (Pour éviter la confusion, nous allons nommer ce nouveau modèle « imminence-légère »). Lorsque Walvoord prétend que les difficultés d’un retour imminent ont été résolus, soit par le passage du temps, soit par les événements, il écarte allègrement les points mêmes qui définissaient l’imminence ! De plus, la nouvelle mouture doctrinale qu’il refile à sa place est un pur non-sens. Cela s’avère aussi vide que de dire : Lorsque tous les signes nécessaires auront été accomplis, aucun autre signe ne sera exigé. Nous serons d’accord pour dire que si c’est tout ce qui reste de la doctrine de l’imminence, le concept est rendu sans valeur.
En passant, quand les enseignants pré-tribs parlent d’imminence, plus souvent qu’autrement, c’est de ce dernier concept léger dont ils parlent. Ça peut être démontré dans leurs enseignements sur les « signes des temps ». Walvoord écrit : « Tous les domaines de la prophétie se combinent en un témoignage unifié pour montrer que l’histoire prépare notre génération pour les temps de la fin. Dans chacune des sphères de la prophétie, on peut compiler une liste de contrôle chronologique des événements prophétiques importants. Dans chaque liste touchant l’Église, les nations ou Israël, les événements de l’histoire indiquent clairement que le monde se tient prêt en vue de l’enlèvement de l’Église… »[20] Autrement dit, Walvoord sous-entend qu’assez de signes sont maintenant accomplis pour que, peut-être à ce moment-ci, l’enlèvement puisse être considéré imminent ! Une telle pratique bat sans aucun doute en brèche la définition originale de l’imminence.
Peut-être vous demanderez-vous pourquoi les pré-tribbeurs accordent autant d’importance à une doctrine aussi absurde que celle de l’imminence-légère ? La réponse est simple. Très peu sont au courant que la définition a changé ; donc, les enseignants pré-tribs bénéficient maintenant du meilleur de deux mondes : les signes et l’imminence. Avec l’imminence-légère, ces deux concepts ne s’excluent plus mutuellement, permettant ainsi aux pré-tribbeurs de perpétuer leur pratique à long terme qui consiste à observer les signes s’accomplir les uns après les autres, tout en maintenant que l’enlèvement est (ou plutôt, sera bientôt) imminent.
Conclusion
Nous sommes de tout cœur avec Walvoord quand il insinue que, sans l’imminence, il reste peu d’espoir d’un enlèvement pré-trib. Car c’est leur meilleure chance de prouver qu’il y a deux futurs Avènements au lieu d’un seul. Malheureusement pour les pré-tribulationistes, il appert que l’imminence ne peut pas être établie en tant que doctrine biblique valide. Ne bénéficiant d’aucun appui direct des Écritures, ce qui leur reste comme ressource, c’est de bâtir une cause indirecte en faveur de la doctrine de l’imminence. Toutefois, il est clair que la tentative échoue, puisque tous les arguments se fondent sur une logique fallacieuse. Qui plus est, le gros bon sens nous dicte que le Seigneur ne transmettrait jamais une doctrine importante de telle façon qu’il nous faudrait la déduire au moyen d’une argumentation basée sur ce que ne dit pas la Bible.
En outre, on ne peut « trouver d’explications convaincantes » aux textes dits problématiques, ce qui vient brouiller complètement les Écritures avec le concept de l’imminence. En dernière analyse, la Raison #7 ne peut être considérée comme un argument valide en faveur de l’enlèvement pré-tribulationiste. Dès lors, elle doit être sommairement rejetée.
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[1] John Walvoord, The Rapture Question, p. 75.
[2] Tim LaHaye, No Fear of the Storm, p. 222.
[3] Ibidem, p. 222.
[4] John Walvoord, The Rapture Question, p. 75.
[5] Ibidem, p. 70.
[6] Tim LaHaye, No Fear the Storm, p. 14.
[7] Ibidem, p. 24.
[8] Ibidem, p. 62.
[9] Charles Ryrie, Ryrie Study Bible, p. 1808.
[10] John Walvoord, The Rapture Question, p. 75.
[11] Ibidem, p. 75.
[12] Tim LaHaye, No Fear of the Storm, p. 65.
[13] Ibidem, p. 66.
[14] John Walvoord, The Rapture Question, p. 166.
[15] Ibidem, p. 167.
[16] Ibidem, p. 166.
[17] Ibidem, p. 166.
[18] Ibidem, p. 52.
[19] Ibidem, p. 166.
[20] John Walvoord, Armageddon, pp. 199-200.